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art contemporain - occitanie / pyrénées-méditerranée - juin juillet août septembre 2017 - numéro 44
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abonnement 3 numéros par an 10 € Envoyez votre chèque (à l’ordre de BMédiation) et vos coordonnées à BMédiation 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier le site de la revue
acturama - des articles inédits sur l’actualité addenda - une sélection d’expositions archives - toutes les chroniques publiées
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Lisboa, 2017. Chantal Bianco
l’ombre d’un rêve - Corinne Rondeau jean-paul montanari toujours - entretien avec Jean-Paul Guarino géométries amoureuses - Crac, Sète – Carré Sainte-Anne, Montpellier le bureau de - Jean-Michel Othoniel cette réalité qu’ils ont pourchassée - L’Été photographique de Lectoure john bock et wim delvoye aussi - La Panacée, Montpellier a different way to move - Carré d’Art, Nîmes a-chroniques - Benoist Bouvot silhouette - Dominique Rochet la dramatique vie de marie r. - Marie Reverdy i’m back - Laurent Goumarre addenda
offshore est édité par BMédiation 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier
Couverture : Dan Prasad par Karim Zeriahen © offshore 2017
directeur de publication : Emmanuel Berard rédacteur en chef : Jean-Paul Guarino
ont collaboré à ce numéro : Benoist Bouvot, Laurent Goumarre, Marie Reverdy, Dominique Rochet, Corinne Rondeau
site : offshore-revue.fr tél. : 04 67 52 47 37 courriel : offshore@wanadoo.fr ISSN 1639-6855 dépôt légal : à parution impression : JF Impression. 34075 Montpellier
crédits photos : Chantal Bianco, Alexis Cordesse, Cédrick Eymenier, Laurent Goumarre, Kahn & Selesnick, Jean-Michel Othoniel, Keith Park, Dominique Rochet, Karim Zeriahen
vous pouvez recevoir chez vous les 3 prochains numéros d’offshore en envoyant vos coordonnées et un chèque de 10 € à BMédiation, 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier
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l'ombre d'un rêve corinne rondeau
Dans la vie, vient un âge où l'on se dédouble. Cela arrive peu à peu, à la suite de périodes de grand épuisement. Qu'il nous tienne encore debout, on sent nettement que le corps est notre propre venin. Mais cet âge est aussi la recherche d'un dialogue entre une réalité passée et un imaginaire : ce qui reste malgré le poison. Dialogue d'un présent, sorte de nouvelle connivence avec l’époque. L’actualité serait congédiée remplacée par le rêve d’un bonheur : on échangerait sans plus se disperser. Bref le rêve d’un monde où on est enfin à soi-même, sans être fou, proche et distant à la fois. Mais on ne vit pas hors du monde, sauf à être au cimetière ou en cendres. C’est justement l'actualité de l'époque qui ne cesse de le rappeler. Elle reflue, marquant chaque rêve d'une fêlure. Même en retrait quelque chose s'insinue, comme l'âme de l'enfant souffle toujours dans le corps de l'adulte quelque cauchemar ancien. L'actualité est une ombre qui pèse sur le rêve du bonheur. Elle reflue, si impétueusement dans notre époque, qu'elle efface l'époque dans laquelle nous vivons, peut-être jusqu'à nous en déloger. Que deviennent les images dans un tel monde, notamment celles qui sont censées nous informer ? Je crois bien qu'elles participent du mouvement de la disparition. On s'en rend compte quand l'une d'entre elles revient longtemps après l'avoir vue. Cela m'est arrivé en discutant avec un ancien photoreporter de guerre, Alexis Cordesse, aujourd'hui photographe sans guerre dans ses images. Il y a des nuages, des montagnes arides, des arbres, des vallées, des feuilles d'automne sur l'eau… Pendant qu'il parlait de ses ascensions sur le mont Olympe, la plus haute montagne de Grèce, je ne pouvais m'empêcher de penser à tout ce qu'il avait vu, et qui, jamais, ne sera dans aucune image. Incapable moi-même de visualiser, car si l'imagination est ce qui reste, elle a aussi ses limites face au réel. Je le regardais, je crois même que je ne l'écoutais plus : il était le vrai témoin, celui qui ne pourra jamais témoigner. Je me rappelais des guerres depuis la guerre du Golfe, je me surpris à les avoir oubliées, en même temps que je le voyais gravir les quelques trois mille mètres d'altitude, avec ses boîtiers et ses objectifs. Ce devait être lourd. Mais ce qu'il avait vu, et qui ne sera jamais dans ses archives de guerre, n'était-il pas du voyage et de notre époque ? On peut se retirer du monde, être sur une crête, émerveillé de passer au-dessus ou au-dessous des nuages ; on peut avoir tourné le dos à tout ce qui continue de se déchirer en bas, on peut « décider de fuir la violence du monde », rien n'empêche l'inquiétude. Il serait même vain de considérer ces images contemplatives comme le rejet d'une réalité passée. Je balayais le sempiternel malaise de la question éthique, dès qu'on évoque les images de guerre, la sale mort, « faut-il montrer ? » : faut-il regarder pour reconnaître l'existence de la souffrance ? En le quittant, je pensais à la seule image de guerre que je n'ai jamais oubliée. Celle d'un US Marine au Vietnam en 1968. Une guerre pas vécue, et dont on ne m'a jamais parlé. Le cadre est serré jusqu'à l'asphyxie du portrait : haut du casque coupé, corps bloqué aux épaules, mains rapprochées sur le canon de son fusil. J'ai toujours eu la sensation que j'attendais devant elle un tremblement qui ferait craquer l'image. Oui j’attendais que l’US Marine éventre l'image et se mette à hurler. Son regard sous la lisière du casque, les deux points noirs de ses yeux légèrement inclinés vers le haut, rectifiait cette sensation : il était mort de stupeur dans l’image. Regard absent de sidération, comme s'il cherchait le souvenir impossible d'une balle au fond de son crâne. C'est une photographie de Don McCullin. La juste image de guerre : le seuil fatidique de la mort derrière le visage, la mémoire, la réalité passée dont on ne verra jamais rien, et l'imaginaire avec sa balle inventée, ses bords tranchants, l'horreur et ses cris que le temps ne corrompt pas. Vient l'âge où l'on refuse toute corruption par l'actualité. L'âge où l'on voit dans un paysage un peuple d'ombres. Que l'imagination vienne les éveiller suppose qu'on n'ait plus besoin de rendre réel des événements avec des images. Faut-il s'étonner que de nombreux photoreporters de guerre passent à la photographie dite d'art ? Ou bien s'étonner qu'ils ont compris, depuis la guerre du Golfe, qu'ils ne pouvaient plus informer sans que leurs images soient elles-mêmes effacées ? Compris qu'une image est le seuil où dialoguent l'existence de la souffrance et le caractère incorruptible des ombres ? Les ombres ne pourrissent pas, elles sont sans agonie, sans cri.
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Alexis Cordesse. Ci-dessus : Kosta, série Olympe, 2015-16 © Alexis Cordesse. All rights reserved. Page suivante : Reflets I, Corse, 2016 © Alexis Cordesse. All rights reserved. L’exposition « Olympe » d’Alexis Cordesse eut lieu du 19 avril au 21 mai 2017 à la Maison des Arts – Centre d’art contemporain de Malakoff, sous la houlette d’Aude Cartier
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En haut de l'Olympe sans dieux, la réparation ne vient pas. Et le monde n'est pas assez vaste pour trouver le repos. En revanche, si le repos n'existe pas, existe encore l'art. On n'a rien inventé de mieux pour connaître le repos des dieux qui comme on le sait ne font rien. Dans une époque où l’art est confondu avec la culture, les anciens photoreporters de guerre nous soufflent à l'oreille qu’il pourrait être effacé par l'actualité, même celle de la culture. Car ces artistes, comme Alexis Cordesse, ne nient pas la violence, ils sont partis marcher avec elle, l'épuisant sur des hauteurs froides, la diluant dans des bleus diaphanes, la perchant aux cimes de troncs d'arbres enveloppés de mousse. Faut-il rappeler la phrase de Pascal pour congédier l'idée d'un devenir randonneur : « Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie ». Les ombres du passé sont toujours là, en miroir de ces images sans homme. À notre tour de marcher dans les images. Des reflets de lumière sur une surface noire, lourde, muette. Même immobile, cet agrandissement de remous en Corse, nous rappelle que c'est en vain que nous nous agitons, car comme des ombres nous ne faisons que passer, c'est le poison lui-même. Se souvenir de la guerre qu'on n'a pas vécu reste notre plus haute vigilance. Car ce n'est pas qu'avec l'âge et l'épuisement qu'on se dédouble pour chercher le dialogue, c'est parce que l'art nous rappelle qu'il est le calme qui règne devant l'enfer. C'est aux spectateurs que nous sommes de protéger son seuil, sans quoi il n'y aura même plus l'ombre d'un rêve de bonheur. Corinne Rondeau est Maître de conférences Esthétique et Sciences de l’art à l’Université de Nîmes, critique d’art, collaboratrice à La Dispute sur France Culture.
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jean-paul montanari toujours entretien avec jean-paul guarino Jean-Paul Montanari – directeur du Festival Montpellier Danse – a composé pour la 37e édition, un programme qui balaye le panorama de ce qui fait danse à ce jour, attestant ainsi de la portée de ce que produit toujours la recherche en danse des années 60-70 aux ÉtatsUnis, à l’heure, où à l’image de tout ce qui est Monde, il n’y a pas et plus de contrée propre à la création ni de genre plus fertile à son développement. Ainsi, du 23 juin au 7 juillet, les générations se côtoieront sur les plateaux, le néoclassicisme tutoiera le traditionnel et le répertoire croisera la création. Soit, nombre d’œuvres qui s’annoncent de qualité mais cette année, et ce n’est pas le cas tous les ans, la chance de pouvoir revoir, pour certains, ou découvrir, pour les autres, un chef-d’œuvre, « Dance » de Lucinda Childs, recréé par le Ballet de l’Opéra de Lyon – un nouveau film remplaçant l’original de 1979 de Sol LeWitt. Jean-Paul Guarino : Après nombre d’éditions du Festival pensées thématiquement, l'absence de sujet central cette année, ne feraitelle pas du programme davantage témoignage tant de ce qu’est la danse que de l’événement en soi, tout en en disant aussi pas mal sur vous-même ? Jean-Paul Montanari : Pendant 15 ans, j’ai fait le tour d’un certain nombre de questions et la programmation du Festival tentait d'y répondre. Quand il n’y a pas de problématique posée, la programmation, qui peut sembler aléatoire, répond de toute façon à « quelque chose » et peut-être est-ce encore plus intéressant ; c’est là où on se situe aujourd’hui. Une programmation en entraîne une autre, le choix d'un artiste en provoque un autre, par effet de miroir, de contradiction, de complémentarité, d’information. Ce qui n'est pas inintéressant c’est de savoir pourquoi certains artistes ne sont pas programmés. Ça dit quelque chose en creux évidemment, sur l’état de la danse, sur l’état du monde mais pas seulement, sur l’état du public aussi. Ce dernier joue un rôle important. Si l'on essaye, à travers une programmation, de dessiner une séquence de l'histoire de cet art qu'est la danse, le public veille, il est là, il a son goût, il a sa présence, il a aimé certaines choses les années précédentes et ce tout entre en ligne de compte dans tous les sens que vous pouvez imaginer, en terme de vente de billets aussi parce que je sais que tel public aime tel artiste, mais pas seulement. A titre d’exemple, l'an dernier, j'ai senti un nouvel engouement à l'égard de Sharon Eyal et ce, en une seule représentation. Elle a immédiatement rencontré un énorme public et le bouche à oreille a joué tout de suite. En la reprogrammant je sais, moi-même aimant beaucoup son travail, que je fais coup double. J'accompagne une artiste importante qui est en train de naître, et c'est mon travail depuis toujours, mais en même temps je sais que je vais faire plaisir à des centaines de spectateurs, or cette assurance n'est pas toujours garantie lorsque l'on se doit de suivre un artiste qui éclot. J-P.G. : De par votre sélection, vous dites ainsi que la danse se fait désormais partout, plus uniquement en Occident qui l'a fait naître et, qu'en suite aux avant-gardes et différents mouvements, toute forme est dorénavant possible. Le rapport à l'Héritage, soit, être en filiation directe ou héritier d'une Histoire, ferait une danse du XXe siècle et une autre du XXIe ? J-P.M : J'ai toujours pensé que danse contemporaine ça signifiait la danse qui se déroulait dans le moment où on était vivant, où on
était là. C'est ce qui se joue pour chaque nouvelle édition. Elle se construit à travers une histoire de la danse objective c'est-à-dire ce qui s'est passé depuis un peu moins d'une centaine d'années pour aller vite mais aussi avec la mémoire même du Festival, ce qui a été montré, des choix donc, les miens. Ils n'ont jamais été tous azimuts mais le long de lignes artistiques que j'ai défendues, très souvent dans une optique d'écriture chorégraphique parce que c'est ça qui m'intéresse. On sait depuis qu'est apparu ce qu'on a appelé la non-danse mon peu de goût pour ce qui est la performance. Je sais que ça existe, ça ne m'intéresse pas beaucoup, bien que cela puisse m'impressionner quelques fois en tant qu'expériences menées loin de moi, en dehors de ce que j'aime, loin de mes préoccupations. Je sais que ça existe, je n'y vais pas facilement, il a fallu attendre qu'un Laurent Goumarre me rejoigne pour qu'à mes côtés il propose un certain nombre de ces choseslà et qui ont été les bienvenues. Mais moi, qui viens du théâtre, j'ai souvent dit que, si je n'avais pas rencontré sur ma route de préoccupations artistiques un Merce Cunningham ou une Trisha Brown, sans doute je ne serais jamais entré dans la danse parce que le reste de la danse ne m'intéressait qu'assez peu à ce moment-là. C'est ça, ce sont eux qui ont provoqué le déclic. Un drôle de déclic alors qu'au théâtre à cette époque-là, c'est-à-dire dans années 70, le texte, son idéologie et son rapport au sens, répondaient de moins en moins aux questions du temps qui se posaient et qui étaient de plus en plus autour du corps et du désir ; infiniment plus importantes que la question de l'idéologie qui était en train de perdre d'intensité curieusement. Quand on tombe nez à nez en 1976 à Avignon avec « Einstein on the Beach », nous qui nous intéressions à l'art mais aussi à l'idéologie, les dogmes s'évanouissent, le choc est esthétique. C'est la toute première fois que je vois cette danse, que j'entends cette musique. Il y aura définitivement un avant et un après et c'est bien ça qui m'a amené vers la danse et qui ne m'a jamais quitté même si ça a quitté la danse d'une certaine manière donc évidemment je suis aujourd'hui en léger décalage avec la réalité novatrice de la danse. Je continue à me référer à cette école chorégraphique, cette école d'écriture du corps qui reste le critère fondamental de mes choix et qui fait que, pour en revenir à la programmation, Emanuel Gat est un des créateurs qui aujourd'hui m'intéresse le plus. J-P.G. : Néanmoins, qu'est-ce qui titille votre « goût » ? Qu’est-ce qui ferait beauté ?
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Lucinda Childs – Ballet de l'Opéra de Lyon. Dance © Jaime Roque de la Cruz Le 27 juin à L’Opéra Berlioz / Le Corum, Montpellier
J-P.M : Je suis aujourd'hui très préoccupé de la place du spectacle vivant dans notre société. Tous ceux qui apportent des éléments pour me rassurer sur cette question-là m'intéressent. C'est pour ça par exemple et Dieu sait si on est loin du compte, que le hip-hop répond en partie à la question moins dans sa forme de rue, de battle, que dans cette forme très particulière qui est le hip-hop chorégraphié et qui n'existe à peu près qu'en France. Ce hip-hop a été largement accueilli dans les structures chorégraphiques d'écriture contemporaine et du coup il y a eu osmose avec un certain nombre de ces danseurs qui sont devenus des chorégraphes contemporains et c'est le cas de Mourad Merzouki, de Kader Attou et d'autres. Et là, il y a une telle réponse à cette question que je continue à être à la fois intrigué et très intéressé. Je dis aujourd'hui que Mourad Merzouki c'est le nouveau Béjart, parce qu'il est à peu près sûrement le seul en France aujourd'hui, peut-être même en Europe, à pouvoir fédérer autant de public autour de son nom, toutes catégories confondues, tous âges confondus, toutes classes sociales confondues, tous goûts confondus ce qui est une vraie performance et pourtant cette danse n'est pas nécessairement celle qui au plan de l'histoire de l'art me préoccupe le plus mais elle répond tellement à des questions de réunion d'une population autour de cette forme de spectacle vivant que j'en suis épaté. J-P.G. : Notre ami Laurent Goumarre vous pose une question : Voyez-vous du désir sur les plateaux ?
J-P.M : Aujourd'hui on en voit de moins en moins, c'est plus le problème. Mais il faut se souvenir de ce qu'était la France dans le milieu des années 70 quand apparaît cette danse dite contemporaine. Il faut se souvenir de l'effroyable pataquès que va représenter l'arrivée du Living Theater à Avignon en 68 avec des corps nus alors que les scènes étaient majoritairement tenues par des mecs hétéros qui faisaient du théâtre. On est dans le théâtre pur et encore une fois ça vient des Etats-Unis c'est-à-dire ça vient d'un pays qui est sur la route de la libération emmenée par les femmes, sur la route de la libération des corps et des désirs en général. Mai 68, en partie va reposer sur cette question culturelle du désir puisqu'on se souvient des dortoirs des filles et des dortoirs des garçons. Daniel Cohn-Bendit raconte très bien ça. On dit même que c'est ce qui aurait provoqué les premières émeutes étudiantes puisque les garçons n'avaient pas le droit d'aller dans celui des filles, je ne sais pas si c'est tout à fait vrai mais en tous les cas c'est symptomatique de l'époque puis c'est le moment de toute façon où les femmes vont commencer à se lever réellement et à constituer le MLF et bien d'autres groupes et puis les homosexuels vont eux aussi commencer à se lever et à demander une manière de pouvoir vivre leur désir et leur corps comme ils l'entendent. C'est ça que la danse contemporaine d'une certaine manière a amené, a apporté c'est-à-dire qu'elle est venue dans ce mouvement-là, du corps et du désir, ça venait avec. J'en suis au fond de moi persuadé puisque je suis tout à fait sûr que la danse
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dite contemporaine, je sais que ça peut faire grimacer, c'est une invention d'homosexuels et de femmes. Le sida a détruit toute cette histoire. Le sida dans le courant des années 90 a détruit non seulement les êtres humains, les artistes qui étaient là et qui ont disparu par dizaines mais en plus a détruit cette question du désir. Aujourd'hui on est après le désastre d'une certaine manière. Quand on a commencé à comprendre qu'on arrivait à cerner la question du sida, qu'on pouvait ne plus tout à fait en mourir, il y a eu un moment de jubilation, de joie qui s'est manifesté. C'est là qu'on voit réapparaître la nudité, plutôt récemment donc, dans la danse contemporaine. Beaucoup de gens sont nus sur les plateaux. Il y en a chez Jérôme Bel, chez Boris Charmatz. On peut lire ça sous cet angle-là. Aujourd'hui tout est à peu près rentré dans l'ordre. La danse n'a plus tout à fait la fonction qu'elle a eue pendant ces trente dernières années. Elle s'est rangée, elle n'est plus porteuse de modernité comme elle l'a été. Le désir n'est pas spécifique à la danse je ne pense pas qu'aujourd'hui la danse porte plus la question du désir qu'un autre art. J'ai même envie de dire qu'une certaine littérature la porte mieux aujourd'hui. J-P.G. : Et la sensualité, après nous avoir montré, voire exhibé, tous les corps possibles et avoir traîter de toutes sexualités ? J-P.M : Aujourd'hui, ce qui pourrait encore nous émouvoir ce serait plus d'érotisme et moins de nudité. Je trouve beaucoup de sensualité au travail d'Emanuel Gat par exemple. Il y a un travail sur l'espace et sur le rapport entre les gens qui entraîne de mon point de vue en tous les cas ce regard. Ce qu'on trouve aussi chez Trisha Brown ; le rapport qui peut s'instaurer entre deux corps, trois corps, quatre corps qui se touchent, qui se superposent, qui se tournent autour et, là, apparaît quelque chose de l'ordre du sensuel plus que dans la vision banale d'un corps nu qui ne veut plus rien dire aujourd'hui. Quelque chose qui a été scruté sous tous les angles, c'est bien le corps nu y compris par le cinéma pornographique, qui nous montre même des choses qu'on ne peut pas voir nous-même car nous ne pouvons pas être à la place de cette caméra qui va scruter des endroits où nous n'avons pas nécessairement des yeux si j'ose dire. J-P.G. : Si « tout est possible », il n'en reste pas moins que l'on peut aisément catégoriser. Que vous est-il impossible à regarder ? J-P.M : Je ne sais pas si je vais pouvoir répondre parce qu'il y a des choses qui m'ennuient prodigieusement et peut-être justement, des choses qui tournent autour de la question du corps. Je suis très rarement surpris c'est-à-dire que quand j’entre dans une salle de spectacle avec plus de trente ans d'expérience, même si c'est une création je sais à peu près ce que je vais voir. Sauf la première fois où j'ai vu William Forsythe ; là je suis tombé à la renverse, je ne me doutais pas une minute que c'était une chose pareille, là oui j'ai été surpris mais il y a quand même déjà un petit moment. Donc je sais à l'avance ce que je vais voir, et c'est très rare qu'on me surprenne en flagrant délit de « Ah, je ne peux pas voir ça ». Ou alors, sans doute, des choses qui me paraissent quelques fois inutiles autour d'une certaine provocation. Je suis devenu à la fois quelqu'un de monstrueusement exigeant et en même temps dès qu'il y a un tout petit quelque chose qui est vraiment bien même si ce n'est pas un chef d'œuvre, je suis tout de suite enthousiaste. J-P.G. : Et cette indulgence irait envers qui ou quoi ?
J-P.M : Dans l'inventivité, dès que dans une pièce quelconque il y a tout de même quelque chose que j'ai l'impression de voir pour une première fois. Ce qui fait déclencher l'allumette et qui est immédiat ; même si ça dure peu de temps : une alchimie d'association, une manière de danser, un rapport à la musique, une manière de faire les choses. C'est à partir de là que sont faites les programmations, à partir de ces gens qui en quelques minutes ont trouvé quelque chose qui leur appartient, qui leur est propre. J-P.G. : Où avez-vous vu récemment poésie et singularité ? J-P.M : La danse est devenue moins inventive ; elle a exploré tant de champs depuis trente ans. Aujourd'hui le théâtre vient sur le devant de la scène, les temps redeviennent idéologiques et la question du désir n'est plus la question centrale. Je suis au fond de moi persuadé que c'est le théâtre qui récupère aujourd'hui le maximum d'outils pour parler du monde qui nous entoure. Si un spectacle de danse peut produire joie et jubilation, ce n'est pas la même sorte d'applaudissements ou de réactions du public qu'on a à la fin d'une pièce de théâtre de Castellucci ou même de Rodrigo Garcia parce que Rodrigo Garcia ne fabrique pas nécessairement des œuvres qui tournent autour de la question du bonheur. J-P.G. : Est-ce que le sensible, à un moment, ne prend pas le dessus sur l'intelligence ou sur le sensé ? J-P.M : C'est malheureusement ou heureusement, je ne sais pas, ce qui se passe dans la danse c'est-à-dire que les gens disent tout le temps mais on ne comprend rien à la danse. Mais c'est exactement fait pour ça. C'est un art qui, justement, est juste avant la poésie. Après la danse, les mots commencent à apparaître dans un ordre quelconque ; ça fournit la poésie et puis après ça s'organise de plus en plus jusqu'à arriver au théâtre, puis au roman. J-P.G. : Le programme de cette 37e édition révèle, une fois de plus, tout votre talent de fildefériste à vitaliser la création, convoquer les différents publics et satisfaire les financeurs. Mais si l'on a vu, qu'en suite aux aventures du XXe siècle, toute forme spectaculaire est possible, quid de la forme festivalière ? J-P.M : La première génération de festivals a été créée à la fin de la seconde guerre mondiale, quand il fallait tout reconstruire, où un Jean Vilar du côté d'Avignon va y faire du théâtre, avec la reconnaissance et l'argent de Paris. Pour le cinéma et le festival de Cannes ce fut à peu près pareil ainsi que pour le troisième à Aix-en-Provence pour l'Opéra. Donc 3 festivals faits par des parisiens avec l'argent de Paris dans des villes de villégiature et où les parisiens descendirent massivement. Ceux de deuxième génération, de mon point de vue, quand au début des années 80, nombre de villes vont passer à gauche, dont Montpellier, sont créés grâce aux élus locaux et avec l'argent des gens qui habitent sur place. Quand Frêche m'a donné la direction du Festival, il m'a dit je veux que vous me fassiez un festival d'audience internationale pour les montpelliérains. C'est ce qu'il voulait et c'est ce que l'on a fait. Ç'était il y a 37 ans et nous continuons. Notamment notre fort engagement envers la « création » à l'heure où tant de manifestations s'en exonèrent. Un Festival où il n'y a pas de création mais à quoi ça sert ? C'est quoi ces histoires de catalogue, les meilleurs spectacles de l'année réunis pendant 15 jours ? La chose à penser serait l'idée d'un grand festival d'été qui s'appellerait le Festival de Montpellier comme le Festival d'Avignon ou le Festival de Cannes sans aucun autre adjectif que celui-là, Festival
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Steven Cohen. Put your heart under your feet... and walk / à Elu © Milena Skriabine. Les 24 et 26 juin à hTh – Grammont, CDN de Montpellier
de Montpellier, qui durerait un mois et demi et qui serait un festival de création en théâtre, en danse, en performance, en grandes expositions estivales et peut-être même en opéra. D'en faire un énorme projet de l'été. Montpellier n'a pas été une ville touristique pendant longtemps, elle est en train de le devenir ; il est donc temps de réfléchir sous un angle culturo-économico-touristique. J-P.G. : Si l'essence d'un festival est d'être machine à productions, quelle serait la tonalité de ce qu'il faudrait inventer ? J-P.M : Sans doute un nouveau rapport au public que moi je ne sais pas faire, que je fais mal parce que je ne crois qu'à la salle à l'italienne donc je veux que la lumière descende dans la salle, que ça s'ouvre comme depuis trois mille ans et que ça s'allume sur la scène. Une partie du public, avec les temps qui courent, a besoin de participation, toute chose que je déteste même si je suis prêt à vous montrer la dernière pièce de Yasmeen Godder qui est une chorégraphe israélienne qui a fait des choses intéressantes avec sa manière d'aller chercher du public dans la salle, de le faire monter sur le plateau. C'est la mode actuelle. J-P.G. : Et pour tenter encore de parler de vous, à propos de Steven Cohen, vous avez dit profiter de l'audace de ce choix fait par Rodrigo Garcia, pour l'inviter, n'en ayant jamais personnellement eu le « courage » ; alors que lui n'en manque pas... J-P.M : Il n'est pas le seul ; j'avais vu, il y a longtemps, Xavier de
Frutos à Glasgow qui m'avait complétement foutu en l'air. Les gens étaient nus, et peu à peu on comprenait que du sang sortait de leur anus ; c'était une image absolument effroyable, jamais vue sur un plateau, mais je ne pourrais pas programmer ça, c'est pas possible, ça parle trop de moi. Et Steven Cohen c'est pareil, nous sommes si proches, parce qu'il est juif, parce qu'il est homo, parce que c'est un militant antifasciste. Vraiment trop proche de moi pour envisager de le programmer et que l'on me reproche d'affliger un étalage de l'intime à un public non concerné. Finalement il aura fallu une proposition et invitation d'un homme de théâtre pour me permettre de l'accueillir. J-P.G. : S'il y a parenté de profil entre lui et vous, n'y aurait-il pas un écart dans l'action ; un écart politique ? J-P.M : Je ne le pense pas. Chaque fois que j'ai vu Steven Cohen, il m'a impressionné car il va réellement jusqu'à la limite, et peut même la franchir mais en pleine responsabilité. Un acte délibéré, un acte politique. Mais ce n'est pas un théoricien, plutôt une espèce d'intuitif lunaire qui tient absolument à excéder les normes. Nous sommes à deux endroits symétriques et je l'observe, ce que lui ne fait pas ; monstrueusement fragile et très fort, il est dans son monde. Toujours est-il, je suis très content du cadeau que me fait Rodrigo Garcia avant de partir, moi qui avais pris le prétexte que le performing art était externe au Festival de danse que je faisais pour m’éviter cet implacable face-à-face.
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géométries amoureuses crac, sète (34) – carré sainte-anne, montpellier (34) Cet été, le Centre régional d’art contemporain à Sète et le Carré Sainte-Anne à Montpellier présentent deux expositions monographiques simultanées consacrées à Jean-Michel Othoniel. Sous le titre unique de « Géométries Amoureuses » ce double évènement présente plusieurs facettes du travail de l’artiste à travers une soixantaine de sculptures, une dizaine de peintures et plus d’une centaine d’œuvres sur papier. A propos du titre « Géométries Amoureuses est le titre de l'une des œuvres présentées au Louvre en 2004, j'ai décidé de la garder dans ma collection personnelle et elle sera présentée à Montpellier avec les autres pièces de ma collection. Ce titre réunit à lui seul certaines ambivalences qui caractérisent mon travail depuis le début, la sensualité et la rigueur, le caché et le révélé, la blessure et la beauté. Le fait que la rigueur de la géométrie soit perturbée par l'amour est une figure de l’oxymore qui caractérise aussi mes dernières créations présentées à Sète. Dans ces œuvres nouvelles, je lie la lumière et l'obscurité, le monumental et le fragile, l’austérité et le merveilleux, le minimal et le baroque. » A propos de l'impressionnante Grand Vague, montrée au Crac
Black Lotus, 2016 (détail). Fonte d’aluminium anodisé peinte en noir. 166 x 150 x 138 cm. Courtesy Galerie Perrotin. Photo Keith Park The Big Wave (détail), 2017. Briques en verre indien noir, métal. Env. 535 x 15000 x 510 cm. Photo Jean-Michel Othoniel
« Les œuvres nouvelles sont presque toutes monumentales, The Big Wave est construite comme une architecture de métal recouverte de verre. Elle a nécessité deux années de travail et plusieurs mois de dessins techniques. C’est vraiment la beauté du lieu qui m'a poussé à construire cette folie radicale, monochrome et abstraite. Elle est composée de plusieurs milliers de briques toutes soufflées en Inde suite à ma résidence chez les verriers indiens. Cette vague à l’échelle 1 nous submerge. Elle est pleine de sentiment contradictoire entre tristesse et joie. En 2011, je préparais une exposition au Japon quand le tsunami a frappé Fukushima et comme beaucoup cela m'a bouleversé. Paradoxalement quelques années auparavant j’enseignais à Hawaï et j'avais pu goûter aux joies du surf et expérimenter la violence et la chaleur des rouleaux. Les différentes couleurs du noir et l’épure des formes inspirées de la nature sont la ligne directrice de cette exposition. Tous les éléments convoqués, tels que le verre, le miroir, le métal, l’encre ou l’obsidienne des volcans arméniens, participent de ce désir d’enchantement violent, minimal et tellurique. » A propos de l’importance accordée au dessin « Au premier étage du Crac, 112 dessins prennent la forme intime d'un grand carnet de voyage. Réalisés entre 1996 et 2017, ils montrent le cheminement de ma pensée et la genèse de nombreuses de mes œuvres. On y retrouve certains de mes projets emblématiques comme les aquarelles du Kiosque des Noctambules à Paris ou celles plus récentes des Belles Danses dans les jardins du château de Versailles. À Montpellier, les dessins aussi sont présentés comme un carnet de notes. Aux murs de l’église, peints en rouge pompéien, sont accrochées de nombreuses aquarelles mélangées à des textes ; ce sont les planches enluminées de l’Herbier Merveilleux. J’ai toujours conservé, depuis mon adolescence, mes écrits sur le sens caché des fleurs dans la peinture ancienne. Suspendues au centre de la nef, se côtoient une vingtaine d’œuvres de périodes différentes. Toutes ces œuvres, je les ai aussi gardées précieusement tout au long de ces quinze dernières années car elles témoignent de moments clefs et importants dans mon parcours.
Crac, Sète (34) / Carré Sainte-Anne, Montpellier (34). Jean-Michel Othoniel. Géométries Amoureuses. 10 juin - 24 septembre 2017
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The Wild Pansy, 2017. Verre miroité, inox. Vue de l’œuvre lors d’un session de pré-montage dans l’atelier de l’artiste © Jean-Michel Othoniel
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cette réalité qu’ils ont pourchassée l’été photographique de lectoure (32)
Kahn & Selesnick Fiddler, série « Eisbergfreistadt », 2008 © Kahn & Selesnick
Depuis de nombreuses années le festival « L'Été photographique de Lectoure », axé sur la photographie et les arts visuels au sens large, se déploie dans des lieux historiques, emblématiques de l’histoire de la ville de Lectoure. Les visiteurs sont invités à une déambulation dans les rues labyrinthiques parsemées d’escales insolites. Une grande maison transformée en Centre d’art, un ancien tribunal, un ancien hôpital, une halle aux grains, une petite bâtisse et son jardin attenant appelée la Cerisaie… Certains lieux deviennent des espaces d’expositions temporaires le temps d’un été… Des lieux uniques, singuliers, parfois bizarres et bancals mais jamais banals qui vont participer activement de par leur situation géographique dans la ville, leur fonction, leur architecture, leur atmosphère, leur odeur, leur texture à la petite histoire de l’édition 2017. À l’ère objective et rationnelle du tout contrôle, face aux différents phénomènes de dématérialisation, à la virtualité croissante, il s’agira de partir loin, loin… Un étrange voyage au pays des atmosphères, pour convoquer et réanimer, entre fiction et réalité, la dimension narrative de la ville de Lectoure et réveiller, en une bienfaisante bouffée de présent, les fantômes du passé. Il y sera question d’atmosphère, de climat, de sensation, d’impression, d’immersion, d’expérience, de turbulence, parfois de brouillard, de peur, voire de frayeur. Qu’elles soient photographiques, vidéos, filmiques, ou encore qu’elles prennent la forme d’installations, les œuvres proposées peuvent avoir un lien avec une certaine forme de méditation, une expérience contemplative, déroutante où le temps paraît suspendu. Elles dérangent l’ordinaire et mettent en avant l’inquiétante étrangeté qui peut jaillir du quotidien. Elles ébruitent, propagent par des voies multiples, parfois allusives, des histoires. Entre le clair et l’obscur, entre les spectres et les apparences, ces œuvres convoquées appartiennent d’avantage au domaine de la fiction qu’à celui des évidences. Des trames narratives surgissent alors, mettant en scène la vision d’intérieurs peuplés d’étranges bestiaires, l’évocation décalée et décadrée de moments de la vie quotidienne, des paysages presque mirages. l'Été photographique de Lectoure. Lectoure (Gers). 15 juillet - 24 septembre 2017 Artistes invités : Eva Borner, Brodbeck & de Barbuat, Stéphane Castet, Delphine Gigoux-Martin, Kahn & Selesnick, Karen Knorr, Laure Ledoux, Julien Magre, Marie Maurel de Maillé, Hans Op de Beeck, Igor Ruf, Josef Sudek, Stéphane Thidet, Guido van der Werve, Estelle Vernay, Sylvain Wavrant
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john bock et wim delvoye aussi la panacée, montpellier (34) Jusqu’au 27 août, La Panacée accueille son deuxième cycle de trois expositions simultanées sous la direction de Nicolas Bourriaud. Tout d’abord, une monographie, de John Bock, qui est d’ailleurs la première de l’artiste dans un Centre d’art en France. John Bock, né en 1965, inspiré par l’Arte Povera italien comme par le mouvement Fluxus, se situe dans le sillage des artistes-bricoleurs des années 1960. À l’aide d’éléments domestiques, John Bock élabore des sculptures, des films, avec un humour absurde, une inventivité sans limites, qui savent donner à la vie quotidienne une dimension épique. Outre une installation spécialement créée et produite pour cette exposition, un ensemble d’environnements et de films sont également présentés et notamment, son tout dernier opus Hell’s Bells : A Western. Ci-contre : Hell's Bells, 2017, 90 mns. Image tirée du film. Photo Martin Sommer
Depuis les années 1980, Wim Delvoye s’attache à déplacer les frontières qui séparent traditionnellement la culture populaire et l’art, l’ancien et le contemporain, le noble et l’impur. Pour la première fois, une exposition – Cloaca : les études préparatoires (2000-10) – présente l’ensemble des dessins préparatoires, études techniques et dessins de logos réalisés de 2000 à 2010 par l’artiste belge, pour son œuvre emblématique « Cloaca », dont il existe aujourd’hui dix versions. Ci-contre : Studies for Cloaca Shares, Convertible Bonds & Certificates 1999-2005 (Study #56), 2001. Courtesy Wim Delvoye
Enfin, une exposition thématique – Pré-capital. Formes populaires et rurales dans l’art contemporain – où quand l’art explore les futurs de l’humanité, tout en s’inspirant parfois du passé le plus lointain. Les artistes présentés explorent des modes de fabrication d’avant l’industrie et court-circuitent le monde numérique au profit d’un art de la décroissance. Artisans néo-ruraux, chasseurs-cueilleurs d’objets, folkloristes imaginaires, ils réinvestissent des pratiques alternatives, des techniques populaires ou des savoirs locaux. Avec : Caroline Achaintre, Elise Carron, Mimosa Echard, Ferruel & Guedon, Yann Gerstberger, Matteo Nasini, Samara Scott, Markus Selg, Santo Tolone, Natsuko Uchino... Ci-contre : Eric Croes. Totem, fiancée du cyclope, 2016. Courtesy Sorry We're Closed, Brussels
La Panacée - Montpellier (34) Monographie de John Bock Monographie de Wim Delvoye « Cloaca : les études préparatoires » (2000-10). Exposition thématique : Pré-capital. Formes populaires et rurales dans l’art contemporain. Les 3 expositions jusqu'au 27 août 2017
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Julien CASSIGNOL Sylvain FRAYSSE 1er juin – 13 juillet 2017 Galerie Vasistas 37 avenue bouisson bertrand – montpellier / du mercredi au samedi 15h – 18h30
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a different way to move carré d’art, nîmes (30)
Salle Sol LeWitt – Lucinda Childs. Photo © Cédrick Eymenier
5 grandes salles et 5 pans de l’exposition sous-titrés : De San Francisco à New York. Un Etat de Danse – La Sculpture comme Expérience. Geste et Processus – Politiques du Corps. L’Expérience du Judson Dance Theatre – Désorienter. Entre Ordre et Dislocation – Présences Minimales. L’Anti-forme et l’Idée de la Danse. Tout est dit et justement dit ; ne reste plus qu’à voir et expérimenter comme dans la sixième et dernière station – Sérialité et Flux. l’Espace-Temps Combinatoire – centrée sur la collaboration de Lucinda Childs, Philip Glass et Sol LeWitt dans « Dance », créé en 1979 à la Brooklyn Academy of Music de New York, momentum exemplaire de la convergence des arts du temps et de l’espace autour du principe sériel. Les études photographiques du mouvement humain et animal d’Eadweard Muybridge étaient le point de départ de Sol LeWitt pour appréhender le principe sériel au début des années soixante. Avec les premiers dessins muraux à partir de 1968 et l’exploration du dessin isométrique à partir de la fin des années soixante-dix, l’artiste développe une appréhension multidimentionnelle de l’espace, faite de passages discontinus entre plan et volume. Chaque entité formelle définit un espace de projection clos sur lui-même, qui existe dans l’environnement tout en lui résistant. Lucinda Childs, quant à elle, explore avec chaque chorégraphie un nouveau système notationnel, autrement dit un nouveau langage graphique pour situer le corps en mouvement dans l’espace et le temps. L’un et l’autre œuvrent ainsi dans une dialectique constante entre le systémique et l’individuel, entre les hypothèses potentiellement infinies du calcul et des intersections qui engendrent la forme, et l’irréductible singularité du corps dans l’acte de percevoir et de se mouvoir. Carré d’Art - Musée d’art contemporain. Nîmes (30). A different way to move. Minimalismes. New-York 1960-1980. 7 avril - 17 septembre 2017 Une exposition du 40e anniversaire du Centre Pompidou Artistes présentés : Vito Acconci, Carl Andre, John Baldessari, Robert Barry, Stanley Brouwn, Trisha Brown, Lucinda Childs, Dan Flavin, Simone Forti, Philip Glass, Eva Hesse, Joan Jonas, Donald Judd, Sol LeWitt, Alvin Lucier, Jackson Mac Low, Babette Mangolte, Gordon Matta Clark, Robert McElroy, Peter Moore, Robert Morris, Bruce Nauman, Charlemagne Palestine, Steve Paxton, Yvonne Rainer, Terry Riley, Richard Serra, La Monte Young
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Retrouver un enchantement par l'imperfection et le chaos ?
Dans un temps neuf où les nouveaux instruments sont souvent des contrôleurs faits de silicone, de circuits imprimés et de plastique, qui dictent aux ordinateurs quel son déclencher, dans cette époque où le musicien peut s'ouvrir aux notes comme aux sons sans grammaire solfégique, sans harmonies dictatoriales, sans contrepoints abscons, mais simplement avec l'intuition des premier joueurs de blues et la technique des autodidactes les plus acharnés, qu'entend-t-on une fois qu'on enlève la quantification, cette mise au pas des sons par le rythme mesuré ? La liberté promise par l'infini des possibilités qu'offrent les ordinateurs nous donne-t-elle vraiment à entendre des associations inouïes d'accords qui défient au plus profond nos croyances dans l'harmonie classique, nous fait-elle connaître des rythmes qui dépassent largement notre imagination cyclique ? La musique minimale des années soixante-dix nous a apporté beaucoup d'œuvres aux sonorités diverses. Avec cette musique, l'oreille occidentale se laisse bercer par une exécution la plus neutre possible, qui porte une écriture aux moyens réduits et une répétition quasi mécanique. Cette sorte de machine, un peu à la manière des vieilles transes tribales, si souvent faites de percussions, aux mélodies courtes et rythmiques, semblait retrouver un lien avec l'auditeur qui faisait mine d'être fatigué par tant d'années d'évolution musicale. Cette machine touchait tellement quelque chose du sentiment qu'on finit par la retrouver, à travers quelques-uns de ses grands noms, dans une grande partie des bandes-son pour le cinéma. Il y avait là une absence de narration, liée à l'évocation possible de tout un univers introspectif, qui donne facilement à l'image un champ qui n'est pas le sien. Miroir de l'image projetée, le sentiment se rétroprojetait au plus profond du spectateur par le transport de la musique. Le film « Félicité » semble jouer à contre-courant de toute cette évolution de fin d'époque que peut représenter le minimalisme, en plongeant dans la transe africaine et l'amateurisme orchestral. Si le chaos est cette part imprévisible, aussi petite soit-elle, cette impossibilité de prévoir l'occurrence d'un événement, que l'imperfection n'est pas simplement l'impossibilité de faire mieux, mais aussi la possibilité de faire autre chose, alors Alain Gomis a réuni ces deux éléments précieux dans la musique de son film avec l'intelligence des grands magiciens. Au cœur de la capitale de la République démocratique du Congo, on passe de la musique du Kasai Allstars, jouée chaque soir dans un bar de la ville, aux répétitions nocturnes de l'Orchestre symphonique de Kinshasa, orchestre amateur qui interprète des œuvres d'Arvo Pärt. Le Kasai Allstars, et ses instruments traditionnels amplifiés avec les moyens disponibles donnent des sons imprévisibles, des timbres qui gardent l'essence de l'instrument tout en le grandissant dans un spectre plus grand, plus volatile, chaotique. Les instrumentistes de l'orchestre, munis d'instruments aux factures très différentes, amateurs au jeu parfois imprécis, font naître un battement qui n'existe pas dans les enregistrements qu'on connaît du compositeur estonien, une écriture inexistante, une partition imprévisible. Le chaos de l'amplification et l'imprévu de la partition humaine se font face comme pour saluer le temps présent en ramenant à eux l'enchantement de la surprise musicale.
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silhouette dominique r ochet
B luebel l wood Veste Carré Carré av av ec grandes grandes poches cargo cargo sur jumpsuit jumpsuit en coton bio et éthique de chez Mango Commit Commit ted, beanie austral austral ien piqué sur la tête d'Angus d'Angus et chaussures chaussures vernies vernies noires noires à scratch scratch AMI
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la dramatique vie de marie r. marie reverdy Une chatte n'y retrouverait pas ses petits... Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite
Le printemps n'a pas été glorieux, il a même été carrément moche ! Mais il a fait germer en moi cette idée qu'il y a urgence à une moralisation de la vie esthétique, puisque si, comme l'affirmait Bernard Stiegler, « la politique est affaire d'esthétique et réciproquement » il suffirait, en toute logique, d'une bonne représentation pour sauver le monde. C'est peut-être ce que voulait dire Dostoïevski, lorsqu'il mettait cette phrase dans la bouche de son personnage l'Idiot : « c'est la beauté qui sauvera le monde ». Dessiner les contours d'un monde qui soit enfin désirable... Voilà un projet qui vaudrait le coup ! Mais comment représenter un monde désirable, vu son pauvre état actuel ? Autrement dit, comment trouver la force de rouler une pelle à quelqu'un qui ne s'est pas lavé les chicots depuis plus de trente ans ? Partir du réel ? Cela reviendrait à croire qu'on peut le percevoir, alors qu'on n'accède qu'à sa représentation comme dirait Nelson Goodman, dont le nom francisé, L'Homme Bon, me laisse rêveuse. Car peut-être serait-il judicieux, en effet, de ne pas partir d'un réel inatteignable, mais d'un réel bien plus concret, quoique moins matériel, celui de nos propres interprétations, avec la ferme conviction que le monde que nous façonnons n'est que le résultat d'une lecture de ce que nous croyons être le réel : quoi qu'on ait à décrire, nous dit L'Homme Bon, on est limité par les manières de décrire. Cette lecture pourrait bien être erronée mais qu'importe, pourvu qu'elle soit belle. Nos ancêtres les romains ne disaient-ils pas Ex falso sequitur quodlibet (du faux découle ce que l'on veut) ? Il ne s'agit pas pour autant de faire n'importe quoi, car n'oublions pas que ce principe fait partie des manuels de logique. Logique et liberté : ce serait une jolie définition du sens, à moins que ce ne soit le sens du sens. Ça ressemble beaucoup à l'idée que l'on tente d'exprimer lorsqu'on affirme que l'amour que les personnages de roman se portent entre eux est bien moins réel que l'amour que nous leur portons... Oui mais voilà, croire que le sens, ou l'art, « c'est subjectif et propre à chacun », que « les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas », ça ressemble plus à de la masturbation qu'à la supposée liberté créatrice. Il ne faudrait pas confondre le sens que je donne au monde et la représentation que je m'en fais, Gottlob Frege nous l'avait bien dit ! Tout a commencé par ce fameux Eurêka devenu légendaire : « Sinn und Bedeutung, es ist nicht das Gleiche !! », qu'on pourrait traduire par « Sens et Dénotation, c'est pas pareil !! ». La dénotation n'est autre que la réalité que l'on cherche à désigner lorsque l'on produit un énoncé, tandis que le sens serait le « mode de donation » de cette dénotation. Je peux voir le monde avec les yeux de l'expert ou ceux de l'artiste par exemple, et évoquer la lune (notre Bedeutung) comme « le nom donné au satellite de la planète Terre » (premier Sinn) ou « Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins, Qui d'une main distraite et légère caresse Avant de s'endormir le contour de ses seins » (autre Sinn
que l'on doit à Baudelaire) Gottlob Frege introduit cependant une troisième composante, celle de la représentation, qu'il pensera en regard du sens. La représentation se définit comme l'entité mentale et privée que l'expression peut évoquer à l'esprit sous forme d'image. Les représentations sont donc inévitablement subjectives. Mais le langage doit également être capable d'exprimer un contenu objectif – un sens – pour que la communication soit possible. Dans Recherches Logiques, Frege donne l'exemple du théorème de Pythagore ; il faut qu'un sens, « qui soit le même pour tous, soit lié à chacun des mots du théorème » sans quoi « il faudrait dire mon théorème de Pythagore ou ton théorème de Pythagore et non plus le théorème de Pythagore ». Ce qui vaut pour les maths vaut pour l'Art, et l'usage de la langue nous rappelle que nous ne disons jamais mon Voyage au bout de la nuit ou mon Golgota Picnic. Ce qui ne veut pas dire, bien entendu, que des personnes différentes ne puissent accorder des sens différents à une même dénotation (pour un tel le sens d'Aristote peut être « le maître d'Alexandre le Grand », pour un autre « l'auteur de La Poétique ») ni que ces sens ne soient dotés d'une valeur (Aristote étant un « excellent linguiste » autant qu'un « piètre biologiste »). Ainsi, partant du monde de nos représentations, il est possible de tirer un fil et d'en faire un vecteur qui n'élimine pas les autres puisque, comme le dit Umberto Eco dans l'œuvre ouverte, « l'œuvre d'art est un message fondamentalement ambigu, une pluralité de signifiés qui coexistent en un seul signifiant ». Notre Ex falso sequitur quodlibet est soumis, en Art, non plus à la simple logique implacable mais à la « saturation sémantique », c'est à dire à la richesse qui compose un monde. Ces sens doivent cohabiter sans s'annuler, se répondre sans se parasiter. Or, si l'ensemble de ces sens doit pouvoir être saisi par tous, il n'est pas possible que tous associent à une expression la même représentation. Là réside l'art du metteur en scène. La représentation, en tant qu'elle est entièrement privée, est entièrement libre. Même si cette liberté se limite parfois à un certain conformisme. Tandis que le sens, lui, doit garantir une certaine forme de « partageabilité » pour que l'œuvre soit inépuisablement riche. Et voilà donc le chieur dramaturge, interrogeant si ce n'est la logique, du moins la cohérence du propos. « Un flic du sens » disait Vitez, avant de rajouter que « Il n'y a pas davantage de dramaturgie dans la tête de Bernard Dhortes que dans celle de ma costumière. » Ne cherchons pas à voir dans cette phrase une ontologie du vêtement, affirmant une différence entre l'habit réel, qui ne fait pas le moine, et le costume à proprement parler, qui défait certains personnages politiques. Ne cherchons pas non plus à y lire un léger ton de mépris pour la classe ouvrière : « même une costumière est capable de dramaturgie ! c'est pour dire !! » Non, considérons plutôt qu'à trop vouloir relativiser le sens, on atomise la sensibilité.
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i’m back laurent goumarre
Il faut imaginer Koons heureux 2 jours à Palavas-les-Flots, une vingtaine de photos. 4 jours à Biarritz, rien. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Rien. 2 jours à Palavasles-Flots ça marche. La plage rive droite, mais dos à la mer face aux immeubles. Les transats parqués, le pittoresque de la mocheté, ça marche ! Trop peut-être. Il faut se méfier de ça, l'esthétique fleurs artificielles et rideau en plastique, la séduction du mobil-home pourri, les gamins obèses qui sifflent du coca à table, et la mère qui n'a pas fait ses racines, c'est facile, ça fait toujours son effet. C'est pareil pour le touriste avec banane faux Vuitton, lunettes de soleil Versace et vergetures, ça marche à tous les coups. La mocheté est photogénique, il suffit de regarder les photographies dégueulasses de Martin Parr pour comprendre. Alors je me dis qu'il faut être sacrement fort pour faire des photos à Biarritz. Je ne le suis pas. Palavas, je peux, Biarritz c'est impossible : la beauté des surfeurs, la mer qui entre dans la ville, les fils de famille qui jouent avec leur père qui ont gardé une ligne bordelaise, je ne sais pas faire. La « beauté » n'a pas besoin de moi, la mocheté est mon affaire, j'y trouve ma place. Mais je me méfie : je sais d'où je viens, de quel milieu, qui me fait adorer le bonheur middle-class de Jeff Koons, haïr le pittoresque de Martin Parr. D'un côté une œuvre qui « réfléchit » tout, des objets polis, lustrés, qui en foutent plein les yeux, qui ne se refusent rien, ne cherchent pas à magnifier la mocheté, ne cherchent pas à la racheter ! ce serait le pire ! mais qui prennent toute la place. De l'autre, des photographies au sentimentalisme cynique, qui travaillent SUR le mauvais goût. C'est le SUR qui pose problème, le surplomb du regard qui traque les « fautes de goût ». Koons ne traque rien, il n'y a pas de « faute » chez lui, c'est le Paradis qui ignore la faute, le paradis dans la baise avec la Cicciolina, car il n'y a rien dont on puisse avoir honte. Parr c'est la honte tout le temps et partout, l'enfer des autres. Sans moi. Alors voici ce que je me disais devant le stand de cartes postales de merde du bureau de tabac sur le quai de la rive droite à Palavas. Tu vois Laurent, Koons et Parr sont là en vacances avec toi. Que vont-ils faire devant tant de mocheté ? Et bien voilà : Koons va acheter une carte postale de flamands roses, ou même celle des trois filles à gros seins où il est marqué sur l'une : Palavas, sur l'autre Les, la troisième Flots. Il va l'acheter et il se promet de l'agrandir, d'en faire une toile immense pour que tout le monde la voit. Parr, lui, va dégainer son appareil photo et va shooter une touriste en train de regarder les cartes, pour que tout le monde LE voit. La morale ? Il faut imaginer Koons heureux. Laurent Goumarre est critique d’art, journaliste et producteur de l’émission Le nouveau rendez-vous sur France Inter du lundi au jeudi de 22h00 à minuit
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addenda languedoc montolieu - 11 La Coopérative - Collection Cérès Franco L’Internationale des Visionnaires 29 avril - 5 novembre 2017 Commissaire : Jean-Hubert Martin ventenac-en-minervois - 11 Images / Ventenac Absalon & Rivet Cie Absalon, Pascal Rivet 19 juillet - 17 septembre 2017 montpellier - 34 Carré Sainte-Anne Géométries Amoureuses Jean-Michel Othoniel 10 juin - 24 septembre 2017 Frac L-R Du double au singulier Arnaud Vasseux 28 avril - 9 septembre 2017 Suite de l’exposition à Lattara, Lattes Galerie Vasistas 37 avenue Bouisson Bertrand Julien Cassignol Sylvain Fraysse 1er juin - 13 juillet 2017 Iconoscope 25 rue du Courreau Florin Stefan 21 avril - 13 juillet 2017
montpellier - 34 La Panacée Expositions monographiques John Bock Wim Delvoye Exposition thématique Pré-capital. Formes populaires et rurales dans l’art contemporain Les 3 expositions jusqu'au 27 août
sète - 34
auch - 32
MIAM En toute modestie, l'Archipel Di Rosa jusqu’au 17 septembre 2017
Memento – Espace départemental d’art contemporain SUPRA REEL Hervé Coqueret, David Coste, collectif ALaPlage, collectif Df, Laurie Dall'Ava, Fred Eerdekens, Daniel Firman, Delphine Gigoux -Martin, Audrey Martin, Martin Monchicourt, Philippe Ramette 27 mai - 24 septembre 2017
cases de pène - 66 Château de Jau Hommage à Bernard Dufour 24 juin - 29 septembre 2017
nîmes - 30 Carré d’Art Musée d’art contemporain A different way to move Minimalismes, New-York 1960-1980 Commissaire : Marcella Lista 7 avril - 17 septembre 2017 sérignan - 34 MRAC Musée régional d'art contemporain Occitanie « Honey, I rearranged the collection ». Collection Lempert 1er juillet - 8 octobre 2017 Neil Beloufa 1er juillet - 8 octobre 2017
midi-pyrénées labège - 31 Maison Salvan « entre les gens » Gaël Bonnefon, Caroline Pandelé, Pascal Navarro 18 mai - 8 juillet 2017 toulouse - 31
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Les Abattoirs Suspended Animation Ed Atkins, Antoine Catala, Ian Cheng, Kate Cooper, Josh Kline, Helen Marten, Agnieszka Polska, Jon Rafman, Avery Singer 23 juin - 26 novembre 2017
CRAC Centre régional d'art contemporain Occitanie Géométries Amoureuses Jean-Michel Othoniel 10 juin - 24 septembre 2017
Lieu-Commun Meeting #3 Julien Alins, Annabelle Arlie, Vincent Betbeze, Laura Rives, le Tazasproject 17 juin - 13 juillet 2017
abonnement 3 numéros par an 10 € Envoyez votre chèque (à l’ordre de BMédiation) et vos coordonnées à BMédiation 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier le site de la revue
acturama - des articles inédits sur l’actualité addenda - une sélection d’expositions archives - toutes les chroniques publiées
nègrepelisse - 82 La Cuisine – Centre d’art et de design Mme Orain et la Mogette magique David Michael Clarke 3 juin - 17 septembre 2017
provence arles - 13 Fondation Luma La Grande Halle, Parc des Ateliers Programme d’Archives Vivantes & Annie Leibovitz Archive Project #1 The Early Years 27 mai - 24 septembre 2017 Fondation Vincent van Gogh Rebecca Warren / Alice Neel Van Gogh dans la Coll. Bührle jusqu’au 17 septembre 2017
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