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Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires

LA DÉTECTION PRÉCOCE POUR LUTTER CONTRE LES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES

Photo ci-dessus : La plante invasive Hedychium gardnerianum. © Yohann Soubeyran

Présents dans quatre océans, les territoires ultramarins français sont particulièrement vulnérables aux espèces exotiques envahissantes qui y constituent souvent la première pression sur les espèces et les habitats. Au-delà des actions d’éradication, la biosurveillance et la détection précoce sont indispensables à la lutte contre ces EEE.

Le dernier rapport d’évaluation de l’IPBES sur les espèces exotiques envahissantes évalue à 60 % l’implication des EEE dans les extinctions globales d’espèces documentées. Un des exemples modernes les plus frappants est l’introduction en Polynésie française d’un escargot carnivore (Euglandina rosea) dans les années 1970 ayant entraîné l’extinction de près d’une cinquantaine d’espèces endémiques locales !

L’ensemble des territoires ultramarins français et des milieux, qu’ils soient terrestres, marins ou aquatiques est concerné et menacé par les EEE. De plus, la pression d’introduction de nouvelles espèces invasives est permanente et croissante. Les impacts écologiques –disparition d’espèces, homogénéisation des milieux, modifications des écosystèmes… – s’avèrent d’autant plus importants que les milieux sont fragilisés par la pollution, le réchauffement climatique, etc. Les impacts économiques et sur la santé humaine sont également à prendre en considération.

D’après Yohann Soubeyran, coordinateur Espèces exotiques envahissantes à l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), « il est nécessaire de continuer à gérer les espèces invasives avec des actions concrètes de lutte sur le terrain, qu’il faut soutenir et financer. De nombreuses actions s’inscrivent par ailleurs dans des démarches de restauration des écosystèmes, pour leur redonner leur capacité de résistance à l’invasion biologique ».

En 20 ans de dératisation par la Société d’études ornithologiques de La Réunion (SEOR) et ses partenaires, la population de tuit-tuit, oiseau forestier endémique de La Réunion en danger critique d’extinction, a été multipliée par huit sur le massif de la Roche Écrite. 
© SEOR

Pour autant, la solution la plus efficace et rentable reste la détection précoce. Le développement de la biosécurité aux frontières dans les points les plus stratégiques – ports et aéroports – est absolument essentiel pour éviter que de nouvelles espèces invasives soient introduites dans les territoires.

Le Groupe Espèces Invasives Réunion (GEIR) est ouvert à tous les partenaires engagés dans la gestion des espèces invasives à La Réunion.

INTERVIEW

ÈVE BALARD, CHARGÉE DE MISSION ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES, DEAL RÉUNION
Ève Balard
• Comment a été mise en place la gestion des EEE à La Réunion ?

- La prise de conscience a été précoce sur le territoire : dès les année 1960, l’Office national des forêts (ONF) a constaté sur le terrain que certaines espèces exotiques prenaient la place des espèces indigènes ou endémiques. Des actions ont débuté dans les années 1980 et, en 2010, nous avons établi la première stratégie régionale de lutte contre les EEE. Nous avons depuis 2010 un Plan opérationnel de lutte contre les invasives (POLI) quadriennal et multipartenarial, avec une diversité d’acteurs remarquables dans le pilotage, comme dans la réalisation d’actions. La DEAL Réunion anime ce POLI, se charge de son évaluation, et finance également certaines actions, dans le cadre du Fonds vert.

• Pouvez-vous nous parler d’une action phare mise en œuvre dans le cadre de ce POLI ?

- À La Réunion, on estime que les espèces invasives sont la première cause de perte de biodiversité. Une fois qu’une nouvelle espèce invasive s’est développée, la lutte est très coûteuse et peu efficace. Nous travaillons donc sur la détection précoce d’espèces potentiellement problématiques avec des signalements via l’application de reconnaissance de la flore Plantnet. En 2022, on comptait plus de 45 000 utilisateurs de Plantnet sur l’île, et plus de 300 000 requêtes d’identification réalisées ! Cette application nous permet d’avoir des « sentinelles » déployées sur tout le territoire !

Rédaction et interview : Lucie Labbouz

+ d’info ici : https://especes-envahissantes-outremer.fr/

LE FONDS VERT

Dans le cadre du « Fonds vert » pour l’accélération de la transition écologique dans les territoires, l’État accompagne les porteurs de projets dans le déploiement de la stratégie nationale biodiversité 2030. Les opérations locales de régulation des populations d’espèces exotiques envahissantes sont ainsi financées dans les territoires ultramarins : fauchage, arrachage, implantation d’espèces locales concurrentes, lutte biologique, tir, piégeage…

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