Voyage en Afghanistan
en 1976 Auteur : Jocelyne Pruvot 1
KABUL - MASAR EL SHARIF - PUL-I-KHUMRI BAMYAN - BAND I AMIR - LAL CAGHCARAN - JAM - SHAHRAK FARSI - HERAT - KANDAHAR - KABUL
C'était les années 70, le C'était les années 70, les années hippy. Aller en Afghanistan était la suite logique de tous les voyages en Asie. J'ai adoré ce pays. Les paysages sont magnifiques, les gens y étaient super gentils et accueillants. On a visité presque tout le pays, du nord au sud, de l'est à l'ouest en empruntant la très dure piste du centre qui passe parfois au dessus des 4000m. On dormait sous de grandes tentes collectives.
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Vendredi 3 Septembre 1976 – Le vol
Aéroport d'Orly
Vol Ariana de Paris à Kabul - FG708 - départ 20:00 en boeing 720 ! L'avion arrive en retard, et nous ne décollons qu'à 21h30.
Avion, équipage, nourriture... pas terribles.
Un seul repas du genre british dans toute la tradition : petit pois, pommes de terre, salad cream... Une escale à Teheran.
Duty Free shop horriblement chère, et rien d'intéressant, même le caviar.
Le vol a été court à ma grande surprise, seulement huit heures. L'Afghanistan d'en haut : des montagnes aux formes bien particulières.
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KABUL Samedi 4 Septembre 1976 Hôtel Intercontinental de Kabul
On arrive vers 10 hres. L'hôtel : une splendeur à tous points de vue.
L'hôtel Intercontinental, est situé sur une colline d'où on découvre tout Kabul. Le hall est très agréable, et quant aux chambres, elles ont tout le confort souhaité et très agréables à vivre.
Piscine et bain de soleil... C'est la seule piscine dont on pourra profiter ! Et comme on est fatigué !
L'après-midi, je vais dans les magasins de Kabul. J'essaye un tchador tout noir... et j'étouffe là-dessous ! Fabrique de fourrures, boutique afghane ... Le bazar de Kaboul... les camions sont décorés.
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Dimanche 5 Septembre 1976 - Kabul – (2ème jour)
Le matin, on passe à la banque, puis visite du Musée : costumes, statue mortuaire à cheval du Mouristan, ivoires, buddhas à l'influence grecque ...
Visite du Palais Royal. On trouve à la fois Ministère des Finances d'un côté et Ministère de la Justice de l'autre. Mais la visite est interdite.
Visite de la Tombe de ???
Le midi nous déjeunons dans un restaurant Italien. Le voyage se déroule en plein Ramadan, et il est très difficile de trouver à manger le midi. On mange .. de la pizza tomates et fromage ! environ 80 afg.
L'après-midi se passe en shopping, en promenades à pied dans Kabul.
Le soir, grande party à l'hôtel : un méchoui au bord de la piscine. orchestre, danses afghanes (que des hommes).
Voilà, on part !
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Lundi 6 Septembre 1976
De Kabul à Masar El Sharif Réveil à 6 hres, départ à 7 hres. De Kabul à MAZAR EL SHARIF : 430 km
Mazar El Sharif est la ville sainte des Shiites. La ville éatait luxueuse quand les Arabes y sont arrivés en 645, et ils la nommèrent "La Mère des Villes". Elle a été détruite par Gengis Khan au 13ème siècle. L'équipage : deux Toyota dyna + un camion Was pour les bagages et cinq chauffeurs. Les kilomètres sont crevants, que de la montagne.
Arrêt à ISTALIF Un village de potiers. on y vend aussi des moumoutes.
Tunnel de SALANG
On est à 300 m. C'est le plus haut tunnel du Monde. Il a été construit par les Russes. Il a 3 km de long. Je pensais que j'allais être dans le noir complet pendant ces trois kilomètres, mais en fait, d'ingénieuses fenêtres ont été creusées tout du long, et on y voit très clair dans ce tunnel. On s'arrête dans une chaikhana pour déjeuner. Du riz et du boeuf bourguignon, ou ça lui ressemble. On est le spectacle de tous les Afghans.
Puis, c'est le début de la steppe.
A 18h30, on s'arrête. Le ramadan se termine à cette heure là pour la journée : à 19h15, les chauffeurs vont manger dans une chaikhana en plein air. La chaikhana est bourrée de monde. Ils sont tous assis, calmes, attendant, l'assiette pleine devant eux, et à 18h45 précises, ils se jettent tous sur la nourriture. Il n'y a que les hommes qui mangent, car les femmes, elles, mangent dans les camions. On goûte à nos premiers melons afghans, délicieux. C'est dans cette région qu'il y a eu un tremblement de terre récemment. Mais on n'est pas encore arrivé ! La nuit tombe, on est crevé.
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MASAR EL SHARIF Lundi 6 Septembre 1976
On arrive au Caravansérail Hôtel
Il est un peu en dehors de la ville de Mazar El Sharif. C'est un hôtel de yourtes. pas mal.
Les lits sont en espèce de bambou, très beaux et très confortables.
On dîne immédiatement. Du riz frit, du yaourt, du ragoût de mouton façon bourguignon, plus salade et melon. Le repas est traditionnel.
Un orchestre afghan joue pour un groupe de touristes Italiens.
Les douches sont communes. On n'aura des yourtes avec salle de bain que le lendemain.
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Mardi 7 Septembre 1976 - Mazar El Sharif (2ème jour)
KHULM
Le matin, nous visitons KHULM. C'est un village qui est célèbre pour son bazar, qui date du 5 ème siècle. C'est un village de yourtes en terre jaune. La route est poussiéreuse. Il y a des carrioles à chevaux ornés de pompons rouges.
On est presque "enlevé" par un Afghan qui nous fait visiter le village, et nous montre où est le meilleur point de vue... pour prendre la photo ! Il nous montre où sont les WC... puis il nous présente un autre Afghan, qui lui, nous présente ses filles, et nous montre le livre de souvenirs signé par les étrangers en visite.
Femmes au bazar de Khulm
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Mazar El Sharif Mosquées
L'après-midi, nous allons visiter la Mosquée de Mazar El Sharif, qui s'appelle la Mosquée bleue d'Ali (d'Ali , le gendre du prophète). On va voir les pigeons blancs et on nous raconte que si un pigeon noir s'y mêle, il devient aussitôt blanc ! Devant la mosquée d'Ali
Puis la boutique de tapis...
Le coucher de soleil sur les remparts de BALKH est ... raté. Mais la vue est splendide. C'est à Balkh qu'Alexandre épousa Roxane. La ville a été détruite et reconstruite maintes fois. Nous allons voir la Mosquée verte. Les gens sont en train de prier. Des enfants vendent des crêpes à l'heure où prend fin le Ramadan, à la sortie de la prière. Mazar by night
Plutôt mort. A un endroit, des gens dansent sur la musique d'un transistor, en frappant des mains. Là, on lutte. Là, on fabrique de l'ice-cream à la main : le réfrigérateur, c'est un seau rempli de glaçons, et la sorbetière, des pales qu'on tourne à la main.
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Mercredi 8 Septembre 1976
De Mazar El Sharif à Pul-Khumri D'abord la steppe, monotone. On fait un arrêt aux Grottes de TASH GORGAN. Puis on s'arrête au bord d'un torrent, comme une piscine "aménagée". ça coûte 50 afgh pour s'y baigner. Certains endroits sont recouverts de vase, et on s'enfonce. Certains endroits sont remplis d'herbes qui s'emmêlent dans les jambes. Et à d'autres endroits il y a un courant très fort. Il faut donc savoir où se baigner. Il y a un restaurant au bord de la piscine où l'on déjeune. Riz et légumes, pas de viande ici. Et on goûte à l'alcool afghan : la "grappa". Une sorte d'eau de vie.
Visite de SAMANGAN C'est un stuppa bouddhique, creusé en profondeur dans la montagne. différent de tous les stuppas que j'ai vus jusqu'à présent, qui se dressent en hauteur. On descend au pied du stuppa, et on en fait le tour.
On redescend la montagne à pied. Il y a une école bouddhiste, construite au creux de la montagne,ainsi qu'une galerie de marchands, et plein d'alvéoles creusées dans la montagne pour les moines. On rencontre des Turkmènes aux yeux bridés... leur origine mongole, qui se laissent prendre en photo, et qui s'y amusent autant que nous.
Visite de SURK-KHOTAL
C'est un site qui a été découvert en 1951. On l'appelle le Temple de Feu. pour y arriver il faut prendre une piste. ça secoue. la grimpette est raide, une escalade vraiment crevante. A certains endroits la pente est vraiment raide.
Et qu'est ce qui se trouve là-haut ? Des ruines ! On y a trouvé une stèle datant du 3 ème siècle. Ce qui prouve que l'écriture existait au 3 ème siècle. Il y a un Bouddha couché, tellement estropié, qu'il faut admettre "en théorie" que c'est un Bouddha. De là on a tout de même une belle vue sur le panorama des plaines. Au retour, le passage inondé que l'on était arrivé à franchir à l'aller, cette fois-ci ne pardonne pas. Bon, la voiture s'est enlisée ! Tout le monde pousse les voitures, les pieds dans la gadoue, les vêtements complètement éclaboussés.
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Mercredi 8 Septembre 1976
PUL-I-KHUMRI Pul-I-Khumri est une ville de textiles.
L'hôtel, le "textile Club" est plutôt minable. Des chambres à deux lits dans une pièce toute blanche, des draps sales, des douches communes sales.
Le camion qui transporte nos bagages est en retard. (Il a eu quelques pépins techniques). Et, donc, on attend nos bagages...
Le soir, nous dînons de riz, poulet et viande "bourguignon".
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Jeudi 9 Septembre 1976
De Pul-Khumri à Bamyan Réveil à 5 hres ! Départ à 6h30. Après un bout de route goudronnée, la piste commence à n'en plus finir. Sur les sièges arrière de la Toyota, les cahots sont multiples.
On s'arrête dans un village de yourtes. Les habitants sont des "Hazaras". A la campagne, les femmes ne sont pas voilées. Ils nous demandent des médicaments, surtout du collyre et de l'aspirine. Les femmes de la campagne ne sont pas voilées.
On s'arrête dans une chaikhana pour boire du thé. Puis un arrêt au bord de la rivière pour pique-niquer : des oeufs durs, des pommes de terre et du pain. Les gens sortent de partout et nous regardent.
Puis, voilà, encore une panne de la voiture. la 2 ème Toyota a un pneu crevé. Les mômes sortent de partout, alors qu'on se croyait dans un endroit complètement désert.
Ensuite le paysage devient magnifique, montagneux. On suit le cours d'une rivière.
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Jeudi 9 Septembre 1976
BAMYAN On s'approche de Bamyan. Sur le passage, on visite :
SHAR- I - ZOHAK
La ville rouge. C'est une forteresse construite au 6ème siècle pour surveiller la vallée de Bamyan. Elle a été détruite par les Mongols, ruinée par Gengis Khan en 1222. Bof ! elle est en ruines. C'est bien moins spectaculaires que sur les image. Au pied de la colline se trouve un hôtel, le Red City Hôtel. Les sources chaudes.... Bof ! des sources... chaudes ! La montagne est très belle à cet endroit. On descend à pied. L'air est plus frais.
Arrivée à BAMYAN
On loge dans le "Bamyan Yurts" Un hôtel de yourtes, vue sur la fameuse falaise aux Buddhas. Salle de bain commune. les WC sont sales. les douches n'ont pas d'eau chaude. On se douche à l'eau froide ... glaciale. Et on caille, car déjà à 18 hres il fait froid. C'est le début de nos nuits grelottantes d'Afghanistan. On est ici à 2700 m. On s'équipe. Deux pulls + KWay pour commencer. On dîne à 19h30.
Le site est très touristique. Il y a des boutiques qui affichent des prix ridicules, le coup de barre, et une ambiance déplaisante.
On se réunit, le soir, dans une de nos yourtes, pour boire de la grappa, achetée l'autre jour, et on se couche à 22h30. Il fait un froid glacial. je dors avec un pyjama, un poncho, une couverture, des chaussettes, un chapeau. J'ai grelotté toute la nuit. A minuit un groupe d'Allemands et d'Italiens de la yourte voisine, qui travaillent à Bamyan, ramènent des Américains et se mettent à boire et à causer fort. Impossible de dormir. Puis c'est le froid qui m'empêche de dormir.
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Vendredi 10 Septembre 1976 – Bamyan (2 ème jour)
Visite des BUDDHAS
Je me suis réveillée avant l'heure prévue, à cause de la lumière du jour. Le matin, on est parti visiter les Bouddhas. Les Bouddhas de Bamyan datent de l'époque de Kanishka et de ses successeurs, entre le 1er et le 3ème siècle. Les monastères furent creusés dans la falaise, et longtemps après que l'Islam ait conquis l'ensemble du pays. Le plus grand Bouddha date du 5ème siècle, il faut 53 m de haut. Le petit date du 3 ème siècle, et fait 35m. Ils se trouvent sous des échafaudages. cela fait 3 ans qu'ils sont sont sous les échafaudages. On grimpe à l'intérieur des deux Bouddhas. Les marches du petit Bouddha sont les plus tuantes. On sort avec de sérieuses crampes. On est tout de même à 2700m et je commence à souffrir de l'altitude.
Visite de SHAR- I - GHOLGOLA
La ville des murmures, la ville blanche. C'est l'ancienne cité de Bamyan, au pied de laquelle s'étend la Vallée de Bamyan. Elle était imprenable mais Lala Hatun, trahissant son père, l'a livrée à Gengis Khan. On grimpe. En haut, un panorama, la vue sur la falaise, les bouddhas, le grand, le petit et au milieu le tout petit bouddha. Déjeuner à l'hôtel. L'après-midi, on déménage de yourte. Une salle de bain, des couvertures plus épaisses, une carafe d'eau potable, une brosse à cheveux et un... tue-mouches. Le luxe quoi !
LA VALLEE DES DRAGONS
A 16 hres nous partons pour la VALLEE DES DRAGONS. C'est l'un des sites les plus grandioses que j'ai vus. Le désert. Sans doute appelé La vallée des Dragons, parce qu'un séisme a provoqué une faille qui fait penser à la queue d'un dragon, où il s'est produite une coulée d'acide blanc. Grimpette pour y arriver ! Puis visite de maisons troglodytes, où vivent des Hazaras, qui nous demandent à nouveau du collyre pour les yeux. Le soir, on est descendu au village pour écouter de la musique afghane. mais ça s'est terminé tôt, à 21h30. On remonte à pied, c'est long !
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Samedi 11 Septembre 1976 – Bamyan (3 ème jour) LA VALLEE DE FOLADI
Le matin, nous visitons la VALLEE DE FOLADI Il y a des troglodytes et des fresques bouddhistes, des rochers rouges. On grimpe. C'est de l'escalade et c'est dur. Je manque de souffle, et ça glisse. La descente est encore plus difficile.
Dans la vallée de Foladi
LA VALLEE DE KAKRAK
L'après-midi, on arrive dans un petit village et ensuite il nous faut marcher 2 km à pied pour atteindre le petit bouddha de 7 m de haut de Kakrak. Il est complètement en ruines. Mais la montée est moins dure que ce matin.
Le soir nous sommes descendus au village, mais assez tôt pour participer dans un hôtel de la rue unique du village à une soirée de musique afghane. les Afghans apprenaient à danser aux touristes. Il y a beaucoup d'ambiance. On s'amuse beaucoup. Une excellente soirée.
Après ça, on n'a plus envie de se coucher. Et une fois remontés à l'hôtel, à pied bien sûr, on termine la soirée au bar, où les Afghans essayent d'apprendre à danser le tango, et nous, leurs danses à eux.
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Dimanche 12 Septembre 1976
BAND I AMIR DE BAMYAN A BAND - I - AMIR
On descend de l'hôtel jusqu'au village dans le camion. C'est le seul parcours qu'on fera sur le camion, car c'est trop dangereux. C'est la piste, la vraie. On est cahoté de tous côtés, comme on le sera par la suite, tout le temps. Cette étape est pourtant courte : 3 hres de routes (de piste) seulement.
à BAND - I - AMIR
La découverte des lacs dans la descente vers la ville de Band-I-Amir est époustouflante. Band-IAmir, tout y est irréel.
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Band-I-Amir
Le village est un village de western, tel que l'on nous l'avait décrit. Gamin à band i Amir
On loge sous de grandes tentes militaires. Nous, nous sommes cinq dans la tente. On dort sur des matelas en mousse, pas très épais. Il y a des bidons d'eau et des cuvettes pour se laver, mais on préfère le petit cours d'eau, quoique l'eau y soit bien froide. Les sanitaires se trouvent soit derrière un abri de pierres, soit à l'hôtel où l'on prend nos repas, mais c'est toujours pareil : un trou creusé et qui empeste.
Un bouzkachi
L'après-midi, on nous emmène assister à un bouzkachi... pour touristes... Minable.
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Band-I-Amir
Puis on part à pied le long des lacs. Une petite peur : des aboiements de chiens nous fait craindre une rencontre avec les molosses, et nous nous saisissons de pierres plein les mains. Ce n'était que le chien d'un touriste ...
On ne se lasse pas de se promener dans ces paysages.
Vers 17 hres on rentre car le froid commence à se faire sentir, et pour la toilette, c'est la limite.
Le soir, le vent glacial se lève et souffle fort. le froid est indescriptible. Je me mets sur le dos tout ce que je peux me mettre comme vêtements.
On trouve un petit salon attenant à l'hôtel où un poêle est allumé. Il y fait chaud. C'est là le seul endroit où l'on puisse avoir chaud. Il y a des cassettes de musique, du thé, des coussins, un bon poêle, des Afghans et du hash.
Il fait froid sous la tente. J'ai du mal à respirer quand je suis couchée. On est à 3000 m, ici !
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Lundi 13 Septembre 1976 - Band I Amir (2 ème jour) Je ne suis pas bien. Je n'ai pas digéré mon repas. J'ai mal au coeur et j'ai eu froid. Nous partons en voiture pour voir le 5ème lac. La voiture nous conduit le plus loin possible, mais ensuite la pente est trop raide, il faut grimper à pied. On marche, pendant des kilomètres. C'est un plaisir, tout est calme, immense et beau. Les lacs sont verts sur le rivage. On va droit devant, toujours plus loin, car on ne se lasse pas de voir cette nature. Je n'ai pas mangé à midi, je me sentais vraiment mal, et je me suis couchée. Je voulais monter à cheval cet après-midi, mais mes jambes me lâchent.
Vers 15 hres, je pars à pied me promener le long de la cascade, cherchant de pierre en pierre comment traverser l'eau, et je me retrouve tout au bord du lac, qui a... des vagues, il est agité comme une mer !
J'ai tout de même fait un peu de cheval, 10 minutes, au pas. Je voulais un cheval tranquille, mais pour tranquille il l'était ! Un tout petit cheval pas haut, pas large, et qui n'avait vraiment envie d'avancer.
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Band I Amir
Il fait froid.
A 17 hres, le vent se lève et il fait froid.
Après le dîner (il faisait 2 degrés nous a-t-on dit, ce qui prévoit du zero dans la nuit) ... manger dehors par 2° ...je ne l'avais jamais fait de dormir sous une tente par zero degrés, non !
Nous entendons de la musique afghane. Cela se passe dans un des petits hôtels. C'est le même type de soirée qu'à Bamyan, où les Afghans font danser les touristes. Avec ici, plus de touristes qu'il y avait dans le petit hôtel de Bamyan.
Il y a un bon poêle, il y fait chaud. Les touristes de Band-i-Amir sont très sympathiques. C'est le genre jeune, ou hippy. Les jeunes se parlent, échangent leurs expériences ici.
Les touristes "select" viennent ici pour la journée, mais n'y passent pas la nuit. Il n'y a que des salles communes dans les hôtels, ou les tentes (plus chères : 15 F la nuit) pour dormir. Et on dort dans des duvets sur le sol.
Encore une dure nuit à passer. décrire comment je suis habillée pour dormir 888 chemise, maillot de corps, pull angora, pull de laine, pyjama, collant de laine, bas de pyjama, gants de laine, cagoule de laine, et à l'intérieur du duvet, recouvert de deux couvertures et de mon poncho.
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Mardi 14 Septembre 1976
LAL De Band I Amir à Lal
Réveil à 5 hres. Il fait froid. Il fait nuit. A l'intérieur, on grelotte. dehors, on grelotte. On dort avec tous nos vêtements sur le dos, et on les garde pour sortir. On déjeune dans le petit salon car il fait vraiment trop froid pour manger dehors. Quand on part, le jour se lève. Et, la surprise ... le sol est recouvert de ... givre ! A nouveau, la piste, le déjeuner au bord d'un cours d'eau, les rencontres dans les villages de yourtes perdues, ce sera notre pain quotidien. On arrive à destination en général vers 16/17 hres.
Lal
Un campement entouré d'une enceinte de pierres. Des bidons d'eau. des WC en dur, mais aussi primitifs. Une chèvre. Je me lave en maillot de bain. il fait bon encore au soleil, mais l'air est froid. Après je me sens fatiguée. Je descends tout de même au village pour acheter un sèche local en tissus très fin comme de la gaze (75 afgh). Une nécessité pour la piste contre la poussière. Une rue, des échoppes de chaque côté. On fait faire un ourlet à nos sèches, par le tailleur qui a une machine à coudre, pour 10 afghs. Il nous fait entrer, nous asseoir. Un attroupement se forme devant la boutique. C'est nous le spectacle, l'événement !
Au retour, mes jambes ne me soutiennent plus. Je prends ma température : j'ai 39°1. Je décide de ne pas manger et de me coucher. Il y aura de la musique afghane que je raterai.
Remède de choc : comprimés de Cequinyl, une soupe bien chaude (et épicée), les vêtements habituels de la nuit, plus TROIS couvertures, et ma gourde remplie d'eau chaude sur la poitrine en guise de bouillotte. Et je transpire !!! à en délirer ! Je ne supporte même plus le sac de couchage tellement je transpire. Je crois que je n'ai jamais eu si chaud pour dormir de tout le voyage.
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Mercredi 15 Septembre 1976
CAGHCARAN DE LAL A CAGHCARAN
Au réveil j'avais 37°7 de température. la fièvre est tombée. Mais 37°7 , c'est presque 38° pour le soir, donc je continue mon traitement de choc.
A midi, au bord de l'eau, on sort les conserves : du maquereau au vin blanc ! Moi qui n'avais presque plus mangé depuis tris jours, qu'est ce que c'est bon !
CAGHCARAN
Au bord d'un large fleuve. le village se trouve sur l'autre rive, en face, par rapport au campement. Un pont, des marécages, les tentes au milieu de la platitude, et au loin, trois bouts de tissus dressés : les WC.
Nous allons jeter un coup d'oeil au village. Il a pas mal de boutiques. le raisin est très cher. Il y a un "hôtel", des maisons à un étage, des boutiques de tissus.
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Jeudi 16 Septembre 1976
JAM DE CAGHCARAN A JAM
Le paysage devient montagneux sur ce parcours. Il y a des torrents de tous côtés. A la fin on abandonne les véhicules pour grimper à pied une piste faite de cailloux. On marche 2 km à peu près. Et au bout, à un détours, on voit apparaître le haut du minaret, la récompense. On se croit être les premiers à découvrir ce minaret, on s'imagine la première fois que quelqu'un est arrivé là.
JAM
C'est l'un des plus beaux sites d'Afghanistan, et le minaret, l'une des plus belles oeuvres d'art, par sa beauté et son dénuement.
L'hôtel, si l'on peut l'appeler ainsi, est au pied du minaret. On nous avait parlé de dormir sur la terrasse, mais il va faire tellement froid cette nuit, qu'on dormira dans les chambres. Un lit après tant de jours sous la tente, une chambre qui ressemble à un hôpital, des lits qui se touchent, et tout blancs. Mais on nous avait dit qu'à Jam, les lits sont remplis de puces. alors, on se garde bien d'ouvrir les lits, on dort au dessus dans nos duvets.
Toilette au bord de la rivière. WC dans la nature. On est dans un hôtel, mais les WC, ce n'est pas prévu. Et comme il y a du monde partout, il faut attendre la nuit pour y aller dans la nature.
Il fait, enfin ! moins froid qu'ailleurs. On nous avait dit qu'à Jam il faisait chaud. C'est situé sans un creux. Deux pulls et le poncho tout de même, mais je n'ai pas froid.
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Jam
On avait décidé de faire un méchoui. N'ayant pas trouvé de mouton, c'est une chèvre que l'on mangera. Jam est équipé pour le méchoui, c'est la coutume d'en faire ici.On regarde dehors la chèvre cuire sur le feu de bois.
Il y avait aussi un anniversaire à souhaiter. Alors ce soir, ce fut le gueulleton. On a sorti les conserves : les quenelles, les fruits au sirop, le raisin.
Et on a dansé. On a mangé avec les chauffeurs, et avec les Afghans de l'hôtel. On a bu du vin.
Après le dîner, il était 21h30, et on n'avait pas envie de se coucher. On s'est promené sous les étoiles.Jamais je n'avais vu autant d'étoiles briller si fort. les étoiles sont des bougies que le vent essaye d'éteindre. Et plus il souffle, plus elles brillent d'avantage.
Il faisait beau sous les étoiles, sous l'ombre du minaret.
Et voilà qu'une fois couchés, on décide de se relever, en pyjamas, pour rendre visite à notre compagnon, l'unique de notre groupe qui avait décidé, de dormir sur la terrasse, en plein air, et sous les étoiles.
En pleine nuit, on escalade l'échelle, où il faut s'allonger pour arriver à passer d'un barreau à un autre, tellement ils sont espacés, quelle expédition, et quelle crise de rire.
On le cherche sur la terrasse, elle est immense cette terrasse. Et il est là, dans un petit coin... près du mur, dans son sac de couchage ...
On est redescendu dans nos chambres. Pour nous la nuit a été chaude. Je n'ai dormi qu'avec le pyjama, (supporté à cause des puces) à l'intérieur du duvet. On a eu chaud. On a bien dormi, sur de bons lits.
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Vendredi 17 Septembre 1976
De Jam à Shahrak Encore réveillée bien avant l'heure du réveil, par le chant des coqs, mais après une bonne nuit de sommeil. Cela n'est pas plus mal. cela nous permet de nous promener un peu encore dans ce site merveilleux, et de prendre des photos du minaret, puisqu'à notre arrivée hier, il faisait sombre. On a bien eu deux heures de libres ce matin avant de quitter Jam, et c'était bien agréable.
La partie de piste à parcourir est courte : 70 km. mais, plus difficile. Au début du parcours, la piste est faite de cailloux. Ensuite, à deux reprises, il faudra franchir les cols à pied, par sécurité. les voitures passeront seules, sans nous.
Premier col à franchir : 3 km à marcher à cette altitude ... le manque de souffle est terrible pour moi. J'ai l'impression d'étouffer tous les 10 mètres. C'est une dure épreuve.
On déjeune dans un village où l'on demande l'hospitalité et un chaudron d'eau pour faire cuire des coquillettes, à la sauce tomate avec des paupiettes de volaille. On va de festin en festin ! Et puisqu'on a du feu, un petit nescafé vient clore le repas.
Il fallait prendre des forces, et le repas ne nous aura pas fait grossir, car, pourla digestion, le deuxième col nous attendait. A franchir à pied, encore plus long (4 km), plus haut (3000m) et plus difficile. Lentement, mais sûrement, m'arrêtant tous les 10 m pour faire des expirations poussées, j'y arrive. On croise des bergers, on croise des chameaux.
A la fin, j'ai la gorge tellement sèche que je n'arrive plus à saliver, ni à respirer. je suis presque au but. Jamais je n'ai autant désiré de l'eau. Ce n'était pas de la soif, mais une gorge complètement asséchée.
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SHAHRAK Le campement est entouré de haies et d'un fossé. Un groupe était déjà installé dans les tentes. Un autre groupe Air Alliance qui était parti une semaine après nous de Paris, et faisait le circuit en sens inverse. Toilettes au bord d'un tout petit filet d'eau. ici, les WC sont en dur.
On va faire notre petit tour traditionnel au village et on finit dans une chaikhana, où un groupe de barbes grises enturbannés, se retrouve, s'embrasse. Le spectacle pour nous ! On achète des gâteaux, des amandes (des noyaux d'abricots), du raisin.
Le soir, repas traditionnel afghan, agrémenté de sauté de veau.
La nuit est froide à nouveau. Et il parait qu'à Farsi, notre prochaine étape, il a gelé la nuit dernière ...
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Samedi 18 Septembre 1976
FARSI DE SHAHRAK A FARSI
C'est là où l'on a eu une grande chance : rencontrer une caravanes de Nomades de 50 familles, interminable.
On est descendu des voitures, après autorisation, on s'est planté là, et on a mitraillé de photos. Les chameaux, surtout ceux de tête, étaient les plus ornés, les enfants sur les chameaux, les poulets, les ânes...
FARSI
Pour se laver, un mince filet de rivière, à quelques centaines de mètres du camp. WC, derrière le talus.
Repas sous la grande tente. On sort le cassoulet en conserve.
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Dimanche 19 Septembre 1976
HERAT DE FARSI A HERAT
Une étape longue, mais relativement moins difficile (soit-disant). 120 km de piste + 120 km de route goudronnée. La piste secoue toujours autant. On croise encore une caravane, mais toute petite celle-là. Arrêt le midi dans le village où se termine la piste et où commence la route. En descendant des voitures, on est saisi par la chaleur, cette chaleur du désert, après tous ces jours glaciaux. Un bruit lancinant est toujours présent dans ce village : celui du moulin à eau. On déjeune dans une chaikhana, pas terrible.
Dans la chaikhana
Départ sur ... la route ! Premier barrage, premier péage. Rencontre avec un policier qui nous dit "Je suis Persan".
Ensuite ça roule, c'est presque l'autoroute.
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Herat
Arrivée sur Herat
L'arrivée sur Herat est magnifique. De grandes allées ombragées, bordées d'arbres. On s'arrête pour manger nos melons en réserve, car on meurt de soif. Attroupement des enfants. On sort tous nos mots d'afghan.
C'est comme un retour à la civilisation de se trouver dans cette ville.
L'hôtel, le Mawafa Hotel, en plein centre, pas terrible comme propreté. Mais, un lit, une douche, que l'on accepte de prendre froide, pour y passer toute suite, tellement on se sent sale, sans attendre 18 hres que l'électricité soit allumée dans la ville et chauffe l'eau.
Un petit tour dans les boutiques. Que de choses alléchantes : chemises brodées, fourrures. mais cela semble moins beau qu'à Kabul.
A 20 hres, le dîner. Le plus copieux qu'on ait jamais eu. Et quel régal ! Quelle cuisine ! salade, riz, pommes de terre, poulet, aubergines, raisin, melon, je dois en oublier. Plus mon extra : une petite bière à 100 afgh (10F) Et tout cela arrosé de vin italien !
Le soir nous allons à nouveau faire un tour dans la ville, dans les boutiques.
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Lundi 20 Septembre 1976 – Herat (2 ème jour)
Le matin : Visite de la ville
La Mosquée. Le chaudron de bronze, l'atelier de céramiques, les minarets, la tombe de... je ne sais plus qui... et la cour où l'on se roule par terre pour savoir si on est un bon Musulman. Le moulin à eau
L’après-midi :
Nous partons à 15 hres pour le bazar qui se trouve derrière la Mosquée. Au retour, vision de la Citadelle Interdite.
Le soir : Théâtre !
D'abord une pièce de théâtre qui racontait l'histoire d'une jeune fille ayant des problèmes avec ses parents au sujet du choix de son fiancé. C'était très comique.
Puis un spectacle du genre cirque, avec des acrobates, des trapézistes, des clowns et un orchestre.
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Mardi 21 Septembre 1976
KANDAHAR DE HERAT A KANDAHAR
500 km de route... goudronnée. mais 500 km c'est crevant. Arrêt de nouveau au péage, où l'on retrouve l'officier persan, puis au petit village avec le moulin à eau. Déjeuner dans un autre village, dans une chaikhana où le palao n'était pas trop mauvais, plus du raisin. Et de la route .. plate ... sans intérêt.
A KANDAHAR
L'hôtel Ali baba, est au milieu d'un jardin, avec des petits pavillons séparés, deux chambres par deux chambres. Pas mal du tout.
Après le dîner, promenade dans la ville, qui est assez éloignée de l'hôtel. Beaucoup de vie nocturne, c'est très animé. Des boutiques, des chaikhanas, assez minables, mais remplies de monde, des vendeurs dans la rue, qui vendent des raisins, du mais grillé, des cigarettes, des carrioles à chevaux, des taxis pétrolettes.
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Mercredi 22 Septembre 1976
KABUL Un tout petit peu moins long en kilomètres, mais 400 km et quelques, quand même. toujours la même route rectiligne. Seul intérêt : les champs de fleurs violettes.
Arrêt à GHAZNI
Visite du tombeau du sultan Mahmoud. Arrivés en haut de l'escalier, voila qu'on nous refuse de soulever le drap qui recouvre la tombe. ??. Le musée était fermé. Visite des fouilles d'une Cité enfouie, découverte par les archéologues italiens. Le minaret de Ghazni, seule chose encore un peu esthétique, s'il n'y avait pas on toit pointu en ardoise. Puis, promenade dans le bazar, célèbre pour ses fausses antiquités.
Arrivée à Kabul, à la nuit
Vision de Kabul by night, et retrouvailles avec l'hôtel Intercontinental, chambre 401.
La ruée vers la douche, ou plutôt le bain, apéritif et dîner. les retrouvailles avec le confort !
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Jeudi 23 Septembre 1976 – Kabul (2 ème jour)
Journée libre à Kabul. Réveil à l'heure désirée.. pas de repas à l'hôtel, aucun rendez-vous. Mais, avec l'habitude, réveil à 6 hres, mais je suis restée au lit jusqu'à huit ! Petit déjeuner à 9 hres, copieux et délicieux. Puis shopping toute la journée. Déjeuner au restaurant italien habituel. Retour vers 17 hres. Un saut dans la piscine à la limite du froid.
Et préparation pour la soirée. (plus, les valises à faire) Apéritif (thé) chez un ami de notre guide, maison superbe, déco en bois naturel. Sortie prévue au Golden Lotus, dîner (chinois) dansant (pop-music... la boite select de Kabul. Mais le Golden Lotus était plein à craquer et à deux reprises on n'a pas pu y pénétrer. Du coup, le dîner s'est fait dans un restaurant italien, des brochettes (kebab) une viande délicieuse. Fin de soirée au .. bowling ... jusqu'à 1 hre du matin !
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Vendredi 24 Septembre 1976
VOL DE KABUL A PARIS Réveil difficile. Dernier petit déjeuner... délicieux.
Notre vol pour Paris est à 10 hres du matin. Aryana, boeing 707. On survole de bien près les montagnes d'Afghanistan. On attend longtemps après l'unique repas qu'on nous a servi à 15 hres de l'après-midi, après Teheran.
12h30 de vol ! 2 escales : Teheran et Frankfurt. Deux fois 45 mn de perdues !
Un retard à Teheran parce que pas de pétrole !
Arrivée à Paris à 20h00 et à notre grande surprise, il fait chaud et lourd. On sort en Tshirt. Arrivée chez moi à 22h00.
© Jocelyne Pruvot Ce récit a été rédigé à mon retour de voyage, entre le 24 Septembre 1976 et Décembre 1976
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