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art contemporain - occitanie / pyrénées-méditerranée - mars avril mai 2018 - numéro 46


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abonnement 3 numéros par an 10 € Envoyez votre chèque (à l’ordre de BMédiation) et vos coordonnées à BMédiation 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier le site de la revue

acturama - des articles inédits sur l’actualité addenda - une sélection d’expositions archives - toutes les chroniques publiées


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La couverture puis le sommaire ou de Varanasi à Udaipur soit de l’Uttar Pradesh au Rajasthan par Karim Zeriahen. 2 salles, 2 ambiances, aime à dire Baba.

corinne rondeau - Tout ce que nous savons, c’est à dire tout ce que nous pouvons, a fini par s’opposer à ce que nous sommes ... l...ys - de Thomas Clerc ou de saint Thomas à saint Laurent l’âge du possible - Centre d’art de Nîmes marine semeria - Lauréate AIC - Ministère de la culture, Drac Occitanie sarah vialle - Lauréate AIC - Ministère de la culture, Drac Occitanie acturama - La Cuisine, Nègrepelisse (82) - Château d’Eau, Toulouse (31) - Maison Salvan, Labège (31) a-chroniques - Benoist Bouvot silhouette - Dominique Rochet la dramatique vie de marie r. - Marie Reverdy i’m back - Laurent Goumarre

offshore est édité par BMédiation 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier

Couverture : Photo de Karim Zeriahen © offshore 2018

directeur de publication : Emmanuel Berard rédacteur en chef : Jean-Paul Guarino

ont collaboré à ce numéro : Benoist Bouvot, Laurent Goumarre, Marie Reverdy, Dominique Rochet, Corinne Rondeau

site : offshore-revue.fr tél. : 04 67 52 47 37 courriel : offshore@wanadoo.fr ISSN 1639-6855 dépôt légal : à parution impression : JF Impression. 34075 Montpellier

crédits photos : Laurent Goumarre, Aurélien Mole, Dominique Rochet, Corinne Rondeau, Marine Semeria, Pierre Schwartz, Melchior Tersen, Sarah Vialle, Karim Zeriahen

vous pouvez recevoir chez vous les 3 prochains numéros d’offshore en envoyant vos coordonnées et un chèque de 10 € à BMédiation, 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier


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corinne rondeau tout ce que nous savons, c’est-à-dire tout ce que nous pouvons, a fini par s’opposer à


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ce que nous sommes

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* Paul Valéry. Le Bilan de l'intelligence, 1935 Corinne Rondeau est Maître de conférences Esthétique et Sciences de l’art à l’Université de Nîmes, critique d’art, collaboratrice à La Dispute sur France Culture.


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l...ys de thomas clerc ou de saint thomas à saint laurent

Tu aimes le porno, tu en consommes, mais ton art n'en porte pas la trace. Je prends tes déclarations au pied de la lettre, tes articles dans offshore, qui sont comme des aveux, des jaculations : « mon rapport strictement sexuel à l'art », écris-tu dans un des numéros, avec le flux verbal qui est le tien, l'excitation oralisée de la chronique. Donc l'art et le porno, si éloignés pour moi, si proches pour toi, mais ici que voit-on ? Certes des corps, comme cette vue sur des fesses naissantes mais encore protégées par le slip ; ou ces deux jeunes garçons qui marchent sur une plage, mais qui ne vont pas pieds nus ; ou ce modèle torse nu qui se penche pour remonter la jambe

gauche de son pantalon, et qui porte un tatouage : mais la jambe droite, elle, n'est pas relevée, et on ne voit pas complétement le tatouage. Les photos des corps sont donc souvent partielles, loin du nu intégral. Et puis il y a les fleurs, soit réelles, dans des vases, soit reproduites, en motifs de papiers peints. Motifs érotiques ? C'est ce que dit la tradition esthétique, mais les plantes n'ont pas besoin d'accouplement, et tes bouquets sont neutralisés ou composés. Ce sont peut-être des lys (je m'y connais mal en nature). Optons pour les lys : dans « lys » bien sûr on peut entendre « lisse » parce que tu as toujours aimé la surface, les images plates, la photo neutre, la transparence, la peinture all-over, tout ce qui ne montre rien que ce que ça montre, sans chercher l'énigmatique ni même le banal ni non plus le « ça a été » – tes photos ne sont ni des preuves ni des symboles. Elles sont, sans jamais signifier. Plutôt des indices.


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Vue de l’exposition « Saint Laurent » de Laurent Goumarre, Galerie Alain Gutharc (Paris). Photo Aurélien Mole

Dans les films pornos, on le sait, il y a les détails d'arrière-plan, que n'investit pas d'emblée le regard, mais qui viennent confirmer qu'on est bien en train de regarder ce qu'on est en train de regarder : un collier de strass sur un canapé blanc, un slip rose tombé sur un dallage de piscine, tous ces indices participant également à l'excitation du genre. Tes détails à toi sont d'un goût très différent mais à mon avis ils fonctionnent de la même manière, ils (te) tiennent lieu de motifs d'excitation : ce sont les éléments épars ou échoués du décor d'un film porno qui ne sera jamais tourné ailleurs que dans ta tête. Ton rapport à l'art est peut-être « strictement sexuel » mais ton art, lui, est différent. Attention, je vais citer Freud : « Les organes génitaux en eux-mêmes, dont la vue est toujours excitante, ne sont pourtant presque jamais considérés comme beaux. En revanche, un caractère de beauté s'attache, semble-t-il, à certains signes sexuels secondaires. » Voilà, la psychanalyse est très forte pour déceler le malaise dans la culture : j'ai le sentiment que toutes tes productions (photos, installations, sculptures, dessins, etc.) sont comme ces « signes sexuels secondaires » dont parle Freud et qu'ils tiennent lieu de ce que tu n'as pas besoin de montrer puisque, dis-tu, tu visionnes beaucoup de sexe animé. Le porno n'est donc pas le sujet de tes photos, il en est peut-être l'image cachée car tous les éléments que tu montres sont beaux de la beauté des « signes sexuels secondaires ». Tous ces ornements à valeur érotique dérivée (bijoux, tissus, floralies, etc.) qu'on remarque à peine dans les films parce qu'ils n'ont pas vraiment droit au regard, tu ne les mets pas au premier plan pour les réhabiliter, mais tu les laisses être, offerts, attirant le regard ou pas. Des fleurs et des corps, donc, parfois les deux, coincées sous les bras d'un homme dont on ne voit pas non plus le visage ; ou au contraire le visage d'un homme qui dort dans un canapé entouré d'un papier au croisillon obsédant. Tout ce que tu montres porte la trace d'un spectacle sexuel qui n'est pas convoqué, surtout pas « suggéré », mais effleuré. Mais ce n'est pas une question de vide ou de manque, c'est juste un ensemble d'images qui se contentent de montrer, et de former, par juxtapositions, une ambiance. Douce, neutre, presque lisse. Grosse différence avec le porno ou l'art d'exubérance : ce n'est pas du kitsch mais tout simplement du décoratif. On voit beaucoup de compositions fugaces, de petits montages personnels (par exemple : un


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Vue de l’exposition « Saint Laurent » de Laurent Goumarre, Galerie Alain Gutharc (Paris). Photo Aurélien Mole

ruban Prada attaché à la cheville d'une lampe de cuivre posée sur un parquet), des mises en scène minimales (un miroir/un carrelage, une plante verte dans un coin de pièce), des agencements d'espaces ou des postures de chambres, et même quelques extérieurs, bref un ensemble ornemental total – j'aime aussi quand tu utilises le feutre à paillettes pour souligner légèrement les contours de certaines photos, les rehausser à peine, ou décorer les noms des candidats (sauf un) sur les bulletins de vote des élections 2017. Dans « lys » il y a aussi « ysl », Yves Saint Laurent, dont tu m'expliques que la collection a été photographiée par Louise Lawler, d'abord à titre de documentation (pour les catalogues de ventes aux enchères) puis à titre d'œuvre en soi. Et là, tout à coup, je comprends : que tu aimes bien mettre en rapport (mais sans marquer ce rapport) des parties de choses et/ou de gens : un jeune homme de dos tient dans sa main une poire (blette) à côté d'une fleur et fait face au détail d'une peinture, on aperçoit sur le côté un morceau de lampe et une table basse : tous les éléments sont reliés les uns aux autres mais sans forcément dialoguer. De même qu'on peut mettre en rapport ce que tu fais avec d'autres. Il y a du Jim Hodges, du Louise Lawler et du Sarah Jones dans tes intérieurs (la série des canapés d'analystes). Mais tu me dis l'importance que Koons a eue pour toi. Or ce sont des photos très douces, légères, qui sont juste là, sans affect prenant. Leur accumulation les rend luxuriantes comme une plante carnivore (toujours la chair), mais il en émane, répétons-le, une évidente douceur, un jeu de réel, comme cette photo d'enfant qui joue aux échecs peut-être tout seul avec un nez de lapin comme on en trouve dans les magasins de farces et attrapes, et qui est toute douce parce qu'il est absorbé dans son jeu. Cette douceur des images est radicalement inverse au X dont elles sont le négatif, et inverse aussi, dirais-je, à ce que j'ai appelé plus haut l'excitation de tes chroniques. Tu es un excité. Moi aussi. On a donc besoin de douceur, de neutre. C'est peut-être ça que tu montres et qui est le plus étonnant. Thomas Clerc L’exposition « Saint Laurent » de Laurent Goumarre eut lieu à la galerie Alain Gutharc (Paris) du 27 janvier au 24 février 2018


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l’âge du possible centre d’art de nîmes

Melchior Tersen. Sans titre (série Into the Pandemonium), 2015

Notre enjeu premier est d’affirmer de nouvelles écritures photographiques, qui par leur mise en relation et le dialogue qui en découle nous mènent hors des sentiers battus. Au CACN – Centre d’art de Nîmes – le projet d’exposition, baptisé « Jeune », pensé par Pauline Hisbacq et Rebekka Deubner, présente huit photographes, posant un regard singulier sur la jeunesse, et en en interrogeant les contours, les images, la nature. Les questionnements et les témoignages présentés sont aussi variés que les formes photographiques qui les portent, ouvrant un large spectre sur les pratiques photographiques aujourd’hui tout en faisant preuve d’un vrai parti pris esthétique dans la sélection des travaux présentés. Les images, ainsi que les discours qu’elles tiennent, que ce soit par leur trame narrative, leur collection ou leur construction nous livrent des visions de la jeunesse, qu’elle soit vécue au quotidien, passée, restituée ou imaginée. Les approches varient, se focalisant tant sur des détails concrets, des émotions indicibles que des espaces traversés, explorant tous ces lieux possibles de la jeunesse. Celle-ci est tour à tour fragile, explosive, futile, incarnée ou symbolique, toujours expressive.

Nous voulons faire résonner chez le spectateur ce sentiment de jeunesse par des images qui parlent aux sens, aux souvenirs, r-éveillant des émotions, faisant naitre des interrogations qui restent en suspens. Nous souhaitons remettre en perspective la nature même de l’enjeu documentaire, et ce, dans une multitude de relations au réel. Revendiquant des approches sensibles, critiques et originales, nous flirtant avec l’imaginaire ou le symbolique. La jeunesse ici ne sera pas abordée comme un « sujet » à analyser distant et objectif. Nous voulons au contraire en donner des images qui « collent à la peau ». CACN – Centre d’art de Nîmes - Nîmes (30) Jeune, une proposition de Pauline Hisbacq & Rebekka Deubner. Œuvres de Nicolas Cabos, Joseph Charroy, Martine Dawson, Rebekka Deubner, Bérangère Fromont, Pauline Hisbacq, Melchior Tersen, Camille Vivier. 7 avril - 16 juin 2018


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marine semeria lauréate aic - aide individuelle à la création - ministère de la culture, drac occitanie

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l' ****** sans jamais oser le demander Marine Semeria est une spéculatrice. Mais au lieu d'actions et de titres, elle spécule sur des images, des idées et des affectivités. Puisant dans le monde qui l'entoure – le système économique et social complexe du début du XXIe siècle –, elle en retire une matière qu'elle détourne et parodie, pour mieux en comprendre les (dys)fonctionnements. Au même titre que les orientations sexuelles, les tendances politiques, les vilaines histoires de famille, etc., l'argent est un sujet que l'on préfère taire entre « bonnes gens ». Par pudeur, complexe, dégoût, ou ignorance ? Ce consentement tacite n'a pas échappé à Marine Semeria, ni le paradoxe d'une société française où l'argent est partout étalé dans ses grandes largeurs (1), et pourtant passé sous silence lorsque l'on en vient à évoquer des finances domestiques, certes beaucoup moins vertigineuses (2). Alors l'artiste met les pieds dans le plat et se plaît à ausculter la gêne que suscitent les questions telles que « Combien ça coûte ? », « Combien ça rapporte ? » et autres interrogations embarrassantes. Le point de vue qu'elle adopte se place néanmoins davantage du côté du débiteur intempestif que du banquier. Le sien, de banquier, lui a d'ailleurs poliment rétorqué qu'il devait « clôturer la relation client », à la suite d'un ingénieux tour de passe-passe de l'artiste qui s'est faite millionnaire le temps de quelques heures, en émettant un chèque d'un million d'euros à son propre ordre (Millionnaire, 2013). Après tout, n'est-ce pas ainsi que tourne le monde de la finance, par ordre dématérialisé donné à distance ? Mais n'est pas boursicoteur qui veut : on ne plaisante pas avec sa banque quand on est un petit épargnant, et l'économie réelle rappelle à l'ordre ceux qui voudraient changer de vitesse. La jeune artiste pratique avec ingéniosité la « naïveté désarmante », une feinte implacable qui retourne le coup, avec un air de ne pas y toucher. L'art de son presque « sport de combat » consiste à extraire le plus innocent des symptômes d'un mal et à le rendre séduisant... avant le retour de bâton. Ainsi des Architectures de billets (2014) – soient les dessins isolés des monuments et bâtiments remarquables qui figurent sur les billets de banque et exaltent les valeurs nationalistes – : par des raccourcis saisissant, leurs sous-titres associent une architecture à une valeur dérisoire (20 rupees, 25 piastres ou 50 roubles) et illustrent l'effort collectif auquel sont soumis les contribuables pour rembourser les dépenses somptuaires payées à crédit par les États. Puisque ce serait peine perdue que de chercher à dégager le sens d'un système économique et social absurde, Marine Semeria préfère surenchérir par l'absurdité. Le burlesque n'est jamais loin : la figure de style de « l'arroseur arrosé » lui fournit à loisir des occasions de se moquer de l'ordre établi, comme lorsqu'elle « fabrique » un faux billet de banque à partir d'un vrai qu'elle rapporte à la Banque de France (Specimen, 2013), ou qu'elle copie un tableau de faussaire (White collar, 2012). On songe aisément devant son œuvre aux positions et modes opératoires des Anonymous ou des lanceurs d'alerte. Comme eux, elle flirte avec les limites de la légalité : un peu de vol, de socles (Socles, 2013) ou de logos (3) (Série Rainbow, 2013 ; sans titre (TNT), 2014), pour plaire à Proudhon et à Robin des Bois ; une touche de fraude (Faux Solitaire, 2013) ; un goût appuyé pour la transparence et l'hyper visibilité, à l'instar de Made in Bangladesh (2014) – des étiquettes de vêtement recousus sur la poitrine – ou de 500 € (2012) - 50 000 pièces d'1 centime d'euro étalées sur le sol. Les jeux d'argent – bourse du pauvre qui toujours perd, c'est statistique, mais aussi puits sans fond à fantasmes – stimule également son inspiration. Mais pas de hasard dans sa production : l'idée est toujours soumise à une dissection en règle et formulée en termes plastiques soigneusement décidés, qui souvent redoublent l'intention. Laetitia Chauvin 1 – La dette publique de la France était de 2 023 700 000 000 euros fin 2014. 2 – Pour rappel, le montant du RSA de base en 2015 est de 514 euros mensuel. 3 – Celui de l'ONPI – Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle – compris, un comble !


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Baccarat (hommage à J.M. Keynes), 2017 Sublimation sur tissus, jetons, dés, techniques mixtes. 200 x 200 x 75 cm. Co-production DRAC Occitanie et IsdaT. Photo Pierre Schwartz

Made in Bangladesh, 2016. Installation de tee-shirts sur crémaillères et penderies. Ci-dessus : détail Production L'Adresse du Printemps de septembre


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Caméra cachée (chèque), 2012. Capture d’écran. video 3’ 32’’ et ci-dessus : Notice (millionnaire), 2016

Samsara, 2016. Jeu de société. En collaboration avec Naïs Calmettes & Rémi Dupeyrat et Liza Maignan


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sarah vialle lauréate aic - aide individuelle à la création - ministère de la culture, drac occitanie

Approche du mythe à l’état sauvage par Michaël Verger-Laurent Il y a plus d’un demi-siècle, Michelangelo Antonioni créait un moment de cinéma obsessionnel en faisant s’évaporer la belle Anna sur l’île désertique où elle s’était aventurée avec quelques amis. La scène était fondatrice non seulement de « L’Avventura » mais d’une esthétique et d’un temps de la disparition. En repartant sur les traces d’Anna aujourd’hui, Sarah Vialle n’espère pas résoudre le mystère : elle ne se livre pas à un travail d’enquête, plutôt d’archéologie. Les traces sont suffisamment anciennes pour sembler des hiéroglyphes, évoquer une altérité irréconciliable avec notre temps – et ce geste apparaît tout de suite également comme une manière d’interroger ce dernier, son évolution et sa propre étrangeté, une fois qu’on a pris la peine de le décentrer de sa perception immédiate. Qu’est-ce que veut dire traverser l’Italie aujourd’hui, suivre cette équipée, jusqu’au moment fatidique ? Que peut-on comprendre désormais des intentions du cinéaste et de l’époque qui a pu leur donner lieu ? Visiter l’île, surface déserte, livrée aux éléments, plutôt hostile, est un moyen de trouver de quoi s’ancrer dans cette démarche. L’île, elle, n’a pas changé. Et si elle change, ce sera le signe d’un temps qui dépasse et de loin celui de l’humain : mouvement tectonique, ou disparition sous les eaux, expression en tout cas, de la vie de la planète. En s’y rendant à nouveau, on peut identifier le fantôme d’une démarche antérieure, celle des premiers visiteurs : chercher la marge, l’extérieur de la communauté, du milieu fermé des hommes, chercher à briser le cercle des inter-relations – dont le poids semblait déjà écraser les personnages d’Antonioni. L’île, ce sont les naufrages, les robinsons, la piraterie, en un mot l’aventure, que le titre du film identifie. Le geste archéologique retrouve peut-être une intention, ou au moins une sensation ; pratiquer l’archéologie, ce peut être aussi une manière de se soigner dans le présent, de retrouver ce que le fait de soustraire des choses au monde peut représenter en termes de respiration. Redécouvrir le vide. Le rapport à une terre, à un milieu, plutôt qu’à un réseau escamoté d’un seul coup. Ce geste n’a après tout pas plus à être résolu que la disparition fondatrice : il lui suffit d’être entrepris. Dans l’un comme dans l’autre cas, la construction se fait à partir du silence original qui donne toute la place pour écouter un pouls insoupçonné, le pouls d’un autre monde, qui se glisse sous le quotidien, le trivial – dans un temps arraché à celui de l’humain. La parenté des démarches se fonde dans cette exploration, qui alors comme maintenant procède d’une recherche tâtonnante, plus émotionnelle que formelle.


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La tâche de l’artiste consiste à chercher et mettre au jour les résonances, les vestiges, la survivance du mystère aussi bien que les divergences frappantes qui viendront donner substance au temps, à ce que l’on peut capturer de ses restes comme de son écoulement depuis lors. C’est ce travail proprement en chantier – comme peut l’être un site de fouilles – que Sarah Vialle présente par le biais de vidéos comme de photographies mettant en lumière son parcours et ses recherches pour identifier ces traces sensibles. De la même manière elle ramène indices comme échantillons sous la forme du premier script du film écrit par Antonioni – lui-même une archive qui fut transformée complètement avant de devenir « L’Avventura ».


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La Direction régionale des affaires culturelles Occitanie (Drac) attribue une quinzaine d’aides individuelles à la création par an pour des projets prévus sur le territoire national dans les domaines peinture, estampe, sculpture, installation, photographie… Ces aides concernent la phase de conception du projet et non sa diffusion et permettent aux artistes de mener aussi bien une étude qu’une recherche artistique n’aboutissant pas nécessairement à la réalisation concrète d’une œuvre. Date limite d’envoi des dossiers pour 2018 : 31 mars.


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acturama la cuisine, nègrepelisse (82) - château d’eau, toulouse (31) - maison salvan, labège (31) Organiser sa propre chasse à l’homme, atteindre le pôle Nord ou encore relier Nantes à Metz en ligne droite armé d’une simple boussole… Laurent Tixador est un artiste de l’expérience ! Il envisage l’expédition comme un espace d’atelier. De la contrainte naît l’opportunité de création. Il se met dans des situations qui le poussent à éprouver autrement le monde qui l’entoure. Plongé dans cet état d’observation, il va prélever autour de lui les matériaux de ses constructions, souvent des déchets ou des matières polluantes, réfléchissant à l’impact écologique de son œuvre et sa place, ou non place, dans la société de consommation. Ainsi, de ses pérégrinations naissent des œuvres très diverses, allant des petites sculptures miniaturisant ses performances à de grandes installations éphémères. Pour lui, quel que soit le « milieu/atelier », il doit pouvoir partir de rien, créer des objets, bricoler sa propre électricité et repartir sans laisser une trace. Ci-contre : Croisière sur berge, 2016, Nuits blanches, Paris.

La Cuisine – Centre d’art et de design - Nègrepelisse (82) Laurent Tixador. 10 février - 20 mai 2018

S’inspirant très librement de la part de rêve et de mystère que les utopies scientifiques et technologiques font résonner dans l’imaginaire collectif, le travail de Vincent Fournier mélange vues documentaires de l’aventure spatiale et de la recherche en robotique sociale, avec des mises en scènes nourries par le cinéma et ses souvenirs d’enfance. L’exposition « Past forward » rassemble deux séries : « Space project » et « The Man Machine ». Pour « Space Project » il a photographié dans tous les lieux mythiques et emblématiques de l’exploration spatiale. Pour lui ils se font décors où Jacques Tati croiserait Jules Verne. Le projet « The Man Machine » pose, quant à lui, la question d’une évolution possible des créatures artificielles, robots et autres avatars, dans notre vie quotidienne. Ci-contre : General Boris V., Yuri Gagarin Cosmonaut Training Center (GCTC), Star City, Zvyozdny Gorodok, Russia, 2007 © Vincent Fournier

Château d’Eau - Toulouse (31) Vincent Fournier. Past forward. 17 janvier - 1er avril 2018

Avant tout, le travail de Flora Moscovici a à voir avec l’espace qui le reçoit. L’œuvre adviendra de données présentes, qu’elles soient architecturales, chromatiques, voire même historiques. En retour, l’espace lui-même va agir sur la peinture de l’artiste : la lumière changeante modifiant l’appréhension des couleurs et nous conviant à une temporalité ouverte et à un champ pictural dynamique évoluant au fil du jour. L’artiste travaille le plus souvent à la brosse large mais aussi au pistolet, usant de masquages partiels de l’espace en vue de produire des zones chromatiques. Le principe du ponçage aidant, la peinture se révèle alors diaphane et vaporeuse, métamorphosant les surfaces en composants environnementaux. Ci-contre : Viridité dans le gymnase, DOC de Paris, 2017. Photo Paul Nicoué

Maison Salvan - Labège (31) Flora Moscovici. 14 mars - 7 avril 2018


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a-chroniques benoist bouvot

Les étendues d'Ellen Arkbro En musique, on dit souvent que l'accord est vertical, un ensemble de notes simultanées ou arpégées, mais dans les deux cas on le reconnaît, majeur mineur ou suspendu, sonnant ou dissonant, un tout que l'on considère comme un ensemble qu'on peut isoler. La mélodie est perçue de manière horizontale, une suite de hauteurs, un temps déroulant ses évènements personnels : les notes. Celles-ci, les unes après les autres, avec une patience ou un empressement toujours différents, forment des phrases musicales telles qu'on peut parfois les siffler, les chantonner ou simplement les retenir. Ce rapport entre deux visions du temps musical donne très peu de renseignements sur la matérialité de la musique et pour échapper à la froideur théorique, on se prend à repenser à une pièce comme The Seasons de John Cage ou In C de Terry Riley, deux approches totalement différentes des normes habituelles de jeu, mais où les interventions sonores, qui restent tout de même des notes tempérées, n'allant pas jusqu'à des accordages spécifiques comme chez Marian Zazeela ou La Monte Young, des modulations sonores ou des bruits, nous permettent de confondre accord et mélodie. Cette confusion offre à l'écoute un espace sans bordure, un temps sans aiguilles. Ces œuvres qui sont aujourd'hui inspiratrices de tellement d'autres travaux nous permettent par des procédés d'interprétation simples – les deux premiers de tous étant l'écoute et de la décision qui sont les points communs de ces deux pièces – de perdre les rapports d'espace et de temporalité. Nous sortons des rapports d'abscisse et d'ordonnée, de synchronie et de diachronie, pour écouter les non-accords, nonmélodies que ces rencontres de notes nous offrent, à la manière des étendues quand on prend le temps d'observer les grands paysages ou de les imaginer. Ces grands paysages composent une harmonie qui ouvre la pensée de la simultanéité sur la perception d'un ensemble plus que d'un en même temps, et qui se dévoile en un plan de possibles où se rencontrent les diverses phrases de notes solitaires et les ensembles vertigineux d'occupation du spectre. L'écoute de For Organ and Brass d'Ellen Arkbro, étale un plan harmonique comme la découpe d'un monde tranchée dans la matière du réel. Un orgue du XVII e siècle et des cuivres (tuba microtonal, trombone, cor) qui jouent dans la micro-tonalité comme s'ils tiraient des lignes de fuite au delà des coups répétés et des basses bègues qui habitent si souvent notre quotidien. Une « montagne d'air », une respiration commune, et peut être un élan partagé, où l'orgue et les cuivres déshabillent ce moment mystérieux entre inspiration et expiration, et livrent les plus belles questions sans en poser aucune précisément. For Organ and Brass 1. Moutain of air 2. For Organ and Brass 3. Three


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si lhouet te dominique r ochet

Dog’n dandy Chemise à volants ancois Valet te à suivre volants et pantalon B eet lejuice de Pierre-Fr Pierre-Francois Valette suivre sur instagram instagram (pierref (pierrefrrancoisv)


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la dramatique vie de marie r. marie reverdy

Diderot et la farce Je m'en souviens comme si c'était la semaine dernière. Diderot s'est invité à ma table pour le réveillon de Noël… Et il m'a dit : tu sais Marie, ces âmes faibles sont incapables de supporter des secousses violentes, gardez-vous bien de leur présenter des images trop fortes. Montrez-leur, si vous voulez, Le fils tout dégouttant du meurtre de son père, Et sa tête à la main demandant son salaire ; mais n'allez pas au-delà. Si vous osiez leur dire avec Homère : « Où vas-tu, malheureux ? Tu ne sais donc pas que c'est à moi que le ciel envoie les enfants des pères infortunés ; tu ne recevras point les derniers embrassements de ta mère ; déjà je te vois étendu sur la terre, déjà je vois les oiseaux de proie, rassemblés autour de ton cadavre, t'arracher les yeux de la tête en battant les ailes de joie. » Je me suis dit : Et bien Denis, continue comme ça et je vais avoir du mal à la digérer ma dinde ! Marie Marie Marie, poursuivit-il en se servant une coupe de champagne, tout est dans le voir et le non voir, dans le dit et le non-dit rajouterait-on aujourd'hui… Le récit me transporte audelà de la scène, mon imagination les réalise… Car le poète a peint tant de choses, l'imagination les voit, mais l'art ne les imite point… Envoie-moi une cuisse ! Je la lui envoyai, et me perdis dans moultes méditations quant à l'art de la mise-en-scène… Mets-moi aussi de la farce s'il te plait ! rajouta-t-il, et nous nous mîmes à rire, nous rîmes longuement ensemble car le genre sérieux ne saurait supporter la farce. Non sérieusement Marie, reprit-il, j'ai tenté d'œuvrer pour l'art théâtral, j'ai interrogé la question du genre, non pas accolé à un registre, bêtement divisé entre le rire de la comédie et la terreur de la tragédie… J'ai pris les deux, et j'ai rajouté un peu de larmes, on ne se refait pas. J'ai réfléchi à la différence entre la pantomime (l'action silencieuse des comédiens) et le poème dramatique. J'ai substitué la situation au caractère également, remplacé l'un par l'autre pour définir le personnage. Et sans vouloir me vanter, je puis dire que je suis l'inventeur de l'art de la mise en scène. Mais je ne sais pas ce qu'il faut montrer et ce qu'il faut narrer, ce qu'il faut mettre en showing et ce qu'il faut mettre en telling, comme on dit dans votre siècle. Le genre sérieux, vois-tu, voudrait que l'on puisse composer une image de la réalité, non pas dans ses seules apparences, mais dans le dévoilement d'une certaine forme de vérité. Car je suis sûr d'une chose, les beautés ont dans les arts le même fondement que les vérités dans la philosophie. Qu'est-ce que la vérité ? la conformité de nos jugements avec les êtres. Qu'est-ce que la beauté d'imitation ? la conformité de l'image avec la chose !

C'est un peu court, Denis, si je puis me permettre, lui dis-je. Car comment veux-tu savoir à quoi ressemble la chose. N'as-tu point lu Nelson Goodman ? « Si je veux me renseigner sur le monde, vous pouvez proposer de me raconter comment il est selon un ou plusieurs cadres de référence ; mais si j'insiste pour que vous me racontiez comment est le monde indépendamment de tout cadre, que pourrez-vous dire alors ? Quoi qu'on ait à décrire, on est limité par les manières de décrire. » Peut-être faut-il alors considérer que l'on ne peut pas affirmer qu'il y ait conformité entre l'image et la chose, mais création de la chose, pourvu que cette création soit belle, et cohérente… à moins qu'il nous faille encore nous en remettre à Kant… Une conformité entre la chose et la perception que j'en ai… L'art consisterait alors en une rigueur d'observation, non pas de l'effet que le réel nous fait, mais de l'effet que l'on désirerait qu'il nous fasse si l'on veut espérer mener une vie vivable. Mais oui, me dit Denis, c'est tout à fait ça ! Et c'est là tout le paradoxe du comédien ! Il tient tout entier dans la question de l'interprétation ! Afin d'offrir une représentation qui soit « vraie », si tant est que l'on puisse user de ce terme, il faut accepter la condition de ne pas montrer les choses comme elles sont en nature. Contrairement à « l'homme sensible », l'artiste est celui qui convertit la nature en art par la poursuite d'un « modèle idéal », capable d'être vu sur une scène qui ne saurait s'apparenter au réel tel qu'il existe en dehors de l'œuvre ! Tout comme un bel auteur n'écrit jamais pour lui, dis-je par devers moi, un beau comédien ne joue jamais pour lui… et ce qu'il défie, ce n'est pas la nature mais la pluralité des discours qui nous empêche de voir quoi que ce soit… Un bel auteur ne dénonce pas, ne juge pas, il dévoile, montre… N'est-ce pas David ? Oh pardon, je voulais dire Denis. Il ouvrit un œil. Je crois que tu as bu trop de champagne, me répondit-il avant de s'endormir définitivement sur la chaise, rassasié, alors qu'il n'avait même pas eu le temps de toucher à la farce…


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i’m back laurent goumarre

Puisqu'il est admis que j'aime le porno, regardons par le petit trou de l'art : qu'achète Jacques Lacan quand il acquiert en 1955 pour un million cinq cent mille francs L'Origine du Monde de Gustave Courbet ? un tableau ? non un objet caché. Ça peut paraître obscur, la suite devrait nous éclairer. D'abord revenir à l'histoire de la toile : L'Origine du Monde a toujours été un tableau dispositif, un double-jeu avec autre chose. En 1866, son premier propriétaire, le diplomate et collectionneur Turc Khalil-Bey, le place derrière un rideau vert dans son cabinet de toilette. Vers 1912-1913, le peintre et collectionneur Hongrois François de Hatvany le retrouve galerie Bernheim-Jeune, à Paris, après avoir fait pivoter un autre tableau de Courbet, Le Château sous la neige. Aujourd'hui, c'est la vitre de protection du musée d'Orsay qui fait écran au scandale de Courbet. En 1955, Sylvia Bataille et Jacques Lacan réactivent le récit quand Sylvia commande à son beau-frère, le peintre André Masson, un leurre, un panneau en bois coulissant destiné à masquer la toile. Titre : " Terre érotique ", une reprise esquissée trait blanc sur terre chocolat du tronc et cuisses écartées de Courbet. Jacques Lacan installe cet Objet-tableau dans sa maison de Guitrancourt. Son Courbet est alors « coupé » du Monde – il ne figurera pas à l'exposition " Courbet dans les collections privées françaises " de 1966 – ; il faut attendre la mort de Lacan pour « libérer » la toile qui sort de la maison de campagne pour une exposition Courbet à Brooklyn en 1988, puis une exposition Masson à Ornans en 1992. En « coupant » ce tableau du reste du Monde, en le plaçant derrière le cache de Masson, Lacan agit en collectionneur certes, mais audelà il donne son « interprétation » de la toile : L'Origine du Monde est l'Objet « coupé »… coupé en deux – toile de Courbet/cache de Masson. Et cette coupure rejoue celle du sexe féminin séparé du visage. Le « pas assez » de la pornographie Que nous apprennent les regardeurs-propriétaires de Courbet ? Que pour qu'il y ait tableau – le tableau est ici une métaphore –, il faut qu'il ait autre chose qui diffère son apparition. Le secret de L'Origine du Monde est dans son statut d'Objet coupé, dans ce dispositif qui est une « réinterprétation » de ce qui ne peut être représenté : le trou féminin. C'est en cela que l'Objet-tableau fait pornographie. Il faut, pour bien Voir la pornographie, qu'il y ait écran. La pornographie n'est pas de l'ordre du monde en gros plan ; elle commence avec la sous-exposition – ici d'un cache – , avec

la coupure – ici du visage. La pornographie, ce n'est jamais trop, mais toujours pas assez. Et c'est parce que ce n'est « pas assez » qu'il faut qu'il y ait quelque chose d'autre qui vienne en plus : le cache, le geste… S'il y a pornographie de L'Origine du Monde, elle advient dans le statut d'Objet de cette toile, dans son fonctionnement « original » de caché-coupé. L'Origine… oui, mais Avant ? L'Origine du Monde n'est pas une machine célibataire, mais un tableau système qui, jusque dans les années 1970, exigeait d'être manipulé. Il y aurait une histoire de ces gestes à écrire, une histoire chorégraphique de L'Origine… en trois mouvements historiques – écarter un rideau fin XIXe, pivoter un tableau début XXe, coulisser un panneau milieu XXe –, plus un, qu'on jugera peut-être contemporain : regarder à travers une vitre. Trois gestes pour un système qui, chaque fois, fait de l'apparition de L'Origine… un événement. L'événement, ce n'est pas le tableau, c'est le dévoilement. Ce qui se dit là, c'est qu'un tableau n'est jamais seul, il est au moins deux. S'il y a toujours eu quelque chose devant L'Origine du Monde, c'est qu'il y a bien quelque chose avant l'origine. Le secret de l'origine est dans cette métaphore de « devant » en « avant ». Qui pourrait s'énoncer ainsi : qu'y a-t-il avant l'Origine ? Ce qui revient à penser : L'Origine n'est pas première.

Laurent Goumarre est critique d’art, journaliste et producteur de l’émission Le nouveau rendez-vous sur France Inter du lundi au jeudi de 22h00 à minuit


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MIKA PEREZ Comme dirait Almost 16 mars – 21 avril 2018

Galerie Vasistas 37 avenue bouisson bertrand – montpellier du mercredi au samedi 15h – 18h30


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