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Mayotte

L'îlot Bandrélé à Mayotte. © Frédéric Larrey | Conservatoire du littoral

ÎLOT BANDRÉLÉ : LA RESTAURATION ÉCOLOGIQUE POUR CONSERVER ET VALORISER UN JOYAU DU LAGON

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Site parmi les plus prisés du lagon, l’îlot Bandrélé subit diverses perturbations : déchets, piétinements, espèces exotiques envahissantes, érosion... Pour préserver l’équilibre fragile de son écosystème terrestre, le Conservatoire du littoral et ses partenaies ont initié un programme de restauration.

À l’est de Mayotte, l’îlot Bandrélé, qui s’étend sur 24 hectares, est affecté depuis 2009 au Conservatoire du littoral. Il abrite une végétation sèche dégradée où viennent nidifier des oiseaux forestiers endémiques de Mayotte et des Comores, comme le Zosterops de Mayotte ou la moucherolle. L’îlot est également un lieu de ponte pour les tortues marines. Son cadre enchanteur aux eaux turquoise attire chaque année de nombreux touristes et résidents, dont certains accostent en kayak depuis la plage de Sakouli. Pour lutter contre les dégradations observées et contre l’érosion côtière, une action de plantation a débuté fin mars avec 600 plants de liserons de mer, une plante herbacée qui a l’avantage de freiner la colonisation par d’autres espèces exotiques. Cette action sera complétée en fin d’année par 1 000 plants d’espèces de forêt semi-sèche.

Mairie de Bandrélé, Communauté de communes du sud, association 976 Sud Prévention... plusieurs acteurs locaux se sont joints à ces travaux de végétalisation du site, qui ont été accompagnés d’une mise en défens de l’arrière-plage située en face de Sakouli, de façon à limiter les bivouacs – et la coupe de bois qui alimente les barbecues – tout en veillant à la tranquillité des tortues de mer.

L’opération de plantation sur l’îlot Bandrélé a mobilisé un grand nombre d’acteurs locaux.

© Conservatoire du littoral

Alors qu’aujourd’hui aucun aménagement n’existe sur l’îlot hormis les panneaux du Conservatoire du littoral, ces actions s’inscrivent dans le cadre d’un schéma d’intentions paysagères et d’un projet d’aménagement. L’ambition étant « d’organiser la fréquentation du site, de préserver l’identité paysagère et les atouts naturels de l’îlot, de préserver les écosystèmes littoraux à intérêt écologique fort, tout en autorisant une découverte de l’île qui soit respectueuse des milieux », pouvons-nous lire en introduction de ce projet initié par le Conservatoire du littoral et dont le maître d’œuvre est l’agence Esprit du Lieu. Il s’agira de « faire cohabiter l’aspect récréatif de l’îlot Bandrélé avec la vocation écologique du site » en améliorant l’accueil du public, en canalisant sa fréquentation et en créant des aménagements légers et pédagogiques, intégrés à la nature et, dans la mesure du possible, conçus à partir du bois d’espèces envahissantes.

Le couvert végétal sera ainsi densifié sur le haut de plage pour contenir l’érosion et protéger les futurs aménagements en amont. Plus haut, une « lisière verte » réduira entre plage et arrière-plage l’ensablement des aménagements. Enfin, en troisième ligne, une barrière végétale encadrera les activités humaines et limitera l’accès en cœur d’îlot, créant un espace où la biodiversité sera préservée.

Rédaction : Stéphanie Légeron

PUBLI-COMMUNIQUÉ

LA GESTION DE LA LAGUNE D’AMBATO PAR L’ASSOCIATION JARDIN DE M’TSANGAMOUJI

Créée en 2015 à M’tsangamouji, cette association (1) bien connue à Mayotte compte actuellement une trentaine de membres. Elle siège au comité de suivi de la lagune d’Ambato à M’tsangamouji, une zone humide protégée par arrêté préfectoral, classée depuis 2005 au titre de la protection des biotopes.

(1) L’association, très tournée vers les jeunes, est agréée JEP (Jeunesse et éducation populaire), une reconnaissance nationale notamment en matière d’éducation à la citoyenneté.

La lagune, d’un peu plus de quatre hectares, se situe entre la plage et le terrain de football du village de M’Tsangamouji. Au nord-ouest de Mayotte, son habitat naturel spécifique abrite des espèces floristiques et faunistiques patrimoniales telles que le crabier blanc, un oiseau mondialement menacé qui y niche, ou la plante Cyperus articulatus, dont il s’agit de l’unique station connue à Mayotte.

Depuis quelques années, la FMAE incite ses associations adhérentes à s’inscrire dans les enjeux nationaux et internationaux avec l’organisation des journées mondiales. Forte de son expérience sur la lagune, l’association Jardin de M’Tsangamouji s’est ainsi positionnée pour co-organiser avec la FMAE la journée mondiale des Zones humides tous les 2 février. L’occasion pour elle de rappeler l’importance de ces zones pour la préservation de la biodiversité à l’ensemble des acteurs locaux.

La lagune d’Ambato est le seul endroit de l’île où l’on trouve une mangrove qui n’est composée que de palétuviers à petites feuilles

informe Moussa Nassim, qui préside l’association Jardin de M’Tsangamouji. Depuis 2016, face au constat de nouvelles dégradations du site par des mises en cultures, des actions ont été menées en vue de la préservation et la restauration du site. Un comité de suivi s’est constitué, regroupant la DEAL, le Conseil départemental de Mayotte, la commune de M’tsangamouji, 3 CO (Communauté de commune du cord-ouest de Mayotte), le Conservatoire botanique national de Mascarin (CBNM), GEPOMAY, l’OFB et enfin l’association.

QUELQUES-UNES DES ACTIONS PROGRAMMÉES :

• Création de supports de communication mettant en valeur les richesses écologiques du site (livret, dépliant, affiches).

• Poursuite de la restauration de la prairie humide.

- Étude d’un projet d’aménagement de sentier pédagogique.

• Étude de l’évolution de la faune et la flore de la lagune.

Rencontre avec Moussa Nassim,

le président de l’association

« Grâce au soutien financier de la DEAL, nous avons pu recruter deux agents animateurs et médiateurs mobilisés sur le site pour sensibiliser les occupants illégaux et assurer une mission de surveillance. Depuis que nous faisons office de gestionnaire de la lagune, presque tous les occupants illégaux ont quitté les lieux. C’est sans doute lié au fait que nous sommes sur place, que nous connaissons bien les habitants du village. Des actions d’arrachage de cultures sont en cours et la majorité des cases en tôle ont été démolies en octobre dernier. Progressivement, la lagune retrouve son caractère naturel. Les dégradations sont stoppées.

Plusieurs actions de sensibilisation ont lieu chaque année. Nous créons par exemple des supports pédagogiques qui sont offerts aux visiteurs. Nous multiplions les interventions dans les établissements scolaires, en développant un partenariat avec le rectorat. Depuis 2018, nous animons dans la lagune la fête de la Science. Et malgré la situation sanitaire très difficile, nous avons enregistré 1 863 participants à nos actions au sein de la lagune en 2020. Enfin, nous contribuons régulièrement à l’entretien et au nettoyage du site. »

PUBLI-COMMUNIQUÉ

© Mathieu Pinault

MERCI-COR : UNE MÉTHODE POUR ÉVITER, RÉDUIRE ET COMPENSER LES IMPACTS EN ZONE RÉCIFALE

Portée par l’Ifrecor, cette méthode permet d’évaluer les pertes écologiques causées par un projet d’aménagement sur les écosystèmes coralliens, ainsi que les gains attendus des mesures à engager pour compenser ces pertes. Le but étant d’atteindre une équivalence écologique entre milieux impactés et restaurés.

Merci-Cor est la « méthode pour éviter, réduire et compenser les impacts en zones coralliennes. » Il s’agit de la « version corallienne » de la méthode Merci, conçue dans le cadre d’un partenariat entre l’UPVM-CEFE-CNRS et l’Onema 1 pour dimensionner la compensation des impacts de projets en zones humides et en milieux aquatiques d’eau douce. Merci-Cor a quant à elle été développée par l’Université Paul Valéry Montpellier 3, le groupement d’experts en environnement marin Marex et le bureau d’études Ecomed, pour le compte de l’Ifrecor depuis 2013.

La méthode Merci-Cor propose une approche cartographique intuitive et des algorithmes de calcul performants fondés sur la séquence ERC (éviter-réduire-compenser). Celle-ci part du principe selon lequel les aménageurs doivent en premier lieu s’appliquer à éviter les futures atteintes à l’environnement générées par leur projet. Si ces impacts n’ont pu être suffisamment évités, la recherche de leur minimisation par des solutions techniques est alors la voie à privilégier. En dernier recours, lorsqu’un impact résiduel notable persiste malgré les démarches d’évitement et de réduction, des mesures de compensation doivent être engagées sous forme d’actions de réhabilitation, de restauration ou de création de milieux naturels.

Ces mesures doivent pouvoir générer des effets vertueux au moins équivalents aux pertes occasionnées, pour éviter toute perte nette de biodiversité dans l’espace et dans le temps. La projection future de l’état écologique une fois l’aménagement réalisé est déduite des effets supposés du projet, de la sensibilité des habitats recensés exposés à ces effets, et de l’aptitude des habitats à résister, puis à se régénérer grâce aux mesures compensatoires. Il s’agit ensuite de comparer les pertes évaluées et les gains attendus, en tenant compte de l’incertitude liée aux trajectoires écologiques des mesures de compensation et des délais entre le démarrage du chantier et l’atteinte de l’état écologique ciblé par la compensation.

Contreparties positives des projets, les mesures compensatoires doivent intervenir en complément des politiques publiques existantes et autres actions inscrites dans le territoire, auxquelles elles ne peuvent se substituer. Le but final est ainsi le maintien de la qualité environnementale des sites d’aménagement, voire la production d’un gain écologique.

Merci-Cor est actuellement en cours de mise en œuvre à Mayotte, dans le cadre des études réglementaires du projet de piste longue de l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi. Pour cela, l’équipe de Marex a échantillonné en une semaine 48 stations d’évaluation rapide et 10 stations de surveillance temporelle, soit « un gain de temps et de robustesse de l’information collectée très significatifs par rapport aux méthodes habituellement mises en œuvre lors d’études d’impact environnemental en milieux coralliens. »

© Mathieu Pinault

La loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages de 2016 a réuni des éléments de la doctrine nationale ERC dans le Code de l’Environnement et enrichi les principes de la séquence ERC : objectif d’absence de perte nette voire de gain de biodiversité ; obligation de résultat des mesures de compensation ; effectivité des mesures pendant toute la durée des impacts ; proximité fonctionnelle des mesures vis-à-vis du site endommagé ; géolocalisation des mesures compensatoires ; non-autorisation du projet en l’état si les atteintes liées à ce dernier ne peuvent être ni évitées, ni réduites, ni compensées de façon satisfaisante. Par ailleurs, la réforme de l’évaluation environnementale rappelle que le processus se doit d’inclure un rapport du maître d’ouvrage sur les incidences environnementales et sur les mesures ERC, en englobant toutes les phases d’un projet (conception, réalisation, fonctionnement...), afin de pouvoir apprécier l’ensemble de ses impacts sur la nature.

Pour répondre à ces attentes réglementaires, Merci-Cor propose une approche très opérationnelle pour aider les différents acteurs de la séquence ERC lors du montage et de l’analyse des projets, petits ou grands. L’idée d’un tel outil s’est imposée face au constat partagé d’une insuffisance des outils existants et ressources disponibles, du manque de cadres méthodologiques et d’une disparité des exigences en termes d’expertise selon les méthodes employées. La rapidité avec laquelle Merci-cor peut être appliquée permet de l’utiliser dès les premières phases de conception d’un projet et de comparer facilement divers scénarios d’aménagement pour aller vers celui entraînant le moins de pertes écologiques. L’intérêt de la méthode réside aussi dans son approche intégrée du problème, et ce du diagnostic à la proposition de solutions de restauration.

Les mangroves et herbiers, écosystèmes associés aux récifs coralliens, sont totalement intégrés à la méthode

précise Mathieu Pinault, cofondateur du GIE Marex. Merci-Cor évalue ainsi l’état de conservation d’une zone dans sa globalité et ne cible pas uniquement son analyse sur certaines espèces, souvent protégées, ou certaines fonctions écologiques.

L’Ifrecor a publié à ce sujet un inventaire des méthodes de restauration des récifs, mangroves et herbiers. L’expertise de la France dans ce domaine est reconnue à l’international, ce qui conforte l’Ifrecor dans la poursuite de ces travaux.

Plus d'info ici : www.ifrecor.fr

Rédaction : Stéphanie Légeron

PUBLI-COMMUNIQUÉ

QUELLE STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT POUR L'ÉCONOMIE BLEUE À MAYOTTE ?

Le 13 avril, le Département de Mayotte dévoilait un document attendu : L’élaboration de la stratégie de développement de l’économie bleue à Mayotte. Inscrit dans l’axe « Accroître l’attractivité du territoire » du plan de mandature, ce travail est mené depuis fin 2018 en concertation avec les acteurs du territoire.

Il s’agit notamment de savoir explorer les opportunités offertes par nos ressources maritimes afin de contribuer à la quête d’un développement économique vivier d’emplois pour les Mahorais

explique Marie-Josée Karaké, chef de l’équipe projet du Département qui œuvre à cette stratégie.

L’IEDOM (1) avait déjà publié un éclairage sur le sujet en 2017, intitulé « L’économie bleue à Mayotte – De nombreux défis pour un secteur à structurer ». En effet, sur l’île au lagon les défis ne manquent pas dans le domaine encore très peu exploité de l’économie bleue. Fruit de plusieurs ateliers et comités de pilotage, le document présenté le 13 avril a pour objectifs de déterminer le poids de l’économie bleue à l’échelle de Mayotte et sa région, et de « co-construire une stratégie de développement opérationnelle à court et moyen terme », en définissant « un modèle de gouvernance adéquat pour favoriser la visibilité et la promotion de l’économie bleue ».

(1) Institut d’émission des départements d’outre-mer.

Cette étude réalisée par BRL Ingénierie, en lien avec l’équipe projet du Département et les acteurs identifiés (préfecture, DMSOI, Parc naturel marin, DEAL, Conservatoire du littoral, intercommunalités, communes, université, rectorat, port de Longoni, CDTM, UMM, EAM, CCI Mayotte, Pôle Emploi, RSMA, associations et structures en lien avec la plongée, l’environnement, la pêche, l’aquaculture…) a mis en évidence huit secteurs économiques clés : environnement ; pêche ; aquaculture ; tourisme et activités de loisirs ; activités portuaires et transport maritime ; énergies marines renouvelables ; dessalement et enfin biotechnologies.

Dans le secteur de l’aquaculture, l’objectif de production de 500 tonnes en 2030, puis de 1 000 tonnes en 2050, est l’une des orientations préconisées par le document stratégique.

En matière environnementale, figurent par exemple ces orientations : « conserver et valoriser la biodiversité littorale et marine », « faire reconnaître par les instances internationales (dont l’Unesco) la qualité exceptionnelle de l’environnement marin de Mayotte et en faire un haut lieu de recherche d’intérêt planétaire », « étudier les opportunités que peut offrir le nouveau volcan sous-marin de l’Est de l’île »...

Parmi les actions retenues dans le secteur de l’environnement, nous pouvons citer le projet de création d’un pôle d’excellence pour la connaissance et le suivi des écosystèmes tropicaux et de la mangrove. Et dans les autres secteurs : la création d’un port de pêche et d’une filière de traitement des déchets de poissons ; la création d’un centre de recherche aquacole et d’une nouvelle écloserie sécurisée ; le développement des activités de tourisme tournées vers la mer, en particulier de la croisière ; la mise en place de lignes maritimes de transport de passagers ; l’étude de projets de dessalement de l’eau de mer...

En filigrane de cette stratégie potentiellement génératrice de plusieurs milliers d’emplois, en accord avec la volonté de la Commission européenne – la DG MARE appelle les RUP à « développer leurs propres stratégies en matière d’économie bleue » – un dénominateur commun relie les huit secteurs économiques identifiés : la nécessité d‘une structuration des filières, qui devra passer par la formation aux métiers de la mer et l’afflux d’investissements pérennes.

Contact : Marie-Josée Karaké, chef de projet au Conseil départemental de Mayotte | marie-josee.karake@dm-reunion.fr

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