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Martinique

UNE ACTION COORDONNÉE POUR LA CONSERVATION DE LA FLORE MARTINIQUAISE

Dans le cadre de ses missions de contribution à la gestion conservatoire de la flore, le conservatoire botanique national de Martinique (CBNMq) anime plusieurs Plans nationaux d’actions (PNA) en faveur de la conservation de la flore indigène menacée de l’île. Tour d’horizon avec Iraïs Loiseau, chargée de mission animation des PNA au CBNMq.

Photo ci-dessus : l’estrée de Saint-Pierre bénéficie d’un Plan national d’actions. © CBNMq

Destinés à améliorer la situation conservatoire des espèces végétales indigènes et menacées d’extinction sur le territoire, les Plans nationaux d’action animés par le CBNMq sont aujourd’hui au nombre de trois : deux en cours et un en phase de validation. Ils se déclinent en une quinzaine d’actions concernant à la fois l’acquisition de connaissances, la conservation des espèces, la restauration des milieux, ainsi que la communication, la sensibilisation et l’animation.

L’ESTRÉE DE SAINT-PIERRE, LE TOUT PREMIER « PNA FLORE » DE MARTINIQUE

Espèce endémique stricte classée en danger critique d’extinction, l’estrée de Saint-Pierre (Polygala antillensis) fut officiellement découverte en Martinique en 1853. Le nombre d’individus, déjà limité, disparait en 1902 à la suite de l’éruption de la Montagne Pelée. Des individus sont à nouveau signalés en 1977 sur la station historique, puis la population croît de nouveau avant de décliner à partir des années 2000 jusqu’à l’extinction en 2020. L’espèce semble actuellement disparue à l’état sauvage.

Cette plante fait donc l’objet d’un PNA au cours duquel des campagnes de prospection et d’inventaire ont notamment été menées sur des sites du Carbet, de Bellefontaine et de Saint-Pierre, à partir de la cartographie de zones dont l’écologie semblait être favorable à l’estrée de Saint-Pierre. Aucun individu n’a cependant été retrouvé. Des opérations de réintroduction de l’espèce, à partir de stocks de plants produits dans la pépinière du CBNMq seront alors mises en place. L’identification de zones de réintroduction adaptées ; des conventions avec les propriétaires des parcelles adjacentes à la station historique de l’espèce ; un cahier des charges pour mener une campagne de lutte contre les espèces exotiques envahissantes ayant pu altérer l’état écologique des stations historiques, et in fine, la réintroduction effective de l’espèce dans le milieu naturel, sont les actions prévues dans le cadre de ce PNA.

Une plantation conservatoire de l’estrée de Saint-Pierre a été réalisée au Centre de découverte des sciences de la terre. C’est la première fois que cette espèce a pu être plantée en collection conservatoire ex situ, c’est-à-dire en dehors de la pépinière du CBNMq, dans le cadre d’un PNA qui s’achèvera en 2025.
© CBNMq

RESTAURER LA MONTAGNE DU VAUCLIN, POUR RENFORCER LES POPULATIONS DE CERISIERS MONTAGNE ET D’ANANAS BOIS

Du fait de sa grande richesse biologique, la montagne du Vauclin fait l’objet d’un second PNA animé par le CBNMq. Ce site du sud-est de la Martinique est en effet l’aire de répartition naturelle de deux végétaux, le cerisier montagne (Eugenia gryposperma) et l’ananas bois (Aechmea reclinata), dont l’habitat est considéré en danger du fait de la prolifération d’espèces exotiques envahissantes et de l’anthropisation.

Iraïs Loiseau, chargée d’animer les PNA au sein du CBNMq.
© CBNMq

À la suite de l’amélioration des connaissances sur les espèces indigènes et exotiques présentes sur la montagne du Vauclin, une lutte contre ces espèces exotiques envahissantes sera menée avant l’introduction du cortège floristique originel du site. Des études sont également prévues pour établir les relations mycorhiziennes – c’est-à-dire la symbiose entre des champignons et les racines des plantes – du cerisier montagne et ainsi améliorer sa maîtrise culturale.

La protection par un arrêté de protection de biotope est un des objectifs du PNA, démarche d’ores et déjà initiée avec le soutien de la commune du Vauclin, qui permettra notamment de mieux concilier préservation des espèces et usages traditionnels, par le biais de sentiers de randonnée et d’un chemin de croix. Les acteurs associés au PNA bénéficieront de formations du CBNMq pour assurer la pérennisation des actions.

Grâce à l’amélioration de la maîtrise culturale de l’ananas bois (ci-dessus) et du cerisier montagne (ci-dessous) en pépinière, ces deux espèces endémiques strictes de Martinique vont pouvoir être réintroduites sur la montagne du Vauclin.
© CBNMq
Cerisier montagne
© CBNMq

UN PLAN NATIONAL D’ACTIONS INÉDIT POUR LES ESPÈCES DES RIPISYLVES

Ce plan de conservation se consacre à la préservation de neuf espèces menacées des ripisylves, ces boisements bordant les rivières particulièrement impactés par l’anthropisation en Martinique.

Un travail de prospection des ripisylves et ravines a dans un premier temps été réalisé pour rédiger ce PNA. En cours de validation, ce dernier a pour missions principales : le suivi des stations d’espèces retenues dans le projet, l’amélioration des connaissances de leurs habitats puis leur restauration à travers une lutte contre les EEE, la mise en culture des espèces menacées et des espèces associées typiques des ripisylves puis leur réintroduction dans le milieu, l’actualisation de leur statut de menace et enfin la formation des parties prenantes. Ces actions seront notamment menées avec le soutien financier de l’Office de l’Eau Martinique.

Rédaction : Axelle Dorville

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