Journal du CNABH Décembre 2020

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Les Astronews par Roland Boninsegna

Titan est un monde toujours dynamique : ses cratères en sont une preuve. En utilisant les données de la mission internationale Cassini-Huygens, dédiée aux mondes de Saturne, les scientifiques ont mis en évidence, sur la plus grande des lunes de Saturne, Titan, deux types distincts de cratères qui sont soumis à l’érosion, encore aujourd’hui. Titan possède une atmosphère dense d’azote, un océan souterrain et une surface enrichie de montagnes, lacs, dunes et de nombreux autres détails terrestres. Cette surface est aussi blessée par des cratères d’impact, en nombre relativement restreint si l’on compare avec les autres lunes de Saturne. On pense que l’érosion a effacé la plupart des cratères sur Titan, comme cela se passe sur Terre. Etudier les cratères de Titan nous renseigne sur les transformations géomorphologiques à la surface, mais nous ouvre aussi une fenêtre sur la composition du sous-sol suite à l’impact qui a creusé ces cavités. Anezina Solomonidou et ses collègues ont récemment publié un article dans la revue « Astronomy & Astrophysics » qui rapporte une analyse détaillée de neufs cratères sur Titan. Ce genre d’étude permet d’avoir une idée de l’intérieur de la lune et de l’influence de son atmosphère sur la surface. « Quand nous étudions le potentiel biologique d’un monde possédant un océan souterrain comme Titan, il est important de trouver des traces de matériel organique, par exemple des mélanges qui contiennent d’importants éléments, comme le carbone. » déclare Anezina. « Ceux‐ci peuvent être détectés à la surface et dans l’atmosphère après avoir été transportés depuis l’océan souterrain, qui est l’environnement le plus à même d’être habitable. Les cratères d’impact demeurent l’une des rares particularités géologiques qui dévoile des matériaux provenant de l’intérieur, offrant une rare opportunité de comprendre la composition intérieure de Titan. » Six des cratères étudiés sont localisés dans les champs de dunes équatoriaux et les trois autres dans les plaines aux latitudes moyennes. Les scientifiques ont utilisé les données de deux instruments de la sonde orbitale Cassini, le « Visual and Infrared Mapping Spectrometer (VIMS) » et RADAR, en complément des informations récoltées à la surface de Titan par l’atterrisseur Huygens. RADAR a obtenu des données sur le potentiel de la surface d’émettre de l’énergie dans le domaine des micro-ondes. Cet instrument a permis de sonder la surface jusqu’à une profondeur de quelques dizaines de centimètres, révélant la composition du sous-sol. On pense que les zones de basse émission sur Titan indiquent la présence de glace d’eau, alors que les zones d’émission élevée trahissent la présence de composés organiques. Les données de l’instrument VIMS ont été utilisées pour observer le fin voile qui recouvre la surface. CNAβH

www.cnabh.be

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