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Polynésie française
CORAL GARDENERS : OBJECTIF 100 000 CORAUX
Depuis 2017, les jardiniers du corail de Coral Gardeners, installés à Moorea, élèvent et replantent des coraux dans les lagons polynésiens. Suivie par un demi-million de personnes sur Instagram, l’organisation s’ouvre à présent à l’international et prévoit d’installer des bureaux en Thaïlande et à Fidji. Rencontre avec son fondateur, Titouan Bernicot.
Photo ci-dessus : boutures coralliennes matures transplantées par Coral Gardeners sur le récif après avoir grandi en nurserie. © Killian Domingo
INTERVIEW
FONDATEUR ET PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION CORAL GARDENERS
• Vous avez replanté des dizaines de milliers de coraux en Polynésie. Comment procédez-vous ?
Nous comptons planter 70 000 coraux en 2023, et d’ici à la fin de l’année, nous espérons atteindre le nombre de 100 000 coraux plantés dans le monde par notre association, depuis sa création en 2017.
Le principe de la restauration corallienne est assez similaire aux techniques utilisées sur terre pour les arbres. La première étape est la collecte de coraux. Ensuite on les bouture, on les fragmente et on les place en nurserie pendant une période de 12 à 18 mois selon l’espèce. Une fois qu’ils sont prêts, nous les replantons dans des zones où les récifs sont endommagés, entre un et quatre mètres de profondeur.
• Comment choisissez-vous les zones de transplantation ?
Tout d’abord, on prélève des coraux résilients, c’està-dire qu’ils ont grandi dans des conditions extrêmes et qu’ils ont su s’adapter. Ces coraux peuvent, par exemple, avoir résisté à de nombreux phénomènes de blanchiment, vivre dans des eaux plus chaudes ou plus acides. S’ils sont résilients, ils résisteront davantage face au changement climatique. On fait ensuite un état des lieux des zones de transplantation et on essaie d’y réduire les causes de stress qui ont autrefois causé la mort des coraux comme la surpêche, le rejet d’eaux usées dans l’eau, le piétinement des coraux…
• Une fois replantés, suivez-vous l’évolution des coraux ?
Ça fait longtemps que l’on suit la croissance des coraux, mais cette année on passe à un niveau supérieur grâce à des outils technologiques qui nous permettent de suivre en temps réel l’évolution du récif. Cela va nous donner la possibilité de faire un suivi constant des boutures et des coraux replantés en étudiant les conditions environnementales dans lesquelles ils évoluent. Ces outils faciliteront la compréhension des facteurs de réussite, afin de calculer réellement l’impact de notre action.
• Vous avez lancé le projet éducatif Toa Ora en 2020 pour sensibiliser les jeunes Polynésiens. Où en êtes-vous ?
Le projet Toa Ora existe en effet depuis bientôt trois ans. On travaille avec des écoles en Polynésie, notamment à Moorea, l’île sœur de Tahiti où est installée l’organisation. On fait venir les jeunes avec nous dans l’eau pour qu’ils plantent eux-mêmes leur propre corail et qu’ils suivent ensuite la croissance de leur bouture. C’est une manière pour nous de les reconnecter aux récifs et ils se réapproprient leur culture.
Notre but est vraiment de sensibiliser les enfants à l’importance des coraux, pour qu’ils en parlent autour d’eux dans les quartiers et aux anciens dans leur famille. Cette année, on a sensibilisé 400 enfants.