ARKUCHI #29 ÉTÉ22

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mensuel gratuit

#29

art culture architecture



N 29 .04

.30

Dans le Rétro... Dans le Viseur Aurélien Balthazar Cojean ce qui ne se dit

.06

à l'affiche Ariane Mnouchkine à Villeurbanne

C dans l’Air • Un programme musclé en Arles • Chalon se prépare à battre le pavé !

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Micmacs de saisons

L’heure des premières programmations 22/23

.36 Shravanabelagola, Karnataka, Inde, 1981

Un été booké

.20

.08

FOKUS

Théâtre en festivals

La force des images

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Street Art by Graphull

Amandine Giloux

Success Story

.10

Festivals

Popote(s) & Jugeote

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contact.arkuchi@orange.fr

Forme & Fonction Escapades Sous le soleil exactement

Giran Broberg ©

Tom Shannon ©

7 Collines, Vogue la nuit, Superspectives, Uzès Danse, Montpellier Danse, Thomas de Pourquery à Jazz à Vienne

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Tom Shannon, Drop, 2009

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festivals Rock, vous avez dit ?

À La Moulinette

Fanny Vella the hives

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Déambulations Festivals

Mensuel gratuit Diffusion : plus de 400 lieux Lyon, Métropole & Rhône-Alpes Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € - 18 rue Belfort 69004 Lyon Direction de la publication - Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Blandine Dauvilaire, Claudia Cardoso, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Marco Jeru, Trina Mounier, Florence Roux, Carmen S., Élise Ternat, Gallia Valette-Pilenko Photo de couverture : Amandine Giloux Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT

Tirage : 12 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387

La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.

Abonnement

9 num./an = 30 eur.

ADN

Nawelle Ainèche

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arkuchi #29 été 22

Mitch Epstein ©

Lettres & Ratures

.28

Déambulations Arts visuels

°

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Elio accroche ses premiers clichés 60x80. Coup de foudre immédiat pour l’Islande et ses paysages, photographiés sous toutes les coutures. Imag'In 14 rue des Pierres-Plantées 14 > 24 juiL. Reporter en herbe

De la poussière, des alpages et des veaux ! Rock’N’Poche fête ses 30 ans. Avec les 30 ans de Ginette et ses Têtes Raides et les experts en déconnade aka Marcel et son Orchestre. Bon anniv’ ! Rock’N’Poche Habère-Poche (74) 29 & 30 juiL. Souvenir

Le design s’empare à nouveau de la métropole stéphanoise et fait état du pas de côté des concepteurs face à l’actualité récente et aux enjeux du monde contemporain. 12e Biennale internationale du Design Saint-Étienne (42) > 31 juiL. Rattrapage

Woodstower marque la fin de l’été avec une affiche très rap, hip hop et électro. Coup de cœur pour le jazz créole de Dowdelin. Grand Parc de Miribel-Jonage 24 > 28 août On the beach

hey boy hey girl

ON(L)Y Danse. Bienvenue.

à l’unanimité avec un projet fort

directeur de la Maison

Best of Coup de pouce à l’émergence régionale, le Prix Célest’1 devient le Prix Incandescences. 10 compagnies en section Maquettes, 6 pour la section Spectacles, 1 lauréat par section. Ils joueront au TNP et aux Célestins. Résultat des courses le 2 juillet. Prix Incandescences 28 juin > 02 juil.

de la Danse. Il a été choisi

Dès le 17 juin

Le chorégraphe portugais

couvert cet été. Art urbain, potager, ateliers, conférences, produits locaux, jeux, etc. tout pour repenser nos manières de vivre. Tendance.

Tiago Guedes est le nouveau

tiers-lieux La Cité des Halles, rue Lortet, remet le

Nouvelle tête

les Monts d’Or ? Avec les rockeurs supersoniques de The Scaners, le rock garage rafraîchissant de Johnnie Carwash, la pop électro de George Kaplan Conspiracy. Entre autres. Horse Field Festival Curis-au-Mont-dOr 08 > 09 juin

Il Tartufo de Molière délocalisé dans une cuisine des années 60 à Naples : ça marche, et même très bien ! La pièce en sort revigorée, le public heureux. Jean Bellorini est un grand accommodeur de textes...

100% indé Le meilleur de la scène indé régionale dans

Mamma mia !

Un bureau de police, deux femmes et un homme. Une victime face à une administration obtuse. Une pièce corrosive d’après le texte puissant corde.raide de debbie tucker green. Vu aux Contemporaines et à l’Iris.

Huis clos

A  chaud

Nocera ©

dans le rétro...

Par Emmanuelle Babe, Émiland Griès, Anne Huguet, Trina Mounier

De grosses têtes d’affiche à Musilac mais sûr que The Chemical Brothers vont y mettre le feu ! On kiffe aussi Kittin & The Hacker ou les trublions d’Ascendant Vierge. Et au bord du lac, svp ! Musilac, Aix-les-Bains (73) 06 > 10.07

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Ceci  est   un  bonus

L’exposition Hyperréalisme – Ceci n’est pas un corps joue les prolongations. 40 sculptures d’artistes internationaux pour franchir (ou pas) les frontières du réel. La Sucrière > 24. juil. TEMPORA ©

Tendance

e L’apéro côté Saôn ! en ak sous le Kr tion La méga installa e sé po t en bois es en plein milieu de l’esplanade des SUBS, tel un monstre marin re échoué. Une œuv née sig le ta en monum a, re wa Khaled Al Mike Shnsho et . Layla Abdulkarim

... dans le viseur

fan d e

Laure Degroote - collectif

des flous furieux

ristes s futu sixties. e ir l é les d ectes des s au it le d’archuêtes spateria uin Conq dès le 1 j CAUE

sur  la platine

Dans l’agenda

Marc Sijan, Embrace

Le week-end de clôture de la Biennale de Cirque de la CAPI. Avec le planant Möbius, la roue de la mort de La Meute et le meilleur du cirque régional. On réserve. Biennale de Cirque de la CAPI (38) 31.05 > 12.06

Addiction On a dévoré le dernier Olivier

Hearts

Norek qui nous entraîne dans

Mellano Soyoc

Les Brumes de Capelans. Coste, le flic cabossé, est de retour.

Chaise longue

Planqué à Saint-Pierre, il est

Wet Leg

en charge d’une safe house

Doers

jusqu’au jour où c’est Anna,

Bodega

"victime" d’un monstre qui débarque. Un polar haletant

Lo bauç

à l’écriture au cordeau avec

Rodin

la brume, étouffante. Puissant.

Dans les brumes de Capelans Éd. Michel Lafon (avr.22)

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Pierfrancesco Celada ©

c dans l’air

Les Rencontres de la photographie d’Arles > 25 SEPT.

Série Quand je suis triste, je prends un train pour la vallée du bonheur, Hong Kong, 2019

rencontres-arles.com

Ça crève les yeux Par Blandine Dauvilaire

C

ette année encore, Les Rencontres de la photographie d’Arles invitent à ouvrir les yeux sur les fracas du monde et la beauté du quotidien. Le programme qui bouscule nos certitudes est porté par de nombreuses femmes photographes, dont les pratiques performatives ne laissent jamais indifférent. Ainsi, la collection Verbund, inédite en France, met en lumière Une avant-garde féministe des années 1970, représentée entre autres par Cindy Sherman, ORLAN, Helena Almeida ou Martha Wilson. De son côté, la cinéaste et photographe Babette Mangolte documente la scène chorégraphique et capte la force des corps en

mouvement. Hautement sensibles, l’œil de Susan Meiselas couplé à la bande son de Marta Gentilucci proposent de parcourir les Cartographies du corps de femmes âgées dont l’expérience s’offre en cadeau. Parmi la quarantaine d’expositions, on retiendra celle de Noémie Goudal qui questionne de manière théâtrale notre vision de l’écologie ; la face moins connue du travail de Lee Miller ; l’indispensable série Les gardiens de l’eau de Bruno Serralongue sur les Indiens Sioux du Dakota ; les 600 images de la CroixRouge et du Croissant-Rouge qui explorent Un monde à guérir ; les voyages en Inde de Mitch Epstein ; ainsi que les nouvelles technologies comme le métavers et les NFT... Une 53e édition qui promet quelques belles secousses.

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L'Immédiat ©

c dans l’air

r u o Ret à la e vi camille boitel, La lévitation réelle

20 > 24 juil. Dans toute la ville Chalon-sur-Saône (71) Par Élise Ternat

chalondanslarue.com

Figurant parmi les plus importants rendez-vous dédiés aux arts de la rue, le festival Chalon dans la rue revient plus ancré dans le réel que jamais. Avec "ici et là" comme fil rouge, il s’agit de questionner le monde tel qu’il va et surtout de renouer avec l’esprit de fête qui a tant manqué ces deux dernières années. Pour ce faire, quelque 150 compagnies sont prêtes à battre le pavé dans la ville pour célébrer cette 34e édition un peu particulière, puisque construite en collectif par l’équipe du festival (sa nouvelle directrice, Nathalie Cixous, arrivera à la mi-juillet). Parmi les nombreux rendez-vous, L’Aube de la création pour découvrir des spectacles en cours de fabrication dans des lieux secrets. Des spectacles de rue mais aussi des performances et de la danse, avec pour trait commun une dimension politique et écologique, devraient voir le jour, tout comme de nombreuses propositions dont certaines expérimentales. On pense notamment à Fragile, déambulation musicale et chorégraphique signée Kumulus, la dernière création de Camille Boitel ou encore Wonder Petrol par le Cirque Rouages, auxquels viendra s’ajouter une large sélection de spectacles off, la nouvelle génération répondant aux grands noms des arts de la rue. Un véritable pot-pourri de thématiques pour sonder tout ce qui anime le monde d’aujourd’hui : des récits de vie jusqu’au féminisme, en passant par le paysage ou la transformation de l’urbain, du quotidien à la vie de quartier sans oublier quelques classiques revisités.

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Par Trina Mounier

Il était une fois... Ainsi commence l’éditorial d’Olivier Py pour son dernier Festival d’Avignon en tant que directeur. Il était une fois ramène le théâtre dans une perspective historique, mais aussi au fait de raconter encore et toujours. Même si le festival d’Avignon reste le premier rassemblement d’artistes et de public autour du spectacle vivant, il faut également compter avec Le Printemps des Comédiens (Montpellier) et Les Nuits de Fourvière (Lyon).

Arnaud Bertereau ©

success story

s n o s s i Mo s e n è c s de David Bobée, Peer Gynt

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success story

LA

question du récit est au cœur de l'écriture théâtrale. L’empreinte des grands mythes de la Grèce antique, qui résonnent depuis vingt-cinq siècles, est toujours importante tant par le poids des œuvres que par le choix des metteurs en scène. Le Printemps des Comédiens ouvre avec Œdipe Roi de Sophocle mis en scène par Éric Lacascade qui y voit « la tragédie des tragédies ». Il continue avec le Prométhée d’Eschyle revisité en grec par Nikos Karathanos et la Phèdre que Sénèque puisa dans les textes des origines et à qui Lavaudant rend toute sa sauvagerie crépusculaire... Retrouver la vérité originelle des textes, c’est aussi le pari d’Ivo Van Hove avec un Tartuffe ramené à sa pureté tranchante, celle qui fut interdite sitôt jouée et qu’il a fallu exhumer patiemment. Ce magnifique travail de reconstitution, le metteur en scène belge l’offre aux comédiens de la Maison de Molière pour les 400 ans du grand homme. La pièce, d’abord donnée à Montpellier, ouvrira les Nuits de Fourvière. À Avignon, Olivier Py prend la littérature pour objet : Ma jeunesse exaltée propose une promenade de dix heures dans l’histoire d’Arlequin... tandis que la Belge Miet Warlop signe le quatrième volume percutant et très personnel de l’Histoire du théâtre après Angélica Liddell ou Milo Rau. À Montpellier, Julien Gosselin, artiste associé à la Volksbühne (ndlr, l'un des deux grands théâtres berlinois), présente le premier volet multidimensionnel d’une série théâtrale, Sturm und Drang - Histoire de la littérature allemande Vol.1. Mais qu’on ne s’y trompe pas : ces œuvres ne sont pas réservées aux rats de bibliothèque, elles vont déménager ! Au rayon des stars qui vont attirer du public, citons deux pièces de Shakespeare à Avignon, le Richard II de Christophe Rauck et La Tempête de l’Italien Alessandro Serra. À Montpellier, David Bobée ose une mise en scène audacieuse de Peer Gynt, accordée à la folie d’Ibsen et portée par la musique live de Butch McKoy, alors que Simon McBurney – dont on avait tant aimé The Encounter – offre une version très technologique de l’histoire sombre de Michael Kohlhaas d’après Kleist. Œuvres moins surexposées mais qui feront sûrement le plein : un texte d'une femme sur une femme mis en scène par une femme, c’est le trio prometteur Agnès Desarthe, Anaïs Nin et Élise Vigier. La saga de treize heures signée du trentenaire Simon Falguières, Le Nid de cendres, devrait tenir le suspens tant ce conte merveilleux sait rebondir. Quant à Patrick Kermann, il propose un cortège mortuaire cocasse et joyeux avec La Mastication des morts... De quoi nous dépayser !

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Quant aux Nuits de Fourvière, comme toujours branchées musiques, elles suivent une voie singulière, guidées par les fidélités tissées édition après édition : Les Chiens de Navarre débarquent avec La Vie est une fête (tout un programme, à prendre au mot !). Serge Valletti fait cadeau à l’immense comédien Patrick Pineau d’un monologue inédit : John a-dreams revisite les monstres qui hantent les drames de Shakespeare, Hamlet en tête. Et surtout le festival s'est associé à presque tous les théâtres de Lyon et alentour pour la création-événement d’Ariane Mnouchkine, L’île d’or, qui, comme toutes ses pièces, devrait marquer les mémoires pour longtemps. Mais la force des Nuits, c'est la place accordée, et particulièrement cette année, aux jeunes artistes sortant de la prestigieuse ENSATT. Deux spectacles mis en scène par Lorraine de Sagazan (Catégorie 3.1 de Lars Norén) et Georges Lavaudant (Quand plus rien n’aura d’importance) sont inclus dans le programme ainsi qu’un workshop à l’écriture fragmentaire sur les désordres d’un esprit qui perd peu à peu la mémoire, Radio Free Europe, librement inspiré de Variations sur le modèle de Kraepelin... Applaudissons enfin un nouveau partenariat avec le CENTQUATRE-PARIS, haut lieu de l’émergence : les trois spectacles lauréats des dernières éditions du festival Impatience seront présentés... à l’ENSATT, bien sûr ! Il s’agit de Là où je croyais être, il n’y avait personne, une ode délicate à Marguerite Duras signée de la compagnie Shindô (Anaïs Müller et Bertrand Poncet, lauréats 2021). Mais aussi de The Jewish hour, une interrogation sur la judéité, entre intime et provocation, deuxième volet d’une quadrilogie de la compagnie Inta Loulou de Yuzal Rozman, lauréat 2020. Enfin, avec Les Femmes de Barbe-Bleue, lauréat 2019 que les Lyonnais ont pu voir à la Croix-Rousse cette année, Lisa Guez et sa compagnie 13/31 déchirent les machistes à belles dents tout en s’interrogeant sur ce qui pousse certaines femmes dans leurs bras. Beau programme !

kirill Serebrennikov, Le Moine noir

Krafft Angerer ©

Printemps des Comédiens 25 mai > 25 juin printempsdescomediens.com Nuits de Fourvière 02 JUIN > 30 JUIL. nuitsdefourviere.com Festival d’Avignon 07 > 26 JUIL. festival-avignon.com


Yngwie Scheerlinck ©

festivals

DE HAUT

23 JUIN > 10 JUIL. festivaldes7collines.com

en bas

Be Flat, FOLLOW ME

Par Gallia Valette-Pilenko

P

our sa 28e édition, le festival stéphanois des 7 Collines revient avec son lot de compagnies circassiennes venues d’ici et d’ailleurs. Prolongeant ses fidélités tout en invitant de nouvelles têtes (et de nouvelles jambes !), il fait, comme toujours, la part belle au cirque, même si musique et danse sont également au rendezvous. Ainsi le plateau partagé Masako Matsushita et Delgado Fuchs excite fort la curiosité : la première, chorégraphe italojaponaise, est inconnue au bataillon et les seconds nous avaient fait hurler de rire, il y a longtemps, au studio Jorge Donn de la Maison de la Danse. Le chorégraphe du cru, Pierre Pontvianne (cf. portrait en mars dernier, #26) présente sa dernière pièce

Kernel, un trio magnétique dans lequel les corps s’enchevêtrent et se disloquent. On retient aussi la venue de la compagnie SID – des voisins puisqu’ils sont artistes "co-habitants" à La Cascade (Pôle National Cirque Rhône-Alpes) – et son duo de cadre aérien L’ironie d’un saut (gratuit, ce qui ne gâche rien !). On suivra d’un œil attentif Barricades, le projet en cours du circassien Mika Kaski, ou le travail de la compagnie belge Be Flat, jamais venue en France. Sa déambulation de haute voltige invite à poser un autre regard sur l’espace public habité par ces "acrobates urbains" (gratuit aussi). Sans oublier la nouvelle création sous chapiteau, I love You Two, de la joyeuse troupe européenne (et multiculturelle) Circus I Love You, déjà accueillie à Saint-Étienne en 2019.

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festivals

13 > 17 juil. Les SUBS Lyon 1

Les s e r t au s t i u N

nuitsdefourviere.com

Par Gallia Valette-Pilenko

Un festival dans le festival ! Nouveau, Vogue la nuit (c'est son nom) propose d’embarquer son monde aux SUBS pour cinq jours de fêtes. Claudia Courtial et Rose-Amélie Da Cunha, ses deux programmatrices, ont été mandatées par les Nuits de Fourvière pour construire ce rendez-vous inédit qui sort des sentiers battus. Fortes de leurs deux expériences – la première dans le spectacle vivant, la seconde dans les musiques actuelles –, elles ont concocté une programmation en dehors des clous, qui se décline chaque jour, entre musique et danse, autour de thématiques poétiques : la Fête à tue-tête, Place des fêtes, Bal à facettes, Au-delà du club, Block party. Chacune est prétexte à inviter des artistes aux propositions singulières, comme la performance dansée de Kaori Ito sur la musique de la percussionniste Lucie Antunes, le DJ Battle ludique de Maud Le Pladec ou la conférence dansée Décoloniser le dancefloor de l'activiste queer Habibitch. Résolument engagé, Vogue la nuit navigue en haute mer avec une affiche clairement féminine et féministe ! Camille Lenain ©

Habibitch

Par Élise Ternat

Musiques buissonnières Pour sa quatrième édition, le tout jeune festival de musique contemporaine Superspectives réinvestit la Maison de Lorette et ouvre sa terrasse panoramique pour une mise en diapason des sons et de la nature. Voilà de la musique en immersion qui infuse lentement mais sûrement, au rythme des éléments et du vivant. Parmi les nombreuses propositions : le retour du talentueux Chassol qui jouera avec le chant des oiseaux, les Glassworks de Philip Glass, une soirée hommage à Erik Satie, un ciné concert autour de Metropolis de Fritz Lang ou une session hors les murs pour faire résonner l’orgue de Fourvière. On a aussi très envie d'entendre l'incroyable programme pour ondes aquatiques par la compositrice Margaux Dauby avec l'ondiste Cécile Lartigau, l'une des commandes maison de l'édition 2022. Autre temps fort à ne pas rater, le weekend dédié à la musique ambient portée par la scène underground locale, réunie sous la bannière Groovedge. Cerise sur le gâteau : la seconde terrasse côté sud permet de profiter de happenings en accès libre avec, en bonus, une vue imprenable sur la ville.

17 JUIN > 10 JUIL. Maison de Lorette Lyon 5 superspectives.fr

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Sagesse ©

festivals

vous allez

Par Gallia ValettePilenko

L’été des festivals arrive à grands pas, et cette saison devrait être "normale" après deux années d’annulations en tous genres. C’est le moment d’aller se promener dans le Sud pour prendre la température des arts chorégraphiques. Otomo de Manuel, And keep on walk and walk

lamaison-cdcn.fr montpellierdanse.com festival-avignon.com

O

n commence par Uzès Danse (11 au 18 juin), qui fête sa 27e édition et le départ de sa directrice Liliane Schaus, après seize ans de bons et loyaux services. Si le premier week-end est marqué par quelques temps forts comme la venue de Boris Charmatz et son nouveau solo Somnole (qu’on pourra voir en avril 2023 à la Maison de la Danse) ou la soirée Jeux mêlés de Laurent Pichaud, chorégraphe inventif inclassable, qui s’acoquine avec les vins AOP Duché d’Uzès, c’est la suite qui nous intéresse. À découvrir ainsi la danse tout en tensions contenues de Danya Hammoud : la chorégraphe libanaise exilée (comme beaucoup), artiste associée de la Maison-CDCN d‘Uzès, présente sa nouvelle pièce, Devenir crocodile, et sa carte blanche 2021 qui avait été reportée. On jettera également un œil attentif au dernier solo de Sorour Darabi, Natural Drama, et aux GuÉrillÈres de Marta Izquierdo Muñoz, ode à la liberté d’être soi. On enchaîne direct avec Montpellier Danse (17 juin au 3 juillet) qui retrouve, pour sa 42e édition, son format habituel et déroule un joli programme. Entre hommages aux disparus – les chorégraphes Dominique Bagouet et Raimund Hoghe –, questionnements

sur les relations musique et danse, le festival met en avant les écritures chorégraphiques singulières, comme celles de Bouchra Ouizguen et Nacera Belaza, d’Eszter Salamon et Robyn Orlin. Les deux premières présentent chacune une création, ainsi que des reprises pour Nacera, qui creuse la figure circulaire, s’intéressant par exemple au motif de la chute (L’Envol). La troisième se met en scène avec sa mère alors que l’exubérante chorégraphe sudafricaine reprend un solo créé en 1994, à Manhattan, qu’elle transmet à l’explosive danseuse et chorégraphe ivoirienne Nadia Beugré. Les pérégrinations se poursuivent ensuite en Avignon, même si la danse représente à peine un quart de la programmation de la 76e édition du festival, la dernière imaginée par Olivier Py. Il est fortement conseillé de découvrir Le Sacre du printemps, version Dada Masilo, opportunément rebaptisé Le Sacrifice, et de fouiller dans le programme Vive le sujet ! souvent révélateur de pépites. Et pour finir, coup de cœur pour Tumulus de l’incroyable François Chaignaud, cette fois-ci en compagnie de Geoffroy Jourdain et de l’ensemble Les Cris de Paris, qui offre « une procession infinie de treize corps chantant et dansant au sein d’une seule et même pratique, un seul et même geste ». Il va pourtant falloir choisir !

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festivals Jazz, groove, hip hop et world : Jazz à Vienne convoque tous les genres pour sa 41e édition. Tout pour plaire au saxophoniste Thomas de Pourquery qui revient avec Supersonic et un troisième album Back to the Moon en forme de voyage spatial. Il improvisera aussi un concert avec la dessinatrice Fanny Michaëlis. Attention, fusion !

Floriane de Lassée - Nicolas Henry ©

Odyssée spatiale Par Florence Roux

Concert dessiné 08 JUIL. Le Manège Vienne (38) Back to the Moon 12 JUIL. Théâtre antique Vienne (38) jazzavienne.com

Parmi toutes vos collaborations, que représente Supersonic* avec qui vous venez à Vienne ? Thomas de Pourquery Jusqu’à maintenant, c’est mon seul groupe pérenne. J’aime son énergie où le son se fait collectivement, où nous avons tant d’influences rock que cela swingue entre nous. Pour notre premier album, nous nous étions réunis autour de morceaux de Sun Ra et son vocabulaire très rock, universel. Nous nous reconnaissons dans sa manière contemporaine d’abolir les frontières stylistiques. Le futur est à l’abolition des genres ! Le jazz, quand il n’est pas sclérosé, se nourrit de toutes les autres musiques. Seule compte la singularité de ce que l’on crée. Avec Back to the Moon, quelle nouvelle étape franchit le groupe ? TdP C’est un album d’amour écrit lors de la naissance d’une passion et nourri de ce sentiment. J’ai voulu créer un voyage spatial et un vaisseau, comme dans tous les albums de Supersonic. J’amène ma musique écrite et, ensemble, nous la répétons et la malaxons jusqu’à fabriquer d’autres choses encore... Jouer de la musique ensemble, c’est une des plus

belles activités de ma vie et une histoire d’amour, aussi. Nous sommes particulièrement heureux de revenir jouer dans ce théâtre antique, où il y a quelque chose de tellurique. À Vienne, on a l’impression de jouer face à une vaste tapisserie humaine et, en même temps, d’être dans un salon, dans une très grande intimité. Lors du festival, comment s’annonce votre concert avec la dessinatrice Fanny Michaëlis ? TdP Lors du dernier Festival d'Angoulême, c’était Supersonic qui jouait à ses côtés. À Vienne, ce sera Drôles de Dames, le trio de cuivres que je forme avec Laurent Bardainne et Fabrice Martinez. Nous pratiquons l’improvisation absolue, une musique plus électronique et très pop, inspirée de Talk Talk, Sonic Youth ou Sun Ra, encore... Nous sommes super heureux de retrouver Fanny. Elle a un trait de génie et, comme elle est aussi musicienne, il y a quelque chose d’organique entre nous quand elle dessine et que nous mettons du son dans les oreilles du public. C’est la magie du spectacle vivant : nos deux arts se rejoignent dans ce lieu et dans ce temps-là pour un moment unique, précieux, concert dessiné ou dessin concerté.

* Supersonic : Thomas de Pourquery (sax alto, voix), Laurent Bardainne (sax ténor, synth), Fabrice Martinez (trompette, bugle), Arnaud Roulin (piano, synth), Frederick Galiay (basse), Edward Perraud (batterie).

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festivals

eurockennes.fr festival-perouges.org nuitsdefourviere.com paleo.ch rockenseine.com

Férial ©

@musiquesenstockfestival

Patti Smith

2022 fête le retour des grands raouts musicaux d’été. Yeah. À boire et à manger (bien sûr), mais voici les dates qu’on a cochées. Totale addiction.

Par Anne Huguet

Le

30 juin, on remet les pieds à Musiques En Stock. C’est à Scionzier que le petit festival haut-savoyard renaît de ses cendres (après sept ans d’absence), toujours gratuit et 200 % rock. Son programmateur Christian Lacroix aligne de sacrées pépites : les terreurs suédoises adeptes « de l’orgasme prolongé sur scène » aka The Hives, le rock primal pur jus des Limiñanas, Porridge Radio, MNNQNS ou le roi du bootleg DJ Zebra. La belle surprise ? Mona Soyoc (la voix culte de Kas Product) avec Olivier Mellano pour une transe gothique : le duo vient de sortir Alive, puissant et hypnotique, on est très curieux de voir ça live.

Mais notre coup de cœur de l’été, c’est Nick Cave acoquiné à ses ténébreux Bad Seeds. Deux dates sous la voûte étoilée de l’écrin magique de Fourvière, on est verni à Lyon ! Passé là en 2013, on s’en souvient comme si c’était hier. émotion. La classe magistrale de l’homme en noir et sa présence magnétique, la voix de crooner qui prend aux tripes et le regard bleu acier qui accroche, le rock habité en clair-obscur, les ballades vénéneuses, la beauté à pleurer des mélodies et cette setlist, impeccable, qui revisite 40 ans d’une sacrée carrière... Extase et tremblements de l’âme, on vous prévient ! Dans la série, les Nuits de Fourvière invite la grande prêtresse rock Patti Smith : de Horses à People have the power, l’icône punk est aussi du genre à célébrer une

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festivals

Theo Soyez ©

messe qui met KO debout. Autre légende annoncée les Deftones avec leur nu-metal couillu. Le gang de Sacramento a sorti en 2020 un 9e opus au son surpuissant, Ohms, un concentré de ce qu’ils savent faire ! Une première aux Nuits. La plus excitante affiche de l’été ? Rock en Seine, sans doute, qui peut se targuer de recevoir (presque) le meilleur de la scène rock mondiale. De Nick Cave à Idles en passant par Fontaines D.C., Franck Carter ou l’ovni Squid. Les trublions de Brighton, tous multiinstrumentistes, ont l’art et la manière pour faire monter leur fureur punk quasi jusqu’à la transe. À voir également aux Eurockéennes avec les dégraisseurs d’oreilles australiens Amyl & the Sniffers, le punk bruitiste des Japonaises Otoboke Beaver et le postrock tapageur des girly Wet Leg. Entre autres.

MNNQNS

D’aucuns ont déjà pris date pour KISS, au Printemps de Pérouges. Des guitares, du feu, du sang, des ballons pour un show épique : les seniors au maquillage outrancier assurent encore ! Ils s’offrent dans la foulée une virée au Paléo Festival. Le même soir, on y entendra le son brut hardcore de Turnstile, le boys band garage Broken Bridge ou les brûlots post-punk de The Murder Capital. De Feeling Fades à More Is Less, le quintet dublinois joue vite et intense avec une vraie rage cathartique. Vivement l’été, non ?

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déambulations

festivals

bodies, Salzburg

Par Emmanuelle Babe, émiland griès, Anne Huguet, Trina Mounier, Florence Roux, Gallia Valette‑Pilenko

Ramdam  au  Vinatier Les aventures clownesques de Claudia Cabaret Brocante ou la Cabane à histoires du Musée des Confluences ? L’exposition Tisser du lien... ou la pièce L’Abécédaire ? Comment choisir parmi les propositions des 19es rencontres Au cœur de tes oreilles, programmées par la Ferme du Vinatier ? Une chose est sûre, tous les projets célèbrent les liens entre intérieur et extérieur... À l’instar de Paintmapping Orchestra, show musical participatif de mapping vidéo créé par le collectif Tismos avec des usagers de l’hôpital, des élèves de Bron et la MJC Louis Aragon. FR

Willi Dorner ©

08 > 15.06

La Ferme du Vinatier Bron ch-le-vinatier.fr/ferme

Street  culture 26.06

Le Street Art Fest de Grenoble continue d’aligner ses stars du graffiti avec 37 artistes attendus du monde entier (muralistes, pochoiristes, colleurs...) pour 50 nouvelles réalisations tous formats – qui viennent s’ajouter aux 285 fresques existantes – dans 11 villes de la région iséroise. Ils en seront : Beau Stanton et ses fresques habitées, Pantónio et ses traits ondulatoires, les œuvres figuratives de Koz Dos, les collages classieux de Madame ou encore la girl power Erre. Pour ne citer qu’eux. De quoi s’en mettre plein les mirettes ! AH

Rallumer  le  feu 10 > 12.06

Du hip-hop sombre qui bastonne et des diatribes rageuses : le combo énervé Dope D.O.D aura bien le dernier mot lors de la première soirée de Luciol In The Sky. Le petit festival mâconnais revient après deux années off avec une affiche tout-terrain et 13 groupes qui font le grand écart, des Têtes Raides à Fatoumata Diawara, de Suzane aux Delgres. Il y aura aussi du pogo dans l’air avec le hardcore choral des ex-Decibelles aka Irnini Mons ou encore le rock garage punchy des Johnnie Carwash. Autre trip sous tension avec les ambiances hypnotiques d’Ez3kiel, sans oublier la synth-pop parisienne de Lulu van Trapp. Et à prix plutôt doux. AH

Grenoble & environs (38) streetartfest.org

Fiona Torre ©

Domaine de Champgrenon Charnay-lès-Mâcon (71) cavazik.org

Y’a  du  soleil 17 > 19.06

Rendez-vous dans les vignes, occasion de savourer le paysage et de découvrir du beau théâtre en plein air. On doit ces Rencontres de Theizé à des anciens de la troupe du TNP issus de l’ENSATT, Damien Gouy, Clément Morinière et Amandine Blanquart. Des pros. Au programme : Molière (anniversaire oblige), une enquête sur Roméo et Juliette ou Les Quatre Mousquetaires lancés au triple galop en une heure. TM Château de Rochebonne (69) theatrepierresdorees.fr

LULU VAN TRAPP

ArKuchi #29 été 2022


déambulations

La  ville  bouge 23.06 > 21.07

25 représentations et 10 compagnies invitées : Voilà l’été ! revient avec sa programmation gratuite dans l’espace public. Lancé l’été dernier par la Maison de la Danse pour soutenir les artistes, il propose de découvrir des spectacles sur des places publiques (8e et 3e arrondissements) et dans des lieux insolites, comme la chapelle de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu ou le cloître du Palais SaintPierre. Avec en point d’orgue le projet participatif Bodies in Urban Spaces de l’artiste autrichien Willi Dorner et sa balade chorégraphique dans le quartier des États-Unis au départ du Musée urbain Tony-Garnier (9/7, sur réservation). GV-P

Pierre Planchenault ©

Plein air Lyon maisondeladanse.com

crazy r, Vis dans le vide

Ça  va  pulser 26.06 > 26.07

Du cirque en plein air ? Direction Saint-Genis-Laval pour Les Météores qui s’installent chaque mardi soir de juillet dans un quartier pour faire la fête aux arts du cirque. Belle affiche avec 7 "vrais" spectacles et le must des compagnies régionales qui ont le vent en poupe. Jonglage, clownerie, danse et pièces aériennes avec trampolines géants et trapèzes volants, voilà de quoi se faire plaisir. Seront dans la boucle le duo de Banc de sable et sa poésie naïve, le jonglage singulier de l’iconoclaste trio Too Busy Too Funk ou les voltiges bluffantes des sept trapézistes de Crazy R. Alléchant. AH Saint-Genis-Laval la-mouche.fr

ArKuchi #29 été 2022


déambulations

Land  art  au  lac 02.07 > 25.09

Annecy Paysages investit de nouveau l’espace public avec 35 installations artistiques et paysagères, dont 16 nouvelles. Immense lac limpide, skyline alpine à 360° et vieille ville piétonne : support premium pour des œuvres qui nous connecteront au paysage, en profitant certainement du cadre sublime pour faire passer quelques messages quant à la beauté et la fragilité du monde qui nous entoure ! EG Annecy (74) annecy-paysages.com

CosmoJazz 2021

Notes  au  sommet 23 > 30.07

Coline Fragnol ©

Au CosmoJazz, on allie le plaisir du live et la beauté de paysages minéraux. Depuis douze ans, Alain Manoukian et son équipe baladent artistes et public dans les plus beaux spots de la Vallée de Chamonix et du Trient, décors de rêve pour sons cosmiques. Vieille chapelle et eau verte du barrage d’Émosson pour vibrer avec les ballades psychéanatoliennes de Derya Yildirim, vue panoramique sur la chaine du Mont-Blanc avec Roberto Fonseca et ses rythmes afro-cubains ou encore flamenco-jazz avec Jaleo au pied des séracs du glacier d’Argentière. Effet waouh assuré. AH Chamonix + vallée du Trient (74) cosmojazz.com

LADANIVA

Ça  chauffe dans  le  Forez ! 05 > 07.08

Alexis Yousla ©

Une trentaine d’artistes, trois jours de musique sur les bords du Lignon... Le décor du Foreztival est bien planté ! Quelques concerts devraient remuer, comme celui de l’Angolaise Pongo, la diva du kuduro – genre mêlant influences techno et rythmes africains –, depuis l’époque où elle grenouillait avec Buraka Som Sistema. Impossible de rester de marbre ! Même fièvre avec le hip hop touche-à-tout de James BKS, fils de Manu Dibango. Le No Smoking Orchestra d’Emir Kusturica et le duo Ladaniva mettent à l’honneur les Balkans, sans oublier quelques belles têtes d’affiche : Selah Sue, IAM, Morcheeba, Skip The Use... EB Trelins (42) foreztival.com

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Grand Canyon en Julienne

photos Amandine Giloux

J’ai toujours rêvé d’être une poule. Voilà pour la légende. Voici pour l’image : chemise blanche et blondeur ondulée, un homme se regarde dans un miroir, il est assis à une table en marbre. Ses lèvres rouge carmin rappellent la crête de la belle poule rousse posée devant lui. La scène est improbable, saugrenue, un brin loufoque. Dans cette malicieuse série Queer Nature, Amandine Giloux s’amuse brillamment avec les codes du genre et de l’identité. « Représenter la complexité des êtres, raconter les endroits weird de chacune et chacun », voilà son ambition. Comme ce garçon posant dans une mer de ballons roses à la forme plus que suggestive et arborant un artichaut. Pour mieux affirmer que : oui, on peut conjuguer la performance sexuelle et le grand amour ! Duelle, complexe, « à tiroirs », l’âme humaine en général et la question de l’identité en particulier sont un terrain de jeu pour la photographe. À la tête de son agence de communication lyonnaise, elle se plaît, depuis trois ans, à développer un travail personnel. Fondé sur une chromatique impeccable et tout en contrastes affirmés, il véhicule une puissance esthétique assumée, voire sensationnelle. L’œil accroche

Par Emmanuelle Babe

Les couleurs de la vie

Amandine Giloux

Crea : Amandine Giloux - Photo : Benjamin Rabette ©

fokus


Ses inspirations Liv Strömquist, Mona Chollet, David Hockney, Pierre et Gilles, Charlotte Abramow, Maurizio Cattelan, Martin Parr, Jüne Plã... amandinegiloux.fr @amandine_giloux

immédiatement ces compositions aux airs de photo de pub ou de mode mais qui en disent bien davantage. « J’ai envie que mes photos racontent aussi des histoires et qu’elles procurent des émotions. Je veux proposer comme un triple langage, une vision sensible, presque cinématographique », explique Amandine. De bonnes fées se penchent sur le berceau de cette grande « sensible », parmi lesquelles Céline Melon, qui lui a ouvert les portes de Manifesta pour shooter Les Saucisses pour Cacti Magazine. À l’automne prochain, ce sont les Caves du Louvre qui exposeront deux nouvelles séries, réalisées en binôme : La Saveur avec Benjamin Rabette et Ivresse avec Oram S. Dannreuther, tous deux à la prise de vue. Travailler avec d'autres artistes fait partie de sa méthode. Pour certaines séries, Amandine est derrière l'objectif ; pour d'autres, c'est elle qui crée l'univers et les installations. Dans La Saveur, ce sont des légumes qui prennent la pose pour composer ici un décor aquatique, là le Grand Canyon... Confirmant le talent et le sens de l’humour d’Amandine pour concevoir des mises en scène bluffantes car parfaitement exécutées dans le moindre détail. Cela permet de pointer sa méthode : tout dans la prise de vue, rien dans la post-prod, elle ne retouche quasiment pas. Ses études en design textile, en scénographie et aux Arts appliqués ainsi que les voyages ont façonné son identité artistique. Les échanges avec ses amis aussi, lui permettant de canaliser les idées qui fusent non-stop. Papier et crayon sont un passage obligé : « Quand j’ai une idée, je la dessine. J’élabore un concept et le teste. » Ces décors griffonnés servent de support à raconter des histoires, « pour moi, pour les autres. Le fait de mélanger les symboles, comme dans une vanité, ne ferme pas le discours, n’assène aucune vérité. C’est cela pour moi la finesse d’une œuvre d’art : planter des graines et les laisser grandir sous le regard des autres. »

J’essaie de montrer une histoire parmi des millions possibles


FORME & FONCTION

à ciel ouvert Par Émiland Griès

Fondation Carmignac - Marc Domage ©

Les beaux jours reviennent avec leurs envies d’escapades. Deux destinations architecturales – mais pas que – répondent également à l’héliotropisme qui turlupine, après un hiver toujours trop long. Elles sortent avantageusement des sentiers trop battus et des adresses trop connues, offrant un moment de calme et de volupté.

L’ÎLE AU TRÉSOR

Ugo Rondinone, Four seasons, 2018

Villa Carmignac Fondation Carmignac Île de Porquerolles (83) Le Songe d’Ulysse > 16 OCT. fondationcarmignac.com

Créée en 2000 par Édouard Carmignac et désormais dirigée par son touche-à-tout de fils Charles (membre fondateur, entre autres, du groupe folk Moriarty), la fondation qui porte leur nom est implantée en face de Hyères, sur l’île varoise de Porquerolles. Elle porte l’empreinte des coups de cœur de l’homme d’affaires pour la création contemporaine avec quelque 300 œuvres des XXe et XXIe siècles, comme celles d’Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Jean-Michel Basquiat, Gerhard Richter..., mais également de jeunes d’artistes de pays émergents. Les 2 000 m² d’exposition et les 15 hectares de jardins de la Villa, insérée au coeur d’une nature préservée, nous embarquent cet été dans une aventure esthétique et mythologique librement inspirée de L’Odyssée d’Homère. Dans son errance méditerranéenne de retour de Troie, Ulysse aurait touché les rivages de l’île, où il aurait combattu et terrassé l’Alycastre, monstre envoyé par Poséidon... et sculpté par l’artiste Miquel Barceló à l’entrée du site. Avec ce mythe comme point de départ, la scénographie labyrinthique peuplée d’œuvres d’art – d’Egon Schiele à Cindy Sherman ou Keith Haring, en passant par Man Ray et Willem de Kooning (impossible de citer tout le monde !) – attend les explorateurs d’un jour, qui joueront à se perdre dans cette aventure artistique.

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The Easton Foundation. ADAGP Paris 2015 photograph : Andrew Pattman ©

FORME & FONCTION

AU PAYS DES GÉANTS Depuis l’autoroute du Soleil, en remontant le large lit de la Durance le long du Luberon, on aboutit à quelques encâblures d’Aix-en-Provence. Un domaine s’y cache dans les collines, accessible par de petites routes départementales serpentines : le Château La Coste. Cette propriété viticole appartient depuis 2002 à Patrick McKillen, mécène irlandais francophile. Attiré par cette terre féconde en créateurs (Cézanne et Picasso pour les plus illustres), cet homme d’affaires n’y produit pas que du vin. Il y fait également acte de mécénat éclairé envers la production artistique contemporaine, en injectant d’importants moyens financiers au service des plus grands noms de l’architecture et de l’art conceptuel mondial. Parmi les ceps de vignes qui colonisent en rangs serrés les flancs de la colline et jusque dans la forêt de chênes et de pins qui en couronne son sommet, des œuvres magistrales se visitent à pied et en toute liberté, en suivant les chemins de terre marqués par l’activité agricole. En automne, dans les vignes rougeoyantes, cela vaut, parait-il, également le détour. L’arrivée au domaine se fait par le bas. Le regard est immédiatement happé par deux demi-cylindres colossaux à l’inox étincelant, couchés dans l’herbe. En contrepoint, un plan d’eau sombre, que l’immobilité rend abstrait et sur lequel flotte une énorme araignée mate et noueuse, révèle, par sa parfaite horizontalité, la pente naissante du site. Ce sont les chais dessinés par Jean Nouvel et le dernier opus de Louise Bourgeois, mis en place de son vivant, qui accueillent le visiteur et donnent le ton : tout au long de la visite, les œuvres, architecturales ou artistiques, n’ont de cesse de dialoguer avec le paysage, pour le révéler, s’y soumettre ou s’y opposer. Elles prennent place de loin en loin dans le relief naturel, la végétation, les percées visuelles lointaines et proches, la lumière solaire et l’ombre, son corolaire. Sous le double patronnage de Jean Prouvé et d’Alexander Calder et leurs pavillons, démontable pour l’un et mobile pour l’autre, les concepteurs invités sont prestigieux. On trouve, sans exhaustivité, des bâtiments de Renzo Piano et Frank O. Gehry, des installations de Richard Serra, Jean-Michel Othoniel, Lee Ufan, Andy Goldsworthy, Sean Scully, Ai Weiwei... Les expositions temporaires estivales sont tout aussi alléchantes. Entre celles de la photographe de l’intime Mary McCartney ou du plasticien Idris Khan, on retient, pour sa rareté en France,

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Louise Bourgeois, Crouching Spider, 2003

Château La Coste Le Puy-Sainte-Réparade (13) DRAWN BLANK IN PROVENCE Bob Dylan > 15 août chateau-la-coste.com

celle de Bob Dylan himself qui présente ses peintures, sculptures et installations à grande échelle. On ne se perd jamais vraiment dans ce paysage plein de douceur qui réserve tant de surprises. Culmine au sommet de la colline une petite chapelle médiévale en ruine, désormais protégée et sublimée par la rénovation toute de verre et de lumière de l’architecte japonais Tadao Andō. À la fin d’une journée bien remplie, une fois redescendu vers l’entrée du site pour siroter en terrasse, on ne peut que repenser avec émotion à la riche expérience sensorielle que l’on vient de vivre.


à la moulinette

Du pain sur L’illustratrice lyonnaise Fanny Vella aborde la parentalité du point de vue de l’enfant. Percutant et souvent drôle. On l’a cuisinée avant sa venue au Lyon BD Festival.

Par Emmanuelle Babe

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Et si on changeait d’angle ? Fanny Vella Éditions Leduc Graphic 2020

Lyon BD Festival 10 > 12 Juin

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lyonbd.com

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* Par Hubert et Zanzim, Glénat, 2020.

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ADN

Nawelle Aïnèche ©

entre

Nawelle Aïnèche, qui présente ENTRE, sculpture animée par la performeuse Anna Gaïotti, a patiemment appris la couture et l’art du costume avant de s’épanouir dans l’art plastique.

Par Florence Roux

U

À r u e fl de s p m te

ne épingle, ça pique, bien sûr. « Toute seule, elle relie deux matières entre elles pendant un temps donné », commence Nawelle Aïnèche, artiste trentenaire qui donne à voir aux SUBS sa sculpture ENTRE, constituée de milliers d’épingles de couture, portée et activée par la danseuse Anna Gaïotti. « Multipliée, elle entre dans un collectif qui prend plus de force, joue avec la lumière. C’est agréable, mais cela peut faire peur. Et l’œuvre tient d’un processus obsessionnel : cela m’a pris quatre mois pour implanter les épingles et constituer cette sculpture... » Le costume juste Nawelle s'est d'abord initiée à la couture, les épingles le rappellent. Enfant, elle dessinait énormément et adorait les vêtements au point d’en changer trois fois par jour. Mais coudre ne lui suffit pas, la mode ne lui convient pas, tandis qu’un stage à l’Opéra de Paris l’émerveille : elle devient costumière puis, passionnée, passe par la faculté d’histoire de l’art. « Je me suis rendu compte qu’il me manquait quelque chose », souffle-t-elle. L’étudiante puis la costumière dévore des spectacles, participe à des ateliers, fabrique des costumes, se glisse dans les répétitions,

10 juin Les SUBS Lyon 1 les-subs.com

« pour observer les acteurs et la mise en scène, afin que “le costume soit juste”. » Elle s’inspire d’Antonin Artaud, acquise à l’importance « d’un spectacle sans quatrième mur ». Elle aime, entre autres, Romeo Castellucci, Vincent Macaigne ou Marina Abramović... Des artistes très divers qui placent le corps et les arts visuels au cœur de leur travail. L’art plastique est à portée de main. En 2015, lors d’une résidence au Sénégal, Nawelle apprend à tisser avec des matières plastiques, des déchets auxquels elle veut « redonner de la beauté », qui parlent du corps, aussi. Participant, deux ans plus tard, aux premiers ateliers Médicis, elle entreprend une œuvre sculptée avec les bandes magnétiques de films VHS dont elle fera costume, performance, sculpture, tableau. Déjà, elle expose à Moscou et Shanghai, à Paris et à Lyon, à la galerie Françoise Besson. En 2019, après une année de voyages, elle choisit un autre matériau, les épingles de couture, et s’engage dans une aventure sensible, en accord avec sa vie, à fleur de temps et dont témoigne sa nouvelle œuvre. « ENTRE définit encore le vide comme une matière qui relie, ajoute-t-elle. Je m’appuie sur une notion japonaise, le Ma, qui caractérise le vide comme un plein nécessaire. »

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Une histoire de famille, Collection(s) Robelin

Par Blandine Dauvilaire, Élise Ternat, Gallia Valette‑Pilenko

Photographier l’invisible 18.06.22 AU 18.09.22

Laurence Leblanc revient au Musée Nicéphore Niepce avec Où subsiste encore qui mêle différentes séries, de Rithy, Chéa, Kim Sour et les autres (2003) aux photos inédites de Du soin (2021). Cet accrochage rassemble 173 clichés, presque toujours en noir et blanc : des portraits, des paysages, des détails, des images retravaillées et deux vidéos. Comme « une tentative constamment renouvelée de garder vivant et perceptible ce qui nous est invisible mais qui subsiste encore, malgré tout : les liens ténus, fragiles mais tellement essentiels... qui nous lient », suggère Sylvain Besson, le commissaire. On ne saurait mieux dire ! GV-P

JUSQU’AU 10.07.22

Trésor  de  famille

Musée Niepce Chalon-sur-Sâone (71) www.museeniepce.com Laurence Leblanc ©

déambulations

arts visuels

Courez voir la collection Robelin au Musée d’art contemporain de Lyon ! Constituée durant les cinquante dernières années par AnneMarie et Marc Robelin, leurs parents et leurs enfants, elle donne à voir les choix radicaux et l’avant-gardisme de cette étonnante famille. Parmi les 250 œuvres dévoilées, on découvre le peintre Michael Buthe (qui inclut des objets dans ses toiles), des chefs-d’œuvre de Robert Filliou, les médiums utilisés par Annette Messager. La collection compte également des représentants de l’Abstraction (Franck Chalendard, Olaf Holzapfel, Thomas Ruff ou Bernard Frize), de sublimes photos noir et blanc signées Jochen Gerz, James Welling et Hiroshi Sugimoto, et, trésor unique au monde, une multitude d’œuvres de Thomas Schütte. Sans oublier les photographies d’éric Poitevin, auquel le Musée des Beaux-Arts consacre en parallèle une exposition passionnante (jusqu’au 28/08). BD Une histoire de famille, Collection(s) Robelin MAC Lyon Lyon 6 mac-lyon.com

Dans  les  coulisses  de  l’art JUSQU’AU 18.09.22

Le Musée Paul Dini présente les œuvres de neuf artistes régionaux, en lien avec ses dernières acquisitions. En clin d’œil aux « secrets de fabrique » des industriels, cette expo propose de dévoiler quelques-uns des secrets et techniques de réalisation des artistes. Ils ont tous joué le jeu en prêtant objets personnels, films, livres et archives. À (re)découvrir, le travail habité à la chambre de la Drômoise Delphine Balley, dont le musée possède déjà une photographie, Milène Sanchez et ses étranges gros plans de fleurs, les sculptures monochromes de Daniel Firman ou les paysages poétiques de Jérémy Liron. GV-P

L'idée du commun Afrique du Sud, 2015

Secrets de fabrique – Un été contemporain Musée Paul Dini Villefranche-sur-Saône www.musee-paul-dini.com

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Adagp, Paris, 2022 - Blaise Adilon ©

déambulations

Même  pas  en  rêve JUSQU’AU 06.11.22

À l’occasion des 110 ans du Palais idéal du facteur Cheval, Jean-Michel Othoniel propose une exposition-événement conçue spécialement pour ce site qui le fascine depuis l’enfance. Baptisé Le rêve de l’eau, le parcours composé de 10 fontaines et 6 vitraux se déploie, et c’est une première, dans le Palais lui-même. Manière pour l’artiste stéphanois de réaliser le rêve du facteur, en faisant jaillir l’eau et la lumière au cœur même de l’iconique construction. Pour ce faire, Othoniel a imaginé des fontaines en verre de Murano et en verre miroité bleu indien, puis placé dans l’encadrement des portes et fenêtres de la galerie du Palais, des vitraux qui éclairent l’intérieur de l’édifice. À voir absolument. BD Palais idéal du facteur Cheval Hauterives (26) facteurcheval.com Bomb on Red

Pixel  mania

JUSQU‘AU 18.09.22

Derrière ce que l’on pourrait croire être une simple affaire de geek, voire une branche de la pop culture, figure l’emblématique iconographe américaine Susan Kare. Cette première monographie qui lui est consacrée révèle l’univers de l’une des pionnières du design numérique, mondialement connue pour ses Icônes créées pour Apple puis Microsoft et désormais ancrées dans l’imaginaire collectif. Riche de nombreuses pièces, l’astucieuse mise en dialogue avec l’histoire des signes et des écritures, mais aussi l’évocation d’autres graphistes américaines de talent composent un passionnant parcours propice à la réflexion et à l’esprit critique. ET Musée de l’imprimerie et de la communication graphique Lyon 2 www.imprimerie.lyon.fr

praxinoscope Icône conçue par la société Apple et utilisée avec sa permission ©

Pensée  magique

Delphine Balley ©

JUSQU’AU 05.03.23

ArKuchi #29 été 2022

Depuis la nuit des temps, les pratiques magiques ont passionné les hommes. Sorciers, guérisseurs, chamanes, illusionnistes... leurs pouvoirs fascinent. La nouvelle exposition Magique du Musée des Confluences offre un large panorama de ces croyances qui, pour le meilleur et pour le pire, ont traversé les sociétés. Jeter un sort, protéger, prédire l’avenir, charmer... les 400 objets, plantes et animaux réunis, dont 150 amulettes du monde entier, rappellent l’importance des rituels et leurs origines. Mention spéciale pour la scénographie envoûtante qui nous plonge, dès l’entrée, dans l’ambiance d’une mystérieuse forêt. BD Musée des Confluences Lyon 2 museedesconfluences.fr


à l'affiche

Michele Laurent ©

Bienvenue dans la

pièce-monde l’Île d’Or

Difficile d’accéder à Ariane Mnouchkine, impossible même. Ce qui pourrait passer pour un caprice de star n’en est sans doute pas un. Cette grande dame du théâtre n’en parle pas. Elle le fait et c’est tout.

Par Trina Mounier

Ceux qui ont assisté à l'un de ses spectacles le savent : elle vit dans son Théâtre du Soleil, sous son chapiteau, entourée de comédiens qui ont défié les océans et les montagnes pour y trouver refuge. Dans cette Babel, on parle toutes les langues. À quatre-vingt-deux ans, Ariane souhaite toujours la bienvenue aux spectateurs à l’entrée, les conduit, les nourrit. Et elle dirige une troupe d’une cinquantaine de comédiens. Que demander de plus ? Et comment dire mieux que le théâtre est d’abord terre d’accueil ? Qui de plus légitime qu’Hélène Cixous, sa dramaturge, celle qui compose à partir de fulgurances, depuis des années, pour en parler dans sa langue poétique ?

09 > 26 juin TNP Villeurbanne tnp-villeurbanne.com

« Alors, en l’an 2000-et-quelque-20-ou-100, nous nous éloignâmes des capitales et donc de la peste et des dix fléaux, et nous f îmes si bien que le lendemain nous arrivâmes à L’île d’or. On aborde et la pièce commence. En cas de malheurs, qu’on nous donne une île et sans tarder nous créerons un nouveau monde. (...) » Tout est dit. La pièce est nourrie de ce Japon qui éblouit et marqua profondément Ariane Mnouchkine il y a soixante ans, mais aussi de l’histoire de Cordélia, la fille de Lear, le double d’Ariane, et particulièrement de l’île de Sadoga-shima, terre de bannissement au XVe siècle pour les artistes et intellectuels tombés en disgrâce. Cette île devait servir de lieu de répétitions. Impossible d’aller au Japon ? Qu’à cela ne tienne, Ariane fait venir deux maîtres du nô et du kyôgen* pour enseigner leur savoir et leur art aux acteurs. L’île d’or est traversée d’échos, de rêves et de toute la curiosité pour les hommes, pour les cultures, pour les formes de théâtre. C’est aussi un immense hommage aux comédiens à qui elle a consacré sa vie et à qui elle demande beaucoup. Un spectacle de la grande metteuse en scène contient toujours ceux qui l’ont précédé, gageons que celui-ci ne fera pas exception. L’île d’or, finalement, n’est-ce pas le théâtre lui-même ?

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* nô : au Japon, drame lyrique d'inspiration religieuse où danses et chants sont étroitement liés. kyōgen : forme comique du théâtre japonais.



micmacs de saison Christophe Raynaud de Lage ©

s n o Sais ll i r g    e l r   su ilent s dévo es s salle e l , e s autr é e ue ann vant l a q a n h té ie c b ié otor unes Comme és, la n nir, les s e o v p de à o r r n u iso lus lo acles p leur sa tique p e spect is d g e o r l une nomb à ceux car le igent à nneur les obl ion. Ho s t e a t ip is ic t t des ar ge d’an miers... avanta les pre t n avec d e ir t qui

Pauline Ribat Tout commence toujours par une histoire d’amour

ArKuchi #29 été 2022


micmacs de saison

Par Trina Mounier

L’enjeu transmission Voyons maintenant les grands axes qu’ils partagent. La part de créations régionales, et plus largement de jeunes compagnies, se renforce. Cela correspond sans doute à la volonté de contrer l’invisibilité liée aux effets du Covid mais plus profondément, les théâtres ont pris la mesure de ce qu’un peu de sang neuf pouvait apporter. Les jeunes compagnies se sont aussi rapprochées et les prix ou festivals ont fait le reste. Les spectateurs découvrent ainsi d’autres

ArKuchi #29 été 2022

Rémi Blasquez ©

Il

y a deux ans, des changements s’étaient produits à la tête de certains théâtres. Cela a quelque peu bouleversé leurs identités mais pas tant que cela finalement : en réalité, celles-ci se sont même confirmées et donnent une coloration particulière à leur programmation. Les Célestins, avec leur quarante-cinq spectacles, peuvent revendiquer de s’adresser à l’ensemble des Lyonnais : on y trouve à peu près tout ce que l’on peut souhaiter comme beaux spectacles. Par exemple, Beaucoup de bruit pour rien par les metteurs en scène de Zaï Zaï Zaï Zaï voisine avec l’Arlequin (poli par l’amour) de Thomas Jolly, une fête du théâtre. À l’inverse, le TNP peaufine son image de théâtre exigeant qui draine un public plus averti. Il reprend la mise en scène inoubliable de La Douleur par Chéreau, signée cette fois-ci du seul Thierry Thieû Niang dans un focus dédié à Duras. On ne change pas une équipe qui gagne ! La Renaissance présente un profil particulier avec beaucoup de théâtre musical. Quant au Théâtre de la CroixRousse, il se distingue par des propositions branchées sur les thèmes du moment : question du genre, féminisme, appui aux minorités. Telle la pièce sensible Le Consentement avec Ludivine Sagnier. Le Théâtre du Point du Jour s’en rapproche mais en plus militant : il est de toutes les batailles pour l’égalité et l’écologie, comme en témoignent son format Reporterre. Les liens constatés entre théâtres autrefois concurrents se resserrent, même si on n’assiste pas à une communion générale comme c’est le cas, cette fin de saison, pour L’île d’or d’Ariane Mnouchkine. Ainsi, le Point du Jour et la Croix-Rousse s’associent pour faire venir Antigone par Lucie Berelowitsch, La Renaissance et le TNP pour accueillir Dorothy de Zabou Breitman...

Marion Aubert et Julien Rocha, Surexpositions

artistes, les salles se diversifient. Et certaines, comme L'élysée et les Clochards Célestes, sont dorénavant reconnues comme des scènes favorisant l'émergence. Ainsi, La Renaissance accueille la création de David Mambouch et Philippe Vincent, La Fin de l’Humanité, la Croix-Rousse Johanny Bert, son artiste fétiche très provocateur (on adore ça !), avec La (nouvelle) Ronde, très éloignée de Schnitzler, ou encore Entre ses mains de Julie Guichard sur les soignants, quand Les Célestins font place à la merveilleuse Sarrazine de Julie RosselloRochet. Au Point du Jour, Éric Massé et Angélique Clairand s’engagent auprès de trois compagnies associées, dont le duo portugais Formiga Atómica qui repense l’écologie du quotidien avec L’État du monde ou Courir à la catastrophe. Alice Vannier et Sacha Ribeiro seront d'ailleurs associés à la nouvelle création maison du tandem, Portraits Hôtel : du théâtre de chambre qui s'annonce intrigant et culotté ! Cet engagement auprès des jeunes concourt au rayonnement de la création en Auvergne-RhôneAlpes. Les Célestins mettront en avant les lauréats des Prix Célest’1 2019 et 2020 qui seront enfin visibles, notamment Trois notes pour un cerveau de la compagnie Germ36. On attend avec impatience Surexpositions de Marion Aubert et Julien Rocha, primé en 2019, qui s’intéresse à la carrière fulgurante de Patrick Dewaere. Et ils persévèrent dans leur soutien à Thierry Jolivet qui, après son solo sur Van Gogh, revient à une œuvre plus chorale pour dix comédiens, Sommeil sans rêve. Quant au TNP, il soutient la marionnettiste de Bourg-en-Bresse

theatredescelestins.com tnp-villeurbanne.com croix-rousse.com theatrelarenaissance.com pointdujourtheatre.fr


micmacs de saison

Christophe Raynaud de Lage ©

Émilie Flacher ainsi que l’autrice et metteuse en scène Margaux Eskenazi qui, après s’être penchée avec beaucoup de finesse sur la guerre d’Algérie, crée 1983 sur la Marche pour l’égalité. Il donne parallèlement une place de choix à son nouvel artiste associé, François Hien : au programme recréation de La Crèche et une carte blanche ou "permanence artistique" en forme de promenades exploratoires dans son répertoire. Le TNP n’oublie pas pour autant ses compagnons de toujours : on y (re)verra son formidable Petit Chaperon rouge... tout comme Le Roi Lear mis en scène par Lavaudant et plusieurs fois reporté. Enfin, on assiste à un regain très net de la curiosité pour les jeunes tout juste sortis des grandes écoles de théâtre que sont l’ENSATT et l’École de la Comédie de Saint-étienne, comme en témoigne leur présence dans la programmation des Nuits de Fourvière 2022. Ou encore La Renaissance avec son festival Les Fabricants dédié aux très jeunes musiciens et compositeurs.

Tiago Rodrigues, la Cerisaie

Opéra

ceinture (et bretelles) Par Carmen S.

La prochaine saison de l’Opéra de Lyon débute sur le Mont de Vénus (Tannhäuser) et se termine autour d’un pot de chambre (On purge bébé). Mais qu’on se rassure, toute la programmation ne vise pas le dessous de la ceinture et, même si les Noces de Figaro voire Le Château de Barbe-Bleue apportent une dose de fantaisie conjugale, on y trouve aussi des thèmes aussi sérieux qu’antiques (Hérodiade, Moïse et Pharaon), des drames passionnels bouleversants (Pelléas et Melisande, Katia Kabanova), des faits divers effrayants (La Maison du crime) voire des invitations à cultiver son jardin (Candide). On pourra redécouvrir des classiques absents de l’affiche depuis de trop longues années et célébrer le quarantième anniversaire de l’orchestre lors de plusieurs concerts alléchants – dont, en juin 2023, un Requiem de Verdi à Fourvière conduit par Daniele Rustioni, récemment promu directeur musical. Côté ballet, le principe du danser encore proclamé face à l’adversité "covidienne" est maintenu haut et fort, spécialement à l’occasion d’un partenariat avec la Biennale d’art contemporain. Bref, l’Opéra garde son cap : réinventer le patrimoine, soutenir l’innovation et diversifier tant les époques que les styles. Un programme ceinture et bretelles, donc, pour mieux garantir un plaisir musical et chorégraphique du meilleur maintien.

Les théâtres jouent la complémentarité Symptôme de ce désenclavement et de l’ambiance courtoise qui règne entre les différentes salles de la région, on s’invite. Ainsi Marc Lainé de la Comédie de Valence sera présent à La Renaissance avec Paysages mineurs et aux Célestins avec Nosztalgia Express. Tout comme Arnaud Meunier, l’actuel directeur de la MC2, avec Tout mon amour. La Renaissance accueillera aussi L’Avare de Benoît Lambert. La complémentarité s’exprime également dans la programmation de trois pièces de Tiago Rodrigues, Dans la mesure de l’impossible, Antoine et Cléopâtre et La Cerisaie dans trois lieux différents. Il y aura du Tiago pour tout le monde ou presque ! Enfin, on ne résiste pas à l’envie de vous faire partager quelques coups de cœur avec des météores de la création : Les Frères Karamazov du très brillant Creuzevault ou La Cerisaie du TG Stan qui risque de déménager. Dans ce "panthéon" de rentrée figurent également la pièce France Fantôme de Tiphaine Raffier qui nous avait éblouis l’an dernier, la prochaine création d’Emmanuel Meirieu qui lance une bouteille dans l'espace avec Dark was the night, le nouveau spectacle de Sivadier – dont on avait adoré Sentinelles –, l’opéra festif Othello du duo toujours inventif Samuel Achache et Jeanne Candel... Pour ma part, je ne manquerai pas, après avoir découvert un talent imprévu pour la comédie grinçante chez Jean Bellorini avec, avec Il Tartufo, sa recréation du Suicidé de Nicolaï Erdman dont il complète le titre ainsi : "vaudeville soviétique"... Tout un programme !

ArKuchi #29 été 2022


Makoto Chill Ôkubo ©

micmacs de saison

Vimala Pons, le périmètre de denver

Corps vibrants Par anne huguet

La Maison de la Danse a dévoilé une alléchante mais exigeante programmation 22.23, avec quelque 20 nouvelles têtes pour 36 compagnies invitées. Une saison « vibrante et vivante », cousue main par Dominique Hervieu partie, depuis, rayonner à la Direction de la Culture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Il y a du beau monde et des habitués, mais aussi des artistes plus confidentiels et de jeunes pousses à suivre de très près. Dans nos coups de cœur : le flamenco de grâce et de fureur de Rocio Molina, la danse hypnotique de l’Israélien Hofesh Shechter, les inquiétants déséquilibres de la circassienne jusqu’au-boutiste Vimala Pons ou encore Rachid Ouramdane qui continue de tutoyer la gravité pour danser dans les airs... Côté nouveautés, on mise sur le Hip Hop Games Exhibition, le corps à dix voix de Fanny de Chaillé, l’Italienne que tout le monde s’arrache Silvia Gribaudi ou les expérimentations de Flora Détraz (nouvelle artiste associée), mais aussi les sifflements de Boris Charmatz ou le "circographe" Alexandre Vanthournout. Voilà des états de corps multiples avec la voix comme fil rouge. Angelin Preljocaj ouvrira la saison avec Mythologies sur une bande son signée Thomas Bangalter (ex-moitié de Daft Punk). Belles découvertes en perspective.

ArKuchi #29 été 2022


Un été booké

Par marco jeru

À tout honneur tout seigneur : s’il est une lecture sensationnelle cette année, saluée par des prix et des cercles fort disparates, c’est bel et bien Notre part de nuit. Que vous ayez le goût du réalisme magique cher aux Sud-Américains (Borges, Cortazar, Sabato, Bolaño...) ou celui de la fantaisie "gothic’horrifique" chère à Lovecraft, Cormac McCarthy et Stephen King, que vous soyez fan des séries Stranger Things, Dark et consorts ou bien simple curieux d’ésotérisme théurgique, préparez-vous à une plongée fantastique au cœur de l’histoire souterraine argentine et internationale. Sociétés secrètes, médiums, malédictions dynastiques, sacrifices, dictature, amour filial, palimpsestes... Mariana Enriquez réussit à tisser un entrelacs spatiotemporel d’une force envoûtante rare. Un conseil (vaut mieux que deux tu liras) : n’ayez crainte des 750 pages et, pour sortir du labyrinthe, n’oubliez ni votre fil, ni votre craie à pentacles... Parmi les autres révélations de ce début d’année : Les derniers jours des fauves de Jérôme Leroy, polar politique hallucinant tant il colle à notre année électorale ; Apeirogon de Colum McCann, tentative empathique de saisir le conflit israélopalestinien ; Viendra le temps du feu de Wendy Delorme, dystopie écoféministe inspirée des Guérillères de Monique Wittig ; le mélancolique Connemara de Nicolas Mathieu qui, à la suite de Leurs enfants après eux, poursuit le portrait d’une génération provinciale désabusée.

Notre part de nuit Mariana Enriquez Éditions du sous-sol (Sept. 21) Les derniers jours des fauves Jérôme Leroy Manufacture de Livres, (Fév. 22) Connemara Nicolas Mathieu Actes Sud (Fév. 22)

Ena Pator ©

LETTRES & RATURES

Où qu’on parte, le livre reste le véhicule le moins onéreux pour prendre le large et cultiver l’ouvert et les fameux liens qui libèrent. Avec le goût de se perdre pour unique GPS, voici quelques modestes propositions pour agrémenter vos pérégrinations estivales...

2022, grand cru de la paléontologie littéraire À côté de ces nouveautés bienvenues, 2022 restera dans les annales pour son lot d’inédits exhumés. Avec Guerre de LouisFerdinand Céline (court et flamboyant roman sur le traumatisme de la guerre, écrit en 1934 entre Le Voyage et Mort à crédit), Lieux de Georges Perec (œuvre inachevée dressant l’inventaire de douze lieux parisiens narrés de différents points de vue sur douze ans) ou L’océan est mon frère de Jack Kerouac (sailing-trip initiatique vers le Groenland), force est de reconnaître qu’il ne s’agit pas de fonds de tiroirs mercantilement raclés mais d’œuvres de premier plan de mastodontes de la littérature qui font enfin surface. Enfin, pour terminer sur des essais vifs et édifiants, signalons Les Mondes de l’esclavage, une histoire comparée (une somme unique sur l’esclavage depuis la Préhistoire) et Rester barbare de Louisa Yousfi, excellent essai en forme de vœu de résistance, à La Fabrique... De quoi, en cultivant les marges de l’asphyxiante culture de l’ordre établi, produire de l’altérité, du dissensus, bref, de la vie... Et c’est ainsi, sans doute, qu’on « réinventera l’amour », comme dirait Mona Chollet...

ArKuchi #29 été 2022


street art

mani etus

guet + carotide

gris

Le street musée toki

du  mois Par graphull

benpo

arem

saveur grafik

ArKuchi #29 été 2022


8 tomates 4 burrata di buffala 2 filets de maquereau 1 œuf entier 100 g de framboises 100 g de noisettes concassées 1 citron zesté 1 botte de basilic 30 cl d’huile de pépins de raisin 300 g de sucre 150 g de gros sel 1 càs de moutarde 1 càc de vinaigre balsamique blanc 1 càc de piment d’Espelette Sel, poivre, huile d’olive

Par claudia cardoso

4 personnes

Le Summer body des Marie, Claire et toute la clique, c’est toujours à la page ? Non parce qu’à la plage, je troque vite la planche pour la bouée ! Je ne la porte pas trop mal et je ne suis pas la seule. Petite, ronde, allongée, noire ou verte, à chacun son type de tomate ! Choisis tes préférées puis coupe-les en gros quartiers. Après les avoir salées et arrosées d’huile d’olive, grille-les côté peau à la plancha ou sur la grille du barbecue. Une poêle bien chaude fera tout aussi l’affaire, hein ! Mélange le sucre, le piment et le gros sel. Dans un moule, couvre les maquereaux sur chaque face de la préparation sucre et sel. Filme et réserve le tout au réfrigérateur pendant 45 minutes. Rince à l’eau claire les filets et sèche-les à l’aide d’un torchon. Quelques secondes dans une poêle huilée fumante suffisent pour les saisir de chaque côté. Mayo ou maillot ? Alors les Marie, Claire, coïncidence ou scoop de l’année ? Plonge la botte de basilic dans une casserole d’eau bouillante, retire-la aussitôt et place-la dans un bac d’eau glacée. Dans un saladier mélange à l’aide d’un mixeur, la moutarde, le vinaigre, l’œuf, l’huile et les zestes de citron. Sale, poivre et mixe jusqu’à ce que la mayonnaise soit montée. Ne reste qu’à compléter le programme par quelques noisettes et framboises coupées en deux, histoire de sublimer la burrata (une par personne, il faut bien ça) : no shame !

20 minutes

Summer Spirit salade

popote(s)

Par Ponia DuMont

Horizontalement

été 2022

jugeote

1. Son enlèvement vers Enna serait cause du cycle des saisons. 2. Ange protecteur entre autres des Scorpions ! S’y connaît en astronomie. 3. Le rendez-vous des "curieux". Si elles sont de sansonnet, elles n’ont pas cours en Inde. 4. Taches d’envie ou grains de beauté ? Préfixe partageux. 5. Grade familier à la hiérarchie militaire. Troupeau interdit au sexe fort. 6. Honorée céleste. Brille. 7. Hauts dignitaires musulmans propriétaires du 5 (2). Celui dont on parle. 8. Pour elles, ça baigne ! Mesure nos bûches. 9. Sied à l’escalope solutions retournée... Bon bois de menuisier. 10. Tu le fis bien arkuchi 28 à une volaille, goujatement à une femme.

Verticalement

A. Habitant de la montagne des Muses ou poète. B. Sale prison romaine. C. été gai. Vous protègent des fautes d’orthographe. D. Bien présenté ? Théoriquement a fini de régner. E. Orfèvre en la matière. Met tout le monde d’accord. Arrose richement l’Italie. F. Barbares et cruels envahisseurs. G. Le boiteux qui s’active sous l’Etna. H. Aiment les lieux humides. Ne s’accompagnent pas de petit salé. I. Objet de la pensée phénoménologique. Ouragan, cartomancienne ou Shirley MacLaine ? J. Feintes.

ArKuchi #29

AN O E B P L L E OS R E P E O SU

E P O U S E R O N S

S E N T I R A I

T H E S R A T I I T E S A R T ONN E T I R Z S S I E H D I R I E T A P

I E ON O I N L ON T E A R G E E E



où trouver

Annecy Bonlieu. Bourg-en-Bresse Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg-en-Bresse. Zoom. Bourgoin-Jailleu Les Abattoirs. Brignais Le Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire Cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant-Bellevue. Chalon-sur-Saône Espace des Arts. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles-sur-Lyon Musée du Chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L'Aqueduc. Décines Centre de la Mémoire Arménienne. Le Toboggan. Écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Francheville L’Iris. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Grigny Médiathèque Léo Ferré. Irigny Le Sémaphore. La Mulatière Aquarium de Lyon. Aux Bons Sauvages. Lyon 1 À Chacun sa tasse. L'Antirouille. À Thou bout d’chant. Archipel Librairie. Art Up Déco. Bar 203. Les Barjaqueurs. Bel Ami. Bloom Vangart. Boîte à café. Bomp ! CAUE Rhône. Clef de Voûte. Condition des Soies. DRAC. Espace 44. Galerie C. Mainguy. Galerie Céline Moine (Le 1111). Galerie Nörka. Galerie Le Réverbère. Halles de la Martinière. Jarring Effects. Kraspek Myzik. La BF15. La Boucherie des Pentes. Le 3e Fleuve. Le Bal des Ardents. Le Bleu du Ciel. Le Livre en Pente. Le Voxx. Les SUBS. Mangiabuono. Manifesta. Mapraa. Médiatone. Mongi Guibane. Musée des Beaux-Arts. Musicalame. Nombril du Monde. Ô Tao Bom. Opéra de Lyon. Original Watt. Radio Canut. Regard Sud. Shalala. Sofa Disques. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Théâtre de L’Accessoire. Théâtre Les Clochards Célestes. Technoir. Tikki Records. Traboule Kitchen. Vins Nature. Lyon 2 Archives Municipales. L’Atelier Parfumé. Cave Chez Camille. Centre national de la Danse. Cycles Marchi. Fondation Bullukian. Galerie Autour de l’Image. Galerie Ories. Galerie Slika. Galerie Tatiss. La Cloche. Librairie des Arts. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Maison Pochat. MJC Confluence. Mob Hôtel. Musée des Confluences. Musée des Tissus. Périscope. Région A.R.A. Théâtre-Comédie Odéon. Théâtre des Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. UCLY. Lyon 3 Archives départementales. Auditorium de Lyon. Boomrang. De L'Autre Côté du Pont. Café du Rhône. Gnome et Rhône. Hooper. Librairie du Tramway. Métropole de Lyon. Poltred. Salle des Rancy. Lyon 4 Agend’arts. Aquarium Ciné Café. Aux Trois Cochons. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des Voraces. Bonnesoeurs. Cavavin. Cave Tabareau. Cave Valmy. Chez Robert. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Fournil du Boulevard. Fromagerie Galland. Galerie Françoise Besson. Galerie Vrais Rêves. L’Assiette du vin. L'Instant. L'Oiseau sur la branche. La Famille. La Valise d’Élise. Labelalyce and Co. Librairie du Métro. Maison Jolivet. Modern Art Café. Ô Fournil des Artistes. Ô Vins d’anges. Paddy's Corner. Sibilia. Théâtre de la Croix-Rousse. Un Grain dans le Grenier. Villa Gillet. Vivement Dimanche. Lyon 5 Acting’s Studio. CRR de Lyon. CNSMD. École de Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Le Sonic. Librairie Virevolte. LUGDUNUM Musée. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Théâtre du Point du Jour. Lyon 6 MAC Lyon. Lyon 7 Arts en Scène. Bibliothèque Diderot. Café Pimpon. CHRD. Cinéma Comœdia. COREP. EAC Lyon. École de Condé. ENS. La Commune. Le Court-Circuit. Le Ptit Bouclard. Le Flâneur. Les Fauves. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kult. Librairie La Madeleine. Librairie La Voix aux Chapitres. Librairie Rive Gauche. Librairie Terre des Livres. Livestation DIY. Mama Shelter. Mimo. Mowgli. Ninkasi Kafé. Sofffa Guillotière. Théâtre de L’Élysée. Lyon 8 Institut Lumière. Maison de la Danse. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Cave Valmy. Ciné-Duchère. CNSMD. L’Attrape-Couleurs. La 9e Bulle. Les Mangeurs d’Étoiles. Musée Jean Couty. TNG. Mâcon Cave à Musique. Le Théâtre de Mâcon. Musée des Ursulines. Miribel L'Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville-sur-Saône La Maison Jaune. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de La Renaissance. Pierre‑Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Portes-Lès-Valence Train-Théâtre. Rillieux-la-Pape CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque L’Échappée. MJC Ô Totem. Saint-Étienne Cité du Design. La Comédie de Saint-Etienne. Le Fil. Le MAMC. Musée d’Art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint-Étienne. Saint-Fons Médiathèque R. Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612. Saint‑Priest Cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Saint-Vallier Ciné-Galaure. Sainte-Foy-lès-Lyon Ciné-Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune Cinéma Le Lem. L'Atrium. Librairie Pleine Lune. MJC Omega. Vaulx-en-Velin C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d'architecture. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre! C.A.P. Madeleine Lambert. Cinéma Gérard-Philipe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne. Villefontaine Le Vellein. Villefranche-sur-Saône Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Galerie Le 116art. Librairie des Marais. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Théâtre de Villefranche. Villeurbanne Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. Galerie L’Atelier du Canal. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. IUFM. La MLIS. Le Rize. Le Totem. Pôle Emploi Scènes & Images. Pôle Pixel. Studio 24. Théâtre Astrée. Théâtre de l'Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Transbordeur. URDLA... Et dans la plupart de vos mairies, médiathèques et bibliothèques, MJCs, espaces de coworking...

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