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Guadeloupe
UN PROJET DE RESTAURATION ÉCOLOGIQUE AU CŒUR DU PARC NATIONAL DE LA GUADELOUPE
Photo ci-dessus : équipe mobilisée sur le projet Providence. © PNG - Lynda Obydol
Le Parc national de la Guadeloupe pilote un projet de restauration écologique d’une ancienne pépinière. À la suite des diagnostics de site, extractions de déchets et actions de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, les premières expérimentations de renaturation sont actuellement mises en place.
S’étendant sur plus de 10 hectares, le site de « Providence » a accueilli depuis les années 1970 plusieurs pépinières d’arbres et de plantes ornementales avant d’être laissé à l’abandon dans les années 2000.
Créé en 1989, le Parc national de la Guadeloupe a hérité de la gestion de la zone et engagé en 2022 un projet de restauration de la biodiversité du site, pour retrouver un état de forêt non dégradée, notamment grâce aux fonds de France Relance. L’objectif de ce projet Providence est de pouvoir trouver des solutions de remédiation aux problématiques du site : présence de déchets disséminés sur l’ensemble de la zone, remblais de plus de 3 000 m² et identification de plus d’une vingtaine d’espèces exotiques envahissantes sur les deux tiers du site, comprenant notamment des petites surface ou « patchs » monospécifiques –à savoir composées très majoritairement d’une seule essence – de 500 à 3500m ²
En 2022, une phase préliminaire a permis d’extraire du site plus de 20 m3 de déchets et de premières espèces d’arbres et de plantes exotiques, après avoir défini des protocoles de gestion pour chacune de ces espèces. Les arbres coupés seront valorisés par les agents du Parc national de la Guadeloupe et transformés afin de réaliser de petits travaux de proximité sur les autres sites du Parc.
En raison de l’absence de données sur la restauration des forêts hygrophiles (dont l'humidité est nécessaire au bon développement), la suite du projet a été pensée en tant qu’expérimentation, en partenariat avec les organismes de recherche. Il s’agira de définir les meilleures espèces et les techniques de plantation pour trouver un schéma de renaturation le plus efficient possible. Des espèces pionnières ont été sélectionnées et seront plantées selon des schémas d’intervention, pour déterminer les conditions les plus favorables à la pousse de la forêt sous une forme non dégradée.
INTERVIEW
EVENS DELANNAY, RESPONSABLE DU PROJETPROVIDENCE AU PARC NATIONAL DE LA GUADELOUPE
• Pourquoi faire de la restauration écologique sur un site intégralement protégé ?
- Lorsqu’il s’agit de restauration écologique, nous nous trouvons toujours dans une dualité entre le fait d’intervenir ou non. Dans le cas du site de Providence, en cœur de Parc national, des perturbations d’origine anthropique sont venues bouleverser le milieu et porter atteinte aux services écosystémiques que nous rend la nature. C’est donc notre rôle d’avoir cette action de renaturation pour retrouver une forêt non dégradée. Ce projet n’a cependant pas pour unique cible la préservation de l’environnement, il nous permet aussi de rapprocher les jeunes de la nature, de créer de la connaissance et de mieux comprendre le fonctionnement de la forêt hygrophile.
• Comment ce projet a-t-il intégré ces dimensions de sensibilisation ?
- Il me semblait impensable de mobiliser autant de moyens humains et financiers sans vision pédagogique forte. Un premier partenariat a été noué avec l’association d’insertion Saint-Jean de Bosco, puis avec le RSMA pour faire (re)découvrir à des jeunes la forêt avec une approche de gestion et de conservation.
Ces journées ont été des grands moments de découverte et de partage autour des métiers du Parc, de la connaissance de la forêt, du travail en équipe, etc. Nous sommes également en train d’établir un partenariat avec le lycée agricole pour valoriser les espèces exotiques de fleurs coupées, sous la forme d’une formation à la confection de bouquets
• Quel est selon vous le plus grand défi de ce projet ?
- Aujourd’hui, le projet Providence est situé dans une zone particulière du Parc national, et nous permettra de restaurer d’autres sites en zone protégée. Le véritable défi sera de créer des résultats réplicables et adaptables dans d’autres contextes liés plus étroitement à nos activités humaines, que ce soit dans des zones agricoles ou semi-urbanisées. Il y a enfin, plus largement, le défi d’accompagner l’évolution de nos pratiques quotidiennes pour garantir le maintien de la biodiversité en Guadeloupe.