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TAAF

Devant la fresque monumentale des manchots empereurs de la Terre Adélie, le préfet des TAAF Charles Giusti (au centre) est entouré des lycéens et partenaires du projet, lors de la restitution de la résidence artistique du 2 avril. © Gilles Chareyre| TAAF

LA BIODIVERSITÉ DES TAAF À L'HONNEUR DANS UN PROJET MÊLANT ART ET ÉDUCATION

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Au lycée des métiers Vue Belle de La Saline-les-Hauts à La Réunion, la biodiversité des TAAF s’affiche en grand : frégate, albatros, manchots, fous et sternes déploient désormais leurs ailes magnifiées à la bombe sur les murs de l’établissement. L’artiste grapheur Gorg One a pu réaliser de gigantesques fresques dans le cadre d’une résidence artistique avec l’aide et la créativité de 110 élèves du lycée.

À l’échelle nationale, des objectifs d’éducation artistique et culturelle ont été clairement affichés et font l’objet d’une feuille de route 2020-2021 : « Réussir le 100 % EAC – Éducation artistique et culturelle ». Dans ce cadre, en septembre 2020, la DAC-OI (1) et l’académie de La Réunion ont lancé un appel à projet destiné aux artistes, afin de leur offrir un espace d’expression associé à un projet d’établissement scolaire.

(1) Direction des affaires culturelles océan Indien.

Une fois la candidature de Gorg One sélectionnée, l’équipe pédagogique et les élèves de ce lycée se sont rassemblés avec l’artiste pour choisir ensemble la thématique de leur projet : la biodiversité des Terres australes et antarctiques françaises. C’est alors, pour les élèves, un travail à double facette : s’approprier d’une part la culture artistique, en particulier celle du street art ; d’autre part, se plonger dans l’univers de la faune des TAAF, comprendre les clés d’identification des espèces et les enjeux de protection de ces territoires. Leur travail a abouti à la création de 15 fresques, représentations artistiques de 15 espèces des territoires des TAAF.

L'une des 15 fresques de Gorg One, représentant un couple d'albatros.

© Gilles Chareyre | TAAF

ZOOM SUR… CINQ FRESQUES, CINQ ESPÈCES, CINQ DISTRICTS DES TAAF

Fresque de Gorg One illustrant une frégate à Europa.

© Gilles Chareyre | TAAF

La frégate du Pacifique – îles Éparses

L’île d’Europa accueille les deuxièmes plus importantes populations de frégates du Pacifique (Fregata minor) au monde. Les mâles sont particulièrement charismatiques : durant la période des accouplements, ils gonflent une poche rouge vif située sous la gorge pour impressionner les femelles.

L'orque, animal emblématique de Crozet, est également représentée.

© Gilles Chareyre | TAAF

L’orque – îles Crozet

Les orques (Orcinus orca) qui fréquentent les côtes des îles de l’archipel Crozet ont une particularité quasi unique au monde : elles pratiquent l’échouement volontaire. L’objectif est de chasser les pinnipèdes (comme les éléphants de mer) alors que ces derniers sont tranquillement installés sur la terre ferme. Les femelles passent jusqu’à sept ans aux côtés de leurs petits pour leur enseigner cette technique de chasse risquée. Étudiée depuis près de 40 ans, cette population connaît actuellement un fort déclin.

Le dauphin de Commerson, une sous-espèce endémique des îles Kerguelen.

© Gilles Chareyre | TAAF

Le dauphin de commerson – îles Kerguelen

Aux Kerguelen, le dauphin de Commerson est représenté par une sous-espèce endémique de l’archipel : Cephalorhynchus commersonii kerguelensis. De nature curieuse, il s’approche facilement des navires, ce qui permet une observation régulière de ces individus.

Le gorfou sauteur du nord, que l'on observe à Saint-Paul et Amsterdam.

© Gilles Chareyre | TAAF

Le gorfou sauteur du nord – Saint-Paul et Amsterdam

Le gorfou sauteur du nord (Eudyptes moseleyi) est une espèce de manchot qui se distingue génétiquement de son homonyme du sud (Eudyptes chrysocome). Comme chez tous les gorfous, mâles et femelles sont facilement reconnaissables : ils portent au-dessus de l’œil une couronne de plumes jaunes et noires, les aigrettes. Mais chez ce gorfou de Saint-Paul et d’Amsterdam, on remarque que les aigrettes sont plus longues. Il se distingue également par un cri plus grave pour appeler sa femelle… Une stratégie pour éviter de s’hybrider avec les autres manchots !

Les manchots empereurs – Terre Adélie

Le manchot empereur (Aptenodytes forsteri) est l’une des espèces les plus emblématiques des terres antarctiques. C’est le plus grand des manchots et sa longévité dépasse les 30 ans. Particulièrement bien adapté au rude climat de son environnement, cet oiseau bas des records : il peut parcourir jusqu’à 120 kilomètres en marchant sur la banquise à une vitesse moyenne de 0,5 km/h, peut jeûner durant 100 à 120 jours et perdre la moitié de son poids ou encore, plonger jusqu’à 500 mètres de profondeur pour chasser et résister à des températures de -60 °C. La Terre Adélie accueille une population d’environ 2 500 couples ; le taux de réussite de reproduction est très variable d’année en année.

PUBLI-COMMUNIQUÉ

@ Nicolas Gagnon

L'explorateur français Jean-Louis Étienne.

OCÉAN AUSTRAL

POLAR POD, UNE EXPÉDITION HORS NORMES DE JEAN-LOUIS ÉTIENNE

La prochaine expédition de Jean-Louis Étienne se déroulera à bord du Polar Pod, une station scientifique internationale high tech et futuriste de 100 mètres de... hauteur ! Ce laboratoire flottant non motorisé et zéro émission (1) pourra héberger huit personnes et dérivera dans l’océan Austral pendant trois ans. Il permettra de collecter des données inédites sur la régulation du climat, et d’explorer la biodiversité de l’océan méconnu situé autour de l’Antarctique.

(1) Le Polar Pod sera entraîné par le courant circumpolaire et les vents d’ouest, alimenté en énergie par six éoliennes de 3 kW.

Le futur parcours du Polar Pod dans l’océan Indien. En vert : le parcours de dérive de Polar Pod. En rouge : le trajet du bateau pour les relèves d’équipage.

@ Nicolas Gagnon

Il aura fallu une décennie à l’explorateur français pour annoncer le lancement de Polar Pod. Le temps nécessaire pour planifier une aventure extraordinaire, qui aura pour décor les mers australes chahutées par le courant circumpolaire antarctique, le plus puissant du monde. L’objectif majeur sera d’étudier le changement climatique, sachant que l’océan Austral est le premier puits de carbone océanique de la planète : ses eaux froides absorbent environ la moitié de la quantitié de CO2 séquestrée par tous les océans, ce qui en fait un acteur majeur de l’équilibre climatique. De plus, la diversité biologique de cet océan encore très méconnu de 20 000 kilomètres de circonférence sera inventoriée entre 50 ° et 55 ° de latitude sud, au moyen de différentes approches novatrices comme l’acoustique.

Afin d’étudier l’océan Austral, les scientifiques ont besoin de mesures en mer en toutes saisons et à toutes les longitudes. Pour cela, il fallait imaginer et concevoir une plateforme flottante habitée, capable d’un long séjour dans les « cinquantièmes hurlants » où l’océan n’est arrêté par aucune terre, à l’exception d’une poignée d’îles telles les Kerguelen.

Le « navire vertical » Polar Pod sera à la hauteur de ces ambitions : 1 000 tonnes en charge, 100 mètres de haut (dont 80 mètres de tirant d’eau), 150 tonnes de lest pour assurer sa stabilité... Il fallait aussi élaborer ce vaste projet en lien avec la communauté scientifique internationale et réunir les budgets nécessaires. Ce n’était pas chose simple, loin de là, mais Jean-Louis Étienne n’a pas abandonné son rêve d’explorer l’océan Austral. Pas à pas, il a tracé sa route, comme en 1986, quand il est devenu le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire, après avoir tiré son traîneau pendant 63 jours. Le résultat, c’est le lancement aujourd’hui d’une expédition hors normes qui devrait débuter en décembre 2023, coordonnée par le CNRS, en partenariat avec le Cnes et l’Ifremer. Un cap sera alors à tenir : accomplir en trois ans deux fois le tour de l’océan Austral et collecter des données en continu, qui seront mises à disposition des scientiques du monde entier. Une très grande et belle contribution française au programme de la décennie 2021-2030 des Nations Unies pour les sciences océaniques au service d’un développement durable.

Plus haut que la Statue de la Liberté, le Polar Pod sera tracté par un remorqueur à 400 milles au sud-est de l’Afrique du Sud, jusqu’à atteindre le courant circumpolaire antarctique. Il sera basculé à la verticale par ballastage. Son tirant d’eau de 80 mètres lui permettra d’être pris dans des eaux profondes, de manière à assurer des conditions de vie en toute sécurité sur cet océan de tempêtes, où les vagues peuvent parfois atteindre 20 mètres de hauteur !

@ Nicolas Gagnon

L’architecture du Polar Pod a été conçue par le bureau d’ingénierie navale SHIP ST de Lorient.

@ Nicolas Gagnon

L’équipage mixte, composé de huit personnes, dont trois marins, quatre scientifiques et un(e) cuisinier(e), sera relayé tous les deux mois grâce à un navire ravitailleur spécialement construit pour la mission.

@ Nicolas Gagnon

Le programme scientifique est international. Il s’articule autour de quatre grands axes : les échanges atmosphère-océan ; la surveillance de l’océan Austral par télédétection satellite ; l’inventaire de la faune et la flore ; les impacts anthropiques.

@ Nicolas Gagnon

Par ailleurs, un programme pédagogique sera mis en place dès la rentrée 2022 pour faire vivre l’aventure en temps réel aux élèves des classes du premier et second degrés.

@ Nicolas Gagnon

TÉMOIGNAGE

ARMELLE DENOIZE,

PRÉSIDENTE DE LA FONDATION DES MERS AUSTRALES

Armelle Denoize, présidente de la Fondation d’entreprises des Mers australes sur l’île d’Amsterdam dans les TAAF.

Cette expédition polaire extraordinaire qui allie les recherches sur la biodiversité et le climat, pour mieux connaître la faune, la flore et le fonctionnement du puits de carbone qu’est l’océan Austral est une véritable mission au service de la planète. Jean-louis Étienne fait partie de ces explorateurs qui font rêver les petits et les grands, et il nous le démontre encore aujourd’hui.

"Auprès de lui, 43 institutions de recherche et universités de 12 pays collaborent pour effectuer ce voyage comparable dans ses problématiques logistiques et d’isolement à une véritable mission spatiale ! la Fondation est fière d’être partenaire de ce projet d’envergure qui rejoint totalement ses missions : connaître, faire connaître, préserver et valoriser les richesses et ressources naturelles des mers australes. "

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