ARKUCHI #22 Rentrée 21

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sept. 2021

mensuel gratuit

#22

art culture architecture



N 22 .30 Jagalchi Market Busan, Corée du Sud 2019

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Reportage

Urba & jeu de piste

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Street Art by Graphull

Lartisupercho

c dans l'air • Le TNP a 101 ans : ça se fête ! • Les Invites à Villeurbanne Christophe Raynaud de Lage ©

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Festival

Tous à Ambronay

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Musiques

Retour dans la fosse, enfin Et d’autres que moi continueront peut-être mes songes - TNP

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Success Story

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Antoine Mutin

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Cétait Mieux Avant

Jean Vigo

FOKUS

Festival Karavel

Au-delà des frontières

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Popote(s) & Jugeote

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Trajectoires

portrait Mathieu Asselin : « des sujets qui font mal aux tripes »

arkuchi #22 sept. 2021

Mathieu Asselin ©

Gérard Lecointe

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Bêtes de Scènes

• En Aparté • Le plein de créations • Cirque à l’Ouest • Aurélie Pitrat, etc.

EDGEMONT CEMETERY WEST ANNISTON, ALABAMA 2012

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FORME & FONCTION Du vide, faire quelque chose Alexis Stremsdoerfer ©

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Micmacs de saisons

• Artistes associés et lieux : sur le même tempo • Du beau monde à l'Auditorium • Panorama Théâtre • Rentrée Danse • Photomatons

contact.arkuchi@orange.fr

Mensuel gratuit - Diffusion : plus de 400 lieux Lyon, Métropole & Rhône-Alpes Édité par ArKuchi, 18 rue de Belfort, Lyon 4 Direction de la publication - Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Relecture : Lucie Diondet, Sophie P. Ont participé à ce numéro Jérôme Bertin, Claudia Cardoso, Blandine Dauvilaire, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Trina Mounier, Enna Pator, Nikki Renard, Florence Roux, Gallia Valette-Pilenko Photo de couverture : Antoine Mutin Publicité : contact.arkuchi@orange.fr 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT

Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387

La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.

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Mémoire vive Par Trina Mounier

Non, décidément le Centenaire du TNP ne sera ni naphtaliné ni empesé, mais léger, festif et chargé d’émotions, de souvenirs merveilleux et d’espoirs pour demain.

Au

rayon d’une mémoire toujours vivace, citons l’évocation de celui à qui les plus anciens doivent leurs plus belles émotions esthétiques, Patrice Chéreau, par la voix de deux de ses collaborateurs d’alors, la comédienne Dominique Blanc et le chorégraphe Thierry Thieû Niang. Avec un coup de chapeau à l’artisan de la décentralisation, Roger Planchon… Deux grandes expositions complètent ce détour par l’histoire, la grande, celle du théâtre (Ce soir, Centenaire oui, tous les soirs) et 100 ans d’histoire en sons éclairés. du TNP Du côté de ceux qui continuent de nous émerveiller, 09 > 26 SEPT.I Georges Lavaudant qui nous a tant de fois éblouis... Mais aussi Joël Pommerat nous invitant à vivre en direct les tnp-villeurbanne.com plus belles pages de la Révolution de 1789 et les grands

débats qui ont permis la naissance de la démocratie moderne. Et Bellorini de mettre ses pas dans ceux de ses prédécesseurs d’une démarche si légère et décalée qu’on n’en finit pas d’en découvrir la modernité. Pour continuer du côté des spectacles, un feuilleton théâtral – dont on ne verra, hélas, que les deux premières séries – conduira le public, tel Le Joueur de flûte, dans les rues de Villeurbanne, à la poursuite des Trois Mousquetaires… Et Fahrenheit 451 rappellera que seuls les livres sont garants de notre liberté, utile par les temps qui courent ! Enfin, les jeunes comédiens de la Troupe Éphémère, née en Seine-Saint-Denis au Théâtre Jean Vilar, et dont la paternité revient à Bellorini, uniront leur passion et leur jeunesse pour prouver que l’ombre des grands hommes, loin de les entraver, donne des ailes pour construire le théâtre de demain. Ce sera Et d’autres que moi continueront peut-être mes songes…

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Rodolphe Haustraëte ©

c dans l’air

Fahrenheit 451


c dans l’air

Les s e t i Inv t n e agit e u r a l Par Florence Roux

Les Invites ne durent que quatre jours, mais voient grand pour leur 17e édition, exceptionnellement décalée de juin à septembre : 400 artistes de tous les horizons, 16 créations récentes sur 85 représentations, dont un tiers en coproduction avec les Ateliers Frappaz qui pilotent le festival avec la Ville, capitale française de la culture 2022. L’affiche convie du beau monde, depuis le café itinérant de Mister Tambourine Man, mis en scène par Karelle Prugnaud avec l’acteur Denis Lavant et le jongleur Nikolaus Holz, au spectacle participatif rythmé de N’Soleh, superstar ivoirienne du hip-hop et du coupé-décalé. Le rituel villeurbannais convoque aussi des dizaines de compagnies de rues, qui mêlent cirque (un must du festival), théâtre, musique, tels le collectif hautsavoyard Les 3 Points de suspension (Hiboux, création 2020, et Squash), les Villeurbannais AADN avec leur installation Le Phare, la trapéziste Chloé Moglia qui marie suspension et krump. Citons encore Jean-Baptiste André qui évoluera sur un énorme fragment de glace créé par le plasticien Vincent Lamouroux… Contraste avec les feux orchestrés par le collectif Carabosse. Puis il y a les concerts, quel luxe ! Là, encore, les Invites ne sont pas avares, entre les notes perchées du Quatuor Debussy sur un camion, l’élégance métissée de Natacha Atlas, l’afro-funk de Supergombo, le tropicalisme de João Selva ou la bossa nova tout-terrain Les Invites de Villeurbanne (hip-hop, trap, cumbia) de la blonde 15 > 18 SEPT. Flavia Coelho. On a également hâte de découvrir les sets de l’Ivoirienne Asna et invites.villeurbanne.fr de l’Éthiopienne Hibotep.

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success story

Festival Karavel

26 SEPT. > 23 OCT. 33 lieux Bron, Lyon, etc. Carte blanche au krump 12 OCT. Les Célestins, Lyon 2

Ici, nous nous réinventons

15 sept. > 23 OCT. La Ferme du Vinatier, Bron

hip hop Retrouvailles

Après la précédente édition passée (de justesse) entre les gouttes, le festival Karavel met les bouchées doubles pour ses quinze bougies. En ces temps très incertains, toutes les bonnes nouvelles sont bienvenues et la perspective d’un mois d’énergie hip-hop plutôt réjouissante ! nach

Par Gallia Valette-Pilenko

En

2021, Karavel ce sont 41 compagnies invitées, dont quatre premières de créations, et trois temps forts pour marquer ses quinze ans. Compagnies d’ici et d’ailleurs, plus ou moins connues, elles ont toutes souffert de la situation ; il est temps de renouer avec un public qui n’attend que ça. Ainsi le fidèle camarade Kader Attou présente sa dernière création, tout comme l’emblématique Marion Motin ou l’ancien danseur de Käfig, Hafid Sour (il reprend aussi sa première pièce, Costard). Le festival donne également sa chance à Lionel Djindot, plus connu sous le pseudo Johnson, avec Ni – "faire semblant" dans le langage des Bboys lyonnais –, premier opus pour cinq interprètes. Mais ce qui fait le plus kiffer dans cette mouture de Karavel ? Ses temps forts. À savoir le Défilé chorégraphique avec les musiciens de l’Orchestre national de Lyon (à l’Auditorium svp !), la soirée battle Can you

rock version XXL avec Street Off, et surtout la Carte blanche au krump. Cette danse singulière et bluffante est née dans les ghettos de Los Angeles dans les années 2000. Son acronyme kingdom radically uplifted mighty praise peut se traduire par "élévation du royaume par le puissant éloge". L’occasion de brosser le portrait de l’une de ses figures marquantes en France : Nach sera de la partie avec Grichka et la jeune Jekyde. Originaire de la banlieue parisienne, Nach découvre le krump par hasard à Lyon, alors qu’elle fait ses études et affûte ses premières armes sur le parvis de l’Opéra. Heddy Maalen la choisit pour son Éloge du Puissant Royaume (créé en 2013, vu à la Maison de la Danse en 2017), premier spectacle chorégraphique intégrant le krump, bien avant que Clément Cogitore ne le rende grand public avec son court-métrage Les Indes Galantes, réalisé pour la 3e Scène* de l’Opéra de Paris (2017). Depuis, la bouillonnante jeune femme, qui a couru les festivals cet été, a fait du chemin. Elle vient à Karavel avec son solo Cellule**, une première œuvre énergique et rageuse créée en 2018, et sa danse vive, déliée et sensuelle. Cette artiste-là, il va falloir la suivre avec attention : c’est une bombe !

* La 3e Scène est un espace digital de création, lancé en 2015 par l’Opéra national de Paris. ** Programmé, en 2019, dans le cadre du festival Sens Dessus Dessous. ArKuchi #22 sept. 2021

Julie Cherki ©

karavelkalypso.com @festivalkaravel



WEST ANNISTON, ALABAMA, 2012

Par anne huguet

D’aucuns ont découvert Mathieu Asselin aux Rencontres d’Arles, en 2017, avec une exposition à la scénographie soignée sur le géant Monsanto. Une enquête photographique très documentée, réaliste, glaçante, que Le photographe franco-vénézuélien expose en partie au Bleu du Ciel. L’occasion d’aller à la rencontre d’un citoyen engagé et d’un artiste à l’éthique irréprochable qui ne lâche rien.

Pourquoi Monsanto ? Mathieu Asselin Je voulais comprendre qui est Monsanto, ses dangers, le futur qu’il propose.[…] Mon travail ne va pas changer les choses. Mais il s’inscrit dans une démarche plus large, avec tous ceux qui se battent contre (ONG, scientifiques…). Je me suis basé sur des faits, en enquêtant et en me documentant. Le Bleu du Ciel J’ai évité les théories conspirationnistes, les questions Lyon 1 > 09 oct. floues comme les graines génétiquement modifiées. Par contre, oui, on sait que le RoundUp® ou les pesticides Café photographique avec Mathieu Asselin sont nocifs pour la santé. C’est la puissance de ce projet. 17 SEPT. Objectivement, après toutes ces années à enquêter, le futur que propose Monsanto est un désastre.

Trouver le sujet qui fait mal aux tripes

lebleuduciel.net

Qu’est-ce que la photo documentaire ? MA D’abord il faut trouver le sujet qui fait mal aux tripes. Monsanto®: À la fois qui me touche personnellement et qui a un une enquête photographique impact sur la société. Bel exemple avec Monsanto : on Actes Sud, 2017 est entouré de leurs produits et de leurs effets. Je ne

recherche jamais le scoop, mais un angle différent pour aborder le sujet. Je m’intéresse surtout à la source des problèmes, moins à leurs conséquences. Ensuite j’essaie de développer une narration en prise directe avec cette source, très ciblée. Avec des chiffres, une adresse, des lieux, un compte en banque… Il est important de dévoiler la face cachée de l’histoire, celle qui n’est pas encore racontée. C’est la même chose pour la question des migrations [ndlr, sans doute son prochain sujet]. On a tendance à toujours photographier le résultat, les camps, les drames, les noyés… Ça sonne cru. Il y a une certaine facilité esthétique à photographier cela. Bien sûr, c’est important pour comprendre ce que ces gens vivent. Par contre on ne voit jamais le Parlement européen, ni toutes ces compagnies en train de faire des profits sur la migration. […] Moi, j’ai envie qu’il y ait une deuxième lecture avec mes photos. Qu’on comprenne que le problème migratoire va au-delà des gens qui meurent sur les plages de la Méditerranée. Mais comment faire un travail sur la migration sans photographier les migrants ? Qu’est-ce qui génère ces problèmes ? Quelle est ma responsabilité en tant qu’Européen ? C’est tout cela le challenge d’un photographe documentaire. Et c’est très excitant en tant qu’artiste.

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Mathieu Asselin ©

portrait

INDIGNEZVOUS !



MICMACS DE SAISONs

ils aiguillonnent, ils inventent, ils dynamisent le territoire. Ils sont artistes associés, complices, compagnons ou membres d’un ensemble artistique. Ces dénominations recouvrent des projets et des réalités différents selon les lieux.

Par Trina Mounier

ASSOCIATION de BIENFAITEURS THÉÂTRES ET ARTISTES

C

eux qu’on nomme "artistes associés" occupent une place à part mais importante dans les structures. Ils représentent en général la jeune création et leurs propositions peuvent surprendre par leur audace ou leur singularité. Ils restent le temps d’une résidence à durée variable, le temps de conquérir leur public. Ils apportent un nouvel élan et un regard neuf, dont les institutions ont besoin. De leur côté celles-ci leur apportent de l’aide.

Singularité et diversité Ainsi, Dominique Hervieu, qui dirige la Maison de la Danse, refuse l’idée d’un cadre formel : « Selon les parcours, la nature du travail, le besoin n’est pas le même. Nous croyons à la qualité et la singularité d’une œuvre. C’est aussi pourquoi je ne m’engage jamais sur le long terme, mais sur une année renouvelable éventuellement. Cet écosystème cousu main que nous mettons en place repose sur une écoute fine, une compréhension infinie. Plus l’artiste est jeune, plus il en a besoin. Ceci dit, nous avons aussi des artistes véritablement associés au projet. Nous leur demandons une contribution en matière d’animation du territoire. J’attends beaucoup de leur créativité. » À la Comédie de Valence, Marc Lainé, entouré de son ensemble artistique,

développe un autre point de vue. « Ils forment une équipe pluridisciplinaire et sont multi-casquettes : ainsi Stephan Zimmerli est architecte, scénographe et musicien ; Bertrand Belin est chanteur, acteur et écrivain. L’objectif est de créer des formes inédites, de susciter la curiosité pour atteindre d’autres publics. Ils sont à la Comédie pour quatre ans, renouvelables une fois. » On retrouve la même envie de diversité chez Jean Bellorini au TNP qui s’entoure d’André Markowicz, auteur et traducteur, de la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton ou du dessinateur Serge Bloch. « J’aime leur folie, leur impertinence, leur liberté, mais aussi la parfaite maîtrise de leur art. » D’autres ont des manières de faire plus inédites. Par exemple, Vincent Roche Lecca, qui vient d’être reconduit à la tête du Théâtre de Bourg-en Bresse : « Je délimite neuf périodes de quatre mois. Chacune porte sur une thématique de société et propose des expertises différentes. Les artistes choisissent en fonction du thème qui les intéresse, parfois plusieurs, ils travaillent sur des temps courts avec l’objectif de s’implanter sur le territoire. Le meilleur exemple ? La Compagnie Arnica : elle a une dimension nationale, était là avant moi et sera là après. Faire venir des artistes de l’autre bout de la France, ça coûte trop cher ! » Aller chercher les publics Animer le territoire est un objectif de Mathilde Favier à La Mouche : « C’est sur la capacité des artistes à entrer en contact avec le public, sur l’opportunité que représente leur projet artistique pour le territoire que nous les choisissons. »

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MICMACS DE SAISONs

Sylvie Mongin-Algan rappelle, quant à elle, que Les-Trois-Huit ont toujours travaillé avec des compagnies associées, que certaines, comme Fantomas ou XY, sont devenues autonomes, que les liens avec On-Off sont pérennes, mais que l’accompagnement, réel, s’interdit toute tutelle. « Nous cherchons à trouver quel sens cela a avec notre projet artistique. Nous aimons travailler avec des collectifs. Il faut aussi savoir si nous allons pouvoir vivre ensemble dans ce petit théâtre… Notre apport ne se limite pas à une somme d’argent et des temps de résidence, nous proposons un accompagnement administratif pour qu’ils puissent avancer plus vite. Pour eux, c’est précieux. » Le point de vue de Stéphane Malfettes aux

SUBS est davantage celui du producteur. Il trouve d’ailleurs que les grosses institutions affichent trop d’artistes associés, « ce qui n’a pas grand sens ». Il se situe du côté de la prise de risque, ce qui suppose « d’aller

une chose belle et constructive, qui ouvre la boîte à idées Johanny Bert

chercher des moyens qu’on n’a pas ». Et donc de trouver des partenaires. Pour organiser des tournées et des déclinaisons,

« faut que ça rayonne », comme pour la circassienne Inbal ben Haïm. Donnons pour finir la parole aux artistes. Pour Mathurin Bolze, « avoir son nom sur une plaquette, juste dans une relation marchande, cela n’a pas d’intérêt. J’ai vécu des associations qui questionnent le projet du lieu comme de la compagnie. Cela fait évoluer l’artiste et la structure, enrichit les deux parties. J’ai connu cela avec Richard Brunel à la Comédie, ou au Manège de Reims. » De son côté, Johanny Bert parle de son association avec le Bateau Feu (Dunkerque) comme d’une « chose belle et constructive, qui ouvre la boîte à idées, rend possible la pensée active. Ce qui m’intéresse, c’est la création et la relation avec le public. Cela crée une émulation positive. »


D.R ©

Baby Doll

MICMACS DE SAISONs

Nouveau chef, nouvelle identité visuelle, programmation gargantuesque : la saison de l’Auditorium Orchestre national de Lyon (AO) donne faim de musique. Aline Sam-Giao, sa directrice, nous aide à choisir.

Nouveau monde

30 sept. > 02 oct.

Keren Ann & Yael Naim

22 nov.

Requiem de Mozart

06 déc.

Auditorium de Lyon

auditorium-lyon.com

Ça pulse l’AO ! Par Blandine Dauvilaire

Cette saison promet une orgie de musique. Quel concert conseillez-vous pour tomber sous le charme du nouveau chef Nikolaj Szeps-Znaider ? Aline Sam-Giao La Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák, œuvre puissante et populaire, reflète bien l’identité de ce chef très charismatique, originaire d’Europe centrale, qui crée une complicité immédiate avec le public. Quel est l’artiste à ne rater sous aucun prétexte ? AS-G Benjamin Biolay, l’enfant du pays, revient à Lyon pour faire orchestrer sa musique par l’Orchestre national de Lyon. C’est un concert que l’on ne verra pas ailleurs. L’œuvre à redécouvrir sous la baguette d’un artiste exceptionnel ? AS-G Le Requiem de Mozart par Jordi Savall. Cet homme formidable vient avec son orchestre interpréter une œuvre éminemment classique mais tellement pleine d’émotion. La programmation fait la part belle aux musiques actuelles, quel artiste va nous faire voyager ? AS-G Damon Albarn (Blur, Gorillaz, The Good, The Bad & The Queen) s’est enfermé dans son Islande de cœur pour observer le paysage au fil des saisons. La musique qu’il a créée est le fruit de

son immersion. Il devrait y avoir quelque chose d’assez intime dans la façon d’échanger avec le public autour de cette œuvre. Pour ce concert inédit, il sera accompagné d’un ensemble instrumental. De grandes voix féminines seront présentes à Lyon… AS-G Ce sont toutes des femmes inspirantes par leurs personnalités artistiques et leurs engagements. Keren Ann et Yael Naim interviendront chacune avec le Quatuor Debussy lors du même concert et ce sera unique. Quant à Imany, elle reprendra des tubes pop, folk et blues, accompagnée de huit violoncelles. Le spectacle qui va marquer les esprits ? AS-G Baby Doll de Marie-Eve Signeyrole raconte l’histoire d’une femme migrante qui rejoint l’Europe. On part de la Symphonie n°7 de Beethoven qui est un peu déconstruite, le clarinettiste klezmer Yom intervient entre les pièces symphoniques, il y a de la vidéo et une performeuse. C’est un récit universel poignant, assez brutal et très beau, avec un matériau du XIXe siècle. Nous voulons montrer que la musique classique n’est pas hors sol, ni codifiée dans un genre bourgeois. Elle parle à tout le monde et pour y arriver, elle emprunte des formes différentes comme celle-ci, qui permet avec un coup de poing de faire pénétrer la musique profondément dans les entrailles des gens.

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MICMACS DE SAISONs

Moisson de saisons Le pass sanitaire projette une lumière singulière, une ombre incertaine, sur la rentrée théâtrale. Il n’empêche, Les compagnies ont répété d’arrache-pied et les lieux proposent de prolifiques programmations... Une saison pour rattraper le temps perdu ?

Par Florence Roux

Compagnie TG STAN

A

près une réouverture timide en juin, les théâtres annoncent un redémarrage fiévreux cet automne. Certains, comme le Théâtre de Bourg-en-Bresse ou L’Espace des Arts à Chalon conservent des réservations en demi-saison, quand la plupart s’aventurent en saison pleine. Mais, au semestre ou à l'année, les spectacles sont pléthore et les choix cornéliens, entre des propositions tout-terrain, avec une tendance à mêler toujours plus les arts et les genres. La Comédie de Valence inaugure justement cette rentrée ses premiers O.V.N.I.S (objets valentinois non identifiés) tel Sous nos yeux, première création de son directeur Marc Lainé, une œuvre qui conjugue une nouvelle fantastique et les dessins de Stephan Zimmerli pour un parcours dans la ville. Après cette saison volée, il y aura deux autres chances de découvrir l’univers du metteur en scène, qui croise théâtre, cinéma, musique et arts plastiques : Nosztalgia Express et Nos paysages mineurs. L’hybridation souffle partout, entre autres aux Clochards Célestes avec la Légère Brise Petite Brise Jolie Brise Bonne Brise de la compagnie Korpüscül, une symphonie théâtrale et musicale autour « de nos états de tempête ». Elle passe par le Polaris, à

Corbas (qui fête ses vingt ans avec Pockemon Crew, 24/9), où la compagnie associée, La Grenade, combine textes d’époque, musiques et danses pour ressusciter une noce sous la Commune dans Le bal des disparu.e.s. Hybride encore au Théâtre Nouvelle Génération, qu’il s’agisse de la dernière création intensément visuelle de la compagnie Haut et Court, En marge, du festival des arts immersifs Micro Mondes (novembre à janvier) ou de Terairofeu, où Marguerite Bordat et Pierre Meunier usent de mille accessoires pour réinventer les éléments (création à la Comédie de Saint-Étienne). Saveurs d’ailleurs Le souffle vient aussi de plus loin. Et, comme en écho au Festival Sens Interdits, les salles de la région s’ouvrent au monde. L’Espace des Arts organise ainsi en octobre un focus sur la jeune création européenne avec quatre pièces créées dans plusieurs langues, par des équipes plurinationales, sur des thématiques d’actualité. Au Théâtre Jean Marais, l'émouvante pièce d’Antonella Amirante, 10 kg, porte le témoignage d’une mère dont la fille s’est convertie à un islam radical et est allée vivre en Angleterre avec son mari.  L’hiver sera un peu belge, aussi. Après un Poquelin 2 de compétition à Fourvière (qui tricotait L’Avare et Le Bourgeois gentilhomme), les tg STAN reviennent à La Mouche, à Saint-Genis-Laval,

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Johan Jacobs ©

MICMACS DE SAISONs

EN MARGE

01 > 09 oct. TNG Vaise, Lyon 9

LÉGÈRE BRISE PETITE BRISE JOLIE BRISE BONNE BRISE

08 > 19 OCT. Théâtre des Clochards Célestes, Lyon 1

7 SŒURS EN TURAKIE

09 & 10 sept. Théâtre de Bourg-en-Bresse (01)

avec Quoi/Maintenant et leur nouvelle création du Danois Jon Fosse, Rambuku. Le Théâtre de Vénissieux s’offre Sabordage où les Liégeois du Collectif Mensuel exécutent en version rock l'apocalypse d’un îlot océanien (également à Bron). Tout aussi caliente, le NTH8 à Lyon poursuit sa quête sud-américaine et foisonnante avec Pulpo (novembre/ décembre) qui enchaîne des spectacles venus du Mexique ou du Brésil, d’Argentine ou de Cuba. Avant Straight, mis en scène par Sylvie Mongin-Algan : la pièce, initialement créée au Mexique en 2018, d’après un texte de Guillaume Poix, dénonce les féminicides en Afrique du Sud. Enfin, puisque ce voyage de saison reste à écrire, place à ces rencontres qui charment, telle la pièce Bingöl d’Alizée Bingöllü, délicat road trip en Turquie, à celles qui saisissent, comme Sarrazine où Nelly Pulicani fait revivre la brûlante Albertine Sarrazin (Clochards Célestes) ou à celles qui promettent, ainsi des 7 Sœurs en Turakie, au Théâtre de Bourg-en-Bresse ou au TNP… Quelque part entre Les Sept Samouraïs et Les Trois Sœurs : le Turak is back !

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UNE SAISON DE

MICMACS DE SAISONs

I O F LE Vincent Laisney ©

Par Gallia Valette-Pilenko

Oüm

30 sept. La Mouche, Saint-Genis-Laval

Queen Blood

01 oct. Théâtre de Vénissieux 02 oct. Le Vellein, Villefontaine (38) 19 nov. Théâtre de Villefranche

A quiet evening of dance

23 & 24 nov. Maison de la Danse

Nebula

30 nov. > 04 déc. Les Subs, Lyon 1

festival TransDanses

16 > 26 NOV. Espace des Arts, Chalon (71)

Nebula

V

La nouvelle saison chorégraphique régionale s’annonce foisonnante ! On pourrait même dire que cela va (sans doute) frôler l’embouteillage…

oici une petite sélection foncièrement subjective, qui met l’accent sur quelques figures marquantes à suivre dès la rentrée. À commencer par Fouad Boussouf, tout récemment nommé à la direction du CCN du Havre, qui joue les prolongations de la Biennale de la danse avec Oüm, dernier volet de sa trilogie consacrée au monde arabe et vibrant hommage à la diva égyptienne Oum Kalthoum. On pourra enchaîner dans un tout autre genre avec la nouvelle création, très excitante, de Vania Vaneau, la chorégraphe qui monte, qui monte… L’ancienne interprète de Maguy Marin développe une recherche singulière autour de la nature et de la matière, du costume et des accessoires. Après Blanc, premier solo remarqué, puis Ornement et Ora, il est question « de révéler l’état originel des éléments, de créer des rituels de guérison, de fertiliser l’espace et d’explorer les notions de catharsis et d’extase » dans Nebula, pièce écrite en deux volets, une version dans la nature et

une autre pour la boîte noire. À découvrir aux SUBS. Pour la première fois, les interprètes de William Forsythe viennent fouler les planches de la Maison de la Danse avec A quiet evening of dance, condensé de l’œuvre du plus européen des chorégraphes américains qui ressemble à une leçon de danse. Aux antipodes, à Chalon, le festival TransDanses (ex-festival Instances) propose un joyeux melting-pot d’esthétiques. De Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou au Collectif (La) Horde, il y a un grand écart que le public curieux n’aura pas de mal à franchir. Le festival fait aussi découvrir le travail de Omar Rajeh, chorégraphe libanais très important dans son pays, récemment installé à Lyon, ou donne à revoir l’excellente dernière pièce de Ousmane Sy, Queen Blood. On termine cette sélection par la reprise de deux chefs-d’œuvre de l’incontournable Maguy Marin : Umwelt, dix-sept ans après sa création, et May B, pièce-culte qui affiche au compteur plus de 800 représentations, un record dans l’histoire de la danse contemporaine. Cette œuvre inspirée de l’univers de l’écrivain Samuel Beckett n’a pas pris une ride et garde toute sa pertinence quarante ans après sa création !

ArKuchi #22 sept. 2021



MICMACS DE SAISONs

La rêveuse

pha et Pig Boy On dit que Jose vu a on , et on lin e Soub mpagnie Arnica De Gwendolin Terrier par la Co t, ène sc no ge en s an ur M r te montés pa Bert. Les met ée de Johanny és dans op cr ép an e nt Un so t es tô xt verra bien discrète. Ses te , une en cette autrice onde, un temps connaissent bi « J'habite un m : e  ur to société. en la à us es no i lié qu ns tio le monde r des interroga en rêverie et is traversée pa rtir en enquête, époque – je su pa de nt te et rm pe ite extraire e su m en ns i ra tio Ces ques n dont je pour tio ta en m cu re que je do la aptée à l'histoi de rassembler e dramatique ad rm théâtre : fo e du un is cr et n j'é une fictio ateau quand pl au s pa ienne. e ns Je ne pe passé de coméd veux raconter. ire. Mais j'ai un ra ateau té pl lit d le s or ai ab d' es n'oublient jam mon geste est xt te es m T.M. e » qu ".  mpte pour être "dits Je me rends co orporels", faits "c nt so ils où e dans la mesur

/T(e)r:::r/ie:::r

18 SEPT. TNG Vaise, Lyon 9 Une épopée

11 > 12 JUIN 22 se, Théâtre de la Croix-Rous Lyon 4 Bleu Vert Territoire

photoMATONS

22 > 26 JUIN 22 Théâtre des Clochards Célestes, Lyon 1

de Lage © M. Drouot - C. Reynaud

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- M. Cavalca

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Par Trina Mounier, Florence Roux

Hors normes

L surdou e é

En qu e deux s lques anné es et pectac les, Ét Gaudil ienne lère a sur lu su attir i les p er roject faut d eurs. Il ire qu e son avec P entrée ale B histoir lue Dot, un e e de W était c ikilea u bout d lottée et fu ks t, au u com pte, ré Cette ussie. tambo enquête me ur b née humo attant, et av un vra ur, prouvait ec i style déjà que C trente annes -neuf vingt/quat dix reElle et allait confir mer. Lui, plu s mo en tail le, dév deste autre oile facett e, intim une iste et joyeu se. T.M . M. Bonice

Conve rsatio n privé e CT. Pale B lue Do t, une histoir ed 02 > 04 DÉ e Wikileaks C. Grand repor tERRE 20 > 2

19 > 22 O

3 JA Théâtre d N. 22 u Point d u Jour, Lyon 5 Elle & Lui

l © - F. Levi

27 sept. > Théâtre d 01 oct. e Mâcon (71) C

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Salério est un Jean-Philippe vu sa as ble. On l’a comédien incl t an ud va direction de La ez jouer sous la ch , tin ar M ît no comme de Be passant audillère, en G ou e in sk Ra Pastor es ill G gin, par Sylvie Mon r scène, Su d. on m Ra ou Nicolas et présence forte il impose une s. Son pa ie bl ou n’ décalée qu’on loration uvent une co jeu donne so , à ses es rm no rs étrange, ho grand un Il offre personnages. isson po en e ad ol moment de rig era ch ar m ns Ça hameçonné da ble pa ca t es il e mm jamais tout co un e nc ce indé d’incarner sans sur te at Ch La e dans homme à terr n est t. Ce comédie un toit brûlan T.M. . ut to de capable

annes histoir 39/90, une e du Fe stival 05 OCT.

Théâtre d

e Mâcon

(71) ArKuchi #22 sept. 2021

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MICMACS DE SAISONs

L’art de l’alliance

e, ine algérienn Français d’orig st s’e af fs Se Abdelwaheb Saintde ie éd m formé à la Co ec t de chanter av étienne, avan is pu , al nt rie zo son groupe De ur po tre au théâ de retourner et jourd’hui, jeu au r, ue ug nj co ésente pr is no ha ép chant. Le St es. Si sur ses origin un diptyque sa mère e nt co ra he loin si proc e de retour au et une tentativ yeux fiasco ». jo «  e pays en mod r rirt revient su Ulysse de Taou ance, Fr en re pè n l’arrivée de so i l’impression en 1948. « J’a hizophrénie sc a m d’avoir résolu i qui », sourit celu personnelle !  me iè is tro un ns se projette da R. F. e. tri opus, sur sa fra

rirt Ulysse de Taou

19 OCT. Train-Théâtre, ) Portes-lès-Valence (26 V. NO 09 La Mouche, Saint-Genis-Laval 11 DéC. ne (38) Le Vellein, Villefontai Si loin si proche

14 JAN. 22 Maison du Peuple, Pierre-Bénite 21 JAN. 22 Théâtre de Givors 04 mar. 22 Théâtre de Villefranche net

cienomadeinfrance. 2 © - H. Djellalil © B. Amsellem - Ra

Je suis venu.e pour rien

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16 > 26 NOV. Comédie de Saint-étienne (42) 02 FéV. 22 Théâtre de Villefranche

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éâtre. au jeu et au th mon rapport rit anne ur aï no M i e qu nc la part du scroll ? », un point de dé e, avec uie à l’heure ric ut nn « L’ennui est -a s’e co i on ss d e. Elle est au e ça fait quan t, de et comédienn Qu’est-ce qu ite, justemen use en scène te et ur rien, qui tra m , po s* .e avec hè nu ue ve Bart og is al su di Je en e s, , de la pièc contemporain sur es e xt xt te te s les comédiens le i dans Prouve-le, un une grande fo ’1 2020 avec sans st i, le qu Cé s ix l’ennui. « J’ai ité Pr ar ul rte des sing t la lauréate du collectif appo le plateau, di côtés. » F.R. ais écrire en M e. rise des pas de m to is au ot pl e, gi ur at le com Villefranche et Roanne de am tres dr théâ ienne et des orme travail de Comédie de Saint-ét én la de un ciée er asso ch est * Elle empê

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11 fév. 22 Saint-Fons Théâtre Jean Marais, Peer Gynt

04 > 13 juin 22 1 Opéra de Lyon, Lyon La Chatte sur

t un toit brûlan

09 > 19 juin 22 Célestes, Lyon 1 Théâtre des Clochards

Mine d taille e rien, Fra u n de tro n costum çois Hien e de upe, fait s g il cré o équip e à to ros travail n chemin e s u leur. , r m cette de br a is Aute et se à as sa b princ ison. Ce q as bruit. O , aime tra ur, chef ipe q va u’on n le v u r crisp erra b iller en ation i tend à d etient de eauc s s é am cor soc oup dans ses s iales. Les tiquer, à d éthode ? p p C ésam chaq ectac r o b l ém ue orcer e le les origin fois diffé s, éminem atiques abord r al, m é ais ja entes et t ment thé un ch âtralis es raitée mais a c polém un et s sou ées, et l’O s un ne dé ique, p an ço c politiq éra, le vo ilà qu ivent pas oncernen gle ues, v t tout . i Aprè abord oire é s l’His e des réser cologiqu toire ques e ve en core s… Franço tions plu bien s is Hie des s urpris n nous es ! T .M

Un étranger

24 NOV. Théâtre de Villefranche Prouve-le

25 > 27 JAN. 22 Théâtre de La Renaissance, Oullins spellmistakes.com

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30 SEPT . > 11 OC

T. Mort d’u 18 > 22 ne montag J ne Théâtre AN. 2022 du Poin t d u Jour, Ly La Peu on 5 r 07 NOV. > 05 De C . Les Céle sti 06 jan. ns, Lyon 2 22 La Mouc h 25 MAR e, Saint-Genis. 22 Laval Théâtre Jean Ma ra is Olivie , Saint-F r ons doit- Masson il mou r ir ? 08 avr. C.C. de L 22 a Ricam arie (42 L’affa ) ire Co rrera 06 > 15 avr. 22 TNP, Ville urbanne francois h

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ArKuchi #22 sept. 2021


fokus

antoine mutin

L’ŒIL

GRAND OUVERT

Par Emmanuelle Babe

Cambodge 2019

photos antoine mutin

Trois moines dominant une plaine cambodgienne, une scène de rue la nuit en Corée du Sud, une femme au travail dans un champ au Vietnam. Mais aussi un rayon de soleil attrapé dans une vallée des Arcets ou encore ce déluge d’étoiles dans le ciel du Parmelan. Antoine Mutin ne s’interdit rien lorsqu’il s’agit « d’archiver le monde tel qu’il est ». Certes, l’Asie est son terrain de jeu préféré, mais le photographe lyonnais de vingt-sept ans prend tout autant de plaisir à sillonner les massifs français, seul ou entre amis, pour produire des images souvent d’une très belle composition. Ce grand garçon au look métal, plutôt réservé, trouve dans la photographie de quoi suivre ses inspirations et assouvir sa curiosité de globe-trotter. Car tout a commencé par un voyage, en Norvège. Antoine Mutin a seize ans et multiplie les clichés avec son téléphone. L’image suscite déjà un vrai intérêt : « J’ai toujours aimé la photo et la vidéo ; je me suis toujours intéressé à ceux qui pratiquaient. Ainsi mes proches et un surveillant dans mon lycée. »

En Asie, il y a matière à s’extasier sur tout...


Cambodge 2019 Toboggan abandonné Vietnam 2019

La même année, il se fait offrir son premier appareil numérique et se lance dans un apprentissage en solo. Il visualise des tutos, peaufine grâce à la littérature spécialisée et « expérimente beaucoup, pour faire grandir l’œil ». Sa nouvelle passion se conjuguera avec une seconde, le voyage, qui s’affirme rapidement. Après New York et la Pologne en tant qu’étudiant, Antoine Mutin se laisse happer par l’Asie : Thaïlande, Laos, Cambodge, mais aussi Vietnam et Corée du Sud. Antoine Mutin préfère parler de « photographies culturelles » pour qualifier son travail et sa démarche, le partage d’une altérité qui l’attire et l’inspire : « J’aime la différence, ce qui est très éloigné de moi. L’Asie est parfaite pour cela. Pour sortir des sentiers battus, je m’immerge dans la population, je vais dans les cafés, les restaurants de grands-mères. » Plus proche de la photographie documentaire que du photoreportage, Antoine Mutin, qui fait également de la vidéo, laisse une grande place à l’émotion dans sa pratique. « Lorsque je travaille des images de paysage, je fais en sorte de montrer à l’écran ce que j’avais sous les yeux le plus fidèlement possible, y compris en matière de ressenti. La musique peut m’aider à me replonger dans l’ambiance du moment, pour traduire une certaine beauté », explique-t-il. Antoine se plaît également à reproduire des atmosphères glanées dans des films, des magazines, des expositions. « J’ai une bonne mémoire visuelle et lorsque quelque chose me plaît, cela devient une source d’inspiration. » Le sac à dos n’est jamais loin : à la rentrée, si le contexte sanitaire le permet, il sera à Taiwan, pour un an. « C’est un pays qui a la double culture, chinoise et japonaise. Cela promet quelques contrastes que j’ai hâte de découvrir ! »

Ses Influences Steve McCurry, Denis Villeneuve, Kentarō Miura, Jean Giraud - Moebius, Gojira, la musique de cinéma

L'oiseau au bord de l'eau Pologne, 2017

Les moines Cambodge, 2019

mutin-antoine.com bylambda photopia L'homme au parapluie Corée du Sud, 2019

Cambodge, 2019 Automne Corée du Sud 2019


La Renaissance oullins

trajectoires

Le Royaume / Maud Lefebvre

06 > 09 oct.

Mangeclous / Olivier Borle

13 > 15 jan. 22

La Légende du serpent blanc

19 > 21 MAI 22

AILLEURS Farm fatale / Philippe Quesne

17 > 19 nov. Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon 4 Le Jeu des ombres Jean Bellorini

13 > 30 jan. 22 TNP, Villeurbanne

En réalités / Alice Vannier

14 > 16 jan. 22 Les Célestins, Lyon 2

Gérard Lecointe

Un homme de paroles Percussionniste à l’Orchestre National de Lyon, compositeur de comédies musicales, il est aussi le père des Percussions Claviers de Lyon qui ont marqué le paysage musical de leur singularité. Gérard Lecointe accepte pourtant, en 2014, la direction de La Renaissance, à Oullins, dont le projet laisse une large part au théâtre musical, entre autres.

Par Trina Mounier

Comment devient-on directeur de théâtre ? GÉrard Lecointe C’est le vécu. L’expérience au sein du spectacle vivant, entre les Percussions Claviers (PCL) et l’ONL où j’étais très proche des équipes dirigeantes, m’a enrichi. Décentralisation, hiérarchie, montage de projet, production : je n’y connaissais rien. Mais j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont guidé. J’ai pris aussi plus d’initiatives et de responsabilités aux PCL où j’ai appris à gérer une équipe. Fin des années 2010, j’étais bien armé… Quand Roland Auzet est parti, il m’a proposé de porter ma candidature ; de mon côté je sentais que le temps était venu de quitter les PCL qui s’étaient bien rajeunies.

photo Thomas Carrage

Pourquoi La Renaissance ? GL Ce qui m’anime, profondément, c’est d’être au service des artistes. J’ai tellement souffert des difficultés de relation entre les compagnies et les directions, certes légitimes, que je me suis senti à ma place à cet endroit-là. Comme La Renaissance est orientée musique, ça s’est imposé comme une évidence. Je suis très heureux en tant qu’artiste de vivre cela dans la dernière partie de mon parcours. Comment construisez-vous les saisons de La Renaissance ? GL Je suis très soucieux de l’équilibre des esthétiques – l’une de mes missions, d’ailleurs – et de celui entre œuvres du patrimoine et créations (surtout quand

les compagnies démarrent). Une saison, c’est aussi une affaire de sensibilités et de fidélités, ainsi avec Philippe Delaigue ou Catherine Anne. Pour moi, c’est logique de continuer à les accueillir. Ensuite je vais beaucoup voir et je me laisse guider par mes envies. Le travail d’artistes comme Maud Lefebvre, Arthur Fourcade, c’est magnifique. Paradoxalement, c’est plus difficile avec la musique. Le théâtre musical est terriblement casse-gueule ! Beaucoup de musiciens ne savent pas penser la dramaturgie, mettre sur pied d’égalité musique et arts de la scène. Dernier point important : j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur une collaboratrice et une équipe formidables. Pour un directeur, c’est essentiel.

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bêtes de scènes

Petits oignons et vitriol

Let’s dance

Joran Juvin ©

Aurélie Pitrat

Par trina mounier

Déjeuner chez Wittgenstein

15 > 21 sept.

Let’s dance

24 sept. > 2 oct. Théâtre de L’Élysée Lyon 7 lelysee.com

On a bien failli louper Déjeuner chez Wittgenstein d’après Bernhard et Let’s dance, d’après La danse de mort de Strindberg, d’Aurélie Pitrat, deux fois déprogrammés par le Covid à l’Élysée. Croisons les doigts, ils devraient y revenir en septembre. Courez-y. Aurélie Pitrat n’est pas une inconnue. Après un compagnonnage aux Trois-Huit au cours duquel elle rencontre Alizée Bingöllü qu’on retrouvera dans les deux pièces, elle a pas mal roulé sa bosse, notamment auprès d’Howard Barker. Sa patte s’est affermie, affinée et son travail, très particulier, tord les textes dont elle exprime le jus pour en garder tout le venin. Ainsi le premier devient une histoire qui dégénère et le second,

une soirée qui dérape. J’avais pu voir en 2017, déjà à l’Élysée, Déjeuner chez Wittgenstein, qui m’avait, dans tous les sens du terme, régalée. La plume acerbe et anticonformiste de Bernhard était servie avec cruauté, insolence et loufoquerie par une Aurélie Pitrat qui sait, comme personne, entraîner avec elle des spectateurs qu’elle aime plus encore que le plateau, au point de les y convier. Sa compagnie, Animal 2nd, « a été baptisée par Howard Barker. Selon lui, dans la création, il y avait l'animal premier, dirigé par l'extérieur, la dramaturgie et l'intelligence. Puis naissait l'animal second : quand la pièce trouve son rythme propre, son souffle, sa manière organique. »

Bienvenue au purgatoire

06 > 10 oct. Les Célestins, Lyon 2 theatredescelestins.com

Avec LOVE du Britannique Alexander Zeldin, on plonge dans la précarité, l’exclusion et la misère de plein fouet. C’est hyperréaliste, sans concession mais sans misérabilisme : une heure trente pour suivre le naufrage social d’une galerie de personnages (ils sont huit), qui se retrouvent coincés dans un centre d’hébergement d’urgence à la veille de Noël. Des migrants, des expulsés, des retraités, des jeunes : Zeldin – il fait partie de cette jeune relève d’un théâtre anglais sans compromis – convie le spectateur, mais sans parti pris ni point de vue, à découvrir un quotidien où il faut attendre pour manger, se doucher, aller aux toilettes et où l’intimité n’existe plus. Une immersion dans un monde (le nôtre) qui ne fait aucun cadeau aux laissés-pour-compte et aux exclus… On en sort un peu tourneboulé. a.h.

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bêtes de scènes

post scriptum Acrobates à l’Ouest

Présenter du cirque sans frontière et joyeux : l’ambition de Cirqu’à l’Ouest est claire et fort heureuse. Après une première édition en 2019, Le Briscope (Brignais), Le Sémaphore (Irigny), le Théâtre-Cinéma Jean Carmet (Mornant) et La Mouche (Saint-Genis-Laval) unissent leur force pour accueillir le bien-nommé Circus I love you. Compagnie de nouveau cirque créée en Suède en 2016, ses membres viennent aussi de Norvège, de Finlande, du Danemark ou de France. Sous un chapiteau installé à Brignais, les six acrobates et deux musiciens promettent de jouer une partition acrobatique et musicale haletante. Ça ne dure qu’une heure mais les artistes, de vrais « couteaux suisses » de la piste, ne ménagent pas leur talent, sautant, s’enroulant sur une corde lisse, s’accrochant par les cheveux, glissant sur des roulettes. Le temps d’un élan dans le vide, d’une pirouette dans un cercle, le souffle se suspend. Il se disent une « troupe utopiste » et cultivent la polyvalence autour de maintes formes de cirque – trapèze, bascule, mât chinois ou patins à roulettes –, sur fond de rock progressif, de reggae ou de musique des Balkans. F.R. 24 > 26 sept.I Sous chapiteau Brignais

Des cris de douleur

Feroz de Danilo Llanos nous vient d’un Chili qui n’en finit pas de panser ses plaies héritées de la dictature de Pinochet, des plaies qui se rouvrent encore chaque jour. Feroz donne la parole à des adolescents qui crient leur douleur et leur détresse d’être enfermés au Sename, centre d’accueil pour mineurs, où les abus sexuels, la violence exercée à leur encontre se poursuivent alors même qu’ils ont été maintes fois dénoncés, au Chili comme par l’Unicef. Une pièce-manifeste féroce, dérangeante et bouleversante qui vient nous chercher dans notre zone de confort… Un premier spectacle qui donne la couleur de cette 7e édition de Sens Interdits. T.M. 13 & 14 oct.I TNG Lyon 9 sensinterdits.org

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Vol plané

Vu à la Maison de la Danse en février 2020, Möbius, la pièce époustouflante des acrobatesvoltigeurs de la compagnie XY, ouvrira la saison à Chalon. Le collectif continue d’épater la galerie avec sa virtuosité et ses fragilités, s’amusant à réinventer ses pyramides vertigineuses et se jouant de la chute et du déséquilibre. L’œil du maître-chorégraphe Rachid Ouramdane sublime leur travail d'une précision extrême conviant à cet étrange ballet inspiré des "murmurations"1. Gâterie, ils investiront aussi la ville avec des impromptus2 acrobatiques sensibles et poétiques. A.H. 1. Nuées d'étourneaux dans le ciel 2. Les Voyages, 02 & 03 octobre

08 > 11 sept.I Espace des Arts Chalon (71)

Franchir les interdits

On est fan des spectacles de La Cordonnerie. Avec leurs mises en scène hybrides faites de théâtre, de musique live, de cinéma et de bricolage de génie, ils prennent une œuvre patrimoniale (de Shakespeare à Cervantes) et la passent à la moulinette de leur insolence. Histoire d’en extraire tous les sucs et les sens cachés. L’écrivain Pierre (Roméo) et l’intouchable Romy (Juliette) vivent dans deux mondes parallèles séparés par un mur de haine. Leur rencontre, improbable, tient du séisme ; leur amour, du tour de force (tels Orphée et Eurydice, ils ne peuvent se voir). Avec Ne pas finir comme Roméo et Juliette, La Cordonnerie signe un spectacle délicat, puissant, intensément émouvant. T.M. 28 sept. > 02 oct.I Théâtre de la Croix-Rousse 05 & 06 jan. 22I Le Vellein Villefontaine (38)

Récit fantastique

Avec Mangeclous et la Lioncesse, Olivier Borle entreprend de faire connaître l’univers truculent, amoral, drôle, incroyablement vivant d’Albert Cohen à des enfants (dès 8 ans). Pari risqué : sa langue somptueuse n’est pas si accessible. Mais Borle utilise toutes les ressources du théâtre de tréteaux, de la marionnette aux bonnes odeurs de moussaka préparée sous nos yeux par Mangeclous himself. Gouleyant à souhait ! T.M.

Sukmu Yun ©

bêtes de scènes

EN APARTÉ Dragons

Forces créatrices Par Anne Huguet

Enfin la reprise tant attendue et la joie de revoir des danseurs sur un plateau. Deux créations 2021 sont à l’affiche en septembre, avec le désir de repenser le monde.

C’est d’abord la chorégraphe coréenne au crâne rasé, Eun-Me Ahn, qui revient avec une nouvelle pièce, Dragons, toujours aussi colorée et surprenante. Après les grands-mères, place à la génération Z ! Elle y interroge le futur de la danse, quand on est danseur, qu’on vient d’Asie et qu’on a grandi entre hyper-technologie et poids des traditions séculaires. Autour des huit danseurs de sa compagnie, elle invite cinq jeunes artistes de cinq pays asiatiques différents (Corée, Indonésie, Japon, Malaisie, Taiwan) et tous nés en 2000, pour que chacun dévoile ses danses et ses espoirs. Au milieu trône le dragon, animal mythique de l’Asie et symbole de la force créatrice. 8 danseurs au plateau et 6 à l’écran, Dragons promet de nous transporter au pays du Matin calme, de souffler le chaud et l’optimisme (on en a bien besoin, non ?) avec son kaléidoscope de couleurs, de costumes extravagants, de rythmes, d’hologrammes et de danses explosives à la précision millimétrée toute coréenne. Une danse tout aussi généreuse et libre chez Kader Attou qui présente Les Autres, sa Dragons dernière création en tant que directeur du CCN 21 & 22 SEPT. de la Rochelle. La pièce pour six danseurs à la Maison de la Danse personnalité singulière et deux musiciens (Loup maisondeladanse.com Barrow et son orgue de "cristal" et le thérémine de Grégoire Blanc) s’intéresse à « l’étrange et Les Autres 30 SEPT. > 02 OCT. au poétique dans le corps et le mouvement ». Un Festival Karavel tourbillon de sons, de gestes, d’émotions et de Toboggan, Décines sensations : tout l’art de Kader Attou. Premières de création au Toboggan. letoboggan.com

12 > 24 oct.I Théâtre des Clochards Célestes Lyon 1

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bêtes de scènes

Ça va décoiffer !

Roman Melnych ©

Par Trina Mounier

La présence de créations au tout début de cette saison théâtrale est de bon augure. Non, on ne va pas faire du neuf avec du vieux, et si nombre de spectacles tant attendus seront enfin joués, place d’abord à la curiosité. De l’aventure et du dépaysement, il y en aura dans Le Royaume. Maud Lefebvre* va nous transporter, en compagnie d’un homme et d’un enfant, très loin dans l’espace et le temps, là où rien ne semble exister à part les trous noirs. Ce faisant, elle propose un voyage visuel, très cinématographique, qui nous parle d’amour, de ce qui reste malgré le temps. Le Royaume parle de l’origine des choses et de leur raison d’être, il est aussi un parcours philosophique… De dépaysement il sera question aussi dans Palpitants et dévastés. Je n’ai jamais oublié la lecture mise en jeu de ce beau texte de Myriam Boudenia, vue à l’Élysée il y a deux saisons, qui m’avait beaucoup touchée. C’est en effet un voyage dans les racines familiales de Palpitants et dévastés l’autrice : à l’occasion de son mariage, un homme découvre les origines Myriam Boudenia de celle avec qui il va s’engager. Il les ignorait. L’incompréhension, la 23 SEPT. > 03 OCT. peur du mensonge, le soupçon s’instillent… Sa quête réserve bien des Les Célestins, Lyon 2 surprises et des émotions, mais aussi de grands moments de rire car La Faute la vie, après tout, s’amuse et nous amuse… Angélique Clairand Enfin, avec La Faute, François Hien aborde une question qui touche et Eric Massé 30 SEPT. > 11 OCT. au politique comme à l’économie et à l’écologie. Il part d’un fait réel : Théâtre du Point du l’histoire d’une petite ville, La Faute-sur-Mer, envahie par les eaux Jour, Lyon 5 lors de la tempête Xynthia. Il y a eu des morts, des promesses de Le Royaume reconstruction, des procès qui n’en finissent pas, des victimes et des… Maud Lefebvre Mais, au fait, qui sont les coupables ? Angélique Clairand et Éric 06 > 09 OCT. Massé prennent à bras le corps cette histoire et montrent comment le Théâtre de La Renaissance, Oullins collectif permet la résilience. * Carte blanche, AKC#6

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Enna Pator © Croguillons ©

FORME & FONCTION

un balcon

sur la vill La L’urbanisme, comme croissance et densification infinie des villes, semble inéluctablement remis en question par la prise de conscience écologique. Le statut de citadin, contraint ou volontaire, requiert adaptation et opportunisme. Mais qui de l’habité ou de l’habitant est à la manœuvre ?

Par Émiland Griès

ville n’est pas uniquement un conglomérat de constructions. En renouvelant lentement ses formes, elle semble appartenir au monde des vivants, tirant profit de toute bonne occasion pour se regénérer et se réorganiser, même dans ses quartiers les plus denses et anciens a priori sclérosés par un commune.archi enchevêtrement bâti irréversible. De la densité et de le-court-circuit.fr l’ancienneté, le quartier lyonnais de la Guillotière en

a à revendre ! En son cœur, une mutation est pourtant à l’œuvre depuis le début des années 2000, dont les prémices colonisent pas à pas les dents creuses, sous la forme inattendue de jardins potagers ! Leurs concepteurs ont alors l’obstination de vouloir pour cet îlot, pourtant ni pire ni meilleur que ses voisins, un autre avenir que de nouveaux immeubles à la place des anciens, rasés pour raisons (souvent liées) d’insalubrité et de spéculation. En 2015, semblant prendre acte de cette mue volontariste, la force publique adhère au mouvement. Sous son impulsion, l’îlot est définitivement curé et aménagé en espace public ouvert, à l’esthétique post-industrielle. Jardins partagés, aires pour enfants de tous âges et de tous jeux déclinent mobilier et clôtures en profilés métalliques vermillon et panneaux grillagés.

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FORME & FONCTION

La place Mazagran voit le jour, du nom de la ruelle y débouchant. Du grand îlot bâti originel ne restent que quelques immeubles, sans flagrant intérêt architectural. Isolés aux deux angles opposés du grand quadrilatère évidé, la "table rase" les a épargnés, comme par miracle. À mieux regarder, celui rescapé à l’angle sud-est n’est pas si banal que ça. Construit au milieu du XIXe siècle pour l'atypique homme de lettres Alexis Rousset*, il est constitué de nombreux morceaux d’édifices lyonnais, récupérés au gré de leur démolition : ses fenêtres proviennent d’une vieille maison du quai Saint-Antoine, ses banquettes en fer forgé d’une autre de la rue Constantine, ses portes palières en chêne d’un hôtel particulier de Bellecour, ses poutres des planchers de l’ancien Grenier à sel de la ville, etc. Cet assemblage hétéroclite, ce monstre de Frankenstein architectural est bien nommé le Château des Décombres ! Il trône désormais seul à l’angle des rues SébastienGryphe et Jangot, dévoilant côté place deux hauts pignons aveugles. Le potentiel n’échappe pas aux jeunes architectes voisins du collectif Commune, qui proposent aux occupants de se tourner vers ce nouvel espace public. L’opportunité est saisie par le bar le Court-Circuit au rez-dechaussée. Il leur confie sa complète réorganisation intérieure et son ouverture sur une nouvelle grande terrasse sous les arbres, par une large vitrine découpée dans la maçonnerie. Le projet ne s’arrête pas là ! Le scénario de réaménagement de leur logement et de percement de nouvelles baies dans le pignon est également proposé aux habitants des étages, avec à la clé l’inespéré Graal pour un immeuble ancien en plein centre-ville : un grand balcon donnant sur une place arborée et des jardins ! Le premier d’entre eux est déjà en place au deuxième étage, sous forme d’une ossature métallique complète, assemblée et laquée en atelier, acheminée, treuillée sur place et solidement boulonnée à la maçonnerie. Les autres suivront, au gré des décisions ! Forts de cette ingénieuse niche, les jeunes architectes confient avoir été approchés par de potentiels clients, désireux de continuer à vivre en ville, mais mieux !

le

* Alexis Rousset (1799-1885), écrivain, poète, fabuliste, dramaturge et prodigieux collectionneur.

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reportage

TERRITOIRES INVISIBLES

CAUE du Rhône, Lyon 1

TOURNAGE & DÉRAPAGES Jeu de piste

Lyon et Villeurbanne > 18 déc. CAUE, Lyon 1 caue.fr

Par Florence Roux

photos jérôme bertin

En écho à son exposition Territoires invisibles, le CAUE propose un jeu de piste en deux temps, à Lyon et Villeurbanne : Tournage & Dérapages. Il faut trouver qui a enlevé Béranger Nial, un cinéaste en repérages, occasion de regarder d’un autre œil les "paysages ordinaires". Premier parcours à Lyon.

Il

faut bien avouer que le Cluedo® n’est pas notre fort et nous n’en menons pas large en récupérant le dossier de l’enquête. Il faut faire vite : ouvrir l’enveloppe qui contient les repérages, un plan des parcours lyonnais et villeurbannais, un autre de la fin XVIIIe (pourquoi ?) et, même, la lettre anonyme d’un témoin innocentant les sept suspects dont l’assistant réalisateur a croqué les portraits. Qui est coupable ? Le réalisateur a disparu alors qu’il effectuait des repérages dans la Métropole pour son prochain film, déjà écrit. Mais le scénario a changé, réécrit par Christelle Ravey, l’autrice* qui orchestre, depuis 2008, le parcours suspense des Quais du Polar. Une experte. Notes en mains, nous démarrons le parcours lyonnais place du Maréchal-Lyautey, dans le 6e arrondissement, dans la ville classique du XIXe. Ici, alignements et angles droits règnent en maître, les perspectives sont superbes. Nous progressons le nez en l’air. Là, le réalisateur a imaginé une scène. À l’angle d’un îlot, un premier indice innocente un suspect. Lequel ? La tension monte. Direction Presqu’île.

Depuis la Passerelle du Collège, sur le Rhône, on observe comment les urbanistes du XIXe ont composé avec la ville d’avant entre Rhône et Saône. Une diagonale défie un angle droit. L’alignement défaille par endroits : étonnant choc des époques dans les rues Ferrandière et Mercière, la place des Jacobins, sa merveilleuse fontaine sur laquelle certaines rues débouchent en angle aigu. Combien ? Nous accumulons les indices… Autre passerelle sur la Saône. Face au Palais de Justice, le regard embrasse Lyon la médiévale et Renaissance. Cheminer, fureter, noter : rue de la Bombarde, rue Saint-Jean, longue traboule qui recèle un indice forgé par le temps… Puis, en suivant les notes, nous ressortons rue du Bœuf éblouis par la lumière qui donne la mesure des courbes et enflamme les roses, les ocres. Et toc, de retour rue Saint-Jean, un indice s’affiche sur une façade du XVe, comme une promesse de résoudre l’énigme tout en jouant aux touristes dans un tissu urbain, à la fois quotidien et unique. * Petit meurtre dans la soie, Kobo Originals (06/21)

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street art

Par graphull

Foisonnant et insaisissable, LARTISUPERCHO est partout et nulle part. Expérimentation. À partir d’une photo de l’un de ses graffs débordants (sur un mur de la Croix-Rousse, aujourd’hui effacé), il a enrichi son œuvre initiale à la tablette tout spécialement pour ArKuchi. Merci l’artiste !

LARTISUPERCHO

@Lartisupercho Lyon 1, Lyon2, Lyon 4, Lyon 5, Lyon 9

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s e g a Mari ues q o r a b

Amelin Chanteloup ©

festival

FugaCités

Par Blandine Dauvilaire

Multiplier les hybridations artistiques pour faire découvrir la musique baroque, tel est le credo du 42e Festival d’Ambronay.

Sous l’impulsion de sa nouvelle directrice, Isabelle Battioni, le Festival d’Ambronay cultive plus que jamais la création et le croisement des arts. Ainsi, lors des journées crossover, les musiciens du Concert de l’Hostel Dieu dialogueront avec des danseurs hip-hop chorégraphiés par Mourad Merzouki. La viole de gambe de Lucile Boulanger accompagnera les corps en mouvement de Mathilde Devoghel et Aymen Fikri, le temps d’une Nuit Baroque hip-hop pleine d’énergie. Le lendemain, c’est le danseur Jérôme Oussou qui prouvera que cette musique dite ancienne est d’une modernité folle. Les mêmes instrumentistes, dirigés par Franck-Emmanuel Comte, croiseront ensuite leurs partitions avec la voix de Tiko, ex-champion du monde par équipes de human beatbox. Il fallait y penser. Autre temps fort inédit, le concert Bach Pluckek/ Unplucked permettra à Violaine Cochard (clavecin) et Edouard Ferlet (piano jazz) d’improviser sur une sélection d’œuvres de Jean-Sébastien Bach. Pour faciliter l’accès à l’œuvre de ce compositeur, le festival a aussi eu l’idée de présenter la Messe en si mineur de Bach, jouée par l’Ensemble Spirito, en deux parties. Si vous n’en voyez qu’une, ça ne choquera personne. Autre rendez-vous qui va décoiffer, la compagnie Rassegna emmenée par Bruno Allary confrontera grands tubes baroques, musique électro et scratches de la DJ nantaise L.Atipik. Un peu comme si 42e Festival Purcell et Radiohead se rejoignaient sur scène pour un d’Ambronay live d’enfer. Enfin, le dernier week-end sera consacré à 10 SEPT. > 03 OCT. l’EEEmerging Plus festival et fera la part belle aux jeunes Ambronay, Bron talents européens. Une occasion en or de découvrir les ambronay.org grands noms de demain.

ArKuchi #22 sept. 2021


Dani Pujalte ©

musiques

ON VEUT DU SON Black Lips

Par anne huguet

Après plus de quinze mois sans concert, les salles devraient rouvrir en septembre. Avec du public debout et masqué. Mais tout n’est pas rose, loin de là, et rien n’est encore gagné.

L’

ombre du pass sanitaire, sésame pour retourner en concert, a remis un coup sur la tête de ceux qui bataillent depuis des mois. « On ne mesure pas encore l’impact de la mise en place du pass sanitaire sur la fréquentation, explique Benjamin Petit du Marché Gare, ni la mise en œuvre de ce contrôle. » En regardant dans le rétroviseur, les Nuits de Fourvière (76 000 spectateurs) comme les Nuits Sonores (30 000) n’ont pas ressenti le pass comme un ralentissement sur leur fréquentation (en moyenne 0,7% de spectateurs arrivent sans). Pour Thierry Pilat, nouveau directeur de la Halle Tony Garnier : « Le retour dans les salles va prendre du temps. Il va falloir être irréprochable pour le public, que nos lieux soient safe. » Dans les freins de la rentrée, on ne peut occulter l’offre culturelle pléthorique, concerts compris, et, sans doute, un public insuffisant pour en profiter et l'absorber. Ni la lenteur de reprise des tournées internationales, même si les producteurs anglais ont relancé les premières pour 2022. Ainsi à la Halle, à part Simple Minds en mars, The Weeknd et The Cure fin 2022, les internationaux sont très rares, même en 2022.

Les artistes français, eux, seront de sortie dès septembre. « Cette crise a obligé de nombreux organisateurs à se tourner vers les artistes français. Un nouveau lien s’est tissé avec les scènes locales, analyse Benjamin Petit, qui, j’espère, perdurera au-delà de la crise actuelle. » Grosse machine, le Radiant-Bellevue enchaîne les dates, tous styles confondus, entre reports et nouveautés. Des samouraïs du rap IAM aux inusables Ogres de Barback, en passant par les revenants Trust, le poète auvergnat Jean-Louis Murat ou encore les bouillonnants La Femme, prêts à "foutre le bordel" avec leur foutraque Paradigmes, le Radiant va en mettre plein les esgourdes. On n’oublie pas les Têtes Raides au complet et en pleine forme pour faire la fête aux trente ans de Ginette, poétiser et lever le poing. Allez les enfants, tuez vos parents ! À Villefranche, Miossec s’invite sur scène à cinq (avec la super violoniste Mirabelle Gilis) et revisite son premier album, l’excellent Boire. Le Brestois est bien cabossé, la voix tremble mais que ses paroles sont belles et fortes ! Que devient ton poing quand tu tends les doigts ? Frissons garantis. Autres retrouvailles, aux Belles Journées : l’explosive Catherine Ringer redonne vie avec sa classe gouailleuse aux tubes charnels des Rita.

ArKuchi #22 sept. 2021


musiques

Retour dans la fosse On file à Mâcon où l’équipe de La Cave à Musique est un peu « flippée » par les nouvelles consignes sanitaires. Mais la machine est relancée avec beaucoup de reports, et bonne surprise, Les Ramoneurs de Menhirs affichent déjà complet. Dans les dates qui font envie : la pop classieuse et rêveuse de Rover (à voir aussi à Feyzin) et la pungle (mix de punk, jungle et trap) consciente et féroce de La Phaze. Dans un autre registre, sur un vrai plateau de théâtre, la création collective Viril envoie du lourd : au micro, un trio de choc en colère (Casey, Despentes, Dalle), le postpunk hypnotique de Zëro et des textes enragés sur le féminisme. Aïe, uppercut assuré ! L’Épicerie Moderne a dégainé une super programmation de reprise. Entre les humeurs poétiques de Françoiz Breut, la folk décharnée de Shannon Thierry Pilat Wright (en solo piano), la soul jazzy de Nick Waterhouse et l’électro-pop excentrique dansante de Django Django, on est royalement servi. Dans le meilleur des mondes, ce sont les Ricains d’Atlanta, Black Lips, qui monteront sur scène : son cradingue, guitares dépenaillées et ambiance country-punk alternative, qu’ils disent. Dans la série, on kiffe la venue, au Transbo, des bad boys suédois Viagra Boys (très attendus) et leur post-punk rugueux et on est scotché à l’évocation du super plateau, Idles et Bambara (merci Cold Fame), qui va déménager sec. On réserve, vite ! On le sait, le Marché Gare n’a toujours pas de toit. Il squatte chez les copains. Dont acte avec ces belles dates en stock : la cold wave fiévreuse des russes Motorama et le quatuor d’indie-rock expérimental Dry Cleaning (au Périscope). L’ovni anglais black midi, lui, s’installera aux SUBS, le nouveau spot à concerts. Les Londoniens ont sorti Cavalcade chez Rough Trade : urgent, névrotique, dément avec une musique qui va trop loin. Une date à biffer, c’est sûr. Plus ambient, La Féline croisera le fer avec le génial Mondkopf tandis que le post-rock amplifié d’Oiseaux-Tempête fera voyager… allongés sous La Tornade.

le retour dans les salles va prendre du temps.

Expérience Pour finir ce tour d’horizon très personnel, on conseille aux curieux d’aller jeter une oreille à la programmation du Périscope. Des locaux, des régionaux, des barrés, des émergents, du jazz, de l’expérimental… faites vos choix ! The last, du côté d’Opéra Underground, avec la beauté de la musique épurée du pianiste nomade Bachar Mar-Khalifé (en trio) ou encore les psalmodies mystiques de Houria Aïchi qui parcourt le répertoire poétique chaoui hérité de sa grand-mère.

ArKuchi #22 sept. 2021

Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp

03.09 Transbordeur, Villeurbanne

Houria Aïchi

08 & 09.09 Opéra de Lyon, Lyon 1

Catherine Ringer

11.09 Les Belles Journées #7 Bourgoin-Jallieu (38)

Grive OISEAUX-TEMPÊTE

16 & 17.09 Les SUBS, Lyon 1

Erotic Market

24.09 Périscope, Lyon 2

Françoiz Breut

30.09 L’Épicerie Moderne, Feyzin


Gaumont Malavida ©

L'Atalante (1934)

c’était mieux avant

E U G O V ET O G I V N JEA Réalisateur de quatre films, Jean Vigo (1905-1934) a connu une vie brève et mouvementée. Contemporain de Jean Renoir et Luis Buñuel, qu’il a considérablement influencés, il a accédé à la reconnaissance à titre posthume grâce à la Nouvelle Vague.

Par Nikki Renard

Né * Lire Michel Simon, C’était Mieux Avant, AKC #8

d’un père anarchiste, Jean Vigo est un enfant terrible d’une sensibilité extrême et à l’idéalisme profond. Son premier film, le court documentaire À propos de Nice (1930), frappe par l’inventivité du montage autant que la virulence du propos. Le ton mordant se heurte à la censure qui le juge coupable d’antipatriotisme. C’est aussi le cas de sa première fiction, Zéro de conduite (1933), inspirée de ses souvenirs au collège de Saint-Cloud. Le moyen-métrage, qui présente l’institution scolaire comme répressive et fermée, provoque un tollé et se voit interdit d’exploitation jusqu’à la Libération. Je jubile encore d’entendre cette réplique d’écolier : « Monsieur le Professeur, je vous dis MERDE. » L’un de ses premiers spectateurs ne sera autre que François Truffaut, qui avouera lui devoir beaucoup, pour Les Quatre cents coups notamment. Une reconnaissance à laquelle il n'assistera, au même titre que celle de L'Atalante (1934), son unique long-métrage. Ode charnelle à la liberté, ce chef-d’œuvre visionnaire fascine par sa poésie et sa liberté de ton. Michel Simon* en roue libre, avec ses tatouages et son accent des faubourgs, fait merveille ! Vigo supervise le montage depuis son lit. Il décède peu de temps après avoir assisté à l’échec commercial de ce drame dont la beauté plastique et le réalisme inspireront bon nombre de réalisateurs, tel Emir Kusturica pour certains plans d’Underground (1995). Une belle récompense pour ce film remonté et dénaturé par Gaumont qui devra attendre le début des années 2000 pour retrouver une forme proche de celle voulue par son créateur. L’Atalante est, aujourd’hui encore, considéré comme l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma. Comment, alors, ne pas se réjouir de la sortie de l’intégrale de Jean Vigo en version restaurée ?

ArKuchi #22 sept. 2021

À propos de Nice

(1930)

Taris ou la natation

(1931)

Zéro de conduite

(1933)

L'Atalante

(1934)

Intégrale Jean Vigo

Version restaurée, Malavida (sortie nationale 29.09) Cinéastes de notre temps : jean vigo

de Jacques Rozier (documentaire, 1964)



Par Ponia DuMont

HORIZONTALEMENT

VERTICALEMENT

A. Ancien du Portugal. B. Les intimes de Richard Branson auront peut-être cette chance ? C. Oiseuses, ces querelles-là ! D. Fonça. Ont-ils bien visé… ? E. Parasites des vieilles branches. Mont cher à Zeus ou à Pâris, c’est selon ! F. Ourlait peut-être. G. Comportements "inqualifiables". H. Allez-y ! Aurait pu rencontrer le 2 horizontal, lors de ses pérégrinations. Pas la foule sur ses berges ! I. Belle raquette américaine. Battit les cartes. J. Laxatif bio. Grand pourfendeur des combats médiévaux.

ArKuchi #22

sept. 2021

AMU P A R P I G E L E L R F A F L I L E T OU C R I

Origan (2 càs) quelques brins d’aneth vinaigre (1 c. à café), moutarde (2 càs) Huile d’olive, sel, poivre

(2 càs de chaque)

Graines de fenouil (1 càs) graines de cumin et de coriandre

(40 g de chaque)

800 g de pommes de terre nouvelles 400 g de carottes 1 courgette 2 patates douces ½ botte de radis 3 gousses d’ail 2 œufs 350 g d’huile de pépins de raisin Amandes, noisettes, pistaches, sésame

15 minutes

jugeote

1. Au singulier, l’une "des mamelles de la France". 2. Fut-il si "heureux" que cela de son "beau voyage" ? Ornement d’architecture. 3. Beauté biblique sauvée par Daniel. Précède la matière. 4. Bon conservateur audio-visuel. Léger et aérien. 5. Rendront-ils un son cristallin ? 6. Travailleuse manuelle. 7. Bien assombri. Questions parfois piégeuses. 8. Ensemble d’aptitudes non liées à l’hérédité. Entre dans une suite. 9. Allonge. A cappella, il est de rigueur ! 10. Étoile brillante… souvent éphémère. Souvent revisité, n’en effraie pas moins les potaches !

solutions

arkuchi 21

S EME A C A NOC H C T UA E E L S RN E S R T I O S E I MP R S A I

N T E I

E N T E Z

T E R R E

N O V E

S E

E X T E N U E

*Mélange de graines, épices et fruits secs utilisés en assaisonnement au Moyen-Orient

Dans le panier vapeur, on frôle aussi la surchauffe. Après 20 minutes de cuisson, les légumes se préparent pour la pommade d’aïoli qui aura raison du coup de sueur. Mélange la moutarde, le vinaigre, 2 jaunes d’œufs, l’ail râpé et le sel dans un large bol. Ne te reste qu’à monter la mayo. Verse l’huile en filet, inspire et donne tout. Dur ! Un peu comme cet œuf après 10 minutes de cuisson bouillonnante. Un peu d’ombre ne serait pas de refus. Réserve le tout, attends qu’ils refroidissent et ensevelis-les… avec cette dukkah* que tu te prépares à réaliser. Torréfie les amandes, les noisettes, les pistaches, le sésame et les épices puis mouds le tout. Ajoute l’origan, assaisonne et recouvre l’œuf, l’aneth et les légumes endormis dans une assiette creuse. Invincible été ? Non, il t’a juste mis un coup sur la tête mais c’est rien, tu vas t’en remettre…

Cri-cri-cri, cri-cri-cri... Mais enfin c’est pas bientôt fini ! Tu retourneras chanter avec tes amies les cigales l’été prochain ! Peuchère…

4 personnes

Par claudia cardoso

Aïoli à l’orientale

popote(s)




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