3 minute read
Mayotte
L’IDÉE DE MAYBIOTECH ? VALORISER LES PLANTES ENVAHISSANTES POUR SOIGNER LES ÉLEVAGES LOCAUX
Ci-dessus : l’exploitation du lycée agricole de Coconi.
Advertisement
Lauréate de l’appel à projets Innovation Mayotte du Département et de l’Adim, la start-up MayBiotech s’est fixé un objectif de recherche pour le moins ingénieux : concevoir des additifs alimentaires soutenant la santé animale à partir de plantes médicinales et d’espèces envahissantes.
C’est ainsi que le Docteur en sciences de la vie et de la santé Mohamed Issouf débute notre entrevue. Responsable scientifique de Maybiotech, ce Mahorais a étudié à l’Université de Tours et au centre INRAe Val de Loire et a, entre autres expériences, « travaillé sur l’asthme au Canada » et « avec des laboratoires pharmaceutiques sur le criblage de molécules », avant de rentrer sur son île natale en 2016. « Je souhaitais apporter ma contribution à la valorisation de la biodiversité mahoraise comme alternative aux entrants médicamenteux dans les exploitations agricoles ».
Le Docteur explique par exemple que les antiparasitaires administrés dans les élevages pour traiter certaines infections ne peuvent venir à bout des parasites résistants, qui finissent par devenir majoritaires. De plus, ils laissent des traces dans le sol, l’appauvrissent. Le recours intensif à ces médicaments pose donc, selon Mohamed Issouf et Sittirati Mohamed, gérante de la société Maybiotech, un enjeu à la fois sanitaire et environnemental. « Dans ce contexte, Maybiotech étudie les plantes traditionnelles de l’île, ces espèces à haut potentiel qui disparaissent souvent faute d’utilisation actuelle, et qui pourraient pourtant permettre de combattre des bactéries, de traiter les vers intestinaux, les diarrhées et autres dermatoses chez les volailles et ruminants », indique Sittirati Mohamed.
Une place de choix est également consacrée dans le programme de Maybiotech à la sélection d’espèces envahissantes établies en milieux naturels, dont l’effet biologique est dans un premier temps testé sur les parasites. « Parmi ces végétaux invasifs, certains ne sont d’ailleurs pas exotiques, comme plusieurs lianes indigènes de nos forêts », précise Mohamed Issouf.
Si le premier test s’avère concluant, un second test est effectué sur l’animal pour vérifier que la plante ne développe pas chez lui d’effet toxique. « Nous allons faire ces expérimentations sur les volailles en juillet grâce à notre partenariat avec l’INRAe, qui a la technologie et l’expertise nécessaires, et met à notre disposition son animalerie. En l’absence de centre de recherche implanté à Mayotte, il nous faut chercher des experts mondiaux », poursuit le Docteur. « Les collaborations sont un élément très important dans ce type de projet, même si nous aimerions disposer à l’avenir du matériel de pointe pour faire les tests ici sur l’île ».
Ce projet vise ainsi à développer une filière d’additifs alimentaires à destination des animaux d’élevage, qui permette de renforcer leur organisme, de protéger la biodiversité, de réduire les impacts sanitaires liés à l’usage de médicaments, et de réguler des plantes envahissantes, tels le bident hérissé ou le margoze, en leur attribuant une valeur socioéconomique.