Edition spéciale Novembre 2020 Ont contribué à cette édition : IDA SALETES, Roland BONINSEGNA, Didier DOMISSE, Benoît GOFFIN, Jean-Paul HANNECART, Thierry HANON DEGROODT, Philippe MOREL, Patrice WUINE Chers ami(e)s, Nous avions émis le souhait de programmer un moment de convivialité via YouTube en ce mois de décembre, une réunion pétillante comme on les aime, ce sera très certainement reporté à la seconde quinzaine de janvier 2021, lorsque les mesures seront assouplies. En attendant ce moment de partage, voici la seconde édition du Journal du CNABH, 45 pages de pur bonheur, dont le premier volet du mois de novembre a manifestement été apprécié, vu vos encouragements. Merci donc à nos lectrices/lecteurs, rédactrices/rédacteurs pour vos messages et surtout vos textes de qualité. Enfin, ayons une pensée particulière pour celles et ceux qui seront seuls, isolés par des mesures sanitaires aussi difficiles que salutaires, pour passer ce moment particulier qu’est l’an neuf. De beaux moments sont devant nous, encore un peu de patience, courage à toutes et tous, et rendezvous en janvier pour des vœux en dolby et en couleurs. En supplément gratuit : une invitation à une vidéoconférence se trouve page 13, ne la manquez pas. Bonne lecture La Rédaction. N’hésitez pas à nous envoyer vos articles, photos commentées, etc. Les articles non publiés cette fois le seront au prochain numéro.
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Table des matières Les éphémérides de Benoit Goffin .......................................................................................................... 3 Les Astronews par Roland Boninsegna .................................................................................................. 4 Gabriel Delmotte (1876-1950) par Philippe Morel ................................................................................. 8 Vidéoconférence Invitation ................................................................................................................... 13 Galilée par Didier Domisse, ................................................................................................................... 15 Du côté des naturalistes par Patrice Wuine .......................................................................................... 18 Kant par Ida Salètes ............................................................................................................................... 30 Anticythère par Jean-Paul Hannecart ................................................................................................... 33 Projet LPMD par Thierry Hanon Degroodt ............................................................................................ 39 Pandémie et musique classique ............................................................................................................ 46
Figure 1Traités d'astronomie [Sufi latinus] Date d'édition : 1250‐1275 Ms‐ 1036 réserve Folio 17r
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Les éphémérides de Benoit Goffin Vous pouvez retrouver les éphémérides via le lien suivant La version vidéo : https://youtu.be/58aJ2keW_O0 La version « papier » : https://www.calameo.com/books/005833900d0c9ec4dd209
Benoit Goffin est notre Monsieur Ephémérides, il nous présente les phénomènes observables à l’œil nu et aux jumelles de manière récurrente depuis avril 2015. Il s’est notamment investi dans l’aménagement de l’antenne BRAMS au CDPA (observation des météores), et à la remise en ordre du C14 sous la coupole. Il en est d’ailleurs le CoupoleMeister, titre qu’il partage avec celui d‘administrateur de notre ASBL. Coté naturaliste, il y a aussi beaucoup à dire, sa dernière intervention décisive lors de l’embouteillage du cidre fera l’objet d’un article à venir.
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Les Astronews par Roland Boninsegna
Titan est un monde toujours dynamique : ses cratères en sont une preuve. En utilisant les données de la mission internationale Cassini-Huygens, dédiée aux mondes de Saturne, les scientifiques ont mis en évidence, sur la plus grande des lunes de Saturne, Titan, deux types distincts de cratères qui sont soumis à l’érosion, encore aujourd’hui. Titan possède une atmosphère dense d’azote, un océan souterrain et une surface enrichie de montagnes, lacs, dunes et de nombreux autres détails terrestres. Cette surface est aussi blessée par des cratères d’impact, en nombre relativement restreint si l’on compare avec les autres lunes de Saturne. On pense que l’érosion a effacé la plupart des cratères sur Titan, comme cela se passe sur Terre. Etudier les cratères de Titan nous renseigne sur les transformations géomorphologiques à la surface, mais nous ouvre aussi une fenêtre sur la composition du sous-sol suite à l’impact qui a creusé ces cavités. Anezina Solomonidou et ses collègues ont récemment publié un article dans la revue « Astronomy & Astrophysics » qui rapporte une analyse détaillée de neufs cratères sur Titan. Ce genre d’étude permet d’avoir une idée de l’intérieur de la lune et de l’influence de son atmosphère sur la surface. « Quand nous étudions le potentiel biologique d’un monde possédant un océan souterrain comme Titan, il est important de trouver des traces de matériel organique, par exemple des mélanges qui contiennent d’importants éléments, comme le carbone. » déclare Anezina. « Ceux‐ci peuvent être détectés à la surface et dans l’atmosphère après avoir été transportés depuis l’océan souterrain, qui est l’environnement le plus à même d’être habitable. Les cratères d’impact demeurent l’une des rares particularités géologiques qui dévoile des matériaux provenant de l’intérieur, offrant une rare opportunité de comprendre la composition intérieure de Titan. » Six des cratères étudiés sont localisés dans les champs de dunes équatoriaux et les trois autres dans les plaines aux latitudes moyennes. Les scientifiques ont utilisé les données de deux instruments de la sonde orbitale Cassini, le « Visual and Infrared Mapping Spectrometer (VIMS) » et RADAR, en complément des informations récoltées à la surface de Titan par l’atterrisseur Huygens. RADAR a obtenu des données sur le potentiel de la surface d’émettre de l’énergie dans le domaine des micro-ondes. Cet instrument a permis de sonder la surface jusqu’à une profondeur de quelques dizaines de centimètres, révélant la composition du sous-sol. On pense que les zones de basse émission sur Titan indiquent la présence de glace d’eau, alors que les zones d’émission élevée trahissent la présence de composés organiques. Les données de l’instrument VIMS ont été utilisées pour observer le fin voile qui recouvre la surface. CNAβH
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L’utilisation de cet instrument exige une compréhension sur l’absorption du méthane, le brouillard atmosphérique, données fournies par l’atterrisseur Huygens. L’équipe scientifique a ensuite utilisé un nouveau modèle pour étudier la composition du sol des cratères et celle des éjecta (le matériel éjecté autour de la zone d’impact lors de la formation du cratère). Les résultats de cette étude ont montré que les cratères ont des compositions différentes selon qu’ils se trouvent dans les champs de dunes ou dans la plaine. Ces derniers sont composés d’un mélange de matière organique enrichie de glace d’eau, alors que les cratères présents dans les dunes sont majoritairement composés de matière organique sans glace d’eau. Les deux variétés ont une composition altérée montrant deux évolutions différentes. Les données de VIMS montrent une différence de composition entre le sol à l’intérieur et les éjecta de cratères des dunes, ce qui est en opposition avec les résultats obtenus par RADAR. Cela suggèrerait que ces cratères ont pu être envahis par une fine couche de sable. Par contre, la composition des cratères et des éjecta est généralement la même dans les plaines, cela signifierait, selon les auteurs, que ces formations ont été « nettoyées » de leurs sédiments. La cause en incomberait à l’érosion fluviale, ce qui confirmerait les précédentes prédictions concernant la plus grande quantité de pluie (de méthane) dans ces latitudes moyennes. Il existe deux cratères qui font exception à cette description, Menrva et Sinlap. Menrva est le plus grand cratère de Titan avec 425 kilomètres de diamètre, il est situé à cheval entre la zone de dunes et les plaines. Sinlap est considéré comme le plus jeune cratère du satellite naturel et, bien qu’il se trouve dans la région des dunes, il montre des signes de présence de glace d’eau et n’affiche pas les caractéristiques des autres cratères dans ces régions. Il n’est pas possible de le ranger ni dans l’une, ni dans l’autre catégorie des cratères de Titan. Il est aussi possible que, à l’origine, les cratères des champs de dunes contenaient de la glace d’eau qui fut ensuite recouverte de matériel organique, et la jeunesse de Sinlap montre que ce processus est encore en action actuellement. On suppose que l’érosion se met en place rapidement pour couvrir les jeunes cratères avec une fine couche de matériel organique. « Titan semble avoir une composition dépendante de la latitude, ce qui se reflète également dans les cratères d’impact, » ajoute Anezina. « Cette dépendance en latitude semble dévoiler la plupart des secrets de Titan, cela nous montre que sa surface est activement liée à des processus atmosphériques et, probablement, à des évolutions internes. » De futures enquêtes sur les cratères de Titan deviendront réalité dans le futur, avec la mission Dragonfly de la NASA, un atterrisseur qui rendra visite à Selk, un des cratères de la zone des dunes. Le lancement de la mission est prévu en 2027, une arrivée sur Titan en 2034 pour une étude de plusieurs sites différents sur cette remarquable lune de Saturne, la seule à posséder une atmosphère importante.
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Une image couleur, prise par l’instrument VIMS de la sonde Cassini, montre les neufs cratères d’impact répartis sur les plaines et les dunes de Titan. Une étude récente s’est penchée sur la composition et l’évolution de ces cratères. Les zones coloriées en jaune montrent le sol à l’intérieur, en rouge, les éjecta autour de ceux-ci. Menrva est le plus grand d’entre eux, Selk sera visité par la mission Dragonfly de la NASA en 2034. Copyright: Solomonidou et al. (2020); background map: Le Mouélic et al. (2019)
On considère que Sinlap est le plus jeune cratère sur Titan. L’image de l’instrument RADAR est présentée en (a), celle de l’instrument VIMS en (b). Les deux images sont combinées en (c) avec des zones en jaune représentant le sol du cratère, des zones blanches la couverture du matériel éjecté par l’impact.
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Cette image montre l’atterrisseur Dragonfly de la NASA à la surface de Titan, la lune principale de Saturne. Profitant de l’atmosphère dense de ce satellite, Dragonfly sera équipé de moteurs à hélices qui lui permettront de se déplacer dans l’atmosphère de Titan à la recherche de sites potentiellement intéressants. L’un de ceux-ci sera le cratère Selk. Décollage de la mission prévu en 2027, arrivée sur Titan en 2034. Roland BONINSEGNA (à partir d’un article de l’ESA : https://sci.esa.int/web/cassini-huygens/-/cratersreveal-titan-is-still-a-dynamic-world) BONINSEGNA Roland Roland Boninsegna est un instituteur retraité, affecté en 1992 au CDPA où il animera la section astronomie pour les classes vertes jusqu’en 2004. Parallèlement, il développe sa passion via une participation active à des programmes scientifiques (GEOS, EAON, EAAE) et pédagogiques. Il anime également des soirées d’observations chez lui à Dourbes où il a installé un observatoire personnel bien pourvu et abrité (APEX). C’est un personnage bien connu du monde des astronomes amateurs en Belgique et à l’étranger, toujours disponible pour transmettre son savoir et sa passion. Il est notre chroniqueur Astronews depuis 2013. Il est cofondateur du CNABH avec Jean Préaux, Alexandre Demeuldre & Patrice Wuine.
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Gabriel Delmotte (1876‐1950) Par Philippe Morel En cette fin d’année marquant les 70 ans de sa disparition bien peu se souviennent qui fut Gabriel Delmotte y compris dans le département du Nord où il a vécu de 1876 à 1950. Souvenons-nous de ce personnage aux multiples facettes afin de tenter de le faire sortir de l’oubli.
L’industriel Gabriel Delmotte Né le 5 février 1876 dans la petite commune de Masnières située à 8 kilomètres au sud de Cambrai, Gabriel Delmotte nait dans un milieu ouvrier attaché à la verrerie qui fit la prospérité de cette localité, laquelle existe toujours. Suivant l’exemple de son père, Gabriel Delmotte se prépare à une brillante carrière dans les affaires. Après avoir étudié la chimie il entre en 1898 à l’Ecole Centrale de Paris avant de devenir ingénieur des arts et manufactures. Il exploite à partir de 1900 une fabrique d’aliments pour bétail dont la marque Sucréine connait un rapide succès. Fin 1917, la bataille de Cambrai voit la destruction de la fabrique entièrement reconstruite et
réorganisée après-guerre sous sa direction. Elle fonctionnera jusque vers 1930 où le déclin des ventes amena notre homme d’affaires à se reconvertir dans la fabrication du Targol, peinture bitumineuses toujours commercialisée. Membre de la Chambre de commerce et juge au Tribunal de commerce de Cambrai, Gabriel Delmotte était chevalier du Mérite agricole
L’homme politique Gabriel Delmotte Cette hyperactivité appellera Gabriel Delmotte au Conseil Municipal de sa commune dont il devient maire dès 1912, fonction qu’il assurera jusque 1940, moment où, fuyant l’invasion, il s’installera temporairement dans le midi de la France jusque son retour en 1946. Du 29 avril 1928 au 31 mai 1932 il assure la fonction de député de la première circonscription de Cambrai, laquelle le passionne beaucoup moins que ses affaires et son passe-temps préféré ce qui lui valut d’être interpelé CNAβH
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de nombreuses fois par les présidents de séances le trouvant un peu trop « dans la Lune ». De son passage à l’Assemblée Nationale la communauté astronomique retiendra sa proposition de crédit d’un montant de 5 millions d’euros voté à la séance du 3 décembre 1931 en vue de l’installation du télescope de 120cm de l’Observatoire de Haute Provence et malheureusement refusé par le Sénat. On retiendra aussi son rôle important dans la création de l’observatoire de l’université des sciences de Lille réutilisant la lunette de 33cm de diamètre de Robert Jonckheere.
Le sélénographe Gabriel Delmotte Bien qu’adepte de l’académie des beaux-arts de Cambrai et horloger à ses heures, Gabriel Delmotte était avant tout un passionné d’astronomie depuis son plus jeune âge. Utilisant d’abord une lunette de 75mm de diamètre il découvre la Lune qui deviendra très vite son objet de prédilection. Résidant à Cambrai durant ses jeunes années il y installe sur une terrasse une lunette équatoriale de 115mm de diamètre sous abri à toit roulant. A son arrivée à Masnières lors de l’installation de sa fabrique il construit un nouvel observatoire d’un type peu rependu car Gabriel Delmotte souffrait d’asthme et l’humidité des rives du canal de l’Escaut lui interdisait les observations en plein air. La solution adoptée fut donc celle du sidérostat polaire. Ce réfracteur d’un diamètre de l’ordre de 150mm était orienté vers le sol et visait un miroir plan orientable permettant de pointer les objets de la zone écliptique et l’oculaire pouvait ainsi être enfermé dans un espace abrité de l’humidité et du froid ambiants. Cet observatoire situé à proximité de l’habitation de Gabriel Delmotte a été occupée en 1940 par une entreprise allemande qui expédia en Allemagne les instruments et les cartes de la Lune. Le reste des archives astronomiques fut brulé dans la cour de l’usine. Les travaux de Gabriel Delmotte reposaient sur l’analyse des images de la Lune de l’Observatoire Lick ; les images d’amateur n’étant alors pas assez précises, et surtout sur l’observation visuelle transcrite par le dessin. En 1923 il publie aux éditions Blanchard Recherches sélénographiques et nouvelle théorie des cirques lunaires, étude tendant à prouver que le cirque Tycho constituait l’ancien pôle sud de la Lune. Gabriel Delmotte pensait aussi à l’origine magmatique de certaines formations lunaires en utilisant pour modèle expérimental l’éclatement de bulles de gaz carbonique à la surface de la pâte à crêpe. Echangeant ses observations avec l’ensemble de la communauté des sélénographes de son époque, tant amateurs que professionnels, Gabriel Delmotte fut très vite remarqué par l’Union Astronomique Internationale qui, en 1935, l’honora en lui attribuant un cratère de 32 km de diamètre situé près du cirque Cleomedes, au nord de la Mer des Crises.
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Le monde de l’astronomie et Gabriel Delmotte Auteur de nombreux articles parus dans les revues l’Astronomie et Ciel et Terre, Gabriel Delmotte était membre de la Société Astronomique de France depuis 1908 et de la Société Royale d’Astronomie de Belgique. Au sein de la première de ces sociétés, il fut secrétaire puis président de la commission lunaire. Plus près de Masnières et, de 1924 à sa disparition en 1950, il présida l’Association Astronomique du Nord. La correspondance astronomique de Gabriel Delmotte antérieure à 1940 à disparu durant l’occupation allemande mais celle de ses dernières années d’existence a miraculeusement été retrouvée pour partie il y a quelques années chez un libraire breton et, il y a très peu, trois cahiers d’observations lunaires et 7 cahiers manuscrits non publiés sous le titre Vers les merveilles du ciel chez un libraire parisien.
Que reste‐t‐il de Gabriel Delmotte ? Devenu veuf Gabriel Delmotte s’est remarié avec Olga Bardin, née en 1896, donc, de 20 ans sa cadette, laquelle était encore de ce monde en 1989. Ils ont eu une fille, Isabelle aujourd’hui décédée, née en 1937 et dont le dernier prénom était Uranie. Mariée en secondes noces en 1973 avec un ingénieur, elle a eu une fille, Stéphanie, seule descendante directe de Gabriel Delmotte. A Masnières, son usine, sa maison et son observatoire ont disparu. Reste la maison de sa jeunesse à Cambrai, une merveille mélangeant le néo-gothique et l’Art-Nouveau et objet d’une magnifique restauration, où la terrasse du premier observatoire est toujours visible. Au TouquetParis-Plage où Gabriel Delmotte passait l’été, sa villa, « La Pochade » nommée de nos jours « La Chamade » de 220m² de surface habitable au 54 avenue de la Reine May, édifiée par l’architecte Arsène Bical (1884-1925) et aujourd’hui proposée à la location pour vacanciers fortunés …. Et un monument funéraire à l’entrée du cimetière de Masnières ou Gabriel Delmotte repose seul.
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Illustrations : 1 : Portrait de Gabriel Delmotte au moment de son retour à Masnières vers 1915. 2 : Carte postale faisant la publicité de la Sucréine. 3 : L’observatoire avec toiture à éclipse conçu par Gabriel delmotte et installé sur une terrasse située dans le jardin de la maison de sa jeuness à Cambrai, © : Société Astronomique de France. 4 : Recherches sélénographiques et nouvelle théorie des cirques lunaires, ouvrage paru en 1923. 5 : Le livre et quelques morceaux choisis de la correspondance de Gabriel Demotte tels que présentés à l’exposition « Destination Lune » au musée ARKEOS de Douai. 6 : La maison de la jeunesse de Gabriel Delmotte à Cambrai. 7 : La terrasse qui jadis portait l’observatoire de Gabriel Delmotte à Cambrai. 8 : Les époux Delmotte sur le perron de leur villa « La Pochade » au Touquet-Paris-Plage. 9 : Détail du monument funéraire de Gabriel Delmotte situé à l’entrée du cimetière de Masnières. 10 : Le cirque lunaire Delmotte photographié dans la turbulence au C14 à Prisches. 11 : Dernière trouvaille : 3 cahiers d’observations de la Lune et 7 cahiers manuscrits : Vers les merveilles du ciel. Remerciements : à Monsieur Francis Noblecourt, maire de Masnières, à Madame Daniele Ledieu, propriétaire de la maison de Gabriel Delmotte à Cambrai, à Monsieur Jean Fort qui a connu Gabriel Delmotte et auteur de GABRIEL DELMOTTE Un astronome qui était souvent dans Ia Lune, Obs. Trav., No. 41, p. 24 – 32. à Madame Stéphanie Reix et Monsieur Thierry Cattiaut, descendants de Gabriel Delmotte.
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Philippe Morel est l’actuel président de l’astro-club de France, société domiciliée à l’observatoire Charles Ferhenbach de Prisches. Ce jardin observatoire dont il est également à l’origine sera à terme équipé de 4 télescopes et permettra d’accueillir les astronomes amateurs en résidence. Philippe est également administrateur de notre asbl depuis cette année, ce qui constitue un grand honneur pour notre petite association. Il a été par ailleurs le président de la Société Astronomique de France de 2005 à 2014. Enfin lorsqu’il n’est pas derrière un oculaire, vous le trouverez sans doute au service réanimation de Douai ou derrière une vieille pierre de son hôtel de Carondelet qu’il restaure à Valenciennes.
Vidéoconférence Ce jeudi 10 décembre à 20h. Diffusé sur YouTube comme la précédente. https://youtu.be/soAPpTX32zc
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Et pour celles et ceux qui sont en panne d’inspiration, nous vous préconisons cette belle parure de lit étoilée, à placer sous le sapin. On dit souvent que l’astronome amateur n’est pas souvent dans son lit, raison de plus pour soigner son absence par de lumineuses promesses … La parure de lit Van Gogh est disponible au Magasin Virtuel du Cercle, où chaque colis est soigneusement testé (par Joel) avant d’être expédié. Le prix s’oublie, la qualité reste.
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Galilée, Par Didier Domisse Didier Domisse nous envoie un nouveau texte, preuve de sa grande vitalité et nous en sommes ravis. C’est parti pour Galilée, un classique dont on ne se lasse pas.
Galileo Galilei (dit Galilée) (1564–1642) On peut considérer Galilée comme le fondateur de la physique moderne. Il invente la cinématique, la microscopie, la thermométrie et il établit la loi de la chute des corps et du mouvement du pendule. En étant un des premiers à pointer une lunette vers le ciel, il fait en quelques nuits du mois de juillet 1610 la plus grande moisson de découvertes jamais faites par un astronome. Galilée publie en 12 mars 1610 le Sidereus nuncius « le Messager céleste » où il rend compte des découvertes qu’il vient de faire grâce à la lunette. Le livre a un succès prodigieux et immédiat : les 500 exemplaires imprimés sont épuisés. L’Europe entière ne parle que de Galilée, de la lunette, des montagnes de la Lune etc. Énumérons les découvertes en utilisant les croquis dessinés par Galilée.
Les découvertes de Galilée. Les lunettes de Galilée au Musée Galilée de Florence. La première lunette a un objectif de 51 millimètres de diamètre et une focale de 1330 millimètre. Sa lunette grossissait 3 fois. Avec la cinquième lunette qu’il fabrique, Galilée obtient un grossissement de trente fois. CNAβH
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Les satellites de Jupiter Il s’agit de sa plus grande découverte et la plus spectaculaire. Il leur attribua le nom d’astres médicéens, en l’honneur de la famille de Côme de Médicis, son protecteur. Galilée tient la preuve que la Terre n’est pas le centre unique de toutes les révolutions célestes. Non seulement quatre satellites tournent autour de Jupiter, mais ils sont entraînés avec la planète dans son déplacement apparent. Galilée et Saturne Il s’aperçoit que Saturne a un aspect bizarre. Il imagine que les deux taches de part et d’autre de Saturne sont des satellites. Il faut préciser que sa lunette est trop faible pour qu’il puisse deviner, dans ses protubérances, les anneaux de Saturne. Cette découverte, c’est Huygens qui la fera quarante -cinq plus tard, avec une lunette bien plus puissante. Galilée n’a pas eu beaucoup de chance avec Saturne, il se rattrape avec Vénus. Les phases de Vénus Si les phases de Vénus ne peuvent à elles seules confirmer le système de Copernic, du moins elles invalident celui de Ptolémée : pour ce dernier, la planète devait toujours conserver une forme de croissant. Or Galilée observe un cycle complet de phases, preuve que Vénus tourne autour du Soleil. Vénus apporte des preuves décisives en faveur de Copernic. Les taches solaires En 1613, Galilée publie ses lettres concernant les taches solaires : en observant par projection le Soleil, il découvre que l’astre du jour a des taches et il mesure leur période de rotation. Il prouve que ces taches sont situées à la surface ou du moins très près, du Soleil. Le premier auteur à avoir publié (en 1611) un ouvrage sur les taches solaires est Fabricius (1587 – 1615) qui les a observées auparavant dès 1611. Le relief lunaire et la Voie lactée Sur la Lune, corps réputé, comme tous corps célestes depuis l’Antiquité, d’une sphéricité parfaite, Galilée observe des montagnes, des vallées et des cratères. L’astronomie officielle enseigne que la Lune est une boule lisse et parfaite, polie comme du cristal. Pour Galilée, il n’y a pas de doute : la Lune est montagneuse. Le mystère de la lumière cendrée de la Lune et du clair de terre est enfin dévoilé et expliqué par Galilée. La Voie lactée, considérée par la majorité des auteurs comme une exhalaison de l’atmosphère, se révèle constituée d’une multitude d’étoiles invisible à l’œil nu. Amas stellaires « Merveille encore plus grande, les étoiles que certains astronomes ont appelées jusqu’à aujourd’hui des Nébuleuses sont des troupeaux de petites étoiles éparpillées d’admirable manière », Galilée, le Messager des étoiles. Galilée raconte, dans « Le Messager des étoiles »: « J’avais l’intention de représenter toute la constellation du chasseur Orion, mais j’ai reculé devant la quantité d’étoiles qu’elle contient – plus de cinq cents. » Il dessine donc seulement le baudrier et l’épée d’Orion, avec 80 étoiles en plus des huit visibles à l’œil nu. De la même façon, les six étoiles brillantes qui forment le groupe des Pléiades lui apparaissent dans un nuage de quarante étoiles, invisibles jusque-là.
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Ci-dessous, à droite, la nébuleuse Praesepe, de la constellation du Cancer, dessinée par Galilée. A gauche, la nébuleuse d’Orion. Auteur : Didier Domisse Remerciement : Roland Boninsegna pour la relecture et pour ses précieux conseils. Source : DU formation de base en astronomie – Paris-Sud XI Galilée, le messager des étoiles de Jean-Pierre Maury
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Du cĂ´tĂŠÂ des naturalistes   Des plantations au cidre, 7 ans de bons et loyaux services (et quelques soins aussiđ&#x;??) Par Patrice Wuine  Evocation photographique de l’aventure Arboretum, initiĂŠe et coordonnĂŠe par l’ASBL depuis sa crĂŠation en 2012. Avec l’aide des communes de Momignies & Chimay, des Êcoles de la rĂŠgion, d’asbl et d’associations locales, ainsi que de riverains ou simples citoyens.   Etape 1 : Les plantations  2013-2014 Verger des Hayettes, Arboretum Momignies-Chimay Avec les amis Jean-Paul, GĂŠrard, Jean Claude et Joel  Â
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Etape 2 : Arrosages  Avec les amis de  Pour mon Village  (Jean Claude) & VincentÂ
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Etape 3 : Tailles Tailler les arbres mais aussi les buissons alentours. Avec Jean-Paul
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Etape 4 : Une pomme c’est d’abord une fleur … et puis si tout se passe bien, vient le fruit.
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Etape 5 : Cueillette Pour cette première récolte 2020, 4 journées cueillettes ont été organisées, avec notamment les amis de « Pour mon Village », ici avec une équipe de la Maison des Jeunes de Chimay.
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Etape 5 : Pressurage, pasteurisation Avec Benoit & Jean-Philippe et les amis de l’Arboretum
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Etape 6 : Etiquetage des jus Collage au lait, avec les jeunes de la MJ Chimay (et Manu
).
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Etape 7 : Fermentation contrôlée, septembre & octobre 2020 Grâce aux bons conseils de notre Ingénieur brasseur Julien Vereecke, les opérations sur le moût sont suivies au densimètre, comme dans les meilleurs Maisons …
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Etape 8 : mise en bouteille, octobre 2020 Avec Benoit et les Amis de l’Arboretum
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Etape 9 : dégustation Jus de pommes offert dans les écoles : Macquenoise, Momignies, St Rémy …
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Etape 11 : Produits dérivés Outre les compotes (production personnelle), nous avons aussi lancé une petite production de vinaigre grâce à une mère (colonie de bactéries formant un biofilm visible sur la surface du pot en grès) fournie par notre Ingénieur brasseur Julien Vereecke.
Merci à tous, dégustation du cidre dès que possible !
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Kant Par Ida Saletes Nous retrouvons Ida avec, pour ce numéro, une évocation kantienne. « En matière de cosmogonie, chacun fait ce qu’il veut ! » Exoconférence de Alexandre Astier Certains anciens du siècle des Lumières développèrent des théories dont celle d’Emmanuel Kant dont je vais vous parler un peu. Kant, c’est pour moi une image, introduite par une professeure de biologie en fac qui nous dessinait l’idée de la transmission des savoirs par le biais de cet auteur : la représentation d’’un voilier qui part vers l’horizon, riche du savoir transmis mais qui naviguera en sa compagnie comme il l’entendra, qui le modifiera au gré du vent et, peutêtre, s’en affranchira pour aller plus loin. Le savoir est un perpétuel mouvement. Kant, influencé par les théories de Newton exprimera ceci : (Théorie du ciel-vers 1755) « A partir des lois universelles des mécaniques célestes de Newton, j’en déduis la formation des corps célestes, les causes des mouvements des planètes à partir des lois du mouvement de la matière » Principe d’analogie : Kant a fait cette expérience de pensée en s’appuyant sur un principe simple : celui de l’analogie. A partir des théories de Newton, il déduit des rapports de ressemblance entre des objets spatiaux. Les principes mécaniques régissant le système Terre-Lune-Soleil s’appliquent à l’ensemble du système solaire. Puisque tout est intimement réglé par l’horlogerie fine de « Newton ». Donc, pour Kant, notre système solaire ressemblait à la voie lactée, dans l’idée « des poupées russes » si l’on veut se représenter mentalement .Notre système devenant alors une mini représentation de la voie lactée, elle-même caractéristique d’un système plus vaste. Il écrira : « L’aspect du ciel étoilé est l’image d’une distribution systématique des étoiles qui n’est que le reflet en grand de ce qui se passe dans le petit » Ce qui m’a paru intéressant dans cette démarche, c’est la mise en situation, en déroulement d’une historicité de l’univers. Nous sommes au 18° siècle et cette intuition du mouvement profondément ancrée chez Kant, me paraît vraiment novatrice et à considérer aujourd’hui. Savoir, c’est une trajectoire, avec des flux et parfois des reflux. Bien entendu, il n’avait aucune idée de la singularité dont parlera Lemaître plus tard. Il ne pouvait aller au-delà de cette idée d’un univers en mouvement depuis un instant primordial, CNAβH
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un peu remis en cause, lui aussi d’ailleurs(Etienne Klein) La voie lactée
Kant la pense déjà sous forme d’une organisation. Pour lui, les lois de Newton et ce qu’il voit du ciel étoilé lui permettent (vers 1755) d’envisager l’espace comme un ensemble complexe, qui fonctionne en interactions et qui fait partie intégrante d’un tout beaucoup plus vaste. Cette mise en relation des phénomènes décrite par Newton et ses observations me paraissent vraiment intéressantes. Il déclarera : « Les étoiles ne sont pas fixées sur la concavité apparente de la sphère céleste » Il envisageait donc la voie lactée comme un disque aplati qu’il associera plus tard à la forme des nébuleuses. Nébuleuses=galaxies chez lui. Toujours selon le principe d’analogie. « On peut se représenter le système des étoiles comme des systèmes planétaires infiniment agrandis, liés à leurs soleils, comme notre propre système solaire » La modernité de cette suggestion est incroyable. Depuis on sait que notre système solaire est un peu atypique (modèle de Nice) mais nous sommes au 18° siècle !!! Mais derrière cette réflexion de Kant, il persiste toujours la mise en mouvement. Ainsi, ces formes universelles interagissent et s’équilibrent : attraction-répulsion. « Les autres étoiles comme notre soleil, exercent une action identique sur leur environnement. » « De ce fait, et en vertu de cette condensation que rien n’arrête, les systèmes de l’univers sont amenés à tomber les uns sur les autres et à se réunir en une masse unique » Question qui demeura longtemps d’actualité. On sait aujourd’hui que l’expansion s’accélère mais il y eut débat jusque peu : Expansion, pas expansion ? Les univers îles Toujours au sein de sa pensée analogique, Kant l’appliqua aux galaxies (qu’il dénommait nébuleuses). La voie lactée serait un système gigantesque constitué de millions de systèmes solaires, qu’il songeait pareils au notre. Mais alors, pourquoi s’arrêter là !! « Nous voyons les premiers éléments d’une progression continue de mondes et de systèmes. C’est une série sans fin, qui s ‘enfonce dans un abîme insondable » Emmanuel Kant avait conscience que les moyens d’observation de l’époque ne lui permettaient pas d’asseoir cette hypothèse par l’expérience de l’observation. Pourtant, en passeur de savoirs, il encouragea ses disciples à redoubler d’efforts, de persévérance car disait-il : « il existe en ce domaine un vaste champ de découvertes. Les observations donneront les clés de savoirs inimaginables ». Lorsque j’observe l’étendue des progrès technologiques, je ne suis pas loin de penser comme lui, toute raison gardée dans la comparaison. Mais Kant considérait que chaque nébuleuse(galaxie) était un système rempli d’étoiles qui devaient être animées d’une rotation différentielle. Il abordait ainsi les notions de pluralité des mondes et l’infinité de notre univers. Deux forces essentielles à l’oeuvre dans la création de l’univers : la condensation de la matière qui engendre des masses différentes et le mouvement de rotation. Mais qu’est-ce qui mettait de telles forces en mouvement, pour passer du repos endormi à la bougeotte qui CNAβH
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engendre des différences de masse? (se rapprocher, si intérêt, de la théorie , je cite : « hypothèse Kant-Laplace ». Un clin d’oeil à Roland car la belle Sirius y tient une place prépondérante. Kant ne sut le définir véritablement. Une création sans fin Pour l’auteur, l’idée même de mouvement évolue, la création jamais terminée. Kant n’y mettait pas là une volonté divine mais un déroulement inhérent à chaque chose : les mondes finis passent et deviennent alors d’autres matériaux pour la formation éventuelle d’autres mondes. Bien visé lorsque l’on connaît aujourd’hui l’implication des supernovaes dans la création d’autres systèmes. Un monde à l’agonie va engendrer un autre monde. Ne serait-ce pas l’origine de notre système solaire, né de quelques ondes gravitationnelles perturbantes ? « Un principe de pédagogie que devraient surtout avoir devant les yeux les hommes qui font des plans d’éducation, c’est qu’on ne doit pas élever les enfants d’après l’état présent de l’espèce humaine, mais d’après un éclat meilleur, possible dans l’avenir, c’est-à-dire d’après l’idée de l’humanité et de son entière destination. Ce principe est d’une grande importance. » Emmanuel Kant
Professeur depuis 1976, IDA est conseillère pédagogique et à ce titre s’occupe de la formation des profs via un programme universitaire. Elle a rejoint le CNABH en 2017, représente l’ASBL à la FFAAB et a également participé aux travaux du secrétariat jusqu’en 2018. Après une brève interruption, nous espèrons la retrouver dans l’équipe dès que les mesures sanitaires seront levées.
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Anticythère Les derniers rebondissements ?
Par Jean‐Paul Hannecart,
Introduction Depuis sa découverte en 1901, l’épave d’Anticythère n’a de cesse de nous surprendre. Des archéologues aux astronomes en passant par les plongeurs, tous s’accordent à y reconnaitre un site archéologique exceptionnel et qui peut être considéré comme l’un des plus importants de l’histoire universelle de l’homme. La découverte Nous sommes au printemps de l’année 1900, deux bateaux grecs et leurs équipages de pêcheurs d’éponges reviennent de leur campagne annuelle de pêche sur les côtes Nord de l’Afrique. Surpris par une tempête alors qu’ils font route vers leur port d’attache situé dans le Dodécanèse, les deux caïques se trouvent obligées de chercher refuge près de l’îlot d’Anticythère, à mi-chemin entre la Crête et le Péloponnèse. Pour tromper l’attente, on ordonne une plongée. Vêtu du lourd Source illustration : © J-P Hannecart, 1991 scaphandre de Siebe, le plongeur désigné est mis à l’eau au moyen de la plate-forme prévue à cet usage, mais à peine a-t-il touché le fond qu’il tire violemment sur la corde le reliant à la surface pour manifester son intention de remonter d’urgence, ce qui est d’ailleurs fait sans tarder. Aussitôt à bord et libéré de son casque, l’homme explique d’un air épouvanté avoir vu jaillir du fond marin tout un peuple de géants aux formes monstrueuses. Intrigué, mais sans perdre son sang-froid, Démétrios Kondos, le capitaine revêtit à son tour le scaphandre. Il a pour devoir, de rassurer son équipage et dans le cas présent de vaincre le scepticisme des plus optimistes de ses compagnons et la peur des autres. À près de 60 mètres de profondeur, sur un fond de sable et de posidonies proche des éboulis de la côte, le capitaine constate avec stupeur la réalité du récit qu’il vient d’écouter juste auparavant. Il se ressaisit pour s’apercevoir qu’il se trouve devant des dizaines de statues de bronze et de marbre fortement concrétionnés. Après avoir contemplé le site, il rejoint la plate-forme pour être hissé en surface, non sans avoir pris le soin de ramasser le bras cassé d’une statue pour prouver aux autres et peut-être aussi à lui-même qu’il n’a pas rêvé.
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L’endroit L’îlot d’Anticythère, également connu des italiens sous le nom de Cerigotto, se situe à peu près à midistance entre l’île de Cythère (Cerigo) et la Crête. On n’a jamais compté plus de 250 habitants sur ces quelques kilomètres carrés. Sur certaines cartes anciennes, Anticythère est appelée Aegilia. En ce qui concerne l’île toute proche d’Anticythère, elle a été consacrée depuis la Grèce antique au culte de la déesse de la beauté et de l’amour. Selon la mythologie grecque, les plages rocheuses de l’île y ont vu naître, de l’onde de l’écume des vagues déferlantes, une créature féminine d’une beauté incomparable, Aphrodite, assimilée par les Romains à la déesse Vénus. Source illustration : © J-P Hannecart, 1991 Les premières fouilles Les autorités grecques, rapidement averties réalisent vite l’importance de cette découverte et passent aussitôt un accord avec les pêcheurs d’éponges afin d’entreprendre dès l’hiver suivant, une campagne de récupération, la toute première de cette envergure dans l’histoire de l’archéologie. Non disposé à la plongée en scaphandre, les archéologues confient aux pêcheurs d’éponges le soin d’extraire et de renflouer les trouvailles faites sur le site. Un bâtiment de la marine de guerre est affrété pour la circonstance et les opérations scientifiques supervisées par le directeur des antiquités, Georges Byzantinos. À cette époque, les seules connaissances en matière de décompression sont celles publiées en 1878 par le physicien français Paul Bert, dans son ouvrage intitulé : « La Pression Barométrique ». Il faudra attendre 1907 et les premières tables de décompression du physicien écossais John Scott Haldane pour bénéficier d’une marge de sécurité suffisante. C’est dans cette ignorance justifiée par l’histoire, mais avec la peur de ce que les plongeurs appellent alors « la maladie des caissons » que six plongeurs d’abord, dix ensuite, se relayeront pendant neuf mois pour remonter les objets trouvés sur l’épave. Ils se fixent une limite de deux plongées de cinq minutes par jour et par plongeur. Cette précaution n’évitera cependant pas à l’un des scaphandriers de trouver la mort suite à une embolie gazeuse. Par ailleurs, deux autres accidents du même genre laisseront leurs malheureuses victimes paralysées à jamais.
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Le mauvais temps vient augmenter les difficultés sans pour autant arrêter les opérations qui se poursuivent malgré tout. Disposant de si peu de temps d’immersion, les scaphandriers doivent se contenter dans un premier temps du ramassage hâtifs des objets éparpillés sur le sable. Les statues à demi-ensablées sont rapidement élinguées pour se voir ensuite littéralement arrachées du fond avec force et fracas. Certaines de ces œuvres subissent mal la manœuvre destinée à les ramener au grand jour. Mal saisies ou trop lourdes, des statues échappent à leurs câbles et coulent à nouveau pour atteindre le fond, parfois plus profond et pas toujours, on s’en doute bien, sans aucuns dommages. Un dégagement superficiel permet de constater, du moins le pense-t-on, fixées aux rochers par la concrétion marine. Une simple réflexion sur le fait que l’on n’ait pas encore en vue le fond de carène de l’épave aurait dû suffire à créer Source photo : Nature Blog le doute. Si les moyens l’avaient permis, une excavation de quelques mètres l’aurait confirmé. Face aux circonstances, décision est prise de scier les statues à leurs bases. On s’apercevra plus tard qu’il s’agissait en fait de groupes ou d’ensembles de sculptures sur un seul socle. Le navrant n’a cependant pas encore atteint son paroxysme, lorsque les pêcheurs d’éponges, transformés en archéologues pour la circonstance, vont déverser plus loin en mer des rochers qui sont tombés, pensent-ils, des falaises toutes proches et qui gênent leur travail. Le professeur Byzantinos s’avise d’en examiner un de plus près pour y reconnaître avec stupéfaction une sculpture en marbre, plus grande que nature et rendue Source photo : Gentside Découverte méconnaissable par l’attaque des mollusques au cours des longs siècles d’immersion. Le rapport fera ainsi état de plusieurs œuvres d’art perdues à tout jamais dans les abîmes, du moins le dit-on à ce moment. L’état de conservation L’immersion de près de 2 000 ans dans les eaux de la méditerranée fait que les statues, surtout celles en marbre ont énormément souffert de la concrétion marine, au point de les rendre parfois méconnaissables et de les confondre avec de vulgaires rochers sans le moindre intérêt. Seul l’enfouissement dans le fond sablonneux, ne fusse que d’une partie de ces œuvres, permet de les préserver suffisamment que pour maintenir l’esprit créatif et la volonté de représentation des artistes qui les ont créées. Les statues en bronze ont eu, quant à elles plus de chance, pour autant qu’elles aient bénéficié de manutention plus délicate.
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La « Machine d’Anticythère » Mais le plus surprenant reste à venir. La direction des antiquités organise, à Athènes, une exposition des objets récupérés sur le site de l’épave d’Anticythère. C’est alors que l’archéologue Valérios Stais remarque la présence dans le lot d’un objet qui sort complètement de l’ordinaire pour une épave antique de cette époque et de cette origine. L’objet en question est désormais Source photo : Société Astronomique de France mondialement connu sous l’appellation de « Machine d’Anticythère » ou encore « Mécanisme d’Anticythère ». L’examen préliminaire fait état de trois gros morceaux et de 82 fragments provenant d’une sorte de mécanique constituée d’engrenages et de rouages complexes, concrétionnés et incrustés de gangue marine. Un spécialiste allemand de l’époque, Albert Rehm évoque alors un calculateur astronomique. Un genre de planétaire qui permettrait de connaître sa position en mer par celle de certaines planètes. Fonctionnement La « Mécanique d’Anticythère » est un planétaire basé sur le cycle de Méton et coordonné sur le calendrier égyptien. L’opérateur règle le mécanisme à l’aide d’une clef ou d’une manivelle sur le mois et l’année en cours. Il obtient ainsi la position des planètes au moment voulu. Le mécanisme synchronise les positions de la Lune, du Soleil, de Vénus et Mercure pour les planètes ainsi que plusieurs constellations du zodiaque. On relève d’abord quelques 900 caractères grecs Source photo : Planète Gaia de 1.5 à 2.5 mm de hauteur et qui indiquent les positions de ces corps célestes. La période du saros est également prise en considération. De ce fait, la « Mécanique d’Anticythère » peut être utilisée pour prédire les éclipses. La « Mécanique » était dans un coffret en bois (disparu) d’environ 340 x 180 x 90 mm. Réalité ou supercherie ? L’archéologue Valérios Stais est né en 1857 à Anticythère ( ! ) et est mort à Athènes en 1923. Il étudie d’abord la médecine avant l’archéologie et prend la direction du Musée National d’Archéologie d’Athènes en 1887. C’est justement lui qui révèle la « Mécanique d’Anticythère » le 17 mai 1902 en préparant l’exposition consacrée aux objets récupérés sur le site de l’épave. Aurait-il ajouté l’objet provenant d’une épave plus récente dans le but d’augmenter l’intérêt du public et de la communauté scientifique ? C’est ce que prétendent certains qui affirment que cette technologie n’est apparue que beaucoup plus tard, Source photo : Bulletin of au 15ème siècle. Toujours est-il que la « Mécanique d’Anticythère » fait History of Archeology le buzz en 1902 et continue de le faire aujourd’hui, plus d’un siècle après sa découverte. Le doute pointe son nez ! Aucune datation précise de la mécanique n’a pu être faite mais des éléments troublants s’additionnent sans cesse : CNAβH
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Deux objets similaires à la « Mécanique d’Anticythère » sont évoqués par Cicéron au IIIème siècle avant notre ère. L’un des deux objets serait l’œuvre de Posidonios. Aux 900 inscriptions en caractères grecs déjà relevées sur la « Mécanique » viennent s’ajouter quelques 2 000 autres révélées lors d’un examen radiographique en 2006. Les inscriptions déchiffrées à 95% évoquent un texte astronomique qualifié d’étrange et mentionnant les planètes Vénus, Mercure et plusieurs constellations du zodiaque. L’analyse graphique de cette récente observation permet de dater le texte aux environs de 100 avant notre ère. Retour à Anticythère Deux reconnaissances sur le site du naufrage en 2012 et 2013 révèlent que de nombreux objets s’y trouvent encore éparpillés sur plus de 300 mètres, ce qui ne peut évidemment correspondre à la taille du navire mais découle plutôt des premières fouilles effectuées en 1901. Une expédition de grande envergure a lieu en 2014, sous la direction de deux plongeurs archéologues avec l’appui du scaphandre EXOSUIT du WHOI et mis au point par le canadien Phyl Nuitco. Ce scaphandre autonome « atmosphérique » autorise la plongée jusqu’à -300 mètres. Plus rien à voir avec le Siebe-Gormann de 1900 ! Le navire d’Anticythère faisait au moins 50 mètres de long ce qui le fait qualifier de « Titanic Romain » par l’archéologue américain Brendan Foley. Parmi les objets retrouvés à cette occasion, une lance en bronze de plus de deux mètres et qui était probablement un accessoire Source photo : WHOI d’une des statues déjà connue de ce site.
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En août 2016, de nouvelles fouilles ont lieu et le squelette partiel d’un membre de l’équipage est retrouvé sur le site du naufrage. La datation est effectuée et indique -87 avant J.-C. La profondeur supérieure à 55 mètres oblige les plongeurs à recourir aux techniques de plongée aux mélanges et avec des recycleurs. L’objectif de ces nouvelles fouilles, outre de compléter les connaissances déjà acquises sur cette épave, est l’espoir de trouver sur place Source photo : Archeow d’autres fragments de la célèbre « Mécanique d’Anticythère » afin de lever tous les doutes qui pourraient encore subsister à son sujet. Pour le CNABH, Jean-Paul Hannecart, avril-mai 2020 Bibliographie Encyclopédie Cousteau, éditions Robert Laffont, 1976 La Croix.com Merveilles et Mystères du Monde Sous-Marin, éditions Reader’s Digest, D-1974/0621/17 Wikipedia
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Projet LPMD
Par Thierry Hanon‐Degroodt « Je profite de l’opportunité de la revue pour vous décrire un petit projet qui commence à porter ses fruits et mériterait à mon sens d’être étendu. »
La conversion vers le LED Le sujet d’étude qui a mené à ce projet est la pollution lumineuse et la conversion des luminaires vers le LED. Comme vous le savez, un vaste projet de conversion des luminaires est actuellement en cours en Belgique. D’un côté, la conversion des éclairages autoroutiers, de l’autre celle des éclairages urbains. Deux acteurs différents, comme d’habitude, et une gestion fédéro-régio-communalisée comme on l’apprécie à la belge pour occuper nos hommes politiques (ex : est-ce que cela sera compatible entre les régions et systèmes, au niveau contrôle des luminaires.. ? Amusez-vous et posez la question à l’occasion). Remarque : En France, c’est UNE personne qui gère cela pour le territoire (= un interlocuteur) et les exécuteurs sont fixés par département, en Italie : idem, en Slovénie : idem, en Hollande : idem, etc…. Mais dans nos régions, vous imaginez bien que cela ne peut pas « être simple »… Tout est une question de point de vue et d’efficacité.
La rupture nord‐sud En plus, alors que le Gouvernement Wallon, en suivant la Flandre en 2007, avait décidé d’éteindre nos autoroutes (ce qui a fait baisser le nombre d’accident mortels, d’ailleurs), il se réjouit maintenant de pouvoir « rallumer nos autoroutes » vu que le LED consommera moins ! Il se fiche évidemment du fait que de toute consommation > 0 (même à 30% de la précédante), cela coûtera tout de même (surtout dans une période où on arrêtera le nucléaire) et qu’on ira le chercher dans vos poches. Quant aux effets pervers de la conversion vers les LED, qui ne se fera sentir que dans quelques années (préparez vos vaccins, car vous en aurez besoin…), cela n’est évidemment pas une préoccupation principale. Tout le monde a pu constater la grande efficacité pour prévoir un problème annoncé, on l’a bien vu récemment…
Alarmisme non fondé « Fake news » dirait un personnage célèbre pour avoir bénéficié d’une interface neurale avec Twitter… Ou sont les preuves ? Tout cela n’est que l’obscurantisme (sic) mal placé et imbécile de personnes qui voudraient obscurcir nos magnifiques trous dans l’asphalte routier au lieu de les éclairer pour aider nos automobilistes… C’est un long sujet, en dehors du cadre de ces pages… Mais des sites (bien informés) existent et des centaines d’études aussi (voir liens), mais en soit, il faut bien le reconnaître : comment « argumenter » sur cela ?
Comment évaluer cela ? Les mesures mondiales sur la luminosité nocturne ambiante découlent de soit a) une étude de cas (situation existante) b) une étude de prévision (situation future, sur base de simulation) c) une étude de conversion (situation avant / après, sur un bâtiment, une zone, un aménagement) d) une étude de longévité (analyse d’un éclairage dans les conditions d’utilisation) Mais d’aucune étude globale sur une « conversion » (situation avant / après au niveau d’une région ou pays). On dénombre évidemment des études locales qui, une fois combinée, donne une vue CNAβH
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générale, mais vu l’éparpillement des territoires, nécessitent des simulations pour être consolidée. Or, voici qu’une région du monde parmi les plus éclairées la nuit (pour une fois que la Belgique est première en quelque chose, snif…) sur un territoire relativement petit, effectue une conversion massive vers les LED en quelques années (max 10 ans). S’il y a un endroit où il faut faire des mesures, c’est clairement là !
Les mesures satellites Immédiatement, on pense au suivi via satellite… Il y a des satellites chinois (avec accès payant aux données) qui sont disponibles et dont les données pourraient être exploitées. Tous les autres sont malheureusement « aveugles » aux LED, car aujourd’hui optimisés pour les longueurs d’ondes du type sodium ou mercure. Le « pic bleu » caractéristique des LED est invisible, donc : au fur et à mesure des « conversions », le pays s’éteint ! Remarque : n’oubliez pas cela quand on vous montera des photos satellites avec les effets « positifs » de la conversion… Seules les photos prises depuis ISS (appareil photo standard, calé sur notre vision) sont valables ! On espère que T. Pesquet refera des images, comme il nous l’a promis… Donc, cela existe, fort dépendant de la météo et du positionnement, et c’est très cher… Donc, une étude ponctuelle, soit… Mais une continue sur plusieurs années ? J’en doute, vu la politique scientifique locale.
Les mesures au sol C’est évidemment le plus facile et les projets comme « Globe at night » le font d’une manière la plus ludique (en visuel sur les étoiles) et facile possible. Les mesures atteintes ne sont pas trop mauvaises et permettent d’établir une tendance, mais pas d’avoir des données ponctuelles exactes pour monter une étude précise. La mesure via un détecteur fixe, sur une longue durée et présent dans un scénario local de conversion (donc, avec mesures avant/après) est le plus fiable. Avec une sensibilité à la PL de l’ordre de 50km dans nos régions, une dizaine de capteurs peuvent couvrir le pays en entier. C’est là que s’inscrit mon projet…
Le problème de la capture au sol Plusieurs stratégies de capteurs existent, mais comme on n’a guère le temps, on va se focaliser sur un capteur universellement reconnu dans le domaine astroamateur : le Sky Quality Meter de Unihedron, qui existe en plusieurs versions : portable (sans connectivité ni stockage) et connectables (USB, network). Les « connectables » présentent l’avantage d’être fort bien calibrés dès l’usine (sur 8 achetés, la déviation est minime) et peuvent être recalibrés si besoin est. Mais l’utilisation de ce dispositif à l’extérieur pose évidemment des problèmes pratiques : - isolation versus les conditions météo - mode de connectivité (avec avantage / inconvénient) - présence d’un « ordinateur » pour la capture et le stockage - les programmes de captures et de stockage - la prise en compte des conditions extérieures de la capture - la transmission des données C’est pour résoudre cela que j’ai créé la version 6 de mon LPMD ou Light Pollution Mobile Detector.
LPMD : le principe Concept que j’ai créé en 2014 et que j’ai présenté lors du Symposium International sur la Pollution Lumineuse, il intègre les capacités de capture de plusieurs évènements et son traitement en déplacement. - V1.0 : capture PL en mobile (à pied ou voiture) via Lightmeter - V2.0 : intégration du positionnement global et la capture vidéo - V3.0 : intégration de technique IA pour la détection des points lumineux et leur positionnement en 3D, avec SQM - V4.0 : intégration des flux vidéo stéréoscopiques - V5.0 : refonte du système autour de nouveaux logiciels CNAβH
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V6.0 : Nouveau système à 100%, basé sur des solutions Open Sources (Python) et la connectivité totale.
Voyons cela de manière pragmatique : qu’est-ce qui est nécessaire ? Voici une vue de l’implémentation géographique :
Chaque station (disposant d’un « nom » unique) installée dans une région va effectuer ses captures et envoyer en temps réel ses résultats vers un site central situé dans le Cloud. Donc, chaque station LPMD doit normalement être connectée sur Internet (via cable ou WIFI). Certes son fonctionnement « 100% indépendant » est possible, mais on perd 80% des possibilités. A chaque mesure, la station va capturer : la pollution lumineuse les conditions météos locale (max 50 km, si possible) Et lors de l’envoi des données, elles seront complétées par les données d’éphémérides (pour le lieu considéré). Toutes stations suffisamment « proches » utiliseront les mêmes conditions météos. Remarque : on parle bien ici d’observations météo, pas de prédictions (largement discutables). C’est la première fois que l’ensemble des conditions pouvant influencer une mesure de brillance du ciel sont directement intégrée dans chaque mesure. On peut ainsi évaluer : - la « brillance » du ciel (en mag/arcsec²) - la magnitude limite à l’œil nu - l’état général de la météo : température (capteur/extérieur), point de rosée, pression, vent - la situation générale des couches nuageuses à plusieurs altitudes - une estimation de la visibilité visuelle - les conditions astronomiques : crépuscule, durée du jour, phase de la Lune, altitude du Soleil, etc… Si un nouveau type de capteur peut être installé (ex : images), il sera toujours possible d’intégrer cela dans la capture. Le composant « traitement » sur un module électronique très courant permet toutes les extensions imaginables…
Les composants et fonctions Sans rentrer dans les détails techniques, attardons nous aux fonctions principales de chaque « node » LPMD :
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Le point le plus critique (et qui demande toujours actuellement toute notre attention) est la résilience de la solution. C’est l’aspect qui nous a procuré le plus de travail dans la mise en place. Le module central doit assurer ses fonctions en permanence, 24/24h, 7/7j et cela avec une connectivité (vraiment) fort variable dans la région Wallonne… D’un jour à l’autre, celle-ci peut se dégrader à un point rarement imaginé (même au sein d’une connexion correctement établie)… Et si tous les composants ne sont pas « codés » pour faire face à toutes ses « pertes », on perd évidemment une part ou l’autre du fonctionnement normal. Toutes les fonctions sont contrôlées par un outil de configuration facilement utilisable et chaque LPMD est accessible en « remote access » pour la maintenance. La capture, l’enrichissement et le traitement sont donc des phases séparées : a) La capture, fonctionnant en permanence, s’assure de récupérer les informations des capteurs et de les stocker en local (support mémoire dédié). Sauf en cas d’erreur du capteur (ce qui génère une alerte via réseau), le but de « capturer », quelques soient les conditions de connectivité. Au minimum, on disposera des mesures PL, qui pourront d’ailleurs évoluer avec tous les capteurs disposant d’un protocole publié. Aujourd’hui, le SQM/LU est supporté (car c’est le seul dont je dispose). Le jour où un autre capteur est nécessaire, il suffira d’adapter un module interface (ex : le SQM/LE est théoriquement supporté, mais jamais testé). Le même module se connecte sur une station météo (la plus proche) et récupère les informations météo dans un format international standardisé. b) Le module de publication s’occupe de plusieurs fonctions : a. Enrichir les données de capture avec les données issues du calcul des éphémérides locales b. Traduire les informations météo en valeurs communes (ex : overcast at 9000 feet = ciel bouché dès 2700m) c. Pré-calculer des informations et préparer l’enregistrement vers la base de données centrale d. Envoyer toutes les données de manière périodique vers le site central e. Sauver de manière locale toutes les données (support amovible) Le module de publication est évidemment prévu pour pouvoir retraiter automatiquement des volumes de données pendant une période de perte de connectivité. CNAβH
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Le LPMD en « vrai » Le premier LPMD a été financé par le club AstroNamur, le site et les fonctions Cloud le sont par BeAstro. Le comité d’administration de l’ASCEN n’étant pas d’accord à l’unanimité sur l’utilité de cette solution, les tenants du projet (membres du comité d’AstroNamur) cherchent du support auprès des autres clubs astroamateurs (des deux parties du pays !) pour rapidement déployer la solution en attendant de futures discussions sur le sujet. La première version réalisée est donc en production dans la région de Fernelmont/Forville et se présente sous la forme actuelle suivante : Localisation actuelle… Assez central, ce qui est intéressant… Mais il reste beaucoup à couvrir pour obtenir une mesure efficace…
Le LPMD V6.1 - le module « capture », avec son dôme (qui va évoluer), en situation. - Le module de traitement des données, basé sur la solution EAB (voir plus bas), qui reste à l’abri (Le câble de connexion fait 5m)
LPMD : Le site… Est en plein développement… Et vu les améliorations / corrections qui ont été apportées ces dernières semaines sur le capteur et ses fonctions, il est resté très minimaliste à ce stade… (Toute aide est la bienvenue pour son développement). Et de facto (surtout quand Proximus décide de CNAβH
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convertir des choses ), instable… La version actuelle : http://lightpollution.beastro.be/doku.php la page principale, hébergée par BeAstro http://lightpollution.beastro.be/doku.php?id=lpmd la page dédiée au LPMD http://lightpollution.beastro.be/php/lpmdstatus.php La page actuelle pour la situation des mesures Et, en première… En cours de développement : http://lightpollution.beastro.be/lpmd/ La page « finale », basée sur la database Même remarque… Développer tout ceci demande du temps et parfois, ce n’est pas sans problèmes.. Donc, des données peuvent ne pas être (encore) disponibles ou sont en pleine migration/analyse. Si vous avez un problème ou une demande particulière, prière de me contacter ! La partie « traitement » est réalisée sur une version dédiée de la plateforme EAB (Easy AstroBox) qui constitue à lui seul un document dédié… Pour plus d’info : https://www.easyastrobox.com/ Le coût : la solution implémentée revient à 350 eur, capteur compris. Si évidemment une personne dispose déjà d’un SQM connectable, le coût descend très largement ! Toute la solution est disponible en Open Source et il suffit de me contacter si vous êtes intéressé par l’implémentation d’un « node ». A l’écriture de ses lignes, il y a 112 fichiers de données, couvrant du 18/7 au 23/11 (parfois avec des trous suite à des problèmes de jeunesse ) avec la majorité des données prises toutes les 5 min. Au total : 28643 mesures, dont 2500 intègrent les données météo et toutes les calculs d’éphémérides… (comme cela, vous voyez que cela évolue… ) Attention : le site va changer… Car désormais le serveur « Cloud » est disponible et une database centralisée est désormais également disponible. Cela devrait même permettre d’entre des mesures « manuelles » au sein de celle-ci.
LPMD : Just in time Démarré en juillet, actif au niveau capture depuis… Et la conversion LED commence dans la région ! Les premiers 300 luminaires vont être convertis dans la commune, et des conversions sont en cours dans les communes proches. Donc, on devrait pouvoir analyser les premiers effets de la conversion sous peu. En pratique, vu les luminaires actuellement présents (datant des années 60), toute conversion devrait être bénéfiques en terme de pollution lumineuse « pure » (et pour l’astronomie )… Les LED sur la biodiversité, c’est autre chose… Donc, séparons les sujets et voyons les chiffres quand ils seront disponibles. Un exemple rapide…
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Pour l’exemple, ce graphique montre la mesure de la PL (min 17 mag/arcsec²) en fonction de la phase lunaire (17 = 0% , nouvelle lune, 25 = 100%, pleine lune), et basé sur les données capturées et calculées par le LPMD. L’influence de la Lune est bien visible… Donc, pour les futures comparaisons, il faudra bien sélectionner les périodes d’analyse. Remarque : des essais ont été réalisés pour « affiner » les mesures sur certaines périodes, et la première partie montre la précision avec une mesure par 30 sec. Cette capacité (gérable à distance) permet de tester plus précisément un effet ou l’autre (ex : fête du village, Skytracer, etc…) Pour plus de renseignements ttf@beastro.be (ou via le club et son président ) Des lectures PL : http://ascen.be/ : http://lightpollution.beastro.be/doku.php : https://www.globeatnight.org/ : http://nuitfrance.fr/ : https://www.anpcen.fr/
Merci de m’avoir lu et Bonnes Fêtes à tous ! NDLR : Merci pour cet éclairage intéressant, cher Thierry, et à très bientôt pour d’autres moments lumineux !
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Pandémie et musique classique JC Dresse nous ramène un cliché de l’ami Raymond Lefevre à qui il a rendu une visite amicale samedi dernier. Ils ont parlé beaux arts bien entendu, mais aussi Beethoven avec qui Raymond entretient une relation soutenue. L’entrevue s’est terminée par une écoute approfondie de la troisième symphonie, l’héroïque, celle qui permet de passer des fêtes presque joyeuses malgré la pandémie …
Malgré les circonstances particulières que nous connaissons, restons confiants car le meilleur est à venir …
2021 sera une grande fête dès que nous sortirons des mesures sanitaires. Qu’on se le dise !
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Multipliez les gestes de sympathie : un coup de fil, un email, une lettre, une carte de vœux … Protégez les personnes affaiblies : en portant un masque mais aussi en effectuer des tâches qui les exposent (courses magasins, démarches diverses) Ne vous exposez pas inutilement … A bientôt
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