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Guyane

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L’ouragan Dorian, tempête tropicale lors de son passage au large des Antilles, le 27/08/19, source : NOAA 2019 | © comersis.com.

L’ÉVOLUTION DU RISQUE CYCLONIQUE EN OUTRE-MER À L’HORIZON 2050

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En 2017, deux ouragans de catégorie 5 ont frappé les territoires de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy : Irma et Maria ont causé de profonds dégâts, pour un coût des sinistres estimé à deux milliards d’euros. Face à la vulnérabilité des collectivités ultramarines, ces événements ont impulsé un nouvel élan pour renforcer la résilience de l’outre-mer français face aux catastrophes naturelles. Dans cette dynamique, une étude prévisionnelle a été publiée en février 2020 pour

fournir des éléments d’appréciation sur l’évolution de l’aléa cyclonique en lien avec le changement climatique, et l’évolution associée de la sinistralité à horizon 2050.

Dans cette étude, trois organismes ont coopéré afin de couvrir trois niveaux de modélisation et d’analyse : Météo-France d’abord, et son modèle Arpège-Climat qui s’appuie sur des scénarios du Giec. L’entreprise RiskWeatherTech ensuite, qui passe ces simulations au peigne fin pour définir les caractéristiques de vent, pression et intensité des pluies de chaque événement modélisé. Et enfin, le modèle de la CCR, la caisse centrale de réassurance, pour prévoir le coût des dommages assurés.

Car la problématique est aussi financière : depuis 2000, le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles (régime CatNat) indemnise les dégâts causés par les catastrophes naturelles des territoires ultramarins français 2 . L’étude prédit que, d’ici 2050, l’outre-mer pourrait avoir à faire face à des cyclones majeurs plus intenses et plus fréquents – jusqu’à + 42 % pour la Guadeloupe et les îles du nord selon le scénario le plus pessimiste – entraînant une augmentation de 20 % de la sinistralité moyenne. Les îles des Antilles et de La Réunion sont les territoires les plus concernés. Sans attendre 2050, les politiques nationales doivent concentrer leurs efforts pour réduire les risques environnementaux et socio-économiques. Il s‘agit en premier lieu de réduire les émissions pour tenter d’atténuer les phénomènes, mais aussi d’adapter dès aujourd’hui la société aux changements climatiques en cours.

Compte tenu de la très grande exposition cyclonique des territoires ultramarins (temps de retour pour un cyclone de catégorie 4 de 20 ans aux Antilles et de 25 ans à La Réunion) et de l’importance des dégâts prévisibles (plusieurs milliards d’euros pour la Guadeloupe ou la Martinique, et plus de 10 milliards d’euros pour La Réunion) soulevées par cette étude, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer et Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, lancent aujourd’hui une concertation avec les maîtres d’ouvrages et professionnels locaux pour établir une règlementation paracyclonique applicable au secteur de la construction afin d’améliorer la résistance des bâtiments neufs en cas de cyclone.

Pour prévenir les effets du risque cyclonique et améliorer la résilience des territoires de la Martinique, la Guadeloupe, La Réunion et Mayotte, le gouvernement a décidé d’apporter une réponse structurelle en inscrivant des exigences pour la prévention paracyclonique dans la réglementation,

peut-on lire dans un communiqué du 9 mars du ministère de la Transition écologique, qui précise également : « En effet, ce n’est qu’en améliorant la qualité et la résistance des nouvelles constructions aux cyclones qu’il sera possible de réduire la vulnérabilité des territoires de manière efficace et d’assurer un retour rapide à la vie économique, culturelle et sociale locale. Cette concertation sera menée sous l’égide des préfets jusqu’à l’été. (...) L’objectif est d’aboutir à une réglementation sur le risque cyclonique différenciée et proportionnée afin de s’adapter à chaque territoire concerné. (...) En effet, ce sont les acteurs des territoires ultramarins, qui seront au cœur de cet ambitieux projet d’amélioration de la résilience face au risque de vents cycloniques. »

MOUV’OUTREMER, UNE FORMATION-ACTION POUR PRENDRE PART À LA TRANSITION DURABLE DE L’OUTRE-MER

Mouv’outremer est un projet du ministère des Outre-mer porté par l’AFD. L’objectif est de former, accompagner et mettre en réseau les différents acteurs qui souhaitent œuvrer concrètement pour la transition durable de leur territoire. Cette formation-action est déployée sur quatre grands ensembles ultramarins : les Antilles-Guyane, l’océan Indien, le Pacifique et Saint-Pierre-et-Miquelon.

Pour chaque communauté ainsi créée, le programme met à disposition des outils de réflexion collaboratifs et propose d’affiner et développer les projets personnels des participants, avec l’aide du réseau. La participation fait l’objet d’un appel à candidatures ouvert à un très large panel d’acteurs ou futurs acteurs : citoyens, élus, chefs d’entreprise, membres associatifs, entrepreneurs, acteurs de collectivités territoriales, étudiants, journalistes…

La formation se déroule en quatre mois et permet d’obtenir une certification après restitution d’un mémoire. Elle utilise principalement des outils digitaux de e-learning à raison de trois heures hebdomadaires, mais propose aussi des temps forts en présentiel via deux séminaires (des modalités de financement sont proposées).

Le projet Mouv’outremer déploie en parallèle des outils qui favorisent les échanges et le partage d’informations : « Rejoindre la communauté » au travers des groupes WhatsApp ainsi que le « Mouv’média » qui publie toutes les actualités du réseau. Des webinaires sont également organisés pour présenter le programme et connaître les modalités de candidature. Voici le planning des candidatures par ensemble ultramarin :

• Antilles/guyane : clôturées • océan indien : clôturées depuis le 18 avril • Pacifique : dates à venir • Saint-Pierre-et-Miquelon : dates à venir.

Pour les territoires dont l’échéance est passée, il est encore temps de rejoindre la communauté !

LE PROGRAMME TE ME UM : TROIS NOUVEAUX APPELS À PROJETS LANCÉS

Comme chaque année (ou presque) depuis maintenant 13 ans, le programme collaboratif Te Me Um – pour Terres et mers ultramarines – coordonné par l’Office français de la biodiversité, lance avec ses partenaires son 11ème lot d’appels à projets en faveur de la biodiversité de l’outre-mer. Depuis le 2 avril, les associations, collectivités et groupements d’intérêt public sont appelés à soumettre leurs candidatures auprès de l’OFB.

Seront financés en 2021 : des microprojets pour un montant de 10 000 € maximum chacun (enveloppe totale de 182 000 €) et des actions de compagnonnages financées à hauteur de 5 000 € (enveloppe totale de 30 000 €). Un soutien est également consacré aux projets portés par les membres du réseau Te Me Um – jusqu’à 20 000 € par projet, dans le cadre d’une enveloppe globale de 50 000 €.

Ces soutiens d’initiatives occupent une niche peu représentée dans le panel des appels à projets « biodiversité » accessibles à l’outre-mer : les microprojets permettent par exemple de soutenir les jeunes associations et d’impulser de petites initiatives en débloquant des fonds, même s’il ne s’agit que de quelques milliers d’euros ; le compagnonnage favorise les échanges entre acteurs ultramarins et offre aux professionnels la possibilité de renforcer leurs compétences aux côtés d’un expert d’une thématique lors d’un séjour d’une à deux semaines sur son territoire.

Pour la première fois cette année, le programme se dote d’un outil de candidature simplifié et dématérialisé (version papier possible si besoin), une charge administrative qui s’en voit nettement réduite pour les candidats ! Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 14 mai.

PUBLI-COMMUNIQUÉ

L’INTERCOMMUNALITÉ DANS LES DÉPARTEMENTS ET RÉGIONS D’OUTRE-MER

Aux côtés des régions – ou collectivités territoriales uniques – cheffes de file des politiques économiques et d’aménagement du territoire, des départements chargés des politiques sociales,de leurs communes membres chargées de la gestion des services de proximité aux habitants, les intercommunalités exercent des compétences qui se trouvent être au cœur des préoccupations des citoyens ultramarins, y compris en matière d’environnement.

L’implantation des 23 intercommunalités présentes dans les cinq départements et régions d’outre-mer.

© Interco' Outre-mer

Interco’ Outre-mer rassemble les intercommunalités et les structures à vocation intercommunale de la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, La Réunion et Mayotte. Tout en tenant compte des réalités spécifiques à chacune d’elles, ces entités sont réunies autour d’enjeux communs afin d’apporter une réponse collective aux défis qu’elles doivent relever pour le progrès de leurs territoires respectifs. Pensée pour être une force de réflexions, de propositions et de cohésion, la sensibilisation des pouvoirs publics représente une des principales missions d’Interco’ Outre-mer.

De nombreux sujets sont prioritaires au titre des objectifs de l’institution : aménagement et développement durable, inégalités territoriales, transports, décentralisation, etc. En ce qui concerne l’environnement, les enjeux liés sont perçus suivant une géométrie variable eu égard au caractère singulier des territoires ultramarins. Le patrimoine naturel ainsi que la biodiversité constituent les témoignages d’une histoire à conserver à tout prix. C’est pourquoi Interco’ Outre-mer travaille avec ses partenaires à porter au rang de sacré, la protection de l’environnement.

UNE ÉTUDE DÉDIÉE

L’étude "L’intercommunalité dans les départements et régions d’outre-mer", menée par l’AdCF (1) en collaboration avec l’Adgcf (2) et Interco’ Outre-mer, présente à travers une synthèse documentaire le rôle et l’action des intercommunalités d’outre-mer qui, en dépit de leur rôle essentiel dans la vie d’un territoire, sont encore peu visibles aux yeux du grand public. On y lit par exemple que les enjeux de la transition énergétique et écologique raisonnent fortement dans les DROM

qui, depuis le vote de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, ont pour objectif de porter à 50 % la part des énergies renouvelables dans leur mix énergétique d’ici 2040.

(1) Assemblée des communautés de France. | (2) Association des directeurs généraux de France.

Contact : Caroline Cunisse | contact@interco-outremer.fr

Maurice Gironcel, président de la Communauté intercommunale du nord de La Réunion (CINOR), est élu à la présidence d’Interco’ Outre-mer depuis le 19 mars. Engagé depuis de nombreuses années dans une démarche de préservation de l’environnement et d’adaptation au changement climatique, il est également le maire de SainteSuzanne, première ville à énergie positive de La Réunion. Grâce aux énergies renouvelables, sa commune parvient en effet à produire davantage d’électricité qu’elle n’en consomme

INTERVIEW

Maurice Gironcel président d’interco’ Outre-mer

• Quels sont les grands enjeux environnementaux au cœur des intercommunalités d’outre-mer aujourd’hui ?

- L’extraordinaire biodiversité terrestre et marine, les potentiels de ressources énergétiques et la diversité de nos patrimoines naturels constituent la grande richesse environnementale de nos territoires d’outre-mer qu’il est impératif, pour notre population et les générations futures, de préserver et de valoriser quotidiennement.

Pourtant, si l’environnement est un formidable atout pour nos territoires, il est également particulièrement fragile et source de grandes inquiétudes car souvent confronté à de nouvelles difficultés qui obligent les collectivités à s’adapter au jour le jour et à innover constamment dans leurs actions. Tenter de prévoir l’imprévisible sera certainement le prochain combat de nos collectivités ultramarines.

Les enjeux sont donc nombreux : s’adapter et atténuer les effets du changement climatique, préserver la biodiversité, reconquérir les ressources naturelles, assurer la transition écologique et énergétique, sensibiliser la population…. Et les intercommunalités, dans le cadre des compétences qui leur ont été transférées, sont au cœur des actions à mener avec l’ensemble des acteurs. C’est pourquoi, il y a urgence à préciser les compétences des autorités publiques (services de l’État, régions, conseils départementaux, communes, intercommunalités, syndicats intercommunaux ou mixtes…) et de clarifier les attributions de responsabilités en matière d’environnement et de tous ses dérivés pour répondre efficacement aux enjeux environnementaux.

• Dans quelle mesure les structures intercommunales permettent-elles de mieux se saisir de ces enjeux ?

- En matière environnementale, les défis sont si nombreux et importants qu’ils méritent d’être guidés par une solidarité et une concertation territoriales renforcées. Dès lors, l’intercommunalité, dont l’essence même est d’unir les forces et de mutualiser les moyens afin d’apporter une réponse collective et rationnalisée aux différents enjeux, conserve tout son sens.

Fédératrices avant tout, les questions environnementales amènent les institutions intercommunales à se dépasser, face à des situations qui ne cessent d’évoluer, et davantage dans nos outre-mer marqués par le contexte insulaire, l’éloignement, les pressions démographiques, … et des événements naturels de plus en plus variés et imprévisibles.

Au-delà de l’impérieuse technicité que génèrent les domaines liés aux questions environnementales et qui intéresse particulièrement l’échelon intercommunal – gestion des déchets, de l’eau et de l’assainissement, gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations, gestion des espaces naturels, climat, énergie, érosion… – la prise en compte de l’environnement dans le projet intercommunal doit être amplifiée par le recours à des stratégies nouvelles visant à en faire une opportunité créatrice de plus-values d’ordre économique, social, culturel et à faire émerger ainsi un nouvel équilibre territorial.

La perspective du développement durable, apparue il y a quelques années et qui a grandement redéfini les frontières de l’action publique, est un excellent exemple de ce à quoi doivent s’atteler nos intercommunalités : mener une politique environnementale innovante, ambitieuse et surtout réaliste.

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