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Martinique

L'ART COMME OUTIL DE SENSIBILISATION

Avec la vidéo « ÎLE - Dancing for nature », le réalisateur Lucas Pelus, la danseuse Anissa Zapata et la slameuse Lola invitent à prendre conscience de la fragilité des territoires insulaires et plus particulièrement de la Martinique. Une ode à la préservation de notre biodiversité et un cri d’alerte face à l’érosion, aux pollutions et à l’extinction d’espèces.

INTERVIEW CROISÉE

LUCAS PELUS, VIDÉASTE ET ANISSA ZAPATA, DANSEUSE ET CHEFFE DE PROJET ÉNERGIE-CLIMAT POUR L’ENTREPRISE ECO CO2

Lucas, Anissa et Barthélémy, assistant vidéaste.
© Stéphane Warin
• Quel est le contexte de création de cette vidéo ?

Lucas Pelus :

- En 2021, la SNCF sortait un spot publicitaire porté par un slam de Gaël Faye en voix off. Cette publicité m’avait donné des frissons, ce que j’avais trouvé plutôt improbable venant d’une communication d’un annonceur comme la SNCF. J’ai alors eu l’envie d’adapter le concept de ce spot avec la danse en toile de fond. Anissa Zapata, une amie, travaille justement dans l’environnement en plus d’être danseuse et nous réalisions depuis déjà deux ans des projets vidéo communs. Elle a rapidement été partante et après nous être rendus à un spectacle de la slameuse Lola (Lola-Jeanne Cloquell), nous avons décidé d’intégrer le slam à cette idée de vidéo.

Anissa Zapata :

- Cette vidéo me permettait de conjuguer deux de mes passions. L’environnement d’une part, milieu dans lequel je travaille, et plus particulièrement la mer où je passe beaucoup de temps par la pratique du kite surf depuis une dizaine d’années. La danse d’autre part, qui est pour moi un langage, un moyen de faire passer des messages. Ce qui m’a animée, c’est de pouvoir réaliser ce que je sais faire, à savoir sensibiliser à la cause environnementale, avec le corps et la danse, plutôt qu’avec des Powerpoint !

Tournage à l’Anse Couleuvre.
© Kroket Productions
• Les plans autant que les chorégraphies sont superbes, comment ont-ils été pensés ?

Anissa Zapata :

- Je suis partie de ce que m’évoquait le milieu marin et j’ai cherché à le traduire dans le corps : l’eau et la fluidité, le fait de marcher dans le sable, la mangrove… Puis après la livraison du texte de Lola, la chorégraphie a été retravaillée autour des mots employés avec l’idée de personnifier la Martinique à travers le langage. Pendant les prises de vue, j’ai également laissé part à de l’improvisation, en fonction des lieux dans lesquels on tournait et de ce qu’ils m’inspiraient.

L’expérience de la danse en apnée a été une révélation. J’ai été formée à l’apnée dynamique à travers deux séances d’accompagnement afin de descendre suffisamment en profondeur pour avoir un certain rendu, danser avec des lests de trois kilos, puis remonter, en séquences d’environ une minute. J’ai adoré la sensation procurée par la danse sous l’eau. La vitesse et la notion d’espace sont totalement bouleversées.

Lucas Pelus :

- Nous souhaitions en effet explorer toutes les façons de danser sur, sous, avec, à côté de l’eau de mer, aller au-delà de ce que l’on a l’habitude de voir. Les milieux marins présentent une tout autre facette dans leur version sous-marine, notamment une

pollution invisible depuis la terre. La ligne directrice était de montrer la fragilité de ces espaces à travers la danse. L’idée était aussi de filmer dans des endroits peu connus et difficilement accessibles, afin de montrer la diversité et la beauté des paysages martiniquais.

La réalisation de cette vidéo de sensibilisation a été financièrement soutenue par le Parc naturel marin de Martinique (OFB).
© Stéphane Warin
Image extraite du tournage de la vidéo « ÎLE - Dancing for nature ».
© Stéphane Warin
• Quelle est pour vous la place de l’art dans la sensibilisation ?

Anissa Zapata :

- Je suis convaincue que les arts peuvent permettre de sensibiliser davantage ou autrement qu’une conférence ou que des campagnes de communication. La forme artistique demeure cependant sous-exploitée comme médium de sensibilisation. J’espère que ce projet motivera les organisations engagées dans la protection de l’environnement à se saisir de l’art comme moyen de sensibilisation.

Lucas Pelus :

- La vidéo et l’art en général permettent de faire passer des messages de façon imagée, pour aller au-delà de la sensibilisation brute. Chacun peut alors interpréter le contenu selon sa grille de lecture.

Rédaction et interview : Axelle Dorville

+ d’info ici : Lien vers la vidéo « Île - Dancing for Nature » : https://www.youtube.com/watch?v=5yS6UXe18Ks

Réalisation : Kroket Productions. Chorégraphie et danse : Anissa Zapata. Texte et voix : Lola-Jeanne Cloquelle. Musique : Tijany Bacci.
© Stéphane Warin
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