ArKuchi numéro 03 NOVEMBRE 2018

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mensuel gratuit

nov. 2018

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MargotSimmoney©

sommaire

événement

FORME & FONCTION

VIENS DANS MA CABANE

Réfléchir ensemble à la construction du monde de demain

Des cabanes en bois hors des sentiers battus pour découvrir la singularité du paysage

NOS FUTURS au TNG

Metteuse en scène, comédienne et directrice des Clochards Célestes.

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CARTE BLANCHE .08

lettres & ratures .18

Petite Utopie permise

les éditions typhon

Par Valérie Jouve.

Apprendre à nager dans la tempête.

numéro 03 - nov. 2018

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Emiland Griès©

LOUISE VIGNAUD

novembre 2018

TRAJECTOIRES .04

.06

.10


sommaire

à l'affiche

.01

Invité du mois Stéphane Durand

« Les corps nus ici ne sont ni pornographiques ni aguicheurs, ils sont purs […] »

.14

Bêtes de scènes Parcours spectacle vivant

.20

20 sur Vin

THÉÂTRE

.24

Déambulations Musiques

.28

L'ArKuchi du mois C'était mieux avant

D.R.©

.29

EMMA DANTE

.12

.30

Cuisine-moi... La Poire Cogite-toi

ARTS VISUELS .21

ADN .22

À LA MOULINETTE .23

.31

VRAIMENT ???

MEHDI KRÜGER

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La nouvelle quinzaine photographique de Bourg-en-Bresse.

Rémi Favier Son travail nous rappelle à la matière.

"Artiviste". Poète. Chanteur urbain.

Street Art Par Graphull Lieux de diffusion

contact.arkuchi@orange.fr arkuchi.com (en construction) Novembre 2018 n°03 Mensuel gratuit Lyon, métropole & Rhône-Alpes Tirage : 12 000 ex. Publication - Rédaction Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction Vérène Saint-André Ont participé à ce numéro Valie Artaud, Romain Berthault, Jérôme Bertin, Jeanne Brousse, Lucie Diondet, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Marco Jéru, Enna Pator, Nikki Renard, Florence Roux, Gallia Valette-Pilenko Illustration de couverture Le Mètre - Stéphane Durand (©Lung) Conception et mise en page

fokus

STÉPHANE DURAND

Des œuvres et des gestes à portée métaphorique

Impression : IPS I.S.S.N : 2646-8387

Adresse administrative : La Hêtraie - 5 impasse des Sources - 69390 Vernaison - arkuchi@orange.fr Adresse rédaction : 18 rue Belfort - 69004 Lyon

La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.

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Lung©

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Le Mètre - en collaboration avec Patrick Laurino

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.16 numéro 03 - nov. 2018


trajectoires

Jeune metteuse en scène, Louise Vignaud a pris l’an dernier la direction du Théâtre des Clochards Célestes, sur les pentes de la Croix-Rousse. Elle succède à Elisabeth Saint-Blancat qui a dirigé de 1986 à 2017 cette "Scène Découvertes", ouverte par Yves Barroz en 1978... Elle nourrit un même appétit pour l’émergence et la jeune création. Pour la poésie et le geste radical. Kerouac, père des "Clochards", veille ...

THÉÂTRE DES CLOCHARDS CÉLESTES Orphelins Cie Le RAID 14 au 18 nov.i

ailleurs

Dreck Cie du Bonhomme Une brève histoire de l’humanité Cie Les Temps Blancs 21 au 26 nov.i

QUATORZE Cie Cassandre Théâtre du Vellein Villefontaine (38) 08 et 09 nov. LOVE Alexander Zeldin Comédie de Valence (26) 14 au 16 nov.

Intranquille Grégoire Blanchon 28 nov. au 2 déc.i La prose du TranSsibérien Cie Théâtre Oblique Cassavetes Cie Quartel 19 au 23 déc.i

Théâtre des Clochards Célestes 51 Rue des Tables Claudiennes, Lyon 1er

LES FRUSTRÉES Cie Le Chant des Rives 9 au 14 jan. 2019i

clochardscelestes.com

Par Florence Roux Photos Enna Pator

Les clochards célestes

Bleu théâtre POUR CHANGER LE MONDE

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trajectoires Metteuse en scène*, parfois comédienne, vous débordez de projets. Pourquoi diriger aussi ce théâtre ? Louise Vignaud - Au début, je me suis posé la question. Mais j'ai toujours voulu faire du théâtre pour m’occuper d'un lieu qui accueille du public et des artistes. Comme metteuse en scène, je partage les exigences des jeunes créateurs, leur envie de changer le monde et le théâtre ! Or pour atteindre cette radicalité-là, il faut avoir le temps de chercher sur le plateau, de porter au bout une proposition, un geste singulier. L’an dernier comme cette saison, nous accueillons cinq compagnies en résidence. Elles ont deux mois pour répéter et dix jours de plateau en création. Et les Clochards permettent cette radicalité ? L.V. - Les Clochards Célestes ont une histoire, avec le formidable travail de découverte qu’a mené Elisabeth SaintBlancat. La maison est petite, mais c’est une vraie belle maison. J’y ai vu des spectacles, joué avec ma compagnie et j’y suis revenue, comme plein d’autres qui y sont passés. Nous l’avons peinte en bleu profond, parce que le ciel des Clochards "Célestes" est bleu ; en hommage à Frida Kahlo qui avait fait peindre sa maison en bleu pour avoir la sensation d’être dans le ciel. Cette couleur donne envie de rêver et de vagabonder. Ce théâtre a peu de moyens, mais il peut offrir le temps et l'espace aux artistes et aux spectateurs pour rêver. En juillet, dans le spectacle Subutex, tout le monde déambulait dans le lieu, comme dans une fête, avec un DJ. En ce moment, Amine Kidia fait entendre une heure de Sarah Kane dans le noir et dans un carré. Il faut le faire ! En avril, Benoît Martin proposera une trilogie de Pinter où chaque texte porte un nom d’étoile... Le théâtre fait rêver car tout n’y est pas pris en charge, l’image n’y est jamais totalement finie, mais comporte toujours des creux. Ici on travaille, on se croise, certains jouent au plateau pendant que d’autres lisent dans la salle de répétition. C’est autre chose que d’être en compétition permanente. Cinq personnes gèrent la billetterie, l’accueil, la régie technique, l’administration et la communication. Ça pulse et cela change un peu mon rapport au plateau. Plus j’avance, plus je me sens libre. Comment abordez-vous la programmation ? L.V. - Je vais voir les spectacles et je rencontre. Avant, j’allais plus dans les grandes institutions publiques. Je me suis nourrie à Chéreau, Bondy, Schiaretti ou Nordey, Cyril Teste, Mouawad, Julie Deliquet, Samuel Achache, des théâtres très différents. Pour les Clochards, j’ai défriché un autre réseau de petites salles dans la région, et plus seulement pour aller voir des copains ! Le Verseau à Saint-Etienne, L’Espace 600 à Grenoble. À Lyon, il y a des super projets au Lavoir, au Fou, au Nid de Poule, à la Fédération ou à L’Élysée… Il faut chercher, en gardant la naïveté du spectateur, pour voir ce qu’une œuvre remue en soi... Et on trouve des pépites. *Louise Vignaud met actuellement en scène L'Université de Rebibia. À découvrir au TNP Villeurbanne, 14 au 30 novembre

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FredericFerrer©

événement

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Quel est le lien entre le canard de bain en plastique jaune, les Vikings chevelus, les morues salées et le moustique tigre ? Tous intéressent fortement les scientifiques et nous éclairent sur le réchauffement climatique (les canards et les Vikings, surtout) ou sur les déséquilibres en matière de biodiversité, comme la disparition de certaines espèces – les morues – et l’expansion d’autres à l’échelle de la planète – le moustique tigre. Autre point commun, ces sujets ont passionné Frédéric Ferrer, géographe agrégé et malicieux comédien de la compagnie Vertical Détour, au point qu’il consacre à chacun une “cartographie”, c’est-à-dire une conférence où la science rivalise avec la drôlerie. Sur chaque sujet, notre homme – qui avait déjà présenté Pôle Nord et Wow ! lors de la première édition en 2016 de Nos futurs – a consulté des spécialistes, collecté des données scientifiques à partir desquelles il construit des histoires farfelues au premier abord, mais bien réelles. La Nasa a bel et bien perdu les 90 canards jaunes qu’elle avait lâchés sur un glacier du Groenland pour “mesurer la vitesse du réchauffement climatique”. Quant aux Vikings, leur migration puis leur disparition peuvent nous éclairer sur la glace, son rôle dans notre histoire et dans l’avenir… Cette année, le géographe Ferrer initie un cycle qui s’annonce aussi passionnant que les précédents, avec sa nouvelle création Borderline(s) Investigation #1. Ou comment nous construisons des frontières qui limitent et créent les situations inextricables... F.R. Borderline(s) Investigation #1 Frédéric Ferrer 6 au 9 novembre - tng-lyon.fr

Sandy Korzekwa©

Ferrer sans frontières

La caverne

Nos futurs

Temps fort face aux temps durs Par Florence Roux

Temps fort plutôt que festival, Nos futurs, organisé par le Théâtre Nouvelle Génération (TNG), propose spectacles, conférences "barrées" et ateliers pour s’interroger sur le présent à l’âge de l'anthropocène* et imaginer des futurs. Les pires, les moins mauvais ou les meilleurs… *Anthropocène ou période géologique durant laquelle l'action de l'homme a de fortes incidences sur l'évolution de la planète (selon la définition de Larousse)

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Un monde sans sommeil Fortement marqué par l’essai de Jonathan Crary, 24/7, le capitalisme à l’assaut du sommeil*, le collectif INVIVO propulse le spectateur dans un voyage troublant, entre fiction futuriste, rêve et utopie, aux confins du théâtre et des arts numériques. 24/7 est un objet immersif singulier à entendre, à voir et à vivre muni d’un casque de réalité virtuelle (VR). Dans un futur proche, la start-up Dreamr décide de développer un casque permettant de récupérer, en seulement vingt minutes, une nuit de sommeil. Grâce à la technologie VR, ce casque peut plonger l’utilisateur dans un sommeil artificiel. Pour tester l’efficacité de cet outil, l’entreprise expérimente ses limites sur un patient-test… Le spectateur muni d’un casque de VR est mis en condition dès son arrivée. Images à 360° – mix de vidéos pré-enregistrées et de direct, dispositif sonore proche de la perception de l’oreille humaine – les voix et sons du plateau et les musiques électroniques originales sont spatialisés en fonction des mouvements de tête de chaque spectateur – et un dispositif scénographique bi-frontal finissent par faire douter de ce que l’on voit et ce que l’on vit. On se retrouve, entre veille et sommeil, entre rêve et cauchemar, en prise aux distorsions de la réalité... et à ce monde sans sommeil. Innovant et saisissant. A.H. TNG / Les Ateliers - Presqu’île 13 au 18 novembre

fausses conférences scientificoabsurdes (lire plus loin, Ferrer sans frontières). Il y aura encore les explorateurs du collectif L’avantage du doute, emmenés par Nadir Legrand, qui confrontera le mythe de la caverne à une virtualité en 9D, pourquoi pas, en l’an 2518, avec des êtres humains qui vivent sous terre. Ou le collectif INVIVO avec 24/7 et son spectacle-voyage-rêve hyper immersif autour du sommeil. En janvier, Michel Schweitzer donnera la parole à huit adolescents dans Cheptel. Sur un plateau pratiquement nu, ils manient la caméra et le micro pour dire ce qu’ils veulent du monde et comment trouver sa place, avec la famille, les adultes, les amis, les rumeurs, l’environnement... Enfin, autre écho à Nos Futurs, un groupe d’adolescents travaillera pendant un an à l’écriture et à la mise en scène d’un spectacle pour les adultes. Dans le cadre d’un atelier animé par les comédiennes Maud Peyrache et Julie Senegas, ils auront tout le loisir d’éprouver "Comment le théâtre peut-il encore faire changer le monde". Voire nos futurs… Nos Futurs TNG, Lyon 9e 6 novembre au 30 janvier tng-lyon.fr MargotSimmoney©

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événement

N

os futurs. Clin d’œil au "no future" des punks anglais, cet événement propose de réfléchir ensemble à la construction du monde de demain, le nôtre. Sans se départir de la force du refus de la fin des seventies : ce "nous-là" n’est pas mou et consensuel, ce n’est pas le nous dans lequel nous baignons à l’envi, groggy. Il est au contraire pétri d’une complexité plurielle face aux futurs à construire. Nos futurs, deuxième édition, est une évidence pour Joris Mathieu, directeur du lieu. « L’idée, liée au projet même du TNG, est de réunir toutes les générations pour imaginer demain, lance-t-il. Avec cette question : quel monde commun construire ensemble  ? Avec la compagnie Haut et Court (devenue compagnie permanente du théâtre, ndlr), nous aimons beaucoup les utopies, les dystopies, tous les univers fictionnels qui prennent le risque d’imaginer des mondes… Nous avons voulu créer un temps fort dans notre lieu, pour rencontrer des œuvres qui nous mettent face au réel et d’autres qui le dépassent. » « Nos futurs, ajoute Joris Mathieu, parie sur la force du théâtre. Si les réalités ne sont pas réjouissantes, le fait de se réunir ensemble dans un lieu, autour des questions qui nous préoccupent, des œuvres qui nous parlent, c’est déjà un début de réaction. On peut commencer un récit... » Nos futurs défend ses parti-pris, dont le premier consiste à "dispatcher" l’événement dans l’espace. Nos futurs est un label dont se sont emparés le Lieu unique à Nantes et le TJP - Centre Dramatique National de Strasbourg pour programmer des spectacles en lien avec ce thème. « Il s’agit surtout de partager un questionnement, précise le directeur du TNG, que chaque lieu traduit par sa propre programmation. » Second parti-pris : le temps : « Nous refusons d’être un énième festival qui aligne les spectacles sur quinze jours, poursuit Joris Mathieu. Notre temps fort dure jusqu’en janvier, avec de l’espace entre les spectacles pour penser et repenser, puis voir chaque nouvelle œuvre avec un œil neuf. » Le fil rouge de cette longue édition sera tenu par Frédéric Ferrer, géographe et artiste, conférencier et poète, qui dépliera, entre autres, quatre de ses cartographies, vraies-

Des œuvres qui nous mettent face au réel et d’autres qui le dépassent

24/7

*Il analyse le rapport entre sommeil et capitalisme, il y postule que le sommeil est l’un des derniers remparts contre la voracité du capitalisme.

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carte blanche

Je préfère tisser des récits à partir des images que je réalise ...

Valérie Jouve est photographe, elle est aussi vidéaste et réalisatrice. Elle expose depuis plus de quinze ans à Paris, Arles, Saint-Étienne et à l'étranger. Son travail qui dissèque, avec des corps en mouvement et des architectures, le monde dans lequel on vit, relève autant de l'art contemporain, du documentaire de création que de l'anthropologie et de la sociologie.

Galerie Françoise Besson Lyon 4e Les racines du ciel Jusqu’au 3 novembre Petit Palais Paris 8e Jusqu’au 13 janvier 2019 (gratuit)

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carte blanche

VALÉRIE JOUVE

Petite utopie

permise Texte et photos Valérie Jouve

Je

ne fais pas des expositions pour montrer mes œuvres, moins encore mes dernières œuvres. Je pourrais dire, question d’éthique. Je préfère tisser des récits à partir des images que je réalise.

Ces images, sorties d’un fonds que je réalise continuellement pour nourrir une sorte de récit, se déplacent à chaque occasion, pour se régénérer au contact des lieux et des images environnantes. J’aime tisser des séquences, elles posent des questions, n’y répondent jamais. Elles font naître des émotions. Mais oui, certaines images n’ont rien à vendre, pas de produits, pas de sujets, au contraire elles laissent place aux questions et aux ressentis. Il faut réapprendre. Nos regards ont été éduqués par les médias. La fameuse confusion, qu’avait relevée Deleuze entre la communication et l’expression, est bien installée dans les esprits ; nous avons du mal à voir au-delà des sujets représentés. La fiction évince le réel. Un bout de papier dérisoire peut écraser des gens. La chair vaut moins que le biffeton ! Donc, prenons acte, le monde de l’art n’est pas exempt de cette course effrénée, il est seulement une des multiples activités humaines touchées par ce système, que nous pouvons simplement refuser pour juste rester conscients de la préciosité de la vie. Un petit mot, pour accompagner la débâcle, une perte de sens totale où les centres dirigent le monde sans le connaître pleinement et où tout le monde court à nourrir le panier, sans savoir pourquoi précisément il court : qu’est-ce que ce panier contient vraiment de si important ?

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FORME & FONCTION

Architecture(s) éphémère(s)

Viens dans

ma cabane

ENTRAMADA : Nuria Gambin Esteban, Giulio Cardinali, Andres Graue Rivadeneyra, Mathilde Barguil, Maria Sarle Riberaygua

Par Emiland Griès Photos D.R.

La Communauté de Communes des Sources du Lac d’Annecy organise depuis trois années un concours d’architectures éphémères, qui révèlent, par de petites interventions poétiques, la richesse paysagère de son territoire, à la fois lacustre et montagneux.

C

omme ses congénères alpins suisses ou italiens, le Lac d’Annecy offre un cadre naturel somptueux au déroulement d’une nouvelle manifestation saisonnière singulière : un festival d’architecture. Voilà qui résonne avec grandiloquence et renvoie à un univers quelque peu élitiste, voire peu accessible. Pourtant, rien de savant ou d’intimidant ne nous attend ici puisqu’il n’est question que de simples cabanes ! Dépliant en main – distribué dans les

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offices de tourisme et mairies alentour – il faut fureter dans les sept communes organisatrices pour trouver ces douze petites constructions éparpillées, sur un territoire de plus de 150 km². Chacune d’elles est conçue par une équipe d’architectes différente – puisqu’appelés à concourir tous les ans – provenant de plusieurs pays, dont le Japon ou la Russie cette année. Trouver ces cabanes relève d’un jeu de piste qui invite à sortir des axes principaux de circulation et à quitter les lieux touristiques

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qui émaillent la région. Il faut emprunter les chemins vicinaux, contourner les hameaux isolés, longer les ruisseaux, marcher dans la forêt et rester attentif, pour trouver le discret fléchage en bois pyrogravé qui conduit à chaque cabane. Il faut (re)devenir observateur, ralentir son rythme, marcher, accepter de rebrousser chemin, pour réussir à les découvrir. Comme dans nos souvenirs d’enfance, les cabanes sont bien cachées, installées discrètement dans des lieux que nous n’aurions jamais eu l’occasion de connaitre sans ce festival.


FORME & FONCTION

Acrocephalidea ___ Acrocephalidea  Ce drôle de nom savant définit l'une des principales familles de petits passereaux chanteurs, dont font partie la mésange et le moineau. Le thème est ainsi donné par les architectes Mylène Seguy et Charlie Ohayon, pour cette cabane en forme de nid. Elle est constituée d’une spirale de carrelets en pin blond, tous identiques en longueur et en section. Ils s’enroulent pour former une sphère tourbillonnante, sans début ni fin, accrochée aux branches basses en lisière d’un bosquet d’arbres. Sa forme savante, régulière et dynamique, tranche dans ce petit coin de campagne verdoyante qui l’accueille. Une courte échelle en bois relie la cabane au sol et permet d’atteindre son orifice frontal, en guise d’accès. Une fois glissés à l’intérieur, deux assises nous accueillent. Blottis dans cet abri perché dans les arbres, un confortable sentiment de protection et de quiétude nous envahit, tel l’oiseau dans son nid, qui observe sans être vu à travers les entrelacs de branches...

Adossée à une haie, accrochée dans un arbre, plantée sur pilotis dans l’eau rare d’un ruisseau d’été, lovée dans le repli d’un pré ou au détour d’un sentier, chacune de ces cabanes tisse une relation profonde avec son environnement. Elles sont conçues par des architectes que l’on devine jeunes et insouciants, pleins d’enthousiasme et au service d’une commande à la fois ludique et alternative ! Ils ont baptisé leurs propositions architecturales de noms évocateurs : Ma petite forêt, Les grands enfants, Stairway to heaven, Entramada… Les projets, tous différents, respectent néanmoins les codes propres à cet exercice de style. Les constructions, de taille modeste (on y tient rarement à plus de trois !), sont en bois, plutôt brut et naturel. Les planches, tasseaux et poutres, de toutes tailles, sont assemblés par cloutage, liens et sangles. Rien n’est fait pour durer longtemps, mais l’expérience sensorielle et poétique qui en résulte reste bien vivace dans la mémoire du visiteur. Après la quête hors des sentiers battus, notre œil découvre, depuis les cabanes, une vue cadrée sur une cime alentour, le lac plus

ou moins proche, un grand arbre isolé, un vallon, une berge pleine de roseaux… Notre corps tout entier expérimente également le vide lorsque la cabane grimpe dans les arbres, la lumière solaire tamisée par un claustra, l’isolement et l’étroitesse si la cabane est basse et sombre. Grâce à cette manifestation plutôt insolite, l’architecture se présente dans sa version la plus simple : celle d’abris rudimentaires et primitifs, sous la forme universelle et nostalgique de la cabane, que chacun de nous, enfant, a bâtie ou tenté de bâtir. Chacune d’elles nous révèle avec singularité le paysage, nous fait pénétrer intimement dans sa dimension bucolique et intemporelle, dans sa force, sa permanence et son autonomie. Il reste encore quelques jours avant que les cabanes ne soient démontées. Pourquoi ne pas y passer un moment en cette saison qui donne des couleurs de feu à la nature ? Festival des cabanes Jusqu’au 15 novembre lefestivaldescabanes.com

la caverne fortifiée : Clara Copiglia, Tim Cousoin, Benjamin Lagarde

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à l'affiche

Emma Dante

sauvages et libres

Après avoir présenté au public lyonnais, en 2016, Le sorelle Macaluso, très poétique histoire familiale, la metteuse en scène palermitaine Emma Dante revient avec Bestie di scena (Bêtes de scène), créé en 2017 à Avignon. Ce spectacle à nu place les comédiens dans une dynamique de survie et les spectateurs, à vif.

Par Florence Roux (Trad. Catherine Garçon) Photo Andrea Macchia

Quel lien faites-vous entre Le Sorelle Macaluso et Bestie di scena ? Emma Dante - Ce sont deux spectacles très différents. Le Sorelle Macaluso est la fresque d’une famille qui a des liens profonds ; profonds au point de ne pas pouvoir se séparer, même après la mort. Dans Bestie di scena, il n’y a plus de parents, pas de trame, juste "quelque chose survient" : plusieurs personnes qui ne se sont pas choisies se retrouvent dans le même lieu et doivent faire face, ensemble, dans un même élan de survie. Quel est le sens de la nudité et celui du silence dans ce nouveau spectacle ? E.D. - Bestie di scena est un travail particulier parce qu’il manque de tout. Ici, il n’y a ni costumes, ni rôles, ni scénographie et il n’y a même pas de texte, pas d’histoire. Rien. Un zéro absolu face au vide de l’existence. Bestie di scena est un spectacle plein de tentations et de pureté, mais il exprime aussi quelque chose qui nous fait nous sentir mal à l’aise. Au fond, le costume, le rôle, l’affirmation de sa propre opinion, le bruit et la musique sont des choses que nous fréquentons quotidiennement. Le silence, non, l’absence, le souvenir de ce qui a été entre nous, nous ne les percevons pas facilement. Le silence met mal à l’aise, perturbe, inquiète parce que nous ne sommes plus habitués à l’écouter. Je dirais que nous ne sommes plus à la hauteur. La qualité de l’écoute est basse, nous avons du mal à distinguer les sons, à reconnaître les voix individuelles au milieu de la masse. Au début du spectacle, alors que la salle est encore éclairée, les acteurs et les actrices se déshabillent puis s’interrompent. Ils regardent, attendent les regards et le spectateur demeure immobile. Son siège devient inconfortable. Il a hâte que la lumière s’éteigne. La lumière et le silence sont des blessures qui brûlent. Bestie di scena s’inspire à la fois du tableau d’Adam et Eve chassés du paradis de Masaccio et d’une phrase d’un livre de Giorgio Vasta, Absolutely nothing, qui évoque un temps d’après-guerre, « […] un temps où la destruction s’est faite oubli ». Qu’est-ce qu’une bête de scène ? C’est un être primitif, pas éduqué, pas simple mais sauvage et donc libre. Les corps nus ici ne sont ni pornographiques ni aguicheurs, ils sont purs, comme des êtres à peine nés. Ils composent une petite communauté d’êtres dépaysés, fragiles qui, dans un geste extrême, livrent aux spectateurs leurs vêtements, renonçant à tout.

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Dans quel sens votre travail est-il politique ? Mon travail est le reflet de ce qui nous entoure, du temps et de l’espace que nous habitons. Donc, même si un spectacle ne part pas d’une racine politique, inévitablement il y arrive. Plus les années passent et plus je sens un refus pour tout ce qui est manœuvré par les dynamiques du pouvoir, je suis mal à l’aise dans les hautes sphères et je ne supporte pas l’abonné qui achète l’abonnement les yeux fermés et ne vient jamais, ou quand il vient dort, laissant la place vide. Cette place vide est une condamnation pour le théâtre parce que c’est une place que personne n’a choisie. Dans Bestie di scena, il y a aussi un regard sur ce vide et, pour moi, ceci est politique.


à l'affiche

à voir Théâtre des Célestins 15 au 17 novembre theatredescelestins.com

Les corps nus ici ne sont ni pornographiques ni aguicheurs, ils sont purs [...]

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Pierre Planchenault©

Bêtes de scènes

festival best of re mb 15 nerove embre c au 1 dé

steven cohen Put your heart under your feet... and walk/à Elu

pour le plaisir... à voir Les Subsistances, Lyon 1er Steven Cohen 22 et 23 novembre les-subs.com

On attend avec un plaisir non dissimulé Put your heart under your feet... and walk/à Elu, la dernière production, hallucinante, de Steven Cohen. Créé l'été 2017 pour le festival Montpellier danse, ce spectacle n'en est pas réellement un. C'est davantage un rite pour rendre hommage à Elu, le compagnon disparu de l'artiste sudafricain. La performance – comme d'habitude avec Steven Cohen – transcende la souffrance de l'artiste et la magnifie dans une cérémonie poignante. Le performeur, qui se définit lui-même comme « sud-africain, blanc, juif et homosexuel », ce qui n'est pas le moindre des paradoxes dans l'ancien pays de l'Apartheid, donne à voir sa peine, l'expose, pour devenir un « tombeau vivant ». Alors qu'une vidéo (filmée clandestinement) projetée en fond de scène le montre dans un abattoir, il apparaît paré de ses plus beaux atours, des cothurnes surélevés, une

robe entre tutu et corset et son maquillage à nul autre pareil qui le transforme en oiseau de paradis. Habitué des performances extrêmes, Steven Cohen se livre ici à une mise à nu qui force le respect et l'admiration tout en créant un rituel artistique bouleversant. Le performeur a présenté déjà quatre performances aux Subsistances, il fait partie des trois équipes artistiques choisies pour cette troisième édition du festival Best Of. "Le principe étant d'inviter et de donner à (re)voir des artistes ou des spectacles particulièrement appréciés". Pour cette nouvelle mouture, le public pourra retrouver The recoil of words de la chorégraphe portugaise Tânia Carvalho, présenté ici-même en 2013, ainsi que Warm, gros succès en 2008 du feu festival Les Intranquilles, une production qui réunit David Bobbée, Béatrice Dalle et Renan Chéreau. Que du bon ! G.V.P.

Parole aux femmes tunisiennes Depuis l’aube des temps, les femmes occupent une place singulière en Tunisie. La reine Elyssa serait, selon la légende, à l’origine de Carthage, l’actuelle Tunis. Aujourd’hui, certaines sont femmes politiques ou chefs d’entreprise, d’autres s’emparent d’une caméra ou du langage chorégraphique. Le Théâtre de Mâcon se propose d’interroger leur statut dans ce pays du Maghreb à travers des films, des ballets et une conférence. Côté cinéma, trois œuvres récentes permettent d’évoquer la condition féminine dans la Tunisie d’après-révolution (2010-2011) : L’amour des hommes de Mehdi Ben Attia, À peine j’ouvre les yeux de Leyla

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Bouzid et La belle et la meute de Kaouther Ben Hania. La conférence Femmes artistes en Tunisie réunira le 14 novembre la chercheuse Mariem Guellouz et la chorégraphe Hela Fattoumi. La première, maître de conférences en sciences du langage, a notamment travaillé sur les rapports entre politiques linguistiques et enjeux identitaires ainsi que sur l’émergence “possible” d’une danse contemporaine au Maghreb... La seconde, chorégraphe, incarne une danse tunisienne d’aujourd’hui. À Mâcon, Hela Fattoumi recrée sa pièce Bnett Wasla avec quatre danseuses du jeune Ballet National Tunisien. Ce solo, écrit en 1998 avec 14

Éric Lamoureux pour la Biennale de la danse de Lyon consacrée à la Méditerranée, est une œuvre mythique, saluée par la critique. Elle restitue sur scène l'alcôve d'un palais de la Médina de Tunis où ont eu lieu les répétitions. Le même soir, Marion Blondeau présente le solo f’m qui, sur fond d’interviews de femmes tunisiennes, interroge : « Quand as-tu compris que tu étais une femme ? » F.R. Danser - f’m + Bnett Wasla Le Théâtre - Scène nationale Mâcon, 14 novembre theatre-macon.com Cinéma Tunisien Cinémarivaux, Mâcon, 7 au 14 novembre


Jim Mneymneh©

25 ans de spectacles et de tournées mondiales pour le Cirque Éloize (prononcer El-waz), qui fait partie des grands noms du cirque contemporain – 11 créations à leur actif, à l’instar des autres québécois Les 7 Doigts de la Main et le Cirque du Soleil. Cette fois-ci, il se collète au mythe du Far West : Saloon vous entraîne, entre mine et désert, dans une Amérique en pleine construction avec shérif, chercheur d’or, danseuse, Calamity Jane et autres lonesome cowboys. La pièce haute en couleurs fourmille de clins d’œil appuyés à l’univers du western. La belle du Saloon fait donc tourner les têtes et deux tourtereaux sèment l’émoi partout où ils passent, à coups de chorégraphies millimétrées et de numéros d’acrobaties spectaculaires. Il y a même quelques travellings quasi cinématographiques, référence au cinéma muet que la bande à Jeannot Painchaud, son directeur artistique, affectionne. Belle invitée de la partie, la musique, jouée live par trois musiciens et une chanteuse, plonge dans le répertoire country-folk, empruntant à Johnny Cash (Will the Circle Be Unbroken), Patsy Cline (Bad news) ou Dolly Parton, et s’inspire des bandes son à la Morricone. Les numéros, bluffants pour certains, s’enchaînent sans temps mort : roue Cyr, planche coréenne, sangles, mât chinois, main à la main, jonglerie, ballet de lassos et même de la marionnette. Les huit à voir aventuriers-circassiens savent tout faire et Maison de la Danse Lyon passent avec maestria d’un registre à l’autre, 9 au 25 novembre chant, danse, acrobatie, pour la joie d’un maisondeladanse.com public sous le charme. A.H. Cirque Éloize

VincentBerenger©

à la conquête de l’Ouest

Bêtes de scènes

Cabaret western

Logiquimperturbabledufou

___ APARTÉ Les Assoiffés de Mouawad. Créé en mars dernier, au Verso à Saint-Etienne, par la compagnie stéphanoise LalalaChamade, le spectacle Assoiffés de Wajdi Mouawad est étrange, mais aussi drôle et onirique, comme l’est la langue du dramaturge libano-canadien. Entre jeunesse et âge adulte, la pièce mêle les destins très différents de trois êtres assoiffés de vie… La metteuse en scène Alice Tedde et ses trois comédiens s’emparent de l'enquête, où il est question de rage adolescente, de cadavres enlacés et d’un anthropologue judiciaire. F.R. Théâtre de l’Elysée, Lyon 7e 21 au 24, 26 au 27 novembre lelysee.com Les vertiges de Djemaï. Après son divorce, Nadir, fils aîné d’une famille d’origine maghrébine, expérimente les vertiges du temps qui passe et l’amertume en retrouvant la vie et l’appartement de ses parents. Pour peindre “la maison hantée” de son héros issu de l’immigration, l’auteurmetteur en scène grenoblois Nasser Djemaï s’est documenté et inspiré de ses souvenirs d’adolescence dans les quartiers. « C’est à partir de mon histoire que j’invente mon théâtre, dit-il, en immersion dans ces contes et légendes des temps modernes. » F.R. Théâtre Théo Argence, Saint-Priest 16 novembre theatretheoargence-saint-priest.fr Les fous de Zabou. La dramaturge et metteuse en scène Zabou Breitman explore, dans Logiquimperturbabledufou, la folie avec quatre comédiens en blouse blanche, coiffés de couronnes, d’entonnoirs, d’oreilles de lapin, de bonnets à grelots... Comme en 2009 avec Les gens à partir d’un film de Depardon, elle s’inspire d’œuvres télévisuelles, notamment un documentaire d’Igor Barrère sur la clinique de La Borde, tout en allant chercher des références chez Tchekhov, Shakespeare, Racine, Kafka, Lewis Carroll, Gogol ou Zouc. D’une anecdote à l’autre, le spectacle joue avec le décalage, le rire, sans négliger l’inquiétude. F.R. Théâtre de la Renaissance 29 novembre au 1er décembre theatrelarenaissance.com

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Dépeinture - N°3

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métaphorique

à portée

Stéphane Durand

numéro 03 - nov. 2018

Les Veilleuses en collaboration avec Patrick Laurino 6 au 8 déc. Fête des Lumières, Lyon fetedeslumieres.lyon.fr

Le Mètre en collaboration avec Patrick Laurino 22 nov. au 31 déc. Lausanne Lumières festivallausannelumieres.ch

Les Flotteuses 15 nov. au 15 jan. Lac de Genève, Genève ville-ge.ch/genevaluxfestival

NOx Process Factatory jusqu’en déc. 99 bis, ave. Jean Jaurès, Lyon 7e

Tapis OL/SE Regard sur la paix jusqu’au 15 nov. Place Chazette, Lyon 1er

à voir

fokus


les flotteuses

Les peintres américains Robert Motherwell et Franz Kline ; les artistes que sont Christian Marclay, Matthew Barney, Melik Ohanian, Delphine Reist et Laurent Faulon ; le cinéaste Werner Herzog, les chorégraphes Boris Charmatz et Mathurin Bolze, le couturier et designer Christian Lacroix ou encore Fabio Viscogliosi…

« Ceux qui traitent de notre rapport au temps, à l’histoire, à l’environnement, par exemple ».

Quelques artistesi dont il se sent prochei

Par Anne Huguet

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Son travail "ne s'inscrit pas dans une pratique définie, mais davantage dans des gestes à la portée métaphorique et critique, qui réinvestissent des formes communes d'une culture populaire. Les codes visuels, les objets, les comportements qu'elle produit, sont à la fois le point de départ et les matières qui nourrissent ce travail. C'est l’image, son rapport au monde et ce qu’il en reste qui est en jeu dans ce travail, par lequel l'artiste nous laisse entrevoir que de la vacuité de ces "inébranlables" économies naît aussi la poésie de l'incertain." Stéphane Durand montre le monde « de façon symbolique et ludique », il ne critique pas mais constate ce qui ne tourne pas rond. « Montrer la vacuité de la société de consommation. Nous mettre face à nos propres contradictions, moi y compris ; être attrapé par nos propres leurres », mais aussi l’obsolescence programmée, la surconsommation, la communication dans un monde hyperconnecté, la place de l’homme dans le cycle de la nature, la pollution sont autant de sujets sensibles qui « lui sautent à la figure ».

À vingt ans, il fréquentait les Beaux-Arts de Lyon et tâtait déjà de la peinture. Il avoue avoir toujours dessiné et aimer « faire » : « pour l’échange que cela procure avec l’esprit ». Il partage sa vie entre installations dans l’espace public – il a collaboré avec Les Invites de Villeurbanne, la Fête des Lumières de Lyon ou les Francofolies de La Rochelle, œuvres personnelles et un travail quotidien de décorateur et scénographe, pour le cinéma, la télévision et l’opéra principalement. Pour l'anecdote, la musique est toujours une passion, il est actuellement batteur du groupe AWHAT ?.

Stéphane Durand est plasticien. à travers la peinture, l’installation et le volume, il détourne des matériaux et des objets, il donne « du sens à des formes ». Passant d’un médium à l’autre, son travail peut prendre des formes multiples. Des tableaux de « Dépeinture », un gros bonhomme Michelin en couleurs, des installations lumineuses poétiques, un tapis « volant » tissé d’objets ennemis (ici des écharpes des supporters rivaux historiques : OL versus ASSE), sans oublier son travail autour de la pollution : les images qu’il fait naître sont belles et fragiles.

œuvres Stéphane Durand

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*NOx est la formule couramment utilisée pour regrouper les différentes familles des oxydes d’azote

NOx*Process naît d’un mécanisme d’apparition provoqué par l’artiste et révélé par un environnement. Des motifs sont imprimés à la colle sur des toiles disposées ensuite en différents lieux de la ville, en ce moment à la Factatory (Lyon 7e). Ces surfaces semblent en un premier temps immaculées mais progressivement des figures et des formes végétales apparaissent dans la noirceur provoquée par les particules de pollution ambiante, qui rappellent notre propre environnement originel. À l’élégance des motifs se superposent les symptômes d’une asphyxie latente que nous semblons ignorer.

Nox Process

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nox process - N°7


Lettres & Ratures

Hurry on down de John Wain

Apprendre à nager dans la tempête Par Marco Jéru

Créées par Florian et Yves Torrès, deux frères vivant à Lyon et à Marseille, les éditions du Typhon nous invitent, sous l'égide de Joseph Conrad, à plonger dans l’œil du cyclone d'une littérature traversée de souffles puissants. Pour lancer ce tsunami littéraire, trois romans de la Nouvelle Vague anglaise des 50's, les Angry Young Men, paraissent coup sur coup : Hurry on Down et Frappe le père à mort de John Wain, et Billy le menteur de Keith Waterhouse.

C

ontemporain de la Beat Generation aux États-Unis et des mods en leur pays, cousins de gauche des Hussards français, le mouvement des Angry Young Men (jeunes gens en colère) désigne un groupe d'écrivains anglais apparus dans les années 50. Ils s'appellent John Osborne, John Braine, Kingsley Amis, Alan Sillitoe, Keith Waterhouse, John Wain. Créateurs de beautiful losers préfigurant les working class heroes chers aux Kinks et au Free Cinema, bien avant les punks, et à l'instar du personnage joué par Malcom McDowell dans le film If, ces jeunes gens sont en rupture avec l'intellectualisme et l'élitisme universitaire dont Oxford et Cambridge sont les emblèmes. Réfutant les idéologies communiste et libérale, ils utilisent une langue moderne, simple et directe, loin du style ampoulé de l'art pour l'art. Anticipant les films de Ken Loach ou les romans de Ian McEwan, leurs héros sont des rebelles sans cause issus souvent de milieux modestes. Mus par leur rejet des barrières sociales ou des conventions qui les entravent, ils portent sur la société et l’establishment un regard cynique et désabusé. Qu'ils s'appellent Charles Lumley dans Hurry on Down, Jeremy Coleman dans Frappe le père à mort ou Billy Fisher dans

rencontre & projection Ciné-café Aquarium Lyon 4e 13 novembre à 19h30 aquarium-cine-cafe.fr

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Les éditions du Typhon leseditionsdutyphon.com

Billy le menteur, ils incarnent une génération de déclassés en porteà-faux avec l'hypocrisie de classe, l'oppression familiale, le miroir aux alouettes de la réussite, réduits soit à la fuite, soit au mensonge. Ces trois romans inaugurent la collection Après la Tempête, dont l'ambition est de sonder les êtres après une période de conflit et de répondre à la question atemporelle : comment construire et se construire dans un monde sans horizon qui ne veut pas de vous ? Au printemps prochain, l'éditeur étrennera sa deuxième collection, Les Hallucinés, propice à creuser, entre poésie et fantastique, les histoires de fantômes, « ces oubliés qui contraignent, en apparaissant, à penser ce qui disparaît ». L'occasion de redécouvrir un des monuments de la littérature caribéenne, Eltonsbrody d'Edgar Mittelhozer, chef d’œuvre anthropo-gothique, véritable plongée au cœur des ténèbres, entre folie et terreur. C'est aussi dans cet espace "lovecraftien" que se situe le projet des éditions du Typhon : proposer des textes à jamais modernes qui font vivre mille vies en une. Par la guerre sourde menée aux mots, ces œuvres ont la capacité d’ouvrir le réel, de décloisonner les discours imposés par les doctes et de réveiller les sources du désir – de la mélancolie à la joie – que l’esprit de sérieux, l’idéologie et la tentation du repli avaient asséchées. Du trauma à la résilience, bon vent au Typhon !



De l’art de bien boire

20 sur vin

Par Lucie Diondet Photos Enna Pator

Ni LE BEAUJOLAIS… BLANC Sans comparaison aucune avec les dix crus ou le vin primeur qui font la réputation de son appellation, ce Beaujolais blanc est produit et vinifié à la beaujolaise, avec macération semi-carbonique des grappes entières. Un vin frais à déguster aux côtés de l’autre beaujolais blanc du même domaine, élaboré lui selon la méthode bourguignonne, qui implique la fermentation sans sulfite des raisins égrappés et l’élevage en fûts de chêne. Une idée très Nunc Est Bibendum pour un apéritif aux accents de chardonnay. Beaujolais blanc, AOC Beaujolais Domaine des Terres Dorées Jean-Paul Brun Charnay-en-Beaujolais (69) Blanc, 2017 (12 eur., en vente chez CAVAVIN, Lyon 2e)

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œnologue, ni caviste, encore moins vigneron, Laurent Turrel est un passionné de vin qui en parle et le partage. Il s’emploie à le faire connaître et découvrir selon "sa" règle d’or : « apprendre à le boire, tout en modérant sa consommation ». D’abord intéressé par la vigne, il parfait son apprentissage en rejoignant un club de dégustation. Les rendez-vous hebdomadaires, honorés pendant plusieurs années, sont des mines de savoir qu’il peut ainsi partager avec d’autres nez et palais avisés. À force de pratique, on lui propose de verser à son tour la bouteille. C’est le moment d’ouvrir d’autres portes ! Il crée l’association Nunc Est Bibendum, locution tirée d’un vers d’Horace ("Et maintenant il faut boire") puis monte un club, deux, puis trois qui font boule de neige. En 2006, c’est le grand saut : il quitte son poste dans le transport international pour vivre pleinement (de) sa passion. Le défi a porté ses fruits puisqu’aujourd’hui Laurent Turrel organise et anime dix-huit clubs de dégustation thématique par mois à Lyon, Mâcon, Villefranche-sur-Saône et Saint20

Étienne. Entouré de ses complices cavistes, vignerons ou commerçants de bouche, il développe aussi des événements croisant les mondes du vin, de la cuisine, des sports et des arts. Les accords entre vins et chocolats, les secrets d’une appellation (le Beaune ce moisci) ou d’un vignoble étranger, des battles vinbière-fromage avec le Lyon Cervoise Club et un crémier du Vieux Lyon, des conseils pour la cave, des rallyes viticoles, des projections de films (Mondovino bien sûr !) sont autant de facettes de son quotidien. Concoctée pour les particuliers, les entreprises et les écoles, la carte des activités est riche et ludique pour qui veut trouver l’amour… du vin ! Certains habitués, à force de bonnes leçons, se font parfois les prescripteurs de bouteilles mises à l’agenda de Nunc Est Bibendum. Sorti des vins, Laurent Turrel cuisine aussi pour les autres. Il ouvre parfois sa maison pour des dîners-dégustations, proposés à tous sur inscription. Et il « cultive [son] jardin »… partagé lui aussi, là-haut sur la colline de Fourvière, derrière sa cave fétiche du Vieux Lyon. En fin d’entretien, notre verre de Saumur rouge savouré, nous avons retenu l’essentiel : « c’est maintenant qu’il faut boire », mais surtout bien boire ! Nunc Est Bibendum nuncbibendum.com


arts visuels

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La photographie pour regarder

le monde autrement Par Anne Huguet

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Photo Brigitte Grignet/Agence VU’

a petite association Dans Ta Chambre n’a pas froid aux yeux et se lance dans un projet ambitieux avec Vraiment ???. Ce nouvel événement culturel consacré à l’image entend s’installer dans l’Ain chaque automne. La première édition pose ses valises principalement à Bourg-en-Bresse avec une dizaine d’expositions dans divers lieux. Le fil rouge Ici, je vis... s’intéresse à la question de territoire – et des lieux d’habitation : "Comment on l’habite, on le partage, on le protège ; comment on se le dispute, que ses réalités soient urbaines ou rurales, qu’on y soit en sûreté ou en danger, qu’il disparaisse inexorablement ou qu’il soit condamné à ne plus être habité". Neuf photographes délivrent leur vision du monde, soulevant des problématiques environnementales, sociétales ou politiques. On pourra ainsi découvrir le travail de Susan Meiselas, l’une des figures de l’agence Magnum, autour de la pratique du documentaire. L’Américaine a traversé les conflits et les sujets avec une approche très personnelle. Ses projets au long cours disent son regard sur le monde, l’histoire ou encore les droits de l’homme. à vivre également le travail inédit et immersif, The Red Forest, du photographe sud-coréen

vivant à Paris Daesung Lee. Ses photographies, souvent saisissantes, questionnent la mondialisation et font mouche. Quant à la Belge Brigitte Grignet, exposée dans le monde entier et récompensée par de nombreux prix, c’est en Palestine qu’elle nous entraîne avec Unfortunately, It was Paradise, une plongée à la poésie sombre dans un quotidien souvent pas rose. On pourra également retrouver la Lyonnaise Marion Bornaz avec Faut Qu’ça Pousse ou Lucie Moraillon et ses portraits sensibles de familles tziganes. Bonne nouvelle, toutes les expositions sont gratuites*. *Mécènes et sponsors bienvenus, il est toujours possible de soutenir le projet réalisé en partie avec du financement participatif

VRAIMENT ??? #1 Ici je vis... 9 au 22 novembre Divers lieux Bourg-en-Bresse (01) VRAIMENT - trois points d'interrogation

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adn

l'esprit

et la matière

remi-favier-sculpture.com

comme une expression renouvelée et persistante du bel ouvrage. Sans passéisme, il y a chez ce quadragénaire, apprenti forgeron, une Par Vérène Saint-André fascination pour le tour de Photo Jérôme Bertin main d’autrefois, la forme qui a la patine du temps, les matières que le feu transforme. Avec Rémi Favier, maçon de formation du verre imparfait récupéré et passionné d’architecture, bat en brèche Des mains de travailleur, un dans les friches qu’il assemble le cliché qui oppose l’intellect et la force esprit acéré, le regard vif, Rémi pour former des "vitres" non manuelle. À travers ses sculptures et ses Favier a le verbe alerte et une figuratives, Rémi raconte un photographies s’expriment son attachement appétence pour le savoir et monde industriel qui s’effrite, au tour de main qui transforme la matière le savoir-faire. Il commence « un monde en voie de disparition et la nécessité de témoigner d’un monde à vingt-deux ans sur les dans la société occidentale, industriel qui s’effrite… chantiers de BTP, coule des relégué dans les nouveaux pays murs, conforte et construit des industrialisés ». ouvrages d’art. Après ces années de labeur physique, il rejoint le Il s’empare aussi de la photographie pour capturer des fragments relatif confort des bureaux d’études de l’administration tout en de bâtiments industriels abandonnés, un sombre romantisme qui gardant un ancrage sur le terrain. En parallèle, il enrichit son témoigne d’hier ou d’ailleurs. « Ma vison est nostalgique d’un monde érudition en la matière et s’intéresse aux bâtisseurs, aux architectes. ouvrier fait de luttes, d'évolutions sociales liées au combat avec le patronat, « L'architecture est au centre de ma vison, c'est le stade ultime de la mais un monde de fierté du travail manuel, de l'appartenance à une sculpture appliquée, deux univers faits de lumière, de pleins et de vides : aventure collective. Cette dimension disparaît dans une société de services l'architecture est une sculpture fonctionnelle. » liée au consumérisme ». Dans une époque qui, à force de vouloir tout Dès lors, les ponts qui relient son métier à l’art se révèlent une dématérialiser, en deviendrait inconsistante, le travail de Rémi évidence ; il commence à sculpter. Ses œuvres abstraites, aux lignes Favier nous rappelle à la matière, dans une impérative vitalité, avant pures, en bois, en verre ou en acier, imposent force et précision, de retourner poussière… à voir La Combe du Lynx* 16 novembre au 9 décembre lacombedulynx.wixsite.com/ lacombedulynx

* 20 route de la Combe du Lynx Coiron 01450 Saint-Alban numéro 03 - nov. 2018

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à la moulinette

"Artiviste". Poète. Chanteur urbain. Amoureux de la langue française. Il découvre le hip-hop avec le Wu-Tang-Clan et bascule dans le slam avec la poésie de Saul Williams. « Je suis un arabstrait ». Des rimes et des vers, l’écriture ciselée, la diction impeccable, le corps qui chaloupe et le groove brûlant d’Ostax : Mehdi Krüger est un poète de révolte et d’espoir qui fait mouche et touche.

MEHDI KRÜGER Interpellé par Anne Huguet Photo Julien Petit

Où étiez-vous hier soir à 22 heures ?

Je hurlais des consignes de jeu à un écran sans défense, devant France-Allemagne. Qu’est-ce qui vous manque le plus quand vous n’êtes pas chez vous ?

Rien… tant que je suis dans un train ou un avion avec un livre, de la musique et un carnet. Où rêveriez-vous d’habiter ?

Un terminal d’aéroport : pour rester en transit et avoir le monde à portée d’aile. Qu’emporteriez-vous sur une île déserte ?

Un code Wi-Fi valable.

Comment voyagez-vous de préférence ?

J’ai un penchant pour les vieux trains avec des banquettes en moleskine et des fenêtres. Qu’est-ce qui vous fait le plus rire dans la vie ?

Une réplique percutante ou une répartie cinglante, même contre moi !

Que faites-vous quand vous ne slamez pas ?

Je cours dans des forêts et je lis des livres dans des cafés. Qu’est-ce qui vous plait dans les mots ?

Ils ne sont qu’un souffle dans l’air, une tache d’encre sur du papier et pourtant… ils sont vivants ! Ils changent, vieillissent puis disparaissent... Quel mot abhorrez-vous ?

Quand voyez-vous rouge ?

Quand la connaissance et la culture servent à diviser au lieu de permettre la rencontre. Qu’est-ce qui vous émeut ?

Quand quelqu’un refuse le destin qui lui était tout tracé. Qu’est-ce que vous méprisez par-dessus tout ?

Le mépris lui-même, quand il est mépris de classe par l’argent ou les codes sociaux. Etes-vous superstitieux ?

Pas. Du. Tout.

Croyez-vous en la réincarnation ?

Mais. Il y a toujours un "mais" quand on veut faire quelque chose de drôle ou de fou.

Je crois en la réinvention.

Comment vous mettre hors de vous ?

Il fait bon, la rue est calme et le ciel est clair… Savoure, Krüger ! Savoure !

Par la bêtise fière d’elle-même.

À quoi pensez-vous maintenant ?

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à voir Auditorium Villefranche (69) 17 novembre L’Épicerie Moderne Feyzin 29 novembre La Faïencerie La Tronche (38) 30 novembre Agend’arts Lyon 4e 7 au 20 janvier 2019

numéro 03 - nov. 2018


déambulations

08.11.18 20h00

Guitar maestro

musique

Les Australiens de John Butler Trio reviennent défendre le fraîchement sorti HOME, un septième album studio qui explore de nouveaux horizons comme l’électro et le hip-hop. Si l’inventivité un peu déjantée des débuts a peu à peu laissé place à des ballades plus conventionnelles, en témoigne le dernier single Miss Your Love, le groupe reste une valeur sûre en concert, où la folle technique "guitaristique" et le charisme de son leader prennent toute leur envergure. R.B. Radiant-Bellevue, Caluire radiant-bellevue.fr

14.11.18 21h00

L’union fait la force

Xxxxxx xxxxx©

Ne vous fiez pas à ce nom derrière lequel on imaginerait presqu’une armada. They Call Me Rico est un homme-orchestre sachant tout faire et adepte de raw blues qui affronte, seul, le public avec sa six-cordes, sa grosse caisse, ses cymbales, son harmonica et sa voix caillouteuse. Réputé pour ses concerts détonants, Frédéric Pellerin alias They Call Me Rico vient de lâcher une nouvelle galette Sweet Exile (sortie 9 novembre). Il s’est aussi acoquiné à trois fines gâchettes, The Escape, basse, guitare, batterie, pour décupler sa puissance sonore et varier les orchestrations d’une musique blues à l’os et sans artifices. A.H. Le Périscope, Lyon 2e periscope.lyon

They Call Me Rico

16.11.18 20h30

« A warrior in the shape of a girl… »

Roberto Greco©

Le festival du Beaujolais Les Nouvelles Voix continue sa mission de "dénicheur" de nouveaux talents prometteurs tout en proposant des résidences de création (Medhi Krüger pour 2018) et en soutenant l’émergence. Cette 14e édition aligne donc une vingtaine de noms plus ou moins méconnus, dont certains vont cartonner à n’en point douter, ainsi la Bruxelloise et petite sœur d’Elvis Roméo, Angèle. Autre Flamand à découvrir, Tamino (13/11 à Gleizé), dont la voix bouleversante devrait faire mouche, sans oublier les trublions d’Inüit (17/11) et leur électro-pop à la française fantasmée. Mais c’est Flèche Love qui attire toute l’attention. Cette belle de nuit, dont la voix rauque et puissante habitait les mélopées épiques des Suisses de Kadebostany, prépare un premier album solo pour début 2019. Balançant entre univers hip-hop et soul, Amina Cadelli écrit, chante et rappe, compose et produit ses propres morceaux ; elle s’engage surtout, à travers ses chansons, pour les femmes et pour toutes les personnes victimes d’oppression et de al discrimination. Dont acte avec Sisters où elle reprend les Festiv les Voix l e v mots de la poétesse afro-américaine et féministe engagée, u Les No ers lieux, Audre Lorde. A.H. Div franche Ville lentour et a 18 nov. Théâtre de Villefranche 12 au theatredevillefranche.com Flecheloveofficial Flèche Love numéro 03 - nov. 2018

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déambulations

16.11.18 20h00

Revoilà l’élégant duo synth-punk marseillais Nasser avec The Outcome à leur image : sombre et dansant. Les onze titres naviguent à vue dans un électro-rock pêchu et nourri d’influences variées qui vont de LCD Sound System au cinéma de Romero ou de Carpenter, de la new wave à de la techno pure. On y entend des guitares furieuses, des beats dansants, une batterie qui claque, des synthés analogiques, des intros addictives (Love) et des hymnes à dancefloors. Bonus de l’album, la voix de la danseuse et chorégraphe japonaise Kaori Ito (Chaos A.D). Après plus de dix ans d’ancienneté et des expériences transfuges (Husbands, French 79), Nasser est une machine de guerre live, adepte des shows rodés avec stroboscopes, loopings, énergie dantesque… et une classe inégalable. A.H. C.C.O. Villeurbanne mediatone-lyon.net

Jean-Louis Murat

Thomas Bertini©

Agitateur de dancefloors

Nasser

18.11.18 20h30

Uranium Club, dans le vif Le post punk sans concession d’Uranium Club revient à Lyon après deux ans d’absence. Allant chercher ses influences du côté de ses congénères punks Devo, le combo de Minneapolis – deux guitares, basse, batterie – s’énerve en s’amusant, à moins que ce ne soit l’inverse, avec un sens aiguisé de l’absurde. Sur scène comme sur disque – leur troisième album est sorti en 2016 sur le label londonien Static Schock Records – Uranium Club lacère gentiment les oreilles de ses lignes mélodiques brusquées par un son acéré, une rythmique saccadée et un chant haché. La recette, pas neuve, ne s’est en rien émoussée chez Uranium Club : au contraire, ça tranche ! V.S-A. Sonic, Lyon 5e SonicLyon

Frank Loriou©

suite...

23.11.18 20h30

Un nouveau Toboggan pour Murat ! Avec Il francese, Jean-Louis Murat, plus inspiré que jamais, signe un 25e album qui, moins d’un an après Travaux sur l’A89, s’en va flirter du côté de l’Italie, terre adorée du plus auvergnat des songwriters français. Entre clins d’œil au cinéma italien avec Silvana, ou évocation de la figure de Marguerite de Valois, les thèmes furètent entre lyrisme nostalgique et improbable poésie du détail. En espiègle touche-à-tout, Murat se fait multifacettes jouant tantôt de nappes électroniques, pour des ambiances quasi eighties, tantôt du son des fanfares. Bruitages divers, sons retravaillés, nombreux sont les effets et ambiances de ce nouvel opus tandis que l’artiste promet un retour à une formation guitare, basse, batterie en tournée. Rendez-vous pour en avoir le cœur net ! V.A. Le Toboggan, Décines letoboggan.com 25


déambulations

24.11.18 20h30

Légende underground

idles

Songwriter ouvertement admiré par David Bowie ou Elton John, Michael Chapman est aussi inconnu du grand public qu’icône parmi les connaisseurs. Le vétéran du folk-rock anglais a sorti en 2017 l’album 50, référence à ses cinq décennies de carrière. Toujours inspiré de sonorités Outre-Atlantique, avec des morceaux dans la pure tradition folk americana, Chapman reste, à 75 ans, l’une de ces grandes références par sa capacité à se réinventer dans un genre pourtant très calibré. R.B.

Joy Main Assett©

Sonic, Lyon 5e SonicLyon

23.11.18 20h30

Punk is not dead Des Anglais qui éructent leur rage et leur frustration sur scène à grands coups de guitares à fond et de chants hurlés, on connaît déjà ça. IDLES est la nouvelle sensation post-punk de Bristol, cinq gars de la middle class remontés à bloc pour cracher sur les travers d’une société malade… de violences, de drogues, de drames, de misères, de revers. Ils ont posé les bases de leur « angry-happy-music » avec un premier album compact, Brutalism, la suite, Joy As an act of resistance, toujours sans concession, joue des murs de guitares et des cavalcades rythmiques. Le genre à vous mettre illico une bonne paire de baffes. A.H.

Grand Blanc

Boris Camaca©

musique

L’Épicerie Moderne, Feyzin epiceriemoderne.com

28.11.18 20h30

Pas si sages Embarquement immédiat pour l’Ailleurs avec Grand Blanc. De Belleville à Los Angeles, des Îles en Rivière..., Image au mur, le second et très réussi opus du jeune groupe prodige, originaire de Metz, nous plonge dans une électro-pop plus aérienne encore que son prédécesseur. Paroles faussement sages et glissements de sens continuent de se fondre dans les vibrations synthétiques héritées des années 80. Voix sibylline et grave s’enchaînent ou se mêlent au fil de morceaux dont l’efficacité sonne déjà comme une invitation au voyage. Sur scène, l’odyssée n’en sera que plus lumineuse. V.A.

01.12.18 20h00

Ribot à la dynamite Avec YRU still there, c’est un Marc Ribot remonté à bloc, période Trump, qui débarque à l’Opéra Underground, dans le trio Ceramic Dog qu’il forme avec Shahzad Ismaily à la basse et Ches Smith à la batterie. À période Trump, album hardcore, post-rock, free jazz, féroce et crasse. Le guitariste new-yorkais virtuose a peut-être tâté de tous les styles mais là, il explore l’explosion, la guitare noise, la colère : « […]I got a right to say "Fuck You" ! I got a right to ignore everything you say, my feelings are political.* » Nous sommes prévenus. Cela passe même par des dissonances. F.R. Amphi-Opéra, Lyon 1er opera-lyon.com

L’Épicerie Moderne, Feyzin epiceriemoderne.com

numéro 03 - nov. 2018

*« […] j’ai le droit de dire “va t’faire foutre !”, j’ai le droit d’ignorer tout ce que tu me dis, mes sentiments sont politiques »

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l'arkuchi du mois

musique, littérature, bd, cinéma… L’Arkuchi du mois attrape en un clin d’œil ce qui fait vibrer la scène actuelle. C’était mieux avant regarde dans le rétroviseur le foisonnement culturel d’hier et s’attarde sur les pépites qui brillent encore… Plutôt "bien maintenant" ? plutôt "mieux avant" ?

Reinhard Kleist semble suivre un chemin bien tracé. Après Elvis Presley et Johnny Cash, voici son nouveau roman graphique consacré au leader des Bad Seeds, Nick Cave. Le dessin noir et blanc nous plonge dans la vie de l’artiste, de ses débuts en Australie à Londres, Berlin ou São Paulo. Biographie presque fantasmée, les personnages des chansons – une quinzaine revisitée par l’auteur berlinois – deviennent vivants. La figure tutélaire de Robert Johnson vient nous hanter sur Higgs Boson Blues. Tout ce qui fait l’essence de Nick Cave et de sa musique, le sens du sacré, les pulsions destructrices, les contradictions et les délires, est bien présent : Kleist en « faiseur de mythes » brode, conte et nous entraîne, entre fiction et réalité, dans un étrange voyage western punk. Glaçant… et envoûtant ! N.R. Nick Cave - Mercy on Me - Reinhard Kleist éditions Casterman - Collection Écritures Parution : 22 août

Septembre 1938, Manuel Mena meurt à 19 ans dans la bataille de l'Èbre... D’emblée, Le Monarque des Ombres nous plonge dans les méandres de la guerre civile espagnole qui passionne Javier Cercas. Cette fois encore, l’auteur du fascinant L’Imposteur, paru en 2015, se met en scène en enquêteur historique, hésitant sur les traces d’un héros impossible ou perdu… Ce héros-là, Manuel, n'est autre que l’oncle de sa mère qui, « fervent franquiste », incarne pour l’écrivain de gauche « ce passé qui (le) faisait rougir de honte ». L’enquête se transforme en une quête intime dans laquelle il dissèque les plaies de l’histoire familiale, révèle un jeune homme plus complexe que sa légende… En tre Pour in fine assumer sa part d’héritage : « ...sa rencon bre, m e v biographie était ma biographie ». F.R. 9 no Gillet

Après deux albums, > puis >>, Beak sort son troisième "bec" : >>>. Si le batteur Geoff Barrow et le bassiste Billy Fuller ont joué dans des groupes de trip-hop (Portishead, Massive Attack), Beak n’a rien avoir avec cette choucroute-là ! Avec son clavier ingénieux, le trio de Bristol chasse sur les terres teutonnes de Can, du krautrock et de l’ambient. Comme sur les précédents albums, on savoure ces morceaux hypnotisants et inquiétants (Brean Down) ou plus mélancoliques (Birthday Suit, When we fall). Allé Sauvage, pièce maîtresse de plus de sept minutes, marque un léger tournant vers l’Italo-disco d’un Moroder avec un art maîtrisé de la sobriété : une prouesse ! V.S-A.

Le monarque des ombres - Javier Cercas Editions Actes Sud Parution : 29 août

>>> - Beak Invada Records Sortie : 21 septembre

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c'était mieux avant

Jean Seberg

Sainte et martyre, éternelle…

Idéal féminin pour toute une génération, l’actrice Jean Seberg, délice de beauté cachée sous une grâce androgyne, incarne le "cool" des années 60...

Par Nikki Renard

À

Bout De Souffle. Le film évidemment qui l’a immortalisée. À bout de souffle aussi, comme une épitaphe à une vie en montagnes russes faite de rencontres intenses, de succès, d’échecs cuisants, de ruptures déchirantes et de rendez-vous manqués... Jean Seberg est pour toujours Patricia Francini, celle qui donne la réplique à Jean-Paul Belmondo dans ce premier long métrage de Godard. J’entends à jamais sa voix « New York Herald Tribune » et je savoure ! Parce que, au-delà du mythe, se dresse une femme de caractère et d’une humanité rare. à l’aube des années soixante, à peine âgée de quatorze ans, Jean s’engage pour défendre les droits de la cause noire et milite auprès des Black Panthers. Dix ans plus tard, elle en paie le prix fort : la presse la traîne dans la boue, précipitant sa perte… Jean Seberg est découverte par Otto Preminger, avec qui elle tourne Saint Joan (1957) et l'adaptation du célèbre roman de Françoise Sagan, Bonjour Tristesse (1958). Ereintés par la critique, ces deux premiers films scellent la vie chaotique de celle qui représente la Nouvelle Vague. Lilith (1964) de Robert Rossen est un abîme sublime où son rôle de folle schizophrène se révèle si réel qu’il touche à rendre mal à l’aise. Suis-je un voyeur observant une actrice qui se livre à ce point et me laisse avec mes propres démons ? Peut-on filmer la folie de si près ? Elle incarne l’intime encore plus intensément avec Philippe Garrel dans Les Hautes Solitudes (1974), film muet expérimental et autoportrait, où la poésie du silence et de la solitude s’exprime dans toute sa quintessence. Jean a joué dans près de quarante films, dont la plupart restent injustement méconnus. Les profondeurs de l’âme humaine sur pellicule nous grandissentelles ? Happiness is A warm Gun.*

*Beatles, White album

1964 renewed 1992 Columbia Pictures Industries, Inc.© Tous droits réservés.

Lilith (1964) Robert Rossen 29

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cuisine-moi

Les épices, la précieuse cannelle, le miel, la noix de muscade et le vin font la fête aux bonnes poires. « Enivrez-vous » (Charles Baudelaire) de ce dessert diaboliquement bon qui vous (ré)chauffera avant l’hiver…

... la poire

au marché • 4 poires • 20 cl de Beaumes-de-venise* • 200 g de sucre • 4 c. à soupe de miel • 3 clous de girofle • 1 gousse de vanille fendue • 1 bâton de cannelle • ½ c. à café de noix de muscade râpée • 2 cm de gingembre frais • 5 grains de poivre noir, • zeste orange (1) et citron (½) non traités • cassonade

Dans une casserole avec 75 cl d’eau, mêlez le sucre, le miel, les clous de girofle, la gousse de vanille, le bâton de cannelle, la noix de muscade, le gingembre émincé, les grains de poivre, le zeste d’orange et le jus de citron. Portez à ébullition.

Jeanne Brousse

Faites frémir sans bouillir et réduire pendant 20 minutes. Laissez tiédir ce sirop pendant quelques minutes, ajoutez le Beaumes-de-venise. Mélangez. Pelez les poires en les laissant entières avec la queue. Plongez vos poires toutes nues dans votre sirop – philtre d’amour ?! – et laissez pocher pendant une quinzaine de minutes à feu doux. La chair du fruit doit être moelleuse à l’intérieur et ferme en apparence. Pour plus de gourmandise, saupoudrez les poires de cassonade et faites-les caraméliser au four quelques minutes sous le feu du grill, elles vont dorer et roussir de plaisir. Servez les poires encore tièdes têtes bêches et arrosez généreusement du sirop aux épices, accompagnez éventuellement d’une boule de glace à la vanille. Maintenant, fondez ! 15 minutes

35 minutes

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*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération. ** Céramique, boutique Respiro à Lyon.

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1. Propre à cette saison. 2. La reinette est celle de l’automne - Formation militaire navale ou aérienne. 3. Fruits de saison - Drogue raccourcie. 4. Fouilles du regard - Freine brutalement. 5. Vieux plaisirs - Accompagne souvent le chasseur. 6. Utile à la cueillette des myrtilles - Très appréciés, surtout petits... 7. Nez réputés - Négation. 8. Flottantes pour le chef - Trop jeune pour le chasseur. 9. Facile à traverser - Sac indispensable à la reproduction végétale. 10. Terre argileuse Antique engin d’assaut.

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VERTICALEMENT

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A. Inutiles au jardinier en cette saison. B. Faut pas rêver... ! Etincelé. C. Recommandé à l’horticulteur. D. Sous lequel on peut s’impatienter - Vieux bloc éclaté. E. Pense donc - Le vieil Eridan. F. Tels les arbres en décembre - Essuie-tout décapité. G. Se renouvelle sans cesse - Recueillera. H. La chasse ne l’est pas toujours ! - Espace stérile. I. à la mesure légale. J. A sans doute un geste auguste Le nouveau est fragile !

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Ponia DuMont

cogite-toi

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street art

Par Graphull

WENC

La luxuriante flore des boyaux de la gare de Part-Dieu

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où trouver

Bourg-en-Bresse  Théâtre de Bourg-en-Bresse. La Tannerie.  Bourgoin-Jailleu  Les Abattoirs.  Bron  Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Pole Pik. Université Lyon II.  Caluire-et-Cuire  Le RadiantBellevue.  Chassieu  Le Karavan théâtre.  Corbas  Le Polaris.  Dardilly  L'Aqueduc.  Décines  Le Toboggan. Centre de la Mémoire Arménienne.  écully  École centrale. École des arts culinaires. EM Lyon.  Irigny  Le Sémaphore.  La Mulatiere  Aquarium de Lyon.  Lyon 1  A chacun sa tasse. A Thou bout d’chant. A titre d’aile. Aloha bar. Bar 203. Les Beaux Arts. Bistrot Chardonnet. Le Bomp. Cabane café. Café des Capucins. Cinéma Opéra. Clochards Célestes. Conditions des Soies. Dangerhouse. Drac. Espace 44. Galerie Le Réverbère. Galerie Mathieu. Galerie Pome Turbil. Galerie Anne-marie et Rolland Pallade. Kraspek myzik. L’Absynte. L'Antirouille. La Clé de voute. La Pinte douce. Le Bal des Ardents. La boîte à café. Le Perko. Le Romarin. Le Gargagnole. Le Voxx. Librairie Musicalame. Mapra. Mas Amor. Médiatone. Musée des Beaux-Arts. Nombril du Monde. Opéra de Lyon. Original Watt. Radio Canut. Sofa disques. Steambot. Les Subsistances. Tasse Livres. Théâtre Accessoire. Tikki Records. Tostaki. Trokson. Vins Nature.  Lyon 2  Archives municipales. Bar Petit Grain. La Cloche. Centre National de la Danse. Fnac Bellecour. Fondation Bullukian. Goethe Institut. Institut culturel Italien. Le Périscope. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Marché Gare. Mob hôtel. Musée des Confluences. Théâtre des Ateliers. Théâtre des Célestins. Université Catholique de Lyon.  Lyon 3  Auditorium. Archives départementales. Café du Rhône. Fnac Part-Dieu. La Métropole. Salle des Rancy.  Lyon 4  Le Bon Beurre. Le Bistro Fait sa Broc. Café la Crèche. J’Adore. Comptoir Du Vin. Diable Rouge. École Trésor Public. Le Déjeuner. Galerie Vrais Rêves. Grain De Folie. IUFM. Label Alice. L'Oiseau sur la branche. La BD. La Famille. La Machine. La Valise D’élise. La Soierie. Le Canut & Gones. Livres En Pente. Les Gogniols. Ninkasi. Paddy's Corner. Théâtre sous le caillou. Théâtre Croix-Rousse. Villa Gillet. Vivement Dimanche.  Lyon 5  Le Bar Bu. Ninkasi. Brasserie du Doyenné. CRR de Lyon. CNSMD. Collège hôtel. École du cirque de Ménival. Ensatt. Espace Gerson. Institut Cervantes. La Gargouille. La MiGraine. Librairie Virevolte. Musée Gadagne. Musée Gallo Romain. Théâtre du Point du Jour.  Lyon 6  Apéro rock. Musée d’art contemporain.  Lyon 7  Café 76. CHRD. Ciné Cœmedia. Corep. Court-circuit. École Normale. Galerie Tator. Iep - Sciences Po. Centre Berthelot. La Commune. L'autre côté du pont. L’Elysée. Les Raffineuses. Librairie rive gauche. Ninkasi Kao/Kafé.  Lyon 8  Fac de médecine. Institut Lumière. Maison de la Danse. Nth8.  Lyon 9  Ciné Duchère. Conservatoire National. Librairie au bonheur des ogres. Nakamal. TNG.  Mâcon  La Cave à musique - Mâcon Scène Nationale.  Miribel  L'Allégro.  Oullins  La Mémo. La Renaissance. Le Syndrome Peter Pan.  Pierre-Bénite  Maison du peuple.  Saint-Genis-Laval  La Mouche.  Rillieux-la-Pape  CCNR. Les Transmetteurs.  Saint-étienne  La Comédie. Le Musée d’art moderne. Le Fil. La Cité du Design.  Saint-Fons  Centre d’arts plastiques. Théâtre Jean Marais.  Saint-Priest  Théâtre Théo Argence.  Tassin-la-Demi-Lune  L'Atrium.  Vaulx-en-Velin  Centre culturel Charlie Chaplin. École d'architecture. Planétarium.  Vénissieux  Théâtre de Vénissieux.  Villefontaine  Théâtre du Vellein.  Villefranche-sur-Saône  Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Musée Paul Dini. Théâtre De Villefranche.  Villeurbanne  CCO. Cinéma le Zola. ENMDAD. Espace Info. Espace Tonkin. Iufm. Iut B. La Doua. Théâtre Astrée. M.L.I.S. Studio 24. Théâtre de l'Iris. TNP. Toï Toï - Le Zinc. Transbordeur... ainsi que dans la plupart de vos mairies, bibliothèques et MJC.

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