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Polynésie française

PRÉSERVER LES OISEAUX DE UA HUKA EN LUTTANT CONTRE LES RATS ET EN RESTAURANT LA FORÊT

Ci-dessus : un débarquement de marchandises sur la plage. © Benjamin Ignace

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L’association Vaiku’a œuvre à la protection des oiseaux de l’île de Ua Huka, qui abrite certaines espèces endémiques. Cette faune aviaire est particulièrement menacée par l’introduction potentielle de rats noirs, et par la destruction récente de son habitat par les flammes.

En 2014, la Société d’Ornithologie de Polynésie intervient à Ua Huka, une des plus petites îles de l’archipel des Marquises, et observe la présence de 2 espèces endémiques remarquables. Le pihiti, lori ultramarin historiquement présent dans 6 îles des Marquises et qui n’existe aujourd’hui plus qu’à Ua Huka, et le pati’oti’o, un monarque pie, sont classés en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Le pihiti a déjà disparu des autres îles Marquises.

© Tuihei

Autrefois présent à Ua Huka et Eiao, le monarque iphis (pati’oti’o) a disparu d’Eiao où le rat noir a été introduit.

© Benjamin Ignace

Pour sauver ces espèces et protéger l’ensemble des oiseaux de l’île, l’association Vaiku’a a vu le jour. Chloé Brown, chargée de projets au sein de la structure, revient sur les premières actions initiées il y a 8 ans :

Les populations de loris présentes auparavant sur les autres îles ont été décimées par le rat noir. Nous avons donc cherché à éviter son introduction à Ua Huka.

Nous avons travaillé avec les armateurs de Tahiti pour qu’ils dératisent régulièrement leurs bateaux et avons installé des panneaux d’information à destination des pêcheurs et des plaisanciers sur les îles voisines. En 2015, nous avons acquis un chien de biosécurité qui travaille à quai avec un maître-chien pour inspecter l’ensemble des colis en provenance de Tahiti. L’avantage de Ua Huka, c’est que les cargos ne peuvent pas accoster ici, ce qui reste notre meilleure protection. Les mesures supplémentaires de prévention mises en place par l’association ont été suffisantes pour éviter l’introduction du rat jusqu’à ce jour.

Au-delà de ces pratiques de biosécurité, l’association a mené des actions de sensibilisation visant à protéger les espèces et les habitats, en intervenant dans les écoles et auprès de la population.

Inspection du quai dans le cadre de la biosécurité, avec l’aide d’un chien dressé pour détecter les rats.

© Benjamin Ignace

Malheureusement, en février 2021, un incendie a ravagé près de 30 hectares de massif forestier sur la crête de Tevea. Cette forêt comptait notamment de nombreux pandanus, un arbuste pouvant atteindre une dizaine de mètres de haut, dans lesquels les loris aiment à nicher.

L’association Vaiku’a, avec le soutien de l’Office français de la biodiversité (OFB), s’est alors engagée dans un projet de reboisement de 4 hectares de forêt, pour restaurer les milieux et éviter que les terrains mis à nu ne soient envahis par des espèces exotiques.

Depuis le commencement du projet, 10 000 graines de 15 espèces d’arbres endémiques de l’île – dont 5 en danger – ont été récoltées sur différents sites de l’île, garantissant ainsi un brassage génétique des populations d’arbres. Deux pépinières ont été construites pour accueillir les graines qui ont donné naissance à plus de 2 000 plants. Des collectes complémentaires seront réalisées afin d’atteindre 2 500 plants viables qui seront replantés au cours des 2 prochaines années pour assurer la régénération de la forêt.

Collecte des graines par l’association Vaiku’a.

© Vaiku’a

Les premiers plants pourraient d’ores et déjà être mis en terre, mais les sites de reboisement sont libres d’accès et de nombreux ruminants – chèvres et chevaux – circulent librement sur l’île. Le risque de destruction de ces jeunes plants mis en terre étant trop important, l’association cherche aujourd’hui à mobiliser un financement participatif complémentaire pour permettre l’installation d’une clôture qui sécuriserait les sites de replantation.

Les 4 hectares choisis pour le reboisement sont principalement situés sur des parcelles privées, ce qui a permis d’intégrer les ayants droit dans le projet, notamment dans les plantations. Cette appropriation du projet par la population devrait garantir sa bonne réussite. Dans un second temps, les parcelles reboisées pourraient servir de vitrine pour présenter les différentes espèces du territoire aux jeunes scolarisés, au grand public et aux visiteurs. Pour Chloé Brown, la sensibilisation est en effet indissociable du projet de reboisement :

Plus les gens seront informés, et mieux ce sera pour Ua Huka et pour notre planète. Il nous faut persévérer !

Rédaction : Lucie Labbouz

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