avril 2022
mensuel gratuit
#27
art culture architecture
N 27 .04
Dans le Rétro... Dans le Viseur
.06
C dans l'Air
• Les luminaires oufs d’Elie Gerbe • Hallucinations collectives
Marc Dommage ©
Déambulations Arts visuels
Abysse
.16
.28
À la Moulinette
FOKUS
Anna Tommasi
Da Collages
« Mes images racontent quelque chose de moi »
.29
C’Était Mieux Avant
.18 .10
Filipe Ferreira ©
Bêtes de Scènes Tiago Rodrigues, Turak Théâtre, Samuel Achache, Fouad Boussouf, Laurent Fréchuret…
.30
Dossier Spécial Villeurbanne, Capitale française de la Culture
Popote(s) & Jugeote
Youri Lenquette ©
portrait Les étranges créatures de Clédat & Petitpierre
.12
Morris Engel
.22
À l’Affiche "Sauvre" le monde avec Didier Wampas
.24
contact.arkuchi@orange.fr
arkuchi #27 avril 22
.08
Mensuel gratuit Diffusion : plus de 400 lieux Lyon, Métropole & Rhône-Alpes Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € - 18 rue Belfort 69004 Lyon Direction de la publication - Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Claudia Cardoso, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Trina Mounier, Fabien Pat, Nikki Renard, Florence Roux, Élise Ternat, Gallia Valette-Pilenko Photo de couverture : Da Collages Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT
Déambulations Musiques Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387
.26
Trajectoires
Pierre Dugelay
La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.
Abonnement
9 num./an = 30 eur.
Tiago Rodrigues
.27
Street Art by Graphull
°
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he : d’affic s e t ê t et des Smith, Archie ly monde ti hil Du beauvan Hove, Pat e Bad Seeds, C h T … Ivo & c e Dutron ick Cav Shepp, NGonzales, les
A chaud Kingdom est une fable pour adultes tragique. Des familles pleines d’illusions ont tout quitté pour retourner à la vie sauvage. Las. Le paradis n’existe pas, mais l’enfer, oui… Les Célestins 30 MAR. > 03 AVr. Huis clos
Injonctions, pression, implosion : les acrobates de Habeas Corpus tentent dans Burning de trouver un équilibre, des échappatoires aux rives dangereuses du burn out… Le Polaris 02 AVr. Ça tangue
Comment la chorégraphe danoise Mette Ingvarsten s’y prend-elle pour communiquer de telles vibrations ? Avec le frénétique The Dancing Public, elle invite à la transe collective. Les SUBS 13 > 15 AVr. À fond
Tous ensemble Dans le même esprit que Babel, la
Maison de la Danse et Fouad Boussouf réunissent quelque 130 participants d’horizons très différents pour donner corps à une pièce collective, Récits. Sur le plateau de la Maison 16 AVr.
1h10 pour se laisser emporter par la puissance physique, la technique et la fougue sensuelle des 17 interprètes virtuoses de la Sydney Dance Company. Entre ombre et lumière, les duos, trios et tableaux d’ensemble s’enchaînent, bluffants de précision du geste et de beauté.
NUITS ÈRE RVI U O F E D
Ovation
Avec le solo singulier Elisabeth Gets Her Way, le Belge Jan Martens rend un hommage vibrant à la claveciniste Elisabeth Chojnacka. Ses séquences dansées virtuoses ont illuminé le festival Sens Dessus Dessous.
révélation
> 30.07 _ 6 02.0
Pedro Greig ©
dans le rétro...
Par Emmanuelle Babe, Anne Huguet, Trina Mounier, Élise Ternat, Fabien Pat
Souffle le vent
Phia Ménard défie l’apesanteur et donne vie à une ribambelle de sachets plastiques multicolores. L’Après-midi d’un foehn est un bijou de poésie. Espace des Arts, Chalon-sur-Saône 05 avr.
l'enfer
au vitriol
Carlotta Films ©
ArKuchi #27 AVRIL 2022
Chabrol explore les turpitudes de la bourgeoisie, les mensonges de la vie de couple. Avec un humour vachard. Plus que tout, il aime les actrices (Audran, Huppert, Bonnaire) pour incarner des héroïnes fortes, perverses, séductrices, perdues… Dans les salles du GRAC dès le 03 AVr.
... dans le viseur
Enchanteur
Retour gagnant pour Damon Albarn, enamouré d’une Islande qui lui dicte une musique à la fois poétique et haletante. L’accompagnement de cordes sublime ce tableau sonore inspiré et inspirant. Il a fait vaciller l’Auditorium de Lyon.
Matt Cronin ©
Épopée à l’Ouest
Pascale Cholette ©
Jamais vu une pièce de Guillaume Bailliart ? Faut y aller. Faillir être flingué est un western live jubilatoire avec son groupe Fantômas. Vous connaissez ? Vous y retournerez. TNG 05 > 08 AVr.
Le saut de l'ange Après Möbius, le chorégraphe Rachid Ouramdane met sur le plateau artistes voltigeurs et athlètes aventuriers pour tutoyer la gravité et
la chute. Un ballet aérien de haute voltige saisissant et plein d’humanité. À voir.
Dans les oreilles Bambara lâche un nouvel EP, Love On My Mind (Wharf Cat Rcds, 25/02), qui lui ressemble, mais plus doux, avec ses atmosphères rock et chic et la chaude voix de crooner
MC2 Grenoble (38)
habité de Reid Bateh. Coup
13 > 14 AVR.
de cœur pour Mythic Love.
ArKuchi #27 AVRIL 2022
c dans l’air
Un autre monde 12 > 22 AVR. Oufs d’astro Planétarium Vaulx‑en‑Velin
Elie Gerbe
cabinet de curiosités
planetariumvv.com
JB Carhaix ©
atelier galerie 11, rue Bouteille Lyon 1 @elie.gerbe
La 7e édition des Oufs d’astro, biennale du ciel et de l’espace du Planétarium de Vaulx-en Velin, expose Un autre monde de l’artiste croix-roussien Elie Gerbe. Un monde peuplé de luminaires cactus, champignons ou planètes.
Par Florence Roux
Certains cultivent leur jardin. D’autres, leur cabinet de curiosités. Dans l'arrière-cour de son atelier, rue Bouteille, Elie Gerbe laisse les arbres pousser à leur guise, en mode forêt l’été. Il a bien posé au fond une amanite tue-mouche géante, fabriquée pour une expo. Mais son domaine à lui, depuis dix-neuf ans, tient dans trois
espaces : la réserve pour ranger ses matériaux, l’atelier où il travaille et, côté rue, l’écrin où il dispose ses luminaires cactus, bénitiers, mains tendues, soucoupe volante, météorites, sous un ciel de planètes. Plutôt grotte que boutique, avec son mur d’un bleu hypnotique. « Bleu Klein », précise le plasticien qui adore
ArKuchi #27 AVRIL 2022
c dans l’air
Anti-Worlds/Petit Film/FraKas Productions/B.F.I./Channel 4 ©
Earwig
« les couleurs vives, les formes rondes et courbes de Niki de Saint Phalle » mais, surtout, « de Grèce, du Maroc et des architectures de Gaudi, qui m’ont impressionné, bouleversé, fasciné », lâche-t-il. Né à Rillieux-la-Pape en 1971, grandi à Caluire avant d’arriver à la Croix-Rousse où ses parents avaient une épicerie bio pionnière, Elie a d’abord dessiné, gamin, « des choses minutieuses, des scènes avec plein de détails ». Il fabriquait aussi « des maquettes très fouillées, en carton ». S’il se souvient de lui en élève « plutôt réservé et pas très assidu », l’artiste se rappelle aussi « une belle enfance à l’air libre, à faire des cabanes et des bêtises. J’aimais ça, être libre, à vélo, récupérer des pièces détachées dans les bennes des usines Majorette pour reconstruire des voitures… » Plus tard, ce goût de « la récup’ et du bricolage » et les chantiers de rénovation le détournent vite de la fac de droit puis de l’école de communication visuelle où il dit « avoir appris les bases des volumes, dessins, couleurs » sans adhérer à la finalité : « la pub ». De chantiers en ateliers souvent collectifs, lui préfère soigner ses meubles et peaufiner ses créations au feeling, récupérant beaucoup de bois flottant dans l’Ain, par exemple, ou un bout de plexiglas dans la rue… Jusqu’à découvrir la mousse expansée, magique, dans laquelle ce fan de Pink Floyd sculpte, gratte ses objets imaginaires, éclairés de l’intérieur.
ArKuchi #27 AVRIL 2022
e r t u l'a a m é cin Par Élise Ternat
Fans d’expériences étranges, aficionados de films singuliers et autres amateurs de chefs-d’œuvre injustement oubliés se donnent rendez-vous chaque année pour Hallucinations Collectives. Rendre ses lettres de noblesse à l’alternatif, aux antipodes du mainstream avec une curiosité jamais étanchée, voilà ce qui anime l’équipe de ZoneBis à l’origine de ce festival pas comme les autres. Loin des sentiers battus, cette quinzième édition nous embarque sur la thématique du voyage, occasion parfaite pour se perdre dans les méandres d’une programmation foisonnante, comptant 28 séances, en présence de nombreux guests du genre. Au côté de rétrospectives, il serait dommage de se priver des pépites éroticobizarres du cycle "Cabinet de curiosités", dont l’excellent Massacre pour une orgie de Jean-Pierre Bastid, de la thématique dédiée à la carrière fulgurante du réalisateur écossais Donald Cammell, ou encore de la diffusion du Nosferatu de Werner Herzog avec le démoniaque Klaus Kinski. Le festival dévoilera également des inédits avec, en ouverture, le dernier film du grand maître Dario Argento ou la saison 2 de la série culte Lastman Heroes, en avant-première. Résolument ouvertes à d’autres formes, Les Hallus proposent aussi plusieurs Hallucinations cartes blanches, entre autres à l’excellent Collectives 12 > 18 AVR. fanzine Cheribibi et aux éditions du Comœdia Lyon 7 Typhon. À ne pas louper enfin, la soirée dédiée au label de films asiatiques Spectrum. hallucinations-collectives.com
déambulations
arts visuels
Par Par Émiland Griès, Anne Huguet, Fabien Pat, Élise Ternat, Gallia Valette-Pilenko
Marion Bornaz ©
Une forêt
Dans le vert tendre et moelleux JUSQU’AU 02.04.22
Après avoir laissé les clés à Kommet de 2019 à 2021, Sarah Mulot se réinstalle montée des Carmélites et rouvre les portes de La Mare* avec la photographe Marion Bornaz. Pas « galerie pur jus », mais lieu à la fois d’exposition, de résidences, de rencontres autour de la photo et de l’image avec l’envie de croiser les esthétiques et les approches. Seront chaque fois proposés un workshop avec l’artiste exposé autour d’une thématique de son travail et une discussion avec une anthropologue, Marion Frenay, autour de l’exposition. Une forêt, projet à quatre mains avec des photos de Marion Bornaz sur un texte de Jeanne Beltane, a inauguré la réouverture. Une immersion en neuf clichés grand format au cœur de la forêt suédoise – celle du film Border d’Ali Abbasi – pour oublier la chienne de vie et se faire du bien dans ce lieu sauvage fait de vert tendre et moelleux. AH *Le projet a existé de 2016 à 2019 avec le collectif Blick.
La Mare 7 montée des Carmélites Lyon 1 lamare-atelier-galerie.tumblr.com
Cœurs tendres JUSQU’AU 24.04.22
Marc Lamy ©
Figurant en marge de l’art contemporain, l’art brut est un monde en soi, aussi passionnant que puissant dans ce qu’il dévoile des aspérités de la psyché humaine. À cet égard, l’exposition Les Bruts rassemble de manière quasi inédite de nombreuses pièces révélatrices d’une trentaine de démarches singulières et autodidactes dont celles de stars du genre : André Robillard, figure incontournable connue entre autres pour son célèbre fusil, mais également Guy Brunet, Joseph Donadello, Yves-Jules Fleuri ou le Belge Serge Delaunay. ET Fondation Renaud Fort de Vaise Lyon 9 fondation-renaud.fr
SUJET À CREUSER JUSQU’AU 20.05.22
Développant son thème annuel sur La fabrique de l’ordinaire, le CAUE Rhône Métropole propose une exposition délivrant une lecture inédite de notre bon vieux plancher des vaches, auquel on pense assez peu, alors qu’il est encore notre unique terrain de jeu quotidien ! Le sol donc mais sous deux angles, parfois regrettablement antagonistes : sol écologique toujours vivant et singulier, et sol économique à la valeur foncière parfois excessive. En bref, l’aménagement du territoire pensé par et pour les Hommes est-il compatible avec son réel respect ? Question d’arbitrages subtils. L’agence ANMA fondée par l’architecte Nicolas Michelin, commissaire d’exposition, en dévoile, de façon immersive et optimiste, les mécanismes à travers trois projets implantés en territoires urbains et ruraux. Ils permettent de comprendre comment leur élaboration, en lien étroit avec leur sol, accompagne sa préservation ou sa régénération. Ciné-débat*, table ronde et conférence complètent la possibilité d’approfondir ce sujet, fondamental pour aujourd’hui comme pour demain. EG *Projection Douce France de Geoffray Couanon (docu, 21) à Lumière Bellecour, 16/4 à 20h30.
TERRE TERRAIN TERRITOIRE masque sans titre - 2001 marc lévy
CAUE Rhône Métropole Lyon 1 caue69.fr
ArKuchi #27 AVRIL 2022
déambulations
Cartes mentales
Fondation Bullukian ®
JUSQU’AU 16.07.22
Saisir le réel JUSQU’AU 06.06.22
Ils sont tous là ! Les grands noms de l’hyperréalisme, mouvement né dans les années soixante-dix en réaction à l’expressionnisme abstrait (entre autres), sont rassemblés autour d’une thématique intimement liée à l’art : la représentation du corps humain. Dès l’entrée, le ton est donné avec cette jeune femme à la tête cachée dans son pull et dans le mur de Daniel Firman, Caroline. Suivent des pièces (très politiques) de Duane Hanson, l’un des pionniers du genre et de John De Andrea, autre précurseur. Classées en six sections, les sculptures se succèdent sans se ressembler. Dérangeants pour certains, amusants, émouvants pour d’autres, notamment avec l’artiste australien Sam Jinks ou le Français Fabien Mérelle, ces corps, souvent nus mais pas que, grandeur nature ou pas, attirent le regard et interpellent. Une expérience qui semble plaire au public, lequel se presse à La Sucrière malgré le tarif du billet d'entrée (15€)... GV-P
Pour Oniric landscapes, la Fondation Bullukian a fait appel à quatre artistes pour donner corps à autant de rêves vaporeux. L’exposition invite à parcourir une diversité d’univers à la douceur en trompe-l’œil, au gré de territoires propices à l’expression de la couleur dans toute sa richesse. L’entrée en matière débute par les paysages aux contours flous de Frédéric Khodja incitant à resserrer la focale pour trouver le détail au sein d’évanescents paysages aux chauds camaïeux. Déjà remarquée lors de son précédent passage à l’IAC de Villeurbanne, Charlotte Denamur poursuit son approche singulière où le potentiel chromatique se révèle par l’alchimie avec la lumière. Quant à Vanessa Fanuele, artiste inédite à Lyon, elle offre une immersion au cœur d’environnements doux-amers à la luxuriance bucolique quoiqu'étrange. Enfin les pièces de Christian Lhopital créées pour certaines in situ viennent en contrepoint de la couleur pour inonder l'espace de mystérieuses vagues dont les mouvements ont quelque chose d’Hokusai. ET Oniric Landscapes
Fondation Bullukian Lyon 2 bullukian.com
HYPERRÉALISME, CECI N’EST PAS UN CORPS
Tempora ©
La Sucrière Lyon 2 hyperrealismartexpo.com
Les yeux dans les yeux JUSQU’AU 18.09.22
Trente ans d’existence ! Le CHRD invite pour l’occasion à croiser les regards. Le nôtre avec celui de toutes ces femmes et tous ces hommes qui ont fait la petite et la grande Histoire. Des visages connus ou anonymes, traces d’un passé enfoui ou d’une mémoire encore vive. Ils donnent chair aux événements : lettre et photo d’adieu, portraits réalisés en détention, photos contemporaines (dont des portraits signés Mathieu Pernot) des derniers témoins. L’exposition révèle l’origine d’une centaine d’objets ou d’œuvres du CHRD, certains inédits, d’autres emblématiques voire prestigieux. Tous font écho au drame de la Seconde Guerre mondiale. Et bien au-delà, à toutes les guerres… FP VISAGES. PORTRAIT DES COLLECTIONS DU CHRD catalina (1981) + General's Twin (2009-2011) Carole A. Feuerman
ArKuchi #27 AVRIL 2022
CHRD Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation Lyon 7 chrd.lyon.fr
Ils étaient attendus aux SUBS en avril 2020, mais le Covid a débarqué. Deux années pile après, revoilà Clédat & Petitpierre. L’occasion de découvrir le « réel imaginaire » de ce duo fusionnel qui expérimente à la lisière des arts visuels et du spectacle vivant avec des œuvres oniriques singulières. Discussion avec Yann Clédat, sa moitié.
Yvan Clédat ©
BÊTES DE SCÈNES
LE PETIT MONDE ONIRIQUE DE CLÉDAT & PETITPIERRE
Par Anne Huguet
Si vous deviez définir une ligne directrice dans votre travail ? Yann Clédat Tout est lié au corps et au vivant et donc indirectement à la danse. Avec des corps engagés. Cela a aussi à voir avec la sculpture. On est à l’affût des transformations corporelles. Ce peut être de gros baigneurs en tulle plissé, des créatures marines, des sortes de bonhommes de neige… Ce qu’on fabrique, c’est pour créer un monde sensible que l’on espère vibrant et qui produit des émotions. Parlez-nous de votre processus de création. YC Il y a toujours un travail autour du corps, qui passe par la création de costumes recouvrant entièrement les danseurs, et l’idée de donner vie à des créatures ou des personnages.
Le mouvement vient donner une légitimité aux formes que l’on met en scène. La dramaturgie avec ce qui peut s’y dérouler se fait à partir de cette matière sculpturale, liée au corps. Nous réalisons tous les éléments (durs ou en tissu), nous les concevons comme de petites œuvres pouvant être montrées dans un espace muséal ou des galeries. Pouvant être vues de près ou de loin. De tous les côtés aussi, une gageure quand on parle de scène. C’est artisanal car nous réalisons absolument tout. Avec une qualité de finition et de réalisation inhabituelle dans le spectacle vivant. D’où l’idée d’une méthode Clédat & Petitpierre ? YC Sans doute la méthode de l’atelier ! On fabrique tout, consciencieusement. Puis il y a la volonté de donner vie à
ArKuchi #27 AVRIL 2022
BÊTES DE SCÈNES
Les Merveilles
Les Baigneurs 6 AV. Place Valmy, Lyon 9 Les Merveilles 7 > 9 AV. Les SUBS, Lyon 1 Abysse 10 avril Musée des Confluences, Lyon 2 les-subs.com
des créatures avec ces costumes que l’on crée. Surtout on a plaisir à inventer de petits mondes singuliers qui font bloc et dans lequel il y a beaucoup d’humour. On tient à cette forme de légèreté apparente. Il y a souvent chez vous des corps contraints ou perturbés, pourquoi ? YC Disons que les costumes qui recouvrent les corps ou les univers dans lesquels évoluent les corps sont contraignants. Cela nous donne des directions très fortes pour savoir comment on doit résoudre le vivant, l’élaboration du spectacle ou bien le développement des performances. Nos pièces exigent un fort engagement physique. Vous invitez à une drôle d’aventure avec Les Merveilles*. YC Ce sont des recompositions du « grand puzzle de la nature ». On va trouver un Sciapode, une créature à un seul
ArKuchi #27 AVRIL 2022
pied, qui lui sert d’ombrelle. Un Blemmye avec son visage sur la poitrine, puis le Panottii avec ses immenses oreilles, ce qui lui permet de s’endormir à l’intérieur. On regarde ces créatures s’ébattre dans leur biotope et vivre au milieu de feuilles géantes. Ça commence et ça finit par une voie lactée. Entre-temps, elles s'éveillent, se trouvent, se découvrent, elles font du feu et cuisent des brochettes, parcourent la jungle... Un bon conseil : il faut lâcher prise, non ? YC Il faut se laisser porter dans nos petits mondes… singuliers. On aime que ça aille chercher ce que l’on ne peut pas forcément décrypter. Que ça ne ressemble à rien de connu.
*Les Merveilles sont des créatures de l’imaginaire médiéval, qui ont traversé les siècles et l’histoire.
Turak Théâtre - Raphaël Licandro ©
bêtes de scènes
passeurs de vie Chaque création du Turak Théâtre est un émerveillement, une occasion de retourner en enfance et de s’adonner à la nostalgie. Michel Laubu et Emili Hufnagel arrivent (enfin) au TNP avec 7 sœurs de Turakie, une pièce qui n’est pas sans évoquer Incertain Monsieur Tokbar, créé en 2018.
Par Trina Mounier
7 sœurs de Turakie 8 > 16 av. TNP Villeurbanne tnp-villeurbanne.com
Vous pensez à cette pièce depuis longtemps, n’est‑ce pas ? Michel Laubu C’est notre bébé, une création Covid qui arrive avec un an de retard à cause de ce bazar. Nous avons heureusement bénéficié de trois semaines de répétitions au TNP. Ces 7 sœurs sont de la même famille qu’Incertain Monsieur Tokbar, déjà sur la mémoire. J’aime bien travailler plusieurs années sur le même thème, mais après avoir évoqué la maladie d’Alzheimer, nous parlons cette fois de la mémoire familiale comme héritage en faisant plein de clins d’œil à Tchekhov. En effet, les sœurs de Tokbar se retrouvent dans la maison familiale qui est en vente. Elles décident d’en sauvegarder la mémoire. Un spectacle entre Les Trois Sœurs et Les Sept Samouraïs.
Pouvez-vous nous en dire plus ? ML Je ne peux pas réduire un spectacle à une histoire. On vient avec 30 m³ d’objets parce qu’on n’a pas les mots pour le dire. Ces vieux objets sont des passeurs de vie. Les sœurs reviennent sur les lieux de leur enfance pour protéger leur maison, et plus particulièrement un vieux babyfoot pris dans les glaces, qui est comme un dinosaure du théâtre de marionnettes. Elles vont l’en sortir pour tenter de protéger leurs souvenirs. Moi, ces objets archaïques me touchent comme la madeleine de Proust ou l’odeur de la pâte à modeler. Depuis le début, je fais du théâtre sans mots, je ne cherche pas à les fuir mais à jouer avec eux : on les coupe, on les colle, on est des montreurs, des remueurs de poussière. J’aime bien dire qu’on est spécialisé dans un théâtre auquel on ne comprend rien…
Des semelles de vent Laurent Fréchuret crée Le Pied de Rimbaud avec Maxime Dambrin, à qui il voulait proposer un solo après En attendant Godot et Ervart. Face au comédien, un musicien chaque jour différent improvise, le mettant en situation de « dérèglement de tous les sens ». « Ensemble, détaille l’homme de théâtre né à Saint-Etienne, nous avons décidé d’un montage à partir notamment de la Lettre du voyant et d’une nouvelle peu connue, Un cœur sous une soutane, écrite à 15 ans. Rimbaud y raconte un jeune homme amoureux d’une petite bourgeoise assez sotte, qui découvre, quand elle le quitte sous la pression paternelle, qu’il aime davantage les mots d’amour que l’amour lui-même. Dès lors, c’est décidé, Arthur Rimbaud sera poète : sa passion, c’est l’écriture. » Cette météorite qui voulait changer la vie va partir sur les routes, user les mots, user sa vie. User ses pieds aussi, ces pieds qu’on retrouve dans « ses alexandrins comme dans son choix de la liberté, jusqu’à sa mort terrible ». TM
ArKuchi #27 AVRIL 2022
5 > 8 AV. Théâtre de la Renaissance Oullins
BÊTES DE SCÈNES
Par Trina Mounier, Élise Ternat
Entre les murs
Charlotte Audureau ©
e s n T ra hip hop
post scriptum
Par Gallia-Valette Pilenko
Artiste associé depuis la saison dernière à la Maison de la Danse, Fouad Boussouf, par ailleurs fraîchement arrivé à la direction du CCN du Havre, a subi les affres de la crise sanitaire à l’instar de nombreux autres artistes. Näss (les gens, en arabe), création de 2018, lui a valu une reconnaissance internationale. Après deux reports (programmée en juin 2020 et mars 21), elle arrive enfin sur le plateau de la Maison de la Danse. Bouffée de testostérone vitaminée, la pièce met en scène sept jeunes hommes unis par le rythme et la transe. Ce croisement de hip-hop, d’acrobatie et de transe gnawa emporte tout sur son passage, comme un tourbillon de corps et d’énergie. Deuxième volet d’une trilogie sur le monde arabe entamée avec Transe (2013) et bouclée avec Oüm (2020), Näss carbure à la dynamite. Sept corps engagés à fond alternent rythmes effrénés et moments de répit, sur une ingénieuse bande-son composée des musiques du groupe Nass El Ghiwane – source d’inspiration du chorégraphe, il a donné son nom à la pièce –, de hip-hop et de sons glanés au fil des résidences par le compositeur et musicien électroacoustique Roman Bestion et Fouad Boussouf. Cela donne un spectacle ébouriffant à la vitalité folle qui revigore et Näss donne furieusement envie de se lever et de danser aussi. Pas 12 > 15 av. étonnant à ce compte-là que Fouad Boussouf se soit lancé Maison de la Danse Lyon 8 dans Récits, projet collectif piloté par la Maison de la Danse maisondeladanse.com dans le même esprit que Babel, en écho à Näss, justement.
ArKuchi #27 AVRIL 2022
Dépaysement garanti avec Kliniken qui nous fait entrer par effraction dans un hôpital psychiatrique. Nous n’y resterons qu’une journée, le temps de rencontrer des personnages pas si différents de nous, de nous demander qui est fou, des individus ou des plaies sociales, le temps d’être étreint, le temps de sourire aussi. La metteuse en scène Julie Duclos, dont on avait aimé Mayday, tient à respecter le regard impitoyable de Lars Noren sur une société dont il connaît bien, et personnellement, les violences et les cruautés, mais aussi son humour décalé, signe de son empathie pour ceux que le système a brisés. Avec ses treize comédiens, Julie Duclos reconstitue un monde fermé incroyablement vivant. TM 06 > 10 AV.I Théâtre des Célestins Lyon 2
Partie de campagne
Depuis T.I.N.A., la compagnie Cassandre emmenée par Sébastien Valignat ne cesse de développer un théâtre documentaire facétieux, toujours instructif et jamais péremptoire. Création après création, la compagnie interroge les multiples facettes de la démocratie, sujet de prédilection à l’instar de Campagne, sa dernière pièce, qui arrive à point nommé en ces temps pré-électoraux. Et pourtant, à contre-pied de tout effet d’aubaine, il s’agit ici davantage de disséquer le fait politique depuis ses fondements généraux jusqu’à sa dimension plus intime. Avec, l’impertinence, l’humour et le panache qui sont la marque de fabrique de cette joyeuse bande. ET 12 > 15 AV.I Théâtre du Point du Jour Lyon 5 6 MAII Théâtre Jean Marais Saint-Fons
bêtes de scènes
Filipe Ferreira ©
5 > 14 AVr. Théâtre des Célestins Lyon 2
Tiago Rodrigues s’est imposé comme l’un des artistes majeurs des scènes européennes. Il prendra la direction du festival d’Avignon en septembre prochain. Par chance, l’homme de théâtre portugais sera aux Célestins en avril avec l'une de ses premières pièces, Chœur des amants.
theatredescelestins.com
LES ARTISTES SONT PARFOIS DES RENARDS Par Trina Mounier
Vous recréez là une de vos toutes premières pièces, je crois… TIAGO RODRIGUES La première pour le théâtre, j’avais 30 ans… et je sortais d’un accident qui m’a poussé à changer de vie. J’ai recommencé à travailler ce matériel au beau milieu de la pandémie. On s’est rendu compte que tout le monde pensait à cette question du temps qui nous manque et qu’on gaspille. D’une histoire autobiographique, Chœur des amants est devenu une question universelle : comment vivre ensemble ce temps si précieux, ce trésor ? Vous parlez d’un chœur, et pourtant c’est écrit pour deux comédiens. TR Parce que je l’ai conçu comme une suite de chansons. Le spectacle suit des règles musicales, le rythme y est plus important que la psychologie. Au théâtre, on est happé par ce qu’il y a derrière le regard. Ici, l’important est de jouer la partition avec rigueur et liberté. Les deux acteurs parlent en même temps, ce qui exige d’eux
qu’ils travaillent comme des musiciens. La pièce est chorale, plus proche du jazz que du théâtre.
Vous alternez œuvres personnelles et mises en scènes d’auteurs du répertoire. TR Quand je travaille un texte d’auteur, je mets beaucoup de moi-même. La Cerisaie parle de moi, je m’y reconnais autant que quand je monte By heart où j’évoque ma grand-mère. Les artistes sont parfois des renards, parfois des hérissons, selon l’image reprise aux anciens par le philosophe britannique Isaiah Berlin : « Si le renard sait beaucoup de choses, le hérisson n'en sait qu'une seule, mais elle est grande. » Tchekhov était un hérisson qui a écrit une seule et même pièce toute sa vie, Mastroianni aussi jouait toujours magnifiquement le même personnage. Je suis un renard, par nature curieux, toujours dans le va-et-vient, obsédé par l’envie d’expérimenter. C’est un grand plaisir de travailler sur
un grand plateau mais j’essaie toujours de garder la proximité. Dans la Cour d’honneur, je cherche l’intime dans le monumental. Nul besoin de décors : c’est l’imagination du public qui crée les grands espaces. J’adore les bars, la proximité avec le public.
Aurez-vous le temps de créer quand vous prendrez vos fonctions à Avignon ? TR Je suis déjà installé à Avignon, je travaille main dans la main avec Olivier Py. Le choix d’un artiste, qui plus est européen, à la tête de ce festival indique une piste, une mission. J’adore l’idée de partager des ressources avec des équipes qui font leur propre travail tout en continuant à créer moi-même. Vous savez, un artiste indépendant passe 80% de son temps à chercher de l’argent. Je vais avoir la responsabilité de soutenir les artistes, c’est une chance inouïe, ce qui me laissera beaucoup de temps pour créer…
ArKuchi #27 AVRIL 2022
BÊTES DE SCÈNES
PatrickTourneboeuf ©
Dans n o s i la ma in en pa s e c i p d’é Par Trina Mounier
Passionné de musique autant que de théâtre, Samuel Achache signe l’adaptation et la mise en scène de l’opéra d’Humperdinck, et, au passage, modifie légèrement son titre : Hänsel, Gretel… L’adaptation en effet s’annonce d’ampleur, gommant le côté trop lisse de la précédente pour revenir à la cruauté et la noirceur du texte original des frères Grimm. Cette relecture est le fruit d’un travail collectif que Samuel Achache a mené notamment avec Sarah Le Picard qui en signe la scénographie et Karine Locatelli qui dirige l’orchestre et le chœur. Mais c’est surtout au cours de rencontres ludiques et d’ateliers avec des enfants invités à explorer leurs peurs et leurs rêves que cette adaptation a pu réellement voir le jour. La réalité de la création est visible dans la mise en scène puisque ce sont les enfants qui racontent : « Ils sont les maîtres du jeu et interviennent même directement sur l’orchestre, explique le metteur en scène. Ils sont naturellement joueurs, et c’est un bonheur de travailler avec eux : il faut juste trouver l’endroit où ils s’amusent. » Pour qui a pu apprécier dans un précédent spectacle la façon inventive et originale que Achache a de s’emparer d’une œuvre, le résultat sur un conte s’annonce riche en 9 > 20 AVr. métamorphoses. Il dit avoir voulu créer « un Théâtre de la Renaissance monde mouvant qui obéit aux enfants ». La Oullins maison en pain d’épices réserve bien des surprises ! À déguster ! theatrelarenaissance.com
ArKuchi #27 AVRIL 2022
fokus
Da Collages
SORTIR du e t x e t n co Par Anne Huguet visuels Da Collages
Alexandra Dupin aka Da Collages n’aime pas parler d’elle. Il faut aller la chercher, la bousculer pour qu’elle se dévoile et raconte sa passion et ses quotidiens faits de recherches, d’introspection et de découpages et collages (beaucoup). Elle est collagiste. Drôle de métier ! Elle avoue être tombée dedans un peu par hasard, en fréquentant un artiste qui faisait du détournement d’images. « Je trouvais merveilleux de voir naître ces images sorties de leur contexte, racontant une autre histoire. » Un jour, elle ose. Armée d’un magazine, d’un bâton de colle et d’un support, elle découpe, assemble, reconstruit puis colle. « La première fois, ça m’a émerveillée, sourit-elle. Et je me suis prise au jeu avec passion. » Depuis elle peaufine sa méthode et affine son geste. « Je suis plus exigeante. J'essaie de situer l'image dans l'espace autour de lignes, de formes, de textures, de teintes. » Tous les jours, elle s’attelle à sa table de travail, dans sa cuisine, par exemple.
J’ai un travail minimaliste et solitaire...
POP ! > 14 avr. Art Show, Lyon 9 Airt-de famille 02 > 30 avr. Ancien siège de la Caisse d'Épargne Part-Dieu, Lyon 3 airtdefamille.fr
Atelier du Canal Les Puces du Canal Villeurbanne atelier_du_canal
dacollages.com @da.collages
Feuilleter de vieux magazines cornés pour trouver la bonne image, faire des recherches sur Paul Rand ou le constructivisme, découper au scalpel, fouiner dans ses vieilles chutes, prendre du recul, déconstruire, agrémenter avec des formes géométriques et des couleurs… Da Collages aime les images minimalistes. Une main coupée qui fume coincée dans un triangle ; des ronds, des carrés, des lignes, quelques taches colorées, une silhouette de dos et une vieille machine à écrire. « Que tout soit au bon endroit. L’image doit être équilibrée, graphique et raconter une histoire. » Ses montages sont épurés, discrets « comme moi », vintage (sa marque de fabrique) et nostalgiques, voire même introspectifs. « Mes images racontent toujours quelque chose de moi. » Elle raffole des vieux magazines chinés des années 1950/1960, du genre Paris Match, Modes & Travaux ou L’Illustré (le magazine suisse). « En parcourant leurs pages, on relit un moment d'histoire. On revisite la mode, les codes esthétiques de l'époque, l'ultra consommation visée pour la ménagère. J'y vois aussi une certaine légèreté, une désuétude. Ces images m'interpellent. » Elle évoque aussi la grande qualité du papier et les couleurs vieillies. « Oui, je suis sur une ligne très vintage ! Je suis sans doute très nostalgique de mon enfance. Le formica, les jolies voitures, la campagne… c’était l’insouciance. » Un personnage récurrent dans ses collages ? La femme – pin-up, hôtesse de l’air, femme au foyer. « Je veux montrer la femme dans tous ses états, sous toutes ses fêlures et dans sa beauté. C’est presque un acte politique. » Même si aujourd’hui elle a envie de questionner, voire critiquer, la société de consommation. Telle cette dernière image où l’humain a presque disparu remplacé par la télé et un canapé. « Suite au Covid, j’ai eu un trop-plein... de tout ce qu’on veut bien nous faire moutonner, engranger, avaler. On est trop persécuté par ce qu’on voit à la télé. »
INFLUENCES Dada, le Bauhaus, le constructivisme, les affichistes, les designers (Savignac, Saul Bass, Paul Rand, Knoll, étaix...) Miró, Calder et le jazz.
DOSSIER SPÉCIAL
villeurbanne2022.fr @villeurbanne
culture
Par florence roux
Villeurbanne, première Capitale française de la culture, organise 800 événements en 2022, avec un mot d’ordre : place aux jeunes ! Du TNP au CCO, du Rize à la Feyssine, dans les rues et les parcs, c’est le moment idéal de redécouvrir la ville des Gratte-Ciel… Parole de maire, avec Cédric Van Styvendael.
Gilles Michallet ©
je crois que la culture peut sauver le monde ...
Pourquoi avoir candidaté à ce premier label de Capitale française de la Culture, lancé fin 2020 ? Cédric Van Styvendael Nous y avons vu l'opportunité d’accélérer la mise en œuvre de notre politique en faveur de l’accès à la culture de chacun, en renforçant notre tissu d’acteurs culturels reconnus et solides. L’angle de la jeunesse s’est imposé. L’éducation artistique et culturelle est au cœur de notre ambition. Et dès la fin de l'été 2020, avec le Covid, nos points Accueil Écoute Jeunes avaient recueilli 50% de demandes d’aide psychologique en plus. Donner leur place aux jeunes dans la culture, c’est leur donner une fenêtre sur l’horizon. On n’a jamais eu autant besoin de culture. Je crois, et je pèse mes mots, que c’est la culture qui peut sauver le monde.
ArKuchi #27 AVRIL 2022
Gilles Michallet ©
Comment avez-vous construit cette programmation ? CvS Nous avons d’abord cherché, sans bling-bling, une voie d‘équilibre entre l’excellence artistique et l’accès à la culture pour toutes et à tous. Un peu à l’image de notre ville, populaire, innovante et curieuse. Qui a de l’ambition mais "ne se la raconte pas"... Et, plutôt qu'une somme d'événements qui s'égrènent au fil de l'année, cette programmation s’inscrit dans la durée. Par exemple, les 26 minimixes, ces mini centres culturels que nous créons dans toutes les écoles de la ville, seront pérennisés. Tous les acteurs villeurbannais ont répondu présent dès la préparation, malgré leurs difficultés liées aux confinements. Une fois gagné le label, nous avons pu ajouter des événements un peu plus exceptionnels.
Comme, par exemple ? CvS Nous sommes très fiers d’accueillir en septembre la nouvelle création de Royal de Luxe. Ce seront trois jours incroyables, nous attendons 500 000 personnes. Dans ce récit urbain chargé de poésie, il y aura un clin d’œil à Villeurbanne, à ses habitants et sur la ville… L’Opéra de Lyon propose un opéra hors les murs. Les Nuits de Fourvière organisent deux jours place LazareGoujon avec des arts circassiens et un artiste qui y reproduira des aurores boréales. Ariane Mnouchkine vient un mois avec sa troupe pour présenter son nouveau spectacle. Elle va intervenir dans les écoles et pourrait même transformer les abords du TNP… Et pour les 40 ans de la Fête de la musique, nous allons former avec la ville de Lyon la plus longue rue de la musique en fermant à la circulation les cours Émile-Zola et Vitton. Enfin, parmi les grands moments, il y a mon chouchou : le Festival de la Jeunesse. L’an dernier, nous avons donné carte blanche, avec un budget d’un million d’euros, à 115 jeunes entre 12 et 25 ans, pour organiser cet été un festival gratuit, à leur image, autour du spectacle vivant et de la musique. Ils ont beaucoup travaillé, avec exigence. J’ai hâte de découvrir leur programmation. Et leur décor promet d’être poétique, avec des arbres à papillons dans le parc de la Feyssine.
ArKuchi #27 AVRIL 2022
DOSSIER SPÉCIAL
villeurbanne Par Emmanuelle Babe, Anne Huguet, Trina Mounier, Florence Roux
Plus de 800 événements dont 300 spectacles, 200 concerts, 4 expositions et 22 balades urbaines : la grande fête de Villeurbanne, Capitale de la Culture, se décline à la fois en actions pérennes destinées à perdurer et à travers une grande saison pluridisciplinaire. Sélection toute subjective.
Troupe éphémère du TNP 2021
Danser la ville Entre Julie Desprairies et l’INSA, la relation est ancienne et leurs collaborations, toujours fructueuses. Après À deux pas (2007) et l’Inventaire dansé de Villeurbanne (2018), la chorégraphe et la section danse de l’école d’ingénieurs se retrouvent à l’occasion des 30 ans de cette dernière. Co-programmé par la Maison de la Danse et Chaos Danse, Sœurs incarne à merveille « la danse appliquée » qui fait la singularité du travail de Julie Desprairies, une danse de terrain en prise avec une ville, un bâtiment. Ici, c’est le quartier des Buers, en pleine reconstruction. La chorégraphe a associé 21 étudiants mais également des habitants, urbanistes, responsables associatifs pour imaginer l’exploration chorégraphiée de ces espaces en mutation. La ville autrement. EB Quartier des Buers Villeurbanne maisondeladanse.com
En mai, c’est Géant ! 02 > 31.05
Tchangara est né en Côte d’Ivoire, haut-lieu de la marionnette en Afrique de l’Ouest, dont Les Ateliers Frappaz promeuvent assidûment les artistes de rue. Présent aux Invites en septembre dernier, le géant de 9 mètres de haut, créé par la compagnie Ivoire Marionnettes, joue les prolongations en égayant le printemps villeurbannais. Tchangara sera la tête de pont de la Caravane pas pareille composée de plusieurs compagnies (Cirque Inextremiste, compagnie de danse Dyptik) et de DJs qui proposeront pendant un mois une programmation dans cinq quartiers. La fête en bas de chez toi ! EB Dans les quartiers Villeurbanne ateliers-frappaz.com
Christophe Raynaud de Lage ©
07 > 10.04
La rage de dire 13 & 24.05
De février à avril, KompleX KapharnaüM organise trois ateliers pour débattre et recueillir la parole, les aspirations et colères de 200 collégiens et lycéens « dans cette période bouleversante ». Avec eux, les artistes du collectif pluridisciplinaire ont aussi écrit, mis en voix des textes et filmé les œuvres en herbe lors de deux journées de résidence radicale. Résultats à découvrir à l’École nationale de musique, l’URDLA, ou au cinéma Le Zola… Et dans une architecture temporaire, quelque part dans la ville, "parlement" éphémère des jeunes voix. FR Dans la ville kxkm.net
ArKuchi #27 AVRIL 2022
DOSSIER SPÉCIAL LE PHARE - aadn
Pixels & co 07 > 10.07
24-26-36 rue Émile-Decorps, Villeurbanne polepixel.fr
Clément Merle ©
Ça se passe du côté de Pôle PIXEL qui porte la première édition du festival Les Irréels. Jeu vidéo, gaming, sport en ligne, réalité augmentée, projections, et même une soirée électro (avec Total Reez)… la programmation est en cours. On sait juste que le NooConteur cyberpunk Yann Minh aura sa carte blanche (au Zola), que les locaux AADN et le duo Mondot/Bardainne seront de la partie. À découvrir aussi le dispositif visuel et sonore Au Jardin des Potiniers. 100% immersif ! AH
L’Autre Soie s’agite mai > sept.
Le CCO contribue largement à l'événement en facilitant l’intervention de compagnies, auprès des scolaires notamment. Il a aussi souhaité marquer le coup en revoyant la programmation d'Un été à La Rayonne, rendez-vous estival proposant concerts, théâtre et performances. Il aura lieu de mi-mai à fin septembre, sous chapiteau (nouveauté) dans le parc de l’Autre Soie, avec quelques temps forts : la présentation des créations participatives habitants/ compagnies (14/5), un week-end spécial familles (1-2/7) et, le 14 juillet, la « fête internationale dans la Capitale » aux couleurs du monde. Prêts pour la java ? EB
Créer et transmettre mai & juin
L’inscription du TNP dans l’ensemble des manifestations passe par deux axes majeurs. Tout d'abord la création par la Troupe éphémère – 34 jeunes Villeurbannais amateurs (au sens noble) de théâtre – d’un spectacle dirigé par le chorégraphe Thierry Thieû Niang à partir de conversations sur ce qu’aiment et redoutent les enfants et adolescents. Ensuite la venue au TNP de la dernière pièce d’Ariane Mnouchkine, L’Île d’Or. « Avec sa bienveillance habituelle, son sens de l’accueil du public, le Théâtre du Soleil multipliera les rencontres, explique Jean Bellorini. Tout ce que nous faisons au TNP vise à créer du lien entre la culture et la cité. Cela s’appuie sur son héritage, se retrouve dans le projet que je porte et s’est pleinement exprimé dans Archipel*. Si notre apport est plus large et plus cohérent, tous les lieux de culture quels qu’ils soient contribuent à la richesse de cette ville. » TM *Pièce créée au TNP en novembre 21.
TNP Villeurbanne tnp-villeurbanne.com
Lionel Rault ©
Parc de l'Autre Soie Villeurbanne cco-villeurbanne.org
Un été à la Rayonne (2021)
Mystère et boule de gomme 23 > 25.09
On ne présente plus la compagnie nantaise Royal de Luxe, connue pour ses Géants et sa poésie foutraque où se croisent petites et grande histoires et culture urbaine. JeanLuc Courcoult et sa joyeuse bande d’inventeurs, cascadeurs et ferrailleurs présenteront en avant-première, dans les rues de Villeurbanne, leur prochaine création. C’est top secret ! On devrait déambuler aux côtés de deux nouveaux protagonistes de grande taille, sur fond d’histoires villeurbannaises. Buzz de rentrée assuré ! AH royal-de-luxe.com
ArKuchi #27 AVRIL 2022
À L’AFFICHE Youri Lenquette ©
On rêve tous d’un poisson qui n’existe pas
ArKuchi #27 AVRIL 2022
À L’AFFICHE
Après avoir inventé le rock’n’roll, Les Wampas (Vampas ? Ouampas ?) ambitionnent de Sauvre le monde. Didier Wampas le refait à sa manière : lunaire, naïf, spontané.
Par Marc Dazy
photos Youri Lenquette
Vous avez fait quoi pendant ces deux ans de confinement ? Didier Wampas J’ai repris des titres des Wampas en piano-voix à la maison. On a bossé le prochain album pour la rentrée prochaine, et celui de Sugar & Tiger (NDR : le groupe famille de Didier Wampas avec sa compagne et ses enfants) qui sort bientôt. J’ai fait du vélo, du kayak, on a vécu. On habite à Sète quand même… Les Wampas font aussi des fautes d’orthographe. Votre dernier album s’appelle "Sauvre" le monde… DW Ça vient de l’ingé son américain. Il avait mis Sauvre au lieu de "Sauver". On l’a gardé. "Sauvre" amène un peu de poésie. Sauver le monde, c’est compliqué. Si on essaie de le sauvre, peut-être qu’on y arrivera ! Tu le "touvres" mal en point le monde ? Ce n’est pas pire qu’avant. La guerre, le réchauffement climatique, la pollution… Plein de choses remontent à la surface. Mais le "c’était mieux avant", je n’y crois pas. Les gens exagèrent depuis l’an mille, quand ils croyaient déjà à la fin du monde.
DW
Tu penses qu’il peut évoluer de façon positive. J’espère. Prends l’énergie, les transports. Il y aura tellement d’argent pour celui qui fera rouler quatre roues sans pétrole, qu’il sera… le roi du pétrole ! On a inventé le feu, la machine à vapeur… Et ça continuera.
DW
Tu t’engagerais en politique pour "sauvre" le monde ? DW Non. C’est un métier et ce n’est pas le mien. Je connais le maire d’une petite ville. Il n’est jamais chez lui entre les mariages, les enterrements, les conseils municipaux. Les concerts me prennent déjà beaucoup de temps et ça, je sais faire ! Artiste engagé alors ? Pas plus. On l’est dans chacune de nos actions, dans le bon sens ou le mauvais. Mais pas plus que le boulanger ou le garagiste.
DW
ArKuchi #27 AVRIL 2022
Niko de Tagada Jones dit qu’ils sont les derniers des Mohicans. Toi, tu te vois en « dernier cormoran qui rêve d’un poisson qui n’existe pas… » DW Quand je fais du kayak à Sète, je m’aperçois que les cormorans s’en vont. Ils doivent migrer. Peut-être qu’un jour, il n’en restera plus qu’un. Le cormoran, c’est nous. On rêve tous d’un poisson qui n’existe pas. Dans le genre palmarès des chansons improbables, tu as trouvé le moyen d’en écrire une sur The secret life of Sacha Distel ! DW C’est parti d’une bio de Vince Taylor. Il avait écrit un scénario sur la vie de Sacha Distel. Il s’imaginait comme acteur principal ! Ne manquait que le producteur. Vous venez juste de reprendre les concerts. Pas trop rouillés après deux ans sans scène ? DW Oh, que non ! Le rock’n’roll, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas !
je voudrais mourir sur scène, comme dalida ...
Tu es déjà retraité de la RATP. Tu penses à ta retraite artistique ? DW Non, j’ai le temps. Je voudrais mourir sur scène, comme disait Dalida.
02 avr. La Tannerie Bourg-en-Bresse (01) la-tannerie.com
06 mai Le Brise-Glace Annecy (74) le-brise-glace.com
wampas.com
MELINGO
musiques déambulations
Par Emmanuelle Babe, Anne Huguet, Élise Ternat
Gueule d’atmosphère 06.04.22 | 20h
Musiques barrées 01 > 04.04.22
Le festival Sonic Protest, référence en matière de musiques marginales, débarque à Lyon avec un programme qui a de quoi faire siffler les oreilles ! C’est Autre brousse, nouveau projet du batteur électro minimaliste Johann Mazé, qui ouvre les hostilités avec ses rythmes tournants totalement obsessionnels. Puis, expérience de l’extrême, le duo kenyan DUMA mêle les sonorités bruitistes à la lourdeur d’un doom métal que l’on croirait sorti du chaos. La pop synthétique envoûtante mêlée aux effets de vocoder des Bruxelloises Acte Bonté viendra équilibrer le tout. Avec, aussi, la présentation du livre Questions de genre dans les musiques actuelles et la performance iconoclaste Again The Sunset. ET Le Périscope et Sonic, Lyon Grrrnd Zéro, Vaulx-en-Velin periscope-lyon.com grrrndzero.org
Melingo a déjà fait plus d’un passage à Lyon. On aime son look de vieille canaille, sa voix rauque et fêlée, son âme de poète des rues et ce tango à l’os qui chaloupe, palpite et vous attrape pour ne plus vous lâcher. Après s’être adonné au punk et à tous les excès, le rockeur argentin a renoué avec ses racines, réinventant à sa manière furieuse le tango des origines, celui de Gardel. Il y chante de sa voix superbement cassée, en lunfargo (l’argot des quartiers à Buenos Aires), les bas-fonds et les perdants magnifiques. Son 1er album de tanguero, Tangos Bajos, vient d’ailleurs d’être réédité, avec des morceaux comme Narigón ou Angurrienta. Sur la scène d’Opéra Underground, il revient distiller les ritournelles brûlantes des milongas trafiquées : à la fois sensuelles, trash et désespérées… AH Opéra de Lyon Lyon 1 opera-underground.com
Sans muselière 14.04.22 | 20h30
Après de longs mois de fermeture, le Kraspek Myzik a rallumé les lumières. Il était temps. Dix dates en avril avec des folkeux (beaucoup), un projet singulier human beatbox/jazz avec les locaux Rewind et Lionel Martin, puis le rock garage de l’ovni Butch McKoy, chanteur activiste de feu I Love UFO. Il faut se laisser envahir par sa musique habitée, ici presque folk avec la voix éthérée, là bluesy et rugueuse, voire sombre et raffinée. L’homme, autodidacte, est brillant : compositeur pour le théâtre (dont David Bobée), poète à ses heures et frontman habité. Le genre de concert initiatique qui vous tourneboule. AH
Butch McKoy
Kraspek Myzik, Lyon 1 kraspekmyzik.com
Murat sort de sa bulle fotomax.net ©
15.04.22 | 20h30
Les mélopées entêtantes de Jean-Louis Murat nous emmènent en balade à l’occasion de la sortie de son 21e album La vraie vie de Buck John, hommage au célèbre héros de la bande dessinée des années 1950. Le songwriter a transformé cette madeleine de Proust en une biographie musicale rêvée. Dans cette nouvelle aventure joyeusement pop, les riffs des guitares s’encanaillent du son des synthés dans une rythmique quasi dansante. Avec cette délicieuse touche de mélancolie dont Murat a le secret. ET Les Abattoirs, Bourgoin-Jallieu (38) lesabattoirs.fr
30 mars
levue nt-Bel Radia e-et-Cuire Caluir 9) (6
ArKuchi #27 AVRIL 2022
déambulations
La maison verte fait monter la sauce 22.04.22 | 20h30
The Cool Greenhouse fait partie de ces Anglais un peu excitants dont le nom court sur les lèvres en loucedé, comme Squid, Shame ou LIFE. À l’origine du groupe : un seul homme, Tom Greenhouse, monomaniaque du rythme et adepte de lo-fi bricolé à la maison. Aujourd’hui ils sont trois Tom, un vrai batteur et un synthé à se planquer derrière la « serre fraîche » pour balancer leur espèce de post-punk lo-fi très répétitif. À caser quelque part entre The Fall, Thurston Moore et Sleaford Mods. C’est plutôt à nu, obsédant, dissonant, avec des mono riffs et la voix qui débite toujours sur le même ton tranquille. AH Sonic Lyon Lyon 5 SonicLyon
Fabio Borquez ©
DELUXE
Summertime 16.04.22 | 19h30
Dans la lignée des feux Daft Punk et autre Justice, un nouveau duo fait résonner la french touch sur la planète. Ani Kuni, le tube de l’été 2021, c’est eux : Polo & Pan, combo parisien né sous les stroboscopes du Baron, cartonne autant en France qu’à l’étranger. Leur premier album Caravelle (2017) a posé les bases d’une électro naïve et trendy, sans renoncer à quelques incartades moins easy comme l’entêtant Zoom Zoom ou la collaboration avec la disco girl Corine. Cyclorama, sorti en juin dernier, confirme leur goût pour les odyssées sonores. Bientôt l’été… EB Radiant-Bellevue, Caluire radiant-bellevue.fr Gwenaëlle Gaudy ©
Polo & Pan
Frénétiquement Deluxe 29.04.22 | 19h30
Fiona Torre ©
Deluxe fait le job plus que bien sur les scènes, depuis plus de dix ans, mettant le feu avec ses airs entraînants et… ses moustaches ! La joyeuse bande d’Aix-en-Provence vient aussi de lâcher sa 6e galette Moustache Gracias, nouvelle playlist cool de titres à danser qui brassent les styles, entre hip-hop, funk, soul, jazz, pop et électro. Un groove festif implacable porté par sa charismatiques chanteuse LililBoy. AH Radiant-Bellevue, Caluire radiant-bellevue.fr
ArKuchi #27 AVRIL 2022
au périscope
Trajectoires
Sonic Protest 1 > 4 AVr. Gard Nilssen Acoustic Unity 28 AVr.
ailleurs
Mikołaj Zacharow ©
Hatch : Ppaulus & Frère, Grupa Natureza-Nadura, Kelly Placard 22 AVr. Grrrnd Zero Vaulx-en-Velin Kokoroko 13 MAI L'Épicerie Moderne Feyzin
Voyage en Périscopie Issu des Beaux-Arts, Pierre Dugelay ne se destinait pas forcément à la programmation. Son implication aux côtés de formations musicales et son intérêt pour les musiques hors des sentiers battus ont conduit cet ancien du Grolektif à la tête du Périscope. Portrait d’une aventure.
Par Élise Ternat
Qu’entendez-vous par musiques "innovantes" ? PIERRE DUGELAY La question stylistique est toujours compliquée ! Au départ, nous programmions du jazz et de la musique d’improvisation exclusivement. Puis les musiciens se sont programmés eux-mêmes tout en invitant d’autres artistes. Toutes les musiques sont issues de la recherche, des propositions hors cadre. Nous sommes proches des musiques improvisées françaises et du jazz européen, voire du Grrrnd Zero sur la musique noise, du collectif COAX à Paris ou encore de la biennale du GRAME. L’innovation renvoie au fait que nous sommes un lieu pour chercher, mélanger, aller plus loin, vers des propositions perturbantes, en tension, qui nous transportent. L’idée est de créer la surprise du public et que l’expérimentation soit
au cœur du travail des musiciens via des sorties de résidences, des crash tests… Comment définiriez-vous l’écosystème Périscope ? PD Il est lié à l’historique du lieu créé par des collectifs d’artistes avec la volonté de garder des musiciens, des labels et des compositeurs intéressés par les musiques innovantes. Il y a une autonomie en termes de direction artistique tout en conservant un ancrage local fort. J’ai envie de croire en un renouvellement par le croisement avec des musiques d’ailleurs. L’écosystème renvoie également à l’envie d’accueillir d’autres formations. Nous venons d’ailleurs d’ouvrir un second espace pour accueillir les résidences et les répétitions, ce qui va permettre d’accroitre le soutien à la création.
Comment programmez-vous ? PD Nous avons 120 à 130 concerts à l’année avec une grande diversité. Les artistes ne travaillent pas seuls et le cœur du projet demeure le repérage de ce qui est intéressant sur la scène jazz contemporaine française, européenne ou du côté du Canada voire de Bogota. Nous proposons des artistes locaux, des sorties de résidence lorsque les personnes sont proches de nos univers. Il y a également des choix qui émanent de l’équipe sur des genres tels que le rock, le hip-hop ou des choses un peu différentes mais qui enrichissent la programmation avec une grande importance accordée à la qualité du live. […] Je ne regrette pas d’être devenu directeur car je travaille toujours avec des musiciens et je conserve des liens forts avec les collectifs.
ArKuchi #27 AVRIL 2022
street art
loraine
Le street musée ender
s i o m du Par graphull
celinair moralez
sufyr ArKuchi #27 AVRIL 2022
spone
& les fantômes D'enfant solitaire avide de livres à pépite des Quais du polar : du tac au tac avec la Lyonnaise Anna Tommasi, dont le premier roman La Nuit des anges distille le poison des secrets enfouis.
fois Combienz d-evous mente ur ? par jo e de
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crir end : é Ça dép ir ? t ment n, c’es io t ic f a
que vous e c t s e ’ u Q z reliree,? aimerie d suit là, tout e einbeck,
y, St ingwa sie l, Hem la Rus Kesse oin de très l e ir u t r iq a limat pour p ment c érègle d u d t e
s rend u o v i u q t o Le m ingue ? d ise, ne bêt
fait u and on ut é". Qu l o s é u’au bo D " e, jusq m u s s on l’a
? e-bonhàeumra mère t r o p e r t Vo appartenant e
port o ux Des bij . Je les d-mère s, n a r g rtant ou ma s impo u o -v z de es ren le ! pour d du sty iment r t é au d
La Nuit des anges Anna Tommasi Éditions Préludes, 2022
Par Emmanuelle Babe
Quais du Polar 01 > 03 AVR. quaisdupolar.com Table ronde Le passé n’oublie jamais
01 AVR. Palais de la Bourse Christophe Fayet ©
À la moulinette
anna
la vie e u q e c t s Qu’e a appris ? ces vous royan s mes c
te u! ire tou nstru bien fo À déco ait un f a Ç . e s s ne de jeu
iment) a r v ( s u o v Croyez-isons hantées ? ez moi, aux ma nd je suis seule ch uits
s br . Qua ument dre de Absol 'enten d n io isse s e. Je la mpres j'ai l'i anenc rm e p t… ges en artou étran mées p u l l a mières les lu
t enfoquuii? e r c e s n u z s étie histoire de famille avres Si vouffr d euse d e s ca
hés, Une a ie ts cac enfan celler s e d e de sor u n iq l o p ç p im n sou és et u emmur
a Quelle sneer œuvre ? hai votre pr Uocn bébé ! ArKuchi #27 AVRIL 2022
Carlotta Films ©
C‘ÉTAIT MIEUX AVANT
lovers and lollipops
MORRIS ENGEL Morris Engel (1918-2005) est un photographe et réalisateur américain indépendant. En trois films, il incarna la modernité à l’écran et influença Godard, Truffaut, Scorsese ou Cassavetes, trait d’union entre le néoréalisme italien et la Nouvelle Vague.
Par Nikki Renard
2011. J’ai attendu longtemps pour découvrir Le Petit Fugitif (1953), en ciné-concert, sublimé par la musique sensible et bluesy de Pierre Fablet. Avant de devenir culte, ce film accidenté a bien failli ne jamais naître… Maurice Engel crée une caméra portative légère pour filmer en extérieur, de manière documentaire. Il dépeint avec un naturalisme poétique l’histoire d’un enfant de sept ans qui fuit à Coney Island, croyant avoir tué son frère. Pendant trois jours, on suit l’errance de ce petit garçon sur la plage, glanant quelques dollars pour subsister et s’amuser au milieu des attractions. Ce bijou du 7e art obtint le Lion d’argent au festival de Venise. Truffaut dira après Les Quatre Cents Coups : « Notre Nouvelle Vague n’aurait jamais eu lieu si le jeune Américain Morris Engel ne nous avait pas montré la voie. » Godard, lui, écrira à Engel pour acheter sa caméra et s’en inspirera pour À Bout De Souffle. Lovers and Lollipops (1956), écrit et réalisé avec son épouse Ruth Orkin, photographe et monteuse, conte l’histoire de la petite Peggy, sept ans, qui vit avec sa mère Ann. Peu disposée à accepter l'arrivée d’un homme qui va bousculer ses habitudes et lui voler l'attention de sa mère, elle les mène en bourrique pour miner leur relation. Il y a, dans le jeu naturel de cette adorable sale gamine, un ton et une sensibilité qui enchantent. Elle pleure et s’énerve, regardant ces adultes qui ne lui demandent pas son avis. L’œuvre est une agréable balade dans New York et on ne boude pas son plaisir à suivre ses personnages au zoo ou dans des lieux aussi célèbres que le MoMA. L’acuité du regard nous laisse découvrir en profondeur la réalité de la ville sans nous l’imposer. Weddings and Babies (1958) clôt le triptyque. Il y a une constante dans tous ces films : la photographie en noir et blanc, les enfants et la poésie de la vie urbaine. Jamais New York n’a été aussi beau.
TRÉSOR CACHÉ ArKuchi #27 AVRIL 2022
Le Petit Fugitif + Lovers and Lollipops + Weddings and Babies coffret Morris Engel, Ruth Orkin, ray ashley Carlotta Films, 2009
OUTSIDE Quand la photographie s’empare du cinéma Stefan Cornic Carlotta Films (2014)
Par Ponia DuMont
A. Arme le toréro. B. Mer bretonne. Espace familier aux usagers de l’ordinateur. C. Sapins et mélèzes en font partie. D. Marque d’intensité. Sorties d’alors. E. Parnassien aux beaux "Trophées". Sert la bannière étoilée. F. Fournissent les ébénistes. G. Mèche rebelle. Louai. H. Comprimait. À la mode, dans le temps. I. Ne finit jamais la phrase. Occasion de saluer la famille quand on y passe. J. Symboles de la féminité ? Bosses dur, peut-être.
ArKuchi #27
AVRIL 2022
VERTICALEMENT
C O U B E R T I N
A R R E T E R A I S
R A S A
A L I T A L I E S S T R E A
T E R E S S I R A E S ON E RGS A C E E I T NU R A I E S Z A I N U E R OM E N T E I L
C E D E R A
Huile d’olive, sel et poivre
Poivre en grains (5 g), noix de muscade (2 cac)
Persil haché, romarin (1 branche)
50 cl de fond blanc de volaille
150 g de beurre
40 cl de lait entier
1 gousse d’ail
1 oignon
1 kg de pommes de terre
300 g de parures de viandes avec os (bœuf, agneau…)
4 suprêmes de poulet
Par claudia cardoso
4 personnes
Cette fois-ci, c’est bibi qui grille le poulet en flagrant délit de régalade. Les menottes ? Non. Sors plutôt le presse-purée et passe les pommes de terre cuites à l’eau à la moulinette. Keuf, keuf ! La fumée s’échappe du lait porté à ébullition que tu viens verser sur tes pommes de terre moulinées. Ajoute le beurre, la noix de muscade, sale et remue au fouet, puis termine. C’est bien une purée lisse en possession de son beurre (125 g). Rien d’illicite, non, mais une saveur plutôt régressive... Quoi, déjà la récidive ! En manque de jus, et influencé par le volcan qui s’est creusé dans la purée, tu détailles en morceaux les parures de viandes. Dans un fait-tout bien huilé, colore-les. Puis coupe l’oignon en quatre et claque la gousse d’ail. Ajoute le tout dans la marmite avec les grains de poivre et le romarin. Ça sent le roussi, alors pour éviter l’incendie, déglace et mouille à hauteur avec le fond de volaille. Patiente 15 à 20 minutes puis passe l’ensemble au chinois. Avec le restant de beurre, termine la sauce. Dans une poêle beurrée, cuis les suprêmes sur chaque face. Eux aussi vont rejoindre la purée et son jus dans l’assiette. Cui-cui le poulet… Les forces de l’ogre ont eu raison de lui !
30 minutes
Régalade poulet-purée
popote(s)
HORIZONTALEMENT
jugeote
1. N’ont pas tous l’or au bout du fusil. 2. Peut être à pain… ou à palabres ! Nationale italienne. 3. Inonderais. 4. Plus guère économique dans nos moteurs. Saint transalpin. 5. Cardinal. Attributs des Psys ? 6. Accomplissait. 7. Frayeurs ? Redoutées ? 8. Pas toujours approuvées. Lien logique. Naturiste ? 9. Au fond de la bouteille parfois. Si on la casse, bon appétit ! 10. Actions juridiques en vue de résoudre un litige.
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arkuchi 25