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Île de La Réunion
Le porcher, classé en danger critique d’extinction par l’UICN sur la liste Rouge de la flore vasculaire de La Réunion.
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L’ÉTANG DE SAINT-PAUL, PLUS GRANDE ZONE HUMIDE LITTORALE PROTÉGÉE DE L’ARCHIPEL DES MASCAREIGNES
Créée en 2008 et couvrant 447 hectares, la Réserve naturelle nationale Étang de Saint-Paul est le repaire d'une flore typique des milieux humides et d'une faune d'exception. Elle forme, avec les ravines adjacentes, l'unique site labellisé Ramsar de La Réunion. Dans ce lieu paisible, une gestion adaptée permet de protéger l’écosystème, tout en offrant aux visiteurs une expérience inédite.
À proximité du centre-ville de Saint-Paul, l’étang est une ancienne lagune comblée au fil des siècles par plusieurs phénomènes : apport de sédiments et de matériaux issus de coulées de boue géantes depuis le cirque de Mafate, qui furent charriés par la Rivière des Galets puis ramenés dans la baie par les courants ; érosion marine ; glissements de terrain. Des conditions à l’origine du cadre atypique de cette zone humide qui héberge une faune et une flore à forte valeur patrimoniale. « En ce qui concerne la faune, les principaux enjeux se situent au niveau des oiseaux, des poissons et macrocrustacés, ainsi que des insectes », précise Giovanni Payet, directeur adjoint de la Réserve. En 2021, l’équipe gestionnaire a mis en place ses deux premières aires terrestres éducatives : les classes de CM1 des écoles Jean-Luc Daly Eraya et Louise Siarane de Saint-Paul ont obtenu ce label national écocitoyen. Au cours de l’année scolaire, les élèves vont devoir définir un projet participatif impliquant acteurs locaux et usagers, afin de gérer et de protéger les aires naturelles qu’ils se voient ainsi confier.
Jusqu’au 19 septembre, la Réserve et ses partenaires lancent la 3ème édition du concours photo Intermèdes Nature, pour « sensibiliser le public à la variété des zones humides de La Réunion et aux trésors de biodiversité qu’elles préservent ».
+ d’info ici : www.reserve-etangsaintpaul.fr
Rédaction : Stéphanie Légeron
PUBLI-COMMINQUÉ
MOINS D’ÉCLAIRAGE DE NUIT POUR PROTÉGER LE CIEL...
Après avoir mené avec Biotope et la SEOR une étude scientifique pour mieux connaître l’avifaune marine, Port Réunion continue à lutter contre le risque d’échouages d’oiseaux dus à ses éclairages nocturnes. rencontre avec Samantha Renault de la Seor, qui intervient notamment en sensibilisant sur cette problématique le personnel et les usagers du Grand Port maritime.
INTERVIEW
SAMANTHA RENAULT SOIGNEUSE ANIMALIÈRE À LA SEOR
• En quoi la sensibilisation des agents est-elle utile ?
- Nous formons les agents du Grand Port depuis plusieurs années. Avec nous, ils apprennent à connaître les oiseaux marins, le pétrel de Barau, le puffin tropical par exemple, et savent surtout comment réagir en cas de découverte d’un oiseau échoué au sol : il faut alors manipuler l’oiseau sans le stresser, le placer dans un carton spécifique avant notre prise en charge, et relever le lieu précis de l’échouage sur une fiche de suivi. Cette donnée est essentielle. En effet, nous reportons chaque point d’échouage sur notre carte d’identification des points lumineux du port, pour voir si tel luminaire peut être en cause et donc amélioré. En 2020, 31 oiseaux ont ainsi été recueillis au port. C’est peu, en comparaison des 165 oiseaux récupérés sur la commune du Port.
• Comment la SEOR accompagne-t-elle Port Réunion dans ses efforts de réduction des éclairages ?
- Nous proposons un ensemble de préconisations dans le choix des dispositifs lumineux : réduction de leur puissance, allongement des durées d’extinction, orientation des lampadaires vers le sol et non vers le ciel, choix de couleurs plutôt orangées et non blanches, longueurs d’onde adaptées pour éviter les ultraviolets auxquels les oiseaux sont sensibles... Ces efforts permettent de beaucoup moins interférer avec les mécanismes d’orientation nocturne des oiseaux, qui utilisent les lueurs de la lune et des étoiles pour se repérer. Les lumières du port ne peuvent être totalement éteintes, parce que l’activité reste permanente. Mais Port Réunion fait au mieux pour impacter le moins possible les oiseaux. Ces actions contribuent en particulier à éviter que les jeunes pétrels de Barau suivent les lumières artificielles du port lors de leur premier envol. En ce début septembre, nous assistons à l’arrivée sur l’île des pétrels adultes, qui viennent retrouver leurs partenaires sur les sites de reproduction du massif du Piton des Neiges. Puis, en avril, quand les jeunes qui seront nés fin décembre ou début janvier quitteront les colonies, ils emprunteront essentiellement l’un des trois couloirs d’envol de l’île, dont celui de la rivière des Galets, juste au-dessus du port (voir l’image ci-contre, NDLR).
• Un message à l’ensemble des Réunionnais ?
- Nous avons besoin de vous pour nous signaler les oiseaux en difficulté. Sans cette aide, nous ne pouvons les sauver. Grâce à vous, 1 540 pétrels de Barau ont été pris en charge sur l’île rien qu’en avril dernier. En 12 ans, le succès des Nuits sans lumière ne s’est pas démenti. La solidarité à La Réunion pour les oiseaux est magnifique et doit continuer !
Quelques résultats du diagnostic et du suivi des oiseaux dans la zone portuaire
À l’issue de l’étude réalisée de 2009 à 2015 avec Biotope et la SEOR, Port Réunion a pu collecter des données très intéressantes sur les comportements de quatre espèces d’oiseaux marins protégés et sensibles aux éclairages artificiels : puffin tropical, puffin du Pacifique, pétrel de Barau et pétrel noir de Bourbon. Un outil inédit a été proposé par Biotope : un véhicule équipé du radar Aviscan II, capable de déceler le flux et la hauteur de vol des oiseaux jusqu’à 1 500 mètres d’altitude. L’étude a mis en évidence :
• un flux très important allant jusqu’à des pics de 800 oiseaux par heure et plus de 1500 oiseaux par nuit ;
• une majorité de vols à plus de 150 mètres d’altitude ; • deux périodes à risque dans l’année : décembre-février, et début avril-mi-mai ;
• deux horaires sensibles : 19-22h00 et 4-6h00, en lien avec les remontées d’oiseaux vers leurs colonies et leur départ le matin vers la zone océanique. Ce double pic horaire est nettement moins marqué en avril-mai, au moment de l’envol des pétrels de Barau ;
• les pétrels de Barau sont les plus touchés par les échouages, avec un pic en avril.
Source : Diagnostic et suivi des oiseaux marins sur Port Réunion - GPMDLR/BIOTOPE/SEOR 2009-2015.
Projet en cours de gestion des éclairages
rapporte Daniel Savigny, chargé d’opérations à Port Réunion.