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Guadeloupe
Berge de la rivière des Pères, dégradée et recolonisée par des espèces exotiques. © Protéger | Sébastien De Danieli.
POUR STABILISER ET PROTÉGER LES BERGES DE RIVIÈRES, LE GÉNIE DES PLANTES ENTRE EN ACTION !
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Le projet de promotion et développement du génie écologique sur les rivières de guadeloupe, ou projet « Protéger », vise à préserver la biodiversité des milieux aquatiques guadeloupéens, et à prémunir les habitants et leurs biens des risques encourus lors des crues de rivières ou des événements cycloniques, grâce à l’utilisation de techniques de génie végétal.
Il arrive souvent que les rivières de « l’île aux belles eaux » engendrent, en milieu urbain, une certaine pression sur les habitations ou les équipements. Pour protéger les biens et les personnes, les berges sont alors soumises à des aménagements réalisés en utilisant des enrochements bruts ou bétonnés. Si ces techniques de génie civil sont bien maîtrisées et restent parfois indispensables, elles génèrent cependant un impact fortement négatif sur le bon fonctionnement des écosystèmes riverains : accueil de la biodiversité, fonctions de corridor, de dépollution, etc.
Dans ce contexte, une alternative plus douce et respectueuse de la biodiversité et des paysages, généralement moins coûteuse, existe : le génie végétal, qui désigne la mise en oeuvre des techniques utilisant des végétaux et leurs propriétés mécaniques dans les ouvrages de construction, pour la protection des sols contre l’érosion et pour la stabilisation des berges, en imitant les modèles naturels efficaces.
En Guadeloupe, le projet « Protéger », qui s’articule en quatre phases, a justement été conçu pour promouvoir et développer les techniques de génie végétal basé sur des espèces locales. La première phase, conduite de 2016 à 2018, a permis de définir 12 types de ripisylves en Guadeloupe et d’en extraire les espèces indigènes les mieux adaptées au maintien et à la protection des berges. Au total, 30 taxons à fort potentiel pour une utilisation en génie végétal ont ainsi été retenus après l’inventaire de près de 300 berges inventoriées à moins de 500 mètres d’altitude : bois carré, poivriers, petites fougères, lianes rampantes...
La phase 2 du projet, pilotée par le Parc national de la Guadeloupe en partenariat avec l’INRAE 2 et l’université des Antilles, a débuté en 2019 et se poursuivra jusqu’en 2022. Le but de ce temps de recherche opérationnel est d’étudier plus en détail les espèces présélectionnées lors des deux années d’inventaires botaniques – morphologie, biologie, intérêt pour le génie végétal... – et de déterminer à l’aide de mises en culture les techniques d’ingénierie écologique appropriées. Autant de « fiches espèces » qui seront partagées, avec l’ambition de favoriser à plus long terme une filière socio-économique locale de production végétale en pépinières, dans le cadre du génie écologique.
Les premiers résultats des recherches ne se sont pas fait attendre : les experts de l’équipe « Protéger » concluent déjà que près d’une vingtaine d’espèces d’arbres, arbustes et herbacées présentent de grandes capacités techniques, et qu’elles pourront donc être utilisées pour réaliser des travaux en cours d’eau ou restaurer des zones dégradées.
En parallèle, deux chantiers pilotes, de petite taille pour commencer, seront prochainement menés dans les rivières en partenariat avec la Région Guadeloupe, qui est le maître d’ouvrage des travaux dans les cours d’eau de l’archipel. Ces chantiers sont l’occasion de tester en conditions réelles les espèces et techniques choisies, tout en sensibilisant les professionnels et le grand public aux techniques et aux enjeux de la protection des berges utilisant des végétaux. Nous avons recueilli le témoignage de Lucie Labbouz, responsable de la phase 2 du projet « Protéger » au sein du Parc national : « À quelques mois de la fin de cette deuxième phase, je suis vraiment satisfaite d’avoir pu faire grandir ce projet. À partir de connaissances théoriques, nous avons réussi à aboutir à des résultats pratiques et opérationnels que nous avons à présent à cœur de transmettre aux acteurs du territoire pour que le génie végétal s’implante durablement en Guadeloupe et dans la Caraïbe! ».
Enfin, les deux dernières phases du projet permettront, d’une part, de former les acteurs de l’archipel, entreprises et collectivités notamment, à l’utilisation des techniques de génie végétal dans les rivières et, d’autre part, de diffuser les connaissances développées à l’échelle de la Caraïbe.
+ d’info ici : https://genie-vegetal-caraibe.org
Contact : Lucie Labbouz | projet.proteger@guadeloupe-parcnational.fr
Rédaction : Stéphanie Légeron
PUBLI-COMMUNIQUÉ
LA CONCEPTION DE SYSTÈMES AGRICOLES SANS PESTICIDES EN GUADELOUPE
Le projet « Territoires Durables » mené en Guadeloupe, en Martinique et à la réunion propose de développer une démarche de conception de systèmes agricoles innovants visant l’arrêt des pesticides. cette démarche est coconstruite avec tous les acteurs des territoires : organisations de producteurs, instituts techniques, chambres d’agriculture, gestionnaires et autres usagers locaux.
Les départements et régions d’outre-mer restent utilisateurs de produits phytosanitaires pour assurer une production agricole en quantité et préserver la qualité de ces productions. Dans ce contexte, une évolution vers des pratiques agroécologiques permettant une réduction drastique des applications de produits phytosanitaires apparaît prioritaire. Pour atteindre cet objectif, «Territoires durables », projet de trois ans débuté en janvier 2020 et financé par le ministère des Outre-mer, considère différentes échelles :
• celle de la parcelle agricole, échelle de décision et d’application des leviers techniques et agroécologiques ;
• celle de l’exploitation agricole, échelle de mobilisation et de gestion des ressources propres à chaque agriculteur (connaissances, main d’œuvre, infrastructures, finances…) pour la conduite des systèmes de culture et d’élevage ;
• territoriale au niveau d’un bassin versant, pour fédérer les acteurs locaux dans une dynamique qui fait sens – par opposition à une contrainte – et faciliter et coordonner les apprentissages de même que les changements, majoritairement organisationnels et institutionnels.
En Guadeloupe, la mise en œuvre de systèmes agricoles innovants implique également de prendre en compte la contrainte de la pollution des sols à la chlordécone, liée à un usage ancien de pesticides dans les bananeraies jusqu’au début des années 1990 pour lutter contre le charançon.
Le projet a été lancé en Guadeloupe en 2020, avec la participation des chercheurs du Cirad et de l’INRAE, mais surtout des acteurs de terrains : les agriculteurs et les techniciens. La zone pilote du projet, le bassin versant des rivières des Pères et du Pérou, est au cœur du « croissant bananier » guadeloupéen.
Un diagnostic des pratiques agronomiques du territoire confirme que la proportion de jachère a fortement augmenté ces dix dernières années à l’échelle des exploitations et du territoire. La jachère joue un rôle central pour assainir les sols des bananeraies des nématodes – vers parasites des animaux et des végétaux – et in fine réduit l’usage des nématicides. Les enquêtes ont mis en évidence le rôle de l’association de plantes de couverture avec les cultures, ainsi que du recours aux animaux d’élevage via des collaborations avec des éleveurs pour contrôler l’enherbement des jachères et limiter l’usage des herbicides, tout en améliorant la fertilité du sol. Cette option présente néanmoins un risque de contamination de l’animal qui pâture des parcelles polluées.
Les prochains défis sont de mieux caractériser, avec des critères définis par les agriculteurs et acteurs, la diversité des pratiques mobilisées et d’évaluer leur viabilité. Il s’agit par exemple d’analyser l’efficacité des services rendus par l’élevage dans les systèmes de culture – réduction de l’enherbement, organisation interfilière et territoriale… – tout en analysant les possibles impacts physiques, économiques, sanitaires… Ces mesures démarrent en septembre 2021.
+ d’info ici : www.cirad.fr