DÉC.2019 / JAN.2020
mensuel gratuit
#13
art culture architecture
N 13 .04
Dans le rétro... et dans le viseur
.16
Déambulations Arts visuels
.06
.28
Opéra Tosca & Le Roi Carotte
À La Moulinette
François Hien
Invité du mois
.29
.07
ADN
Vivre des expériences
Christophe Tarkos
Raphaël Armand
.30
C DANS L’AIR Avec la virtuose Anoushka Shankar
.08
Déambulations Musiques
.10
C’était Mieux Avant Philippe Pascal
.18
BLUE EYES - ALBANIE, 2018
Lettres & Ratures
.32
L’ArKuchi du mois
.33
Street art by Graphull
O’Malley
.34
FOKUS
Popote(s) / Jugeote
Pierre Boa
Louise Meirieux©
SUCCESS STORY
Emmanuel Meirieu
SAGA
Bianca Biondi Expérimentations salines
Mensuel gratuit - Lyon, Métropole & RhôneAlpes Edité par ArKuchi, 18 rue de Belfort, Lyon 4 Direction de la publication - Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Valie Artaud, Emmanuelle Babe, Jérôme Bertin, Claudia Cardoso, Blandine Dauvilaire, Lucie Diondet, Graphull, Émiland Griès, Marco Jéru, Elodie Martinez, Trina Mounier, Enna Pator, Nikki Renard, Florence Roux Gallia Valette-Pilenko Illustration de couverture : Pierre Boa Publicité : contact.arkuchi@orange.fr - 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT
Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387
Indémodable Tony Garnier
.14
contact.arkuchi@orange.fr
« Créer un écrin de lumière »
FORME & FONCTION
# 150 ans
ARKUCHI #13 DÉC. 2019 - JAN. 2020
.12
.20
La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.
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BÊTES DE SCÈNES Le retour de Denis Plassard - Le MOI de la Danse - Magma, trio de choc - etc.
°
ABONNEMENT
9 num./an = 27 eur. Jose Caldeira©
Jérôme Bertin©
À l’instinct ou à l’affect
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FDL #18
1.8
DANS LE RÉTRO...
PAR LUCIE DIONDET, ANNE HUGUET, TRINA MOUNIER
dommage vraiment !
IL FAUDRA ATTENDRE DÉCEMBRE 2020 POUR VOIR AUX CÉLESTINS ÇA MARCHERA JAMAIS... ... la désopilante farce noire de Nicolas Ramond sur l’échec, les siens, les nôtres. Avec un humour absurde à la Devos, il alterne philosophie, karaoké et confessions personnelles.
23 NOVEMBRE
Pour ressusciter son album culte Éden – d’aucuns diront le plus lumineux, le plus personnel sans doute – avec les musiciens de l’ONL. Daho... for ever !
Auditorium de Lyon
Richard Bellia©
> 11 DÉCEMBRE
ÉTIENNE DAHO
Le concert du mois
Donald Christie©
De Joe Strummer à Robert Smith en passant par Bowie, Iggy Pop, Cobain, Kraftwerk, Bashung ou Fat White Family, on ne compte plus les rockstars figés pour l’éternité sur ses bobines. Richard Bellia expose à L’Atrium de Tassin une quarantaine de photos, à l’occasion de ses 40 ans de clichés.
Going Underground s’expose sur les murs du Bistro fait sa Broc (jusqu’au 16/12) puis, en janvier, au Comœdia. La crème des photographes de concerts pour des photos d’anthologie, parfois cramées, des feus (ou pas) groupes lyonnais de la scène rock des 80’s et 90’s. Condense, Six Pack, Straight Royeur et consorts. Entre autres. > 16 DÉCEMBRE
Romain Etienne©
expositions
acha nous parle de ceux qui doutent, n’osent pas, nos frères et sœurs discrets, presque invisibles. Inspiré du Désert rouge d’Antonioni, cette pièce tendre et délicate a réjoui les spectateurs du Festival d’Automne 2018. En italien surtitré. QUASI NIENTE
28 > 31 JAN. 2020 Théâtre du Point du Jour
sur un éclat de rire ? L’Espace Gerson vous invite à La Bourse du Travail pour ses « Grands Crus de l’année ». Drôle de 31 avec Karim Duval, Olivia Moore et les autres. ENVIE DE FINIR L’ANNÉE
31 DÉC. Bourse du Travail
bonjour Rome, fantasmes et passions pour Willem Dafoe, double du cinéaste, et ses épouse et fillette à la ville et à l’écran. Cinglant. Vous avez dit Ferrara ? Le revoilà avec Tommaso. ADIEU NEW YORK,
SORTIE : 8 JAN. 2020
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
ANNIVERSAIRE
... ET DANS LE VISEUR
IL
10 ANS
a la
classe... Olivier Maurin, sous ses airs timides. Première incursion réussie chez les classiques : son Dom Juan nous époustoufle. Arthur Fourcade et Mickaël Pinelli Ancelin en duo de choc, duo de choix. Deux heures de bonheur théâtral. Allez-y, ça joue jusqu’au 7 décembre. TNP de Villeurbanne
On n’oubliera pas de sitôt la scène d’étranglement en durée live insupportable d’Oreste à Mossoul, nécessaire pour nous obliger à voir. Non plus la douceur incroyable de Des caravelles et des batailles et son souffle d’intelligence, ni les débats nés des pièces sur le travail en conditions inhumaines – Tijuana, Le Quai de Ouistreham… Un choix injuste et partial, évidemment !
c' est fini !
Sens Interdits
en janvier, pour le Plug & Play
Michel Cavalc©
aud Un accident sans gravité écarte des planches son égérie, Marief Guittier – impayable en Prince Charmant bougon dans son Blanche-Neige, histoire d’un Prince. Magali Bonat reprend le rôle avec panache, juste le temps de l’apprendre. Dès le 4 décembre à La Comédie de Saint-Étienne. RIFIFI CHEZ MICHEL RASKINE !
LE PIONNIER de la techno de Detroit, Jeff Mills,
est l’un des curateurs des prochains Days des Nuits Sonores. Le lendemain, DJ Harvey, autre cador du dancefloor, va aussi se prêter au jeu. Qui dit mieux ? pour la Fête des Lumières ? Les Halles du Faubourg invitent l’artiste A.I.L.O avec trois installations entre lumière et obscurité. Avec des DJs jusqu’au petit matin pour parfaire le tableau. MARRE DE FAIRE LA QUEUE
5 > 7 DÉC.
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
HAPPY FEW COMPLET POUR LA TÉNÉBREUSE CHELSEA WOLFE QUI VIENDRA DISTILLER EN MARS SES TUBES HANTÉS ET EXPO
2
images grand format de la nouvelle série de Delphine Balley à découvrir au 1111
SON CHANT SPECTRAL À LA CHAPELLE DE LA TRINITÉ. TROP TARD PLUS DE PLACE POUR LE CONCERT DE CELUI QUI VIENT DE S’OFFRIR TOUTES LES UNES DE PRESSE DE FRANCE ET DE NAVARRE. QUEL HOMME. ON NE SE CON-FESSERA PAS AVEC PHILIPPE KATERINE AU TRANSBORDEUR.
Stofleth©
Après son succès l’été dernier au festival d’Aix-en-Provence, la Tosca dirigée par Daniele Rustioni, chef permanent de l’Opéra de Lyon, vient émouvoir et surprendre les Lyonnais.
LE ROI CAROTTE
PAR BLANDINE DAUVILAIRE
EN 2015, L’OPÉRA DE LYON DÉTERRAIT UNE PÉPITE
Tosca n’a pas été donné à Lyon depuis quarante ans, pourquoi avez-vous choisi cet opéra de Puccini ? DANIELE RUSTIONI C’est important qu’un orchestre du niveau de celui de l’Opéra de Lyon joue un répertoire très classique comme Tosca, dont l’émotion et la force sont infinies. À chaque fois que j’ouvre la partition de ce chef-d’œuvre, je découvre de nouvelles choses. En confiant la mise en scène à Christophe Honoré, vous inscrivez l’œuvre dans la modernité… DR Il en a fait quelque chose de très cinématographique, avec des caméras et des écrans vidéo sur scène. Cela permet de jouer de manière objective pour offrir la partition la plus pure possible au public. Je crois que ce sera encore mieux à Lyon car l’acoustique est différente. Dans cette version qui rend hommage aux divas, Elena Guseva et Catherine Malfitano sont deux Tosca, c’est le petit choc du premier acte. On retrouve Alexey Markov en baron Scarpia et Massimo Giordano chante Mario Cavaradossi. Le public lyonnais appréciera, je crois. 20 JAN. > 5 FÉV. 2020 Opéra de Lyon
INJUSTEMENT OUBLIÉE D’OFFENBACH, LE ROI CAROTTE, DONT LE SUCCÈS FUT UNANIME. FORTEMENT PLÉBISCITÉE PAR LE PUBLIC ET LA CRITIQUE, LA PRODUCTION FAIT SON GRAND RETOUR POUR LES FÊTES DE FIN D’ANNÉE.
Tout le monde le sait : « les carottes, ça rend aimable » ! Mais ce n’est pas parce que ça rend aimable que ça l’est. La preuve avec cet opéra-bouffe-féerie mijoté aux petits oignons. Le compositeur y propose une succession de tableaux merveilleusement servis par la mise en scène loufoque de Laurent Pelly. Entre livres géants, placard sans fond ou soldats-radis à croquer, on se régale dans ce festin aux airs de Lewis Carroll. Comment ne pas s’amuser devant les portraits de carottes et navets présentés comme de grands ancêtres royaux ? Ou devant la cagette géante servant de lit au souverain-légume ? On savoure chaque trouvaille, même dans les dialogues retravaillés et adaptés au public contemporain. Difficile de ne pas (sou)rire en entendant la réplique « Arrête ton char, Pénélope », lorsque la bande de joyeux lurons est transportée dans la Pompéi antique. Et que dire de cette PAR ELODIE princesse pétillante et « carottophile » qui nous a fait fondre MARTINEZ en 2015, bien loin des clichés de personnage propret ? Quant au roi Carotte de Christophe Mortagne – dont on taira la triste et drolatique fin –, il nous a impressionnés par son LE ROI CAROTTE interprétation, le "grimage" de sa voix est bluffant. Avec un OFFENBACH talent fou, il rend plausible – et même normal – le fait de voir LAURENT PELLY une carotte tyrannique usurper un trône ! 13 DÉC. > 01 JAN.I Opéra de Lyon Le potager s’invite à l’Opéra et prend le pouvoir, pour le opera-lyon.com meilleur et pour le rire, et ça fait du bien. Courez-y !
royale
OPÉRA
Tosca joue les divas
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
C DANS L’AIR
Anushka Menon©
P RO M E SSE D’ ÉVASI O N ANOUSHKA SHANKAR
L’AUDITORIUM DE LYON REMET LES MUSIQUES ACTUELLES ET LES MUSIQUES DU MONDE AU CŒUR DE SON ADN ET INAUGURE, SUR CETTE SAISON 19/20, TROIS WEEK-ENDS UN PEU PARTICULIERS AVEC TROIS FORTES PERSONNALITÉS ARTISTIQUES. APRÈS ÉTIENNE DAHO EN NOVEMBRE, ANOUSHKA SHANKAR, LA VIRTUOSE AU SITAR, SERA À L’HONNEUR EN JANVIER.
PAR ANNE HUGUET
« Ces événements permettent d’aller plus loin dans la rencontre musicale avec des invités vivants qui incarnent véritablement un temps fort de la saison. Qu’Etienne Daho donne un concert exceptionnel avec l’Orchestre national de Lyon et se prête à l’exercice de chanter Gabriel Fauré en un même week-end, c’est assez rare et réjouissant », détaille Marc Cardonnel, le conseiller musiques actuelles. Le projet court depuis 2018 autour d’un fil conducteur, qui pourrait se résumer ainsi : « Quelques concerts marqués par l’excellence, la rareté, la collaboration et l’adéquation avec l’acoustique de l’Auditorium ». On se souvient que Thom Yorke ou Olafur Arnalds ont fait partie des belles surprises de la saison dernière(1). On est tout aussi impatient d’écouter en mai, « sur la scène de l’Auditorium dans une acoustique parfaite pour le genre », la nouvelle bande-son de l’infatigable Damon Albarn, autour de l’Islande, « son foyer spirituel ». « Nous continuons d’attirer à Lyon des projets personnels et rares de grands artistes de renommée, notamment lorsqu’ils mêlent leur écriture aux musiques savantes. » En janvier, place aux musiques indiennes avec la virtuose du sitar Anoushka Shankar(2), occasion rêvée de célébrer
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le centenaire de la naissance de son père, l’illustre Ravi Shankar. Ainsi avec Drums of India (31/01), le « prince » du tabla Bickram Ghosh donnera à entendre l’art sophistiqué et jubilatoire de la percussion indienne. « Une expérience à couper le souffle et une porte ouverte vers une tradition musicale » pour Marc Cardonnel. Anoushka Shankar partagera, quant à elle, la scène avec l’Orchestre national de Lyon : ils interpréteront, sous la baguette du Péruvien Miguel Harth-Bedoya, un concerto pour sitar & orchestre composé par le maître Ravi, rencontre au sommet entre deux langages musicaux classiques interprétés au plus haut niveau. À entendre également, Offering, né de la collaboration mythique entre Ravi Shankar et Philip Glass. Le genre de rendez-vous qui ne se refuse pas, pour aller à la découverte des rythmes et des instruments indiens. Musiques du monde encore avec la belle soirée-hommage (24/02) au poète Mahmoud Darwich, servie royalement par le grand chanteur du monde arabe, Marcel Khalifé, et son pianiste de fils, Bachar Mar-Khalifé. Belle affiche. Quant à Angélique Kidjo (02/12), elle revisite avec brio le répertoire de Celia Cruz. Et si, à votre tour, vous tentiez l’expérience ?
UN WEEK-END AVEC ANOUSHKA SHANKAR
31 JAN. 1ER FÉVRIER 2020 Auditorium de Lyon auditorium-lyon.com
(1) La saison dernière, nommée Piano minimaliste, a vu se succéder Nils Frahm, Max Richter et Thom Yorke avec Katia et Marielle Labèque. (2) Cette soliste hors-pair (sœur de Norah Jones) est également compositrice. Elle se produit aux côtés de stars du jazz, de la pop (Sting) et auprès d’orchestres classiques.
DRÔLES D’HUMEURS
DÉAMBULATIONS
musique
11.12.19 20h
PAR VALIE ARTAUD, ANNE HUGUET & FLORENCE ROUX
La voix qui sait frôler les aigus, souffler sur les braises, jouer avec des textures graves ou soyeuses… Malik Djoudi, longtemps compositeur (secret) pour la télévision et le cinéma, dégaine sa pop synthétique avec une élégance féline. Tempéraments, son deuxième album (mars 2019), recèle autant d’assurance (À tes côtés en duo avec Daho) et de sensualité (Épouser la nuit) que d’inquiétude et de tangages émotionnels, comme dans Belles sueurs ou dans Tempérament. « J’hésite, j’cherche mes billes, certains jours, je perds mon temps, quand mon tempérament, seul, résiste aux eaux troubles, entêtantes ». F.R. TRANSBORDEUR Villeurbanne transbordeur.fr
DANSER SUR LES DÉCOMBRES Le Marché Gare poursuit son Échappée Sauvage – doux nom donné à sa saison hors les murs – avec la venue du groupe genevois Hyperculte alias Simone Aubert et Vincent Bertholet (Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp). Massif Occidental, second album du duo suisse, se situe quelque part entre rock spatial et disco expérimentale. Pop, kraut, punk et post rock, chaque morceau croise le son des voix, des instruments aux multiples distorsions et effets en tous genres, avec en prime l’esprit d’improvisation, la puissance fragmentaire de textes littéraires ou de slogans politiques. Hyperculte pose son regard tranchant sur la déliquescence de notre époque chaotique avec sa touche de folie, si nécessaire. Nécessairement salvateur ! V.A. PÉRISCOPE Lyon 2 periscope-lyon.com
Nicolas Schopfer©
12.12.19 20h30
FLÈCHE LOVE
AMAZONES, WALKYRIES ET PASIONARIAS 21.12.19 20h
HYPERCULTE
Nikita Thévoz©
Affiche 100% féminine au Transbordeur pour finir l’année en beauté. À découvrir, entre autres, la jeune rappeuse anglophone d’origine indienne Tracy de Sá, qui réside à Lyon, avec ses flows piquants et un rap conscient qui questionne la place des femmes dans la société. On est surtout impatient de (re)voir Flèche Love, qui a sorti en mars dernier un premier album, Naga (Part 1), très attendu. On se souvient peut-être qu’Amina Cadelli (son vrai nom) habitait littéralement le groupe Kadebostany (Walking with a ghost), que Castle in the Snow a été remixé par The Avener ou qu’elle a collaboré avec Rone. Cette chanteuse polyglotte (elle chante en anglais, en espagnol voire en arabe) à la voix incroyable se laisse dorénavant guider par ses envies, ses convictions (la sororité, une certaine idée de la « conscientisation »…) et sa spiritualité, entre shamanisme et soufisme. Laissez-vous (em)porter par sa soul habitée… A.H. TRANSBORDEUR Villeurbanne transbordeur.fr
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
Richard Dumas©
DÉAMBULATIONS
GANG OF FOUR 17.12.19 20h30
L’ÉPÉE
JAZZ À BONNE ÉCOLE 21.01.20 > 01.02.20
Bien sûr, il y aura des têtes d’affiche au 21e Saint-Fons Jazz – festival créé par l’école de musique et porté par Norbert Gelsumini – et le grand saxophoniste Kenny Garrett (pourquoi cacher sa joie ?!) jouera en quintet au Théâtre Jean Marais (31/01). Ce même lieu accueille le Contrebasses Messengers 5tet avec trois contrebasses et Wilhelm Coppey au piano, Renaud Garcia-Fons en trio, autre contrebassiste qui croque « son Paris imaginaire », et les trois pin-up rock barrées des Swingirls. Sans oublier un concert où professeurs et élèves se partagent la scène, car c’est « une vraie préoccupation pédagogique ». F.R. THÉÂTRE JEAN MARAIS & HALL DES FÊTES Saint-Fons saint-fons-jazz.fr
DJANGO EN GRAND 29.01.20 20h
Django Reinhardt n’a pas seulement été un guitariste sans limites ou un compositeur tous terrains. Pour des générations de musiciens, il est “la” source. Manouche, virtuose (et comment !), mais aussi défricheur de territoires moins connus. Après un premier concert en octobre sur un Django plus impressionniste et intimiste, le guitariste de jazz et fan du maître, Stéphane Wrembel, invite, sur le grand plateau de l’Opéra de Lyon, les musiciens les plus divers : l’arrière-petit fils de Django, Simba Baumgartner, qui vient de sortir son premier disque, Stochelo Rosenberg, “l’héritier direct” qui joua avec Grappelli, le trio de Théo Ceccaldi, le oudiste majeur Mohamed Abozekry, la violoniste Caroline Bugala, élève de Lockwood… Et, dans l’air de la grande salle, Django himself. F.R. OPÉRA DE LYON opera-lyon.com
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
Emmanuelle Seigner, celle de La Vénus à la fourrure, au chant ? Ce n’est pas nouveau. La comédienne a déjà réalisé une poignée de duos (Bryan Adams, Brett Anderson, Iggy Pop ou Dani), chanté avec le groupe Ultra Orange. Elle s’est aussi offert deux albums solo, dont Distant Lover en 2014. C’est dorénavant avec les Perpignanais de The Limiñanas qu’elle se la donne, rejoints sur le projet par l’ovni Anton Newcombe. Le quatuor de choc alias L’Épée s’est fendu d’un album, Diabolique (sorti en septembre), sous l’œil tutélaire du grand Lou Reed. Des tambourins à grelots, des guitares, du mellotron, la patte Newcombe, de l’électricité, du fuzz, bref tout y est pour donner corps à dix titres accrocheurs et pysché que survole, en français et en anglais – bonjour l’accent frenchy – la voix nonchalante de Seigner. Opération scène pour ce supergroupe, histoire de montrer de quel bois ils se chauffent. A.H. L’ÉPICERIE MODERNE Feyzin epiceriemoderne.com
Guillaume Leingre©
C’ÉTAIT MIEUX AVANT
MARC SEBERG SALLE DE LA CITÉ, RENNES, 1988
LA DERNIÈRE VALSE PHILIPPE PASCAL, CHANTEUR CULTE DE MARQUIS DE SADE ET DE MARC SEBERG, S’EN EST ALLÉ LE 12 SEPTEMBRE. CHEF DE FILE D’UN NOUVEAU ROCK FRANÇAIS, IL N’AURA JAMAIS ÉTÉ RECONNU À SA JUSTE VALEUR.
PAR NIKKI RENARD
MARQUIS DE SADE DANTZIG TWIST
(EMI, 1979) RUE DE SIAM
(EMI, 1981) MARC SEBERG LE CHANT DES TERRES
(Virgin, 1985) LUMIÈRES ET TRAHISONS
(Virgin, 1987)
LIGNES DE FUITE (ÉCRITS 1979-1989) PHILIPPE PASCAL
(Éd. Coprah , 1990)
1985, Marc Seberg livre son second opus, Le chant des terres. À l’époque, Philippe Manœuvre lui consacre, dans son émission Les Enfants du Rock, un long reportage tourné entre Rennes et Saint-Malo. C’est au cours du tournage que je rencontre le groupe pour la première fois, chez un disquaire où je passe le plus clair de mon temps. J’assiste aux répétitions du spectacle Autres Chants mis en scène par Hervé Lelardoux à la Maison de la culture de Rennes. Je me souviens de Philippe, sa beauté ténébreuse, son charisme et cette gestuelle, envoûtante, qui semble comme échappée d’un tableau d’Egon Schiele. Choc émotionnel. Il m’intimide autant qu’il me fascine. C’est toujours intact dans l’écrin de mes souvenirs. L’éclaircie, premier titre presque lumineux, laisse espérer l’arc-en-ciel. Mais quand ? […] L’éclaircie / dans un millier d’années. Puisant son inspiration dans l’expressionnisme allemand de Murnau, le groupe se revendique européen,
reprenant, sur son premier disque, le Surabaya Johnny de Kurt Weill et Brecht. Avec leurs chansons au romantisme noir, je grandis. Je commence à imaginer ma destinée. Je deviendrai chanteur quelques années plus tard... Lumières et Trahisons (1987) est, à mon goût, leur meilleur disque. La production confiée à John Leckie (Simple Minds ou XTC) est impeccable. La plume acérée des textes tranche dans le paysage musical hexagonal d’alors, obnubilé par le Top 50. Le succès critique est indéniable (ils sont élus « groupe de l’année » par les lecteurs de Best), les cinq musiciens enchaînent les concerts devant des salles pleines. Je suis heureux de participer à l’aventure en les aidant à monter le matériel. C’est sur scène que la magie opère lorsque l’émotion m’étreint sur Décembre. Ou que L’Amour aux trousses me prend aux tripes. […] L’amour aux trousses, / aveugle et sourd / enfin ! / L’amour au cœur / attend son heure / pour te prendre par la main [...]
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
FORME & FONCTION Brice Genevois©
TONY
LA HALLE TONY GARNIER
FOR EVER ! L’ACTUALITÉ DE CETTE FIN D’ANNÉE NOUS OFFRE L’OCCASION DE PLONGER DANS LE PASSÉ ARCHITECTURAL ET URBANISTIQUE LYONNAIS. CETTE ÉPOQUE, PAS SI LOINTAINE, S’INCARNE DANS L’ŒUVRE D’UN HOMME, TONY GARNIER, QUI A LAISSÉ À TRAVERS LA VILLE DE NOMBREUSES RÉALISATIONS. L’OCCASION DE (RE)SAISIR UN MOMENT DE L’HISTOIRE DE LYON, AU RETENTISSEMENT URBI ET ORBI.
PAR ÉMILAND GRIÈS
HÔPITAL EDOUARD HERRIOT
Lyon 3
MONUMENT AUX MORTS DE L’ÎLE DU SOUVENIR ET VACHERIE DU PARC
Parc de la Tête d’Or, Lyon 6 HALLE TONY GARNIER
Lyon 7
STADE GERLAND
Lyon 7
Voici cent-cinquante ans que le plus emblématique des architectes lyonnais naissait ! Cet anniversaire est l’occasion, pour la ville qui l’a vu exercer son art, de lui rendre un hommage appuyé et multiforme. Il faut dire que l’homme est remarquable par la précocité de sa pensée et la force intemporelle de ses réalisations. Quel parcours de vie que celui de Tony Garnier ! Véritable croix-roussien, né d’un père dessinateur textile et d’une mère tisseuse, il a usé ses fonds
de culotte sur les bancs de l’école technique de La Martinière. Détenteur du très académique et prestigieux Premier Grand Prix d’Architecture décerné par l’Institut de France en 1899, il est pensionnaire de la Villa Médicis à Rome pendant les trois années qui suivent, pour achever sa formation : voilà un pédigrée fort classique et honorable, qui laisse à l’homme tout loisir de faire fructifier ses lauriers, au cours d’une vie professionnelle assurée et toute tracée pendant la première moitié du XXe siècle.
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
FORME & FONCTION
Enna Pator©
cabinet M. Remon / S. Grazia©
HEH GRANGE BLANCHE
LA VACHERIE TÊTE D’OR
Tony Garnier, a contrario de ce scénario attendu, s’est révélé être un précurseur et un visionnaire de la ville à venir. Pétri d’idées humanistes et hygiénistes, soucieux du bien-être, de l’épanouissement et de la santé de ses contemporains, il est l’auteur de ce qui n’est alors qu’une utopie : une ville idéale, fondée sur la séparation claire des fonctions urbaines et des activités. À l’aube du XXe siècle, il invente, sur le papier, une cité industrielle de 35 000 habitants, entièrement en béton armé et en verre. Ce projet, exposé en plans précis jusque dans les moindres détails d’aménagement et de construction, sectorise de façon totalement novatrice les diverses activités par quartier. Ainsi, celles industrielles, polluantes et sources de nuisances, sont rejetées loin des lieux de vie, lesquels s’organisent de façon rationnelle et aérée, dans une trame urbaine laissant la part belle aux espaces publics , à la détente, aux loisirs, au règne végétal. À cette époque, une toute nouvelle discipline émerge : l’urbanisme moderne. Tony Garnier en est l’un des inventeurs, internationalement reconnu. Lyon, grâce à son maire Édouard Herriot qui lui confie de nombreuses réalisations, devient le terrain d’expérimentation de cette cité industrielle inventée.
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
Tony Garnier y conçoit notamment un hôpital en pavillons, à Grange Blanche, tel une cité-jardin, une plaine de jeux à Gerland avec son stade et sa piscine, les abattoirs de la Mouche au plan ultrarationnel, dont il ne subsiste aujourd’hui que la grande Halle et quelques pavillons, le quartier HBM – « habitat bon marché », ancêtre des HLM, « habitat à loyer modéré » – du boulevard des États-Unis. Tous ces équipements d’envergure, extraits d’une cité imaginée de toutes pièces, forment à l’époque de nouveaux quartiers unifonctionnels, qui accroissent la ville de Lyon et la font entrer de plain-pied dans la modernité. Preuve de leur pertinence, ces équipements sont encore en activité, dans leur fonction initiale ou transformée, et profitent à tous. Autre innovation, d’ordre architectural cette fois : les bâtiments que Tony Garnier dessine pour constituer cette nouvelle ville ont des formes géométriques épurées, simples à construire, alors que les architectes de l’époque cachent systématiquement les structures en béton et en acier derrière une profusion ornementale, allant de la référence végétale pour les plus hardis, jusqu’au pastiche inlassablement recopié des décors classiques, pour les moins créatifs. Celui qui disait « être lié à Lyon par tant de reconnaissance qu’il m’est difficile de m’employer ailleurs » a testé son utopie sur notre territoire, tout en vivifiant le tissu urbain. Lyon, en ce début du XXe siècle, prenait quelques foulées d’avance sur son temps.
TONY GARNIER L’AIR DU TEMPS
Musée Urbain Tony Garnier, Lyon 8 > 13 DÉC. museeurbaintonygarnier.com TONY GANIER : L’ŒUVRE LIBRE
> 1ER MARS 2020 Fort de Vaise, Lyon 9 fondation-renaud.com LE MAIRE ET L’ARCHITECTE
> 21 MARS 2020 Les Archives Municipales, Lyon 2 archives-lyon.fr TONY GARNIER… ET MAINTENANT ?
1ER AVR. > 30 JUIN 2020 Bibliothèque de la Part-Dieu, Lyon 3 bm-lyon.fr
L’architecte en son œuvre Pour honorer la pensée avant-gardiste mondialement reconnue de Tony Garnier, de nombreuses expositions sont prévues à Lyon, dont certaines installées dans ses propres bâtiments. Chacune developpe son thème et sa vision de l’œuvre de l’architecte. Deux événements retiennent l’attention parmi la pléthore proposée : tout d’abord la toute récente édition de son ouvrage richement illustré La Cité industrielle, en vente à la librairie Archipel. Ce fac-similé de l’exemplaire original de 1917, vraisemblablement offert au maire Édouard Herriot, a été rendu possible par la numérisation des 171 planches restaurées par les Archives Municipales. Par ailleurs, la présentation de l’œuvre libre de l’architecte, sous la forme de dessins, peintures et croquis, extraits de la collection de la Fondation Renaud au Fort de Vaise. Ce fonds d’originaux, rarement dévoilé au public, permet d’apprécier la virtuosité et la maîtrise graphique de Tony Garnier.
Blaise Adilon©
SAGA
COURTESY DE L’ARTISTE ET [OF THE ARTIST AND] VNH GALLERY, PARIS ; GALERÍA JOSÉ DE LA FUENTE, SANTANDER. © ADAGP, PARIS, 2019.
THE SACRED SPRING AND NECESSARY RESERVOIRS, 2019.
Bianca Bondi
saline AUX USINES FAGOR, QUI ACCUEILLENT LA 15E BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN DE LYON, L’ARTISTE SUD-AFRICAINE BIANCA BONDI A INSTALLÉ SON ŒUVRE ÉVOLUTIVE : UNE CUISINE PRISE DANS LES SELS. SA BEAUTÉ DÉSERTÉE TROUBLE, TEL LE TEMPS QUI PASSE.
PAR FLORENCE ROUX
BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN DE LYON LÀ OÙ LES EAUX SE MÊLENT
> 5 JAN.I Usines Fagor, MAC-Lyon, I.A.C Villeurbanne etc. biennaledelyon.com
Difficile d’échapper, dès le seuil des anciennes Usines Fagor, à cette odeur qui persiste, fantôme des machines en mouvement et des ouvriers au travail jusqu’en 2015. Difficile, sans doute, d’investir aujourd’hui, avec des œuvres d’art, cet endroit habité. C’est ce que réussit pourtant Bianca Bondi avec The Sacred Spring and necessary reservoirs, l’installation qu’elle a nichée dans un recoin de la halle 2, à droite de l’entrée, à l’intérieur d’une sorte de bocal qui a pu (dû) abriter des bureaux ou un local de détente... Dès l’entrée, une acidité saisit, une odeur s’impose avant même que l’œil ne distingue, dans la pénombre du couloir, un parterre de verre qui mène à l’installation placée dans la lumière : une cuisine intégrée. La jeune artiste sud-africaine qui vit à Paris a voulu « évoquer l’histoire de cette usine d’électroménager ». Et tout y est : îlot central, placards, étagères, frigo géant, sièges, casseroles, bocaux en tous genres, vases, verres, tasses, assiettes... Tout y est, mais recouvert d’un voile givré ou de neige soufflée, saisissant les objets à l’heure du thé : verres remplis d’un liquide bleu ou vert, bocaux
contenant des flocons jaunes, fleurs prises dans des cristaux, cuillère figée dans la tasse… Le temps se seraitil arrêté ? Pas vraiment. L’artiste, qui surveille régulièrement son œuvre, assure au contraire que « les matières évoluent en permanence et que cette transformation est au cœur » de son travail. Entre alchimie et mysticisme, elle a recouvert le décor de sel et d’eau, placé ici et là des morceaux de cuivre, le métal de Vénus qui, se corrodant, apporte des touches turquoise au décor. Elle a ajouté autre chose qu’elle préfère ne pas nommer. « Je voulais rendre hommage à la mémoire douloureuse du lieu en le reliant à l’univers de la cuisine, dit-elle. C’est un endroit où l’on mange, où on est bien. Et le sel purifie l’air de sa toxicité. Quand vous bénissez un espace, la première chose à faire est de répandre de l’eau salée, ou d’y placer de la sauge. Ma pièce absorbe la toxicité et nettoie l’air »... Reste que Sacred spring, s’il dégage beaucoup de douceur, laisse la curieuse sensation que pas un être vivant n’a survécu à cette catharsis saline.
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
DÉAMBULATIONS
Alice Beuvelet©
arts visuels
PAR VALIE ARTAUD, EMMANUELLE BABE & BLANDINE DAUVILAIRE
CE SENTIMENT DE L’ÉTÉ
UN ÉTÉ À SAINT-RAMBERT
JUSQU’AU 20.12.19
LE MONDE EST UNE INVENTION SANS FUTUR, WOODEN MARQUETERY AND BOOKS, 2019 (DETAIL)
Fondation Bullukian - Pauline Roset©
Après sa série consacrée aux plages puis aux chambres de bonne parisiennes, c’est du côté de Saint-Rambert que la photographe Alice Beuvelet est venue pointer son objectif et poser ses valises. Le temps d’une résidence estivale à L’Attrape-couleurs (qui déménage, après vingt ans de bons et loyaux services, à La Duchère début 2020), l’artiste est allée à la rencontre de ceux qui ne partent pas en vacances. Au fil des discussions et des liens tissés, elle a ainsi pris la température, s’imprégnant de l’esprit d’un quartier entier durant cette période si particulière qu’est l’été. Résultat : une exposition à la tonalité douce et poétique, jalonnée de portraits, de scènes de vie ou d’interviews sonores, donnant à découvrir ce quartier du 9e arrondissement, ce bel inconnu. V.A.
L’ART ET LA MATIÈRE JUSQU’AU 04.01.20
Amis de la marqueterie et du velours, la Fondation Bullukian pense à vous ! Ce sont là quelques-unes des composantes essentielles de l’exposition d’Andrea Mastrovito. Avec Le monde est une invention sans futur, l’artiste italien a traduit ses dessins en marqueterie de bois. Clin d’œil réussi à la ville où est né le cinéma, les sept panneaux reprennent les thématiques des films des Frères Lumière pour les transposer au monde d’aujourd’hui, soit une surface au sol de plus de 100 m² que l’on traverse, équipé de chaussons. Côté jardin de la fondation, l’œuvre de Jérémy Gobé, Anthropocène, prend la forme d’une série de sculptures en mortier minéral dont l’impact environnemental réduit conjugue art, industrie et développement durable pour une possible sensibilisation aux défis contemporains. V.A. FONDATION BULLUKIAN Lyon 2 Biennale d’art contemporain de Lyon bullukian.com
PÔLE 9 MJC de Saint-Rambert, Lyon 9 attrape-couleurs.com
HORS CADRES JUSQU’AU 19.01.20
Pablo Picasso était un artiste total : le peintre s’est aussi révélé poète, sculpteur, dramaturge, concepteur de décors. Alors quoi de plus pertinent que les origamis pour rendre compte des multiples facettes de la figure de proue du cubisme. Accueillie en première mondiale à La Sucrière, l’exposition Imagine Picasso est fondée sur le principe de l’immersion dans l’œuvre de l’artiste. Une expérience hautement sensible, à l’ambition résumée ainsi par Annabelle Mauger, coréalisatrice avec Julien Baron : « ouvrir l’espace de l’émotion, du rêve et de la contemplation » Au son de musiques d’époque et actuelles, le visiteur plonge dans les deux-cents œuvres projetées en flux continu sur les murs et sur les structures angulaires conçues par l’architecte Rudy Ricciotti. Au fil de la séquence d’une trentaine de minutes, on s’immerge de façon insolite dans l’intimité de la création. Picasso en mode funky reste aussi étourdissant ! Seul bémol : le tarif qui peut réfréner les ardeurs des plus curieux… E.B. LA SUCRIÈRE Lyon 2 lasucriere-lyon.com
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DÉAMBULATIONS
L’AUTRE CARTE DU MONDE JUSQU’AU 29.12.19
L’agence parisienne Encore Heureux Architectes a défendu son concept de « lieux infinis » lors de la Biennale d’architecture de Venise 2018 : dans une exposition au Pavillon français, elle a présenté sa sélection de dix sites pionniers en France. Chaque visiteur était invité à renseigner une fiche, en y notant son propre lieu infini. À l’arrivée : 8 318 fiches récoltées ! L’acte II se joue à Lyon, aux Halles du Faubourg. Pendant un an, des chercheurs de l’École urbaine de Lyon ont dépouillé et traité quelque 5000 fiches. « L’idée était de transformer ce corpus en une sorte d’archives contemporaines », explique le chercheur Jérémy Cheval. La photo de chaque lieu évoqué a été recherchée. L’ensemble constitue la matière de l’exposition, des milliers d’images classées sur le mode de l’atlas géographique dans lequel espaces naturels et sites habités sont fortement représentés. Le processus reste en cours puisque de nouvelles fiches sont à disposition des visiteurs des Halles du Faubourg. Et vous, quel est votre lieu infini ? E.B. LES HALLES DU FAUBOURG Lyon 7 leshallesdufaubourg.fr
ENFANTS DU PAYS
JUSQU’AU 16.02.20I
Labellisé « Pays d’art et d’histoire » en avril dernier, le Beaujolais est un vivier de talents. Pour s’en convaincre, une visite au Musée Paul-Dini s’impose. Sur le thème du portrait, l’exposition Beaujolais : arts, hommes et territoires de la Révolution à nos jours célèbre ceux qui sont nés ou ont vécu ici. Parmi les plus connus : Claude Bernard, fondateur de la médecine expérimentale, les peintres Suzanne Valadon, Maurice Utrillo et Jean Couty, les photographes Blanc & Demilly, le musicien Maurice Baquet. Une sélection de photos met en lumière des anonymes, et un hommage est rendu à ceux qui ont permis au musée Paul-Dini d’exister. B.D.
LÉON LHERMITTE - CLAUDE BERNARD DANS SON LABORATOIRE FAISANT SES EXPÉRIENCES DE VIVISECTION, 1889 - HUILE SUR TOILE 180 X 280 CM
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
Paris, coll. Cnap ; dépôt à l’Académie nationale de médecine©
MUSÉE PAUL-DINI Villefranche musee-paul-dini.com
FOKUS
PHOTOS PIERRE BOA
L’homme est discret, secret même. Il peine à se dévoiler, comme entouré d’une aura de mystère à l’instar de ses photos souvent fantomatiques et mélancoliques, qui disent des états d’âme et des sensations d’être. « J’ai toujours associé les choix que je fais en photo à l’affect et à l’instinct ; à des atmosphères… C’est un moyen de me décharger de ce qui m’habite. » Pierre Boa, 36 ans, autodidacte, est un amoureux du beau qui nous entoure, la nature, les montagnes où il est né, une rue, le milieu aquatique qui le fascine, les rues entre ombres et lumières, une silhouette évanescente... Il est tombé dans la photo, « un exutoire », depuis « seize/dix-sept ans » et poursuit une route très personnelle et sensible, loin des dogmes, du concept et de l’hyperintellectualisation de l’œuvre. Pour lui, « cela se passe au niveau du ventre. Comme manger quand on a faim. C’est une humeur, une envie… en adéquation avec mes fantasmes du moment. » Après plus de dix ans à travailler en numérique, il est revenu à l’argentique, il y a deux ans. « Une renaissance et une révélation. J’avais envie de retrouver du calme dans la façon de photographier les choses, de la lenteur aussi. En argentique, tu prends le temps de respirer et ensuite de photographier. J’avais besoin aussi de me rapprocher de la matière physique d’une photo (le négatif). » La non-instantanéité des images leur donne une dimension magique, explique-t-il : « Chaque photo que tu fais devient quelque chose de précieux ». En noir et blanc ou en couleurs (souvent pâles et presque surannées), il saisit des instants de vie au fil de ses errances (les sujets
PAR ANNE HUGUET
ATMOSPHÈRE
pierre boa
MÉDUSE - CORSE, JUIN 2019
LA DAME EN NOIR ET LE SEL TUNISIE, JUIN 2019
ATALYSER ON ENVIE E BEAUTÉ ET E MYSTIQUE RÉATIF
BAIN DE MIDI - SUISSE, JANVIER 2019
pierreboaashka pierreboa
LA ROUTE PERDUE ET LE SABLE - TUNISIE, JUIN 2019
BOMBE H
JUSQU’AU 25 JAN. 2020I Poltred, Lyon 3 poltred.fr
SES IDOLES & SES MARQUEURS David Lynch, Pink Floyd, Vivian Maier, Henri-Georges Clouzot, Raymond Depardon, Radiohead, H.P. Lovecraft, Jacob Aue Sobol, José Carlos Somoza, RIEN (le groupe)…
et les lieux changent, pas l’atmosphère, souvent mystérieuse) et des « élans qui l’habitent ». « C’est l’ambiance inhabituelle du moment qui provoque l’envie de déclencher. Je ressens que l’instant est particulier. » Ce qui revient dans ses images ? Des paysages énigmatiques, la neige, des corps furtifs, des bulles, des éclats de lumière, des reflets, des ombres en contre-jour, des ciels chargés, des jours d’hiver, la brume, des arbres décharnés, des vues d’en-haut, l’eau et encore des bulles… « Le subaquatique est un lieu particulier. En partie accessible à l’humain, pourtant, il n’est pas fait pour lui. Cette particularité en fait un endroit étrange par nature. C’est cette étrangeté qui me plaît le plus dans la photographie sous l’eau. » Pas vraiment de séries chez Pierre Boa, plutôt de grands thèmes (Melancolia, Who Are You, Route perdue), comme une invitation dans son intimité sensible. Il y est question de silence, de solitude (face au monde, au sens propre et figuré), d’humanité sans doute. Avec une dimension onirique. La bonne photo est pour lui « celle où la part de rêve est possible. J’ai envie que les gens fassent leur part de voyage mais en laissant libre cours à leur propre interprétation. Que chacun puisse y projeter ce qu’il souhaite. » Alors laissez-vous happer…
Nicolas Martinez©
SUCCESS STORY
LA FIN DE L’HOMME ROUGE
EMMANUEL MEIRIEU
ORCHESTRE EN JANVIER, EMMANUEL MEIRIEU PRÉSENTE SES DEUX DERNIÈRES PIÈCES. LES NAUFRAGÉS ET LA FIN DE L’HOMME ROUGE SONT DES MOMENTS DE THÉÂTRE SI POIGNANTS ET SI BEAUX QU’ILS VOUS HANTENT LONGTEMPS. ATTENTION, REPRÉSENTATIONS UNIQUES.
PAR TRINA MOUNIER
LA FIN DE L’HOMME ROUGE
7 JANVIERI Radiant-Bellevue Caluire radiant-bellevue.fr LES NAUFRAGÉS
24 JANVIERI Théâtre de Vénissieux theatre-venissieux.fr
Votre style a beaucoup évolué depuis vos débuts… EMMANUEL MEIRIEU J’ai essayé beaucoup de choses jusqu’à trouver un geste qui me ressemble, un répertoire d’histoires contemporaines que je vais chercher dans des romans et une famille d’acteurs. Les personnages empruntés aux écrivains que j’adapte sont souvent en guerre avec la vie, de grands brûlés, des écorchés, des oubliés, des humiliés, mais qui endurent : ils encaissent. Et ils viennent nous faire partager cette expérience pour nous aider à vivre. Je ne crois pas qu’on puisse guérir de tout. On peut, ou peut-être doit-on, vivre avec ses cicatrices. Comment choisissez-vous les histoires ? EM Le plus gros de mon travail est de trouver des histoires inédites au théâtre et les êtres humains qui vont raconter avec moi. Une prospection permanente. Toujours des romans contemporains, des histoires vraies, c’est essentiel pour moi. Les Naufragés, c’est un texte d’un grand auteur qui partage son expérience. Les personnages de Svetlana Alexievitch sont des petits hommes, comme moi, mais dont la vie privée, intime, a été prise, fracassée, dans les grands mouvements de l’histoire.
Comment utilisez-vous ce matériau ? EM Je n’opère ni montage, ni compression, ni résumé : je trace un chemin personnel et sincère dans l’œuvre d’un autre. Cela commence par un gros travail de syntaxe sur les temps, le rythme. Puis je restructure entièrement toute l’histoire avec une idée : qu’est-ce que je veux dire à travers les mots d’un autre ? Il faut créer des passerelles entre les témoignages. Vous dites vouloir créer un « écrin de lumière ». commence par les sons, puis les acteurs et la musique. L’image vient en dernier. Je travaille très vite avec les acteurs. Je viens chez eux pour les enregistrer. Quand les répétitions commencent, plusieurs mois après, je les plonge dans mon univers avec tout ce qui a été préparé dans l’intervalle. Et je leur tends le micro qui va leur permettre d’exprimer leur fragilité, de fouiller leur intériorité. Ce sont de très grands acteurs du théâtre public, surentraînés aux grands textes. EM Je
La production, une étape essentielle ? EM Produire, c’est préparer la terre, enlever les cailloux pour que ça pousse. J’y suis très attaché. Chaque choix de production est un choix artistique.
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BÊTES DE SCÈNES
DANS LES ELLIPSES LADY MACBETH
Anne Laure Etienne©
DE L’HISTOIRE DUNSINANE, ÇA VOUS DIT QUELQUE CHOSE ? LES FÉRUS DE SHAKESPEARE SE SOUVIENNENT QU’IL S’AGIT DU DERNIER REFUGE DE MACBETH. C’EST AUSSI LE TITRE D’UNE PIÈCE DE DAVID GREIG QUI CHOISIT DE FAIRE COMMENCER SON HISTOIRE LÀ OÙ SHAKESPEARE L’AVAIT LAISSÉE. AVEC BAPTISTE GUITON DANS LE RÔLE DU METTEUR EN SCÈNE.
C’est le deuxième texte de David Greig que vous montez au théâtre. BAPTISTE GUITON C’est un auteur qui a ce sens très anglo-saxon du dialogue, qui ne craint pas la cruauté des situations et les traite avec beaucoup d’humour. Du vrai théâtre populaire fait pour les acteurs. En réalité, il ne voulait pas écrire sur Macbeth mais sur ces jeunes soldats encore en construction qu’on envoie dans des territoires qu’ils ne connaissent pas, qui ne veulent pas d’eux et dont ils ne comprennent pas la langue. Une histoire de colonisation qui fait penser à l’Irak ou à DUNSINANE l’Afghanistan. PAR TRINA MOUNIER
17 JAN. 2020I Théâtre de Vénissieux theatre-venissieux.fr 23 JAN. > 8 FÉV. 2020I TNP, Villeurbanne tnp-villeurbanne.com
Pourquoi cette pièce-là ? BG Dunsinane est une pièce complètement dingue qui dure trois heures et compte quarante rôles. Je l’ai donc traitée autrement. Le bain médiéval, ça encombre le
jeu ! Je voulais surtout faire entendre les trois grandes questions qu’il pose : l’insoumission féminine face au pouvoir patriarcal – représentée par Lady Macbeth –, l’impossible probité de la guerre et les problèmes liés à l’occupation en terre étrangère. Qui avez-vous choisi pour incarner Lady Macbeth ? BG Clara Simpson. Elle est anglaise. Or, dans cette histoire qui oppose l’armée anglaise aux clans écossais, l’incompréhension linguistique est fondamentale. Les parties en gaélique ne sont d’ailleurs pas traduites et nos acteurs ont dû apprendre leurs répliques phonétiquement. J’ai voulu des acteurs qui ont de l’épaisseur, capables de faire sentir la violence et aussi la douleur, comme Gabriel Dufay. Tous ont perdu un enfant dans cette guerre. Le théâtre doit s’emparer de ces réalités-là.
TEMPS FORT « JEUNES CRÉATRICES »
théâtre au féminin Elles tournent beaucoup avec leurs spectacles et à juste titre. Après Valence et Saint-Etienne, avant Les Subsistances à Lyon, elles font halte au Théâtre de Villefranche qui leur consacre trois jours de suite. Plus d’excuse pour ne pas les connaitre ! Deux textes très touchants de Julie Rossello-Rochet sont au programme :
Sarrazine, consacré à l’auteur de L’Astragale, mis en scène par Lucie Rébéré, et Part-Dieu, chant de gare, par Julie Guichard, qui raconte l’arrivée à Lyon d’un jeune migrant. Joséphine Chaffin et Clément Carabédian signent, eux, un spectacle sensible, Midi nous le dira, sur la nécessité de s’affranchir des modèles pour devenir adulte. Sur une
29 JAN. > 1ER FÉV. 2020I Théâtre de Villefranche-sur-Saône theatredevillefranche.com
thématique proche, Linda Blanchet évoque avec Le Voyage de Miriam Frisch la recherche d’identité d’une jeune Allemande partie vivre dans un kibboutz. Des spectacles incisifs et contemporains par des jeunes femmes qui n’ont pas froid aux yeux. T.M.
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Pierre Borasci©
BÊTES DE SCÈNES
Denis Plassard
Scène(s) de délit LA COMPAGNIE PROPOS, CORNAQUÉE PAR LE CHORÉGRAPHE DENIS PLASSARD, CRÉE DANS LE DÉTAIL, UNE PIÈCE TELLE UNE ENQUÊTE CHORÉGRAPHIQUE. UN HOMME A DISPARU ET LES SEPT DANSEURS SONT TOUS SUSPECTS. TOUS ? À VOIR. DENIS PLASSARD PASSE AUX AVEUX. OU PRESQUE.
PAR FLORENCE ROUX
D’où vient votre idée d’enquête ? DENIS PLASSARD Je reprends le dispositif d’intrigue chorégraphique du spectacle Cluedo, que j’avais imaginé en 2017 pour Un samedi en famille, à la Maison de la Danse. Cette fois, nous offrons un récit qui joue avec la réalité sur un sujet qui nous concerne tous. Nous sommes sept danseurs à suivre un stage de reconversion lorsque le directeur disparaît. L’un de nous est le coupable. Mais qui ? Indice : c’est celui, ou celle, qui danse et redanse le même morceau, dans chacun des sept tableaux de sept minutes que nous présentons. Quel que soit le thème ou le rythme, lent dans le premier tableau intitulé Ligne de suspects ou très rapide dans La scène de la fuite, il ou elle répète les mêmes mouvements, précisément. Les spectateurs découvrent-ils vite le suspect ? DP Ce n’est pas si évident ! Les musiques peuvent aider. Composées par sept musiciens, elles ont toutes un tempo commun que j’ai imposé. Mais nous tendons des pièges, bien sûr. Ainsi, tous, à un moment ou à un autre, nous reprenons des bribes de la danse de l’interprète coupable… Nous avons décortiqué les mouvements, un peu comme dans Tex Avery, pour orienter le regard et inviter le spectateur à regarder la mécanique de la chorégraphie et du jeu. En observant bien la partition – portés, solos, duos, mouvements d’ensemble –, on entre dans l’écriture de la danse de façon ludique et très simple…
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DANS LE DÉTAIL
4 DÉC. Théâtre du Vellein Villefontaine (38) levellein.capi-agglo.fr 7 AU 11 JAN. 2020 Maison de la Danse maisondeladanse.com
EN APARTÉ
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO
Chic, le MOI de la danse revient ! En trois ans, ce festival, qui a remplacé Aires de jeu, s’est fait une place dans le paysage chorégraphique régional, creusant les questions existentielles comme « Qui suis-je quand je danse ? Quelle est mon identité ? ». Il invite des chorégraphes que le public a peu l’occasion de voir ailleurs, tout en faisant la part belle à la jeune création. Soit six compagnies, dont Marco Da Silva Ferreira, chouchou du lot.
PAR BLANDINE DAUVILAIRE & FLORENCE ROUX
Fiction satirique
Quand Fabrice, le héros de Zaï Zaï Zaï Zaï, la BD de Fabcaro, ne retrouve pas sa carte du magasin à la caisse, il devient « en quelques heures » l’ennemi public numéro un. Les artistes du Théâtre de l’Argument déclinent cette fable kafkaïenne et burlesque sur scène, en une fiction radiophonique. Ce théâtre sonore « à vue » doit traduire, disent-ils, « les traits minimalistes de Fabcaro dans lesquels les postures comptent plus que les visages et les détails ». F.R. 18 > 29 DÉC. THÉÂTRE DES CÉLESTINS 24 > 26 MARS 2020 BONLIEU, Annecy (74)
José Caldeira©
BÊTES DE SCÈNES
CORPS EN (É)MOI
C’est déjà demain
L’enfance et l’intelligence artificielle sont au cœur de Contes et légendes, la dernière création de Joël Pommerat. Le metteur en scène imagine un futur proche où les jeunes, confrontés aux bouleversements de l’adolescence, sont entourés de robots androïdes. La présence de ces machines qui leur ressemblent tant vient bousculer un peu plus encore leur réflexion et la nôtre. Comment se construire dans un monde envahi de technologie ? B.D. 10 > 21 DÉC. TNP Villeurbanne
À fleur de cœur
Sofia Teillet profite De la sexualité des orchidées pour nous donner une leçon d’amour. À la manière d’une conférencière, elle dévoile les stratagèmes développés par le monde végétal pour rencontrer l’autre, tout en étant enraciné. Ses observations savoureuses questionnent nos propres comportements. À voir dans le cadre du festival Nos Futurs qui « interroge le réel et imagine demain ». B.D. 29 & 30 JAN. 2020 TNG - LES ATELIERS Lyon 2
Après Hu(r)mano, déjà vu aux Subsistances en 2015, voici que déboule Bisonte, la dernière création du chorégraphe portugais le plus singulier de sa génération. Pièce pour six interprètes – trois femmes et trois hommes –, Bisonte joue avec les codes de la masculinité mais aussi de l’esthétique queer et de la confusion des genres. Sur une musique tribale percussive où se mêlent des réminiscences classiques et la voix de Laurie Anderson, les danseurs construisent et déconstruisent des trios, des duos et des unissons, fabriquant des images de guerriers du futur ou de créatures hybrides échappées d’un dessin de Moebius. Alliant l’énergie et la rage du krump* à une composition rigoureuse, le flow du hip-hop à la poésie de gestes minuscules, la danse de Marco Da Silva LE MOI DE LA Ferreira, fiévreuse et nerveuse, se déploie avec l’énergie du DANSE #5 désespoir et une vitalité contagieuse. Dans une sorte de transe 23 JAN. > 9 FÉV. 2020I collective, oscillant entre folie furieuse et calme mélancolique, Les Subsistances elle questionne autant qu’elle emporte. Lyon 1 les-subs.com
*Danse inspirée du hip-hop, née dans les années 2000 au cœur des bas quartiers de Los Angeles
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Julien Benhamou©
MAGMA EN RÉPÉTITION
LA QUÊTE PAR GALLIA VALETTE-PILENKO
Magma (pour Marie-Agnès Gillot et Marín Andrés) est le titre (provisoire) d’un improbable duo entre la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot et le danseur flamenco Andrés Marín. Choc des cultures et des ego réunis autour de Christian Rizzo qui fait figure de passeur. Ou plutôt de tisseur de liens entre ces deux monstres sacrés, chacun dans son genre. Il est en effet question de voir comment deux univers aux antipodes peuvent se rencontrer, puisque la première cherche l’élévation et la légèreté tandis que le second est intimement lié au sol et à l’enracinement. La chose qu’ils ont en commun, selon Rizzo, « c’est l’espace ». Un espace qui se déploie, un espace vide qu’ils vont manipuler, chacun selon ses codes, chacun dans sa pratique, inscrite dans leur corps et leur histoire, comme « le surgissement d’une posture enfouie ». Cela tombe bien, le chorégraphe installé à Montpellier s’intéresse depuis quelque temps aux pratiques différentes, que ce soit la danse traditionnelle avec le splendide D’après une histoire vraie, les danses de club avec Le syndrome Ian ou les danses de couple avec Ad noctum. « Ça me guide en me déplaçant, explique-t-il, ça me fait dériver, dans le bon sens du terme. La joie de l’avancée est plus importante que le point qu’il faut MAGMA atteindre. » Pour troubler, trouver 19 & 20 DÉC. une chambre d’écho, ou peut-être Maison de la Danse le fantôme d’une danse, un port de maisondeladanse.com bras qui change une dynamique, un 15 & 16 JAN. 2020 Comédie de pas qui prend un relief étrange et Valence (26) convoque d’autres images. Création. comediedevalence.com
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
THE PAJAMA GAME, COMÉDIE MUSICALE À SUCCÈS NÉE À BROADWAY EN 1954 ET ADAPTÉE EN FILM EN 1957, FAIT SWINGUER LES PLANCHES DES THÉÂTRES DE LA RENAISSANCE ET DE LA CROIX-ROUSSE. DANS UNE MISE EN SCÈNE DE JEAN LACORNERIE, AVEC GÉRARD LECOINTE À LA DIRECTION MUSICALE. ILS (S’)EXPLIQUENT.
PAR FLORENCE ROUX
THE PAJAMA GAME
12 > 14 DÉC.I Théâtre de la Renaissance Oullins theatrelarenaissance.com 18 AU 29 DÉCEMBREI Théâtre de la Croix-Rousse Lyon 4 croix-rousse.com Jérôme Bertin©
BÊTES DE SCÈNES
Le swing de la lutte des classes
Comment avez-vous choisi cette œuvre ? JEAN LACORNERIE Nous cherchions une comédie musicale à créer ensemble et celle-ci est assez étonnante ! Le livret est formidable, tout à fait inattendu pour les musicals américains des années cinquante. Il traite d’un conflit social, et d’un conflit de genres, entre des ouvrières d’une fabrique de pyjama et les managers qui les exploitent. Il y a la lutte, mais aussi une histoire d’amour, beaucoup d’énergie et une savoureuse galerie de portraits. Chanter et danser sur ces sujets-là, c’est à la fois ironique et joyeux. GÉRARD LECOINTE Cette œuvre, à l’opposé de l’unité d’un West Side Story, par exemple, offre une succession de chansons de tous les styles. On passe de la musique d’opérette à un tango, d’un morceau folklo à une valse, avec beaucoup de jazz. Il y a même des standards, comme Hey there (le plus connu), Steam Heat et Hernando‘s Hideaway… Ce sont des musiques plaisantes, qui semblent simples, mais sont sophistiquées en vérité. Plus je travaille, plus je les aime ! Comment avez-vous travaillé, justement ? GL Pendant six mois, j’ai apprivoisé, arrangé, concentré, interprété cette partition pour la jouer et la chanter sur scène en anglais, mais avec une distribution bien plus modeste qu’à Broadway ! Nous serons treize sur scène, avec trois musiciens dont moi aux percussions… Tous les comédiens chantent, dansent et jouent même d’un instrument. Il fallait donc adapter les morceaux à une formation à géométrie variable. Et, quoi qu’il arrive, se mettre au service d’un spectacle. JL De mon côté, en amont des répétitions, j’ai construit le
JEAN LACORNERIE & GÉRARD LECOINTE
cadre avec le chorégraphe Raphaël Cottin et le scénographe Marc Lainé. Il y a de très nombreux tableaux, l’action se déroule sur plusieurs jours entre conflits, meetings et histoires intimes... Ce que j’aime dans la comédie musicale, c’est que la critique de l’entreprise ne passe pas par le discours ou la représentation des rapports de classes, mais par les refrains et les figures dansées, joyeuses, enlevées. Cela permet de dire plein de choses sur les rapports sociaux, sans renoncer à la légèreté.
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
Geoffray Chantelot©
Van Gogh à la lettre PAR TRINA MOUNIER
La Meute, vous connaissez ? C’est cette compagnie de théâtre habituée des grandes sagas – Karamazov, Famille Royale – et aux débordements en tous genres… Aussi le dernier projet de Thierry Jolivet ressemble-t-il à un virage à 180°. Pour son premier seul-en-scène, il a choisi Vie de Joseph Roulin de Pierre Michon, un court roman qui donne la parole à un simple facteur qui côtoya Van Gogh sans savoir qui il était. La vocation de la pièce est à la fois d’exhumer l’histoire humaine et de faire entendre un écrivain. « C’est un contrepied après les violences humaines au centre des précédents spectacles. J’ai eu envie de quelque chose de doux et de personnel, dédié à l’écoute de ce magnifique texte. J’aime éperdument l’écriture de Pierre Michon. Et le biais qu’il prend ici pour parler d’art, de foi et de courage, m’a particulièrement convaincu. » Il est impossible d’écrire l’histoire de Van Gogh : tout le monde la connaît (ou croit la connaître). « Passer par le regard de Joseph Roulin pour parler de celui qui ne savait pas, lui-même, qu’il deviendrait Van Gogh, c’est retrouver l’innocence, celle de quelqu’un qui ne connaît rien à la peinture, ne s’y intéresse même pas mais perçoit l’exceptionnel, le miraculeux chez cet homme. C’est un détour très beau pour parler de la peinture et de ce destin tragique. » Plus proche du concert que du théâtre, la pièce se joue dans une chambre sombre avec deux musiciens, un vidéaste et un acteur. « Tandis que des tableaux sont projetés en fond de scène, détaille VIE DE JOSEPH Thierry Jolivet, la musique enveloppe cette langue sublime comme ROULIN elle le ferait pour un poème, pour un chant. Le registre musical mêle 11 > 20 DÉC. Théâtre des des sonorités électroniques à une harmonique proche de la pop. » Célestins Une manière de teinter cette histoire aux couleurs d’aujourd’hui. celestins-lyon.com
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
À LA MOULINETTE
BLOG, ESSAIS, DOCUMENTAIRES, MAIS AUSSI THÉÂTRE. FRANÇOIS HIEN EST AUTEUR ET RÉALISATEUR, C’EST SURTOUT UN CURIEUX ET UN PROLIFIQUE TOUCHEÀ-TOUT. francoishien.org
TOUT terrain FRANÇOIS HIEN
L’AFFAIRE CORRERA (…)
13 & 14 DÉC. Maison des Fêtes et des familles à La Duchère Lyon 9 OLIVIER MASSON DOIT-IL MOURIR ?
14 > 25 JAN. 2020 Théâtre des Célestins 10 MARS 2020 La Mouche Saint-Genis-Laval LA CRÈCHE
30 MARS > 4 AVR. 2020 Théâtre du Point du Jour Lyon 5
LES SOUCIEUX
Éditions du Rocher SORTIE MAI 2020
PAR TRINA MOUNIER
À QUI AURIEZ-VOUS AIMÉ RESSEMBLER QUAND VOUS ÉTIEZ PETIT ?
Marty McFly, le héros de Retour vers le futur.
Cinésilex Prod 10 DÉCEMBRE Théâtre de l’Élysée Lyon 7
QUEL PÉCHÉ VOUS TENTE LE PLUS ?
La gourmandise et l’orgueil… Ils me guettent !
QUI AURIEZ-VOUS RÊVÉ D’ÊTRE ?
QU’EST-CE QUI VOUS FAIT VOIR ROUGE ?
Tchekhov. Un écrivain que j’admire et un homme délicieux. C’est rare que les deux coexistent. On est souvent déçu d’apprendre qui était dans la vie un auteur qu’on aime.
La mauvaise foi.
QU’EST-CE QUI VOUS ÉMEUT ?
Tout. Je pleure beaucoup, au cinéma et dans ma vie. Un bon outil intérieur pour écrire. APRÈS LA FIN DE FRANÇOIS HIEN
PHOTO JÉRÔME BERTIN
QU’EST-CE QUI VOUS FAIT RIRE ?
Ceux qui sont capables de rire d’eux-mêmes. Car rire des autres est toujours un peu déplaisant.
QUE FERIEZ-VOUS S’IL VOUS RESTAIT 24 HEURES À VIVRE ?
Je les passerais avec mon fils. QUEL EST LE MOT DE LA LANGUE FRANÇAISE QUE VOUS AIMEZ LE PLUS ?
(Long silence) Difficile, je n’ai pas vraiment d’idée. (Re-silence) J’ai envie de dire bienveillance, même si ça fait un peu catho de gauche. J’aime bien l’idée de " veille" qu’il contient. J’ai plutôt un rapport au sens.
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
ADN
Raphaël Armand©
ÉCLAIRÉ PAR LUCIE DIONDET
raphaelarmand.fr
Enfant, Raphaël Armand arpente tous les récupérés auprès de retraités d’usines, recoins du théâtre(1) familial, s’amusant les plans disséqués dans les archives IL EXISTE, DANS LA VILLE DES FRÈRES des effets d’ombres et de lumières. Son compilées depuis l’adolescence. Il LUMIÈRE, UN «ÉCLAIRAGISTE» UNIQUE goût pour l’architecture se façonne sous retrouve les techniques d’antan qui EN SON GENRE. NOSTALGIQUE DES les projecteurs qui habillent les volumes lui permettent de concevoir des objets RÉVERBÈRES, FÉRU D’ARCHITECTURE de la salle de spectacle. La lumière à structure géométrique de haute ART DÉCO, RAPHAËL ARMAND « qui (re)donne tout son sens à l’espace » technologie. Au verre succèdent les CRÉE DE A À Z DES LUMINAIRES. devient son guide. Autodidacte, il polymères rares. Son expertise finit par IL RALLUME AUSSI LES BÂTIMENTS fait ses premières armes à domicile, intéresser les Monuments Historiques. EMBLÉMATIQUES DE L’ÉPOQUE… manipulant décors, lampes et gélatines. Son premier chantier, à Paris, est un COMME À L’ÉPOQUE ! Fasciné par les verrières naturelles rêve : l’hôtel particulier de Robert et les grandes baies de la période Mallet-Stevens. Clin d’œil ? L’architecte gréco-romaine, il retrouve en l’Art déco le reflet des prouesses fut aussi décorateur de théâtre, et éclairagiste sur L’Inhumaine antiques. Ses écoles ? Le Bauhaus, les mouvements abstraits tels de Marcel L’Herbier, film manifeste de l’Art déco. Plus tard, De Stijl, le suprématisme russe ou le futurisme italien. Rolleiflex Raphaël Armand ressuscite les ferrures et éclairages de son chefen bandoulière, il explore les théâtres abandonnés des pays de d’œuvre lillois, la Villa Cavrois, puis la barométrie, l’horlogerie l’Est, glanant matériaux et clichés. « Il faut trouver l’esprit ! » Dans et les luminaires de la Villa E-1027 d’Eileen Gray, « icône de les intérieurs modernistes, il s’agit autant de penser les couleurs l’architecture moderne ». Bientôt, il éclairera les parties communes que les réverbérations, les peintures que l’éclairage. Devenu de l’immeuble parisien immortalisé par un Jean Rochefort antiquaire, il restaure et revend ses premiers luminaires d’acier et en peignoir à rayures(2). Ou celles des Soieries Rosset à Lyon. verre. Avant d’en fabriquer lui-même. Ses objets « doivent rétablir Et ce n’est pas fini. On parlait « d’esprit » : pour "l’éclaireur", le lien incontournable entre la géométrie de l’architecture et celle de c’est aller vers l’ultime étape de fabrication, écologique, la lumière ». Une gageure. Avec son (seul) diplôme de métallier, les et « dénicher la faille lumineuse » qui lui ouvrira d’autres débuts, à deux au chalumeau, sont chaotiques. Les matériaux sont trésors cachés de l’architecture. Un vrai travail de détective. (1) L’Eldorado sis 33 cours Gambetta, Lyon 7. Salle de music-hall puis théâtre et cinéma de 1895 à 1984. Le bâtiment est détruit en 1994. (2) Un Eléphant ça trompe énormément de Yves Robert (1976) ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
LETTRES & RATURES
ou la boulange du verbe QUINZE ANS QUE CHRISTOPHE TARKOS EST MORT... ET TOUJOURS VIVANT. COMÈTE DE LA POÉSIE, "ARTMATIÈRE" QU’IL A CHAMBOULÉ DE FOND EN COMBLE, CELUI POUR QUI « FAIRE DE LA POÉSIE C’EST METTRE LES PIEDS DANS LE PLAT LA TÊTE LA PREMIÈRE » ET « ÊTRE EN CONVERSATION AVEC LE DÉMON POUR FORMER LE MONDE MAGIQUE » CONTINUE À ENSEMENCER NOS ESPRITS-LANGUES.
PAR MARCO JÉRU
LE PETIT BIDON ET AUTRES TEXTES CHRISTOPHE TARKOS
PARUTION : OCT. 2019I P.OL.
IL EST IMPORTANT DE PENSER FILM-HOMMAGE À TARKOS
de Katalin Molnar et David Christoffel youtube
(1) Mouvement confidentiel et aventure collective critique et poétique autour du banal et de l’ennui. Cofondé par Pierre Bazantay et Yves Hélias. (2) En référence à la performance filmée Le Bonhomme de merde, Paris 1998
« La poésie est la chose la plus importante du monde. […] La poésie est la pensée humaine. Le poète est intelligent. Il prépare la pensée difficile. » Au confluent des sciences dures et molles, de la poésie sonore et de la performance, Christophe Tarkos a malaxé moult savoirs pour pétrir son monde, la « patmo » chère à sa matérialiste philosophie. Car notez bien : « il n’y a pas de mot mais “pâte-mot, matière”. Un mot qui voudrait avoir un sens, il se met à plusieurs pour faire un groupe de mots sensés. » Et c’est en “pâte-mot” que la langue se dépl(o) ie : en mots collés, en mots-valises qui disent la pensée-transe du poète se faisant la malle. Lettrisme, Fluxus, banalyse(1), psychogéographie... Christophe Tarkos, poète né en 1963 à Marseille, « fabricant de poèmes et de lectures par improvisation comme ça dans l’air », appartient à la tradition de l’avant-garde. Ainsi que des savoirs, il fait feu de tout support pour articuler le seul objet de la poésie : TOUT. Tout le réel en une pensée d’ensemble qui s’active au demeurant autour de choses fort triviales comme un pneu, un petit bidon, un parpaing, un bâton, un tambour, le kilogramme étalon (conservé à Sèvres), l’argent, la drogue, les nuages... Tout le réel en une poézi prolétèr qui écarte tout échange communicationnel propre au capitalisme. « La vie produit ses milliers de poèmes. Il n’y a rien à retoucher, c’est parfait. Il n’y a pas de plus beaux poèmes. Ils sont vrais. […] Les poèmes sont tout faits. Alors le poète ne prend pas les poèmes, il trie... » À la manière de Wittgenstein en philosophie, Bourbaki en mathématiques, Pessoa ou Beckett en littérature, Tarkos est un « inquiéteur » qui s’attache à TOUT mettre en crise. Car « le mot ment » et là où il y a eu mensonge, on tombe malade. Au poète, pour soigner la pensée, d’évider le mot de son sens, de le « mettre en purée », de le recombiner avec d’autres et de redonner un sens au tout. « Le poète est obligé de
dire la vérité. C’est un problème, car ce n’est pas gentil. » Mais « ça ne peut plus durer comme ça. Il y a quelque chose qui ne va pas. Dans l’utilisation faite du mot poésie, dans l’utilisation qui est faite du mot. Ce n’est pas possible. Il faut faire quelque chose. On se retrouve dans n’importe quoi, la divagation, on ne sait plus où on met les pieds, il y a tout et rien, personne ne sait plus ce qu’il fait, ça ne veut plus rien dire. La pensée créatrice, la beauté verbale sont réduites à des frivolités municipales, à des claquements de mains ». Nom d’un "bonhomme de merde(2)" !
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
L’ARKUCHI DU MOIS
MUSIQUE, LITTÉRATURE, BD, CINÉMA... L’ARKUCHI DU MOIS ATTRAPE EN UN CLIN D’ŒIL CE QUI NOUS FAIT
PAR LUCIE DIONDET & ANNE HUGUET
« Allons il faut partir / Elle n’est plus chimérique / La voie des voies lactées / La lune s’est allumée ». Partir, où ? Aujourd’hui, l’éclairage artificiel cache les étoiles à plus d’un tiers de l’humanité. La pollution lumineuse perturbe aussi les écosystèmes, nos perceptions et notre santé. Dans un ouvrage très argumenté, où l’on croise Brel et Blakey comme Rilke et le Petit Prince, le géographe Samuel Challéat, amateur aussi d’astronomie et de poésie, retrace l’histoire d’un front de libération de la nuit. Du Dark-Sky Movement aux Réserves Internationales de Ciel Etoilé, il s’agit non pas de dicter des règles sur un sujet d’études encore récent, mais d’interroger les responsabilités scientifiques et politiques envers ce bien commun qu’est l’obscurité… pour une nuit moins soumise. L.D. SAUVER LA NUIT DE SAMUEL CHALLÉAT Premier Parallèle PARUTION : 10 OCT.
Revoilà Tindersticks et la chaleur enveloppante de la voix de Stuart Staples. J’avais un peu perdu le fil de ce groupe élégant qui distille sa mélancolie intimiste depuis plus de vingt-cinq ans. Mais avouons-le, ce nouvel opus No Treasure But Hope (le onzième) est sublime : beauté des mélodies, arrangements somptueux, orchestrations aériennes (piano, cordes et cuivres) et la voix de crooner fragile de Staples qui envoûte à nouveau, comme il y a vingt ans. Rien à jeter, tout l’art de Tindersticks est dans ce 10-titres – composé en grande partie en Grèce et enregistré en six jours – à fleur de peau, qui alterne ambiances feutrées, chanson d’amour absolu (Pinky in the Daylight), morceaux plus sombres (Trees Fall) ou encore le génial See My Girls. A.H. NO TREASURE BUT HOPE, TINDERSTICKS City Slang SORTIE : 15 NOV.
Marona, petite chienne perdue dans la grande ville, est embarquée dans une course-poursuite fatale. Aux portes de la nuit, elle se remémore ses trois maîtres successifs, ses trois vies à leurs côtés. Elle, toujours généreuse, eux, parfois ingrats. Avec L’Extraordinaire voyage de Marona, Anca Damian signe un film trompe-lamort et sauve qui peut l’amour. Un choc visuel et émotionnel d’une rare audace au cinéma, une explosion de couleurs et d’effets visuels portée par le talent fou furieux de l’illustrateur Brecht Evens. Poétique, métaphysique et profondément sensible, ce voyage polymorphe est un hymne à la vie pour les grands (surtout), comme les petits. L.D. L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DE MARONA DE ANCA DAMIAN France – 1h32 – Cinéma Public Films SORTIE NATIONALE : 8 JAN. 2020
ON AIME AUSSI... GHOSTEEN, NICK CAVE & THE BAD SEEDS Le gros coup de cœur de cet automne. Émouvant, crépusculaire et beau à en pleurer SORTIE 8 NOV. LA CHUTE DES MURS Le regard de six artistes de street art sur la notion de « murs ». Avec Petite Poissonne, Agrume... C.H.R.D, Lyon 7 JUSQU’AU 26 JAN. 2020 BACON EN TOUTES LETTRES Tout l’art et le génie du peintre anglais emblématique. Centre Pompidou – Beaubourg, Paris (75) JUSQU’AU 20 JAN. 2020
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
STREET ART COMME LE MATOU DES ARISTOCHATS, LE LYONNAIS O’MALLEY SILLONNE LES RUES OÙ IL CHERCHE L’INSPIRATION. ADEPTE DES ARTS DU CIRQUE, O’MALLEY EST UN ARTISTE DU MOUVEMENT ET DES ÉQUILIBRES. DANS LE JAILLISSEMENT D’UN TOURBILLON, SES DESSINS LAISSENT DEVINER L’ÉLAN DES CORPS ENLACÉS.
O’MALLEY PAR GRAPHULL
RÉALISÉS À LA PEINTURE SUR PAPIER, SES COLLAGES SONT VISIBLES SUR LES PENTES DE LA CROIX-ROUSSE O_MALLEY_STREET_ART OMALLEYPEINTUREURBAINE
ARKUCHI #13 DÉC.2019 / JAN.2020
A
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10 B C D
E F G H I J
20 MINUTES
30/45 MINUTES
PAR HECTOR JACKSON
VERTICALEMENT
A. En butte à Montmartre. B. Coordination. Une force qui s’oppose au mouvement. C. Plus qu’à plat. D. Elle sent bon le large. Le propre de l’homme ? E. De pierre, de fer, de glace ou de feu. Perdant. F. Est à sa place, même en musique. Envoie ad patres. Exclamation du Sud. G. Comme certaines écritures. H. Calcul abrégé. Pour oser ou d’arrêt. I. Bonne mère. Vieil indien. J. Planches et micros.
F O R C E R S A T I A RO
F R A I S
ARKUCHI #13
DÉC.2019 / JAN.2020
C U T A N E
O P E R A T I RO AN I S
(1) L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération. (2) Préparation à base de chocolat et de crème entière.
Dans un quart de litre d’eau limpide, jetez le sucre en poudre, la gousse de vanille grattée et portez à ébullition. En fin de cuisson, versez la rasade de rhum et laissez refroidir. Prenez un ananas bien musclé, déshabillez-le, arrosez-le de sirop et laissez-le se dorer la pilule au four (30 minutes). Pendant qu’il parfait son bronzage et s’imbibe de ce doux nectar, on augmente la température encore d’un cran avec une ganache(2) exotique. On fait fondre le chocolat un peu pâlot avec le lait de coco frémissant avant d’ajouter le zeste de citron vert. Pour lui apporter un peu d’ombre, on mélange la coco râpée au sirop de canne avant de l’étaler entre deux feuilles de papier sulfurisé, puis on laisse sécher dix minutes à 180°C. Dans l’assiette, on dresse l’ananas rôti en morceaux, quelques points de ganache, des éclats de tuile coco et pourquoi pas une boule de glace coco. Il ne manque plus que l’ombrelle et on s’imagine déjà sous le sunlight des tropiques en chemise à fleurs. Avouez que c’est magique ! « Fa Mi Fa Sol Do, viens danserrrrr ! »
6 PERSONNES
ET SI ON ALLAIT RÉVEILLONNER « SOUS L’ÉQUATEUR DU BRÉSIL, ENTRE CUBA ET MANILLE » ? C’EST BEAU DE RÊVER ! LES FÊTES DE FIN D’ANNÉE SONT AUSSI LÀ POUR ÇA, NON ?!
Caramba
1 ANANAS 1 CITRON VERT 200 G DE CHOCOLAT BLANC 20 CL DE LAIT DE COCO 50 G DE COCO RÂPÉE 150 G DE SUCRE 1 GOUSSE DE VANILLE 5 CL DE SIROP DE SUCRE DE CANNE 4 CL DE RHUM (1) 25 CL D’EAU
PAR CLAUDIA CARDOSO
Ananas
POPOTE(S)
jugeote
HORIZONTALEMENT
1. Sa rose bien que fanée est un vrai roman. 2. Ne manque pas de roguerie. 3. Ville palindrome. C’est le soin des Anglais. 4. Se la coule douce dans les vignes du Roussillon. 5. Prince de légende. Avalé. Patron. 6. Démonstratif. Il sait jouer des tours. 7. C’est le silence ? À faire au filet. 8. Vont aux jumelles, pas aux triplées… À ce qu’on dit dans ce canton, les vaches y seraient plus belles que les femmes ! 9. En pleine cuite. Peut suivre l’achat. 10. Adorés. solutions arkuchi 12 En matière de.
P P O L A I L L E R A I MP UR I E AME T E UR S I R A P L O T AG E I R I A R EMO N E S L E E N
C. Cardoso©
OÙ TROUVER
Bourg-en-Bresse Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg-en-Bresse. Zoom. Bourgoin-Jailleu Les Abattoirs. Musée de Bourgoin. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. MJC Louis Aragon. Pole Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire Bibliothèque municipale. Cinéma le Méliès. Le Radiant-Bellevue. Chalon Espace des Arts. Chassieu Le Karavan Théâtre. Corbas Le Polaris. Dardilly L'Aqueduc. Décines Centre de la Mémoire Arménienne. Le Toboggan. écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Francheville Médiathèque. L’Iris. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Grigny Centre Brenot. Médiathèque Léo Ferré. Irigny Le Sémaphore. L’Isle-d’Abeau La CAPI. La Mulatiere Aquarium de Lyon. Lyon 1 3e Fleuve. À chacun sa tasse. L'Antirouille. À Thou bout d’chant. Bar 203. Bar à vin. Les Barjaqueurs. Bistrot Chardonnet. Boîte à café. Bomp. Cabane café. Café des Capucins. CAUE Rhône. Cinéma Opéra. Clef de Voûte. Condition des Soies. Dangerhouse. DRAC. ENBA. Espace 44. Le Farmer. Galerie AMR Pallade. Galerie Céline Moine. Galerie Mathieu. Galerie Le Réverbère. Le Gargagnole. Hemingway’s. La BF 15. Le Livre en Pente. Librairie Archipel. Librairie Le Bal des Ardents. Jarring Effects. Kraspek Myzik. Mapraa. Mas Amor Por Favor. Médiatone. Musée des Beaux-Arts. Le Nombril du Monde. Le Nuage Café. Opéra de Lyon. Original Watt. Le Perko. La Pinte douce. Radio Canut. Le Romarin. Le Shalala. Sofffa Terreaux. Les Subsistances. Le TasseLivres. Théâtre de L’Accessoire. Théâtre Les Clochards Célestes. Technoir. Tikki Records. Vins Nature. Le Voxx. Lyon 2 Archives municipales. Bar Petit Grain. Centre national de la Danse. La Cloche. Docks 40. Conflutime. ESMA. Fondation Bullukian. Goethe Institut. Librairie Raconte-Moi la Terre. Librairie Expérience. Librairie Gibert. MJC Confluence. Mob Hôtel. Musée des Confluences. Musée des Tissus. Périscope. Région A.R.A. Théâtre Comédie Odéon. Théâtre des Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. Université catholique de Lyon. Lyon 3 Auditorium de Lyon. De L'Autre côté du Pont. Archives départementales. Café du Rhône. Gnome et Rhône. Hooper. IFRA. Librairie Esprit Livre. Librairie du Tramway. La Métropole de Lyon. Pôle Emploi Scène et Images. Poltred. Salle des Rancy. Taverne Gutenberg. Théâtre Improvidence. Lyon 4 Agend’arts. Aquarium Ciné Café. L’Assiette du vin. Aux Gogniols. Bistrot du Boulevard. Bistrot fait sa Broc. Diable Rouge. Drôle de Zèbre. Les Enfants du Tarmac. Galerie François Besson. Galerie Vrais Rêves. L'Instant. Le Bleu du Ciel. Le Grain de Folie. L’Instant. IUFM. Labelalyce. Librairie La BD. Modern Art Café. Ninkasi Croix-Rousse. Ô Vins d’anges. L'Oiseau sur la branche. Paddy's Corner. Le Petit Troquet. Rideau Rouge. Théâtre de la Croix-Rousse. La Valise d’Élise. Villa Gillet. Vivement Dimanche. La Voguette. Lyon 5 Le Bar Bu. Brasserie du Doyenné. CRR de Lyon. CNSMD. Collège Hôtel. École du Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Librairie Virevolte. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Musée Gallo-romain. Ninkasi Saint-Paul. Le Sonic. Théâtre du Point-du-Jour. Lyon 6 L’Apéro Rock. L’Astragale. Café Chloé. Musée d’Art Contemporain. L’Odyssée. Le Tout Petit Café. Lyon 7 Arts en Scène. Atelier Garage. Bibliothèque Diderot. Le Bistroquet. Café 76. Centre Berthelot. CHRD. Cinéma Comœdia. La Commune. Court-circuit. ENS. L’Élysée. Les Fauves. La Fourmilière. Galerie Tator. Ho36 Montesquieu. Halles du Faubourg. IEP. L’Indocafé. Librairie Bédétik. Librairie Rive gauche. Librairie Terre des Livres. Librairie La Voix aux chapitres. Mama Shelter. Le Mondrian. Le Mowgly. Ninkasi Kafé. Le Petit Bouclard. Pimpon bar. Les Raffineuses. Sofffa Guillotière. Lyon 8 Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Ciné Duchère. CNSMD. L’Attrape-Couleurs. La 9e Bulle. Médiathèque de Vaise. Ninkasi Vaise. TNG. Mâcon Cave à Musique. Cinéma Le Marivaux. Mâcon Scène nationale. Miribel L'Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de La Renaissance. Pierre-Bénite Maison du Peuple. Portes-Lès-Valence Train-Théâtre. Rillieux-la-Pape CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque. MJC O Totem. Piscine du Loup Pendu. Saint-étienne Cité du Design. La Comédie de Saint-Etienne. Le Fil. Le MAMC. Saint-Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612. Saint-Priest Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Saint-Vallier Ciné Galaure. Sainte-Foy-lès-Lyon Ciné Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune Médiathèque. Théâtre L'Atrium. Vaulx-en-Velin C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d'architecture. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre ! Cinéma Gérard Philippe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne. Villefontaine Théâtre du Vellein. Villefranche-sur-Saône Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Librairie des Marais. Médiathèque Mendès-France. Musée Paul Dini. Théâtre de Villefranche. Villeurbanne Atome Village. Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. IUFM. La MLIS. Pôle Pixel. Studio 24. Le Rize. Théâtre Astrée. Théâtre de l'Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Le Totem. Transbordeur. URDLA... ainsi que dans la plupart de vos mairies, bibliothèques, MJCs, espaces de coworking...
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