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Saint-Pierre-et-Miquelon

ÉCOUTER L'OCÉAN

Le projet Inouï porte haut et fort la voix des océans. Alexandra Hernandez, artiste native et passionnée de l’archipel, ainsi qu’une équipe de scientifiques de Brest, ont choisi de mêler art et science pour sensibiliser à la beauté et à la fragilité des fonds marins.

INTERVIEW

Alexandra Fernandez
© Géraldine Robin

ALEXANDRA FERNANDEZ, AUTEUR-COMPOSITEUR-INTERPRÈTE

• Quelle a été la genèse du projet Inouï ?

- Artiste et Saint-Pierraise, j’ai toujours été attirée et inspirée par l’océan. Le projet Inouï, porté par l’association Transboréales, a démarré il y a un an et demi lors d’une rencontre avec Laurent Chauvaud, directeur de recherche au CNRS. Avec son équipe du laboratoire LEMAR à Brest, il travaille sur les zones arctiques et subarctiques et évalue, entre autres, l’impact du son anthropique sur les invertébrés.
À la suite d’une année d’échanges et quelques plongées en eaux froides avec eux, j’ai pu réellement comprendre l’impact de l’homme, du bruit, de la pêche, de la pollution, du changement climatique, sur cette faune marine unique en France. Je me suis intéressée aux effets de la surpêche à Saint-Pierre-et-Miquelon et surtout à son avenir particulièrement vulnérable qui doit se préparer à +4 degrés d’ici la fin du siècle. J’ai cherché à mettre des mots et du cœur sur ce constat. Nous avons ainsi réalisé plusieurs sorties en mer, mis des hydrophones à l’eau et débuté l’automne dernier un grand travail d’écriture artistique en studio.
Après trois missions de plongées et des heures de vidéos, nous avons constitué une base de données son et images qui s’inscrit aujourd’hui au patrimoine immatériel de l’archipel et donc de la France.
Représentations prévues dès mars 2024. Spectacle coproduit par l’Office artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine (OARA).
© Erwan Amice

• L’art, un moyen de faire passer des messages ?

- Tout à fait. L’art et la science n’ont pas toujours été dissociés. Aujourd’hui, on constate des cursus bien distincts dès le lycée puis à l’université avec un niveau de spécialisation qui fait que les scientifiques finissent par perdre cette forme d’intuition que les artistes cultivent. L’intérêt du mariage art/science est de pouvoir réfléchir ensemble, regarder le monde en même temps, sortir du cadre, des mots et des habitudes.
Une anémone plumeuse.
© Erwan Amice

• Comment est construit votre spectacle ?

- D’une durée d’une heure, composé de 10 chansons que j’ai écrites, le spectacle est un voyage dans les eaux de Saint-Pierre-et-Miquelon. Mélange de poésie, de musique, d’images sous-marines, il repose sur un langage hybride traduisant aussi l’émotion des scientifiques qui ont parfois du mal à exprimer ce qu’ils ressentent. Les sons et les chansons ont été arrangés par le pianiste Dominique Fillon et habillés par le percussionniste Franck Camerlynck. Le réalisateur Mathieu Duboscq s’occupe des montages et projections vidéos. Sur scène, je chante, je raconte et je donne aussi la parole à quelques intervenants : acousticiens, chercheurs, expert en biodiversité. La force de ce projet est vraiment dans la création collective.
Une natice de l’Atlantique.
© Erwan Amice

• Quels sont ses objectifs ?

- Inouï est un avant tout un spectacle vivant qui porte en musique la beauté et la fragilité des fonds marins. Son objectif est d’émerveiller le public à travers le son et l’image pour lui donner envie de s’intéresser à l’Océan. La forme n’est pas moralisatrice, tout se joue dans l’esthétique. Il s’agit de montrer la réalité et de « maritimiser » les consciences. Avec Inouï, le spectateur découvrira la voix d’une faune sous-marine qui lance un cri d’alerte ! Il nous suffit de tendre l’oreille.

Rédaction et interview : Sandrine Chopot

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