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Ifremer

L’IFREMER ACTEUR DE LA WORLD AQUACULTURE CONFERENCE EN AUSTRALIE

Pour la première fois depuis 2014, l’Australie a accueilli la World Aquaculture (WA) du 29 mai au 1er juin à Darwin, sur le thème « Renforcer l’Aquaculture », ainsi que le International Tropical rock oyster workshop deux jours avant la WA.

Une équipe de l’unité « Ressources marines en Polynésie française » (RMPF) de l’Ifremer était invitée pour ces deux événements prestigieux avec trois présentations axées sur les recherches innovantes autour de l’huître de roche en cours à Vairao.

Les experts de l’Ifremer du Centre Pacifique ont ainsi présenté la stratégie de développement de l’huître de roche (Saccostrea cucullata et Saccostrea echinata) dans sa globalité et ses perspectives pour une aquaculture durable de cette huître en Polynésie française.

La parfaite maîtrise du conditionnement des géniteurs, du cycle de production de l’élevage larvaire au prégrossissement, positionne l’Institut en leader dans le domaine. Aujourd’hui, par le développement d’une technique permettant d’éviter l’infestation par le ver parasite polydora, notamment par l’exondation automatisée, système de mise hors d’eau régulière utilisé en partenariat avec notre partenaire privé Ostrea Tahiti, nous visons l’objectif de la maîtrise totale du cycle et la valorisation commerciale de ces productions. Ce projet implique également la Direction des ressources marines de Polynésie française,

précise Guillaume Mitta, responsable de l’Unité RMPF, présent à la WA avec ses collaborateurs Cristian Monaco et Manaarii Sham Koua.

Les interventions des chercheurs de l’Ifremer à ce symposium international ont permis de mettre en avant le potentiel de l’Institut dans le domaine de l’ostréiculture au niveau mondial. Les participants ont apprécié les résultats exceptionnels atteints par l’unité RMPF ces dernières années : 85 % de taux de réussite, 90 % de taux de fixation sur un cycle.

Un objectif plus institutionnel de la présence Ifremer à Darwin était également d’établir des contacts avec des interlocuteurs internationaux. Des discussions ont été menées entre autres avec le Darwin Aquaculture Center, James Cook University, University of the Sunshine Coast pour l’Australie, et le Cawhtron Institute pour la Nouvelle-Zélande. Ce fut également l’occasion de rencontrer d’autres pays du Pacifique Sud comme Fidji et la Nouvelle-Calédonie, afin de rayonner au-delà de la Polynésie française.

Procédé de la table d’exondation pour remédier au problème d’infestation des huîtres par le ver parasite Polydora.
© Ifremer | Unité RMPF

INTERVIEW

MANAARII SHAM KOUA, TECHNICIEN EN ZOOTECHNIE

Manaarii Sham Koua au sein de l’écloserie des huîtres de roche du centre Ifremer Pacifique.
© Ifremer | Heivini Le Gléau

• Manaarii, quel a été votre parcours scolaire et professionnel pour arriver au poste que vous occupez aujourd’hui ?

J’ai la mer dans le sang depuis tout petit. C’est pourquoi après ma scolarité à Raiatea jusqu’au bac, je suis parti à Cherbourg afin d’obtenir un diplôme de technicien supérieur de la mer. C’est dans ce cadre que j’ai effectué un stage de quatre mois au centre du Pacifique, sur l’écophysiologie de l’huître perlière.
J’ai ensuite continué mon parcours en Bretagne en tant qu’observateur des pêches sur les chalutiers hauturiers dans le cadre du programme « Obsmer ».
En 2010, de retour à Vairao en CDI, j’ai débuté l’entretien et le suivi biométrique des huîtres perlières Pinctada margaritifera en élevage en mer. Je me suis ensuite spécialisé en écloserie d’huître perlière avec la production de microalgues, la gestion des géniteurs et des reproductions, l’élevage larvaire, le grossissement mais également des missions de terrain dans le cadre de greffes expérimentales.

• Quelles recherches innovantes menez-vous actuellement à Vairao ?

Le développement de l’huître de roche est un projet prioritaire avec la société privée Ostrea Tahiti et la Direction des ressources marines. Les protocoles d’écloserie ont été mis au point ces deux dernières années avec d’excellents résultats. L’étape du grossissement reste le verrou majeur sur lequel nous devons travailler. Nous avons mis en place il y a peu un système de tables d’exondation en collaboration avec Ostrea Tahiti et l’entreprise Médithau située en Occitanie, qui permettra de répondre au problème d’infestation des huîtres par un ver parasite.
Un autre axe de recherche est la production de familles biparentales d’huîtres perlières dans le cadre du projet « PinctAdapt ». Deux thèses sont en cours sur l’adaptabilité de l’espèce au changement climatique. Nous avons déjà réussi à produire 21 familles biparentales entre juillet 2022 et juin 2023, dont 15 nouvelles entre mai et juin 2023.
Je citerais enfin l’étude de l’influence des stress biotiques ou abiotiques au niveau des premiers jours de développement sur différents modèles biologiques. Cette étude, dans le cadre du projet « Plasticité développementale » (Plan d’Action Outre-Mer/ Direction scientifique Ifremer), est réalisée sur les espèces d’huîtres Pinctada margaritifera et de poissons Platax orbicularis pour améliorer leur robustesse face à différents stress durant leur cycle de vie (maladies, stress physico-chimiques…).

• Quel ressenti tirez-vous de votre participation à WA en Australie ?

Après avoir assisté pour la première fois à un congrès mondial comme World Aquaculture, j’ai compris que présenter nos projets dans un congrès de ce rang est essentiel pour la reconnaissance de notre travail, le rayonnement de nos recherches et de notre institut.

Rédaction et interview : Érick Buffier

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