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Guadeloupe

TERRA-KERA, UNE PASSION POUR LA BIODIVERSITÉ DE L’ARCHIPEL

Amoureux de la Guadeloupe et de sa biodiversité exceptionnelle, Mike Hélion est un botaniste passionné qui intervient dans de nombreux domaines liés à la flore : inventaires ou suivis botaniques, études d’impact, formation des professionnels, sensibilisation et sorties grand public… Rencontre avec un amoureux de la flore guadeloupéenne.

INTERVIEW

MIKE HÉLION, NATURALISTE EN GUADELOUPE ET FONDATEUR DE L’ENTREPRISE TERRA-KERA

Mike Hélion
• Comment en êtes-vous arrivé à créer Terra-Kera, entreprise qui vous permet d’être écologue généraliste indépendant en Guadeloupe ?

- J’ai su très tôt, au collège, lors de mes premiers cours de SVT, que je me consacrerais plus tard à l’étude ou à la protection de la nature. J’ai réalisé mon stage de master (Biodiversité végétale et Gestion des écosystèmes tropicaux) ici, en Guadeloupe, où j’ai eu l’occasion d’étudier le cactus tête à l’Anglais (Melocactus intortus). Ce fut mon premier contact (piquant) avec la flore de l’archipel. J’ai continué à me passionner pour les plantes sur mon temps libre, en parallèle d’un travail sur les milieux marins.

Puis, j’ai finalement réalisé que je ce que je voulais, c’était travailler à l’étude et à la préservation des plantes guadeloupéennes. C’est ainsi que Terra-Kera a vu le jour début 2021 ! Je m’embarquais alors pour une aventure de plus de 3 000 espèces à chercher, reconnaître, photographier, comprendre…

« À l’inverse des gros plans, une vue d’ensemble permet aussi de capter toute la beauté d’un milieu ! Ici, les crêtes de la Basse-Terre vues depuis la Soufrière par un matin dégagé. »
© Mike Hélion
• Parmis vos différents projets en Guadeloupe, pouvez-vous nous en présenter certains que vous avez particulièrement appréciés ?

- Ce que je fais est très large, mais toujours dans le domaine des plantes. Je peux être appelé pour réaliser des inventaires naturalistes purs en un milieu naturel, comme être amené à faire des études d’impact pour de futurs projets d’aménagement, afin de minimiser les conséquences de ces projets sur les milieux.

En 2023, j’ai également mené des actions de formation auprès d’agents du Parc national de la Guadeloupe, pour leur apporter une connaissance générale en matière de botanique.

En partenariat avec le Pôle-relais zones humides tropicales (PRZHT), découverte de la flore de l’aire marine éducative (AME) de Gros-François, à Baillif.
© Mike Hélion / TK

Ce que j’aime aussi beaucoup, c’est la sensibilisation auprès du grand public. J’ai eu l’occasion d’organiser des visites autour de la biodiversité ordinaire, dans le cadre des Atlas de la biodiversité communale (ABC) de différentes municipalités. Et j’organise à mon compte des visites en milieu naturel le weekend. Ce sont toujours des moments d’échange très riches, notamment quand des Guadeloupéens participent à ces sorties nature, et qu’ils m’apprennent des noms de plantes en créole ou des usages que je ne connaissais pas. Les balades durent deux à trois heures, mais je pourrais parler de plantes pendant des jours sans m’arrêter !

Terra-Kera approvisionne en graines d’espèces indigènes deux pépinières de Baie-Mahault.
© Mike Hélion / TK
Un inventaire de la flore vasculaire est en cours jusqu’en mai 2025 dans la Réserve naturelle nationale de la Désirade.
© Mike Hélion / TK
AU TRAVERS DE MON TRAVAIL, JE FAIS DE MON MIEUX POUR PRÉSERVER CE PETIT COIN DE PARADIS ET LUI RENDRE TOUT CE QU’IL M’OFFRE
Cactus tête à l’Anglais aux Saintes.
© Mike Hélion / TK
• Comment avez-vous réussi à développer votre entreprise dans le domaine de l’environnement ?

- Mes trois premières années n’ont pas toujours été évidentes, comme pour toute entreprise, mais j’ai aujourd’hui un agenda 2025 déjà quasiment rempli ! Il faut dire que la biodiversité de Guadeloupe est exceptionnelle, pour un « si petit » territoire. Une conséquence de cette richesse est qu’il y a encore beaucoup à faire dans le domaine environnemental. Des taxons comme les champignons, les lichens ou certains groupes d’insectes sont à étudier. Et les interactions entre les plantes et les autres êtres vivants restent à comprendre pour la plupart. Il y a donc encore beaucoup à faire, tout en poursuivant les actions de préservation, de restauration et de sensibilisation. L’enjeu est que nous puissions continuer à profiter de cette nature luxuriante et à nous émerveiller de la chance que nous avons, en Guadeloupe, de vivre chaque jour au contact de cette biodiversité !

L’algue bulle dépolie (Dyctosphaeria cavernosa), une espèce envahissante.
© Mike Hélion / TK
L’iguane des Petites-Antilles (Iguana delicatissima) est en danger critique d’extinction.
© Mike Hélion / TK
Rédaction et interview : Lucie Labbouz

+ d’info ici : https://terrakera.tk/

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