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Département de Mayotte

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LES PRÉMICES DE LA RÉSERVE NATURELLE NATIONALE DES FORÊTS DE MAYOTTE

Le Conseil départemental possède et gère 75 % des forêts publiques du territoire, ainsi que ses cours d’eau. Rencontre avec quelques acteurs de la Réserve naturelle nationale des forêts de Mayotte, dont la mise en place opérationnelle a lieu actuellement.

INTERVIEW CROISÉE

RACHIDA OMAR, CHEFFE DU SERVICE RESSOURCES FORESTIÈRES AU DÉPARTEMENT ET BIBI CHANFI , PRÉSIDENTE DU GIP DE LA RÉSERVE NATURELLE

Rachida Omar
Bibi Chanfi
• Pourquoi est-il si important de préserver l’environnement dans la RNN des forêts de Mayotte ?

Rachida Omar :

- C’est une mission qui est prise au sérieux par les agents, et qui est de plus en plus compliquée. La création de la Réserve naturelle nationale

est un atout avec une mise en protection forte des espaces inclus dans son périmètre. Il s’agit de 2 800 hectares, majoritairement situés sur les crêtes et en tête de bassins versants. Plusieurs études scientifiques démontrent le rôle de la forêt dans le cycle de l’eau ; il est important, surtout dans ce contexte de crise hydrique, de redoubler d’effort pour la préservation de nos forêts. Par ailleurs, Mayotte est principalement connue pour son lagon. La création de la RNN des forêts de Mayotte est l’occasion d’apporter un regard sur la beauté des paysages forestiers et la richesse de la biodiversité également présente côté terre.

Vue de la forêt de Saziley et de l’îlot de sable blanc du sud, depuis le mont Choungui.
© Abassi Dimassi
En vert, la RNN couvre 2 800 hectares de forêts – soit 7,5 % de la superficie terrestre de Mayotte – répartis sur six massifs difficiles d’accès.
© DEAL Mayotte / ONF
• Quels sont les projets du Département dans les prochains mois au sein de la RNN ?

Bibi Chanfi :

- Rappelons tout d’abord que 10 ans après les premières démarches entreprises pour créer la réserve, le Groupement d’intérêt public (GIP) de la RNN des Forêts de Mayotte a enfin vu le jour en mars 2023.

L’aménagement des locaux est en cours et dans les prochains mois, une formation spécifique sera dispensée par l’OFB aux écogardes de la réserve. Nous espérons ainsi avoir au second semestre 2024 une équipe formée, avec les outils juridiques et les moyens matériels nécessaires pour remplir leurs fonctions de protection des ressources naturelles de Mayotte.

Le drongo de Mayotte (Dicrurus waldenii), un oiseau endémique.
© DEAL Mayotte / ONF

TÉMOIGNAGE

SOULAIMANA ISSOUFFOU, DIRECTEUR ADJOINT DE L’AGENCE ONF DE MAYOTTE

Soulaimana Issouffou
Dans cette jeune réserve – 2ème créée à Mayotte après l’îlot M’Bouzi – l’Office national des forêts partage avec le Conseil départemental la gouvernance du GIP présidé par Bibi Chanfi, 2ème vice-présidente du Département. L’ONF à Mayotte, c’est une équipe de huit personnes qui compte trois agents assermentés pour les patrouilles, un trio dont je fais partie. Chaque début d’année, nous planifions avec le Département et la DAAF des patrouilles communes, auxquelles nous allons cette année intégrer le GIP. L’idée est de travailler tous ensemble, afin de protéger ces forêts et leur biodiversité.
Dans les six massifs forestiers classés en RNN, l’ONF œuvre depuis 10 ans à l’élimination d’espèces exotiques envahissantes, au reboisement, à la restauration écologique... Nous nous basons sur des plans d’aménagement relevant du Code forestier. Le futur plan de gestion de la réserve, qui devra être achevé en juin 2026 après concertation de tous les acteurs, sera notre future feuille de route. Je souhaite que la relation de confiance liant l’ONF et le GIP soit de longue durée et la protection des espaces naturels efficace.
Cynometra floretii, une espèce végétale protégée.
© DEAL Mayotte / ONF

TÉMOIGNAGE

NAÏLANE ATTOUMANE ATTIBOU, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FMAE

La Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) fait partie du conseil de gestion de la RNN des forêts de Mayotte. À ce titre, nous espérons que les avis des associations soient réellement pris en compte par les collectivités et partenaires. En effet, nous regrettons par exemple que de la RNN de l’îlot M’Bouzi, nous ne savons rien, comme si elle était sous cloche... Les associations de proximité ont développé des connaissances locales, par exemple en agroforesterie, qui représentent un savoir précieux, alors que l’application de directives parisiennes ne ferait que générer des conflits avec la population.
Un autre atout de taille des associations est qu’elles sont en capacité d’assurer si besoin la médiation avec les habitants des villages.
On espère aussi que les autorités ne se cantonneront pas aux délimitations de la RNN. Car les anciennes réserves forestières sont plus larges et c’est ce qui a permis de garder préservées ces six massifs. Sinon, on risque de ne plus avoir de “zones tampons”.
Rédaction et interview : Stéphanie Castre
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