PAR BERNADETTE DAVIS, 2 E VICE-PRÉSIDENTE DE LA COLLECTIVITÉ DE SAINT-MARTIN
Mesdames et messieurs,
Changement climatique, effondrement de la biodiversité, crise énergétique, accès à l’eau potable, ultradépendance alimentaire, érosion côtière, échouements de sargasses, risques cycloniques et sismiques sont autant de sujets qui nous mobilisent au quotidien et de façon croissante, tant notre statut de « petit territoire insulaire » nous place en première ligne des effets déjà induits par ces grands bouleversements mondiaux provoqués par l’homme.
La délégation au Cadre de Vie et à la Transition Écologique de la Collectivité de Saint-Martin que je préside relève ces défis au quotidien, dans l’urgence, et se réorganise en permanence pour adapter les services publics territoriaux à ces nouvelles priorités. Un profond travail de sensibilisation est fait en interne comme auprès de la société civile pour parvenir à ce que nous ayons une conscience partagée des enjeux et de cet avenir qui nous est imposé.
La Collectivité de Saint-Martin s’est engagée à organiser la COP Territoriale en la matière et le lancement de cet événement a su mobiliser au-delà de nos attentes.
La COP Territoriale va se dérouler jusqu’en novembre 2024 et nous permettra de disposer d’une feuille de route à l’horizon 2030 sur deux grands axes : • réduire notre propre responsabilité dans les processus qui induisent le changement climatique, dont prioritairement nos émissions de gaz à effet de serre ; • agir localement pour nous adapter aux effets déjà visibles et qui seront pires demain.
Ce défi écologique et sociétal s’impose à nous et il est souvent accueilli comme une injustice par notre population puisque nous ne sommes qu’un très petit territoire qui n’était que peu peuplé jusqu’en 1985. L’avènement du tourisme a engendré une explosion démographique difficile à imaginer quand on ne l’a pas vécue : notre population a été multipliée par cinq en 15 ans. Pour autant, l’île de Saint-Martin ne peut être considérée comme une grande contributrice au réchauffement climatique, vu que nous ne disposons quasiment pas d’industrie et de très peu d’agriculture. Face à cette situation, nous sommes pourtant les premiers concernés par l’élévation du niveau des océans, l’érosion côtière, les échouements d’algues sargasses, la disparition des coraux et beaucoup d’autres phénomènes qui modifient notre vie, nos habitudes et menacent des espaces fortement peuplés, mais aussi les écosystèmes primordiaux à la protection de nos côtes.
Il nous appartient de mobiliser fortement notre population très hétérogène par essence et de parvenir à un changement global d’habitudes pour instaurer des automatismes de sobriété, ce qui passe par l’instauration de politiques publiques responsables et engagées. Ces politiques se doivent d’être spécifiques et de trouver néanmoins le soutien des dispositifs nationaux et européens, idéalement via des processus simplifiés, car ici comme dans les autres territoires ultramarins, il y a urgence. Cet objectif et cette nécessaire mobilisation collective doivent être partagés par nos nombreux visiteurs, notre économie reposant principalement sur le tourisme.
En ce sens, il nous semble primordial de pouvoir travailler avec les opérateurs pour qu’une charte puisse être accessible aux touristes avant leur arrivée sur notre territoire, afin que les comportements importés soient en phase avec nos enjeux environnementaux, nos habitudes de vie et la volonté d’instaurer un tourisme durable et responsable.
Bernadette Davis
LES GAGNANTS DE L’APPEL À PROJETS
SOS CORAIL SPÉCIAL MANGROVES
Le 2 avril dernier, la Fondation de la Mer et l’IFRECOR (Initiative française pour les récifs coralliens) ont lancé un appel à projets dans le cadre du programme de financement participatif SOS Corail, pour préserver les mangroves dans les outre-mer français.
Quatre projets portés par des associations ont ainsi été sélectionnés en juin et rejoindront la plateforme de financement SOS Corail. Tous s’inscrivent dans une démarche de protection et de restauration des mangroves, en sensibilisant les populations locales à une meilleure gestion de ces écosystèmes cruciaux.
Ces quatre projets associatifs lauréats « se distinguent par leur démarche partenariale, leur compréhension des enjeux, les résultats concrets attendus et leur engagement envers la préservation des mangroves » :
•« À la découverte des mangroves de NouvelleCalédonie », un projet porté par l’association Hô-Ut ;
•« La Mangrove de Koungou », une initiative des Naturalistes de Mayotte ;
•« Sensibilisation et restauration passive de la mangrove de Guyane », un projet mené par Sepanguy ;
•et « Projet participatif de restauration de mangrove en Martinique », de l’équipe de Roots of the Sea.
Autant de nouvelles solutions adaptées aux défis spécifiques de ces territoires, qui viennent renforcer la résilience des mangroves face aux menaces actuelles.
+ d’info ici : Présentation des projets lauréats
ACTU OUTRE-MER
COUP D’ENVOI DE LA
CAMPAGNE
D’EXPLORATION SCIENTIFIQUE DIVE-SEA
Coordonnée par le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), la campagne DIVE-Sea s’inscrit dans le programme de recherche ATLASea, qui vise à mieux connaître la biodiversité marine. DIVE-Sea, dont le coup d’envoi a été donné le 24 juin à la station marine de Dinard, permettra de collecter des organismes marins dans toute la France jusqu’en 2029, pour aboutir au séquençage du génome et à la mise en collection de 4 500 espèces marines, soit un tiers de celles connues.
« Les données ainsi produites seront d’un intérêt majeur pour la connaissance des espèces marines », déclare Line Le Gall, pilote du projet DIVE-Sea, professeure du Muséum et spécialiste des algues.
En outre-mer, l’expédition d’inventaire naturaliste Kanameco a déjà accueilli DIVE-Sea , puis ce sera au tour de « La Planète Revisitée des Îles de Guadeloupe » en octobre et, dans les années à venir, d’autres expéditions en Polynésie française, à Mayotte, en Guyane, en Martinique, ou encore à Saint-Paul et Amsterdam...
+ d’info ici : DIVE-Sea, des explorations aux génomes marins
En 2024, l’Ifremer fête ses 40 ans « d’exploration, de recherche et de découvertes, d’innovations et de solutions, de science qui éclaire la décision, d’engagement pourl’Océan ». Pour célébrer cet événement, l’Ifremer est à la barre de grands temps forts : sur toutes les façades de l’Hexagone et en outre-mer, les citoyens et le public scolaire sont invités par l’Ifremer à ouvrir les portes de ses centres et stations pour découvrir les coulisses de la recherche en sciences océaniques.
Impact du changement global sur les espèces endémiques, développement d’une filière d’ostréiculture tropicale... Les 7 et 8 juin, à Vairao en Polynésie française, les salariés du centre Pacifique ont ainsi dévoilé leurs programmes de recherche aux visiteurs, à quelques semaines des épreuves des Jeux olympiques de surf qui se tiendront à proximité du centre Ifremer, au creux de la vague de Teahupo’o.
+ d’info ici : Nouveau film sur l’Ifremer en 3 minutes
CERTAINES ESPÈCES POURRAIENT MIEUX TOLÉRER LE CHANGEMENT CLIMATIQUE QUE PRÉVU
Des chercheurs de l’Ifremer et de l’Université de Lausanne ont réévalué la part des espèces terrestres et marines menacées d’extinction par le changement climatique. Si les modèles traditionnels estiment que la diversité des espèces terrestres tropicales pourrait se réduire de 54 % d’ici 2041-2060, ce nouveau modèle prédit une diminution plus modérée de 39 %. Cette projection, tout de même alarmante, confirme l’urgence de prendre des mesures pour atténuer les changements climatiques et leurs impacts sur la biodiversité.
À l’heure actuelle, les températures sur Terre varient d’environ -70 °C en Antarctique à +48 °C à l’équateur. Ces « limites climatiques » sur notre planète ont de tout temps évolué. Il y a 130 000 ans, lors de la dernière ère interglaciaire, le climat était par exemple plus chaud, semblable à celui que nous pourrions connaître d’ici 2100. Les espèces qui ont évolué à cette période pourraient être ainsi « préadaptées » aux changements à venir. Or, jusque-là, les modèles statistiques prévoyant la réponse des espèces au changement climatique ne considéraient pas ce potentiel de préadaptation, ce qui pouvait fausser leurs prédictions. Est-ce à dire que c’est une bonne nouvelle ? Clairement non, d’après les scientifiques, qui rappellent que le climat n’est pas la seule variable à prendre en compte pour avoir une prédiction réaliste du risque d’extinction des espèces. Il faut aussi considérer d’autres pressions anthropiques comme la perte d’habitats, la pollution, la surexploitation ou encore les invasions biologiques.
D epuis son D épart à la retraite en 2019, p hilippe D etcheverry , ancien ca D re à e DF, propose
D es tours en zo D iac au nor D D e l ’ isthme D e m iquelon - l angla D e , sur la lagune D u g ran D B arachois u n sanctuaire i D éal pour contempler les phoques et les oiseaux migrateurs
INTERVIEW
PHILIPPE DETCHEVERRY, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION PHOCA À SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON
• En quoi consistent les tours en zodiac que vous organisez via l’association Phoca ?
- Depuis 2019, j’ai pris la relève de l’un de mes cousins qui exerçait déjà cette activité. Le Grand Barachois est un espace naturel qui plaît beaucoup aux visiteurs. Le tour que je propose dure environ une heure et quart. Nous prenons le temps, avançons tranquillement pour profiter du paysage et nous approcher en douceur des animaux sans les déranger.
• Les conditions sont-elles difficiles parfois ?
- Je ne sors pas par temps de brouillard, par exemple, car dans ce cas nous ne voyons absolument rien ! En ce qui concerne les marées, nous avons des marnages suffisamment importants pour que tout soit recouvert à marée haute. Des phoques, on ne voit alors que les têtes ! Il faut composer avec les marées et la météo pour naviguer de façon optimale dans la lagune.
• Votre clientèle est plutôt composée de touristes ou bien de résidents de l’archipel ?
- Nous avons les deux et aussi d’anciens résidents qui sont partis depuis longtemps et reviennent, mais globalement, l’activité attire plutôt des touristes. Parmi eux, je dirais qu’il y a deux profils différents. D’une part, les voyageurs canadiens qui viennent par ferry depuis l’île de Terre-Neuve et n’ont généralement que peu de temps pour visiter l’archipel. La plupart d’entre eux louent une voiture pour découvrir notre petit bout de France et ne passe qu’une journée à Miquelon. Ils nous appellent au dernier moment sur place quand ils découvrent l’activité, or parfois la météo ne permet pas de sortir... D’autre part, la clientèle qui vient de métropole reste en moyenne une semaine à 15 jours à Saint-Pierre-et-Miquelon. Cela laisse le temps de bien s’organiser. Depuis sept ou huit ans, nous avons un vol direct depuis Paris tous les lundis de juin à septembre. Ces 12 vols annuels directs encouragent les touristes à venir nous voir !
SÉRÉNITÉ ET ON AVANCE TRANQUILLEMENT, À FAIBLE ALLURE, POUR APPRÉCIER CET
ENVIRONNEMENT. IL N’Y A AUCUN
BRUIT AUTRE QUE CELUI DE LA NATURE ET DES ANIMAUX »
PHILIPPE DETCHEVERRY
L’ASSOCIATION PHOCA
Nommée en référence aux communautés de phoques gris et communs présentes à Saint-Pierre-et-Miquelon, l’association, créée en 2014, a pour objet la découverte du milieu marin du Grand Barachois. Elle propose à bord d’un zodiac des excursions guidées de mi-juin à miseptembre pour deux à 10 personnes. Une balade au fil de l’eau, à la rencontre de la faune sauvage qui peuple cette lagune salée en perpétuel mouvement.
LE GRAND BARACHOIS, UN REFUGE PRÉCIEUX POUR LES OISEAUX ET NOTAMMENT LES LIMICOLES
Formée par des dépôts sédimentaires, la lagune du Grand Barachois s’étend sur environ 900 hectares à marée basse. Ce « grand lac » inséré entre les deux bras de l’isthme de Miquelon communique avec l’océan Atlantique par un chenal, localement appelé le « Goulet », et subit ainsi le va-et-vient des marées.
À partir de juillet, le site accueille des oiseaux migrateurs et notamment des limicoles comme le pluvier argenté ou le bécasseau à croupion blanc, qui se nourrissent de crevettes ou de petits mollusques abandonnés par la marée. Le Grand Barachois est une Réserve de chasse et de faune sauvage depuis 1992. Un statut instaurant une zone de quiétude pour les nombreuses espèces d’oiseaux qui affectionnent cet espace littoral.
g éré par l ’ o FF ice F rançais D e la B io D iversité , le s anctuaire a goa est une aire marine protégée singulière , entièrement consacrée à la conservation D es cétacés . a près plus D e 12 ans D ’ existence , le s anctuaire s ’ engage sur un nouveau plan D e gestion pour 2023 à 2037 plaçant la concertation , la coopération et la conservation au cœur D e ses priorités
Le Sanctuaire Agoa, c’est 143 256 km ² d’espace maritime dédié à la préservation des mammifères marins de Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Dans ces eaux évoluent 22 espèces de cétacés, soit 30 % de la diversité mondiale. Des animaux malheureusement confrontés à de nombreuses menaces : contaminations, dérangements, collisions, pêches... Sous l’impulsion du Sanctuaire, des défis de taille sont à relever et doivent mobiliser l’ensemble des acteurs caribéens.
INTERVIEW
JÉRÔME COUVAT, COORDINATEUR SCIENTIFIQUE AU SANCTUAIRE AGOA
• Quel bilan pour le premier plan de gestion ?
- Établi au lancement de la structure, le premier plan de gestion 2012-2017 était un document fondateur et ambitieux. Malheureusement, toutes les actions n’ont pu être mises en place pour différentes raisons, notamment un déficit de moyens logistiques et humains.
Face à l’augmentation importante du nombre d’opérateurs de whale watching, la stratégie dédiée du nouveau plan de gestion cherche à mieux encadrer l’activité professionnelle d’observation des mammifères marins.
Les cachalots vivent en clans et chaque clan possède son propre langage. Le nouveau plan de gestion du Sanctuaire Agoa prévoit d’affiner les connaissances sur ces clans vocaux.
• Quelles sont les avancées avec ce nouveau document stratégique ?
- Pour ce second plan de gestion 2023-2037, l’équipe technique du Sanctuaire s’est appuyée sur l’expérience des 10 années précédentes, et sur des consultations et ateliers de concertation avec les parties prenantes des Antilles, afin de définir des actions et des indicateurs encore plus adaptés aux enjeux de protection.
Aussi, depuis son initiation dès 2016, ce document stratégique a été pensé pour être plus précis mais également plus accessible, de manière à en faciliter l’appropriation par tout un chacun.
Douane
TÉMOIGNAGE
LAURIE HEC, DIRECTRICE DU SANCTUAIRE AGOA
« Ce nouveau plan de gestion nous permet de mieux communiquer sur les enjeux et les actions à mener pour protéger les mammifères marins dans les Antilles françaises et la Caraïbe en général. Il va servir de fil rouge à l’équipe technique et à tous les acteurs concernés. Huit stratégies opérationnelles ont commencé à être
La Conférence des acteurs est, depuis 2022, l’organe de gouvernance du Sanctuaire Agoa. Composée de 32 membres, elle représente les parties prenantes de la protection des cétacés des Antilles françaises. Sa présidence est tournante.
mises en œuvre pour poursuivre les OLT, objectifs de conservation à long terme, associés aux cinq espèces “étendards” qui ont été définies (voir l’infographie ci-dessus).
On peut citer la stratégie “Pollution acoustique” dont une des actions consistera à cartographier le paysage sonore sous-marin pour identifier les sources de pollution, évaluer les risques pour les mammifères marins et mettre en place, le cas échéant, des mesures de réduction de ces risques. La stratégie “Collision” ambitionne quant à elle d’inciter davantage de navires à s’équiper de l’outil anticollisions REPCET®. »
En haut de page : le plan de gestion classe les enjeux par groupes d’espèces, chacun représenté par une espèce « étendard » pour laquelle sont établis des objectifs de conservation à long terme. + d’info ici : Des stratégies d’action pour la conservation
D ans les D eux B aies i D ylliques F aisant partie D e la r éserve naturelle D e s aint - B arthélemy , le stationnement D es navires D e plus D e 25 mètres est inter D it D epuis juin 2023. l e point sur les raisons D e ce tour D e vis réglementaire et les résultats o B tenus un an après
Si auparavant les navires de toutes tailles étaient autorisés à mouiller dans les baies de Colombier et de l’île déserte Fourchue, seuls les bateaux de moins de 25 mètres ou 20 tonnes conservent ce droit. À leur arrivée sur site, en cas d’occupation de tous les mouillages sur bouée, ces bateaux peuvent jeter l’ancre dans les zones sableuses. « Progressivement, des mouillages seront rajoutés pour permettre à l’herbier de recoloniser un maximum d’espace », précise l’ATE.
METTRE FIN AUX NUISANCES ET AUX IMPACTS SUR LES FONDS
Avec ce changement de réglementation entériné le 29 juin 2023 par les élus du Conseil territorial, les navires de plus de 25 mètres ou 20 tonnes se sont ainsi vu interdire le stationnement dans ces baies, qu’il s’agisse de mouillage de plaisance sur bouée, à l’ancre ou même à l’ancre virtuelle, au moyen d’un repositionnement continu par satellite. Les résultats ne se sont pas fait attendre : depuis un an, ces grands yachts et bateaux de croisière n’abîment plus les fonds
avec leurs lourdes ancres et chaînes, les sites ne subissent plus les gaz d’échappement de leurs groupes électrogènes, dont la consommation moyenne de gasoil a été estimée par l’ATE à 800 litres par navire et par jour. Sans compter l’arrêt de la pollution sonore induite. « Le soir, bien que cela soit interdit, certains de ces navires allumaient leurs éclairages sous-coque, perturbant là encore la vie sous-marine » ajoute l’ATE.
SENSIBILISER ET VERBALISER DEMEURAIT INOPÉRANT
Malgré un travail sans relâche de l’ATE, les règles au sein de la réserve n’étaient pas respectées par tous et, dans 90 % des cas, les bateaux mis en cause dépassaient justement 25 mètres de long. « Jetski, seabob, surf électrique… tous les jouets interdits en réserve sont à la disposition des clients à bord de ces navires. Les clients sont exigeants et les montants des amendes peu dissuasifs pour cette clientèle », a constaté l’ATE qui se félicite de cette réglementation à présent en phase avec ses objectifs de protection.
m oins connus que les réci F s coralliens et les mangroves , les her B iers constituent pourtant un écosystème D ’ une importance écologique majeure Dans les îles tropicales à saint - m artin , où ces prairies sous - marines ont su B i D e plein F ouet le cyclone i rma en 2017, elles sont D ésormais Davantage prises en compte Dans les aménagements nautiques .
Les herbiers marins ont pris ces dernières années une place plus importante dans les programmes scientifiques. Il faut dire qu’ils participent à l’équilibre des écosystèmes marins, travaillant en interdépendance avec les récifs coralliens et les mangroves. Ils stabilisent ainsi le sable dans les lagons et abritent une importante et riche biodiversité.
Le tourisme nautique de loisirs étant très développé sur l’île, préserver les herbiers marins est une priorité pour l’Association de gestion de la Réserve naturelle de Saint-Martin (AGRNSM). Ainsi, dans le cadre de son projet ReCorEA Saint-Martin – financé par l’OFB, soutenu aussi par Atout France et la Fondation Veolia –la Réserve naturelle a mis en œuvre de nombreuses actions pour mieux encadrer et atténuer les impacts subis par cet habitat sous-marin essentiel.
LES HERBIERS SONT TRÈS MENACÉS
PAR LES ANCRAGES DE BATEAUX QUI, TOUTE L’ANNÉE, VIENNENT VISITER LES FONDS MARINS OU LES ÎLETS
Des bouées de mouillage seront ainsi installées sur les sites attirant le plus de bateaux et les agents de la Réserve naturelle analysent régulièrement la fréquentation nautique de ces zones sensibles. « Il est important pour nous de savoir qui fréquente la Réserve et pour quels usages », indique Anne Karine Fleming, vice-présidente de l’association depuis trois ans.
« Notre rôle est avant tout de sensibiliser les usagers à la fragilité des écosystèmes marins, mais aussi de préserver l’équilibre entre le tourisme et notre milieu naturel ». Grâce à son travail, la Réserve naturelle de Saint-Martin a d’ailleurs obtenu en avril la Palme IFRECOR décernée chaque année aux collectivités s’impliquant pour la préservation des écosystèmes marins. « Une belle reconnaissance qui légitime encore plus nos actions », souligne Anne Karine Fleming.
L’IFRECOR, PARTENAIRE INCONTOURNABLE DE LA RESTAURATION DES MILIEUX MARINS
l e 5 e programme D ’ actions D e l ’ i F recor a été éta B li après une enquête auprès D es territoires ultramarins c e programme 2022-2026 présente les priorités D e l ’ i F recor , parmi lesquelles la restauration D es réci F s coralliens et D es mangroves
UNE « MODE » DE LA RESTAURATION DES ÉCOSYSTÈMES
Depuis plusieurs années, pour faire face à la dégradation des écosystèmes, de nombreux programmes de restauration des récifs et des mangroves ont vu le jour. Conduits tout autour du globe par des acteurs divers, certains de ces programmes sont menés de façon peu rigoureuse et rencontrent parfois de forts taux d’échec. L’IFRECOR s’est donc donné pour mission de développer de meilleures pratiques de restauration à l’échelle des outre-mer français
DES PARTENAIRES AU PLUS PRÈS DES ACTEURS DE TERRAIN
Créé à l’initiative de l’IFRECOR, le Réseau national d’Observation et d’aide à la gestion des Mangroves (ROM) a ainsi publié en 2020 le premier guide technique sur la restauration des mangroves, adapté aux outremer français. De son côté, l’association RespectOcean accompagne les acteurs économiques vers une meilleure préservation de l’océan et organise, en 2024, un cycle de webinaires portant sur la restauration corallienne en partenariat avec l’IFRECOR.
POUR LA RESTAURATION DES MANGROVES - FFEM (paru en mai 2024)
« Dans le cadre de sa stratégie sur la résilience des écosystèmes aquatiques, le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) publie ce guide issu du partage d’une communauté d’experts et de scientifiques, pour faire connaître les résultats d’initiatives dans différentes régions du globe. On espère qu’il accompagnera un maximum d’autres projets pour une plus grande efficacité des restaurations ! » déclare Janique Étienne, responsable de l’équipe projet “Écosystèmes marins” au FFEM.
INTERVIEW CROISÉE
AURÉLIE DUBOIS, DÉLÉGUÉE
GÉNÉRALE DE RESPECTOCEAN ET VIRGINIE TSILIBARIS, ANIMATRICE DU RÉSEAU D’OBSERVATION ET D’AIDE À
LA GESTION DES MANGROVES (ROM)
AU COMITÉ FRANÇAIS DE L’UICN
• À quels enjeux répondent vos actions pour la restauration des écosystèmes marins ?
Aurélie Dubois - Notre association RespectOcean accompagne des entreprises dans la compréhension de l’impact de leurs activités sur l’océan.
On observe depuis plusieurs années de nombreuses entreprises qui, dans le cadre de leur démarche RSE et pour compenser ces impacts, souhaitent investir dans des projets de restauration corallienne. Or, parce que ces entreprises n’ont pas d’expertise dans le domaine et pas de connaissances à disposition, elles ne choisissent pas forcément les bons projets.
L’enjeu de notre cycle de webinaires sur la restauration corallienne est de faire monter en compétences les acteurs économiques et de leur montrer comment mettre en place des actions de restauration qui auront des résultats significatifs dans la durée.
Virginie Tsilibaris - Pour ce qui est des projets de restauration de mangroves, force est de constater un taux d’échec assez important, et ce pour différentes raisons : les choix du site ou des espèces ne sont pas complètement adaptés, des perturbations pesant sur le milieu sont toujours présentes, etc.
C’est pourquoi il nous a paru essentiel de concevoir un guide technique, en langue française, accessible à l’ensemble des gestionnaires de mangrove et pertinent dans le contexte ultramarin français, afin de garantir des projets de restaurations fructueux.
• Quelle est selon vous la bonne pratique indispensable pour la restauration des milieux ?
Aurélie Dubois - Dans ce cycle de webinaires, nous mettons en avant une étude sur les 10 règles d’or de la restauration corallienne. Par exemple, notre dernier événement en ligne a mis en particulier l’accent sur l’intégration des communautés locales dès le début et dans toutes les phases des projets de restauration pour garantir leur pérennité. Partager ces bonnes pratiques, l’envie d’agir et inspirer, c’est vraiment ça la philosophie de notre réseau.
Virginie Tsilibaris - Même réponse pour la restauration des mangroves ! L’acceptabilité sociale des projets et l’implication des populations locales sont indispensables pour garantir la durabilité des projets.
Le guide technique de restauration du ROM souligne également l’importance d’un diagnostic initial solide, afin de déterminer si une restauration active, c’està-dire un projet de plantation, est utile ou non. Car dans de nombreux cas, dès lors que les pressions sur les écosystèmes sont écartées ou que les connexions hydrologiques sont rétablies, les milieux se regénèrent d’eux-mêmes. On appelle ça de la restauration passive… C’est la magie de la mangrove !
+ d’info ici : 5ème programme d’actions de l’IFRECOR Guide méthodologique pour la restauration des mangroves - FFEM Webinaires de RespectOcean Guide technique sur la restauration de mangrove - Comité français de l’UICN
Le Réseau d’Observation et d’aide à la gestion des Mangroves (ROM), initiative nationale créée en 2012 et coordonnée par le Pôle-relais zones humides tropicales dans le cadre de l’IFRECOR, est un réseau d’observateurs dont l’objectif principal est de conserver les mangroves des outre-mer français et leurs valeurs écologiques, socioculturelles et économiques.
m is en œuvre Dans l ’ o B jecti F D e ren F orcer la per F ormance environnementale , l ’ a Daptation D es territoires au changement climatique et l ’ amélioration D u ca D re D e vie , le F on D s v ert co F inance en m artinique l ’ écoquartier B on a ir , au cœur D e F ort - D e -F rance .
Dans les années 1950 et 1960, la crise de l’industrie cannière précipitait la fermeture des sucreries en Martinique, entraînant un exode massif des habitants des campagnes vers les villes. Fort-de-France s’est alors construite selon un principe d’habitats spontanés avant qu’une mutation urbaine en profondeur ne conduise à l’avènement des habitations à loyer modéré (HLM).
Achevée en 1965, la cité Bon Air, l’un des premiers ensembles HLM du chef-lieu, élevait dès lors face à la mer ses trois « barres » d’immeubles dont le bâtiment C, traversé par une coursive de 180 mètres, était le plus long de la Caraïbe. Puis, dans les années 1980, la Société immobilière de la Martinique (SIMAR), propriétaire du parc locatif, a proposé de vendre les logements à des personnes y résidant.
LA RENAISSANCE D’UN QUARTIER DEPUIS LONGTEMPS DÉGRADÉ
La vente de ces logements à vocation sociale a mené à la création d’une copropriété qui s’est par la suite détériorée avec le temps, jusqu’à faire l’objet en 2005 d’un plan de sauvegarde de l’Agence nationale de l’habitat. Un premier diagnostic de site a alors révélé la présence d’un risque sismique avéré et non corrigible : les trois bâtiments et ses 321 logements devaient être détruits. Le projet d’écoquartier Bon Air est ainsi né de cet enjeu de renouvellement urbain, avec une volonté forte de développer la meilleure qualité de vie possible pour les habitants, dans le contexte actuel de changement climatique.
LA TRANSFORMATION D’UNE CITÉ EN PREMIER ÉCOQUARTIER DE LA CARAÏBE
Ce programme d’envergure, qui s’étend sur 4,5 hectares et dont la livraison est prévue en 2030, s’attache à minimiser son empreinte sur l’environnement. Pour cela, l’écoquartier Bon Air intègre dans sa conception l’économie d’énergie, avec notamment des panneaux photovoltaïques qui alimenteront les parties communes. La préservation des espaces naturels est également au cœur du projet, qui prévoit de nombreux espaces verts et jardins partagés faisant la part belle aux fleurs, arbres fruitiers et plantes médicinales. Une gestion efficiente des déchets sera mise en place et les transports en commun vont être privilégiés pour assurer une connexion forte avec la ville.
La culture caribéenne transparaît dans la conception de ce projet expérimental qui s’inspire du mode de vie créole, s’adapte au climat et aux risques naturels, et a recours à des matériaux bas carbone. Bon Air se transforme sous nos yeux en un modèle réplicable de quartier apaisé, écologique et caribéen.
Le Fonds Vert cofinance la transformation et la renaturation partielle de la friche Bon Air. À l’horizon 2030, ce site comprendra 500 logements écoconstruits, un espace vert d’1,3 hectare, des activités, équipements, services et commerces, afin d’améliorer le cadre de vie des résidents.
TÉMOIGNAGE
YANNIS BAFLAST, DIRECTEUR
GÉNÉRAL DE LA SAS BON AIR
« En tant qu’aménageur concessionnaire, la SAS Bon Air pilote le programme d’écoquartier Bon Air de 59 millions d’euros depuis 2012. Une première phase de travaux a permis le relogement des habitants, puis la déconstruction des bâtiments. Grâce au recours au Fonds Vert – avec notamment la mobilisation d’une avance de trésorerie conséquente – nous avons pu relancer les travaux et avancer sur la viabilisation et la réalisation des réseaux du quartier, c’est-à-dire sur les préalables nécessaires à la construction des bâtiments à proprement parler. À terme, c’est près de 2% de la population de Fort-de-France qui reviendra vivre dans ce quartier pensé dans un esprit de mixité fonctionnelle et générationnelle ».
LE FONDS VERT, ACCÉLÉRATEUR DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE DANS LES TERRITOIRES
Dans son axe 3, le Fonds Vert cofinance des mesures en faveur du recyclage foncier. Enjeu majeur d’aménagement durable des territoires, la remobilisation des friches répond aux objectifs de sobriété foncière (limiter l’artificialisation des sols et/ou la consommation d’espaces naturels), de mixité des fonctions, de désimperméabilisation des sols... Pour Miguelle Mambert, cheffe du service Logement ville durable à la DEAL Martinique, « le Fonds Vert est, pour l’écoquartier Bon Air, mobilisé à hauteur de 2,5 millions d’euros avec une souplesse qui a permis la mise à disposition des crédits immédiatement – et donc le redémarrage des travaux. Le Fonds Vert intervient en complément d’autres aides publiques et a rendu possible le bouclage du plan de financement global. Ce projet est à notre sens exemplaire et donnera lieu à un cadre de vie renaturé, pas uniquement centré sur l’habitat. Il y a un projet social fort construit autour de ce quartier populaire pour garantir l’adhésion des habitants. »
Rédaction
Lucie
Labbouz
MARTINIQUE
L’AGROFERME TROPICALE QUI SECOUE LE COCOTIER !
n ichée au m orne - r ouge , l ’ agro F erme Familiale « p etit c ocotier » D é F en D une agriculture sans intrants chimiques et a B rite notamment la reine D es épices D e la m artinique : la v anille v olcanik . l e point avec a n D ré - j u D es c a Dasse , F igure locale D e l ’ alimentation D ura B le .
INTERVIEW
ANDRÉ-JUDES CADASSE, COCRÉATEUR DE L’AGROFERME « PETIT COCOTIER »
• Comment en êtes-vous venu à créer l’agroferme tropicale Petit Cocotier ?
- Je suis né sur les flancs de la montagne Pelée. Petit Cocotier est le fruit de quatre générations d’agriculteurs. Avec mon frère Sébastien, nous avons repris le
flambeau. Nous souhaitons redonner ses lettres de noblesse au métier de paysan, développer l’agroécologie tropicale sans pesticides pour préserver notre écosystème naturel et contribuer à la souveraineté alimentaire de la Martinique. Au-delà de cet engagement, notre objectif est de créer du lien sur toute la chaîne de valeur, du paysan jusqu’au plus grand chef cuisinier. En sept ans, Petit Cocotier a réuni une fédération de plus de 20 paysans et paysannes autour d’un manifeste coconstruit et qui servira de base à la création du premier label biotropical au monde !
Cocotier
• Quelques mots sur votre philosophie « De la fourche à la fourchette » ?
- Notre philosophie implique que chacun peut agir à son niveau et être un “super héros” : chaque coup de fourchette soutient un coup de fourche. En fait, manger est un acte militant et même politique. À chaque repas, matin, midi et soir, on peut se dire « je vais soutenir mon maraîcher, mon boulanger, mon poissonnier... ». Ainsi, le consommateur a la capacité de faire changer les marchés et évoluer les mentalités au profit d’une agriculture paysanne, saine, humaine, qui remet de la logique, du sens et du lien, loin des marchés financiers déconnectés du réel qui régissent aujourd’hui l’agriculture intensive et industrielle. Le symbole de la Martinique est le colibri, nous sommes tous des colibris « péyi » et avons le pouvoir de changer le monde avec nos fourchettes !
Depuis 2015, bientôt 10 ans, nous avons développé notre réseau de vente en circuit court et proposons aujourd’hui 30 points relais répartis sur toute l’île. Désormais, c’est vers le terroir, les épices, les projets UNESCO, les tables et les chefs que nous concentrons nos efforts. Nous sommes engagés dans une bataille du goût avec l’objectif de convaincre 10 % de la population. Car une fois ce seuil atteint, la bascule vers les 90 % restants est historiquement prouvée.
Nos « supers héros » sont aussi bien sûr les cheffes et chefs cuisiniers d’ici et d’ailleurs qui valorisent dans leurs restaurants notre patrimoine local et subliment notre Terroir, pour changer Demain.
PASSIONNÉ PAR SON MÉTIER, ANDRÉ-JUDES CADASSE
« N’EXPLOITE PAS
LA NATURE, MAIS COMPOSE AVEC »
• Sur les 22 hectares de votre ferme, six sont entièrement dédiés à l’agroforesterie ?
- Oui, avec un sous-bois protégé par l’ONF. Nous avons toujours fait de l’agroécologie basée sur les principes du jardin créole. Le jardin créole est la forme la plus évoluée de l’agroécologie, car il est l’héritage de quatre continents. Nous reprenons des méthodes de culture africaines, européennes, indiennes, asiatiques, amérindiennes. Nous faisons de la polyculture vivrière, maraîchère, fruitière et cultivons des épices de grande qualité, dont la Vanille Volcanik, explosive en saveurs.
Chez les Aztèques et les Mayas, la vanille était sacrée, perçue comme une passerelle entre le monde matériel et les mystères spirituels. La « fleur noire » est belle et rebelle. Elle s’ouvre ou pas, c’est elle qui décide. Quand elle est ouverte, nous n’avons que quatre heures pour faire la pollinisation à la main. Neuf mois plus tard, on peut récolter les gousses, mais il faudra attendre deux ans pour avoir de la vanille. Cette vanille volcanique a la particularité de s’imprégner des essences du terroir. On y reconnaît des notes d’ananas, de café, de maracuja, de cacao. Au-delà de ses qualités gustatives exceptionnelles, c’est aussi une « vanille voyage » qui se retrouve sur les tables des plus grands chefs cuisiniers d’ici et du monde entier. C’est une locomotive pour notre patrimoine et notre terroir !
André-Judes Cadasse vient tout juste de rentrer en juin d’une mission importante avec l’UNESCO, conduite avec la directrice générale de l’UNESCO en personne, Audrey Azoulay. + d’info ici : https://www.petitcocotier.co/6mois
L’ODE MARTINIQUE, SOUTIEN DES ACTEURS DU TERRITOIRE POUR LA PRÉSERVATION
DES MILIEUX AQUATIQUES
l e 4 e p rogramme pluriannuel D ’ intervention ( ppi ) D e l ’ o FF ice D e l ’ e au m artinique prévoit plusieurs D ispositi F s D ’ accompagnement D es acteurs D u territoire , D ans l ’ o B jecti F D e préserver la qualité D es milieux aquatiques et D e la ressource en eau
Le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) établi à l’échelle de chaque district hydrographique français, dont celui de la Martinique, est un document de planification qui définit, pour six ans, les grandes orientations vers une gestion équilibrée de la ressource en eau, ainsi que les objectifs de qualité et de quantité des eaux à atteindre.
L’Office de l’Eau a pour mission d’accompagner techniquement et financièrement les acteurs du territoire, collectivités, acteurs du monde agricole, bailleurs sociaux, industriels, artisans, etc. afin de répondre aux objectifs du SDAGE 2022-2027.
Aujourd’hui, l’assainissement et, dans une moindre mesure, l’agriculture génèrent des pressions sur les milieux aquatiques. L’assainissement est à l’origine d’environ 80 % de ces pressions, tandis que l’agriculture a des impacts sur le grand cycle de l’eau. L’ODE a noué des partenariats avec plusieurs acteurs pour répondre à ces problématiques. En mai et juin 2024, l’ODE a ainsi signé plusieurs conventions et programmes d’action phares pour la protection des milieux aquatiques et de la ressource en eau.
OZANAM ET L’ODE MARTINIQUE COLLABORENT POUR L’ASSAINISSEMENT
L’ODE Martinique soutient techniquement et financièrement le bailleur social Ozanam dans le cadre des opérations de démantèlement, remplacement et modernisation des équipements d’assainissement de cet acteur martiniquais du logement social.
Une convention a ainsi été signée, qui prévoit l’octroi de plus de 852 502 euros de subvention à Ozanam, pour financer un programme de travaux de 1 253 559 M€ dans l’assainissement de 17 résidences réparties sur 12 communes de la Martinique. Plus de 3 800 habitants seront bénéficiaires de ce programme visant à :
• guider le bailleur social dans ses projets relatifs à l’assainissement ;
• participer financièrement à la réhabilitation ou à la reconstruction des dispositifs ;
• raccorder les immeubles au réseau public en fonction des conditions techniques et des coûts ;
• améliorer la résilience et la performance énergétique des infrastructures.
L’ODE MARTINIQUE SIGNE UNE CONVENTION SUR L’AGRICULTURE, QUI
OCCUPE
25 % DU TERRITOIRE
La production agricole martiniquaise est dominée par des cultures intensives, fortement consommatrices d’intrants : engrais, pesticides, gaines, films plastiques… Les pratiques impactantes comme le labour profond du sol, la mise à nu des sols et des fossés ou encore le maintien de grandes parcelles dépourvues de haies peuvent aussi ralentir la capacité du sol à infiltrer l’eau, à la restituer et, de ce fait, renforcent les phénomènes de ruissellement et d’érosion. Des mesures agroenvironnementales vertueuses doivent être développées, notamment pour soutenir une agriculture vivrière à taille raisonnable et à forte acceptabilité sociale.
C’est pourquoi l’ODE et la Chambre d’agriculture de la Martinique ont établi un programme d’actions 20242026, qui vient compléter des projets déjà portés par la Chambre comme le système d’information sur
l’irrigation, la campagne d’équipement des irrigants en compteurs ou encore le Schéma directeur d’irrigation en Martinique élaboré avec la Collectivité territoriale. Le programme adossé à cette convention 2024-2026 prévoit diverses actions, dont :
• la production de guides techniques sectoriels sur les économies d’eau, la performance de l’irrigation et l’adaptation au changement climatique ;
• des études sur les pressions agricoles, l’érosion, un recueil d’expériences sur l’agroécologie ;
• des actions de sensibilisation et de formation pour les gestionnaires de petits réseaux collectifs ;
• des financements auprès des agriculteurs via des appels à projets pour améliorer leurs équipements.
Pour animer ce programme et aller au plus près des agriculteurs bénéficiaires, un chargé d’études sera recruté par la Chambre d’agriculture de la Martinique, avec le soutien financier de l’ODE. Ce projet s’élève à un montant total de 488 850 € avec une subvention de l’ODE de 391 080 €, soit 80 % de financement.
p orté par l ’ o FF ice D e l ’ e au ( o D e ) m artinique , en lien avec ses partenaires gua D eloupéens , cu B ains , D ominiquais et saint - luciens , le projet cari B san promeut D ans la région une solution D e traitement D es eaux usées Fon D ée sur la nature : les F iltres plantés D e végétaux
Absence de raccordement aux réseaux, infrastructures vétustes ou non entretenues, le traitement des eaux usées engendre pour de nombreux territoires de la Caraïbe, Guadeloupe et Martinique comprises, de fortes pressions sur les écosystèmes marins et côtiers.
Cofinancé principalement par l’Union européenne à travers le programme INTERREG Caraïbes et par l’Agence française de développement (AFD), le projet de coopération CARIBSAN a vocation à déployer à l’échelle du bassin caribéen une technologie innovante, écologique et adaptée au contexte tropical pour l’assainissement des eaux usées. Impliquée dans la première phase du projet, l’AFD soutient la deuxième phase qui débute, à hauteur de trois millions d’euros.
UNE TECHNOLOGIE À LA FOIS
FIABLE ET RUSTIQUE
CARIBSAN s’appuie sur la technologie des filtres plantés de végétaux qui fonctionne sur le principe de la filtration avec lagunage : des couches de filtres successifs à gravier et sable, dans lesquelles les bactéries
« digèrent » les eaux usées. Le projet est né de travaux visant à rechercher les plantes locales les plus indiquées, puis à les tester en conditions tropicales.
Ainsi, deux premières stations d’épuration ont été mises en service en Martinique, dans les communes du Diamant et du François. Ces stations ont prouvé leur efficacité avec un rendement supérieur à celui des stations d’épuration classiques et avec une meilleure qualité de l’eau en sortie. Elles sont également moins coûteuses à la construction, simples d’entretien et résilientes au changement climatique
UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DE DÉVELOPPEMENT OPÉRATIONNELLE
Après deux années dédiées à la mise en place des partenariats dans la Caraïbe, aux études préliminaires et à la formation des professionnels, la deuxième phase du projet se concentre à présent sur la construction à proprement parler d’usines de traitement d’eaux usées utilisant les filtres plantés de végétaux à Cuba, en Dominique et à Sainte-Lucie.
INTERVIEW CROISÉE
GAËLLE HIÉLARD, CHEFFE DE PROJETS POLITIQUES DE BASSIN ET COOPÉRATION RÉGIONALE À L’ODE MARTINIQUE, ET CLARA DUFRESNE, CHEFFE DE PROJET RÉGIONAL ET CONSEILLÈRE DU DIRECTEUR RÉGIONAL DE L’AFD
• Comment se traduit la coopération régionale dans le cadre du projet CARIBSAN ?
Clara Dufresne - CARIBSAN est un projet de coopération dans lequel chaque partenaire apporte de la valeur ajoutée : la France comme les États étrangers fédèrent et mutualisent la connaissance. Le projet intègre également Cuba, souvent éloigné des projets de coopération dans la Caraïbe. Au sein de CARIBSAN – et c’est suffisamment rare pour être souligné – chacun des acteurs a son rôle et le projet est soutenu tant au niveau technique que sur le plan politique. De la même manière à l’AFD, je tiens à souligner l’implication de nos experts de la division technique Eau et assainissement.
Gaëlle Hiélard - Cette coopération fonctionne en effet parce que nous avons été, dès le départ, dans un état d’esprit d’échange entre toutes les parties. Nous nous sommes inscrits dans un réseau caribéen existant, duquel les territoires français étaient plutôt absents, et l’enthousiasme des partenaires nous a dépassés ! Ils sont prêts à construire les stations sur leurs îles, se sont approprié les techniques, les plantes, connaissent les territoires des uns et des autres… C’est formidable !
juin 2023, la
• Qu’est-ce qui fait, d’après vous, de CARIBSAN un projet pouvant être qualifié d’exemplaire ?
Gaëlle Hiélard - Ce que je trouve impressionnant dans ce projet, c’est sa dimension humaine. À l’issue de la première phase, nous nous sommes interrogés sur le fait d’arrêter CARIBSAN à ce stade. Nous étions alors fin 2023 et avions conçu les programmes de formation, travaillé sur la fourniture d’équipements, sur la sensibilisation et les études préliminaires pour la construction de filtres plantés de végétaux pilotes dans les pays partenaires.
Nous avons alors été poussés par les partenaires à poursuivre. Il est vrai qu’il aurait été dommage de ne pas aboutir à des résultats concrets, surtout que le projet est soutenu par l’ensemble des territoires. L’objet de la deuxième phase est la conception finale et la construction des filtres plantés de végétaux. Aujourd’hui, le projet rayonne déjà dans toute la région et sera même présenté au Conseil des ministères de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO) !
Clara Dufresne - Du point de vue de l’AFD, ce projet est un exemple parfait de transition écologique juste et durable, qui s’inscrit dans une démarche d’atténuation des effets du changement climatique par la promotion des solutions fondées sur la nature. C’est aussi très important pour l’AFD de continuer à soutenir un projet qui entre en phase opérationnelle, après des études préliminaires. Nous sommes vraiment fiers d’accompagner l’ODE Martinique et l’ensemble des partenaires dans la réalisation de ce beau projet !
En
conférence régionale CARIBSAN avait rassemblé en Martinique 15 pays de la région et plus de 150 participants. | La station de Taupinière au Diamant développe les filtres plantés de végétaux.
l e canyoning , activité sportive qui consiste à D escen D re les rivières D e montagnes en F ranchissant les éléments naturels – casca D es , sauts , vasques ... – s ’ est D éveloppé en g ua D eloupe il y a quelques D izaines D ’ années l es canyons o FF rent un panorama imprena B le sur les rivières et les milieux aquatiques , vu D e l ’ intérieur D e l ’ île .
INTERVIEW
FRÉDÉRIC NARDIN, MONITEUR DE CANYONING EN GUADELOUPE
• Comment avez-vous découvert le canyoning ?
- J’ai grandi près de Lyon, et je me suis inscrit adolescent à un stage « montagne ». Le dernier jour, le guide nous a proposé une activité nouvelle, le canyoning, en nous disant : « Vous allez voir, ça va vous plaire, les gosses ! ». Le souvenir que j’en ai près de 40 ans plus tard, c’est cette eau translucide, ce soleil, ces vasques toutes bleues… C’était magique ! J’avais une quinzaine d’années à l’époque, et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire dans la vie.
« EN GRANDISSANT, ON A CONTINUÉ À EXPLORER LES RIVIÈRES AVEC LES COPAINS, SANS TROP DE MATÉRIEL, UN PEU COMME ON POUVAIT, C’ÉTAIT TOUJOURS DE SACRÉES AVENTURES… »
Puis la pratique du canyoning s’est démocratisée, j’ai trouvé un club pour me former et, quelques années plus tard, je passais le premier diplôme d’État de moniteur canyon.
• Le parcours qui vous a mené en Guadeloupe ?
- J’ai évolué dans le monde du canyon jusqu’à devenir référent des formations pour l’outre-mer, et j’ai eu l’occasion de former notamment des équipes de secours en montagne de la gendarmerie.
J’ai découvert la Nouvelle-Calédonie, La Réunion, les Antilles… et je suis tombé amoureux de ces îles !
La végétation de la Guadeloupe et de la Martinique est incroyable et la nature y demeure encore préservée. L’absence d’emprise humaine, le côté exubérant et omniprésent de la nature m’ont conquis.
Alors, il y a quatre ans, j’ai décidé de franchir le pas et de monter ma structure ici, pour vivre pleinement du canyoning en Guadeloupe !
- Il y a en Basse-Terre un potentiel en termes de canyons et de beauté des itinéraires qui n’a rien à envier à d’autres territoires comme La Réunion, par exemple ! Au moment où l’activité est arrivée sur le territoire, il n’y avait pas en Guadeloupe de véritable culture de la montagne, au sens sportif. Mais ça change aujourd’hui ! Je rencontre des groupes de jeunes qui redécouvrent les traces des « anciens », qui partent à la chasse, à la pêche, qui explorent les rivières. C’est vraiment super !
Le canyoning a été développé en Guadeloupe, à l’époque, par des structures commerciales avec une visée touristique, et il y a encore aujourd’hui l’idée que ce sport de loisir est réservé aux touristes. Ce qui me tient à cœur justement, c’est de contribuer à ouvrir l’activité aux Guadeloupéens et aux Guadeloupéennes, pour leur offrir la possibilité de se reconnecter pleinement avec cette partie de leur territoire.
• Alors comment faire pour rendre le canyoning plus accessible ?
- Au-delà de notre structure commerciale, nous avons créé l’association MonCanyon, qui vise à promouvoir la formation en descente de canyons. Les sorties sont entièrement gratuites si les adhérents possèdent leur matériel – et à moindre coût sinon.
On a monté ce club pour démocratiser la pratique, et pour pouvoir intervenir gratuitement dans les lycées, les collèges, mais également auprès des personnes en réinsertion ou en situation de handicap. Nous allons commencer nos premiers partenariats avec la Maison des Adolescents de Guadeloupe et des Îles du Nord, située à Pointe-Noire, puis avec le Lycée professionnel Ducharmoy de Saint-Claude à la rentrée ! Ça me paraît essentiel que cette jeunesse puisse se réapproprier la montagne, la rivière... la nature de chez elle en somme !
• Pour finir, diriez-vous que le canyoning permet de sensibiliser à l’environnement ?
- Lorsque j’emmène des groupes en canyoning, on se retrouve seul dans des espaces préservés dotés de paysages spectaculaires. On a ici des milieux qui sont extrêmement riches. Au niveau de la flore, par exemple, il y a toujours une fleur qui attire le regard, un rouge ou un jaune qui vient mettre une touche de couleur dans le vert et le bleu, c’est magnifique…
Et puis on compose avec ce milieu : avec le débit d’eau, avec le temps qu’il fait, avec les arbres autour… On en vient systématiquement à parler de faune, de flore, d’écosystèmes et de protection de la nature. Il y a toujours un volet éducatif qui arrive comme de lui-même. Le canyoning ici, c’est vraiment plus qu’un sport ou une activité, c’est une expérience de vie… !
r econnaissant l ’ inter D épen D ance entre les santés environnementale , végétale , animale et humaine , le concept o ne h ealth – « une seule santé » – est né Dans les années 2000. c ette approche inter D isciplinaire et glo B ale D es enjeux sanitaires est D estinée à prévenir l ’ émergence D e mala D ies et le risque D ’ épi D émies , ainsi que leur gestion et contrôle .
Cette approche centrée sur la collaboration interdisciplinaire et l’implication des communautés locales est aujourd’hui mise en œuvre par de nombreuses institutions internationales, dont le Cirad, qui planche notamment sur des projets de recherche et de collaboration dédiés aux zoonoses, ces maladies animales pouvant être transmises à l’homme.
DR ÉRIC ETTER, VÉTÉRINAIRE
ÉPIDÉMIOLOGISTE AU CIRAD
« Pour identifier le risque d’émergence de zoonoses et d’autres maladies transfrontalières, je travaille au montage et au suivi de projets de recherche impliquant l’épidémiologie animale, à l’interface entre animaux sauvages, animaux domestiques et humains, et cela au niveau de la Guadeloupe, de la région Caraïbe et à l’échelle mondiale. Je citerai notamment les projets AUSCAR,CaribGREENetPREACTS.Avecles150agents de l’unité ASTRE – Animal, santé, territoire, risques et écosystèmes – nous adoptons une approche holistique mêlant diverses disciplines : la génétique des bactéries et virus, la santé de l’animal et des populations, ainsi que la santé des plantes et des écosystèmes, en particulier impactés par les activités anthropiques.
Le Dr Éric Etter est secrétaire du réseau CaribVET, qui regroupe 48 partenaires représentant des services vétérinaires caribéens et d’Amérique latine, des centres de recherche, universités, organisations régionales et internationales. Il appuie les animateurs des neuf groupes de travail du réseau pour renforcer la collaboration et les compétences des acteurs et ainsi renforcer l’étude, la surveillance et la lutte contre les zoonoses.
Sur la base des modélisations d’évolution spatiale et temporelle des maladies développées avec mes collègues, j’anime des ateliers et formations pour renforcer les capacités des acteurs et des réseaux, notamment de CaribVET, le réseau caribéen de santé animale, et du Caribbean Plant Health Directories (CPHD), le réseau caribéen de santé des plantes. Nous y abordons l’évaluation des systèmes de surveillance, l’analyse de systèmes innovants ou le développement de moyens de communication pour mieux disséminer l’information sanitaire au niveau national, régional et international.
Concrètement, plusieurs maladies mobilisent actuellement notre attention dans la zone Caraïbe : chez l’animal, l’influenza aviaire hautement pathogène, la peste porcine africaine, la lucilie bouchère et la cowdriose, présente en Guadeloupe ; chez les plantes, la TR4, maladie du bananier circulant en Amérique du Sud et la maladie du dragon jaune (HLB) qui touche nos agrumes ; la dengue chez l’homme enfin, avec une prévalence en forte augmentation. »
Coordonné par le Cirad, le projet de recherche européen BComing étudie le lien entre conservation de la biodiversité et émergence de maladies infectieuses. BComing intervient sur trois zones appartenant à des hotspots mondiaux de la biodiversité, dont la Guadeloupe.
SYLVIE LECOLLINET, VÉTÉRINAIRE
ET CHERCHEUSE EN VIROLOGIE
ANIMALE AU CIRAD
« Au sein du Centre de recherche et de veille sur les maladies vectorielles dans la Caraïbe (CRVC) basé à Petit-Bourg en Guadeloupe, j’assure deux missions : la surveillance de maladies animales ou zoonotiques, c’est-à-dire partagées par l’animal et l’homme ; et l’étude des maladies vectorielles, afin de mieux comprendre comment les virus interagissent avec les vecteurs, dans l’optique de développer des méthodes de lutte innovantes contre ces vecteurs. La fièvre West Nile est actuellement mon sujet prioritaire. Très proche de la dengue, ce virus apporté par des oiseaux sauvages migrateurs et observé en Guadeloupe depuis 2002, se transmet à l’homme et à l’animal par les moustiques du genre Culex. Nous développons plusieurs volets de surveillance à travers une approche intégrée One Health afin de suivre la circulation de cette maladie
majoritairement asymptomatique, mais qui peut provoquer des affections neurologiques dans 1 cas sur 140 chez l’homme. Ce travail de surveillance repose sur un maillage des vétérinaires sanitaires du territoire chargés de faire remonter les suspicions chez le cheval ; sur la mobilisation du réseau SAGIR animé par l’OFB et la Fédération nationale des chasseurs pour déclarer les cas de mortalité dans l’avifaune ; et sur l’animation d’un programme de poules sentinelles visant à détecter la présence éventuelle d’anticorps marqueurs de l’infection. Parallèlement, nous menons des études destinées à mieux comprendre les interactions virushôtes. Le Cirad met aussi en place des ateliers avec les citoyens pour connaître leur perception des maladies vectorielles. Enfin, nous cherchons à optimiser nos moyens de communication et de sensibilisation auprès des professionnels de santé et du grand public. »
conservation de la biodiversité
pour limiter les risques d’émergence de pathogènes à l’interface entre
animaux domestiques et
Le
inclut dans ses travaux une approche environnementale afin de mieux saisir comment l’impact des activités humaines sur la biodiversité peut entraîner la transmission de zoonoses vectorielles.
Piégeage de moustiques et prélèvement sur l’avifaune lors du projet Insula. | La
pourrait s’avérer primordiale
faune sauvage,
hommes.
CRVC du Cirad en Guadeloupe
Rédaction
Dorville
GUYANE
« PLUS ON SE DÉCONNECTE
DE LA NATURE, MOINS ON A ENVIE DE LA PROTÉGER ! »
e thno B otaniste , maître D e con F érences au m uséum national D ’ h istoire naturelle 1 , Directrice Durant 15 ans De son antenne en g uyane et aussi prési D ente D e l ’ association ga D epam , m arie F leury nous éclaire sur l ’ importance D es relations entre l ’ h omme et le milieu naturel en g uyane
INTERVIEW
MARIE FLEURY, ETHNOBOTANISTE ET MAÎTRE DE CONFÉRENCES AU MNHN
d’argile en forêt pour créer de la céramique wayana.
• Les connaissances héritées de la tradition en Guyane se perdent. Vous confirmez ?
- Il y a effectivement une grande érosion des savoirs, pas seulement en ce qui concerne les plantes médicinales, mais aussi de manière plus générale au niveau des connaissances sur la nature.
Au cours des années de collège et de lycée, période charnière où les jeunes pourraient apprendre les techniques traditionnelles avec leurs aînés, ils partent en ville pour étudier. De retour dans leurs communautés, ils s’intéressent plus souvent aux loisirs occidentaux. Or, plus on est déconnecté de la nature et moins on a envie de la protéger !
• Justement, l’association GADEPAM s’est fixé pour mission la valorisation des savoir-faire traditionnels en Guyane ?
- Tout à fait. Créée en 2002, l’association GADEPAM a pour objectif la conservation d’un patrimoine culturel et immatériel lié à la nature.
Plusieurs actions y sont développées : un circuit de commercialisation via notre boutique à Cayenne basé sur les principes du commerce équitable ; un volet étude sur les connaissances des plantes et de leurs usages ; un volet transmission avec la mise en place d’ateliers de vannerie, poterie, ciel-de-case 2, gravure sur calebasse, etc. à destination du grand public, mais également au sein même des communautés. Dans ces ateliers de perlerie et poterie, notamment, participent des femmes qui ont envie de se former à des techniques artisanales parfois en voie de disparition.
1 À l’unité mixte de recherche « Patrimoines locaux, environnement et globalisation ». | 2 Cet art amérindien appelé « maluwana » en langue wayana est une grande pièce circulaire taillée dans le bois de fromager. Orné de motifs symboliques peints avec des argiles colorées, le ciel-de-case est placé sous la toiture du carbet collectif tukusipan dans un but de protection (voir la couverture du livre de Marie Fleury).
Collecte
• Un mot sur votre nouveau livre Arts traditionnels wayana-apalai. Vous y défendez l’idée d’un « label wayana-apalai » ?
- La sortie du livre est prévue en septembre 2024. Je travaille en concertation avec les artisans wayana et apalai du Haut-Maroni pour mettre en lumière leurs savoir-faire artisanaux sur la période 2000 à 2024.
L’objectif, c’est aussi en effet de créer un label wayana-apalai pour offrir une protection juridique à leurs productions artistiques, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Beaucoup se plaignent de voir leurs motifs traditionnels copiés, plagiés et reproduits pour être destinés à la vente sans leur consentement et sans compensation financière.
• Quelles sont les priorités à atteindre, selon vous en Guyane, en matière de préservation de l’environnement ?
- Il faut éradiquer l’orpaillage illégal qui menace la forêt tropicale humide dont la destruction est irréversible. Il y a aussi urgence à protéger les connaissances associées. La forêt constitue une ressource de développement pour les populations autochtones et leur survit en dépend.
Rédaction : Sandrine Chopot
« IL Y A UNE GRANDE ÉROSION DES SAVOIRS EN CE QUI CONCERNE LES PLANTES MÉDICINALES, MAIS AUSSI DE MANIÈRE PLUS GÉNÉRALE AU NIVEAU
DES CONNAISSANCES SUR LA NATURE »
LE DJAPANA, « THÉ DE L’AMAZONIE »
La Guyane compte plusieurs centaines de plantes médicinales réputées pour leurs vertus thérapeutiques. Parmi elles, le djapana (Ayapana triplinervis) est inscrit à la Pharmacopée française. « Cette plante originaire de Guyane, utilisée par les Amérindiens, a la particularité d’avoir beaucoup voyagé. Aux Antilles-Guyanes, elle est utilisée en décoction ou infusion pour traiter une variété de maux : fièvre, rhume, toux, problèmes digestifs, nausée, pleurésie, douleurs menstruelles, inflammations, morsures de serpent… À la Réunion, elle a été adoptée dans la pharmacopée locale et on l’utilise parfois dans l’alimentation, dans les sorbets, par exemple », nous informe Marie Fleury.
Atelier de poterie entre femmes, en partenariat avec l’association En Terre Indigène, dans le cadre du projet De la Mère à la Terre en Outre-mer.
s ous l ’ eFFet De la multiplication Des aléas climatiques, les risques naturels s ’ intensiFient et De nom B reuses collectivités locales peinent aujour D ’ hui à Faire assurer leurs B iens ou à o B tenir
D es con D itions contractuelles accepta B les . i nterco ’ o utre - mer pren D cette pro B lématique très au sérieux et mo B ilise ses a D hérents pour contri B uer à Faire émerger D es solutions
Inondations, cyclones et tempêtes, glissements de terrain, submersions marines... Les collectivités locales d’outre-mer se trouvent de plus en plus exposées à des événements climatiques et naturels imprévisibles et dévastateurs qui constituent une menace à la fois pour les biens, les populations et l’environnement. « Les départements d’outre-mer sont naturellement plus exposés aux catastrophes naturelles que ne le sont les départements métropolitains. En outre-mer, on s’attend à une augmentation de 20% de la sinistralité prévue en 2050 » projette par exemple Catnat, Observatoire permanent des catastrophes naturelles.
Dans le cadre de son cycle de webinaires initié en avril dernier sur les risques dans les outre-mer, Interco’ Outre-mer a consacré ses trois premières sessions au thème de l’assurabilité des collectivités dans les départements et régions d’outre-mer. Ses adhérents ont ainsi été invités à identifier collectivement les obstacles rencontrés et à envisager des voies de progrès.
Parmi les difficultés évoquées lors de ces échanges figurent l’envolée des primes et franchises, la baisse des montants indemnisés, l’allongement des délais d’expertise et d’indemnisation, les résiliations brutales par les assureurs, l’absence de réponse aux appels d’offres, etc. « Le phénomène assurantiel représente une véritable préoccupation pour les collectivités d’outre-mer. Les récents travaux devraient, espéronsle, ouvrir la voie à des solutions acceptées et par les compagnies d’assurance et par les collectivités en recherche de couverture », analyse Lyliane PiquionSalomé, présidente d’Interco’ Outre-mer.
Ce travail de fond d’Interco’ Outre-mer est amené à se poursuivre et intervient en effet en parallèle de la mission d’information gouvernementale sur « l’assurabilité des collectivités territoriales » confiée à Alain Chrétien, son co-rapporteur, et publiée fin juin. Un sujet qui mobilise ainsi actuellement dans les territoires ultramarins et jusqu’au plus haut niveau de l’État.
INTERVIEW
ALAIN CHRÉTIEN, VICE-PRÉSIDENT
DE L’ASSOCIATION DES MAIRES DE FRANCE, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DE VESOUL ET MAIRE DE VESOUL
• Vous avez été convié par Interco’ Outre-mer le 7 mai lors de son 2 e webinaire dédié aux risques en outre-mer. Quand et pourquoi le marché de l’assurance des collectivités locales a-t-il commencé à monter en tension ?
- Dans les années 2010, les assureurs se sont livrés à une guerre des prix très agressive. Ces prix bas étaient alors bénéfiques aux collectivités locales, mais cette tension a fait fuir les compagnies d’assurances du marché des collectivités, alors jugé trop peu rentable. Seuls deux acteurs dominent dès lors ce marché : Smacl et Groupama. Des événements climatiques et sociaux ont ensuite contribué à la forte hausse des contrats d’assurance. D’une part, la récurrence accrue des catastrophes naturelles inquiète les assureurs, l’ouragan Irma ayant profondément marqué les esprits en 2017 avec ses dommages colossaux aux Antilles et ses indemnisations exceptionnelles ; d’autre part, la survenance de mouvements sociaux de grande ampleur –« gilets jaunes », émeutes de juin 2023 – a également rendu l’assurance des bâtiments publics comme les gymnases, crèches, etc. et du mobilier urbain de plus en plus risquée et coûteuse. Le phénomène touche toutes les régions de France, et les collectivités de plus de 5 000 habitants sont les plus concernées.
C’est pourquoi nous prônons la création d’un observatoire des prix de l’assurance qui aurait une action coercitive face aux variations tarifaires trop brutales. Aujourd’hui, certaines collectivités subissent des explosions de plus de 200 % de leurs primes d’assurance ! Il faut réussir à atténuer ce genre de dynamique.
Nous préconisons aussi la procédure de marché négocié ou adapté, afin que les collectivités puissent vraiment exprimer leurs besoins et avoir des contrats « sur mesure ». En effet, un assureur sera plus enclin à assurer une commune ou une intercommunalité s’il a une vision claire de ce qu’il assure. Pour ce faire, la collectivité doit connaître dans les moindres détails son patrimoine et utiliser les mêmes référentiels que son assureur, parler le même langage, en somme.
Pour « rassurer les assureurs », les élus doivent montrer qu’ils vont réduire au maximum, en amont, leur vulnérabilité face à de futurs événements majeurs, via des stratégies préventives adaptées à leur territoire : en évitant de construire dans des zones sensibles, en reconstruisant non pas à l’identique mais de manière résiliente et adaptée, en mettant en place des systèmes de détection et d’alerte précoces des aléas naturels, mais aussi à travers l’éducation et l’information de la société civile ... À ce propos, je pense que l’outre-mer est en avance car les collectivités y sont déjà familiarisées avec la culture du risque.
Par ailleurs, un fonds spécifique alimenté par les assureurs et les citoyens pourrait être créé pour indemniser le risque social. Je pense ici aux communes de Nouvelle-Calédonie qui ont subi de lourds dégâts.
Pour retrouver la confiance, je crois que la clé réside dans un échange ouvert avec des assureurs qui reviennent sur le terrain. Nous avons atteint les limites du tout numérique et avons besoin de personnalisation des contrats, de dialogue physique et constructif.
• Quelles pistes de solutions proposez-vous dans votre rapport tout juste paru fin juin ?
- L’essentiel est de faire en sorte que chaque collectivité locale puisse de nouveau faire assurer ses biens.
INTERCO’ OUTRE-MER RASSEMBLE ET SOUTIENT LES ÉLUS ULTRAMARINS
Depuis sa création en 2001, Interco’ Outre-mer anime l’intercommunalité en outre-mer. Dans un esprit de partage d’expériences, elle initie des échanges permanents avec ses adhérents, qu’elle soutient résolument auprès des institutions publiques en s’appuyant sur un réseau de partenaires solides et engagés.
+ d’info ici : https://www.interco-outremer.fr/
Rédaction et interview :
Stéphanie Castre
ÎLE DE LA RÉUNION
UN PLAN NATIONAL D’ACTIONS POUR SAUVER LE PAPANGUE
s eul rapace nicheur D e l ’ île 1 , le papangue alias B usar D D e m aillar D est un oiseau en D émique cher au cœur D es r éunionnais l e p lan national D ’ actions p apangue D e la seor 2022-2031 vise à le sauver D u « Danger D ’ extinction » Dans lequel il est catégorisé D epuis l ’ an 2000.
UN OISEAU EMBLÉMATIQUE,
PARTIE INTÉGRANTE DE LA CULTURE POPULAIRE RÉUNIONNAISE
«Nous pouvons remonter à la légende d’Anchaing et Heva », introduit Steve Augiron, responsable du Plan national d’actions (PNA) Papangue à la SEOR, la Société d’études ornithologiques de La Réunion. « Deux esclaves se seraient transformés en papangues pour échapper à leurs persécuteurs. Les Réunionnais cohabitent avec le papangue depuis des siècles, il y a vraiment une relation particulière avec ce rapace sur l’île ». En effet, les papangues (Circus maillardi) nichent de 200 à plus de 1 200 mètres d’altitude et il n’est donc pas rare de les voir régulièrement survoler les habitations quand on s’éloigne de la côte
PRÈS DE LA MOITIÉ DE SA POPULATION
AURAIT DISPARU EN MOINS DE 25 ANS
Une phase de comptage du rapace a lieu cette année sur toute l’île, un indicateur qui permet de comprendre l’évolution de la tendance de la population et sera ainsi à comparer aux dernières estimations de 2019. Le déclin semble s’atténuer sur la période 2010-2020, mais reste très inquiétant pour l’espèce. « Depuis 2000, on constate en effet une diminution de 46% du nombre de couples de papangues et on estime qu’il
LES OBJECTIFS DU PLAN NATIONAL D’ACTIONS
(PNA) PAPANGUE
Les actions préconisées dans ce document d’orientation devront permettre de mieux prendre en compte le papangue dans les politiques publiques, d’améliorer la gestion de ses habitats et de réduire les menaces qu’il subit.
y a aujourd’hui autour de 200 couples reproducteurs et de 500 à 800 individus sur toute l’île », ajoute Steve Augiron. En termes de répartition géographique du papangue, on voit que certains noyaux de populations tendent à s’isoler de plus en plus. La dispersion des jeunes étant à très faible distance, cela peut ainsi contribuer à une baisse du brassage génétique et favoriser l’apparition d’un vortex d’extinction. Dans l’est de l’île, où le déclin est le plus prégnant, on note aussi une plus forte consanguinité et par conséquent, une baisse du succès de reproduction très problématique.
Les ornithologues ont également constaté de fortes variations dans le rythme de reproduction de l’espèce et, parallèlement, une chute de la viabilité des pontes, avec environ un œuf sur deux qui n’éclot plus.
1 En été, on peut observer le faucon d’Éléonore et le faucon concolore. | 2 Les Mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) permettent aux agriculteurs de bénéficier d’une aide financière, en contrepartie de pratiques agricoles vertueuses pour l’environnement.
Une information qui fait froid dans le dos. Alors que le papangue est une espèce qui se reproduit en moyenne une fois dans l’année – la période de reproduction s’étale sur neuf mois et le délai de la ponte à l’envol des jeunes dure trois mois – certains individus suivis ne se sont pas reproduits une fois en trois ans. « Si l’œuf est fertilisé mais qu’il n’y a pas de développement embryonnaire, une des hypothèses sur laquelle nous commençons à travailler est une exposition aux produits toxiques », nous révèle Steve Augiron
UN DÉCLIN RÉCENT CAUSÉ EN PREMIER
LIEU PAR UN EMPOISONNEMENT
SECONDAIRE AUX RATICIDES
Carnivore, le papangue chasse des micromammifères – souris, rats, musaraignes, parfois des tangues – de petits oiseaux et reptiles comme les agames, geckos et caméléons, ou encore des grenouilles et crapauds.
Avec résilience, ce rapace originairement forestier s’est adapté à l’activité humaine et a vu ses zones d’habitats se réduire au profit d’espaces urbanisés et cultivés. Il a aujourd’hui comme principale ressource les rongeurs qui sont chassés essentiellement dans les nombreuses cultures de canne et plantations fruitières. Les rats étant vecteurs de transmission à l’Homme d’agents infectieux responsables de diverses zoonoses, dont la leptospirose, une lutte basée sur l’utilisation de molécules rodenticides est pratiquée en milieu agricole et à proximité des zones d’habitations. Le papangue se trouve alors contraint de se
nourrir de rats exposés aux blocs de rodenticides disséminés dans les cultures et plantations. Des produits chimiques fatals pour lui et paradoxalement de moins en moins dangereux pour les rongeurs auxquels ils sont destinés : « on a constaté une résistance génétique chez les souris proches des bâtiments vis-à-vis de certains de ces produits. Le papangue s’alimente donc de nourriture vivante mais toxique, car cumulant des concentrations très fortes ». Unique oiseau de proie de l’île, le papangue est pourtant un rempart précieux contre la prolifération des rats et dératise sans poison.
Par ailleurs, la monoculture de la canne a favorisé la disparition des habitats favorables à la reproduction du papangue, qui est l’un des busards les plus menacés au monde. « Avant le défrichement lié majoritairement à la culture de la canne et avant que les terres ne soient autant artificialisées, la connectivité entre les noyaux de populations de papangues était plus forte et l’environnement moins propice à la pullulation des rongeurs », continue Steve Augiron. Les densités de papangues déclinent, s’isolent et sont davantage fragilisées.
Des mesures agroenvironnementales sont accessibles pour améliorer la durabilité des pratiques et favoriser un meilleur maillage paysager. « On souhaite promouvoir les outils qui s’inscrivent dans une démarche de transition, que ce soit pour favoriser le bio et la réduction des produits phytosanitaires, ou pour tendre à diversifier les types de production et développer l’agroforesterie. Cela est encouragé par les MAEC2 qui indemnisent les agricultures en compensation d’une potentielle perte de productivité », conclut le responsable du PNA Papangue.
l ancé en 2021, le projet nétoy nout vil connaît un viF succès auprès Des Dionysiens. chaque année , D eux opérations D e gran D e envergure sont organisées à s aint -D enis , pour inciter les ha B itants à évacuer les D échets D e leurs cours et ainsi à améliorer leur ca D re D e vie .
UN PROJET PARTENARIAL ET D’HYPERPROXIMITÉ DE LA VILLE DE SAINT-DENIS
Au début de la mandature d’Éricka Bareigts en 2020, il a été constaté que les acteurs œuvrant sur le terrain pour la propreté urbaine manquaient de coordination : chacun intervenait sur son secteur de façon dispersée, selon son calendrier. La nouvelle équipe municipale a souhaité synchroniser ces opérations pour rendre la propreté dans la ville partout perceptible.
La Ville de Saint-Denis a alors interpellé les acteurs pour faire en sorte, par exemple, que la tonte des pelouses, ou encore la collecte des déchets, aient lieu les mêmes jours dans tous les quartiers. Et pour aller plus loin, il a été proposé aux intervenants de prendre part à un projet de nettoyage collectif et dynamique, qui soit ouvert à la participation citoyenne.
DES RÉSULTATS POUR LE CADRE DE VIE, LA SANTÉ ET LA COHÉSION SOCIALE
De nombreuses structures ont alors été réunies autour du projet Nétoy Nout Vil : la Communauté intercommunale du nord de La Réunion (Cinor) qui possède la double compétence de collecte et d’évacuation des déchets ; les bailleurs sociaux, sachant que les déchets de certains parcs de logements non clôturés empiétaient sur l’espace public ; le monde associatif, très actif à Saint-Denis ; les entreprises concernées, sans oublier l’Agence régionale de Santé. L’ARS a en effet été associée dès les prémices du projet, dont les deux dates annuelles précèdent et suivent volontairement la saison des pluies. Le but recherché ? Prévenir notamment la dengue, maladie virale transmise par les moustiques, via l’élimination des gîtes larvaires présents dans les déchets verts, encombrants, véhicules hors d’usage... Avec ce projet, la Ville de Saint-Denis se mobilise en effet concrètement aux côtés de la Cinor, de Citeo et de ses partenaires associatifs pour lutter
contre les maladies vectorielles, dont la leptospirose, autre maladie en recrudescence durant l’été austral.
Nétoy Nout Vil permet de collecter puis d’évacuer vers divers circuits de recyclage tous types de déchets, à l’exception des gravats, du métal et des vêtements pouvant être déposés en déchetteries. Fort de son succès, Nétoy Nout Vil menait à bien en avril sa 7e édition et Saint-Denis organisera à nouveau au mois d’octobre le déploiement de ce « vide-cour XXL ».
INTERVIEW
PATRICK SAMBASSOUREDY, DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT
À L’HYPERPROXIMITÉ
ET AUX SERVICES TECHNIQUES
DE LA VILLE DE SAINT-DENIS
• Quel bilan faites-vous des trois années de mise en place de Nétoy Nout Vil à Saint-Denis ?
- Nétoy Nout Vil est un plan d’attaque qui a permis de gagner en efficacité sur la collecte des déchets, pour à la fois mieux préserver l’environnement et lutter contre la propagation de maladies. De plus, cet événement collectif permet aux acteurs de la propreté urbaine de se rencontrer et d’agir collectivement, pour l’intérêt général. Cela peut paraître anecdotique, mais durant les opérations, les agents déjeunent ensemble, cela crée des liens. Chacun joue un rôle dans la bonne réalisation du projet, se sent utile, reconnu et cette cohésion est très bénéfique.
• Y a-t-il eu des nouveautés apportées au cours des dernières opérations ?
NÉTOY NOUT VIL EN QUELQUES CHIFFRES
• 450 agents en 2024 contre 131 en 2021
• 94 personnes mobilisées sur les gîtes larvaires
• 30 associations engagées pour la propreté
• 90 camions déployés dans 17 quartiers
« ON VEUT ALLER AU PLUS PRÈS DES ADMINISTRÉS ET DE LEURS PRÉOCCUPATIONS AU QUOTIDIEN »
- Oui, et j’en citerai deux principales. Tout d’abord, depuis 2022, nous avons signé une convention avec Citeo, dont l’accompagnement nous permet de financer un certain nombre de véhicules, de poubelles, ou encore de prestations de communication et d’actions pédagogiques. Ensuite, dans ce domaine justement, nous avons, depuis les deux dernières éditions de Nétoy Nout Vil, associé des écoles. Si en novembre 2023, les lycées professionnels de Saint-Denis ont été conviés à l’événement, en avril 2024, ce sont les écoles primaires qui y ont participé en animant des stands pédagogiques mis à disposition par la Cinor.
• La sensibilisation porte-t-elle ses fruits ?
- Il reste beaucoup à faire, comme le révèlent les 312 tonnes d’encombrants collectées rien qu’en avril 2024, contre 53 tonnes deux ans plus tôt ! Mais au fil des opérations, la ville devient plus propre et cela se voit. Le réflexe de ne pas laisser les déchets s’entasser chez soi, nous l’avons initié. Enfin, nous partons du principe que la vue d’un espace propre, bien entretenu, dissuade tout un chacun d’y abandonner ses déchets.
INTERVIEW DU DIRECTEUR GÉNÉRAL DU GRAND PORT MARITIME DE LA RÉUNION (GPMDLR)
à l ’ aune D u F utur projet stratégique D u gpm D lr 2024-2028, é ric l egrigeois , son D irecteur général et prési D ent D u D irectoire , nous livre son regar D sur les am B itions , les principales réalisations et les perspectives D e D éveloppement D e p ort r éunion .
INTERVIEW
ÉRIC LEGRIGEOIS, DIRECTEUR GÉNÉRAL ET PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DU GRAND PORT MARITIME DE LA RÉUNION (GPMDLR) OU PORT RÉUNION
• Un nouveau Projet stratégique devrait être approuvé en novembre 2024 par le conseil de surveillance du GPMDLR. Quel bilan faites-vous du Projet stratégique 2019-2023 ?
- J’occupe mes fonctions actuelles depuis un peu plus de cinq ans, ce qui correspond quasiment à la durée de la feuille de route quinquennale du Grand Port qu’est notre « Projet stratégique ». Celui-ci est organisé autour de deux ambitions : d’une part le « Port rayonnant » et d’autre part le « Port responsable », dans lequel la notion d’environnement est très présente.
UN PORT RAYONNANT
- Un port, c’est avant tout une interface avec l’extérieur, surtout pour une île. Le « Port rayonnant » fait partie de notre cœur de métier, avec plusieurs enjeux : densifier la connectivité maritime, promouvoir l’économie bleue, attirer la croisière, impulser des actions de coopération régionale, innover dans la transition numérique.
UNE MEILLEURE CONNECTIVITÉ MARITIME
- Pour stimuler son économie, l’île doit être desservie par de nombreuses lignes maritimes mais, pour justifier certains investissements, le seul trafic domestique ne suffit pas. Cependant, vouloir attirer des flux de marchandises non destinés à La Réunion, c’est entrer en concurrence avec d’autres ports. Cette activité s’appelle le « transbordement ».
Concrètement, il s’agit de conteneurs débarqués depuis un bateau venant par exemple d’Europe et stationnant quelques jours sur les terre-pleins avant d’être réembarqués vers un port de la zone à Madagascar, à Mayotte, en Afrique du Sud, au Mozambique ou au Kenya. Pour être attractif et concurrentiel dans un contexte où les coûts salariaux à La Réunion sont très supérieurs à ceux des ports avoisinants, nos installations doivent être performantes.
C’est pourquoi, dans la continuité des actions engagées par mes prédécesseurs, la modernisation du terminal à conteneurs s’est poursuivie. Deux portiques ont été remplacés et notre capacité à brancher des conteneurs réfrigérés – les « reefer » – a augmenté de plus de 30 %. Ces investissements permettent de manutentionner plus rapidement les grands navires et d’assurer des escales de plus de 2 000 mouvements en moins de trois jours. Cette qualité de service bénéficie aussi aux flux import-export de La Réunion.
- L’attractivité, c’est aussi garantir la fiabilité des accès. Ainsi, pendant la crise Covid, Port Réunion a été le seul port de l’océan Indien acceptant les relèves d’équipage. En 2020, 18 000 marins en ont profité ! Certains étaient en mer depuis 9 voire 12 mois. Ils ont pu enfin débarquer, rejoindre le hub de Roissy puis leurs pays d’origine.
Cette implication des équipes du port, combinée à celle des agents maritimes et des autres professions portuaires mobilisées, et avec l’appui des services de l’État, a été extrêmement bien perçue par les compagnies maritimes.
Des représentants d’ambassades sont même venus nous remercier et aujourd’hui encore, nous avons des retours positifs de cette période.
LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE BLEUE
- Port Réunion contribue à plus d’un titre à l’économie bleue mais, pendant mon mandat, l’opération majeure a consisté à acquérir un dock flottant permettant de mettre à sec quasiment tous les bateaux basés à La Réunion.
L’enjeu est de structurer la filière de réparation navale avec à la clé une centaine de nouveaux emplois. L’essor de cette activité permettra de créer à La Réunion une valeur ajoutée de plusieurs millions d’euros qui aujourd’hui bénéficie à Maurice.
L’ENJEU DE LA CROISIÈRE
- La crise Covid a donné un coup d’arrêt à la croisière. Les effets ont été perceptibles pendant deux saisons.
Malgré tout, les aménagements se sont poursuivis, anticipant le redémarrage observé depuis la fin 2023. Cette reprise d’activité s’accompagne d’exigences plus fortes en sûreté portuaire dans le contexte de la vigilance attentat. L’audit national de 2023 a confirmé que les conditions d’accueil respectaient les directives européennes et les codes internationaux.
DES MOYENS DE DRAGAGE RÉNOVÉS
- L’ambition de « Port rayonnant » se décline aussi au port Ouest, car les chargeurs demandent de pouvoir accueillir des bateaux de plus en plus gros. Cela se traduit par des besoins de dragage accrus.
Afin de gagner là aussi en performance, plusieurs investissements ont été engagés pour équiper les marins et les grutiers du port. Le chaland servant à recueillir les sédiments a été entièrement rénové en 2021 et la grue assurant le dragage du chenal a été remplacée début 2024.
UNE COOPÉRATION RÉGIONALE PLUS ÉTROITE
- Nous échangeons davantage avec nos partenaires régionaux, dont notamment certains adhérents de l’Association des ports des îles de l’océan Indien (APIOI) comme par exemple à Madagascar et aux Seychelles, et d’autres partenaires de la Port Management Association of Eastern and Southern Africa (PMAESA) au Mozambique, en Tanzanie, au Kenya…
Parmi les thématiques abordées, on peut citer les échanges de bonnes pratiques, la mutualisation de certaines formations, ou encore la construction d’une approche coordonnée de la croisière.
- La seconde ambition de « Port responsable » repose sur des orientations liées à la transition énergétique, à l’environnement et, en interne, à la qualité des conditions de vie au travail. L’enjeu est aussi de consolider le lien entre le port et les acteurs du territoire, dont les collectivités.
AGIR POUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
- Dans le domaine de la transition énergétique, en tant qu’établissement public de plus de 250 salariés, nous devons respecter deux obligations réglementaires : réaliser périodiquement des audits énergétiques et des bilans sur les émissions de gaz à effet de serre (BEGES). Ces diagnostics se déclinent ensuite en fiches actions. Le plan d’actions issu de l’audit énergétique a pour objectif, à périmètre constant, de réduire de 30 à 40 % notre consommation énergétique. S’agissant de la réduction des EGES, elle passe par le remplacement du fréon par de l’ammoniac ou du gaz carbonique dans les silos à glace et les entrepôts frigorifiques. De manière plus innovante, nous collaborons avec le cabinet Efficacity dans le cadre du Contrat de transition écologique du Territoire de l’Ouest, pour concevoir des « smart grids ». Il s’agit de produire de l’énergie renouvelable, en l’occurrence via des panneaux photovoltaïques, pour la valoriser en autoconsommation de sorte qu’on ait moins besoin de l’électricité du réseau, notamment en heures de pointe. ,
L’idée est que l’électricité des panneaux solaires serve à produire du froid dans la journée, de telle sorte que pendant l’heure de pointe du soir, l’inertie de la chambre froide permette de s’effacer sur le réseau. C’est ainsi du gagnant-gagnant : d’une part le port économise en termes de consommation et d’abonnement, d’autre part EDF retarde la mobilisation de moyens de production coûteux. C’est donc aussi très positif à l’échelle de La Réunion.
Annuellement, le Grand Port a besoin d’environ 14 gigawatt-heures, ce qui est très substantiel. Alléger cette consommation électrique grâce aux énergies renouvelables est donc financièrement avantageux. En plus, recourir à l’autoconsommation est intéressant pour EDF, car injecter dans le réseau électrique réunionnais beaucoup d’énergies intermittentes complique sa régulation, du fait que nous sommes situés en zone non interconnectée (ZNI).
Nous poursuivrons, dans le cadre d’un partenariat pluriannuel avec EDF, la recherche dans nos différents métiers des opportunités en termes de maîtrise de l’énergie. Port Réunion étant l’exploitant des portiques, des terminaux céréalier, sucrier, bitumier, etc. plusieurs opérations sont programmées. Elles nous permettront de bénéficier d’aides à la maîtrise de l’énergie, un dispositif propre à l’outre-mer. Par exemple, nos nouveaux portiques et nos chambres froides ayant une efficacité énergétique très bonne, les primes ont été importantes.
- L’activité portuaire peut engendrer des nuisances et des atteintes à l’environnement. Pour les anticiper et les éviter autant que possible, des actions sont menées, depuis la création du Grand Port Maritime, pour préserver la biodiversité et les milieux terrestre et marin. Elles sont regroupées au sein du Schéma Directeur du Patrimoine Naturel (SDPN).
À titre d’exemple, la qualité de l’air sur le port et ses abords a été mesurée dans le cadre d’une convention avec Atmo Réunion qui intervient en tiers de confiance. Les résultats sont accessibles à tous, en toute transparence. À date, les mesures restent très en deçà des seuils réglementaires de pollution.
Autre thématique, les émissions sonores ont été analysées par un expert acousticien et son rapport a été restitué aux élus et associations de riverains. Cela a conduit à une première action au port Ouest. Les mesures ont en effet détecté que le Marion Dufresne, navire ravitailleur et océanographique des TAAF, était plus bruyant que les autres bateaux en escale. Alertée, l’administration des TAAF a identifié l’origine d’un des bruits émergeants. Il s’agissait du carénage de l’évacuation des fumées du groupe électrogène du navire. Sa modification a déjà réduit le bruit. L’étape suivante que l’on va réaliser avec les TAAF sera le branchement à quai du navire, évitant ainsi le recours au groupe électrogène.
En termes de biodiversité, le principal point de vigilance concerne la lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE). Un dispositif existe déjà : le protocole « ver blanc » destiné à éviter une contamination croisée entre deux espèces de hanneton ravageur des cannes à La Réunion et à Maurice. Le GPM suit également la dispersion progressive de l’agame du colon à La Réunion. Avec la DEAL, la détection précoce des corbeaux est aussi un enjeu pour éviter que leur prolifération n’affecte certaines cultures. Malgré ces efforts, le risque est élevé. Il reste « des trous dans la raquette » car il est extrêmement difficile de concevoir des modes opératoires d’inspection ciblée de conteneurs à risque sans ralentir les opérations de livraison. Le constat partagé est que même si le Grand Port a un rôle à jouer, chaque maillon de la chaîne logistique doit aussi s’impliquer. L’enjeu des prochaines années sera d’arriver à sensibiliser suffisamment les importateurs pour que lorsqu’ils ouvrent des conteneurs en provenance de zones sensibles comme le Sud-Est asiatique ou Madagascar, des processus de contrôle soient mis en place pour détecter les espèces invasives.
LE LIEN ENTRE LE PORT ET LE TERRITOIRE
- Les liens du port avec le territoire sont déjà nombreux, mais il faut continuer dans cette voie. Pour ne citer que deux exemples, nous allons poursuivre avec le Conseil départemental le partenariat « 1 million d’Arbres », qui a permis de replanter des espèces endémiques adaptées à notre zone littorale. Par ailleurs, avec plusieurs partenaires, nous travaillons au projet de « Port Center ». L’objectif est de créer un lieu donnant accès à l’histoire portuaire et valorisant l’action des TAAF, tout en offrant des opportunités d’expression à des artistes.
• Quelles sont les perspectives ouvertes par le futur Projet stratégique 2024-2028 ?
- Cette feuille de route s’inscrira dans la continuité de la précédente et respectera les objectifs de la Stratégie nationale biodiversité 2030. Cela nous sera d’autant plus facile que nous les avons déjà atteints en 2024 ! Mais il faudra faire mieux. Enfin, aux deux ambitions précédentes de « Port rayonnant » et de « Port responsable » s’ajoutera celle de « Port ancré à son territoire ». À travers elle, le Grand Port entend démontrer qu’il est possible de concilier les contraintes liées à l’exploitation avec l’envie légitime des Réunionnais de profiter d’un espace portuaire spectaculaire. »
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Rédaction et interview
Stéphanie
Castre
PROJET D’AMÉMAGEMENT DU MAÏDO : LE BALCON DE LA RÉUNION SE TRANSFORME
le Département D e l a r éunion porte D epuis plusieurs années un projet D e trans F ormation D u m aï D o , 2 e espace naturel le plus visité D e l ’ île après le p iton D e la F ournaise . l e réaménagement complet Des BelvéDères vient De DéButer tanDis qu ’ un amBitieux projet D ’ accueil verra le jour à moyen terme , Dans le ca D re D e « D estination m aï D o 2030 ».
Le Département s’est engagé à faire de l’aménagement des grands sites réunionnais et de la valorisation des paysages inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO un axe majeur de son intervention.
LE MAÏDO, UN SITE TOURISTIQUE
PHARE, ACCUEILLANT PRÈS DE
400 000 VISITEURS CHAQUE ANNÉE
Pour répondre à la forte fréquentation du Maïdo, le Département souhaite offrir aux visiteurs des espaces d’accueil plus agréables et conçus pour recevoir le public dans des conditions optimales. Une première phase de mise en valeur de ce site majestueux est en cours depuis le 25 mars, date d’ouverture du chantier de requalification des belvédères du Maïdo. À moyen terme, le projet « Destination Maïdo 2030 » pourrait donner naissance à un nouvel équipement d’accueil qui sera coconstruit avec les habitants du territoire, incluant une boutique, un restaurant, un espace de sensibilisation à la biodiversité, voire un planétarium...
MAÏDO, LA TERRE BRÛLÉE
Le Maïdo – « terre brûlée » en malgache – est un espace naturel fragile, vulnérable au risque d’incendies. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu son nom. Le dernier en date a eu lieu en novembre 2020 et a fortement impacté l’exceptionnelle biodiversité du site en brûlant 175 hectares de flore indigène : branle vert, petit tamarin des Hauts, fleur jaune, ambaville... Cet incendie dévastateur a rappelé à tous la fragilité du milieu et incite à la plus grande prudence pour protéger ce site remarquable.
MARINA LEBOIS, RESPONSABLE DU SERVICE AMÉNAGEMENT ET DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE 1 AU DÉPARTEMENT DE LA RÉUNION
• En quoi consiste le projet actuellement en cours de « requalification » du site du Maïdo ?
- Le chantier en cours sur les belvédères du Maïdo 2 a une durée de six mois, jusqu’en septembre 2024.
Mené en concertation avec les acteurs du territoire 3 , ce projet a été pensé de façon à révéler l’esprit du lieu, à sublimer le paysage exceptionnel du site, à valoriser l’histoire et les savoir-faire du territoire dans le plus grand respect du milieu et de sa biodiversité.
Concrètement, il s’agit de réaménager et sécuriser les belvédères, en remplaçant les barrières actuelles par un garde-corps surmonté d’une lisse – ou main courante – ornementale en bois de tamarin, mais aussi de créer une boucle de promenade, de rendre accessible le Grand belvédère à tous publics et de proposer des médias d’interprétation tout au long du parcours.
• Quelles sont les grandes lignes du projet nommé « Destination Maïdo 2030 » ?
- Dans une logique de redynamisation du territoire, le projet vise à fixer plus longtemps le flux de visiteurs au Maïdo, de manière à générer des retombées économiques en faveur des acteurs locaux. Le sommet pourrait héberger – en plus du nouvel équipement d’accueil – une plateforme événementielle, une balade scientifique jusqu’à l’Observatoire de l’Atmosphère, des écolodges, etc. Plus bas, dans la forêt des Hauts sous le vent, qui abrite la principale tamarinaie naturelle de l’île, nous allons développer l’offre de promenades pour les familles, à pied et en deux-roues. Enfin, le village de Petite-France a vocation à devenir un haut lieu de l’agritourisme et des savoir-faire artisanaux.
Nous travaillons à rendre ce projet possible sur le plan réglementaire. Le Maïdo, à plus de 2 000 mètres d’altitude, reste régi par la loi Littorale – qui ne permet pas de construire hors secteurs urbanisés – car il se situe à Saint-Paul, commune riveraine de l’océan. 1 Direction Tourisme et Espaces Naturels. | 2 La requalification des belvédères du Maïdo a bénéficié de l’expertise d’Alain Freytet, paysagiste-conseil du réseau des Grands sites de France et détenteur du Grand Prix national du paysage. | 3 ONF, Parc national de La Réunion, communauté d’agglomération TO, Office de tourisme intercommunal, IRT, commune, guides touristiques, opérateurs économiques, etc.
Rédaction
Béatrice
Tevanee
Ci-dessus : photomontage illustrant le Grand belvédère, avec à droite l’enclos circulaire en pierre sèche surplombant « le Nid ». En cœur de Parc national et classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO, le Maïdo offre une vue unique sur les plus beaux sommets de l’île comme la
D u 8 au 28 juin 2024, le F estival D e l ’ o céan F êtait ses 10 ans sur la côte ouest réunionnaise r encontre avec les principaux partenaires D e ce ren D ezvous annuel incontourna B le , qui F ait D écouvrir l’océan et incite à le protéger.
Activités nautiques gratuites ou à prix attractifs, sensibilisation à l’environnement et à l’écocitoyenneté, découverte des métiers de la mer, concours d’images... Connu jusqu’en 2019 sous le nom de « Festival de l’image sous-marine », cet événement est organisé par l’Office de Tourisme de l’Ouest, Sciences Réunion, le Cluster maritime de La Réunion, la Réserve naturelle marine, avec le soutien de nombreux prestataires d’activités nautiques et de la Marine nationale.
STÉPHANIE
JAUTZY, DIRECTRICE
DE L’OTI, OFFICE DE TOURISME
INTERCOMMUNAL
DE L’OUEST DE L’ÎLE DE LA RÉUNION
« En lien avec ses partenaires, l’OTI organise le Festival de l’Océan depuis 2015. Au tout début, nous étions en pleine “crise requin” et l’objectif était de redonner une image sécurisante de la quinzaine d’activités nautiques proposées par les prestataires nautiques de la côte ouest. À travers le festival, nous souhaitons faire connaître la biodiversité marine remarquable de notre territoire, sensibiliser à sa protection et générer des retombées économiques. Un fait marquant de cette 10e édition est le projet “Corail en devenir” porté par l’association Réunion Métis : dans un container mobile avec immersion audiovisuelle, le public est invité à façonner des coraux en céramique, une œuvre collective qui sera immergée dans le lagon le temps du prochain festival ! D’ici là, le “récif” va partir en itinérance dans les Hauts de l’île pendant un an, près des ravines où la pollution se déverse jusqu’au lagon, pour promouvoir la compréhension et la protection des récifs. »
« Le CMR organise la journée de la Mer pendant le Festival de l’Océan. Un grand nombre d’exposants et visiteurs ont ainsi répondu présents le 15 juin à la darse Foucque au Port. Bien que nous ayons dû écourter l’événement en raison d’une météo très pluvieuse, l’affluence de la matinée a confirmé l’intérêt qu’ont les Réunionnais pour le maritime. Notre partenariat avec la Marine nationale a permis au public de visiter des navires emblématiques. Sur les stands de découverte des métiers de la mer, certaines entreprises recrutaient des marins, de la main-d’œuvre dans la transformation de poissons... La journée de la Mer est toujours une fête pour nous et nous avons bien l’intention de la renouveler aussi longtemps que possible ! »
PHILIPPE
LASSOEUR, DIRECTEUR DE CCSTI-SCIENCES
RÉUNION 1
1 CCSTI : centre de culture scientifique, technique et industrielle
« Il y a 10 ans, Sciences Réunion mettait en place une soirée de projections lors de la journée mondiale de l’Océan du 8 juin, qui s’est par la suite transformée en Festival de l’image sous-marine, puis en Festival de l’Océan grâce à une émulation entre nos différents partenaires. Pour notre part, nous sommes spécialisés plutôt sur la partie image car mon prédécesseur, James Caratini, avait un regard appuyé dans ce domaine. L’image est en effet un très bon vecteur de communication pour découvrir les sciences, toutes confondues d’ailleurs. Pour le festival, nous sélectionnons les films, organisons le déroulé des projections et participons à l’évaluation des photos et vidéos mises en concours. De plus, nous animons des stands autour de la mer. »
AUDREY VALERY, CHARGÉE DE COMMUNICATION À LA RÉSERVE
NATURELLE
MARINE DE LA RÉUNION
« Parmi les récompenses des films en compétition, le prix spécial de la Réserve marine est ouvert à toute personne basée à La Réunion. Chaque candidat a dû réaliser une vidéo de moins de trois minutes sur le thème du lagon. La Réserve a aussi participé au jury des trois concours – dessin, photo et vidéo – et tenu des stands d’animation. Par exemple, lors de la journée de la Mer organisée par le Cluster maritime de La Réunion, nos agents de police et de surveillance ont fait découvrir leurs métiers auprès du grand public. »
UNE EXPLORATION EN PROFONDEUR DES RÉCIFS CORALLIENS
INTERVIEW CROISÉE
HÉLOÏSE ROUZÉ ET GABRIEL
BARATHIEU, VICE-PRÉSIDENTE
ET PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION
DEEP BLUE EXPLORATION
• Comment décririez-vous actuellement l’état de santé des coraux à Mayotte ?
Gabriel Barathieu - Jusqu’à présent, ils se portaient plutôt mieux qu’ailleurs, car nous disposons d’une situation géographique spécifique, d’un vaste lagon et d’un fort marnage qui assure un renouvellement constant des eaux. Mais cette année, comme dans de nombreuses régions du monde, nous avons subi un épisode de blanchissement corallien qui a touché plus de 50 % des coraux. Avec des eaux à plus de 30 °C, leur survie est aujourd’hui menacée, ici comme partout.
• En quoi consiste le programme Corcoma porté par votre association et comment permet-il de lutter contre la dégradation des coraux ?
Héloïse Rouzé - Il s’agit d’une station permanente de suivi spatio-temporel des coraux. Notre objectif est
en particulier de couvrir la zone « mésophotique », très peu connue, qui se situe entre 30 et 120 mètres de profondeur. Nous évaluons la biodiversité présente et cherchons à comprendre les interactions pouvant exister entre les coraux de surface et les plus profonds. Comment le corail, qui a besoin de lumière, s’adapte-il en profondeur ? Existe-t-il un « refuge climatique » pour les coraux et, si oui, à partir de quelle profondeur ? Ceci a un grand intérêt pour la conservation. En effet, nous essayons de voir si les coraux vivant dans les zones les plus menacées par les augmentations de températures pourraient s’adapter plus en profondeur.
Pour cela, nous suivons la température et prévoyons à terme de nous intéresser à plusieurs autres paramètres environnementaux comme la lumière, les nutriments, etc. Nous réalisons aussi des microprélèvements sur des organismes clés – coraux et éponges – pour déterminer leurs microbiomes 1 associés et identifier d’éventuels bio-indicateurs précoces de stress. À ce jour, nous avons déjà deux ans de données de températures à différentes profondeurs. Cela va nous aider à mieux appréhender les processus de blanchissement
corallien et de résilience des écosystèmes coralliens le long du continuum surface-zone mésophotique.
Gabriel Barathieu - Il est fondamental aujourd’hui de faire progresser la connaissance sur les écosystèmes coralliens et d’obtenir des informations sur le long terme. Ce travail nous permettra à la fois d’améliorer la gestion du lagon et des zones profondes.
• En quelques mots, en quoi les coraux sont-ils si importants, y compris pour l’homme ?
Héloïse Rouzé - En milieu insulaire, ils forment la principale barrière face aux houles venues du large. Ils préservent donc nos territoires, mais abritent également une biodiversité exceptionnelle. Les récifs coralliens constituent une nurserie, un lieu d’alimentation et d’habitat pour de nombreuses espèces dont les hommes dépendent pour se nourrir. Enfin, ils sont de précieux indicateurs de la santé des océans.
c et éta B lissement réunira au sein D ’ une même structure l ’ ensem B le D es acteurs D e l ’ eau impliqués à m ayotte , a F in D e Faciliter une gestion D e l ’ eau et D es milieux aquatiques à l ’ échelle D u territoire . l e F utur o FF ice D e l ’ e au D e m ayotte ( oem ) contri B uera à accroître l ‘ expertise technique D es équipes , via notamment le recrutement D ’ ingénieurs hy D rologues
Établissement public local rattaché au Département de Mayotte, le futur OEM, tout comme les agences de l’eau de l’Hexagone, devra faciliter les projets d’intérêt commun en matière de gestion de l’eau et des milieux aquatiques. Il aidera en particulier à atteindre les objectifs du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) de Mayotte.
Alors qu’il existe un Office de l’Eau en Martinique (créé en 2002), à La Réunion (2003), en Guyane (2005) et en Guadeloupe (2006), la mise en place d’une telle structure à Mayotte était en réflexion depuis de nombreuses années, mais ce projet n’avait pu voir le jour du fait d’un nombre insuffisant d’abonnés au réseau d’eau. En effet, « l’eau paye l’eau », rappelle Mohamed Issouf, chargé de mission Biodiversité à la direction de l’Environnement du Conseil départemental. « Près de 70% du budget de fonctionnement de l’Office de l’Eau sera financé par les redevances versées par les usagers. À présent, le nombre d’abonnés est en forte croissance, avec une progression annuelle de plus de 4%, ce qui va permettre de faire vivre l’OEM et de mener des actions pertinentes. De plus, au vu de la profonde crise de l’eau vécue par les Mahoraises et les Mahorais en 2023, il est apparu aux yeux des élus du Conseil départemental qu’il fallait accélérer ce processus de création », développe Mohamed Issouf.
INTERVIEW
SIDI NADJAYEDINE, CONSEILLER DÉPARTEMENTAL DE MAMOUDZOU 3 EN CHARGE DE LA CRÉATION DE L’OFFICE DE L’EAU DE MAYOTTE
• La crise de l’eau a donc remis sur la table le projet de créer un Office de l’Eau ?
- C’est un projet sollicité de longue date par les associations environnementales de Mayotte. La crise de l’eau nous a montré qu’il était urgent d’agir et de mettre en place des moyens. L’objectif est d’apporter des solutions pour ne plus subir les interminables restrictions d’eau que nous avons connues en 2023. Dans ce contexte, j’ai été missionné par le président du Département de Mayotte pour créer officiellement cet Office de l’Eau d’ici la fin de l’année 2024.
- On commence par se documenter sur le cadre législatif et on regarde dans les autres territoires ce qui a marché ou non. Il y a deux mois, j’ai effectué une visite complète des installations de l’ODE Réunion et échangé avec son directeur général des services, qui nous a donné la démarche à suivre. Enfin, nous venons de désigner sur appel d’offres un prestataire qui va nous proposer un plan d’action sur cinq ans.
• Comment les acteurs de l’eau à Mayotte vont-ils travailler ensemble et se répartir les missions ?
- La DEAL a désigné les membres du Comité de l’eau et de la biodiversité qui siégeront à l’Office de l’Eau. Le CEB élabore le SDAGE de Mayotte, un document qui définit des objectifs de qualité et de quantité à atteindre pour chaque masse d’eau du bassin 1. L’OEM va mener des actions avec le CEB en apportant une plus-value opérationnelle avec l’embauche d’experts en hydrologie. Le Bureau Gestion de l’Eau du Département va basculer à l’OEM et le ministère de la Transition écologique recrutera un assistant à maîtrise d’ouvrage. L’OEM aura ainsi une équipe qualifiée et dédiée pour répondre rapidement aux enjeux majeurs de l’eau.
- Grâce à une représentation de l’ensemble des acteurs du territoire, l’eau sera gérée dans sa globalité.
- La technicité des équipes va être renforcée.
- Le recueil de données via un Observatoire de l’Eau aidera à prévenir d’autres crises de l’eau.
- L’OEM sera un levier pour monter des projets et aller chercher des financements nationaux et européens.
« NOUS ALLONS TRAVAILLER DE CONCERT AVEC TOUS LES ACTEURS DE L’EAU DE MAYOTTE AFIN DE TROUVER DES SOLUTIONS PÉRENNES »
L’OEM accompagnera financièrement et sur des études les Eaux de Mayotte, les collectivités, les entreprises privées, agglomérations, associations... Le Département est déjà très investi sur la question de l’eau sachant qu’ici, à la différence des autres départements français, les cours d’eau, les sources et eaux souterraines appartiennent au domaine public départemental. Nous œuvrons ainsi pour l’entretien et la restauration des rivières de toute l’île. L’OEM poursuivra cette mission, surveillera la qualité de l’eau en amont des captages, fera respecter la réglementation par des agents assermentés... Il sera crucial aussi de lutter contre la déforestation et de replanter pour que les systèmes racinaires retiennent l’eau dans les sols. Enfin, pour faire face aux besoins croissants de la population, l’OEM encouragera les systèmes d’économie d’eau et la collecte des eaux pluviales. Cette saison des pluies 2024 a été torrentielle, il nous faut réussir à stocker davantage la ressource !
GÉRER LES MILIEUX AQUATIQUES ET PRÉVENIR LES
INONDATIONS, UNE COMPÉTENCE DE
LA CADEMA
a lors qu ’ une épi D émie D e choléra sévit à m ayotte D epuis mars , la c a D ema rappelle son F ort engagement pour la g estion D es milieux aquatiques et prévention D es inon Dations ( g emapi ). r encontre avec r acha D i s ain D ou , prési D ent D e la communauté D ’ agglomération .
Les difficultés d’accès à l’eau potable et courante couplées aux défauts d’assainissement sont des facteurs qui favorisent le développement du choléra. Une résurgence de cette grave maladie intestinale a été observée en Afrique de l’Est depuis 2021, avant que l’épidémie ne se propage aux Comores en février 2024, notamment à Anjouan, puis enfin dans certains quartiers de Mayotte. Face à une telle situation, la Cadema, Communauté d’agglomération de DembéniMamoudzou qui héberge plus d’un tiers des habitants de l’île, revient dans cet article sur ses actions dans le cadre de la Gemapi, contribuant tant à la salubrité publique qu’à la protection de l’environnement
« NOS ÉLUS ONT UNE VOLONTÉ FORTE DE CONCILIER DÉVELOPPEMENT
HUMAIN ET ÉCOLOGIQUE », ESTIME
SOIFOUAN SAID, RESPONSABLE DU SERVICE EAU À LA CADEMA
Depuis 2018, la Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi) est attribuée aux établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre (EPCI-FP) dont fait partie la Cadema. Les quatre missions lui incombant à ce titre sont ainsi définies par le Code de l’environnement :
• aménager tout ou partie d’un bassin hydrographique ;
• entretenir et aménager un cours d’eau, canal, lac ou plan d’eau, y compris leurs accès ;
• défendre les sites contre les inondations et la mer ;
• protéger et restaurer les sites, écosystèmes aquatiques, zones humides et formations boisées riveraines.
Dirigé par Soifouan Said Mela, le service Eaux de la Cadema compte une vingtaine de personnes. Or, les compétences Eau et Déchets étant liées, la Cadema a choisi de les mutualiser, ce qui permet de mobiliser pour ces deux grands champs d’actions aux enjeux majeurs une centaine d’agents.
INTERVIEW
RACHADI SAINDOU, PRÉSIDENT DE LA CADEMA
• Le Département de Mayotte étant propriétaire des cours d’eau, quelle forme revêt votre partenariat et comment financez-vous la Gemapi ?
- Le Conseil départemental est en sous-effectif et privilégie l’entretien des rivières dotées de captages
Cours d’eau, berges de rivières, caniveaux, mangroves (80 % de son littoral) sont autant d’espaces entretenus par la Cadema.
en milieu rural. Nous intervenons pour notre part en zone urbaine et avons signé avec le Département une Autorisation d’occupation temporaire (AOT) du domaine public afin d’entretenir les cours d’eau au sein de la Cadema. Intégrée à l’avis d’imposition des contribuables, la taxe Gemapi dote chaque année la Cadema d’environ un million d’euros, dont près de 350 000 euros sont affectés à l’entretien des cours d’eau. C’est une tâche considérable que nous effectuons, avec des pressions inédites liées à une croissance démographique exponentielle, à l’abandon de déchets de toutes sortes dans la nature, à la création de bidonvilles, aux rejets d’eaux usées, etc. Avant nos interventions, les milieux aquatiques se résument bien trop souvent à de véritables dépôts sauvages !
• Quelles sont les autres principales actions réalisées dans le cadre de la Gemapi ?
- Concernant cette mission de nettoyage et d’entretien des cours d’eau et des mangroves – lesquelles représentent 80 % du littoral de la Cadema – nous confions des marchés de travaux à des prestataires qui vont collecter et mettre en décharge les déchets.
BIENTÔT 10 LAVERIES SOLIDAIRES EN SERVICE À LA CADEMA
!
Les lessives en rivière n’étant pas compatibles avec les exigences environnementales sur l’eau et les milieux aquatiques, la Cadema a implanté des laveries solidaires sur son territoire. Après une 1re laverie inaugurée à Dembéni en 2021 puis une 2 e à Hajangua en mai 2024 (ci-contre), 8 autres laveries ouvriront cette année. Une solution alternative au lavage en rivière qui a, par exemple, été reproduite à Bandrélé et va l’être à Koungou.
Par ailleurs, traditionnellement, les femmes à Mayotte lavaient leur linge en rivière, aux abords des villages. Pour mettre fin à cette pratique encore trop courante qui pollue les cours d’eau et le lagon en aval, la Cadema investit dans un projet social et environnemental adapté à notre contexte local : les laveries solidaires. Ces « lavomatiques » ciblent les foyers les plus démunis à travers un forfait de lavage à seulement un euro.
Et en matière de prévention des inondations, qui constitue le 2e volet de la Gemapi, la Cadema porte depuis 2020 le programme d’actions de prévention des inondations de la rivière Majimbini à M’tsapéré. Nos agents surveillent le bon écoulement des eaux, confortent les berges et sensibilisent la population riveraine au risque inondation. Cette année, nous allons lancer un marché de revégétalisation des berges pour limiter ce risque. Nous avons identifié des zones prioritaires. Ce projet est important aussi à une échelle plus large, car replanter est une manière de faire face à la crise hydrique à Mayotte. Nous allons travailler avec des associations locales pour revégétaliser les berges et nous réfléchissons déjà à la mise en place, par la suite, de gestionnaires qui assureront un suivi régulier sur ces sites naturels.
ENTRETIEN AVEC LE CHEF DE DISTRICT DE LA TERRE ADÉLIE, OU « DISTA »
DANS LE LEXIQUE TAAFIEN
e n a ntarctique , continent érigé en « réserve naturelle consacrée à la paix et à la science », la terre a D élie F orme un secteur angulaire D e 432 000 km 2 – soit près D e 70 % D e la F rance hexagonale – De calotte glaciaire culminant au pôle suD géographique et Baigné par la mer D umont D ’ u rville . r encontre avec g eo FF rey h oupert , le che F D e ce D istrict hors D u commun .
INTERVIEW
GEOFFREY HOUPERT, INGÉNIEUR
GÉNÉRALISTE ET CHEF DE DISTRICT DE LA TERRE ADÉLIE, TERRES AUSTRALES
ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES
• Comment s’est passée votre rencontre avec l’Antarctique ?
- Tout d’abord, la navigation à bord de notre briseglace, L’Astrolabe, qui traverse le pack – de la banquise brisée – est un moment à part ! L’Astrolabe a fini par être bloqué à 33 kilomètres de la base, nous poussant à débarquer par un vol en hélicoptère, et ainsi admirer pour la première fois le continent blanc par les airs, un moment magique…
Pendant plusieurs jours après mon arrivée, le décor me paraissait irréel, peut-être encore plus beau et impressionnant que ce que j’avais pu imaginer.
La première fois que j’ai eu la chance d’admirer un manchot empereur fait partie des moments marquants : ces animaux à la fois majestueux et très curieux s’approchent de vous pour vous scruter sous tous les angles ; des moments inoubliables qui nous remettent aussi face à nos responsabilités quant à leur protection.
• Quelles sont vos principales missions en tant que « dista », chef de district de la terre Adélie ?
- En terre Adélie, où je suis arrivée en novembre 2023 pour 12 mois de mission, je représente la préfète des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et suis chargé d’assurer la bonne application de la politique d’administration et de gestion du territoire. En pratique, être chef de district c’est être en charge de la gestion d’une base scientifique et de son personnel, avec une attention particulière aux aspects de sécurité, au vu du contexte de milieu très hostile dans lequel nous évoluons ! Sachant qu’en terre Adélie la recherche scientifique est coordonnée par l’Institut polaire français Paul-Émile Victor (IPEV).
La fonction de chef de district nous investit également des fonctions d’officier de police judiciaire, douanier ou encore d’officier d’état civil, qui peuvent amener à de beaux moments, comme le premier PACS de l’histoire des TAAF honoré en décembre dernier !
• Quels sont les travaux de recherche en cours ?
- Ici, c’est un peu comme un laboratoire géant ! On pratique notamment la biologie marine et diverses sciences de la Terre et de l’Univers : glaciologie, météorologie, sismologie, géomagnétisme pour ne citer qu’elles… L’étude des oiseaux marins est évidemment très importante avec la présence, d’octobre à mars sur les rochers aux en virons de la base, de colonies de manchots Adélie, et bien sûr des emblématiques manchots empereurs de mars à décembre.
• Comment se passe la vie collective sur la base de DDU au quotidien ?
- Malgré les conditions extrêmes, il n’est pas aussi inconfortable que ce qu’on pourrait croire de vivre sur une base scientifique en Antarctique ! En revanche, notre environnement est particulièrement inhospitalier durant l’hiver, c’est-à-dire en ce moment ! Le froid glacial, avec des températures ressenties de -40 ° C, les vents catabatiques dépassant parfois les 200 km/h ou encore la nuit polaire sont autant d’éléments qui nous forcent à nous confiner dans notre base. Une sorte de microsociété s’installe ainsi, dans laquelle les personnes ont des métiers différents tout en étant de générations et milieux sociaux variés. Cette diversité source de richesse peut aussi complexifier la gestion.
Fort heureusement, nous avons la chance d’avoir un groupe exceptionnel dans cette 74 e mission, et les choses se déroulent à merveille… Pourvu que ça dure !
Rédaction et interview : Lucie Labbouz
UN RENDEZ-VOUS AVEC L’ESPACE
« Thomas Pesquet a passé cinq jours avec nous sur la base en décembre dernier aux côtés d’Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur pour les pôles et enjeux maritimes. Thomas a été très à l’aise dans ce mode de vie polaire qui comporte beaucoup de similitudes avec son environnement. Il a animé une soirée lors de notre classique “jeudi de la connaissance” : de beaux moments de partage avec notre astronaute national ! », se remémore Geoffrey Houpert.
l e 27 juillet prochain , la légen Daire vague D e t eahupo ’ o au large D e t ahiti sera au cœur D es compétitions olympiques D e sur F . c et événement planétaire D evrait contri B uer à la promotion D e la p olynésie F rançaise , et au D éveloppement touristique D e l ’ archipel .
C’est sur l’un des territoires les plus préservés, que le monde du surf vibrera cet été. Depuis près de 25 ans, la mythique vague de Teahupo’o, presqu’île du sud-est de Tahiti, fait figure de référence pour les surfeurs. Avec ses étendues de sable, sa végétation luxuriante, ses récifs coralliens et ses lagons, la Polynésie française attire près de 280 000 touristes chaque année. Et c’est en 2020, à l’occasion d’un voyage de noces que Célia Couronne est arrivée à l’aéroport de Papeete. « La beauté des paysages, mais aussi la gentillesse et la bienveillance des Polynésiens m’ont tout de suite marquée. C’était un vrai coup de cœur, le voyage d’une vie ». Comme elle, Stéphane Renard a franchi le cap et n’a depuis, plus quitté l’archipel. « Je ne suis pas venu pour la carte postale, car ce n’est pas l’endroit le plus intéressant en termes de rapport qualité/prix, mais plutôt pour l’expérience humaine, la culture singulière et authentique de la Polynésie ».
LE TOURISME, PRINCIPALE FILIÈRE ÉCONOMIQUE ET LEVIER DE DÉVELOPPEMENT
À plus de 15 000 kilomètres de Paris, Teahupo’o ne connaît pas le même succès que Moorea ou BoraBora, îles les plus prisées ici. Et malgré le coup de projecteur, Stéphane Renard en est convaincu, le pic de fréquentation durant les Jeux, n’atteindra pas celui de 2023 et ses 300 000 visiteurs.
« Autour de la zone urbaine, il devrait y avoir un peu plus de fréquentation, mais globalement, on a l’effet inverse, c’est-à-dire qu’un grand nombre de personnes décalent leur séjour, pour ne pas se trouver à Tahiti fin juillet. En revanche, cette compétition devrait renforcer l’imaginaire collectif, le patrimoine et le savoir-faire local. Elle incitera même les gens à aller plus loin ».
En 2019, selon le rapport de l’Institut de la statistique, le tourisme représentait 8 % du PIB local. La clientèle venant principalement de métropole et d’Amérique du Nord. Une aubaine. « C’est à la fois une force et une dépendance. Contrairement à Venise qui connaît un phénomène de surtourisme, la Polynésie est à moins d’un touriste par habitant. L’affrètement est aussi limité », constate Stéphane Renard.
« Sur 78 îles habitées, une trentaine sont touristiques. 90% peuvent encore accueillir le triple du nombre de touristes qu’elles accueillent actuellement. Il y a donc une bonne dynamique de développement. Reste à structurer ces différents territoires pour continuer à augmenter les flux, créer les produits, les commercialisations ou encore les hébergements. Il faut donc les espacer sans les concentrer, au risque de connaître une surfréquentation », assure Stéphane. « En revanche, des structures adaptées au tourisme, c’est quelque chose qu’on peut espérer grâce aux JO », poursuit Hana Chicou, chargée de mission au ministère des Sports et aux Jeux Olympiques.
DES AMÉNAGEMENTS NÉCESSAIRES ET DES CHANTIERS D’ENVERGURE
Les Jeux Olympiques ont aussi permis un certain nombre d’aménagements sur la commune. « On est en période d’ajustement, mais globalement, tout sera prêt pour le jour J ». À savoir la tour des juges et l’agrandissement des marinas, notamment. « Les personnes pourront désormais emprunter la nouvelle passerelle. Cet aménagement remplace le vieux pont, jusqu’alors seul point d’accès. Par-delà la rivière où il n’y a plus de route, les piétons peuvent longer les maisons menant vers la Pointe », explique Bernadette Taputu, présidente du Comité de tourisme de Taiarapu Ouest. « On pouvait découvrir ce coin par la mer, donc ça permet d’avoir un espace plus adapté. Il y a un aménagement en amont de Teahupo’o, parce qu’on ne peut pas non plus saturer cette petite commune. La protection du site naturel reste une priorité. En termes d’accessibilité, ce sera réglementé et très restreint ».
Mais ce petit coin de paradis rencontre un problème de taille : l’absence d’hébergement. Lorsque le pic de fréquentation est élevé et que les arrivées sont massives, la capacité d’accueil des hôtels est minime.
« Les Polynésiens craignent l’arrivée des JO, car l’offre n’est pas suffisante par rapport à la demande », affirme
Célia Couronne. « Peut-être faut-il augmenter les capacités des établissements existants et multiplier les types d’hébergements comme les Airbnb par
exemple », poursuit Stéphane Renard. « C’est un challenge. On n’a pas toutes les facilités qu’on peut avoir en métropole, que ce soit en termes de mobilité, d’infrastructures, de ressources humaines et financières », avoue Hana Chicou.
DÉVELOPPER L’ATTRAIT ÉCONOMIQUE ET TOURISTIQUE APRÈS LES JEUX
Et pour continuer d’attirer, le gouvernement installera plusieurs fan-zones. « Chaque jour, 600 billets gratuits seront disponibles. Pour accéder à la zone de compétition, trois bateaux transporteront 12 personnes, tirées au sort. En tout, 300 spectateurs pourront chaque jour observer la vague ».
Alors que le président polynésien Moetai Brotherson s’est donné pour objectif de doubler le nombre de visiteurs en Polynésie française d’ici 10 ans, les acteurs touristiques souhaitent à travers l’événement maintenir un héritage. « Plusieurs entreprises se sont créées, le secteur hôtelier est également attendu au tournant », considère Bernadette Taputu. « On ne peut pas vendre des grandes plages de sable blanc, Teahupo’o c’est à la fois un endroit paisible et sauvage. Et puis la nature nous rappelle toujours qu’elle était là avant nous », termine Hana Chicou.
Fin juillet, les épreuves olympiques de surf vont-elles attirer un grand nombre de touristes en Polynésie ? Rien n’est moins sûr, mais elles devraient
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LA BIODIVERSITÉ ULTRAMARINE SOUS PRESSION
avec une sur Face terrestre 4 F ois plus petite que l ’ h exagone 1 , les outre - mer a B ritent 2 Fois plus De mammiFères, 2,5 Fois plus D ’oiseaux, 8 Fois plus De reptiles... terre outre-mer se penche sur les périls qui pèsent sur la B io D iversité Dans les territoires ultramarins
La grande variété des espèces se retrouve dans la diversité géographique des outre-mer, présents des pôles à la zone équatoriale et sur tous les océans. La plupart des outre-mer sont des îles, où la faune et la flore ont évolué de façon singulière, d’où le très fort niveau d’endémisme. Une espèce endémique est une espèce qui n’existe nulle part ailleurs. Si elle disparaît, cela signifie qu’elle disparaît de la surface de la Terre.
Les outre-mer placent ainsi la France en tête des pays les plus riches de la planète en biodiversité. Grâce à ces territoires, elle possède le deuxième domaine maritime mondial, dont 10 % des lagons et récifs coralliens ; et en Guyane une partie du plus grand massif forestier au monde.
Toutefois, de très nombreuses espèces animales et végétales y sont en danger. En cause, la déforestation et la bétonisation des espaces naturels. Une menace aussi importante outre-mer que les espèces exotiques envahissantes comme le rat noir, le moustique tigre, le chat sauvage, le miconia, le cerf, le poisson-lion ou encore la mangouste. Autres dangers, la surexploitation des ressources naturelles par la chasse et la surpêche, les pollutions, pesticides, plastiques, décharges, eaux
usées non traitées sont autant de problèmes majeurs outre-mer. Le mercure en Guyane empoisonne le fleuve Maroni. Le feu en Nouvelle-Calédonie est la principale menace pour la biodiversité. Enfin, les effets du changement climatique représentent un péril croissant outre-mer.
Toutes ces menaces se conjuguent entre elles et leurs effets s’accentuent d’autant plus dans les petites îles.
Les conséquences sont multiples. Par exemple, en Polynésie française, 29 espèces d’oiseaux endémiques ont déjà disparu. À La Réunion, 382 des 963 espèces végétales indigènes de l’île (soit près de 40 %) sont en danger. En Nouvelle-Calédonie, il ne reste qu’1 % de la forêt sèche. La tortue luth disparaît de Guyane. Les populations d’insectes se sont effondrées, pourtant 75 % de nos cultures en dépendent. Les récifs coralliens sont souvent dégradés et les mangroves menacées. Or ces deux écosystèmes nous rendent d’immenses services.
Outre-mer l’érosion de la biodiversité est alarmante. Pourtant, la biodiversité préserve les habitants des impacts du changement climatique.
Sans
compter
la
terre
Adélie.
Visuel
ci-dessus
Dubois
NOUVELLECALÉDONIE
RETOUR SUR LE PREMIER FORUM
NÉO-CALÉDONIEN DE L’ADAPTATION
AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
m algré leur insigni Fiante contri Bution – 0,03 % – aux émissions mon D iales D e car Bone, les îles Du paciFique sont en première ligne Face au réchauFFement climatique en nouvellec aléDonie, Des mesures D’atténuation sont entreprises, mais sans action internationale, l ’ a Daptation D emeure inévita B le u n sujet au cœur D u tout premier F orum D é D ié
Pas moins de 400 personnes se rassemblaient le 18 avril dernier à Dumbéa afin de se pencher sur un enjeu central pour le caillou : l’adaptation au changement climatique. Lors de ce premier forum dédié au sujet et lancé par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, l’objectif était de faire un état des lieux global de la situation et de proposer des solutions. Au centre de l’intention : le collectif. Car bien que des initiatives locales aient d’ores et déjà émergé, la priorité à ce stade est de structurer et de coordonner les actions à l’échelle du territoire. « Le but est de se concerter tous ensemble pour que chacun soit au courant des projets des uns des autres afin de les coordonner, d’éviter les effets doublons, de s’assurer que les petites initiatives qui ont un intérêt pour l’ensemble de la Calédonie puissent être diffusées », a précisé Jérémie Katidjo Monnier, membre du gouvernement.
VERS UNE STRATÉGIE D’ADAPTATION
POUR LE TERRITOIRE
En amont du forum, une large consultation citoyenne en ligne et des ateliers préparatoires réunissaient 300 contributeurs de tous horizons – dont enseignants et élèves – qui ont généré 2 500 idées d’actions réparties en 13 thématiques. Actuellement, des experts locaux examinent et hiérarchisent ces suggestions en vue de rédiger une stratégie concrète et réaliste d’adaptation pour la Nouvelle-Calédonie.
Le forum a abouti à la création d’un comité calédonien du changement climatique pour assurer la pérennité de la démarche et réviser chaque année la future stratégie, en collaboration avec toutes les parties prenantes. Le gouvernement envisage aussi une mesure symbolique : déclarer l’urgence climatique et étendre cette initiative aux côtés des pays voisins.
DES ACTIONS CONCRÈTES À OUVÉA
Dans la Province des Îles Loyauté, Ouvéa, un atoll émergeant des eaux depuis la ride des Loyauté, est menacé par les risques de submersion marine en raison du réchauffement climatique. Le point culminant de la petite île : 46 mètres ! Pour faire face au recul du trait de côte, des actions locales sont engagées comme l’enrochement et la replantation de palétuviers.
Également, l’identification des zones à risques et des zones sécurisées permet d’envisager la construction de routes secondaires et le déplacement des habitations vers l’intérieur des terres.
Les autorités ont même initié des discussions avec les tribus de la côte est de la Grande Terre dans le but d’identifier d’éventuels lieux de refuge pour les tribus d’Ouvéa. Une solution qui supposerait de garantir la continuité culturelle des tribus, pour lesquelles l’attachement au lieu de vie est central.
TÉMOIGNAGE
MYRIAM VENDÉ-LECLERC, COORDINATRICE À L’OBSERVATOIRE DU LITTORAL DE NOUVELLE-CALÉDONIE
« L’Observatoire du Littoral de Nouvelle-Calédonie (OBLIC) est un dispositif du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie visant à surveiller le littoral et à prévenir les risques liés au changement climatique. Depuis 10 ans, nous avons déployé un réseau d’observation couvrant 35 îlots et 17 sites côtiers. Les données recueillies nous permettent de suivre les évolutions à long terme et de mieux comprendre les mécanismes
POURQUOI RÉDIGER UNE STRATÉGIE ?
La future stratégie néo-calédonienne d’adaptation au changement climatique permettra de :
• créer des synergies pour ne pas disperser les forces ;
• c oncentrer les investissements économiques de la Nouvelle-Calédonie dans la bonne direction ;
• répondre, de manière cohérente pour le territoire, aux programmes de financement régionaux, internationaux et européens.
modifiant le littoral. Ces connaissances nous aident aussi à évaluer l’impact du changement climatique à l’échelle de l’ensemble du territoire.
Les informations fournies par l’OBLIC s’avèrent tout particulièrement utiles aux collectivités locales, leur permettant de prendre des décisions stratégiques pour la gestion du littoral et de proposer des mesures face aux risques côtiers. Ainsi, nous accompagnons tous les acteurs publics dans l’élaboration de stratégies d’adaptation au changement climatique, comme celle actuellement portée par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ».
e n moins D e 20 ans , la pêche côtière à W allis - et -F utuna a ra D icalement changé : D epuis 2006, le nom B re D e pêcheurs a F ortement D iminué , mais les poissons sem B lent eux aussi moins nom B reux et par ailleurs plus petits l ’ o B servatoire D es pêches côtières créé en 2021 Dans le ca D re D u programme protege nous ai D e à mieux compren D re cette évolution
L’Observatoire des pêches côtières (OPC) de Walliset-Futuna, financé par le 11 e Fonds européen de développement et mis en œuvre par la Communauté du Pacifique (CPS), vise à dépasser les simples constats empiriques en fournissant des données scientifiques fiables et des indicateurs précis sur l’état des populations de poissons dans l’archipel.
Les premières études montrent qu’à Wallis, où la ressource est moins sujette à la surpêche en comparaison avec d’autres îles du Pacifique, près de la moitié des espèces évaluées sont néanmoins surexploitées 1. Ainsi, l’observatoire ambitionne de mieux comprendre l’état de la pêche pour éclairer les décisions des gestionnaires et accompagner les pêcheurs vers une gestion durable des ressources marines.
des pêcheurs : de janvier 2020 à mars 2023, 392 enquêtes ont ainsi été réalisées pour un total de 32 pêcheurs participants et 21 519 poissons mesurés.
INTERVIEW
LOTOLELEI MANUFEKAI, TECHNICIENNE DE PÊCHE À L’OPC DE WALLIS-ET-FUTUNA
• Quelles sont vos missions au sein de l’OPC ?
- L’Observatoire des pêches côtières de Wallis, c’est une équipe de trois personnes : le chef de service, une chargée d’information halieutique et d’appui scientifique, ainsi qu’une technicienne en appui au développement de la filière pêche professionnelle côtière, poste que j’occupe depuis 2019.
1 D’après une étude publiée en 2022, disponible ICI
Pour ma part, je suis très souvent sur le terrain. Être une enfant du fenua présente l’avantage de faciliter la communication avec les pêcheurs et la population. J’organise régulièrement des réunions thématiques sur des sujets en lien avec l’activité de pêche et la gestion de nos ressources. Au quotidien, j’assure aussi la collecte des données, que ce soit à travers les fiches de pêche ou par les mesures au débarquement
• Quel regard portez-vous sur l’état de la pêche à Wallis-et-Futuna ?
- Avant la mise en place de l’OPC, la réglementation de la pêche n’était ni connue ni acceptée, et il n’y avait pas de réelle volonté de gestion communautaire. Aujourd’hui, les pêcheurs sont plus impliqués.
Nous travaillons avec un comité de pêche qui réunit les acteurs de la mer et les autorités locales, ce qui permet d’envisager des actions concrètes de restauration de la ressource.
«
LA
MOITIÉ DES STOCKS
DE POISSONS ÉTUDIÉS A DU MAL À SE RENOUVELER. C’EST LE CAS DE CERTAINES ESPÈCES DE POISSONS-PERROQUETS ET CHIRURGIENS, ESSENTIELLES AUX ÉCOSYSTÈMES CORALLIENS ET DONT LE POTENTIEL DE REPRODUCTION EST ALARMANT 1 »
Nous allons élaborer un plan d’action pour mettre en application la réglementation de la pêche, notamment sur la chasse sous-marine de nuit, qui est encore très pratiquée ici et particulièrement néfaste. Globalement, le suivi de la pêche côtière sur l’archipel reste très récent et assez fragile, car nos moyens humains sont limités. L’enjeu est de maintenir les efforts de suivis annuels pour tendre vers une pêche locale plus durable, mais aussi de former du personnel pour disposer d’experts compétents qui restent sur le territoire.
Rédaction et interview : Romy Loublier
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