mars 2022
mensuel gratuit
#26
art culture architecture
N 26 .04
.24
Naïs Arlaud La piscine n°3 2020
Déambulations Musiques
Dans le Rétro... Dans le Viseur
.26
.06
C dans l'Air
• Courir le risque à la Fête du Livre de Bron • Chants de mars
.08 Pascal Gely ©
portrait Macha Makeïeff réforme Tartuffe
7e Art • Écrans mixtes : militant et toujours sexy ! • Écrans du Doc
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.16
Lettres & Ratures
Ça presse à Lyon
.29
Street Art by Graphull
FOKUS
Camille Brasselet Comme une ambiance nébuleuse…
.30
Popote(s) & Jugeote
.18
Carte Blanche
Pauline Sales
Christophe Raynaud de Lage ©
Bêtes de Scènes Festival Sens Dessus Dessous, Logan de Carvalho, Pierre Pontvianne, Julia Vidit, Cie Germ36, Festival de l’Opéra de Lyon
.20
arkuchi #26 mars 22
.10
contact.arkuchi@orange.fr
20 Sur Vin Géraldine Dubois : la "Têtue" !
.22
Irene D'Agostino
Philippe Rahm ©
Forme & Fonction B!ME 22 Architecture et musique Sous l’angle des flux
Mensuel gratuit Diffusion : plus de 400 lieux Lyon, Métropole & Rhône-Alpes Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € - 18 rue Belfort 69004 Lyon Direction de la publication - Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Claudia Cardoso, Blandine Dauvilaire, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Marco Jéru, Trina Mounier, Florence Roux, Élise Ternat, Gallia Valette-Pilenko Photo de couverture : Camille Brasselet Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT
Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387
La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.
Abonnement
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festival sens dessus dessous le tambour de soie
°
Capricci ©
dans le rétro...
Par Anne Huguet, Trina Mounier
police
Jérôme Cochet et François Hien réalisent un tour de force avec Mort d’une montagne qui conjugue habilement alerte climatique et amour de la montagne. Chapeau.
Au secours des glaciers
Alain Doucé ©
A chaud Terrain miné Toutes les violences de l’Amérique moderne
dans La Brèche de Naomi Wallace, sublimé par le metteur en scène qui monte, Tommy Milliot. Dépouillé et troublant. Théâtre de la Croix-Rousse 01 > 05 MAR.
best of Heureux les chanceux qui (re)découvriront sur grand écran 4 chefs-d’œuvre de Maurice Pialat. Inimitable. Indépassable. Formidable ! Dans les salles du GRAC dès le 03.03
25_> 29t.s05
nui s e r o n o s
kes uff, Ca . a H a n c e er, et e, Hel Sherellla, Boy Harsh il K Da
Attendus comme le messie, les cinq teigneux de Idles sur scène, enfin, au Transbo. Avec le post-punk classieux de Bambara et Witch Girl. Mortelle affiche. Transbordeur 02 mar. Id(o)les
Humour capillaire Les Perruques de Thomas Poitevin,
hilarantes vidéos, font un incroyable buzz sur les réseaux sociaux. Le facétieux trublion se lâche aussi sur scène. Espace des Arts, Chalon-sur-Saône 11 mar. Du sang et des larmes Allez voir ANA,
lauréat du Prix Célest’1 2019. Un psychodrame intimiste et punchy avec de jeunes comédiens formidables et l’excellente Magali Bonat. Théâtre des Célestins 17 >27 MAR. Sarkis Tcheumlekdjian aime les atmosphères étranges. Il est fort à son aise avec La Métamorphose d’après le roman fantastique de Kafka. Radiant-Bellevue 28 mar. dans la peau d’un cafard
Myriam Boudenia et Thomas Poulard réunis autour d’une table (tournante) pour faire parler les esprits ? L’Avenir n’existe pas encore… va défriser ! Les Clochards Célestes 31 mar. > 04 avr. Réveiller les fantômes
résurrection Musiques en Stock renaît de ses cendres et pose ses valises à Scionzier, HauteSavoie. Avec The Hives et The Limiñanas comme agitateurs en chef. On adore. 30.06 > 02.07
ArKuchi #26 MARS 2022
... dans le viseur
02.03 > 04.03
Trio de choc pour parler disparition, deuil, testament ou spiritisme. Hiboux questionne la mort et la vie. Entre humour noir et émotion. La Mouche 22 MAR.
Simon Gosselin ©
Comédie de Saint-Étienne
Sacrée réponse
Spectacle polymorphe mêlant théâtre, danse et vidéo, La réponse des Hommes de Tiphaine Raffier malmène, désarçonne et emballe avec son regard sans concession sur les misères et la décadence humaines. Vu en janvier au TNP.
cérémonie mortuaire
Compulsif. Les Irlandais de Fontaines D.C. reviennent nous mettre une claque avec leur rock abrasif infusé au post-punk.
Transbordeur
Charlotte Pilat ©
06 jun.
sur la platine
jusqu'au 12.03
Fantasmagorie
The Fantasy Life of Poetry & Crime
Poltred expose hors les murs Charlotte Pilat et ses drôles de Beaux Rivages. Un Deauville haut en couleurs somme toute inquiétant.
Pete Doherty & Frédéric Lo Mythic Love
Bambara Serpent Corail
La Taille de mon âme Lyon 4
EZ3kiel
ArKuchi #26 MARS 2022
c dans l’air
Le motif du risque
Après une édition 2021 en ligne, la 36e Fête du Livre de Bron propose de rencontrer quelque 70 autrices et auteurs en chair et en os. Elle poursuit néanmoins le média digital né des confinements et ouvre un thème al dente : courir le risque. Son directeur Yann Nicol lève le voile sur la programmation.
Par Florence Roux
Fête du Livre de Bron 8 > 13 MARS fetedulivredebron.com
Comment se tiendra cette année la Fête du Livre de Bron ? Yann Nicol L’objectif est de nous retrouver en chair et en os. Mais nous conservons aussi le média digital initié avant les confinements et né en septembre dernier, avec ses podcasts, mini-documentaires, ateliers… Nous voulons inscrire la littérature dans le présent et toucher un public plus jeune, comme dans les actions de médiation que nous menons toute l’année auprès des collégiens et des lycéens – nous créons d’ailleurs, cette année, le Prix Summer des collégiens.
Pourquoi avoir intitulé cette édition "Courir le risque" ? YN Nous choisissons un thème à partir de nos lectures, d’axes littéraires souvent en résonance avec des enjeux de société. Or, cette question du risque est très présente aujourd’hui, tant sous l’angle de la peur face à la crise sanitaire ou à la menace écologique, que dans un sens positif. Courir le risque, c’est aussi faire preuve de panache, d’audace, pour vivre intensément. Pour un écrivain, écrire est aussi une manière de prendre un risque, de choisir la radicalité du geste d’écriture. « La vie est un risque inconsidéré pris par nous les vivants » écrit la philosophe Anne Dufourmantelle, là où Edgar Morin dit que pour vivre vraiment, il faut risquer sa vie.
ArKuchi #26 MARS 2022
Alexandre Attias ©
c dans l’air
émilie marsh
M a rs tient la note Par Emmanuelle Babe
édition 2021 Paul Bourdrel ©
Comment ce thème s’incarne-t-il dans la programmation ? YN Nous l’avons décliné dans un ensemble de tables rondes autour de thématiques comme, par exemple, "Mourir pour des idées", "Vivre en exil" ou "Trouver son identité", mais aussi dans de grands entretiens avec des écrivains qui font de la littérature un lieu de prise de risque, tels Sorj Chalandon, Christine Angot ou Antonio Moresco. Nous aimons partir d’un thème et l’explorer avec les auteurs, dans les endroits les plus divers, des choses graves aux plus légères, intimes ou collectives. Je pense qu’un livre peut changer la vie, notre rapport au monde. Et rencontrer l’auteur de ce livre offre un autre partage d’expérience pour le lecteur. Ces débats entre écrivains apportent une parole singulière sur le monde. La parole d’un écrivain fouille le monde, l’explore, le met en scène, en décalage avec une parole plus globale. Dans un festival, on peut aussi découvrir des auteurs, comme cette année aux côtés de Florence Aubenas, Hervé Le Tellier ou Nicolas Mathieu. Et nous avons convié Hélène Laurain ou Laura Vazquez qui publient leur premier livre.
ArKuchi #26 MARS 2022
En quinze éditions, Les Chants de Mars ont fait défiler une multitude de pépites devenues pour certaines des grands de la chanson actuelle, des rockers Miossec et Rodolphe Burger aux précieux Mathieu Boogaerts et Pauline Croze en passant par une ribambelle de voix pop et parfois rap – Juliette Armanet, Gaël Faye, Eddy de Pretto… Après une édition 2019 annulée et la suivante maintenue sur le fil, mais en ligne, le temps est venu de retrouver live et public pour le festival piloté par la MJC du Vieux Lyon et la Salle des Rancy. En programmant dix-neuf artistes sur dix jours, les Chants de Mars maintiennent le cap de la diversité des genres et le mix entre têtes d’affiche (Yseult, Ours, Mouss et Hakim…) et artistes moins connus du grand public. Quoique… Malik Djoudi (le 18) connaît un beau succès critique avec Troie, son troisième album sorti en septembre. Autre date à cocher, celle d’émilie Marsh (le 25), musicienne et poète, qui a roulé sa bosse de guitariste avec sa grande copine Dany avant de se lancer en solo. Nevada, son dernier (et 2e) opus, est un road-trip musical fidèle au style de cette rockeuse qui assume envolées de riffs et incursions new wave. La Lyonnaise KCIDY mérite, elle aussi, le détour (le 19) : Les 16 > 26 mars Jours heureux déroule une jolie pop Dans 10 salles 70's aux arrangements sophistiqués. de la Métropole Des chansons entraînantes qui leschantsdemars.com invitent au spleen, et c’est bon.
Portrait
tartuffe macha vs
Par Trina Mounier
Pourquoi monter Tartuffe aujourd’hui et pourquoi lui adjoindre Théorème ? MACHA MAKEÏEFF Quand je pensais à Molière, une pièce se refusait à moi, elle restait obstinément opaque. J’en admirais la construction remarquable, la dramaturgie à la manière d’un roman noir, mais c’est quand j’ai pensé à Pasolini que tout s’est éclairé. Tartuffe a quelque chose de l’envoyé de Théorème qui surgit, s’immisce, s’incruste dans une famille pour révéler à chacun des membres sa part sombre et son ambivalence. Il y est question de la mécanique de l’emprise, mais en même temps, quand le prédateur a perdu, il devient dérisoire et part en déshérence.
TNP Villeubanne tnp-villeurbanne.com
On connaît Macha Makeïeff comme metteuse en scène et directrice d’une des toutes premières scènes nationales, La Criée à Marseille. Mais le profil de cette grande dame du théâtre est bien plus riche que cela. De la création des Deschiens avec Jérôme Deschamps pour Canal+ en 1993 aux mises en scène d’opéra, cette bosseuse perfectionniste s’avère passionnée de nouveauté. Elle crée, après Les Femmes savantes et Les Précieuses ridicules, Tartuffe Théorème.
Le personnage de l’imposteur est donc bien au cœur de cette pièce ? MM Oui et non. Qui dit mainmise sur la vie d’autrui dit aussi problématique du consentement. Or il trouve face à lui des femmes fortes qui ne s’en laissent pas compter, vont le démasquer et entraîner sa chute. Tartuffe est une pièce politique. Pour incarner ce personnage vénéneux, j’ai assez rapidement pensé à Xavier Gallais et organisé la distribution autour de lui. Comment travaillez-vous concrètement ? MM Les acteurs ont beaucoup travaillé sur le contexte, la prosodie, la rhétorique, mais je réécris le scénario sur des séquences plus
Pascal Gely ©
Tartuffe Théorème 3 > 19 mars
Trouble fête (Collections curieuses et choses inquiètes) 3 mars > 15 mai
larges que les scènes et les actes : ça détache les comédiens de l’imprégnation scolaire des textes, ils entrent dans une histoire… Je prémédite mes créations longtemps à l’avance. Aujourd’hui je travaille déjà sur Dom Juan que Molière a écrit entre les deux versions du Tartuffe et qui reprend le thème de la séduction masculine comme de l’hypocrisie dans le même contexte politico-religieux. Je reprendrai d’ailleurs le même décor. À propos de décor, vous êtes aussi plasticienne : c’est un aspect essentiel de votre travail artistique… MM Oui, je crée toujours mes décors et ceux de beaucoup d’autres, comme Jean Bellorini pour Le Jeu des ombres dernièrement. J’entretiens avec lui une longue conversation artistique sur nos deux maisons notamment. Nous parlons de théâtre tout le temps, simplement. Parallèlement au spectacle, je présente une installation, Trouble fête (Collections curieuses et choses inquiètes), par laquelle je cherche à convoquer l’imaginaire du spectateur, à le faire entrer dans un spectacle immobile et subjectif. C’est une autre dimension du théâtre…
ArKuchi #26 MARS 2022
Par Trina Mounier
Moitié voyageur 16 > 20 mars [RAKATAKATAK], c’est le bruit de nos cœurs 23 > 28 mars Théâtre des Clochards Célestes, Lyon 1 clochardscelestes.com
Transfuge de classe Qui êtes-vous finalement ? Logan de Carvalho Je suis un artiste qui essaie de réduire l’écart entre divertir et subvertir, mon travail consiste à raconter des histoires de façon ludique et accessible. Comédien, metteur en scène et auteur, oui, dans cet ordre-là. Mais ce n’était pas écrit au départ… Justement, quels chemins avez-vous pris ? LDC Je suis né à Clermont-Ferrand d’une mère gitane et d’un père gadjo. Enfant, j’aimais De Funès, Depardieu, Les Bronzés, mais je n’ai connu le théâtre qu’à la fac à travers des ateliers. Franchir ce gouffre social était inimaginable. Et puis j’ai été reçu à l’École de la Comédie de Saint-Étienne et tout s’est enchaîné. J’ai travaillé avec plein de compagnies [dont Courir à la catastrophe dernièrement, NDLR] et je me suis mis à l’écriture, avec l’aide de Vincent Dedienne, mon compagnon de promotion.
Quel a été le déclencheur ? LDC Des éléments de vie : moi qui quitte ma communauté, j’apprends que ma petite sœur se marie très jeune avec un gitan. Incompréhension : moi qui pensais avoir tout compris, avoir intégré une normalité, je fonctionnais en bobo parisien avec ses préjugés ! Ce solo est l’histoire d’une prise de conscience. Il m’a permis de renouer avec cette part de moi-même, "moitié voyageur". Vous créez un second spectacle [RAKATAKATAK], c’est le bruit de nos cœurs. LDC Oui, nous serons quatre au plateau pour parler des normes amoureuses et de la déconstruction masculine, mais aussi de quelque chose qui me tient à cœur : j’ai eu beaucoup de chance. La méritocratie n’existe pas, le déterminisme social si, et il est violent !
Le jeu de la vérité Une famille chic, en Italie, interroge jusqu’au délire ses étranges nouveaux voisins de palier, madame Frola et monsieur Ponza – le beau-fils – dont l’épouse demeure invisible… Pourquoi ? Où est-elle ? Et qui croire quand chacun raconte sa vérité ? Après Illusions ou Le Menteur 2.0, la metteuse en scène Julia Vidit s’empare de C’est comme ça (si vous voulez) de Luigi Pirandello. Et, avec le dramaturge Guillaume Cayet, elle pousse la comédie écrite en 1917 jusqu’en 2022, grâce à un « quatrième acte passerelle ». « Je continue la mise en crise de la vérité au théâtre », résume l’artiste (également directrice du Théâtre de la Manufacture - CDN Nancy Lorraine depuis deux ans), pour entraîner « les acteurs dans un jeu qui s’inspire de la caricature, reflet le plus fidèle de l’individu »... Voilà une proposition qui promet du rire en mode vertige, dans un décor inspiré de l’escalier infini et signé Thibaut Fack. FR
ArKuchi #26 MARS 2022
15 mars Le Théâtre de Mâcon (71) 17 > 19 mars Théâtre de la Renaissance Oullins
Laura Gilli ©
BÊTES DE SCÈNES
Si on se fie à la Toile, il a davantage le profil d’un youtubeur que celui d’un comédien, encore moins celui d’un metteur en scène ou d’un auteur. Et pourtant, Logan De Carvalho est tout cela à la fois, et avec talent, y compris un youtubeur qui aime faire des farces.
BÊTES DE SCÈNES
Fable à l’ours
Compagnie Germ36i ©
Par Florence Roux
Il y eut bien un zoo près du camp de concentration de Buchenwald, construit en 1938 pour distraire les SS et leurs familles. Dans Ce que vit le rhinocéros lorsqu’il regarda de l’autre côté de la clôture, que crée la Compagnie Germ36 au Théâtre de la CroixRousse, l’auteur Jens Raschke place l’action du côté des animaux qui regardent les "bottés" d’un côté et les "rayés" de l’autre. Refusant le documentaire historique, il choisit la fable animalière pour s’interroger sur l’importance de soutenir le regard plutôt que de le détourner collectivement. Ainsi, lorsque le jeune ours rejoint dans l’enclos Monsieur Mouflon et Petite-Marmotte, Papa Babouin a tôt fait de lui expliquer la vie : inutile d’essayer de s’enfuir, de poser des questions sur les "rayés" ou sur cette cheminée qui fume de l’autre côté de la clôture, autant profiter de la nourriture en faisant profil bas… Mais Ours ne l’entend pas de cette oreille et préfère au contraire se mêler de ce qui se passe, « ouvrir les yeux et ceux des autres »... Pierre Germain et Pauline Hercule, à la mise en scène, ont confié ce qu’ils qualifient de « plaidoyer fort pour le courage civil et contre l’oubli » et de « texte sensible » à quatre jeunes comédiens en formation (le traducteur du texte, Antoine Palévody, n’a que vingt-deux ans). « Dans un souffle unique avec, sans cesse, un partage de la parole, les quatre interprètes nous transmettent cette parabole, disent-ils. Le quatuor est, pour nous, le prétexte à questionner le chœur contemporain. »
ArKuchi #26 MARS 2022
10 > 13 MARS Théâtre de la Croix‑Rousse Lyon 4 17 > 19 MARS NTH8, Lyon 8
Par Élise Ternat
Entre exigence formelle et propositions audacieuses, la dixième édition du festival de la Maison de la Danse, Sens Dessus Dessous, invite à entrer en mouvement pour repenser la géographie de nos sentiments.
L
Festival Sens Dessus Dessous 01 > 12 MARS Maison de la Danse, TNP, SUBS maisondeladanse.com
Collectif A/R Placement libre
Anne-Laure étienne ©
bêtes de scènes
Géographie des sentiments es dix chorégraphes invités donnent des pistes pour convoquer toute la complexité des liens qui unissent les êtres. Ce vaste programme entraîne d’un extrême à l’autre, puisant aux quatre coins du monde la dimension universelle des émotions. La fine fleur de la création internationale croisera quelques pépites locales en devenir. De quoi nous réjouir et faire vibrer nos cordes sensibles. À commencer par l’épineuse question de la représentation de soi qui est au cœur de Story, story, die. Une création introspective et théâtrale du chorégraphe norvégien Alan Lucien Øyen, comptant parmi les rares collaborateurs du Tanztheater Wuppertal. Que la passion amoureuse soit dévorante à l’instar de l’incandescent duo imaginé par Jan Martens, ou qu’elle prenne les atours d’un conte cruel tel le légendaire Tambour de soie, magnifique pièce de théâtre Nô mise en scène et chorégraphiée par Kaori Ito et Yoshi Oïda, elle n’en demeure pas moins partagée. La notion de conflit entre les peuples sera également à l’ordre du jour de Mille Miles signé Youness Aboulakoul, ou comment la violence des frontières peut habiter les corps jusque dans leurs mouvements. Évacuer les stéréotypes de la masculinité, tel est le projet de One More Thing, dans lequel l’artiste Adi Boutrous nous livre une savante relecture des rites de passage, entre empathie et solidarité. Le duo Placement libre du Collectif A/R, performance déroutante, invite à changer de point de vue en bouleversant notre rapport à la scène. Enfin, on pourra prendre le pouls de la jeune création avec des travaux "en cours". Ainsi la touche-à-tout Jeanne Brouaye entraîne au cœur d’un étonnant rite chorégraphique alors que Maëlle Reymond, fortement marquée par le butô, franchit, elle, les limites de la danse jusqu'à la contorsion.
ArKuchi #26 MARS 2022
Pedro Greig ©
bêtes de scènes
Comme un air austral
La danse à nu Pierre Pontvianne est un artiste discret. Depuis plus de quinze ans, il poursuit son chemin, bâtissant petit à petit une œuvre singulière et radicale.
Par Gallia Valette-Pilenko
ab [intra]
L’Australie débarque en force à Lyon, en mars, sur le plateau de la Maison de la Danse avec deux pièces exigeantes. Si l’on ne présente plus les circassiens virtuoses de Gravity & Other Myths – vus avec Backbone et A simple space : ça saute, s’envole, voltige, s’enchevêtre, se contorsionne et ça pulse –, on est bien plus curieux de découvrir le travail élégant et intense de la Sidney Dance Company, l’une des meilleures troupes de danse contemporaine australienne, jamais venue à Lyon pour la petite histoire. Ils seront donc dix-sept danseuses et danseurs sur le plateau pour montrer leur technique sans faille et leur engagement physique. ab [intra], pièce créée en 2018 par leur directeur artistique, Rafael Bonachela, exulte la puissance des corps et explore « nos instincts primaires, nos pulsions et nos réactions viscérales ». Le chorégraphe catalan a composé des duos, trios et tableaux d’ensemble très graphiques, physiquement exigeants voire extrêmes. La musique tout comme les jeux d’ombres et de lumières sont également partie prenante de cette pièce d’une heure dix qui s’annonce d’une grande beauté. AH
Maison de la Danse Lyon 8 ab [intra] 16 > 19 mar. Backbone 29 MAR. > 6 AVR.
BEASTS POEM Ballet de l’Opéra de Lyon 02 > 04 mar. Toboggan, Décines Kernel + PERCUT 30 & 31 MAR. Les SUBS, Lyon 1
La reconnaissance pointe pour le danseur et chorégraphe stéphanois, Pierre Pontvianne, comme le montre son agenda de mars. Le Ballet de l’Opéra de Lyon lui a commandé une pièce pour une soirée qu’il partage avec le chorégraphe lyonnais Yuval Pick et Russell Maliphant. Il présente également ses deux dernières créations avec sa compagnie PARC : Kernel, commande du Festival de Danse de Cannes 2021, et PERCUT, petit bijou de radicalité. Cela se passe aux SUBS et ce sera l’occasion de découvrir plusieurs facettes du travail du chorégraphe, installé, par choix, dans sa ville natale. Il y développe une recherche pointue qui s’affine au fil des pièces, se libérant progressivement de l’influence de Jiří Kylián pour lequel il a beaucoup dansé, avant de se lancer dans la chorégraphie. Il y a quelque chose d’obstiné dans sa gestuelle, sa façon de creuser la matière des mots et du mouvement. Au gré des rencontres, il façonne un univers qui cherche la collision, les frottements entre les disciplines et ce qu’ils font naître. Telle sa rencontre avec l’auteur et comédien David Mambouch. Ou le compagnonnage au long cours avec les deux autres fondateurs de la compagnie, Émilie Tournaire, ancienne danseuse devenue administratrice, et Pierre Treille, plasticien-scénographe, qui se nourrit d’échanges et de mises en commun. Rugueux et radical, le travail de Pierre Pontvianne est pourtant pétri d’une humanité généreuse, façonné à son image, têtu et réservé, mais attentif et toujours en prise avec son époque.
ArKuchi #26 MARS 2022
Stofleth ©
bêtes de scènes
Rigoletto
e g o L’él du t e r c se Par Trina Mounier
Le festival annuel de l’Opéra de Lyon revient en mars, avec trois opéras, sur le thème des Secrets de famille.
C’est à Richard Brunel que reviennent le choix du thème et des œuvres et surtout les Journées découvertes (4 et 5 mars) pour parler du secret et du poids du silence avec psychologue, musicologue, autrices et experts. « C’est le choix des œuvres qui m’a guidé, confie Richard Brunel. Les représentations de Rigoletto et Irrelohe ont souffert de la pandémie et je tenais à ce que le public les découvre. L’œuvre très noire de Verdi, bien sûr, mais surtout l’opéra de Franz Schreker qui fait partie des œuvres fortes et trop peu jouées. Or, une des missions de l’Opéra de Lyon est bien de permettre des découvertes. Ce sera une première en France pour cette œuvre vénéneuse. » Quand le thème du secret s’est dégagé, et plus particulièrement du secret de famille, Richard Brunel a ajouté à la programmation Nuit funèbre, « des Festival 2022 Secrets de extraits de cantates de Bach mises en scène de façon éblouissante par Katie famille Mitchell. J’ai choisi de faire résonner ces trois œuvres ensemble parce qu’elles 18 mar. > 07 avr. parlent de la faute originelle et des souvenirs d’enfance, de la question de Opéra de Lyon, Théâtre des Célestins l’héritage et des blessures du lien à notre époque tourmentée par la question de cette fabrique du silence, de ce que ça crée et de ce que ça détruit, par la opera-lyon.com question de la transparence, du dévoilement et de la révélation. »
ArKuchi #26 MARS 2022
fokus
Camille Brasselet
MONDE FLOTTANT Par Anne Huguet
photos Camille Brasselet
« Je suis une maniaque du cadrage, du pli, du cheveu qui dépasse, de la lumière. » À vingt-cinq ans, Camille Brasselet a les idées bien arrêtées sur la composition, la mise en scène, la couleur, le hors-champ et surtout la photographie qui occupe sa vie à 100%. Ses images étranges ont je ne sais quoi qui interpelle. Ces teintes pastel ou passées (ocre, vieux rose, grège) ? Le cadrage presque psychorigide (la fameuse règle du tiers) ? Les personnages inquiétants (des femmes sans âge ou d’un autre temps, des jeunes femmes au visage caché ou tronqué, des corps fragmentés) qui habitent ses clichés ? Les miroirs qui peuplent son monde, comme un second regard ? Elle l’avoue : ses personnages sont « jusqu’à présent dans l’entre-deux, cet état où il ne se passe rien et en même temps tout ». Des photos « silencieuses et mystérieuses, comme une ambiance nébuleuse où tout reste à écrire », c’est ainsi que la jeune Normande installée à Lyon analyse son travail, très pictural voire presque cinématographique. On pense à Hopper en découvrant son univers photographique. « Je compose mes images comme une peinture par des aplats de couleurs. Avant de poser mon personnage dans l’histoire. Je recherche un éclairage
naturel, très plat, avec le moins de contrastes et d’ombres possible. Ainsi un ciel très nuageux … » La marque de fabrique Brasselet ? Les personnages de dos et les visages cachés (« Je m’intéresse plus à la composition, aux formes et aux attitudes qu'aux expressions »), les longs cheveux qui la fascinent, les corps fins. Elle concède aussi s’intéresser de plus en plus à l'intrigant hors-champ, lorsque tout n’est pas donné à voir (les miroirs, les corps et visages tronqués). Libre à chacun d’y voir et d’en faire ce qu’il veut. « J’essaie de reproduire les croquis et les images que j’ai dans la tête », expliquet-elle. Car Camille écrit et fait des croquis avant de passer à la prise de vue. Un vieux reste de son passage par les Beaux-Arts. Elle aime se questionner, inventer des lieux et des espaces dans lesquels ses personnages (« ses modèles ») vont se mettre en scène. Photographier enfin, au numérique, après de longs préparatifs (coiffure, vêtement, pose…). Travaillant la composition et traquant le bon angle, le rayon de soleil idéal, quand tout concorde. Ses photos sont peu retouchées, rarement recadrées : juste quelques redressements de perspectives, des ombres à atténuer. Ensuite imprimer « pour voir si cela me plaît et si ça s’intègre à mes séries. » Car Camille travaille par séries sur le corps, l’absence, le vide ou l’attente. Des séries jamais fermées. La première, À côté, est toujours en cours. De la couleur (principalement), du noir et blanc (un peu). Et toujours ce besoin de gérer le moindre détail. Mais ce qui importe, n’est-ce pas de sortir la "bonne" photo, celle qui interpelle avec sa part de mystère ? Elle doit être « bien composée, cadrée, ou encore raconter quelque chose de fort, mais ce qui compte : qu'elle m'emmène ailleurs. »
Ses références Wes Anderson, David Lynch, Edward Hopper, Pedro Almodóvar, Alex Prager, Domenico Gnoli, Magritte, David Hockney, Erwin Olaf, Puissance de la douceur de Anne Dufourmantelle…
The Sound Of Silence Éditions Bessard, 2021
camillebrasselet.com @camillebrasselet
Je compose mes images comme une peinture ...
carte blanche
On doit parler de tout aux Par pauline Sales
Pauline Sales est comédienne, metteuse en scène et autrice d’une vingtaine de pièces éditées aux Solitaires intempestifs et à l’Arche. Ses pièces ont été mises en scène, entre autres, par Jean Bellorini, Richard Brunel, Philippe Delaigue, Lukas Hemleb, Marc Lainé, Arnaud Meunier… Après avoir co-dirigé Le Préau – CDN de Normandie-Vire avec Vincent Garanger de 2009 à 2018, elle continue son travail d’écriture et de mise en scène, « un théâtre qui parle aux gens d’aujourd’hui », au sein de la compagnie À l’ENVI, toujours avec Vincent Garanger.
Et puis, on a sauté ! Théâtre de Vénissieux 03 & 04 mar. En prévision de la fin du monde (…) Les Plateaux Sauvages, Paris 20 28 mar. > 6 avr. Normalito TNG, Lyon 9 10 > 14 mai alenvi.fr
Je
n’avais aucun désir d’écrire pour ce qu’on appelle le jeune public. Il y avait sans doute plusieurs raisons à cela, dont une intime : j’ai toujours voulu faire partie des adultes, même quand j’étais enfant. Je n’ai jamais eu envie, dans ma vie, qu’on me considère comme une enfant. Dès que je me suis mise à écrire, j’ai tout de suite voulu aborder ce dont il ne fallait pas parler – même si je l’ai fait sans doute beaucoup moins que d’autres écrivains. Il fallait franchir des interdits, le convenu, le bien-pensant, écrire tout haut ce qu’on sait tout bas, affronter la violence, la sexualité, le dégoût de vivre, la mort de l’amour, ce qui est caché, dissimulé, enfoui. Mon désir de théâtre, né très jeune, est profondément lié à celui de devenir adulte. Adolescente, je voulais prendre des cours avec des
vieux. Attaquer les vrais textes, les vrais sentiments, les véritables incarnations, arrêter de jouer dans la cour de récréation, quitter l’âge de la moquerie et des rivalités. Dire adieu à l’enfance alors qu’on est encore dedans. J’ai vieilli, je suis devenue mère, j’ai codirigé avec Vincent Garanger un centre dramatique, accueilli et produit des spectacles tout public culottés et puissants. J’ai pleuré, plus que mes enfants, en lisant ce qu’on trouvait dans leur cartable conseillé par un enseignant magique comme il en existe tant, L’enfant Océan de Jean-Claude Mourlevat, Oh, boy ! de MarieAude Murail, de grands livres… mais ce n’était toujours pas pour moi. Il a fallu l’invitation de Fabrice Melquiot. Mon ami. Fabrice qui a su faire du Théâtre Am Stram Gram, qu’il a dirigé pendant dix ans, un lieu intergénérationnel à Genève. Fabrice pour qui l’écriture jeunesse, comme on dit, a toujours été une nécessité. Voilà pourquoi je prends les commandes
ArKuchi #26 MARS 2022
carte blanche
d’écriture comme des cadeaux. C’est presque toujours l’occasion de se déplacer, sortir de ses sentiers battus. Non seulement il me demandait d’écrire pour les enfants mais en m’inspirant du Songe d’une nuit d'été de Shakespeare en plus ! Double cadeau en fait. Ce chef-d'œuvre qui parle de la versatilité amoureuse me permettait d’aborder l’amour tel qu’on le présente aux enfants et tel qu’ils le voient ensuite à l’œuvre dans le couple de leurs parents et aux alentours. Cela a été, sans que ce soit vraiment conscient, le fondement de ma démarche. Regarder les adultes de la place des enfants. Partir de ce sentiment d’injustice, de colère, d’indignation entre ce qu’on leur dit et ce qu’ils nous voient faire, ce décalage considérable. Les paradoxes des adultes qui vous sautent à la figure. On peut, on doit, évidemment parler de tout aux enfants et surtout de ce qui les préoccupe – qui nous préoccupe aussi – parler d’amour, du divorce, de désir physique, des règles, de politique, de transidentité, d’argent, de différence entre les riches et les pauvres, d’écologie, de dépression, de viol, de la bêtise humaine, du suicide, du manque d’empathie. Il y a une manière de tout redécouvrir, de tout regarder avec les yeux terribles de l’innocence. Ce sont parfois, désormais, les adultes qui sont choqués par ce qu’on raconte aux enfants.
Adolescente, je voulais attaquer les vrais textes, les vrais sentiments... Les enfants sont de grands spectateurs, et j’avoue que ça je n’en étais pas très convaincue. Ils devinent des choses très fines. Ils sont très attentifs aux non-dits. Ils savent se construire des fictions sur des silences. Pour la plupart, ils parlent de manière très sensible de ce qu’ils ont vu et ils cherchent rarement, même si ça arrive, à faire leur intelligent. En fait, ce truc auquel je ne croyais pas trop, ce truc qui pourrait être qu’on se réunisse, quel que soit son âge et qu’on soit touché, ému, ensemble, qu’on rit ensemble, ce truc qu’on peut vraiment aimer un spectacle tout public en tant qu’adulte, j’ai vu que ça pouvait exister, et que c’était beau à vivre et à essayer de créer.
ArKuchi #26 MARS 2022
20 SUR VIN
Niché au cœur du quartier des Terreaux, le chai urbain La Têtue propose le premier circuit court du vin à Lyon. Le concept a été développé avec détermination par Géraldine Dubois, 46 ans, tombée dans la cuve tardivement.
Chai La Têtue
3 rue Grobon, Lyon 1er @la_tetue_vins
Made in Lyon obstinément Par Blandine Dauvilaire
Maureen Domprobst / Foodisterie ©
Matière et fraîcheur Ce Côte du Py est beaucoup sur le fruit, avec peu d’extraction, il reste donc léger et assez facile à boire. La finesse dans les tanins et les arômes qui ressortent démontrent une grande expertise en vinification. Mee Godard fait des vins de garde très intéressants. Celui-ci en a sous la pédale, il est à boire sur un plat asiatique. Morgon Côte du Py
Domaine Mee Godard, Villié-Morgon Rouge 2019 (environ 23 €) meegodard.com
A
près dix ans dans l’industrie pharmaceutique, la Lyonnaise au fort tempérament suit son mari en Bourgogne, où elle décide de donner un autre sens à sa vie professionnelle. « Chaque année, je faisais les vendanges pour des copains, j’ai eu envie de comprendre ce qui se déroulait quand les raisins arrivaient à la cave », raconte cette passionnée. Elle passe son brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole à Beaune et fait un premier stage pendant les vinifications. « J’ai senti une cuve en pleine fermentation et là… j’ai eu un coup de cœur pour ce métier qui ne m’a plus quitté. » Géraldine travaille d’abord chez Boisset avec Grégory Patriat, puis devient maître de chai pour la maison Eugène Ellia à Nuits-Saint-Georges. « Au bout de deux ans, j’ai eu envie d’avoir mon propre domaine, hélas en Bourgogne c’était financièrement impossible. Mon mari a quitté son boulot et nous avons monté le domaine Face B à Calce en Roussillon. » Le succès est au rendez-vous, mais après deux millésimes le couple se sépare. Lui garde
le domaine, elle s’installe à Perpignan. En septembre 2020, elle décide de rentrer à Lyon avec ses trois enfants. « J’ai d’abord cherché du boulot dans le Beaujolais. Or, pour une femme qui produit du vin, c’est compliqué car c’est un milieu très macho. » L’idée du chai urbain prend forme peu à peu, avec l’envie de dépasser ce qui se fait généralement. « La plupart font venir des raisins ou des moûts, réalisent uniquement la partie vinification, mettent en bouteille et ça repart un peu partout. Moi j’ai acheté un hectare et demi de vignes à Brindas et Thurins près de Lyon, en appellation Coteaux du Lyonnais, que je cultive de manière biologique à la main, avec l’aide d’une jument. Le circuit est ultra court : je transporte les raisins dans mon chai en Presqu’île, je fais la vinification et pour que le vin soit consommé localement, je le vends en vrac dans des bouteilles consignées. Je propose un gamay et un chardonnay à boire tout de suite, car ce ne sont pas des grands vins ». Pour réaliser ce projet un peu fou, Géraldine n’a fait aucune concession. « Je suis en accord avec mes valeurs et cette façon de consommer le vin correspond à ce que les gens recherchent, c’est le bonheur ! »
ArKuchi #26 MARS 2022
FORME & FONCTION
Par Émiland Griès & Élise Ternat
Pour la Biennale Internationale des Musiques Exploratoires ou B!ME 2022, le Grame interroge architecture et musique sous l’angle des flux qui nous traversent et nous mettent en rapport avec le vaste ecosystème spatio-temporel. Une expérience à la fois sensible et conceptuelle, à vivre du 9 au 27 mars.
Emanuele Coccia
PARTICULES ÉLÉMENTAIRES B!ME 09 > 27 mars Lyon & Métropole, Valence grame.fr
Portraits thermiques 10 > 27 mars Villa Gillet, Lyon 4 villagillet.net
philipperahm.com
À
la fois concepteur, chercheur et enseignant dans de prestigieuses écoles – Polytechnique à Lausanne, Harvard et Princeton aux états-Unis – le Suisse Philippe Rahm développe une vision à la fois sensible et novatrice de l’architecture. Selon lui, cette dernière est aujourd’hui porteuse d'importants enjeux climatiques, dont la maîtrise est l’une des solutions potentielles à la question du développement durable qui taraude nos sociétés. N’oublions pas que les bâtiments – cycles de construction, d’usage et de démolition compris – représentent près de 40 % des émissions de gaz à effet de serre. Cohérent avec ce diagnostic, Philippe Rahm décline ses projets (voir son site) suivant des thèmes inédits : radiation, conduction, convection, évaporation… bref, par des phénomènes physiques plutôt qu’en belles images lumineuses et bien cadrées, comme le milieu de l’architecture s'en délecte. Il présente ses réalisations de façon schématique, en matérialisant graphiquement les mouvements d’air, changements de température et migrations d’humidité
qui s’y déroulent naturellement. Les qualités d’ambiances des lieux de vie qu’il imagine permettent de maintenir frugalité énergétique et réduction des fuites thermiques. Son architecture, conçue en ce sens, est donc climatiquement économe ! Les lois invisibles de la physique, en jeu dans ses bâtiments, leur permettent de rester protecteurs des corps, en luttant avec pertinence contre vent, précipitations, sécheresse, froid ou canicule. Pour étayer artistiquement sa démarche, Philippe Rahm propose une exposition (et une conférence-débat) à la Villa Gillet, mettant en évidence les échanges thermiques permanents entre les hommes et leur environnement. « Avant, on représentait les gens grâce à la peinture, puis au XXe siècle, grâce à la photo. Aujourd'hui, la thermographie incarne le XXIe siècle », annonce-t-il. De la parole aux actes : il détourne l’usage de sa caméra thermique, outil professionnel désormais courant pour établir le niveau d’isolation d’un bâtiment, en tirant le portrait des gens qui l’entourent, personnalités comme anonymes. Il en découle d’étranges images, formant des halos aux teintes saturées, à travers lesquels se devinent les visages et les corps sans les reconnaître, les vêtements
ArKuchi #26 MARS 2022
FORME & FONCTION
Philippe Rahm ©
Lolita Chammah
autoportrait
sans pouvoir les décrire. La réalité apparaît sous un aspect inconnu à l’œil nu, fondé sur le rayonnement infrarouge. Que nous inspirent ces images dont les couleurs, artificiellement ajoutées par le procédé pour rendre perceptibles les échanges de températures, allant du rouge vif pour le chaud au bleu profond pour le froid en passant par toute la gamme des verts et des jaunes ? Ultratechnologiques, quelque peu déshumanisées, elles dérangent, renvoyant à d’autres usages moins pacifiques de l’outil dont on se sert également pour chasser et faire la guerre, voire anxiogènes pour détecter à grande échelle les malades lors des pandémies. Elles révèlent l’empreinte thermique permanente de nos vies sur l’environnement. Pas difficile d’extrapoler les multiples autres empreintes que nous laissons derrière nous et comprendre que nous sommes intimement liés aux écosystèmes dans des relations et échanges bien réels mais pas toujours équilibrés. De leur invisibilité à l’œil nu découle sans aucun doute l’inconscience de nos actes. La science et Philippe Rahm nous le rappellent avec évidence. eG
ArKuchi #26 MARS 2022
MUSIQUES PLO EX RATOIRES
à l’heure possible e ll e des ts s flux e orologie tique de ne mété é u o ars il p m te n n e U xiste z-vous rique ? E ir, rende o v a s du numé s e le ur Musiqu nts ? Po nale des sentime ternatio In le a n à la Bien !ME. ires ou B , B!ME Explorato le Covid mal par à e nouck is ’A m d n 2020 pulsion io it im l’ d é en s e u Grame, mue so Après un ction du e véritable ir e d d e , n s la u rt conce opère Rivas à mme de ebastian S ra g t e ro e p . s s Avis ance isonnant e perform isse, nt un fo tions et d proposa a gique su ll lo ta ro s o ’in té d é , s m iste ce e p n ct t uête e archite confére e Rahm, ène l’enq p m ent ip E s il is h !M n P B u Avec i nous ur, cette u e q n s n o le ’h ib . d invis monde en invité uctures toile du s des str ssant la ti territoire n e s le les trace r re tions su aux œuv , ra s o e uvrir b tr a u ll a aux ne à déco ses co nale don nombreu . n e e ie tt d b e u e la q rt , Fo -delà toute éti voire au ic for nchis de s ra u ff M a s lyonnais s e qu meuse ur ers artisti s, les fa iques po des univ nquable a s et lud m re im o n du s o s té le s s i te ce n n rm Pa orma re inco n II, perf eda, maît lement e Ryoji Ik percussio d oter éga n n ie d À ti . o u re c q u u S nnifer d u Je objets uvrir a si de Hypothe e, à déco u s q u n par ri o m é ti s ti m ta nu Syncre interpré l’ e u t iq n o n e. a d du mond le cham e Vega le chaos Mario d r de t e e n n e e o s h s Wals propo s fera ré édition 15, le ]h[iatu F b B e m tt la e s ce à n l’e édite ride, nt hyb t celle, in ngagée Totaleme ions don it s la très e o e p d x e s e s é e s m u venir fu re s D nomb citer e ûtante on peut aux envo , ière e e m ré tr c â re a é p s con rs là : la . Côté th u d u jo u ra u ent to o serons lle Clém Tania M et Nous ns laque a le à d b ti x re p u o e a n e o imperc d’app que et s e s drôles ce plasti ll e s iè ce p s c e e e n v d u a est secon initie o nous iseau ; la s du nde en o Vercellett o culinaire m rs le e r iv e n s u n e s aine p v le ri e entre l’art d s de l’éc alliance les texte t e e s i u h re c u u l’he Yamag re ef Sugio de clôtu grand ch i. h c eek-end u w s, ig rt k le e ce S l, n Ryoko de co uet fina journées de bouq x e u is e u d g En romet T orium p entées. e à l’Audit es augm it is v t e s n o ti a install
musiques déambulations
Par Emmanuelle Babe, Anne Huguet, Élise Ternat
Les mots bleus du Kid 05.03.22 | 20H30
Le Marseillais Mathieu Hocine aka Kid Francescoli n’a pas eu beaucoup de chances avec son dernier opus Lovers, sorti en pleine pandémie (mars 2020). Après moult reports, on devrait enfin le (re)voir live au Kao et chalouper au son de ses beats langoureux. Le Kid avait cartonné en 2016 avec Play Me Again et des ballades en Kodacolor d’électro-pop sensuelle. Son single Moon (And It Went Like) – viral sur TikTok ! – reste un monument du genre avec ses boucles addictives. Il vient de lâcher Summer is Gone, mise en bouche avant un 5e album en préparation et un nouveau live avec deux chanteuses et une scénographie retravaillée. Une belle bouffée d’air zen ! AH
Le goût du risque 05.03.22 | 20h30
Il compose et écrit depuis des années, pour lui, pour d’autres, une musique de film ici, un livre-jeunesse là. Dans une lignée qui irait d’Aznavour à Daniel Darc, Da Silva continue de tracer sa voie dans une chanson française tendre et écorchée. Depuis 2004 et son premier album Décembre en été, il fuit les étiquettes, osant passer du rock à la chanson, du blues au fado, de l’électro au reggae. Il vient de lâcher une nouvelle galette Extrait d’une vie imparfaite et surtout il s’offre une tournée des petites salles en solo, fardé en clown, sans illusions et pourtant plein d’espoirs. Un tour de chant libre mélancolique (sa marque de fabrique) pour une voix éraillée qui célèbre la nature humaine, ses rêves et ses tourments. AH
Vittorio Bettini ©
Ninkasi Kao Lyon 7
À Thou Bout d’Chant Lyon 1 athouboutdchant.com
Kid Francescoli
Casey
Taillée dans le brut 10.03.22 | 20H30
Tcho Antidote ©
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nerie la tan Bresse nBourg-e 1) (0
Les fans de Casey ont droit, en mars, à une double dose de la rappeuse originaire du Blanc-Mesnil. Tout d’abord en concert à Bizarre!, puis à la Croix-Rousse dans Viril aux côtés de Despentes et Dalle. Dix ans après son album solo Libérez la bête, Casey ramène son flow énervé avec Gangrène, concocté avec ses acolytes d’Ausgang, ManuSound, Sonny Troupé et Marc Sens. Ce dernier est un ancien de Zone Libre, formation de Serge Teyssot-Gay avec laquelle Casey éprouvait déjà son rap rock adossé au punk. Rugueuse et brute, la qualité d’écriture de Casey continue de la placer au-dessus de la mêlée dans le rap français. D’origine martiniquaise, Cathy Palenne, 46 ans, raconte les plaies de l’esclavage, les discriminations, l’ordre social qui peut tuer. Une âme forte. EB Bizarre! Vénissieux bizarre-venissieux.fr
ArKuchi #26 MARS 2022
déambulations
Fin de l’histoire 11.03.22 | 20H
Disco mondiale
On le sait depuis la sortie (en octobre) de son 7e et ultime Dernier album, Mendelson quitte l’arène après vingt-cinq ans de musique à la fois implacable, poétique et noire. 5 titres, 42 minutes, le fameux parlé-chanté de Bouaziz, des morceaux fleuves (Algérie, 19 minutes), les guitares insondables, la tension et les mots coupants, bref tout l’art et la puissance du groupe résumés comme un poing final. On vous prévient, ovni annoncé sur la scène d’Opéra Underground, entre poésie incantatoire, chanson indocile et post rock tortueux. Un dernier round d'exception. AH
20.03.22 | 18h
Le tourneur annécien Soyouz (qui organise aussi le festival Hors-Pistes) fête ses vingt ans avec la crème de la nouvelle sono mondiale. À l’affiche : la cumbia expérimentale jubilatoire des Colombiens de Meridian Brothers, toujours emmenés par l’excentrique musicien-producteur Eblis Alvarez, ou encore le Belgo-tunisien Ammar 808 et ses sonorités futuristes gorgées de musique carnatique, de beats électro et de groove irrésistible. La chanteuse et multi-instrumentiste turque Derya Yildirim réinvente, quant à elle, la pop anatolienne psyché. On connaît moins le duo underground suisse Cyril Cyril et sa transe minimaliste ou les chansons thaï beat et italodisco des années 60/70 de Yīn Yīn. Une belle affiche ouverte sur le monde. AH
Opéra de Lyon opera-underground.com
Riffs sur le gâteau
Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr
10.03.22 | 20H30
D.R. ©
On ne présente plus le label Born Bad Records, défricheur de rock’n’roll contemporain et "exhumeur" de moult trésors musicaux oubliés. Frustration, Cheveu, La Femme, Cannibale, JC Satan, Magnetix : voilà autant de groupes hébergés et supportés depuis 2006 par JB Guillot, son fondateur passionné. En septembre dernier, le label indé parisien a lancé une tournée (un peu chahutée par le Covid) avec une programmation variable et la fine fleur des groupes maison pour fêter ses quinze ans d’activisme. À Feyzin, ce sont les héros très ordinaires de Frustration qui s’y collent avec leur post-punk bien rugueux et nerveux. À leurs côtés le trio halluciné de Zombie Zombie, fort d’un nouvel album Vae Vobis avec vocoders en latin, et les pop-songs bricolées des petits jeunes de Music On Hold. Let’s go ! AH ADULT
L’Épicerie Moderne Feyzin epiceriemoderne.com
Synth-pop dystopique 31.03.22 | 20H30
Frustration
Attention évènement ! ADULT, le duo le plus looké de la scène électroclash depuis les années 2000, annonce sa venue, inattendue, au Sonic. Formé du dandy Adam Lee Miller et de la photographe déjantée Nicola Kuperus, le combo de Detroit revient avec Becoming Undone (sorti le 22 février), un 9e opus d’électro dark et d’EBM* en prise directe avec les affres de l’époque. Blitz technoïdes et effets de voix composent leur univers acide délicieusement strident pour coller à la dissonance du monde. Rare sur scène mais précédé d’une réputation live sulfureuse, ADULT s’annonce comme le concert du mois pour les fans de coldwave arty et décalée. ET Titouan Massé ©
*Electro Body Music
ArKuchi #26 MARS 2022
Sonic Lyon 5 SonicLyon
b Prod DB Teamfilm Produktion / DR ©
7E ART
Queer Par Élise ternat
Avec près de quatrevingts séances et de nombreux rendez-vous, le festival lyonnais Écrans Mixtes fait désormais figure d’évènement majeur dédié au cinéma queer en france. Interview de son président, Olivier Leculier, pour parler des nouveautés de cette 12e édition militante, inclusive et toujours aussi sexy ! Les Amoureux (1994)
Quelles sont les nouveautés de cette 12e édition ? Olivier Leculier La principale nouveauté, c’est la création du Grand Prix Écrans Mixtes - Master Card avec huit films inédits en compétition et un important soutien financier pour le premier prix. La réalisatrice Catherine Corsini sera la présidente du jury composé d’actrices et d'acteurs et de journalistes du monde du cinéma.
2 > 10 MARS Comœdia, Institut Lumière, Cinémas Lumière, etc. festival-em.org
Écrans Mixtes réaffirme cette année encore son identité féministe. OL Le féminisme a toujours eu une place de premier plan sur l’ensemble des éditions, notamment dans la thématique queer, véritable contre-regard d’un monde hétéronormé et patriarcal. Cette édition est marquée par la plus grande rétrospective française dédiée à l’œuvre de Catherine Corsini avec la projection de copies restaurées et de ses derniers films. Avec le focus Maghribia Matrimonia, nous mettons également à l’honneur le regard féminin porté sur le monde du Maghreb avec cinq réalisatrices tunisiennes et marocaines.
Il est également question d’une vente aux enchères de l’affiche du festival signée Edi Dubien. OL C’est l’autre nouveauté. Edi Dubien a réalisé l’affiche inspirée du film La Ricotta de Pasolini. Du 10 février au 10 mars, une vente de l’œuvre originale sera relayée grâce à des enchères sur le web dont les bénéfices seront reversés à l’association 2MSG* qui œuvre en faveur des minorités sexuelles. Cette édition comporte également un hommage à Pasolini dont nous fêterons le centième anniversaire. Quatre de ses films seront projetés, une exposition photo sera accrochée à la galerie L’Abatjour et son acteur fétiche, Ninetto Davoli, animera une master class à l’Institut Lumière. Quelles sont les pépites à ne pas louper ? OL La question est difficile, mais je dirai Les Amoureux de Catherine Corsini, les courts métrages de Bertrand Mandico pour découvrir son univers si singulier, la master class Pasolini avec Ninetto Davoli, À peine j’ouvre les yeux dans le focus Maghribia Matrimonia et, bien sûr, Moneyboys en ouverture et Thelma & Louise en clôture. *Migrations, Minorités Sexuelles et de Genre.
ArKuchi #26 MARS 2022
7E ART
Alban Teurlai ©
Allons enfants (2021)
e d o m En e d a c barri
29 MARS > 3 AVR Au Toboggan, Décines et dans la Métropole letoboggan.com
Par Emmanuelle Babe
Le bouillonnement du monde interpelle voire interroge. Les sujets ne manquent pas pour nourrir la curiosité des réalisateurs de documentaires, qui méritent largement d’être présentés dans des festivals. Les Écrans du doc est de ceux-là, qui donne à voir des récits personnels ou collectifs pour mieux appréhender le monde contemporain. La 11e édition, fin mars, ne déroge pas à la règle : des guerres africaines aux luttes basques, de Julian Assange à Jim Harrison, le festival décinois place le documentaire sur le terrain de la résistance mais aussi de la résilience et, osons, de la poésie ! Parmi les temps forts, citons Hacking Justice – Julian Assange de Clara López Rubio et Juan Pancorbo, qui fera l’ouverture du festival avec une soirée consacrée à la liberté d’informer, ainsi que L’empire du silence du Belge Thierry Michel qui signa, déjà, L’homme qui répare les femmes sur le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege. La jeunesse aussi est à l’honneur, avec les interrogations de lycéens marseillais filmés par Régis Sauder, présent à Décines. En Nous sera présenté en avant-première. Tout comme Allons enfants de Thierry Demaizière, qui entraîne dans la fièvre de la danse hip hop en réponse à l’échec scolaire. Enfin, À demain mon amour s'intéresse aux Pinçon-Charlot dans l’exercice de la sociologie au quotidien. Un documentaire sur un couple de chercheurs à l’œuvre mais aussi, et surtout, sur un couple tout court.
ArKuchi #26 MARS 2022
LETTRES & RATURES
Liberté, je dessine ton nom Du 10 au 13 mars, l’association Ça presse propose de nombreux rendez-vous autour du dessin de presse. Willem, Cambon, Deligne, Dubouillon, Pancho, Lacombe, Soph’, Willis from Tunis… : la production des plus grands dessinateurs et dessinatrices français et étrangers sera présentée, ainsi qu’une exposition inédite de dessins de Charb. Ces rencontres promettent un bel appel d’air dans notre paysage médiatique en fusion.
S’
ils font partie de la tradition médiatique française depuis la Révolution (qu’on se souvienne du Père Duchesne, de Daumier, Grandville, du Charivari, du Canard Enchaîné, de L’Assiette au Beurre, Hara-Kiri, Charlie Hebdo, Siné Mensuel…), la caricature et le dessin de presse suscitent encore bien des débats. Arts transgressifs associant humour et critique en tendant un miroir à la société, ils prêtent souvent le flanc à des oppositions farouches, qu’elles émanent du champ politique ou religieux. À l’heure où la presse d’opinion taille des croupières au journalisme d’investigation, où seule une trentaine de dessinateurs de presse vivent de leur métier et où le milieu médiatique est en même temps ripoliné et monopolisé (qu’on songe, sur un art satirique proche, à Vincent Bolloré dégageant les Guignols), il est de toute première instance de sensibiliser le public, dès le plus jeune âge, à l'importance du dessin de presse comme support à part entière de l'information. De cette volonté est née, afin d’inventer des temps et des lieux où l'on puisse faire de l'éducation à l'image, l’association Ça presse. Avec pour objectif de transmettre comment on communique avec un dessin dans les journaux, ce que raconte un dessin… bref, faire de l'éducation populaire au dessin et aux médias. En 2018, l’association organise à la Croix-Rousse les premières Rencontres du dessin de presse : expositions, sessions de dessin en direct, conférences… De nombreux dessinateurs de presse français et internationaux font découvrir leur métier et leurs productions au grand public. Depuis, feuille à feuille, le "petit Pressé" a poussé et c’est sur toute la métropole que se déploie cette année l’événement, à l’hôtel de ville de Villeurbanne et celui de Lyon, dans les mairies du 1er et du 4e, à la médiathèque de Vénissieux. Alors soyez curieux, cueillez les traits engagés du printemps, ça presse, demandez le programme !
ArKuchi #26 MARS 2022
Par Marco Jeru
Ça presse [Les Rencontres internationales du dessin de presse] 10 > 13 mars Lyon, Villeurbanne et Métropole Charb, du collège à Charlie
9 > 23 mars Hôtel de ville de Villeurbanne capresse.org
street art
cap phi
y?not
Guet et Kofi
Le street musée
bounka & masha
s i o m du Par graphull
moralez jace
jace
jace
ArKuchi #26 MARS 2022
moksa
4 personnes
Rien ne vaut grand-mère "les bons tuyaux" pour passer un hiver au calme (« OKLM » !). Un bol d’eau chaude, quelques rondelles de saucisses, on respire et la vie est belle. Quoi, elle ne faisait pas comme ça la tienne ? On inspire à fond après avoir plongé nos saucisses dans une grande marmite d’eau bouillante. Compte une dizaine de minutes et prolonge leur cuisson au four, 10 minutes à 180°C. Ah ce fumet… Délicieux pour ton petit museau. Chez toi, exit les sauces prêtes à l’emploi. Du ketchup fait maison et du bon ! Réunis le miel et le sucre (30 g) dans une casserole, puis fais blondir le tout. Déglace avec le vinaigre et ajoute le reste des ingrédients à savoir l’oignon et la pomme en dés, le gingembre râpé, le piment, l’ail, le sel et la pulpe de tomates. De grosses bulles se forment à la surface, laissons la sauce mijoter une vingtaine de minutes. Une fois refroidie, il ne restera plus qu’à la passer au mixer avec un filet d’huile olive. Et la moutarde dans tout ça ? Elle ne nous monte pas encore jusqu’au nez mais ça ne saurait tarder. Porte à ébullition l’eau, le vinaigre, le sucre (125 g) et le sel (1 cas). Ajoute les graines de moutarde et laisse cuire entre 30 et 40 minutes. Réserve ensuite les pickles au réfrigérateur. Dans un saladier, mélange la moutarde au sirop d’érable. Ouvre les petits pains en deux et badigeonne-les généreusement de sauce moutarde ou de ketchup. À chacun ses préférences ! Mamie, c’était beaucoup de moutarde, puis la saucisse recouverte de cornichons, les pickles de moutarde, beaucoup d’oignons frits, enfin la rasade de ketchup et sauce moutarde. Cet hiver, Mamie régale !
45 minutes
Hot dog party !
4 saucisses (Francfort, Strasbourg, chipolata…) 4 petits pains au levain 225 g de moutarde 400 g de pulpe de tomates 1/2 pomme Granny Smith 150 g de sirop d’érable 40 g de miel 250 g de graines de moutarde 155 g de sucre 35 cl de vinaigre de riz 12 cl de vinaigre de cidre 35 cl d’eau 1 oignon 2 gousses d’ail 1 piment oiseau 25 g de gingembre râpé 4 cas de cornichons hachés 4 cas d’oignons frits Huile d’olive, sel et poivre
Par claudia cardoso
popote(s)
GRILLE - N°26 SOLUTIONS - N°25
Par Ponia DuMont
HORIZONTALEMENT
MARS 2022
jugeote
1. Ceux de La Bruyère sont connus des gens de Lettres. 2. Vouées donc à "s’envoler" ? Conviendra. 3. Grands amateurs de miel, paraît-il. Indéfini par excellence. 4. Bienheureuse. Dunes… à perte de vue. 5. Liant. Apparentée à l’arum. 6. Réunissait. Dans le plus simple appareil ! 7. Dans un superlatif absolu. Visibles sur le crâne, ou dans les champs. 8. Tel quel, inutile au relieur. Sans l’ombre d’un poil blanc. 9. Genre de GRILLE - N°26 SOLUTIONS - N°25 salpêtre. Tous les chemins y mènent-ils solutions vraiment ? 10. Parfaitement correcte. Personnel. arkuchi 25
OM I C R O N S R E L I A I EN T NU E S T S AU R E NS EME NC E I T L I AO MT I CER OSN S VERTICALEMENT E L I A I EN T RdesEJO àVPékin… LT SSA U R E N UNR N A. Pas sûr qu’il eût organisé U E S B. Appréhenderais. C. ôta le superflu. Non sans E NC E E T E XE NII ST ELLMI AA E deRpyramides. agilité. D. Couchais. Chauffeur T E S E. Abandonnera. Paisible. F. Endort… à moitié. R E V E NUN L S Nicha tout là-haut. G. À l’esprit particulièrement B E EE XNI L A N I R PE A R E T étroit. H. Amusé. En mer et en l’air. N’enseigna B E N I R P A E N pas à son "nourrisson" la sobriété doute I N A IU S U S! I. Sans S I NA T I S T aussi aphrodisiaque… Coupe en deux. J. Exclusif. S NOS S I B E Qui n’a rien d’original ! S NOS S I B E
ArKuchi #26
où trouver
Annecy Bonlieu. Bourg-en-Bresse Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg-en-Bresse. Zoom. Bourgoin-Jailleu Les Abattoirs. Brignais Le Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire Cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant-Bellevue. Chalon-sur-Saône Espace des Arts. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles-sur-Lyon Musée du Chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L'Aqueduc. Décines Centre de la Mémoire Arménienne. Le Toboggan. Écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Francheville L’Iris. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Grigny Médiathèque Léo Ferré. Irigny Le Sémaphore. La Mulatière Aquarium de Lyon. Aux Bons Sauvages. Lyon 1 À Chacun sa tasse. L'Antirouille. À Thou bout d’chant. Archipel Librairie. Art Up Déco. Bar 203. Les Barjaqueurs. Bel Ami. Bloom Vangart. Boîte à café. Bomp ! CAUE Rhône. Clef de Voûte. Condition des Soies. DRAC. Espace 44. Galerie C. Mainguy. Galerie Céline Moine (Le 1111). Galerie Nörka. Galerie Le Réverbère. Halles de la Martinière. Jarring Effects. Kraspek Myzik. La BF15. La Boucherie des Pentes. Le 3e Fleuve. Le Bal des Ardents. Le Bleu du Ciel. Le Livre en Pente. Le Voxx. Les SUBS. Mangiabuono. Manifesta. Mapraa. Médiatone. Mongi Guibane. Musée des Beaux-Arts. Musicalame. Nombril du Monde. Ô Tao Bom. Opéra de Lyon. Original Watt. Radio Canut. Regard Sud. Shalala. Sofa Disques. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Théâtre de L’Accessoire. Théâtre Les Clochards Célestes. Technoir. Tikki Records. Traboule Kitchen. Vins Nature. Lyon 2 Archives Municipales. L’Atelier Parfumé. Cave Chez Camille. Centre national de la Danse. Cycles Marchi. Fondation Bullukian. Galerie Autour de l’Image. Galerie Ories. Galerie Slika. Galerie Tatiss. La Cloche. Librairie des Arts. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Maison Pochat. MJC Confluence. Mob Hôtel. Musée des Confluences. Musée des Tissus. Périscope. Région A.R.A. Théâtre-Comédie Odéon. Théâtre des Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. UCLY. Lyon 3 Archives départementales. Auditorium de Lyon. Boomrang. De L'Autre Côté du Pont. Café du Rhône. Gnome et Rhône. Hooper. Librairie du Tramway. Métropole de Lyon. Poltred. Salle des Rancy. Lyon 4 Agend’arts. Aquarium Ciné Café. Aux Trois Cochons. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des Voraces. Bonnesoeurs. Cavavin. Cave Tabareau. Cave Valmy. Chez Robert. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Fournil du Boulevard. Fromagerie Galland. Galerie Françoise Besson. Galerie Vrais Rêves. L’Assiette du vin. L'Instant. L'Oiseau sur la branche. La Famille. La Valise d’Élise. Labelalyce and Co. Librairie du Métro. Maison Jolivet. Modern Art Café. Ô Fournil des Artistes. Ô Vins d’anges. Paddy's Corner. Sibilia. Théâtre de la Croix-Rousse. Un Grain dans le Grenier. Villa Gillet. Vivement Dimanche. Lyon 5 Acting’s Studio. CRR de Lyon. CNSMD. École de Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Le Sonic. Librairie Virevolte. LUGDUNUM Musée. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Théâtre du Point du Jour. Lyon 6 MAC Lyon. Lyon 7 Arts en Scène. Bibliothèque Diderot. Café Pimpon. CHRD. Cinéma Comœdia. COREP. EAC Lyon. École de Condé. ENS. La Commune. Le Court-Circuit. Le Ptit Bouclard. Le Flâneur. Les Fauves. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kult. Librairie La Madeleine. Librairie La Voix aux Chapitres. Librairie Rive Gauche. Librairie Terre des Livres. Livestation DIY. Mama Shelter. Mimo. Mowgli. Ninkasi Kafé. Sofffa Guillotière. Théâtre de L’Élysée. Lyon 8 Institut Lumière. Maison de la Danse. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Cave Valmy. Ciné-Duchère. CNSMD. L’Attrape-Couleurs. La 9e Bulle. Les Mangeurs d’Étoiles. Musée Jean Couty. TNG. Mâcon Cave à Musique. Le Théâtre de Mâcon. Musée des Ursulines. Miribel L'Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville-sur-Saône La Maison Jaune. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de La Renaissance. Pierre‑Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Portes-Lès-Valence Train-Théâtre. Rillieux-la-Pape CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque L’Échappée. MJC Ô Totem. Saint-Étienne Cité du Design. La Comédie de Saint-Etienne. Le Fil. Le MAMC. Musée d’Art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint-Étienne. Saint-Fons Médiathèque R. Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612. Saint‑Priest Cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Saint-Vallier Ciné-Galaure. Sainte-Foy-lès-Lyon Ciné-Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune Cinéma Le Lem. L'Atrium. Librairie Pleine Lune. MJC Omega. Vaulx-en-Velin C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d'architecture. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre! C.A.P. Madeleine Lambert. Cinéma Gérard-Philipe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne. Villefontaine Le Vellein. Villefranche-sur-Saône Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Galerie Le 116art. Librairie des Marais. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Théâtre de Villefranche. Villeurbanne Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. Galerie L’Atelier du Canal. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. IUFM. La MLIS. Le Rize. Le Totem. Pôle Emploi Scènes & Images. Pôle Pixel. Studio 24. Théâtre Astrée. Théâtre de l'Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Transbordeur. URDLA... Et dans la plupart de vos mairies, médiathèques et bibliothèques, MJCs, espaces de coworking...
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