OCT. / NOV. 2021
mensuel gratuit
#23
art culture architecture
N 23 .26 .04
Musiques
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Toutes voix dehors !
Dans Le Rétro… Dans le Viseur
Déambulations Musiques
c dans l'air • Le théâtre vivant et engagé de Sens Interdits • Mode d’emploi
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Lettres & Ratures Ira Polyarnaya ©
Richard Powers
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Street Art by Graphull
Koik Tendiz
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outside
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C’Était Mieux Avant
Gena Rowlands
FOKUS
NörKa
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La photo : tout un art de vivre
Popote(s) & Jugeote
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20 sur Vin
Les vins de « chez Pellerin »
arkuchi #23 OCT./NOV. 2021
Delphine Balley©
expos Delphine Balley au MAC Ceysson & Bénétière
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Carte Blanche
Vania Vaneau
L’Enfant transparent, les larmes de cire
contact.arkuchi@orange.fr
Mensuel gratuit Diffusion : plus de 400 lieux Lyon, Métropole & Rhône-Alpes Édité par ArKuchi, 18 rue de Belfort, Lyon 4 Direction de la publication - Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Claudia Cardoso, Blandine Dauvilaire, Lucie Diondet, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Trina Mounier, Enna Pator, Nikki Renard, Florence Roux, Gallia Valette-Pilenko Photo de couverture : NÖRKA Publicité : contact.arkuchi@orange.fr 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT
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Déambulations Arts Visuels
Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387
La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.
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• Micro-Mondes • Richard Brunel • Un air de cirque • Balises • Christiane Jatahy, Amala Dianor, Emma Dante, Julie Rossello-Rochet, André Sanfratello
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FORME & FONCTION La géométrie des mobiles de Rebtil
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Abonnement Rebtil Mobile ©
Bêtes de Scènes
9 num./an = 30 eur. Rejoignez la communauté ArKuchi
ZIK
Lâcher prise
Mister Tambourine Man, mis en scène par Karelle Prugnaud et servi par l’iconoclaste duo Nikolaus/Lavant, tient ses promesses. Bringuebalant, déjanté et plein d’humanité.
C. Raynaud de Lage/Festival d'Avignon ©
Lyonnaiserie Philippe Prohom a trouvé la lumière avec Brille. 9 titres arcen-ciel avec les mots qui claquent et des boucles électro entêtantes. Sortie physique 15 OCT.
Son du jour Plus soul et doo-wop, Shannon and The Clams a sorti en août un 6e opus Year of the Spider. De la feelgood music, rétro et sexy.
A chaud Après le Grand Prix de l’Académie française en 2017, le poète et écrivain Charles Juliet a reçu le 29 septembre la médaille de la Ville de Lyon.
Toiles en débat 30 séances, 5 parcours thématiques,
44 films présentés et autant de chercheurs, historiens, cinéastes et citoyens qui débattent éducation, sexualité, travail… Le festival Interférences échauffe les esprits en mettant en résonance cinéma documentaire de création, sciences et questions de société. Engagé et engageant. Lyon et Villeurbanne 10 > 20 NOV.
L’eau à la bouche
La jeunesse crève l’écran aux 10es Écrans du Doc. Derrière l’attendu I am Greta sur la miss Thunberg, le festival donne à voir ces ados mobilisés pour la planète, l’égalité (Douce France, Bigger than us) ou un avenir meilleur en chantant (Soul Kids). 10 jours, 18 films documentaires dont 7 en avant-première. Toboggan, Décines 19 > 28 NOV. Droit devant !
Vus aux SUBS avec Girls Boys Love Cash (2019), les performeurs allemands du Citizen.Kane.Kollektiv s’acoquinent avec Éric Massé pour un Grand ReporTERRE brûlant sur les bouleversements climatiques. Théâtre du Point du Jour 21 > 23 NOV.
On rit et pleure à Palpitants et dévastés, le très personnel et beau spectacle de Myriam Boudenia. Il déploie les méandres d’une mémoire écorchée qui traverse les générations en ne laissant personne indemne. Reprise en 2022.
Trio de choc pour odyssée sidérale métaphysique : Maud Lefebvre, Arthur Fourcade et Agnès d’Halluin créent début octobre Le Royaume. Après La Renaissance, ça tourne. Comédie de Clermont-Ferrand 13 > 15 OCT. Cinquième dimension
Mémoire cache-cache
Hommage
Marion Bornaz ©
dans le rétro...
Par Emmanuelle Babe, Lucie Diondet, Anne Huguet, Trina Mounier, Florence Roux
La jeune metteuse en scène Ambre Kahan se collète à l’écriture singulière de Viripaev. Ivres s’annonce comme une pièce chorale palpitante pour quatorze individualités joyeuses. Entre ivresse et transgression, ça va piquer sur le plateau. Les Célestins 23 > 27.11 Théâtre de Villefranche 14.12
À bras le corps
OFGDA ©
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
... dans le viseur
Nick Cave et Warren Ellis réunis sur scène à la Salle Pleyel ? Quelle chance pour ceux qui ont eu leur sésame.
Fan de
On a flashé sur les coquelicots géants de Stéphane Durand (réalisés avec des masques récupérés, une manière de questionner la pollution qui nous environne) aux Invites de Villeurbanne. Un peu de poésie dans ce monde de brutes.
Jardin extraordinaire
Stéphane Durand ©
Flop
Deon Meyer déçoit avec son dernier polar, La femme au manteau bleu (Série Noire, Gallimard). Sans consistance et vain.
Choc des cultures
La scène du TNP, une rampe de skate et la rencontre explosive entre skateurs, danseurs, comédiens et les extraits des Villes invisibles d’Italo Calvino. Jean Bellorini crée l’événement avec Archipel, « un long poème d’amour aux villes ». Carrément excitant. TNP 06 > 14.11
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
Numeridanse #10ans Festival 100% en ligne Exclus, surprises, masterclass… 10 > 17.11
De toutes les couleurs Cruelle et poétique, La Traversée de Florence Miailhe, toute de peinture à huile animée, est un hymne vibrant aux migrants du monde entier. Prix du Jury au dernier Festival d’Annecy. En salle.
TRANSDANSES (La)Horde, Nosfell, Omar Rajeh… Chalon (71) / 16 > 26.11
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femmes de paroles Par Trina Mounier
l Festival Sens Interdits
13 > 30 OCT. sensinterdits.org C’était un samedi Irène Bonnaud
15 > 18 OCT. Radiant-Bellevue, La Mouche, Pôle en Scènes La Mémoire bafouée Violeta Gal Rodriguez & Paula González Seguel
19 > 20 OCT. Les SubS Lyon 1
Augures Chrystèle Khodr
21 > 22 OCT. Théâtre de la Croix-Rousse Lyon 4
a Ville de Lyon, et avec elle une partie de la région, se mobilise pour accueillir Sens interdits dont elle s’enorgueillit à juste titre. Ce festival de l’urgence à dimension internationale a conquis public, salles et partenaires de tous ordres : on ne le présente plus. Aussi a-t-on choisi de s’intéresser à la naissance de trois spectacles et de donner la parole à trois femmes : Irène Bonnaud, Violeta Gal-Rodriguez et Chrystèle Khodr. Ce dont elles témoignent relève de ce qui est tabou, indicible ou impossible à dire. Irène Bonnaud travaille avec une actrice et chanteuse (Fotini Banou) et des auteurs grecs sur le sort d’une petite communauté presque entièrement déportée à Birkenau et quasiment rayée de la carte. Un angle mort de l’histoire dont personne ne se soucie plus. Elle a rencontré la dernière survivante de ces juifs romaniotes qui ont leur propre langue. Elle en a été si bouleversée que cela a chamboulé le spectacle lui-même, centré au départ sur un texte de Dimitris Hadzis. Violeta Gal-Rodriguez, originaire du Chili, a connu l’exil et le silence sur les conditions qui ont conduit sa mère à quitter son pays. Confrontée très jeune à l’indicible, elle tente de transmettre autrement ce qu’elle cherche à comprendre : la mémoire
traumatique de ceux qui ont connu la douleur dans leur corps, la torture, l’enfermement et la peur. Chrystèle Khodr enfin, se penche sur l’histoire d’un pays qui n’en finit pas de vivre une succession de catastrophes. Elle a collaboré avec des Libanaises ayant choisi de devenir actrices dans un pays en proie à la guerre civile dans les années quatre-vingt, Randa Asmar et Hanane Hajj Ali. La difficulté de dire, la nécessité de faire s’exprimer la mémoire interdite, la volonté de regarder en face d’un œil affûté et politique les histoires individuelles, en cherchant les traces ineffaçables encore vivaces dans les enfants des disparus et des brutalisés, voici ce qui les réunit. Toutes les trois sont rompues au travail avec des artistes qui ne parlent pas la même langue. Elles en font une richesse. Mais ce qui est nouveau, c’est la difficulté, liée à la pandémie, presque insurmontable de créer. Elles racontent, unanimes, les conséquences sur le processus de création : impossibilité de se rejoindre, fermetures des lieux de répétition, absence d’électricité des heures entières, inflation galopante qui a des répercussions énormes sur la billetterie, annulations en cascade, etc. Mais pas de désespoir, plutôt une rage toujours neuve de créer et d’inventer de nouvelles formes pour contourner les obstacles, une volonté décuplée et une lucidité politique encore renforcée…
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
Zoi Tilinski ©
c dans l’air
C'était un samedi
D.R./Inculte ©
Astrid di Crollalanza ©
c dans l’air
s e é s pen les l e i r plu
Camille Ammoun
Charif majdalani
À l’approche de l’hiver, le festival Mode d’emploi se donne le temps de réfléchir aux brûlants enjeux du monde, avec une pluralité d’esprits vifs et avertis. Et place le Liban sous les projecteurs.
Par Florence Roux
La démocratie, la jeunesse, la vérité et le vivant : autour de ces quatre enjeux plutôt vastes, la Villa Gillet propose une nouvelle édition de Mode d’emploi qui, loin du guide d’utilisation, réunit en public philosophes, sociologues, artistes et écrivains (dont certains cumulent plusieurs fonctions) pour s’entendre, peutêtre se contredire et bousculer les évidences… C'est ce que laisse espérer la soirée d’ouverture, intitulée La pensée sauvage. En écho à ce classique de Lévi-Strauss, qui plaçait toutes les connaissances humaines sur un pied d’égalité, le débat explore de nouvelles porosités entre les animaux, les plantes et nous. Avec trois voix intenses. Celle du metteur en scène et scénographe Philippe Quesne qui, dans ses œuvres habitées, questionne les interactions entre humains et non humains. Celle de Frédérique Aït-Touati, chercheuse en littérature et en histoire des sciences, également femme de théâtre, qui a écrit et mis en scène une vaste trilogie sur notre relation à la terre. Ou celle de la philosophe des sciences Vinciane Despret, qui, d’ouvrage en ouvrage, prend au sérieux la vie et la parole des animaux, ceux, microscopiques, que nous avons en nous, autant que le rat, le Mode d’emploi loup ou le poulpe. 15 > 21 NOV. Un autre temps fort du festival sera la rencontre avec deux écrivains Villa Gillet, libanais accueillis cet automne en résidence à la Villa : Charif Musée des Confluences, Majdalani et Camille Ammoun, auteurs respectivement de Beyrouth Opéra de Lyon… 2020 et d’Octobre Liban, qui montrent combien ce petit pays concentre villagillet.net d’enjeux universels.
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
expos
delphine balley
les choses
Delphine Balley©
de la vie
Le temps de l'oiseau 2021
Par Blandine Dauvilaire
FIGURES DE CIRE Delphine Balley STAGECRAFTUNE MISE EN SCÈNE DU POUVOIR Jasmina Cibic
> 02 JAN. 22 MAC Lyon 6
mac-lyon.com
Photographe et vidéaste, Delphine Balley imprime sur nos rétines des scènes de vie qui ne s’effacent jamais tout à fait. À rebours des clichés impulsifs de son époque, l’artiste née dans la Drôme en 1974 a choisi de pratiquer la photographie à la chambre. Le temps de pose incompressible met à l’épreuve les mises en scène sophistiquées qu’elle échafaude tels des huis clos, qui sont devenues sa signature. Naissent alors des œuvres fascinantes, travaillées comme des scènes de cinéma, dont le casting est souvent familial et les décors construits avec maniaquerie, le tout éclairé par un chef opérateur. Au MAC Lyon, où elle présente sa première exposition personnelle dans un musée, Delphine Balley s’est inspirée des rites de passage. Mariage, pratiques funéraires, carnaval… tout est propice à confronter
l’illusion et le réel, questionner le corps et le décor. Conçu comme une procession ponctuée de quinze images et trois films, le parcours est d’une beauté sombre. Il questionne avec intelligence la portée de nos croyances et notre capacité à faire société. Toujours au MAC, l’artiste-chercheuse Jasmina Cibic présente la version définitive de son film The gift, au sein de l’exposition Stagecraft – Une mise en scène du pouvoir. Cette œuvre qui a nécessité trois ans de recherches s’intéresse à la notion de don dans le contexte diplomatique. Tout particulièrement le soft power, sorte de manière douce utilisée par un État pour imposer son influence culturelle, politique, économique ou idéologique. Passionnant.
l'art xxl
Après Luxembourg, New York, Paris, Genève et Lyon en juin dernier, la galerie Ceysson & Bénétière vient d’ouvrir un espace à Saint-Étienne. Situé au cœur du nouveau pôle culturel de la ville, entre la Comédie et le Zénith, ce lieu de 1000 m² dédié à l’art et à la convivialité est doté d’un restaurant-cave à vins et d’une librairie-boutique. Les volumes dignes d’un musée (six mètres sous plafond !) forment un écrin de rêve pour les artistes. Une aubaine pour les œuvres monumentales de Bernar Venet, qui se déploient majestueusement dans l’exposition inaugurale. Le visiteur peut déambuler tranquillement entre ses Reliefs et ses Arcs en acier corten, s’imprégner pleinement des lignes indéterminées, élégantes et puissantes. L’ouverture entre les salles met en dialogue les sculptures et crée des perspectives étonnantes, tandis que les dessins trouvent refuge dans de petites salles plus intimes. À l’étage, les showrooms donnent un aperçu des artistes accompagnés par la galerie à travers le monde : Claude Viallat, Orlan, Noël Dolla, Daniel Firman, Lionel Sabatté… De quoi nourrir la curiosité de tous les visiteurs. B.D.
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
Reliefs Bernar Venet
> 13 NOV. 10, rue des Aciéries, Saint-Étienne (42) ceyssonbenetiere.com
Marco Zorzanello ©
déambulations
arts visuels
Par Emmanuelle Babe, Blandine Dauvilaire, Anne Huguet
Épiderme d’émotions Jusqu’au 30.10.21
Pour la première fois, la Galerie Françoise Besson ouvre ses portes à une résidence d’artiste. Pendant tout le mois de septembre, la plasticienne Nawelle Aïnèche y a ainsi préparé sa première exposition monographique, présentée dans la foulée. Installé au centre de la galerie, le métier à tisser est la figure de proue de la démarche de l’artiste, costumière de formation. Ici, pas de fils mais des bandes magnétiques et des épingles à couture dont le tissage crée des pièces – costumes, sculptures, art floral – qui rendent compte des « obsessions » de l’artiste, induites par la répétition du geste. Interrogation sur le temps, le rapport au corps et aux émotions, l’œuvre de Nawelle Aïnèche allie performance et sculpture tissée. À lire entre les fils. E.B.
Water tour
De la rue à la Halle ! JUSQU’AU 31.10.21
Récolter l’instant de nos évidences Galerie Françoise Besson Lyon 4
francoisebesson.com
lady bug
Pour sa 3e édition, Peinture Fraiche joue d’entrée les prolongations en squattant pendant un mois complet la Halle Debourg. Réunis par Cart’1, une cinquantaine d’artistes de street art, dont la moitié est issue du vivier local, présentent leurs productions au fil d’une scénographie épurée. Abstraction, écologie, nouvelles technologies et regard féminin sont les quatre thématiques explorées, de quoi parcourir tous les champs de la création ! Cette année encore, la réalité augmentée offre de remonter le temps et de suivre la fabrique de l’œuvre grâce au timelapse. Bien représentés par Chicky invitant à dénicher ici et là ses petites sculptures-créatures à l’instar des personnages pop de Toki, les Lyonnais le sont tout autant par Britt et ses collages-messages, CAL et ses détournements enchanteurs ou encore l’univers ultra-graphique de Chufy. À découvrir, le Montpelliérain Quentin DMR, qui travaille l’image déconstruite tel ce collage réalisé à partir d’une photo d’océan. C’est majestueux, plongez-y ! Également passionnant à observer, le portrait par Lady Bug tout en pointillisme et en damiers qui déborde jusque sur l’asphalte, ainsi que le trompe-l’œil du Belge Ceepil qui sensibilise à la cause animale en créant l’illusion par la juxtaposition d’un tigre et d’un crocodile… Deux autres figures du street art valent aussi le détour : la Parisienne Madame, dont le collage XXL fait de cette comédienne une affichiste des temps modernes, et l’Italien NemO’s qui commence à se faire sérieusement un nom en donnant à voir à grande échelle les travers de nos sociétés avec ses personnages difformes fascinants. E.B. Halle Debourg, Lyon 7
peinturefraichefestival.fr Max Charlin ©
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
déambulations
En eaux troubles 15.10.21 > 03.11.21
H2M, Chapelle Lalande, etc. Bourg-en-Bresse (01)
vraimentquinzainephoto.wordpress.com
Souffle de vie JUSQU’AU 02.01.22
Au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne, Lionel Sabatté fait la démonstration de son talent. Baptisée Éclosion, l’exposition marque un tournant dans son travail, avec une cinquantaine d’œuvres à l’énergie végétale et minérale. Plus que jamais, il aime créer l’illusion en changeant le statut de la matière pour faire surgir la beauté. Ses plaques d’acier faussement oxydées par le temps sont un clin d’œil aux peintures rupestres, tandis que ses oiseaux posés en équilibre sur des roseaux puisent leur force dans le bronze travaillé au feu. Dans la grande salle, il a déployé une gigantesque structure de ciment et de fer à béton, aux allures de navire échoué. L’ensemble dialogue avec trois corps géants constitués de pierres et de terre, dont la puissance naît de leur lutte avec la matière. Le parcours s’achève autour d’un grand carré de "tissus" translucide nimbé de lumière. Constitué de milliers de fragments de peaux, ce tapis tissé d’humanité est d’une grâce inouïe. B.D.
J.B. Laissard ©
Secrets de cinéma
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JUSQU’AU 27.03.22
Pour la première fois, le Studio 24, lieu de tournage emblématique du Pôle Pixel à Villeurbanne (où fut tourné entre autres Kaamelott), ouvre ses portes au public avec une exposition dédiée aux effets spéciaux. L’idée de ce parcours, conçu par la Cité des sciences et de l'industrie, est de faire découvrir les métiers et techniques un peu magiques qui interviennent dans la réalisation d’un film. En complément des panneaux informatifs, les visiteurs sont invités à expérimenter certains procédés comme la motion capture, qui permet de faire décoller un dragon sur l’écran en agitant les bras. Il est aussi possible d’adopter le visage d’une créature étrange avec l’aide du casque de captation, percer les secrets des maquilleurs, traverser un paysage exotique sur une passerelle suspendue, incruster un décor et des personnages en utilisant un fond vert ou bleu, transformer son corps en des milliers de particules dansantes, ou même ajouter des bruitages plus vrais que nature. Une plongée ludique dans les coulisses du 7e art. B.D. Effets spéciaux : crevez l’écran ! Studio 24, Villeurbanne
polepixel.fr
Aurélien Mole - MAMC+ ©
La quinzaine photographique de Bourg-enBresse rêvait d’accueillir Martin Parr pour sa deuxième édition. On aurait adoré. Las, budget en rade et ambition revue à la baisse, mais les activistes de Dans Ta Chambre n’ont pas lâché l’affaire. Vraiment ??? annonce cinq expos (au lieu de dix) et deux projections (dont l’excellent et impressionnant Leviathan) autour d’un fil rouge aquatique. On pourra y voir les images vintage de mer, de pêche et de marins de l’océanographe pionnière (et photographe) Anita Conti. Autre ambiance du côté de H2M avec Marco Zorzanello et son WATER Tour (réalisé en Israël) : l’Italien, entre photojournalisme et photo documentaire, questionne le tourisme (de masse) à l’époque du changement climatique. Habituée des sujets de société, Florence Levillain, elle, accroche une vingtaine de photos grand format sur Les Bains Publics. Tout ça gratuit et au fil de la ville. A.H.
MAMC de Saint-Étienne (42)
mamc.saint-etienne.fr
Lionel sabatté, exposition éclosion
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
bêtes de scènes
Ali Beidoun ©
PARTI E
Tania El Khoury
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Par florence roux
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Micro Mondes, le festival des arts immersifs, ramène au TNG ses univers minuscules ou immenses, trop réels ou hyper imaginaires qui ont un point commun : annuler le quatrième mur pour nous plonger tout entier dans l’œuvre.
Festival Micro Mondes 16 > 28 nov. TNG Vaise, Les Ateliers Presqu’île tng-lyon.fr
iennal, le festival Micro Mondes a échappé aux annulations liées à la crise du Covid. Il n’a pas échappé au monde, comme en témoignent notamment les deux installations de Tania El Khoury, pour la première fois à Lyon. Dans l’une, Cultural Exchange Rate (ou "Taux de change culturel"), pièce politique engagée, elle nous entraîne à la rencontre de l’exil de sa famille, ses détours et ses secrets. Chaque spectateur, clés en main, doit ouvrir les casiers d’une grande salle de consigne pour y découvrir des objets et images qui redonnent vie à la mémoire des siens. La rencontre est plus directe dans As Far As My Fingertips Take Me ("Aussi loin que l’empreinte de mes doigts me mène") où l’artiste libanaise imagine un procédé simple : un mur blanc, un trou au travers duquel chacun glisse le bras pour le confier aux soins de Basel Zaraa, réfugié palestinien de Syrie. On ne le voit pas mais l’artiste de rue, également musicien, peint notre peau, chante et raconte son parcours de migration. Quelle étrange intimité, invisible, entre la caresse du pinceau et l'âpreté du récit ! Et, comme dans les autres œuvres immersives, il faut lâcher prise. Ainsi, dans À l’origine fut la
vitesse, le testament de Sov Strochnis, Philippe Gordiani, musicien et metteur en scène, et Nicolas Boudier, metteur en espace et en lumière, s’inspirent du roman de Alain Damasio, La horde du contrevent. Ils imaginent un monde que le vent a quitté, dans lequel une horde d’aventuriers s'est élancée à contre vent, d’ouest en est, pour atteindre « l’Extrême-Amont », la source de tous les vents. Les deux artistes aspirent à un « spectacle immersif total », pour lequel le premier a prélevé et transformé des enregistrements sophistiqués du vent qu’il a intégrés à ses créations sonores et musicales, à ses vidéos. « Vitesses, mouvements et intensités des vents se transforment en déplacements de sons et d'images et façonnent l’expérience sensorielle des spectateurs », dit-il. Le second, lui, a imaginé la scénographie et le Combo, un masque-écran occultant allié à un casque audio à conduction osseuse. Une fois qu’il l’a enfilé, le spectateur connaît d’abord la sensation de la cécité, avant de retrouver la vue et, surtout, d’entendre à la fois la rage des vents et des bourrasques. Via des vibrations osseuses, il perçoit le récit du scribe Sov Strochnis, l’ultime survivant de la 34e Horde, comme une voix intérieure, interprétée par Thomas Poulard. Brrrr…
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
la n o i t a l é v é r y h a t a j
Magali Dougados ©
bêtes de scènes
Entre chien et loup
Par Trina Mounier
La Brésilienne Christiane Jatahy présente en novembre deux pièces, et non des moindres. Julia, l’adaptation de Mademoiselle Julie de Strindberg, l’a révélée au public français, en 2013, comme une metteuse en scène de premier plan. Et Entre chien et loup, librement inspiré de Dogville de Lars von Trier, a marqué les spectateurs du In d’Avignon cet été. Dans les deux œuvres, elle actualise et politise le propos. Elle situe sa Julia dans un Brésil soumis aux inégalités criantes avec une bourgeoisie blanche arrogante qui domine sans vergogne la masse des noirs réduits à l’extrême pauvreté. Entre Julia et le chauffeur noir de son Julia père, l’attraction sexuelle sera aussi scandaleuse qu’incandescente. 09 > 13 nov. Sur scène, sur les écrans, la rencontre brûlante des corps s’affiche. Théâtre de Entre chien et loup nous interpelle en posant la question des frontières la Croix-Rousse Lyon 4 et des migrations aujourd’hui, fustigeant l’égoïsme des "chiens" qui ont vite fait de se muer en "loups" à l’instar des tranquilles citadins croix-rousse.com prompts à se révéler des fascistes cruels. Pour réaliser ce théâtre très engagé, Christiane Jatahy varie les formes, Entre chien et loup poursuit les comédiens dans leurs plus profonds retranchements, 20 nov. > 04 déc. multiplie les points de vue : rien n’échappe à l’œil de la caméra TNP Villeurbanne intrusive, indiscrète. À travers de simples drames domestiques, elle tnp-villeurbanne.com pose un regard politique sur le monde.
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
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pose us pro ises vo l a n’est B d Quan âtre, ce au thé er n . ur ’air de reto le en l e paro pas un
e l b u Do e s o d dose
Corde.Raide
02 > 13 NOV. Théâtre de l’Iris, Villeurbanne Dunsinane
19 NOV. Toboggan, Décines
letoboggan.com Straight
27 NOV. > 09 déc. NTH8, Lyon 8 nth8.com
Déjà une quarantaine de spectacles sont proposés par Balises, dans une vingtaine de salles disséminées sur la Métropole, et ce n’est pas fini ! L’offre évolue tous les jours. Le principe : deux places pour le prix d’une sur une date précise, de quoi jouer les généreux sans se faucher. Notre choix s’est fixé, de manière absolument subjective, sur des spectacles que nous avons aimés. À commencer par Dunsinane de David Greig mis en scène par Baptiste Guiton avec une pléiade d’acteurs formidables. L’auteur imagine ce qui se passe après la mort du dictateur sanguinaire Macbeth. À peu près le même désastre qu’après la mort de Tito ou de Saddam Hussein. Pas réjouissant mais lucide et ça se suit comme un polar ! On conseille aussi Straight, une pièce de Guillaume Poix1, auteur lyonnais dont la renommée dépasse largement les frontières de la France. Très engagé, il dénonce ici les viols collectifs et autres atrocités dont sont victimes ceux qui ne vivent pas straight en Afrique du Sud, LGBTQ en tête… Ajoutons une mise en scène de Sylvie Mongin-Algan, ce qui est généralement une belle garantie ! Enfin Caroline Boisson passe dans la cour des grands en compagnie de Vanessa Amaral : leur spectacle corde.raide (création) est intégré à la programmation du TNP2. Ce texte de la Britannique debbie tucker green (prix étranger 2019 des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre) est redoutable, la pièce (qui a fait partie des Maquettes du Prix Célest’1 en 2020) s’annonce puissante et corrosive. On réserve ! T.M.
LA PLUME INCISIVE Par Trina Mounier
Julie Rossello-Rochet a déjà à son actif des poèmes et des pièces de théâtre primés qui ont marqué les spectateurs. Elle aime raconter d’une plume incisive des histoires simples de notre temps. Si ses récits se nourrissent souvent de l’actualité (Part-Dieu, Chant de gare ou plus récemment Cross, ou la fureur de vivre), elle sait aussi prendre de la hauteur en retraçant le parcours initiatique de vie et d’auteur d’Albertine Sarrazin… Et c’est une vraie chance : Part-Dieu et Sarrazine sont au programme en novembre. Part-Dieu nous fait partager quelques moments dramatiques et ubuesques de la vie de Théodor, Sarrazine jeune réfugié congolais, "mineur isolé" comme on 10 > 14 NOV. Théâtre des dit, aux prises avec les arcanes de l’administration. Clochards Célestes, C’est carrément désespérant, mais drôle, enlevé, Lyon 1 émouvant et cela ouvre l’esprit sans misérabilisme. Avec Nelly Pulicani, Lucie Rébéré (à la mise clochardscelestes.com en scène) a trouvé sa Sarrazine, son Albertine. Part-Dieu, chant de gare La comédienne se jette à corps perdu dans 24 > 26 NOV. ce personnage de femme écorchée vive mais Théâtre de la Croix-Rousse courageuse, volontaire et intrépide, tant pour Lyon 4 gagner sa liberté que son indépendance et son croix-rousse.com accès au statut d’écrivain. Elle mêle à son jeu une naïveté touchante et un humour adorable.
Jean-Louis Fernandez ©
bêtes de scènes
JULIE ROSSELO−ROCHET
sarrazine
1. Invité Carte blanche, ArKuchi #19 2. TNP, 12 au 14 mai 22 ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
bêtes de scènes
EN APARTÉ
Emma Dante
Par Florence Roux
Au début de Misericordia, écrit et mis en scène par Emma Dante, la scène est presque nue, sauf ce tas d’objets de bazar éparpillés et quatre chaises. Trois femmes assises tricotent et un garçon décharné ne tient pas en place. Elles se taisent, parlent, déblatèrent, se plaignent, s’engueulent, pérorent et leur bagout compose une musique sur laquelle il s’agite, vibre, vacille, se ratatine et se redresse… Elles se nomment Anna, Nuzza et Bettina, trois prostituées qui ont adopté Arturo, l’étrange orphelin d’une collègue défunte. Le personnage d’Arturo, magnifiquement interprété par le danseur Simone Zambelli (aussi précis et bouleversant qu’Italia Carroccio, Manuela Lo Sicco et Leonarda Saffi, qui incarnent les trois mères d’adoption), est inspiré par un garçon autiste vu à l’hôpital, qui « ne cessait de tourner en rond, jamais immobile un instant, et qui était heureux ». Or, telle est précisément l’impression qui se dégage de la danse à la fois « frénétique et joyeuse » d’Arturo. Heureux malgré sa tragique histoire, plutôt joyeux grâce à l’amour de ces mères improbables, dans leur masure sale. Et loin de tout prêchi-prêcha religieux ou bien-pensant, cette miséricorde-là raconte comment le sentiment maternel prospère où bon lui semble. Grâce à une dramaturgie qui 10 > 20 NOV. ferait pousser des fleurs dans le désert, Emma Dante TNP, Villeurbanne réussit, comme elle l’ambitionne, à faire « un théâtre tnp-villeurbanne.com qui adoucit le cœur des gens ».
Christophe Raynaud De Lage/Festival d'Avignon ©
La poésie à vif
Et le désir emporte tout !
Grand battement est un spectacle sur la discipline et le désir. Depuis son plus jeune âge, Nelly, 22 ans, s’entraîne quotidiennement, ne reculant ni devant la répétition ad libitum des mêmes gestes, des mêmes mouvements, ni devant la souffrance qu’elle impose à son corps sanglé, à ses pieds bandés, ni devant le renoncement à la vraie vie. L’irruption du désir et du plaisir, comme un tsunami, va la dévaster et la magnifier. Tout cela, Marie Depoorter le raconte dans un texte tout en ruptures, dans une langue crue qui dit les mots du sexe sans métaphore, suggère la violence d’un ressenti auquel elle ne résiste pas… À travers ce court spectacle, elle dresse le portrait d’une jeune artiste résolue, peint l’éclosion de Nelly à la féminité et à l’âge adulte. Elle signe ici un premier spectacle personnel déjà très abouti sur le féminin. Magnifique. T.M. 16 > 19 NOV.I Théâtre de L’Élysée, Lyon 7
Les voyages forment la jeunesse
Avec les circassiens québécois des 7 Doigts de La Main, on est presque sûr de ne pas être déçu, tant ces artistes sont doués et leurs pièces abouties jusqu’au plus petit détail. Ici danse, acrobaties, bande-son prenante, projections s’enchaînent et se mixent pour entraîner le spectateur dans ce train imaginaire, métaphore de la vie qui passe. Tout ce petit monde (ils sont huit sur le plateau) est du genre touche-à-tout, tour à tour chanteur, acrobate, fil-de-fériste ou danseur, cirque oblige. Les numéros se succèdent (hula-hop, tissu aérien, fil-de-fer, banquine, trapèze, mât chinois, contorsion), des projections créent l’illusion du voyage, là une petite histoire personnelle vient calmer le rythme (trop, parfois) avant une nouvelle chorégraphie. On se doute qu’après tous ces mois off, ils vont avoir le mors au dent ! A.H. 20 > 21 NOV.I Le Théâtre - Scène Nationale, Mâcon (71)
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
Chanter à en mourir
bêtes de scènes Jana Kiesser ©
Rendre l’opéra plus accessible et aborder les sujets de notre époque font partie des priorités de Richard Brunel, le nouveau directeur de l’Opéra de Lyon. Avec Zylan ne chantera plus, il met en scène un sujet universel.
Par Blandine Dauvilaire
Quel est le thème de cette création ? Richard Brunel Parce que je souhaite que les sujets importants de notre monde affleurent à l’opéra, j’ai demandé à Yann Verburgh d’écrire autour de l’homophobie, de la discrimination et du rejet. Il s’est inspiré d’un fait divers pour raconter l’histoire d’un jeune chanteur pop issu d’un pays autoritaire, qui connait un grand succès à l’étranger mais qui, de retour dans son pays, est arrêté et disparaît. C’est un sujet qui n’est quasiment pas abordé à l’opéra, j’ai pensé que ça pourrait concourir à une prise de conscience du public. Il ne s’agit pas de faire un opéra politique mais plutôt de faire politiquement de l’opéra, on ne donne pas de leçon. Quelle sera la mise en scène ? RB C’est un monodrame en dix scènes pour un seul interprète – le ténor Benjamin Alunni – dont la musique est composée par Diana Soh. Sur scène il y a trois instrumentistes : percussion, guitare et violoncelle. L’idée est d’emmener le public dans un concert du jeune Zylan, puis tout d’un coup on glisse dans le passé et les arcanes de ce personnage. On s’adresse directement au public, sans filtre, c’est très accessible. Le public sera d’ailleurs assez proche de la scénographie qui sera musicale. Le spectacle sera itinérant… RB Je veux créer de nouvelles formes pour un public qui ne va pas à l’opéra. C’est l’opéra qui vient à lui. L’idée d’aller plus loin pour être plus proche me tient à cœur. On va commencer par le Théâtre du Point du Jour, puis on ira dans une école, un hôpital, etc. L’idée est d’investir des lieux inattendus de la région, en pouvant accueillir à chaque fois 70 spectateurs.
Zylan ne chantera plus 06 > 13 nov. Théâtre du Point du Jour Lyon 5 15 > 28 nov. Itinérant AuvergneRhône-Alpes opera-lyon.com
Le faiseur d’histoires Entre pentes et Croix-Rousse, le tout petit théâtre dirigé par André Sanfratello continue, avec une belle obstination, de permettre à de jeunes compagnies de montrer leur travail. Une fois n’est pas coutume, c’est avec le maître des lieux qu'on se propose de faire vraiment connaissance. L’occasion est trop belle : trois de ses spectacles seront à l’affiche de l’Espace 44 entre octobre et mi-décembre. Avec Un roi sans divertissement, on le retrouve acteur pour un seul en scène époustouflant, dont la longévité vaut celle de La Cantatrice chauve à La Huchette… Un hommage à Jean Giono qui n’a pas pris une ride. Dans Les Papillons d’or fragiles comme dans L’affaire Œdipe, deux pièces de Sandrine Bauer, on retrouve Sanfratello à la mise en scène. Sa patte, c’est l’art du récit conjuguant énigme et œuvres du répertoire. Franchement, passionnant ! T.M.
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
Les Papillons d’or fragiles 12 > 24 oct. Un roi sans divertissement 17 > 21 NOV. L’affaire Œdipe 09 > 19 déc. espace44.com
bêtes de scènes
Brice Robert ©
Les Hauts Plateaux
O C RPS ACROBATIQUES Par Anne Huguet
La Nuit du Cirque revient, du 12 au 14 novembre, pour une troisième édition essentielle après tous ces mois entre parenthèses. L’occasion de renouer avec l’envol, la poésie, le rêve. Sélection toute subjective.
Du côté du Vellein, on aime le cirque et on le prouve. En octobre, Mathurin Bolze et ses Hauts Plateaux convient à repenser le monde avec une chorégraphie aérienne dense et oblique. Entre plateformes, trampolines et échelle, la pièce de 75 minutes multiplie chutes et rebonds, escalades, jeux de vertige ou voltiges en ombres chinoises, sublimant les fragilités humaines tout en questionnant notre monde en suspension. À la fois grave et réjouissant. Juan Ignacio Tula, lui, ouvre la Nuit du Cirque avec Tiempo, une variation avec la voltigeuse Justine Berthillot sur la roue Cyr et la boucle infinie : une pièce-ovni où corps et objets sont comme en orbite et dont on ne s’évade que par le fantasme. À leurs côtés, Ellipse et Yan Raballand emportent Rémy Bénard dans l’ivresse du tournoiement, dans une version plus dansée. Un peu plus loin, aux SUBS, on suivra les circonvolutions tourbillonnantes de la danseuse-acrobate Rachel Salzman, ancienne du Cirque du Soleil, elle aussi fascinée par la roue Cyr. Ça tourne ! Plus conceptuel, PLI s’annonce comme l’objet intrigant du Les Hauts Plateaux moment. La jeune circassienne Inbal Ben Haim (trapèze fixe 28 > 29 OCT. et corde lisse) croise le fer avec le plieur de papier Alexis Mérat Le Vellein, et donne corps à une œuvre singulière dans laquelle le papier Villefontaine (38) devient agrès. Il y sera question d’équilibre, de résistance, de le vellein.capi-agglo.fr fragilité, d’incertitude, de risque, et de ce "pli" qui marque toute action. Quand on sait que l’Israélienne a démarré ce travail PLI 10 > 20 NOV. suite à un stage avec Johann Le Guillerm et qu’elle est sensible Les Subs, « au concept spirituel du wabi-sabi, la quête de la beauté Lyon 1 dans l’imperfection », on imagine bien que le projet risque de les-subs.com bousculer nos habituels codes artistiques.
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
la rencontre des mondes Artiste associé à la Maison de la Danse depuis deux ans, Amala Dianor tient le haut du pavé pendant une semaine. Pas moins de trois propositions sont à l’affiche pour découvrir l’univers du danseur à l’épatante virtuosité et du chorégraphe à l’écriture singulière, mêlant les esthétiques et les inspirations. Urgence de la compagnie HKC est une collaboration avec l’autrice Anne Rehbinder et le metteur en scène Antoine Colnot, qui questionne l’émancipation de l’individu, le déterminisme social. Cinq jeunes fougueux danseurs (tous issus du projet Babel 8.3) bondissant de vitalité creusent des chemins de désobéissance et tentent de concrétiser leurs rêves. À l’instar de Nangaline Gomis, jeune interprète sortie récemment du CNSMD de Lyon, qui reprend le premier solo de Dianor, Man Rec (« seulement moi » en wolof) dans une version personnalisée et devient Wo-Man. On ne manquera pas de (re)voir également Extension (2014), duo surprenant pour BBoy Junior et luimême, et Point Zéro, sa dernière pièce 18 > 22 OCT. créée ici-même en Maison de la Danse, catimini, en février Lyon 8 dernier, crise sanitaire maisondeladanse.com oblige ! G.V.-P.
fokus
NörKa
flou
artistique Par Anne Huguet
Capter l’empreinte, la trace que laisse l’individu sur son passage
photos NörKa
100 % passionnée, autodidacte, NörKa est tombée un peu par hasard dans la photographie, après une première vie parisienne enrichissante à faire de la communication. En 2013, armée d’un vieux Canon et de quelques objectifs, elle se perd à Dublin et se découvre photographe. « J’ai compris que c’était une manière d’extérioriser ce que j’avais au fond de moi. En saisissant cet instant du déclic. Et ça ne m’a plus lâchée ! » Elle tisse donc sa toile, apprenant de ses erreurs et expérimentant inlassablement sur trois paramètres essentiels à ses yeux : le temps de pose, l’ouverture et la sensibilité ISO. Parce que NörKa a une obsession : le mouvement. Depuis toujours. « Je m’intéresse à l’individu en mouvement dans son environnement. J’essaie, expliquet-elle, de capter l’empreinte, la trace qu’une personne laisse sur son passage. » Et ses clichés s’en ressentent. Des silhouettes fantomatiques en train d’arpenter des espaces urbains aux tonalités lumineuses. Parfois, une ombre projetée ou diluée que l’on devine à peine. « Je fais un focus sur l’individu en mouvement. » Elle travaille plusieurs séries à la fois, toutes reliées au mouvement, même si cela peut être large. « Dans l’immobilité, il y a du mouvement aussi ! » Ainsi la très belle série L’Individualité en Mouvement, où elle saisit, à la focale fixe, des instants, souvent flous, et des bouts de vie. Que chacun peut compléter avec son imagination, son humeur et sa sensibilité. Ce qui prime ? L’arrière-plan, le bon cadrage et finalement le hasard. Car rien n’est planifié, ni posé chez elle. Elle n’a aucun contact avec ses modèles qu’elle capture au feeling et « dans l’instantanéité » ; des images volées, somme toute, hors champs et hors du temps, qui « permettent d’imaginer un avant et un après ». L’œil est aguerri, « je ne recadre jamais mes photos, comme si je savais d’avance ce que je voulais » ; la post-production très rapide, « raviver
les couleurs mais de manière très instinctive dans une forme de non-contrôle » et toujours le mouvement accéléré, ralenti, décomposé… L’important dans une photo ? « L’équilibre. Dans la lumière, les contrastes. Qu’elle résume une situation, une époque. En même temps, il faut réussir à saisir une espèce d’instant hors du temps où l’on se projette. » Sacrée gageure. Puis il y a la galerie au 35 rue Burdeau, hasard de la vie et passage de témoin incroyable par le couple Pallade, « comme une mission qui m’a été confiée » : autour d’une démarche artistique forte (le mouvement et des monographies), la galeriste donne à voir le travail d’artistes à la fois reconnus et émergents. On y a ainsi découvert les très beaux sténopés de Christian Poncet ou les œuvres protéiformes du plasticien humaniste, Étienne Brulefert. Enfin, elle collabore depuis 2016 avec Nikon sur le projet Je vois ma ville autrement, pour « apporter un regard différent, très coloré, avec des cadrages osés ». 50 villes par an, un reportage tous les 15 jours et quelque 200 photos par ville. « C’est très intense, mais cela nourrit mon travail artistique. Souvent je m’arrête, shoote quelques photos qui serviront à poursuivre et développer mes séries artistiques… Je fais ce que j’aime plus que tout : voyager et photographier. »
Ses Influences Francis Bacon, Henri Bergson, Willy Ronis, Deborah Turbeville, Dan Graham, Xavier Dolan, Les Pieds sur terre (France Culture)
L’individualité en mouvement
13 OCT. > 18 DÉC. Galerie NörKa 35 rue Burdeau, Lyon 1
galerie-norka.com focusmood.com CarolineCapelleTourn.Norka norka_art
Perrozan, Saint-Sorlin-en-Bugey (01)
vignoblepellerin.com
Goûter aux vins vivants et rayonnants de Jean-Christophe Pellerin enterre la morosité. Une recette toute naturelle, biodynamique, à découvrir dans le Bugey.
Par Lucie Diondet
À Le conseil de JeanChristophe Pellerin Un vin produit en biodynamie par la vigneronne Michèle Aubery, une des « papesses du naturel ». Frais, très digeste, un grenache fort en fruits aux arômes encore vifs trois semaines après ouverture (si l’on arrive à résister jusque-là !). POIGNÉE DE RAISINS, AOP, Côtes du Rhône
Domaine Gramenon, Montbrison-sur-Lez (26) rouge 2019 - 16€I
force de goûter aux vins de « chez Pellerin », je devais voir de plus près ce qui se tramait derrière les jolies étiquettes et ces cépages aux noms étranges. Rendez-vous donc avec Jean-Christophe Pellerin à SaintSorlin-en-Bugey, dans l’Ain. Là, au pied du Jura, les hectares réchappés d’anciennes parcelles à vin "de soif" et à céréales n’occupent plus dans la commune que trois exploitants agricoles, dont notre vigneron. Lui qui, à la fin des années quatre-vingt, a lâché l’électrotechnique, « trop enfermante », pour la vigne entretient depuis vingt ans un domaine de 6,3 hectares, 15 cépages au compteur. Parmi eux, les traditionnels pinot noir, gamay, aligoté ou chardonnay, l’altesse et la mondeuse typiques du Bugey, voire des raretés oubliées comme le Persan, le Chichaud ou l'Étraire de l'Aduï. Les vins sont blancs, rouges et rosés, avec ou sans bulles. Conventionnel au départ, dans la tradition de ses aïeux, le travail de la vigne devient rapidement raisonné (5 à 6 traitements par an au lieu de 15, désherbage), avant d’intégrer en 2008 les principes de la biodynamie. Sols, plantes, environnement : tous les éléments du domaine, considéré comme un être vivant, sont connectés. De la vigne au chai, l’activité, certifiée Demeter*, suit un
cahier des charges drastique. Formé à l’usage des tisanes, huiles essentielles et autres plantes curatives, réglé sur le calendrier planétaire, Jean-Christophe Pellerin est rapidement conquis par cette approche holistique de l’agriculture. Pas de pesticides, peu d’intrants, aucun sulfite en cave. Plutôt que du cuivre ou de la bouillie bordelaise, d’infimes doses de bouse macérée dans une corne de buffle, d’achillée mûrie dans une vessie de cerf, d’ail, de camomille ou de silice suffisent à stimuler le sol. La méthode millénaire rapportée dans les écrits antiques, accusée de sorcellerie aux temps anciens, boudée par l’enseignement viticole classique, fait des émules parmi les jeunes exploitants. À l’instar de Jean-Christophe Pellerin, de plus en plus de vignerons quittent des AOC qui, à leurs yeux, ne reflètent pas le terroir. Ils veulent des vins moins « ennuyeux », moins « liftés », brillants comme la silice. Le classement en Vin de France permet les expériences, telle l’excellente Fusette du domaine, assemblage de viognier, altesse et roussanne. Jean-Christophe Pellerin partage volontiers cet esprit du bon vin nourri de découvertes et respectueux de la nature. Une philosophie qu’il cultive et ne cesse d’interroger, d’ailleurs, avec ses deux fils, associés depuis cet été. "Chez Pellerin", on n’arrête pas l’expérience ! *Marque internationale de la biodynamie présente dans plus de 50 pays, qui regroupe 700 vignerons certifiés dans le monde dont 400 en France.
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Lucie Diondet ©
20 sur vin
DOMAINE PELLERIN
Les bons tours de la terre
carte blanche
D e s m ots d e “ l ’ e n t re ”
Montamat - Olivré ©
Vania Vaneau est une danseuse et chorégraphe brésilienne, installée à Lyon. Interprète chez Maguy Marin (de 2005 à 2012), Rizzo ou Vandekeybus, elle se fait remarquer avec un premier solo, Blanc (2014). Suivront le duo Ornement (2016) puis le trio ORA (2019), avant Nebula créé aux SUBS en novembre prochain. Danseuse magnétique, elle explore les frontières entre intérieur et extérieur du corps et questionne les rapports à l’environnement, au temps, à la nature, au cosmos.
Par VANIA VANEAU
E
ntre deux choses, entre deux instants, entre deux pays, entre le ciel et la terre, il y a une zone de mouvement, d’indétermination, d’inconnu. Ce chemin de "l’entre" se dessine au fur et à mesure sur un fil ténu, précis et fragile.
Voilà où je me situe (ou ne me situe pas), entre des
Nebula polarités (pas que deux) opposées, différentes, mais Les SUBS, Lyon 1 continues, complémentaires. Des bribes d’histoires, 30 NOV. > 04 déc. de géographies, de cultures, de choses, de lieux et
de temporalités qui tentent de se rassembler en
les-subs.com un tout. Une composition mouvante qui cherche arrangementprovisoire.org
à ajuster perpétuellement sa forme et son contour
arrangementprovisoire poreux.
M’habitent le Brésil et l’Europe, pays d’origine et continent d’accueil, m’habitent les voyages à travers le monde. M’habitent le théâtre de violence de la guerre vécue par mon père, et la passion de la danse qui m’a été transmise par ma mère. M’habitent toutes les personnes, les idées et idéaux, les histoires que j’ai pu rencontrer, de près ou de loin, leurs bonheurs et leurs souffrances. M’habitent tous les fantômes anciens et récents, connus et inconnus, les esprits qui rôdent, qui gardent, qui guident et qui effraient. M’habitent tant la mégapole polluée, surpeuplée et chaotique, que la forêt dense, sonore, exubérante et colorée. Le calme profond de la mer, de la méditation, de l’infini du ciel, autant que le trouble cauchemardesque de la terre et de la tragédie des
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carte blanche
humains. La joie de la vie et la mélancolie de savoir que tout sera fini. Le courage d’avancer vers l’inconnu et la peur des monstres sur le chemin… M’habitent les muscles, le sang, les cellules, les atomes. Ces mêmes atomes qui composent toute chose de ce monde. M’habitent les pierres, les rivières, les animaux, les étoiles, les démons et les dieux. Et aussi le vide, les absences, tout ce qui pourrait potentiellement exister, tout ce qui n’existera jamais, ce que je ne connais ou ne comprends pas. Avec toute cette foule qui m’habite, j’essaie de construire ou reconstruire des mondes. Par le corps, avec des matières, j’écris dans le temps et dans l’espace, des mouvements, des gestes, des figures et des images, j’en fais ma danse. Les pièces que je crée, seule ou accompagnée, sont pour moi comme une fenêtre par où circulent toutes ces présences et événements, intérieurs et extérieurs, qui me constituent et me traversent.
Avec toute cette foule qui m’habite, j’essaie de construire ou reconstruire des mondes. Le rituel du spectacle, l’espace de rencontre entre la "scène" et le public est comme une pause suractive où l’on peut laisser apparaître quelque chose de plus que le réel : le surréel, l’hyper-réel, l’irréel… tout ce qui existe et que l’on ne voit pas, tout ce qui n’existe pas encore, tout ce qui disparaitra bientôt, aussitôt le spectacle terminé. Cet espace a le potentiel de changer, de réparer, de transformer le monde, au moins pendant la durée du jeu. J’ai bientôt 40 ans, je suis, (peut-être !?) à peu près au milieu de ma vie, à mi-chemin entre la vie et la mort, entre le passé et le futur. Ce lieu ici, au milieu, entre le début et la fin, est mouvant, intense, vibrant. Et j’espère que le souffle du temps qui passe nous propulse tous vers plus de lumière.
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
Rebtil Mobile ©
FORME & FONCTION
IN MOBILE NI architecture, ni vraiment design, du moins pas dans un sens utilitaire et matériel… Cette fois-ci, allons à l’essentiel, retournons à la source : parlons espace ! Surtout quand cette notion épurée et quelque peu abstraite s’incarne avec délicatesse et élégance.
Par Émiland Griès
L
Rebtil Mobile
52 rue Saint-Michel, Lyon 7 Affichage Libre
22 rue Creuzet, Lyon 7 rebtil.fr rebtilmobile
a matière que Rebtil, créatrice au nom anagrammesque, travaille est le vide. Elle se définit comme sculptrice, et plus précisément de l’intrigant titre de mobiliste. Bref, elle invente et réalise des mobiles, des petits, bien sûr, comme on les imagine immédiatement au-dessus d’un berceau, mais surtout des grands, des immenses même, à l’échelle d’une cage d’escalier, d’un atrium, d’une halle. De sa vie d’avant, celle de graphiste et directrice artistique multimédia parisienne, elle se souvient des
deux dimensions de la feuille de papier ou de l’écran, qui se sont vite révélées trop limitées pour lui permettre de s’exprimer. Elle a rapidement eu besoin d’air ! À bien les observer, les mobiles de Rebtil recèlent une extraordinaire capacité narrative, nous racontant des histoires, mais sans parole et avec très peu de sens. Leurs équilibres tridimensionnels, leurs géométries sans limite, leurs mouvements giratoires, leurs lentes oscillations mettent celui qui les observe en ébullition interrogative. Face à cette versatilité formelle, bien malin celui qui arrive à comprendre du premier coup ! La logique bute sur ses propres limites, comme devant
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
FORME & FONCTION
les dessins d’Escher*. Début ou fin, haut ou bas, devant ou derrière : tout s’emmêle sous nos yeux interloqués, dans un mouvement perpétuel. Avec malice, Rebtil recourt à tous les stratagèmes pour augmenter ce trouble visuel, faisant flotter des formes tronquées, complémentaires ou presque, facettées, partiellement mais intensément colorées, disposant ses mobiles devant des fonds rayés aux effets tromboscopiques. Face à l’un d’eux, quel qu’il soit, le temps se suspend, offrant une séance de shiatsu au cerveau. Pour qu’adviennent ces petits miracles aériens, Rebtil est pleine de ressources. Elle conçoit en croquis puis en modèle réduit, prêtant une grande attention au lieu qui en sera l’écrin. Quand elle passe à l’action, à l’occasion d’une commande qui va de la salle de mariage à l’accueil d’un siège social en passant par un chai de dégustation, elle se sert de tout ce qu’on fait de plus léger possible : papier découpé, froissé, plié, balsa, bambous mais également chutes de matériaux nobles glanés chez les ébénistes, les industriels, dans les scieries, voire même dans la nature : rameaux secs, sarments de vignes... La récup’ est en quelque sorte son art de vivre ! À partir de tiges métalliques à mémoire de forme, pliant sans se déformer, et de fils techniques de nylon aussi fins que solides, elle œuvre in situ, puisqu’un mobile ne se transporte pas, ou si peu. Perchée sur une échelle malgré un vertige tenace, sans colle et avec de minuscules nœuds, supprimant les frottements qui entravent le mouvement, dans un savant assemblage d’émerillons miniatures, Rebtil rend toute mécanique invisible pour que seule subsiste la poésie. Elle garde pour elle ses secrets de fabrication. Ils sont le fruit des difficultés rencontrées et pour lesquelles elle a, au fur et à mesure, inventé ses propres outils, comme celui qui perce le plus profondément et finement possible. Le mystère de la fabrication fait bien entendu partie de la magie. Et quand elle associe la lumière à ses mobiles, les ombres portées démultiplient dans l’espace la nuée des objets et leurs vols planés elliptiques. Le mobile, une œuvre sans limite ? Il semble bien. Sa prochaine suspension de grande envergure intègrera les visiteurs eux-mêmes, qui, lampe en main, seront partie prenante de l’installation et rentreront à leur insu dans la danse. Pour s’en rendre compte, rendez-vous à la prochaine Fête des Lumières ! * M.C. Escher (1898-1972) : dessinateur lithographe néerlandais, dont les œuvres présentent des constructions impossibles et des combinaisons infinies de motifs multidimensionnels défiant la logique.
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
musiques
Emma Panchot ©
Nach 14 oct. L’Épicerie Moderne Feyzin Evelyne Gallet 15 > 16 OCT. À Thou Bout d’Chant Lyon 1 Nouvelles voix en Beaujolais 17 > 23 OCT. Terrenoire 19 oct. Salle Molière Lyon 5 Yves Jamait 22 oct. Salle des Rancy Lyon 3 Joanna + Moussa 29 oct. Bizarre !, Vénissieux
Voix d’automne Le festival des Nouvelles Voix en Beaujolais est avancé en octobre mais ne change pas d’ADN : pluralité des esthétiques (de la folk au hip hop) et des renommées. Ainsi, aux côtés des têtes d’affiche Yseult, Suzane ou Clou, il serait dommage de passer à côté de talents à découvrir. On pense à Clara Ysé et son chant aux mille influences qui tient en haleine, à Fils Cara et son rap instinctif et rêveur, ou encore à MYD, poulain de chez Ed Banger dont l’électro-pop ambiancera à coup sûr la Calade.
Eh bien,
chantez
Joanna
maintenant ! Par Emmanuelle Babe
Du folk au hip hop, d’un lieu à l’autre, la chanson s’affiche dans sa diversité. Panorama d’une saison toutes voix dehors.
« Retrouver le public, la sueur et la bière ! » Le cri du cœur de Christine Azoulay, concoctrice d’affiches à la salle des Rancy, a le mérite de la clarté : le retour de la chanson, c’est maintenant ! Dans ce hautlieu de la francophonie, la saison qui débute ne fait pas suite pour autant à deux ans de black-out total. « On a continué d’accompagner la scène locale et de proposer au public des formes innovantes », rappelle-t-elle. Sur la saison 21-22, ce sont une majorité de reports. Surtout « lorsqu’ils font sens », souligne Benjamin Petit du Marché Gare. Ainsi le duo de poètes pop Terrenoire, dont le projet a pris de l’ampleur depuis 2019, se produira Salle Molière, plus grande que celle choisie il y a deux ans. Ciseleur de mots et de mélodies, Yves Jamait tourne, quant à lui, en trio dans divers lieux, dont Charlie Chaplin aux côtés, entre autres, de la charismatique Carmen Maria Vega et du crooner poète Erwan Pinard (Décembre en francophonie). Evelyne Gallet et Zaza Fournier complètent la galaxie des têtes d’affiche d’À Thou Bout d’Chant, qui accompagne en résidence la slameuse et improvisatrice Llimace, en concert également Salle Léo Ferré. Même scène pour Wendy Martinez, dont la couleur navigue avec délice entre Françoise Hardy et Cass Elliot. La poésie métisse de Bonbon Vodou est à savourer du côté des Rancy, tout comme Nach à l’Épicerie Moderne : cette "fille et sœur de" cultive pourtant une singularité solaire. Âme vagabonde entre France et Rwanda, l’écrivain engagé Gaël Faye chantera son rap chaloupé au Radiant, qui programme également les deux valeurs sûres de la chanson que sont Alain Souchon et Gaëtan Roussel. Attention, pépite sur la scène de Bizarre ! où Joanna devrait balader sa pop-trap avec flow incandescent et textes ciselés. La demoiselle sera accompagnée de Moussa (Cabrioli, c’est lui), nouvelle voix inspirée des "sages poètes" de la rime.
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
musiques déambulations
Par Emmanuelle Babe, Anne Huguet, Florence Roux
Conscious soul music 22.10.21 | 20h30
Cau Boyz ©
Le Quarto, Unieux (42) rhinojazz.com
05.11.21 | 19h30
Simon Henner roule sa bosse dans la galaxie électro-pop-rock depuis des années. Le Marseillais a produit (Kid Francescoli), joué (guitariste-claviériste de Nasser puis Husbands), composé des musiques de films et de pub. Son premier album solo, Olympic (2014), a posé les bases d'une électro dynamique et mélodique. S’ensuit en 2019 Joshua, un 13-titres empreint de nostalgie et de références, de Tangerine Dream à Soft Machine. La couleur de French 79, ce sont les synthés, « une source d'inspiration ». Seul en scène, entouré de ses instruments, il distille ses perles électro, à la fois lunaires et turbulentes. E.B. Radiant-Bellevue, Caluire radiant-bellevue.fr
20 23/10/
Des cuivres poisseux, le groove incendiaire qu’on leur connait, la voix vibrante de Ciara Thompson et ce goût immodéré pour la soul-funk des années 60 et 70, grande époque Motown : The Buttshakers reviennent sur le devant de la scène, plus soul que jamais. Ciara excelle dans tous les répertoires, bouge son corps comme personne et met le feu à tous les coups. Avec Arcadia (à sortir le 5/11), les Lyonnais avouent vouloir revenir à l’essence même de la soul avec des textes plus engagés et une musique encore plus viscérale. Sur scène au Rhino-Jazz(s) à Unieux : shake your hips, qu’ils disent ! A.H.
french 79
Bande-son marseillaise
si Ninka nd Gerla 21
Alignement des astres
Ascendant Vierge
13.11.21 | 20h
Non, pas question d’horoscope (quoique) mais d’un duo bien décidé à agiter les dancefloors. Ascendant Vierge est un drôle de nom de scène derrière lequel se retranchent le producteur de gabber Paul Seul et les humeurs goth-pop de Mathilde Fernandez. La mode, la vidéo d’art, le chant lyrique, voilà autant de dadas que cultive la musicienne-chanteuse, sorte de diva cyber punk. On a écouté (fort) Petit soldat et Influenceur. ça cogne méchamment avec des kicks obsédants, puis il y a la voix incroyable de la demoiselle, quelque part entre Maria Callas et Mylène Farmer. On s’est aussi passé leur premier EP Vierge avec ses morceaux entêtants (Impossible mais vrai), bref de la cyber techno ou de la hard dance (selon eux) à écouter fort en dansant, sous les strombos, jusqu’à plus de jambes. A.H. Ninkasi Kao, Lyon 7 ninkasi.fr
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
Cécile Chabert ©
déambulations
Cartes postales sonores 27.11.21 | 20h30
THYLACINE
La carte aux trésors 13 > 21.11 | 20h
Voilà une belle idée que de réunir les chanteurs Bertrand Belin et La Féline (Agnès Gayraud), invités par l’Opéra Underground à concocter une programmation à leur image : curieuse, bigarrée et exigeante. Une semaine hors normes pour se balader dans les répertoires des deux artistes (13/11), mais aussi découvrir une pléiade d’invités : la compositrice Claire Vailler, le rockeur en eaux troubles Rodolphe Burger – ici avec le trio inclassable Mademoiselle –, des pépites du label Crybaby ou encore ARLT et François Virot à l’affiche d’un « dimanche indé ». Des chants de femmes d’Italie du Nord à la folk US mâtinée de mélodies syriennes (avec, svp, Howe Gelb) en passant par le compositeur post-minimaliste Gavin Bryars, la promesse de l’éclectisme semble bel et bien tenue. E.B.
On sait depuis Transsiberian (2015) que Thylacine aime faire voyager avec ses paysages sonores vibrants, mix d’électro et de sons réels (le train, le vent, les vagues, une chorale…) capturés au fil de ses pérégrinations. Cette fois-ci, pas de voyage au bout du monde, confinement oblige, mais il s’est colleté à quelques mastodontes de la musique classique (Satie, Debussy, Verdi, Beethoven…), dont il revisite, avec Timeless, les partitions loin des sentiers battus. Une manière de se retrouver (il a été formé au Conservatoire) et de montrer la modernité de ces symphonies. Le résultat est une fois de plus ébouriffant, on se laisse captiver par la poésie de son électronica rêveuse. Sur scène, tout en montagnes russes, son électro enfiévrée et dansante (vous) attrape, touche et transporte. A.H. Transbordeur, Villeurbanne transbordeur.fr
29.11.21 | 20h
* Tambour sacré à Cuba (santeria).
Dans la série des concerts qui semblent maintenus (oui, oui, encore beaucoup de reports), les Bad kids d’Atlanta devraient enfin fouler la scène de l’Épicerie Moderne. On en est fort aise. Surtout qu’on connait leurs facéties crasses pour ne jamais être là où on les attend et lever toujours plus haut le majeur à la face du monde. C’est avec un 9e opus, Sing In A World That’s Falling Apart, et des envies de country qu’ils débarquent. Après le garage punk, pourquoi pas. Ça sonne psyché, ça vous entête avec des refrains bien gras, puis ça vous met une petite droite, ça chaloupe, c’est moite, c’est Black Lips. On se doute qu’ils vont aussi balancer quelques oldies (Family Tree, Can’t Hold On, O Katrina), jouer à fond, éructer, hurler, vociférer et foutre le bordel comme les sales gosses qu’ils sont. A.H.
Auditorium de Lyon auditorium-lyon.com
L’Épicerie Moderne, Feyzin epiceriemoderne.com
Opéra de Lyon opera-underground.com
Jazz fusion au sommet 17.11.21 | 20h
Avec ses quatre-vingts ans qu’il nargue sans complexe, ses mains de géant caressant le clavier, Chucho Valdés présente un concert à double détente. Le pianiste ouvre sur un solo où il donne libre cours à ce clavier organique et ciselé qui le porte parmi les grands du jazz. En deuxième partie, le Cubain associe neuf compères, avec force batás* et percussions, pour jouer La Creación (Olodumare), du nom du créateur de l’univers chez les Yorubas, peuple du Niger. L’occasion, dans cet oratorio, de célébrer la fusion contemporaine des sons africains et caribéens. Et, pour le public, de se laisser littéralement envoûter. Le kif. F.R. Ines Karma ©
Quelle joie le rock’n’roll
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
lettres & ratures
L’écriture comme
empowerment du vivant
Sidérations
SEPT. 2021 Actes Sud
L’Arbre-Monde
AVR. 2018 Cherche Midi
L’Américain Richard Powers est un drôle d’animal retiré aujourd’hui dans les Appalaches. Pour cet auteur majeur de la littérature contemporaine, écrire consiste essentiellement à s’emparer de savoirs, puis à les passer au crible de la fiction afin d’en extraire le suc poétique et de s’engager au nom du vivant. Démonstration à la Villa Gillet le 29 octobre où il lancera Mode d’Emploi.
Livre après livre – treize sont traduits en français –, Richard Powers creuse un sillon tourbillonnant, au rythme des champs qu’il laboure, des chants qu’il libère et des myriades de personnages dont il entremêle les destins pour mieux interroger notre monde. Fresque historique (Trois fermiers s’en vont au bal, Le Temps où nous chantions), histoire du capitalisme (Gains), question identitaire (La Chambre aux échos) ou écologique (L’Arbre-monde, Pulitzer 2019) : l’auteur se distingue par un art consommé du récit choral, conciliant petite et grande histoire, milieu local et système global, sciences dures et sciences humaines... Avant d’évoquer son dernier livre, Sidérations, revenons d’abord sur L’Arbre-monde, formidable manifeste pour les arbres. Aussi essentielles qu’en voie de disparition, ces formes de vie supérieures (par la longévité et la taille) ont plus d’un tour dans leurs racines. « Créatures sociales et sociables », elles se façonnent mutuellement, élèvent des oiseaux, fixent le carbone, purifient l’eau, filtrent les poisons du sol, stabilisent le microclimat
Par marco jéru
et, si on les unit, donnent cette incroyable chose qui possède une volonté propre : une forêt. « Les arbres étaient et seront là après les humains. L’humanité fait donc ainsi partie d’une communauté que nous ne pouvons détruire sans nous détruire avec elle. Nous avons besoin des arbres pour respirer, mais eux, n’ont pas besoin de nous pour vivre. Les arbres ont survécu à plusieurs extinctions de masse comme celle des dinosaures. » Aussi le moyen le plus sûr d’en finir avec notre espèce consiste-t-il à persévérer dans un système qui, définissant la Nature comme une marchandise, aboutira au déboisement total de la planète et à la révélation apocalyptique que la chlorophylle et l’hémoglobine sont deux molécules presque identiques… Powers nourrit sa
Rencontre avec Richard Powers
29 OCT. Villa Gillet Lyon 4
prose de données scientifiques, parvenant à faire dans l’édifiant tout en évitant, grâce à la poésie et à la profusion d’idées, le piège de l’exposé aride et érudit. Prolongeant la critique entamée dans L’Arbre-monde, Sidérations remet en jeu l’interdépendance des mondes (humain, animal, végétal) et repose la question : comment l’espèce humaine a-t-elle pu à elle seule foutre en l’air la planète ? À travers la relation d’un père à son fils hypersensible, l’auteur développe les idées de neurofeedback, de télépathie intergénérationnelle, d’empathie. Autant de ressources nécessaires à l’humanité pour retrouver sa place dans un monde qu’il s’agit désormais de sauver. Monde où l’esprit humain peut se connecter à d’autres espèces afin de restaurer une mythologie et une métaphysique viables pour le cosmos. Cette poésie est suffisamment sidérante pour contrevenir à la réalité d’un monde qu’on détruit. Une combinaison d’histoires propre à décoder l’énigme humaine. Et c’est ainsi que Powers est puissant, et Sapiens Sapiens vivant.
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
street art
KOIK TENDIZ Par graphull
De Lyon à Oullins, le monstrueux bestiaire de Koik Tendiz se déverse dans les rues. Tout en nuances de bleu et de violet, le vandale se fond aux heures glauques de la nuit. Seuls ses yeux jaunes trahissent sa présence, mais il est déjà trop tard… koiktendiz Villeurbanne, Lyon, Oullins…
ArKuchi #23 OcT./NOV. 2021
GENA ROWLANDS
Sam & Larry Shaw © - Issu du livre John Cassavetes, autoportraits (Les Cahiers du Cinéma)
c’était mieux avant
UNE ÉTOILE NUE
Par Nikki Renard
Gena Rowlands a eu mille vies, à l'écran comme à la ville. Actrice, femme et muse de John Cassavetes, elle incarne avec une émotion rare des rôles de femmes fortes ou brisées, en proie aux doutes et aux failles apparentes.
Faces
John Cassavetes (1968) Opening Night
John Cassavetes (1977)
Une autre Femme
Woody Allen (1988)
Gena Rowlands On aurait dû dormir
Murielle Joudet (Capricci, 2020)
L
ibertaire et affranchi de toutes les contraintes d'Hollywood, le cinéma de Cassavetes et Rowlands me submerge. Je m’y sens chez moi et n’en ressors jamais indemne. Il fait écho à une vérité, comme dans Minnie et Moskowitz (1971) : film créé sur des vides, des frustrations, des manques qui deviennent une texture brûlante : « (…) plus on creuse l’endroit de sa solitude, plus on apparaît. » Est-ce cela la vie ? Des histoires de quête et de détresse où chaque jour est un combat intérieur qui nous grandit. Comment ne pas être bouleversé lorsque Rowlands joue l’ivresse, sans fard ni retenue. Ce couple de cinéma risque sa vie, tourne avec ses amis, la famille et cela transpire à l’écran. Chercher le bonheur en s’égarant, en titubant est un désastre, mais c’est aussi lumineux. Une femme sous influence (1974), je me souviens de ce visage en gros plan, à peine maquillé, de ses mimiques de femme tourmentée, sauvage, dont la liberté et la rage infusent l'écran. Rowlands interprète une femme sincère et fragile en proie aux affres de la conformité, à la limite de l’aliénation. Son rôle implique une telle ferveur qu’elle génère chez moi un malaise. Elle obtint, cette année-là, le Golden Globe de la meilleure actrice. Gena est une pierre précieuse trempée dans l’acide de l’âme humaine, pour mieux nous restituer les extravagances et aberrations de la vie. Une femme de convictions qui joue comme on aime, à la folie, pour l’amour de l’art. « Car la mort n’est qu’un jeu comparé à l’amour et la vie n’est plus rien sans l’amour qu’elle nous donne. »
ArKuchi #23 OCT./NOV. 2021
1 kg de moules de bouchot 40 cl de cidre 4 poivrons rouges 2 oignons rouges 2 tomates 1 grenade 2 gousses d’ail Feuilles de basilic 2 càs de cumin 2 càs de cacahuètes torréfiées 4 càs de vinaigre de cidre Huile d’olive, sel, poivre
Par claudia cardoso
4 personnes
Par Ponia DuMont
HORIZONTALEMENT
1. Fit son entrée triomphale aux JO d’Albertville. 2. Aile protectrice du grillon. Celui des Jésuites sent la citronnelle. 3. Visions dangereuses, pas qu’au Sahara ! Petit lien. 4. Rives ancestrales des Naturistes ? Source de cochons ou d’œillets. 5. Parfois brutale et douloureuse. 6. Plus qu’une balade de santé ! Assomment. 7. Se plaît à rabaisser. 8. Moëlles non comestibles. 9. Ardentes, elles peuvent être mortelles. Pétillant italien. 10. Penses donc ! À moitié. Préposition plurielle.
VERTICALEMENT
A. Brillant avocat athénien, bègue mais pas "collabo". B. Râper. Sort du furoncle. C. Relation très ancienne du roi Cyrus. D. Supprima. Tels les glands ou les noisettes. E. N’admettre aucun délai. Les kinés y comptent-ils plus de patients qu’ailleurs… ? F. Reconnaissable à son doigté. Au cœur de la cheminée. G. Placerai sur la carte. H. N’achève jamais la phrase. Leurs tontons ne sont pas tous d’Amérique. I. Amoureux des plaisirs. J. Permet de décompresser. Est anglais.
ArKuchi #23
OCT./NOV. 2021
solutions
L U S I T A N I E N
A L U N I R O N T
B Y Z A N T I N E S
arkuchi 22
OUR A S S E ANN E E T H T E RO I S AN I T R E I T E S ND T A R
G E S OV E E N E R E N T E E EMS E T O L O B A C
* Faisceau de filaments qui permet à certains mollusques (comme la moule) de se fixer.
Mystérieuse, la moule de bouchot ? Oui, et un mystère qui paraît bien gardé… Mais aussi insoumise car libre à chacun de la cuisiner comme bon lui semble. Pour preuve, lave, gratte et retire le byssus* des coquillages. Ah la barbe, cet oignon ! Emince-le puis fais-le revenir avec les 2 gousses d’ail et les moules. Déglace au cidre et couvre le tout. Compte entre 5 et 8 minutes de cuisson, le temps de peler trois poivrons préalablement grillés au four pendant 20 minutes (200°). Un seul mot d’ordre : tous à poil ! Les voilà rouges et à vif. On leur ajoute les cacahuètes et un peu de jus de cuisson des moules (très léger). Mixe l’ensemble avec un filet d’huile d’olive, sale et poivre. Purée ! Tu en perds ta culotte ! Tout fout le camp, hein ? Bienvenue au club. Où se rejoignent en dés le reste des poivrons, les tomates, les oignons rouges. Assaisonne ce joli petit monde de vinaigre et d’huile d’olive, n’oublie pas le sel et le cumin. Dans l’assiette, une marche se prépare. Tapis de purée de poivrons rouges, pyramide de coquillages, tohu-bohu de légumes et débandade de grains de grenade et feuilles de basilic. Sans et sous culotte, la prise de la papille !
20 minutes
Tohu-Bohu de moules
popote(s)
jugeote
où trouver
Annecy Bonlieu. Bourg-en-Bresse Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg-en-Bresse. Zoom. Bourgoin-Jailleu Les Abattoirs. Musée de Bourgoin. Brignais Le Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pole Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire Bibliothèque municipale. Cinéma Le Méliès. Radiant-Bellevue. Chalon-sur-Saône Espace des Arts. Chassieu Karavan Théâtre. Corbas Le Polaris. Dardilly L'Aqueduc. Décines Centre de la Mémoire Arménienne. Le Toboggan. écully écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Francheville Médiathèque. L’Iris. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Grigny Centre Brenot. Médiathèque Léo Ferré. Irigny Le Sémaphore. L’Isle-d’Abeau La CAPI. La Mulatière Aquarium de Lyon. Lyon 1 3e Fleuve. À Chacun sa tasse. L'Antirouille. À Thou bout d’chant. Bar 203. Les Barjaqueurs. Bistrot Chardonnet. Boîte à café. Café des Capucins. CAUE Rhône. Cinéma Opéra. Clef de Voûte. Condition des Soies. Dangerhouse. Drac. ENBA. Espace 44. Fluxus. Galerie C. Mainguy. Galerie Céline Moine. Galerie Mathieu. Galerie Nörka. Galerie Le Réverbère. Halles de la Martinière. La BF 15. Le Livre en Pente. Librairie Archipel. Le Bal des Ardents. Jarring Effects. Kraspek Myzik. Le Bleu du Ciel. Mapraa. Mas Amor Por Favor. Médiatone. Musée des Beaux-Arts. L’Odessa. Le Nombril du Monde. Le Nuage Café. Opéra de Lyon. Original Watt. Le Noze. Le Perko. La Pinte douce. Radio Canut. Le Romarin. Le Shalala. Spacejunk. Les SUBS. Le Tasse-Livres. Théâtre de L’Accessoire. Théâtre Les Clochards Célestes. Technoir. Tikki Records. Vins Nature. Le Voxx. Lyon 2 Archives Municipales. Centre national de la Danse. La Cloche. Docks 40. Conflutime. Fondation Bullukian. Galerie Slika. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie Raconte-Moi la Terre. MJC Confluence. Mob Hôtel. Musée des Confluences. Musée des Tissus. Périscope. Région A.R.A. Théâtre Comédie Odéon. Théâtre des Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. Université catholique de Lyon. Lyon 3 Auditorium de Lyon. De L'Autre côté du Pont. Archives départementales. Boomrang. Café du Rhône. Gnome et Rhône. Hooper. Librairie du Tramway. La Métropole de Lyon. P.E. Scène et Images. Poltred. La Raffinerie. Salle des Rancy. Superposition. Théâtre Improvidence. Lyon 4 Agend’arts. Aquarium Ciné Café. L’Assiette du vin. BM Lyon 4. Bistrot fait sa Broc. Canuleptic. Cavavin. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Drôle de Zèbre. Les Enfants du Tarmac. Galerie Françoise Besson. Galerie Vrais Rêves. Un Grain dans le Grenier. L'Instant. La Famille. Le Grain de Folie. Le Petit Coin. L’Instant. Labelalyce. Modern Art Café. Ô Vins d’anges. L'Oiseau sur la branche. Paddy's Corner. Le Petit Troquet. Rideau Rouge. Théâtre de la Croix-Rousse. La Valise d’élise. Villa Gillet. Vivement Dimanche. Lyon 5 Le Bar Bu. Brasserie du Doyenné. CRR de Lyon. CNSMD. Collège Hôtel. École du Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Librairie Virevolte. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC SaintJust. Musées Gadagne. Musée Gallo-romain. Ninkasi Saint-Paul. Le Sonic. Théâtre du Point-du-Jour. Lyon 6 Musée d’Art Contemporain. Lyon 7 Arts en Scène. Atelier Garage. Le Bistroquet. Café Pimpon. CHRD. Cinéma Comœdia. Comme à la Maison. COREP. La Commune. Court-circuit. école de Condé. ENS. L’élysée. Le Flâneur. Les Fauves. La Fourmilière. Galerie Tator. Ho36 Montesquieu. Halles du Faubourg. IEP. Kargo Kulte. L’Indocafé. Librairie Rive Gauche. Librairie Terre des Livres. Librairie La Voix aux chapitres. Livestation DIY. Mama Shelter. Le Mondrian. Mowgly. Ninkasi Kafé. Pistache. Les Raffineuses. Sofffa Guillotière. Lyon 8 Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Ciné Duchère. CNSMD. L’Attrape-Couleurs. La 9e Bulle. Les Mangeurs d’Étoiles. Médiathèque de Vaise. Musée Jean Couty. Ninkasi Vaise. TNG. Mâcon Cave à Musique. Cinéma Le Marivaux. Mâcon Scène nationale. Miribel L'Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville-sur-Saône La Maison Jaune. Médiathèque. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de La Renaissance. Pierre-Bénite Maison du Peuple. Portes-Lès-Valence Train-Théâtre. Rillieux-la-Pape CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque. MJC O Totem. Saint-étienne Cité du Design. La Comédie de Saint-Etienne. Le Fil. Le MAMC. Musée d’Art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint-Étienne. Saint-Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612. Saint-Priest Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Saint-Vallier Ciné Galaure. Sainte-Foy-lès-Lyon Ciné Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune Cinéma Le Lem. Librairie Pleine Lune. Médiathèque. Théâtre L'Atrium. Vaulx-en-Velin C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d'architecture. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre ! Cinéma Gérard-Philipe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne. Villefontaine Théâtre du Vellein. Villefranche-sur-Saône Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Galerie Le 116art. Librairie des Marais. Médiathèque Mendès-France. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Théâtre de Villefranche. Villeurbanne Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. Galerie L’Atelier du Canal. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. IUFM. La MLIS. Pôle Pixel. Studio 24. Le Rize. Théâtre Astrée. Théâtre de l'Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Le Totem. Transbordeur. URDLA... ainsi que dans la plupart de vos mairies, bibliothèques, MJCs, espaces de coworking...
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