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OUTRE-MER
grandeur Nature
GUADELOUPE POUR STABILISER ET PROTÉGER LES BERGES DE RIVIÈRES, LE GÉNIE DES PLANTES ENTRE EN ACTION !
Berge enrochée et bétonnée en aval de la Grande Rivière de Vieux-Habitants. © PNG | Lucie Labbouz
Le projet de Promotion et développement du génie écologique sur les rivières de Guadeloupe, ou projet « Protéger », vise à préserver la biodiversité des milieux aquatiques guadeloupéens, et à prémunir les habitants et leurs biens des risques encourus lors des crues de rivières ou des événements cycloniques, grâce à l’utilisation de techniques de génie végétal. Il arrive souvent que les rivières de « l’île aux belles eaux » engendrent, en milieu urbain, une certaine pression sur les habitations ou les équipements. Pour protéger les biens et les personnes, les berges sont alors soumises à des aménagements réalisés en utilisant des enrochements bruts ou bétonnés. Si ces techniques de génie civil sont bien maîtrisées et restent parfois indispensables, elles génèrent cependant un impact fortement négatif sur le bon fonctionnement des écosystèmes riverains : accueil de la biodiversité, fonctions de corridor, de dépollution, etc.
Le but de ce temps de recherche opérationnel est d’étudier plus en détail les espèces présélectionnées lors des deux années d’inventaires botaniques – morphologie, biologie, intérêt pour le génie végétal... – et de déterminer à l’aide de mises en culture les techniques d’ingénierie écologique appropriées. Autant de « fiches espèces » qui seront partagées, avec l’ambition de favoriser à plus long terme une filière socio-économique locale de production végétale en pépinières, dans le cadre du génie écologique.
Dans ce contexte, une alternative plus douce et respectueuse de la biodiversité et des paysages, généralement moins coûteuse, existe : le génie végétal, qui désigne la mise en oeuvre des techniques utilisant des végétaux et leurs propriétés mécaniques dans les ouvrages de construction, pour la protection des sols contre l’érosion et pour la stabilisation des berges, en imitant les modèles naturels efficaces. En Guadeloupe, le projet « Protéger », qui s’articule en quatre phases, a justement été conçu pour promouvoir et développer les techniques de génie végétal basé sur des espèces locales. La première phase, conduite de 2016 à 2018, a permis de définir 12 types de ripisylves 1 en Guadeloupe et d’en extraire les espèces indigènes les mieux adaptées au maintien et à la protection des berges. Au total, 30 taxons à fort potentiel pour une utilisation en génie végétal ont ainsi été retenus après l’inventaire de près de 300 berges inventoriées à moins de 500 mètres d’altitude : bois carré, poivriers, petites fougères, lianes rampantes... La phase 2 du projet, pilotée par le Parc national de la Guadeloupe en partenariat avec l’INRAE 2 et l’université des Antilles, a débuté en 2019 et se poursuivra jusqu’en 2022.
Formations végétales qui se développent au bord des cours d’eau.
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Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. | La phase 2 du projet « Protéger » est financée par l’Union européenne, l’OFB, le Parc national de la Guadeloupe, l’INRAE et l’université des Antilles. 2