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TAAF

UN LIVRET D’IDENTIFICATION POUR PARTIR À LA DÉCOUVERTE D’UNE FAUNE EXCEPTIONNELLE !

En cette période de rentrée, une nouvelle publication a récemment rejoint les ressources pédagogiques des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) : un livret téléchargeable qui nous présente de manière synthétique et illustrée la faune remarquable des îles Éparses, des districts subantarctiques et de la Terre Adélie, ainsi que leur état de conservation.

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© Lycée professionnel François de Mahy de Saint-Pierre.

TÉMOIGNAGE DE L’ADMINISTRATION DES TAAF :

Nous menons une politique active en matière d’action culturelle et de valorisation des missions de l’administration supérieure auprès des jeunes générations, grâce à un partenariat étroit avec l’académie de La Réunion, qui permet grâce, entre autres, à la mise à disposition d’un professeur relais, la réalisation de projets tels que la création de ce livret, de fresques monumentales (cf. e-mag n°4), pour aboutir en 2020 à la création des classes labellisées TAAF ; un dispositif renouvelé pour cette nouvelle rentrée scolaire.

© Lycée professionnel François de Mahy de Saint-Pierre.

Parmi les outils pédagogiques qui contribuent à mieux faire connaître le patrimoine naturel unique des TAAF, les chapitres d’un nouveau livret sont désormais disponibles au téléchargement. La spécificité du support réside dans sa conception en partenariat avec la section Bac pro Artisanat et métiers d’art, option « Communication visuelle et plurimedia » du lycée professionnel François de Mahy de SaintPierre. Les élèves sont donc au cœur de ce projet qui réunit 100 fiches d’animaux inscrits sur la Liste rouge de la faune vertébrée des TAAF diffusée par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Cet état des lieux consacré aux oiseaux, mammifères et reptiles a été réalisé par le Comité français de l’UICN et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), en partenariat avec la collectivité des TAAF.

De l’aigrette dimorphe qui affectionne les zones humides d’Europa, jusqu’au phoque de Weddell vivant sur et sous la banquise, en passant par les animaux marins – à l’exception du canard d’Eaton et du petit chionis, tous deux terrestres – peuplant les îles subantarctiques, le lecteur découvre un panorama de la faune autochtone des TAAF qui, rappelons-le, est entièrement protégée. Dans ce livret aux nombreuses photographies, chaque espèce est ainsi décrite : degré de vulnérabilité, distribution géographique, habitat, alimentation, comportement, reproduction, menaces. Parmi la faune la plus menacée, l’albatros d’Amsterdam niche en un lieu unique et restreint : le plateau des Tourbières, sur l’île d’Amsterdam. Cet oiseau, en danger critique d’extinction sur la Liste rouge des TAAF, est impacté par « la réduction des ressources alimentaires, les captures accidentelles par des bateaux de pêche et les maladies. La présence sur l’île Amsterdam de mammifères introduits, rats, chats et souris, pourrait aussi constituer une menace. » Le livret est également consultable au Congrès mondial de l’UICN à Marseille, où les TAAF tiennent un stand.

Rédaction : Stéphanie Légeron

PUBLI-COMMUNIQUÉ

LA PARTICIPATION ACTIVE DES SCIENTIFIQUES FRANÇAIS AUX TRAVAUX D’ANALYSE DES ÉCOSYSTÈMES ANTARCTIQUES

Entrée en vigueur en 1982, la CCAMLR (1), qui rassemble aujourd’hui 25 États, l’Union européenne et 10 autres pays adhérents, est la commisssion pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique. Son comité scientifique se réunit chaque année afin de formuler des avis et recommandations éclairés à la commission, en charge des décisions de gouvernance.

(1) Commission for the Conservation of Antarctic Marine Living Resources.

Carte de la zone de la Convention CAMLR

© CCAMLR

La CCAMLR est l’organisation internationale dédiée à la conservation de la vie marine antarctique. Son périmètre d’action est extrêmement vaste, puisqu’il englobe toutes les eaux situées au-delà de 60° de latitude Sud et celles, plus au nord, qui abritent également l’écosystème marin antarctique, comme par exemple autour des îles Crozet et Kerguelen. Cette immense zone maritime couvre ainsi au total près de 10 % des océans du globe.

La Convention CCAMLR fait partie du système du Traité sur l’Antarctique. Elle a été établie en 1982 car « il importait de faire face à l’intérêt commercial croissant suscité par le krill antarctique – l’une des principales ressources de l’écosystème de l’Antarctique – et la surexploitation de plusieurs autres ressources marines de l’océan Austral par le passé. » (source : CCAMLR). En effet, il faut remonter dans l’histoire pour comprendre la surexploitation des espèces dans l’océan Austral, qui s’étend autour de l’Antarctique depuis les côtes du continent jusqu’au front polaire antarctique (2) . Les ressources marines y ont été exploitées depuis la fin du XVIIIème siècle, à l’époque où la chasse aux otaries, très prisées pour leur fourrure, faillit mener ces dernières à l’extinction. Les campagnes de chasse se tournèrent alors, dès les années 1820, vers les éléphants de mer et certains manchots, capturés pour leur huile. Quant à la chasse à la baleine, qui débuta dans cet océan au milieu du XIXème siècle, elle donna lieu à l’exploitation effrénée de sept espèces au fil des décennies. Plus tard, à partir de la fin des années 1960, la pêche de poissons à grande échelle – poisson-lanterne, poisson des glaces, bocasse marbrée, de Patagonie... – généra dans certains secteurs une situation de surpêche. Puis, dans les années 1980 et 1990, les prises ciblèrent en particulier le krill, la légine australe et le poisson des glaces, plus rarement le calmar et le crabe.

De nos jours, malgré une pêche au krill en recrudescence, la pêche dans l’océan Austral, qui prévaut dans l’Atlantique Sud, se maintient « au tiers environ des captures réalisées dans les années 1980 et 1990 » (CCAMLR).

Dans ce contexte, la conservation des espèces marines de l’Antarctique nécessite une coopération internationale, qui passe par la mise en œuvre au sein du Comité scientifique de groupes de travail, entre lesquels sont répartis les grands domaines de la recherche. Cing groupes ont été constitués : contrôle et gestion de l’écosystème ; évaluation des stocks de poissons ; statistiques, évaluations et modélisation ; mortalité accidentelle liée à la pêche ; et enfin, méthodes acoustiques, d’évaluation et d’analyse.

La CCAMLR fait ainsi intervenir les instituts de recherche de l’ensemble des nations qu’elle représente, afin d’assurer une gestion durable des ressources marines dans la zone de la Convention.

La Fondation d’entreprises des mers australes soutient les scientifiques français dans leurs participations à ces ateliers réunissant les experts du monde entier autour des thématiques des écosystèmes, du milieu marin et des pêcheries de la zone CCAMLR

, explique Armelle Denoize, présidente de la Fondation.

Les mesures de conservation de la faune et la flore marines décidées par la CCAMLR s’inscrivent dans une approche de gestion écosystémique n’interdisant pas l’exploitation, dès lors que les activités humaines permettent de garantir une utilisation durable des ressources marines vivantes. La pêche doit par conséquent être pratiquée de manière réglementée et responsable, en prenant en compte ses répercussions sur l’ensemble de l’écosystème marin, afin d’assurer le renouvellement des stocks halieutiques.

Pour cela, la CCAMLR s’appuie sur un vaste réseau d’experts scientifiques et notamment d’observateurs en mer reconnus comme ayant la meilleure pratique internationale. Concrètement, depuis ses quatre décennies d’existence, la CCAMLR a réussi par exemple à relever ces grands défis :

• adoption de mesures pour repérer, dissuader et lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée ;

• création d’aires marines protégées, avec en 2009 la toute première AMP en haute mer, sur le plateau sud des îles Orcades du Sud, puis en 2016 l’AMP de la mer de Ross, qui représente plus de deux fois la superficie de la France.

• réduction spectaculaire des captures accidentelles d’oiseaux de mer, grâce à des mesures comme « les fermetures saisonnières, la pose de nuit, le déploiement de lignes de banderoles, le lestage des lignes pour accroître la vitesse d’immersion, l’interdiction du rejet des déchets de poissons au filage et au virage et l’utilisation de dispositifs d’exclusion des oiseaux autour du poste de virage. » (CCAMLR)

« Le Docteur et maître de conférence Marc Éléaume, chef de la représentation scientifique pour notre pays souhaite que la France devienne un membre plus actif et partie prenante des activités de la CCAMLR », poursuit Armelle Denoize, dont la Fondation a soutenu en 2019, via l’acquisition de matériel, les deux premiers groupes de travail de la CCAMLR accueillis par la France, au MNHN de Concarneau : l’un de ces groupes a travaillé sur les outils d’analyse des données et le développement des outils de gestion des stocks, tandis que l’autre a analysé la pêche au krill, tout en s’intéressant aussi à la gestion raisonnée des écosystèmes marins benthiques et pélagiques.

Le Docteur Marc Eléaume était l’organisateur de ces groupes de travail à Concarneau :

La France joue un rôle important au sein de la CCAMLR. Elle fut parmi les quelques nations, dès 1982, à considérer les aspects de conservation comme essentiels. La France gère, en dialogue avec la CCAMLR, les pêcheries de Kerguelen et Crozet qui sont parmi les plus importantes de l’océan Austral. Les armateurs français sont aussi impliqués dans la collecte de données de base pour comprendre le fonctionnement des écosystèmes dans d’autres zones de la Convention.

" Les données récoltées par les navires français ont permis de montrer par exemple que la zone 58.4.3a (banc Élan) constitue un habitat important de faunes benthiques fragiles (indicateurs d’écosystèmes marins vulnérables ou EMV) du même ordre que les montagnes sous-marines connues pour abriter des communautés benthiques diverses et abondantes. Les espèces cibles y sont en petit nombre, voire en déclin, et les espèces accessoires, comme les raies, y sont au contraire très abondantes. C’est pour ces raisons que la France a souhaité suspendre ses activités de pêche dans cette zone pour préserver des habitats benthiques riches. Plus récemment, la zone 58.4.4b (banc Lena) a été identifiée, grâce aux collectes des armements français, comme étant un hotspot de pennatules, un cnidaire considéré comme indicateur d’EMV. De même, la France a souhaité cesser ses activités de pêche dans cette zone. Les armements français, au même titre que les armements des autres membres de la CCAMLR, participent activement à la récolte de données qui permettent in fine de prendre des décision de conservation ».

Les participants au 2ème Symposium international scientifique sur le plateau de Kerguelen, en 2017 à Hobart, en Tasmanie.

La Fondation des mers australes a par ailleurs accompagné un scientifique français, Nicolas Gasco, qui a participé au Colto Data Workshop 2019, un atelier portant sur la collecte de données par les navires pêchant en zone CCAMLR, et qui a une belle expérience de l’ensemble de ces événements :

Cette réunion fait suite à la soumission, par la France, d’un document aux réunions de la CCAMLR (2018) proposant de moderniser les “carnets de pêche ” remplis par les capitaines. Réunir de nombreux acteurs des différents pays impliqués autour d’une table a permis de mettre en commun les expériences de terrain et de produire un nouveau format plus complet, plus simple et plus facile à utiliser. Ce travail a ensuite été présenté et adopté aux réunions annuelles de la CCAMLR.

Précédemment, la Fondation avait déjà apporté un soutien financier et participé au second Symposium de Kerguelen en 2017, au siège de la CCAMLR à Hobart, en Tasmanie. L’objectif était de réunir l’ensemble de la communauté scientifique étudiant les milieux marins et les pêcheries de Kerguelen et des îles australiennes Heard and Mc Donald. Des rendez-vous de haut vol, qui fédèrent les plus grands experts scientifiques sur des thématiques essentielles à la conservation des espèces marines vivantes en Antarctique.

Plus d'info ici : https://fondationmersaustrales.fr/

Rédaction : Stéphanie Légeron

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