Voyage en Tha誰lande en 1974 PARIS - BANGKOK - AYUTHAYA CHIANG MAI- SUKOTHAI - KORAT PATTAYA - BANGKOK
Auteur : Jocelyne Pruvot 1
Samedi 3 août 1974 – Le vol Jumbo est une nouvelle association qui organise des voyages. J'avais acheté un circuit chez JSF (Jeunes sans Frontières) et JSP avait vendu son voyage à Jumbo. Et ainsi je me retrouvais avec une convocation pour Orly Sud, 8h30, salle R (la salle des enregistrements des groupes) sous une pluie battante. Quelle pagaille. Chacun cherche le comptoir correspondant à son voyage : destination Mexique, URSS, Club Méditerranée... A propos, moi, je pars pour Bangkok. La Thaïlande en 15 jours, c'est tout ce que j'avais pu faire pour utiliser les maigres deux semaines de vacances que mon changement d'emploi m'accordait. Je me retrouve par hasard à côté de passagers qui portent une étiquette Jumbo sur leurs bagages, et je les suis. Par hasard, c'était la bonne file d'attente. Enfin, je vois s'afficher le panneau "Bangkok". Les billets ne sont toujours pas là. Il n'y a pas d'accompagnateur avec ce groupe. On est indépendant et on doit se débrouiller au mieux pour s'envoler à l'heure. A 10h15, je parviens à avoir mon billet d'avion. Ouf, il était là ! Car on est toujours inquiet, quand il faut le retirer à l'aéroport. Certains sont renvoyés sur des vols Alitalia à Orly Ouest (bonjour la course entre les deux aérogares), et d'autres n'ont pas leurs billets. Quant à d'autres, ils ont des problèmes de visas. C'est parfois très compliqué de voyager. Billet en main je file vers ma porte d'embarquement. Là je suis arrêtée parce que je n'ai pas ma carte d'embarquement. Ah oui, c'est logique. J'ai fait la queue pour avoir mon billet, mes ma carte d'embarquement, où me la procurer ! Normalement c'est au comptoir d'Air France ? Je fais la queue. Une queue ! Certains voyageurs ont des malles à faire peser, incroyable. L'aéroport d'Orly un samedi 3 Août : la pagaille, l'affolement, l'énervement. Et je vois l'heure avancée, bientôt je vais rater mon vol. A 10h45 je parviens devant l'hôtesse, et je lui dis que je n'ai pas de bagages parce qu'ils ont été enregistrés à la salle R, elle en devient dingue. Bien sûr que c'est Jumbo qui aurait du me donner ma carte d'embarquement en même temps que mon billet, un oubli ... Je commence à m'affoler, explique à l'hôtesse que je ne peux pas aller refaire la queue au comptoir de Jumbo, parce que mon avion décolle dans 45 mn. Elle accepte de me faire une carte d'embarquement, et de me réserver un siège et me dit : "dépêchez vous, allez à la porte d'embarquement". Et c'est la course à travers l'aéroport. les couloirs n'en finissent pas, les portes d'embarquement se succèdent sans que j'arrive à ma lettre...
Enfin, vol 190, Paris-Athènes (et ultérieurement Bangkok, Tokyo).
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Le vol Paris - Athènes - Arrivée à 15h30 - 3 hres de vol
On nous sert un déjeuner. En général, nourriture pas terrible, mais très bon café. je suis assise à côté d'une famille nombreuse, que je crois venir des Etats Unis, vu leur accent. Je discute avec la petite fille qui se trouve à côté de moi, et qui s'amuse à vouloir jouer avec moi à des jeux qu'elle invente. En fait, ce sont des Canadiens. Arrivée à Athènes de jour. L'an dernier, à chaque atterrissage à Athènes, il faisait nuit. mais comme je ne suis pas près d'un hublot, je ne verrai encore pas Athènes. J'aperçois de mon siège, des collines rocailleuses, mais toujours pas le Parthénon. Je finis par me dire qu'on ne peut pas voir le Parthénon de l'aéroport ! Et il y a la mer, parsemée de vagues. On nous annonce une température de 30 degrés. je vais prendre l'air sur la passerelle de l'avion. le temps et la chaleur sont formidables : une chaleur sèche, du soleil, un ciel tout bleu.
Athènes - Abu Dhabi - Arrivée à 20h00 - 4h15 de vol On mange, un curry dégueulasse. je voyage maintenant aux côtés de trois mémés Japonaises, qui dorment, lisent (un livre japonais de format contraire aux nôtres, plus large que haut, et non relié, ressemblant plutôt à une brochure) et elles ne mangent rien de notre cuisine continentale (bien que ces soit du curry). On survole Chypre. On la cherche en vain. Puis les puits de pétrole du Koweit .... c'est le micro qui nous l'a annoncé ! Il fait alors nuit et tout le monde se lève vers les hublots. Les puits de pétrole ? Des petits points lumineux, même pas les illuminations de Paris ! Arrivée à Abu Dhabi. Un petit tour sur la passerelle de l'avion malgré les interdictions de l'équipage. C'est toujours comme ça, ils n'arrivent jamais à maintenir les passagers assis à leurs places aux escales. La bonne chaleur humide commence. beaucoup détestent, moi je savoure ce bain de chaleur, qui me rappelle mon voyage en Inde et me rapproche de l'Asie. Au pied de la passerelle : un Cheik ! Eh oui ! Le premier que je vois de ma vie, autrement qu'au cinéma : tout de blac vêtu dans une longue robe et un voile sur la tête. Abu Dhabi, ville perdue au milieu du désert ! Une escale récente d'Air France, qui a certainement servi à entretenir certains accords sur le pétrole. Quel genre de paysage y a-t-il autour ? C'est le mystère, il fait nuit, je ne le saurai jamais. Je pense à l'équipage (on change d'équipage) qui descend ici et va y séjourner 48 hres, là où il n'y a rien à faire, et où ils ne pourront pas sortir de l'hôtel à cause de la chaleur. Le nouvel équipage qui monte à bord, en uniformes, ont des visages d'ailleurs ruisselant de sueur.
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Le vol
Abu Dhabi - New Delhi - 3h 50 de vol
Ils projettent le film La Nuit américaine. L'écran est descendu, un petit format, mais les fauteuils sont bien placés. J'ai avalé un Mogadon, et le sommeil me prend. je regarde le film de temps en temps. les séquences que j'aime particulièrement, et je m'amuse à passer de la bande sonore française, à la bande sonore anglaise. Arrivée à New Delhi. L'inde ! Le vert ! Pas de mares d'eau comme l'année dernière à Bombay. L'aéroport de New Delhi, j'y suis tant passée de fois l'an dernier ! La nostalgie me prend. L'Inde m'est devenue très chère, et j'ai un peu mal au coeur de continuer le voyage. Je ne pourrai même pas y respirer l'air, car on doit rester à l'intérieur de l'avion.
New Delhi - Bangkok (Aéroport Don Muang) - Environ 3 hres de vol
On nous remet dans le noir, et là ... je m'endors, profondément, et je crois comme les trois quarts des passagers. Réveil en sursaut : petit déjeuner. C'est toujours comme cela dans les avions, le petit déjeuner est la pire des choses qui vous arrivent. On s'en passerait bien, mais les hôtesses tiennent absolument à vous faire déjeuner à l'heure qu'elles ont décidé. Ensuite, l'atterrissage se fait très rapidement. l'aéroport de Don Muang est très moderne (quel contraste avec mon arrivée à Bombay l'an dernier). On est à 25 km de Bangkok. Les formalités sont ultra rapides. L'équipage descend en même temps que nous, mais l'avion continue sur Tokyo, le terminus du vol.
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BANGKOK Dimanche 4 août 1974
Surprise : la température et l'humidité sont ici très supportables. C'est un contraste avec l'Inde. Et Bangkok est une vraie ville, avec des trottoirs. La végétation que l'on voit entre l'aéroport et la ville, est déjà extraordinaire. Les rickshaws ici sont à moteur, et pas tirés par un homme à vélo, mais par un homme assis sur une sorte de vespa : ce sont les samlo. On trouve ce moyen de locomotion dans toute l'Asie, mais selon le pays il change de nom. Les voitures, elles, sont du style anglais, ou américain. Dans le bus qui nous conduit de l'aéroport à l'hôtel, enfin je rencontre une fille qui est inscrite sur le même circuit que moi. Je me sens mieux.
First Hotel
L'hôtel où nous descendons est le First Hotel, Petchburi Road, ce qui est assez éloigné du centre historique, là où se trouvent les temples. L'hôtel n'est pas extraordinaire (évidemment, comparé au Claridge's de New Delhi !), simplement potable et propre, et le personnel est sympathique. First Hotel 2, Petchburi Road Bangkok 4 Tel : 813 322 câble : FIRST HOTEL BANGKOK
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Bangkok Le week-end Market A peine installés, nous partons à la découverte de Bangkok. Comme il est prévu de visiter les temples en groupe, nous prenons un premier contact avec Bangkok, en allant vers le plus populaire et le plus typique endroit : le marché du week-end, qui n'a lieu que le samedi et le dimanche, justement. Nous prenons un taxi, et malgré mon expérience dans le marchandage acquise l'an dernier, je n'arrive qu'à le faire descendre son prix de 25 bahts à 20 bahts, en sachant bien que je me fais encore avoir, mais comme nous sommes quatre ! Le taxi nous fait passer devant le Wat Phra Keo, que je reconnais car je l'ai vu en image dans les magazines que j'ai absorbés avant mon départ. Il nous dépose juste devant le Wat Po ! Nous voulions aller au week-end Market, mais je crois que notre chauffeur a voulu nous montrer les temples ... et il nous a déposé bien loin du week-end Market ! Dès la sortie du taxi, nous recevons une grosse averse, et voilà, la première ! je ne suis pas inquiète, je dis aux autres que ça ne va durer que cinq minutes, puis s'arrêter, que nous n'avons qu'à nous abriter sous un porche et attendre. Nous nous abritons donc au milieu d'autres Thais. Nous aidons une maman à sortir du taxi, bien encombrée avec son bébé, et qui nous raconte qu'elle est hôtesse dans un hôtel. mais c'est que l'averse se prolonge. On est là depuis une demie heure. J'apprends que la mousson en Thaïlande, ce n'est pas comme en Inde. En Thaïlande, quand ça tombe, cela dure. La rue se remplit. Voilà pourquoi les trottoirs sont si hauts pour des gens qui sont si petits. Les enfants s'amusent à patauger dans cette rivière improvisée. les voitures, quand elles passent, éclaboussent de partout. On commence à trouver le temps long. Alors, on prend nos chaussures à la main, et on traverse pieds nus la première rue. Une étape de franchie ! Puis nous continuons ainsi, pieds nus, de porche à porche. Nous avons beaucoup de mal à trouver ce marché, nous tournons en rond. Et la grosse difficulté dans ce pays, c'est que les gens ne parlent pas anglais, et il est bien difficile de trouver sa route. je prendrai ensuite, l'habitude de demander mon chemin aux écolières et aux étudiants, qui se reconnaissent à leurs uniformes, parce que eux sont censés apprendre l'anglais. Mais bien souvent j'aurai des surprises quant à leur élocution et leur compréhension dans cette langue.
La pluie a fini par cesser. Par une ruelle nous arrivons au bord d'un klong, où se trouve un embarcadère d'un ferry. Cela coûte 3 bahts. Mais ce ferry-là va dans la mauvaise direction ! Alors nous retournons sur nos pas.
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Bangkok
Enfin, nous trouvons le marché. je commence par m'acheter des chaussures appropriées pour le pays, ou plutôt la saison, ce que les Thaïs, eux-mêmes, portent il n'y a rien de mieux : des nu-pieds tout en caoutchouc (et même décorés). Idéales pour la pluie et la chaleur (elles sont aérées). je les obtiens à 16 bahts, alors que le prix de départ était de 20 bahts. J'ai regardé une femme thaï qui à côté de moi achetait une paire presque semblable, et elle payait 15 bahts. Je crois, en fait, avoir acheté des chaussures d'hommes, car toutes les autres étaient trop petites ! L'odeur de nourriture dans ce marché est insupportable : une odeur de poisson séché à laquelle je ne m'habituerai jamais. On est tenté d'acheter un hamac, très bien tressé, mais en corde, ce qui risque de gratter. On fait le tour du marché. la foule et les odeurs nous en font ressortir. Nous cherchons ensuite à trouver le Marché aux fleurs, qui n'est pas loin. Il se trouve le long d'un klong. Mais comme c'est la fin d'après-midi, les vendeurs remballent leurs fleurs sur leurs bateaux en lançant le spots de fleurs du quai vers la barque, avec une adresse et une précision incroyable. les fleurs sont encore magnifiques, et nous nous extasions devant les plantes vertes qui sont, en France, de miniatures plantes d'appartements. Arrivés au bout du klong, nous sommes épuisés, et décidons de rentrer à l'hôtel. Nous nous trouvons au coin d'un klong et des "Champs Elysées" de Bangkok, la Rachadamoen Rd. Nous prenons un taxi, pour 20 bahts, cela devient notre tarif "acceptable". Une course longue comme celle-ci doit en fait coûter entre 15 et 20 bahts, une petite course entre 5 et 10 bahts. On est en pleine rush-hour. heureusement que les compteurs ne tournent pas comme dans les taxis parisiens. Le temps passé ici dans le taxi n'a pas d'importance. Nous reniflons à plein nez les odeurs des pots d'échappement. Des enfants se faufilent entre les voitures pour essayer de vendre des colliers de fleurs aux chauffeurs. les voitures, en effet, ici, arborent toujours sur le pare-brise avant, un collier de fleurs, sorte de protection des dieux, tout comme notre Saint Christophe.
De retour à l'hôtel Nous dînons à 20 hres : steak archi dur, frites et haricots verts à moitié crus, pas fameux. Nous apprendrons ensuite qu'il s'agissait d'un "repas continental", et plus jamais nous ne recommencerons cette expérience, nous préciserons bien, si nécessaire, que nous voulons un "thaï meal". On nous sert un verre d'eau rempli de glaçons. Je demande un coca-cola. Le coca arrive lui aussi rempli de glaçons ! Je demande à ce que l'on me retire les glaçons. le pauvre serveur n'y comprend rien. Et moi j'apprends qu'il faut préciser tout de suite "a coca without ice, in the bottle" si on ne veut pas se retrouver avec un verre empli de glaçons. Nous repérons, enfin, qui est le reste du groupe du circuit. Nous voyons trois garçons assis à la table voisine, qui nous apparaissent à première vue bien âgés pour nous, mais nous nous trompions, et nous deviendrons d'excellents amis.
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Lundi 5 août 1974 – Bangkok (2ème jour)
Jim Thompson's House
Nous voulons aller visiter Jim Thompson's House, que le guide décrit comme étant le seul musée valable de Bangkok. C'est une maison thaïe achetée par un Américain, au siècle dernier, et où il a réuni de très nombreux trésors artistiques.
D'après le plan elle se situerait pas très loin de notre hôtel, et nous partons à pied. Elle n'était en effet pas très loin mais avant de la trouver.... Nous ne trouvons pas. Nous demandons notre chemin à une jeune femme portant un bébé, elle rebrousse chemin, nous accompagne jusqu'à l'arrêt du bus, nous donne le n° du bus et nous dit de descendre à Silom Road.
Puis elle nous quitte, mais elle revient en courant pour nous dessiner le plan du trajet qu'emprunte le bus, avec toujours le bébé dans les bras... Nous sommes stupéfaits de tant de gentillesse. Seulement, malheureusement, cette brave femme nous avait indiqué le trajet dans le sens opposé de notre but !
Nous faisons ainsi notre première expérience de bus à Bangkok. Il est à Bangkok un excellent moyen pour ce déplacer, du moment que vous ayez, au préalable, repéré le chemin sur une carte, et que vous vous repériez au passage avec les temples ou les noms des grandes artères. Le bus va extrêmement vite et ne coûte que 75 satongs (même pas 20 centimes) pour n'importe quelle longueur de trajet.
N'ayant aucune idée de à quoi ressemble la Jim Thompson's House, nous passons devant une magnifique maison blanche au toit de style thaï, et nous décidons de descendre aussitôt à l'arrêt qui suit. Il y a un immense jardin, et nous n'y croisons que de jeunes thaïs à l'allure d'étudiants. J'ai un doute et j'arrête deux jeunes. on a du mal à se faire comprendre en anglais. Ils sont souriants, gentils, rient tant qu'ils peuvent, mais ne comprennent absolument rien, ou comprennent tout de travers.
C'est là que nous comprenons que cette magnifique maison blanche est tout simplement une université. Nous nous sommes trompés. En fait, Jim Thompson's House n'est pas près de Silom Rd, comme cette brave femme nous avait indiqué, mais bien plus près de l'hôtel Asia, exactement là où nous nous trouvions.
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Bangkok Nous reprenons donc un autre bus jusqu'à l'hôtel Asia. On commence à être très à l'aise avec ce moyen de transport. (Les grands hôtels sont aussi de bons moyens pour trouver son chemin, car au moins tout le monde connaît leurs noms.
De l'hôtel Asia nous marchons au hasard des ruelles, en demandant notre chemin je ne sais combien de fois. mais personne ne semble connaître la Jim Thompson's House. je crois que beaucoup de personnes comprennent que nous cherchons la maison d'un Monsieur qui s'appellerait Mr Jim Thompson. Peu de gens devaient savoir qu'il s'agissait d'un musée.
A force de tourner, de marcher, et n'arrivant pas à nous faire comprendre en anglais, nous entrons dans un hôtel, et là, enfin, on trouvera quelqu'un qui parle bien anglais ! Ce fut le cas.
Et on remarche. On prend un espèce de sentier. mauvaise direction. On nous indique qu'il faut prendre le prochain. On continue et, enfin, on finit par la trouver cette maison. Il faut dire qu'elle est bien cachée, cette maison, au fond d'un sentier, qui donne de l'autre côté sur la grande avenue, mais il faut le trouver, et les cartes ne sont pas assez détaillées.
Il est 11h30. Nous avons rendez-vous à midi à l'hôtel pour que l'on nous emmène dans un restaurant en ville. Nous faisons donc une visite express. la visite est guidée. dans chaque pièce se trouve un guide (une femme) différent. Là c'est une Américaine, je pense, à son accent, qui explique que telle pièce est de style thaï, cette autre birmane, que le petit détail de cette peinture .... Et cela n'en finit pas, c'est ennuyeux. Il y a un intérêt : la magnifique vue sur le klong. Nous voyons l'heure passer et nous quittons la maison.
Et c'est la course. une averse se met à tomber. Comme nous avions rendez-vous à midi à l'hôtel, il n'est pas question d'attendre que la pluie cesse. Nous retirons nos chaussures, et nous courons sous la pluie, on a un parapluie pour deux, et ça ne sert pas à grand chose. Le chemin à pied, est en fait assez long. les thaïs sur notre passage rient tant qu'ils peuvent. Nous arrivons trempés à l'hôtel et grelottant sous l'air conditionné. On doit tordre nos robes, nous sommes trempées jusqu'au slip.
Nous sommes en retard mais les autres n'étaient pas partis. Nous allons déjeuner dans un restaurant mi thaï - mi chinois proche de l'hôtel. Ce n'est pas terrible. On nous laisse seuls nous débrouiller, et nous ne savons que commander, ce qu'on mange en premier, comment on mélange les plats ... Nous découvrons aussi pour la première fois les serviettes traditionnelles de ce pays. Dans tous les restaurants, chics ou pas chics, le rouleau de papier hygiénique, coupé ou non, posé au milieu de la table.
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Bangkok Le Klong rural
Promenade sur le klong rural (80 bahts). Formidable. la végétation tropicale est extraordinaire : palmiers, bananiers... plus d'une heure en bateau. Attention, ne pas se mettre à l'avant car on reçoit toutes les éclaboussures du bateau. Nous voyons une femme qui coupe des queues de lotus, et nous demandons ce qu'on en fait : eh bien on les cuisine et on les mange. Notre "marinier" coupe des fleurs au passage et nous les offre.
Au bout de la promenade, on s'arrête dans un endroits fait pour les touristes, où l'on peut boire (pour plus cher qu'ailleurs) et où l'on vous montre des cobras, comment on retire le venin, et on nous le fait toucher, c'est tout lisse, il n'y a pas d'écailles. Ensuite, pour 200 bahts ! on vous propose le combat du cobra et de la mangouste. tout le monde est bien excité à cette proposition, à part Anita et moi; car ayant toutes deux passé un mois en Inde; nous avons déjà été attrapées par ce piège à touristes, et laissons les autres tenter leur expérience.
Nous nous en retournons par la rivière vers 17 hres. Et c'est bien ce que l'on nous avait dit : il vaut mieux faire cette promenade l'après-midi car, une fois la chaleur passée, les gens sortent devant leurs maison, et on peut ainsi assister à la vie quotidienne. C'est l'heure du bain. les gens et les enfants nous font des signes de la main sur notre passage. Ils sont tous très gentils et très souriants. ils se lavent les cheveux, s'arrosent de seaux d'eau.
Soirée
Nous allons dîner dans un restaurant thaï très chic au milieu d'un grand jardin. Moi qui m'étais équipée pour l'air conditionné, évidemment j'y crève de chaud. ce sera toujours le même problème : à l'hôtel on gèle et dans la ville on crève de chaud. Et je ne saurai jamais à l'avance où on va manger. Ce restaurant s'appelle Chit Pochana Sukhumvit Soi 20 La nourriture est excellente. On nous apporte plein de plats sur la table, que l'on mange au hasard avec le riz. J'ai goûté à tant de choses sans savoir ce que c'était, mais, entre autres, il y avait, des cuisses de grenouilles pimentées, un mélange d'ananas et de poulet à l'intérieur d'une écorce d'ananas, des brochettes de poulet dans une sauce au curry sucrée ! une soupe de crevettes avec des feuilles de citronnier, et comme dessert, une salade de fruits avec un flan à la farine de soja. Tout cela était délicieux et raffiné.
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Mardi 6 août 1974 – Bangkok (3ème jour) Le marché flottant
Réveil matinal : nous voulions aller au marché flottant avant... la ruée des touristes, et nous devons nous réveiller à 5h30 pour partir à 6h30. Nous croisons sur notre chemin un moine qui va mendier sa nourriture. On ne voit ça que si on se lève tôt ! Il porte sur le ventre un énorme bol noir, qui pour les Thaïs signifie la souffrance qu'a eue leur mère pour les enfanter. On embarque sur le fleuve, dans une barque, au niveau de l'Hotel Oriental, à Oriental terrasse. On emprunte d'abord la large voie de la rivière, la Chao Phraya. Il y a des bateaux qui sont en fait des house boats. Il y a des ferries (taxis sur l'eau). Puis on laisse la rivière et on emprunte les klongs. Ils sont bordés de maisons sur pilotis, et la vie s'y affaire. C'est le matin. Les femmes prennent leur bain ou font la lessive, se lavent les dents dans l'eau du klong. Il y a une ou deux barques de marchandes, mais j'attends de voir le fameux "marché flottant". Et j'apprends que le le fameux "marché flottant" de Bangkok, c'est ça, une ou deux barques. Celui qu'on voit sur toutes les photographies se trouve à 100 km de là, et il faut une journée pour y aller. A Bangkok, il ne reste plus rien. Les barques à moteur transportant les touristes faisaient tellement remuer l'eau que les Thaïs ne pouvaient plus vendre. Déception. Du coup je prends en photo les quelques barques que je vois. Sur les berges, des tas de temples et des petits autels aux esprits, gardiens des maisons. On nous fait évidemment passer par les boutiques pièges à touristes, mais nous sommes rodés, un tour express pour faire plaisir au guide, et on repart ... sans rien acheter. De nouveau nous empruntons la rivière.
Le Wat Arun
Sur le retour de cette promenade, on visite le Wat Arun ou temple de l'aurore, car il est situé de l'autre côté de la rivière, et difficilement accessible, sans bateau. Il se nomme ainsi parce qu'il est blanc et les murs sont recouverts de petits miroirs qui scintillent avec le soleil. Il y a de très hautes marches, et de très hauts chedis. C'est l'un des plus beaux, car il n'est pas bariolé de couleurs.
Avant de rentrer à l'hôtel nous nous promenons dans New Road, la rue des boutiques, allons visiter un "supermarché" thaï, où nous nous informons sur le prix des vins français, et où l'on trouve, entre autre, tous les petits gâteaux pour l'apéritif, du nescafé, des coupons de soie ...
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Bangkok Le déjeuner :
Le restaurant où nous allons est le : Sorndaeng Thai restaurant près du T.O.T. près du Monument de la démocratie. Un restaurant à ne pas retenir, car la cuisine n'y est pas formidable.
Nous devions retrouver là un autre groupe de Jumbo, et un guide. mais ne trouvant personne au restaurant, nous essayons de leur expliquer que nous faisons partie d'un groupe Jumbo, mais ils ne comprennent rien. Nous nous sommes installés, et on nous a pris pour des touristes normaux. On nous a proposé mille plats avec tous sourires. On a toujours dit OK. Mais voilà que notre guide thaï nous retrouve. Alors les sourires ont disparu, ils ont compris qu'ils ne pouvaient plus nous rouler.
L’après midi, le Wat Pô
A la porte deux gardiens de pierre. Nous pénétrons dans un musée où se trouve un gros Bouddha doré. Il y a des dizaines de stupas en enfilade. Mais mon but est la recherche de Toiteen, une jeune Thaïe. Je lui avais écrit pour lui annoncer ma visite à Bangkok, mais je n'avais jamais reçu de réponse : elle m'avoue qu'elle avait été très embarrassée car elle ne savit aps si j'étais une fille ou un garçon ... Jocelyne n'est pas un prénom connu en Thaïlande, et comme j'avais écrit en anglais, il n'y avait pas d'accord au féminin !
Elle est adorable. Elle nous fait asseoir, nous offre des bananes grillées, délicieuses, de l'orangeade et elle est étonnée que nous aimions cela. Elle nous explique qu'elle a maintenant terminé ses études à l'université (et cela dans un Français parfait) et qu'elle vend des cartes postales pour se faire de l'argent, et acheter un commerce car elle aime beaucoup vendre. Nous lui promettons de venir la chercher à notre retour de circuit.
Ensuite, nous allons voir le "Reclining Buddha" le Bouddha couché. C'est le point fort du temple, une statue immense dont la tête seule remplit le cadre de ma photo. Par contre nous ne trouvons pas la galerie des Bouddhas décrite dans le guide.
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Bangkok Le Temple du Buddha d'or
Il est situé à côté d'une école, et il est gardé continuellement par des soldats. Le Bouddha d'or, une énorme statue, pèse 5 tonnes d'or !
Le Temple de marbre
C'est l'image qui m'a toujours fascinée en regardant des magazines sur Bangkok. Je le trouve très beau, d'une grande pureté. Il se trouve au milieu d'un jardin. il y a un petit pont. A l'intérieur se trouve une réplique du Buddha Jinara (doré) de Pitsalunok, et une galerie de bouddhas de bronze, parmi lesquels un bouddha ascétique, décharné. Nous rentrons à l'hôtel, K.O. et déçus que la visite ne nous ait pas emmenés jusqu'au Wat Phra Keo. Nous programmons donc cette visite pour notre retour.
La soirée
Nous allons dîner dans un restaurant chinois (un vrai, très différent des restaurants chinois de Paris, qui, eux, mélangent toutes les cuisines d'Asie, excepté .. la vraie chinoise !). Il s'appelle : Mapple Leaf Kitchen (La feuille d'érable) 602/116 67 Petchburi Road opposé au Paramount Theater Tel : 57336 - 513256 - A conseiller.
Ce que l'on a mangé : D'abord des crudités, très épicées, puis des peaux de canard laqué que l'on enroule dans une crêpe avec un petit oignon, et que l'on trempe dans une sauce, tout cela avec les baguettes. Je me fais remarquer en laissant tomber la peau du canard en plein dans le verre de mon voisin ! Ce qui fait que le serveur m'apporte aussitôt ... une fourchette et une cuiller. Vexée, je ne toucherai pas aux couverts et je continuerai à me servir des baguettes. J'avoue, à l'inverse des autres, ne pas avoir tellement aimé cette peau de canard, qui craque sous les dents, et est très grasse.
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Bangkok
On continue avec des noodles (longues et larges), puis de la viande de canard (moi qui n'aime pas le canard, eh bien, j'en mange) et moi qui n'aime pas le thé, et déteste jusqu'à son odeur, eh bien, j'en ai bu quatre verres pleins !.
Le clou de ce repas, c'est... les oeufs vieux de 21 à 23 mois pourris, (des oeufs de deux ans, pourris, quoi, avec en primeur un foetus de poussin). Ils sont noirs au milieu et gélifiés. Ma copine à qui l'on y fait goûter la première, sans lui avoir dit ce que c'était, ne trouve pas ça mauvais... Puis on nous dit ce que c'est, ce qu'elle a mangé. Et pour nous, c'est plus difficile. Je prends mon courage et avale une moitié d'oeuf, avale littéralement, car je crois que du fait de savoir ce que je mangeais, cela me tournait sur le coeur, et je crois que je m'en souviendrai toute ma vie.
Puis il y a un poisson qui est servi entier avec sa tête et sa queue. Il a une couleur noire. Malgré cela, il est très bon. On le trempe dans une sauce un peu sucrée.
Et on termine par la traditionnelle soupe au goût de citronnelle, qui est délicieuse et étanche bien la soif.
Comme dessert, des beignets de bananes que l'on doit tremper (à regret à notre avis) dans un saladier d'eau rempli de glaçons, on nous dit que c'est pour faire durcir le caramel qui recouvre les beignets. Nous ne le faisons pas, car nous trouvons que les beignets sont très bons comme ça, sans les tremper dans l'eau.
Et nous apprécions la serviette humide à la fin du repas.
En conclusion, je crois que je préfère la cuisine Thaïe à la cuisine Chinoise. les Chinois ont des inventions quant à la nourriture que j'ai beaucoup de mal à apprécier ... peaux de canard et oeufs pourris !
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AYUTHAYA Mercredi 7 août 1974
Notre circuit commence. On s'est fait réveiller à 7h45, Le téléphone a sonné à 7h45, puis le garçon d'étage nous demande de descendre prendre notre petit déjeuner dans le Coffee House, car il est débordé. Et en fait on ne partira qu'à 9 hres !
Bangkok - Ayuhaya
Nous faisons un circuit dans un mini-car tout juste assez grand pour nous sept + le guide. Notre guide s'appelle Somsak et notre chauffeur ... Somsak ! Donc nous l'appellerons Somsak 2. C'est si petit que l'un d'entre nous est obligé de prendre la place devant entre le chauffeur et le guide, sur un siège aménagé, sur le moteur ... et ça chauffe.
A la sortie de Bangkok, il y a une autoroute ultra moderne. En cela, la Thaïlande a des routes magnifiques quand je compare avec l'Inde ! Et nous roulerons souvent à 110/120 km/h. les chauffeurs sont d'ailleurs de vrais dingues. On a été d'abord effrayés par la conduite de Somsak, surtout lorsqu'il double, mais nous lui ferons confiance. Ill passe, on peut dire .. de justesse, mais il passe à tous les coups, et il ne supporte pas de voir une voiture devant lui, alors il s'excite !
La route traverse des rizières, de chaque côtés, à l'infini.
On arrive à Ayuthaya. en mauvais état car le moteur chauffe, il n'y a pas assez d'eau dans la voiture, et nous devons la faire réparer (ce n'est que la première des pannes). pendant ce temps nous louons un petit bus, qu'on appelle un taxi collectif, pour visiter les temples.
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Ayuthaya Nous visitons trois temples en ruines.
- 1 er temple Des statues extraordinaires de Bouddhas, en pierre, pas dorées, ce que je trouve beaucoup plus beau. Et un merveilleux ensemble de sculptures représentant le Bouddha et ses fidèles, statues géantes au milieu de colonnes. Ce temple a une légende. Il y a eu un concours entre les Birmans et les Thaïs pour mettre fin à une guerre : ceux qui construiraient le plus vite un temple gagnerait la guerre. les Thaïs par la ruse, gagnèrent, et érigèrent ce temple pour commémorer l'événement.
- 2 ème temple De pur style thaï à toits pointu. J'apprends que les pointes recourbées qui terminent les toits des temples, sont en fait des serpents (je ne les avais en effet jamais regardés de près), gardiens du temple contre les mauvais esprits. Et d'ailleurs beaucoup de temples ont des escaliers d'accès dont les rampes sont des serpents ondulant. Il y a à l'intérieur de ce temple un énorme Bouddha doré. On raconte (la légende), qu'il est venu par la rivière, comme si une statue lourde avait pu flotter !
Le guide et le chauffeur s'agenouillent devant le Bouddha, et prient comme ils le feront chaque fois qu'on entrera dans un temple. Ce qui nous surprend, car, on n'imaginerait pas en France un guide prendre de l'eau bénite, faire le signe de croix, et se mettre en prière, alors qu'il est en train de travailler avec un groupe de touristes. Mais la Thaïlande est un pays très religieux.
Pour prier, ici, on prend des bâtonnets d'encens que l'on fait brûler, on dépose ses offrandes (des fleurs), on s'agenouille, puis on s'assoit de côté, parce qu'il ne faut jamais allonger les jambes en direction du Bouddha. On tient les bâtonnets d'encens dans les mains et on prie, la tête inclinée.
Une autre coutume est de se faire tirer l'horoscope. Dans une sorte de carcan, se trouvent plusieurs plaquettes de bois. On agite le tout jusqu'à ce que l'une d'entre elles sorte du paquet. il y a dessus une inscription qui correspond à un horoscope que détient le Sage, et le Bouddha dicte ainsi l'avenir.
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Ayuthaya - 3 ème temple De style thaï classique. la statue de Bouddha, ici, a dit-on, été enlevée. Il était doré, mais quand on l'a retrouvé, tout l'or avait été retiré. Et c'est pourquoi la statue est maintenant en bronze noir (mais de la même taille que les autres). On passe devant les ruines d'un palais royal, mais on ne peut pas y pénétrer. photo impossible à prendre car de tous les points de vue, on voit le poteau électrique et le panneau touristique.
On déjeune à côté des ruines, dans un restaurant en plein air, tous réunis autour d'une longue table. Nourriture thaïe à laquelle nous nous sommes très bien habitués : riz + des tas de petits bouts de viandes (poulet, boeuf ..) en sauce, + la sauce traditionnelle faite du jus recueilli de poisson pourri, de piments verts et rouges, et la soupe à la citronnelle. On boira du thé chaud, du coca ou de la bière.
C'est très bon mais les piments rouges ne pardonnent pas, et emportent la bouche. J'ai l'habitude de manger très fort mais les petits piments rouges et la cuisine thaïe battent tous les records ! Mais voilà que le ciel devient inquiétant. La pluie, on la sent venir. On se hâte de finir le repas ... juste à temps. Le vent se lève et c'est l'averse.
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TAK Mercredi 7 août 1974 AYUDAHAYA- NAKORSAWAN - TAK
Après midi. On repart. l'averse nous suit tout le long du trajet. On passe par NAKORSAWAN, pour rejoindre TAK qui sera notre première étape. Le paysage devient ennuyeux : très plat, toujours des rizières, des cocotiers, des palmiers, et il pleut. Nous voyons des petits villages qui bordent la route. Ici, il suffit de cinq, six maisons pour former un village, comme ils vivent à 10 dans chaque maison ! des grands parents au dernier-né. Après Nakorsawan, le paysage change : collines, bois, ce n'est plus l'Asie, mais une forêt... européenne !
On s'arrête pour prendre de l'essence. Des marchandes ont installé leur voiture devant le garage. Nous goûtons à une excellente préparation qui est faite de papaye râpée (blanche, parce que pas encore mûre. La papaye ressemble à un long melon, genre ballon de rugby, vert) + des cacahuètes + des crevettes rouges vif + du jus de citron + du piment bien sûr, et on écrase tout ça avec un pilon en bois. C'est délicieux, mais fort, fort, fort.
ARRIVÉE Á TAK Il y a encore 40 Km jusqu'à l'hôtel. Il faut alors quitter la route principale, et tourner sur la gauche. On s'enfonce dans le bois. On est arrêté par une barrière, et on apprend que la région est très gardée par des soldats parce que c'est une région d'exploitation de l'électricité - voir le lac et le barrage que l'on doit visiter. Il y a même un homme armé devant l'entrée de l'hôtel.
L'hôtel est en bordure d'un lac, au milieu d'un grand parc. C'est ultra moderne. Très agréable. Nous dînons vers 20h00, puis nous nous baladons le long du lac. La chaleur est très agréable en pleine nuit.
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Jeudi 8 août 1974 – De Tak à Chiang Mai Au petit déjeuner, ici, pas de toasts, uniquement des petites gaufres chaudes, délicieuses. Notre guide nous explique que les Thaïs, eux, au petit déjeuner, font un véritable repas avec du riz, comme le midi, et le soir. Pas de toasts, pas de café pour eux. S'ils prennent le café, c'est chez les familles aisées, vers les 4 hres ou 5 o'clock. Et pourtant le café en Thaïlande est excellent.
Matin : Excursion au lac et au barrage de BHUMIPOL
C'est de ce barrage qu'est fourni l'exploitation de l'électricité dans cette région. le barrage est indiqué par un panneau sur le côté gauche de la route principale. Il faut alors suivre le sentier sur la gauche. le lac est entouré de collines boisées, un vrai maquis. Nous comprenons comment la Thaïlande n'a jamais pu être colonisée : comment les trouver dans ces fourrés si serrés que les collines deviennent noires.
Au bord du lac, des gens attendent le ferry. Ils ont des paniers emplis de poissons de toutes sortes, et des noix de coco.
Nous prenons un petit bateau et nous faisons le tour du lac. De temps en temps nous apercevons un petit temple au sommet d'une colline. le soleil tape. Balade agréable et reposante.
Nous nous amusons follement à jeter les restes de notre repas, riz, crevettes (pourtant très pimentées) dans le lac, où à chaque fois qu'un morceau est jeté, des milliers de petits poissons font un saut hors de l'eau. Ils se bagarrent pour attraper le morceau de nourriture, et le spectacle est délirant.
Départ pour les kilomètres de route qui nous séparent de Chiang Mai. Il est 10 hres. Somsak 2, le chauffeur, roule comme un dingue.
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De Tak à Chiang Mai
Nous déjeunons à LAMPANG, sur une île, dans un restaurant en plein-air. On y accède par un pont. C'est le rendez-vous des minets et minettes des environs, qui arrivent en motos. Il y a un juke-box (le tube thaï qui nous suivra tout le long du voyage)... Les chanteurs, ça va, mais les chanteuses ont une voix si haut perchée, que ça tape sur les nerfs. Il y a des photos de vedettes américaines. il y a des pédalos. Et, Somsak 2, après avoir tourné autour, ne résiste pas et se fait une balade en pédalo sur le lac.
Le repas est très bon. Mais les WC, quelle surprise ! les empreintes des pieds sont à la taille des pieds des Thaïs, et la chasse d'eau est un gros tonneau rempli d'eau, avec une petite cuvette en plastique, dont on se sert pour jeter de l'eau dans les WC.
Nous nous amusons follement à jeter les restes de notre repas, riz, crevettes (pourtant très pimentées) dans le lac, où à chaque fois qu'un morceau est jeté, des milliers de petits poissons font un saut hors de l'eau. Ils se bagarrent pour attraper le morceau de nourriture, et le spectacle est délirant.
Après-midi :
Nous continuons la route. Nous avons dit à Somsak 1 que nous aimerions bien nous arrêter sur la route pour prendre des photos, ou entrer dans les petits villages que nous croisons. Nous passons devant l'un de ces villages, et nous crions "stop, stop". Mais pour y accéder, c'est une vraie expédition dans la gadoue. Mais nous sommes décidés. Les maisons sont en bois. Les villageois vivent autour d'un chef de tribu. Nous voyons enfin des bananiers ... avec des bananes !
Une maison thai :
Somsak demande si l'on peut visiter une maison. la demande est acceptée. La maison est sur pilotis, et on y accède par une échelle, après s'être déchaussé, bien sûr. On salut du salut thaï, mains jointes au niveau de la poitrine, la grand-mère, chef de famille, édentée, et pour le peu des dents qui lui restent, noires comme du charbon à force de mâcher du bétel. Le plancher n'est pas très solide sous nos poids d'Européens. Dans la pièce principale se trouve une natte au sol qui doit servir de lit commun. Au mur, des tas de photos, des jeunes hommes en tenue militaire (la famille ?).
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De Tak à Chiang Mai Puis il y a la cuisine, c'est à dire l'endroit où se trouve la marmite où cuit le riz. Puis vers l'extérieur s'ouvre une terrasse, abritée par un toit. Dans cette maison vivent, en plus de la grand-mère, le père, la mère, et les enfants.
Somsak remet à la grand-mère (l'ancêtre, le chef de famille !) quelques billets, et nous dit que c'est à elle qu'il faut donner l'argent. je distribue quelques bonbons aux enfants.La famille nous remercie de sourires et de saluts. Evidemment, ils ont bien gagné leur journée avec notre visite. Ils ont du recueillir 50 ou 60 bahts, une fortune.
On continue notre route, et le prochain "stop" est crié quand nous nous trouvons au milieu des rizières. "Arrêt photo". Pour semer le riz, on choisit un lopin de terre inondé, on laboure, et c'est pourquoi l'on voit toujours des paysans dans les rizières en train de conduire une charrue tirée par un buffle, ce qui m'avait bien surprise, je me demandais bien, pourquoi un buffle au milieu des rizières. Puis, on laisse la terre se reposer Et on plante le riz. Les lopins de terre sont ainsi utilisés successivement, et ainsi, il y a toujours du riz pour être consommé.
On peut marcher à travers les rizières car chaque plan d'eau est entouré par un terre plein de terre, pas très large du tout, et il faut de l'équilibre pour ne pas tomber dans l'eau. On ne peut y passer que un par un en file indienne. J'essaye de m'avancer, mais, je ne peux pas suivre les autres, car le vertige me prend, et je crois que si j'avance, je vais tomber dans l'eau. Quand je pense que ceux qui partent au Laos, dans le nord, rejoindre les tribus, ils doivent marcher pendant trois heures à travers les rizières !
Ensuite, nous avons droit à une course entre un car et notre voiture. le car double. Quel affront pour Somsak 2 ! Du coup, il fonce, et redouble le car. une hantise : pourvu que cela ne continue pas et que le car essaye de doubler à nouveau... Car c'est ainsi que cela se passe sur les routes de Thaïlande. On surnomme les chauffeurs de cars "les chauffeurs de la mort !" . Comme ils sont payés à la course, ils foncent. mais les chauffeurs de voitures sont tout autant dangereux. Mais heureusement, nous distançons le car.
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CHIANG MAI Jeudi 8 août 1974 State Railway Hotel
Nous arrivons à 16 hres. Nous logeons au State Railway Hotel qui est un hôtel d'état, comme son nom l'indique, où tous les employés sont fonctionnaires. Il est dirigé par un Thaï qui parle le Français, car il a fait un stage à Annecy, et il connaît très bien la France. Il est très serviable pour renseigner les Français qui résident dans son hôtel, leur indique les endroits à visiter, et leur fournit un guide si besoin. Nous commençons par prendre un bain ... dans la piscine, pour nous remettre de nos kilomètres. C'est la meilleure chose quand on est fatigué.
Un tour en ville
Puis nous décidons d'aller faire un tour de ville. Nous prenons un taxi collectif. Ce moyen de transport est formidable à Chiang Mai. Pour 2 bahts par personne, (50 centimes) c'est un prix fixe, ils vous emmènent où vous voulez dans la ville, et il y en a plus qu'il n'en faut ! La ville me rappelle un peu Kathmandu, mais en moins beau (il y manque l'atmosphère de bonheur qui est propre au Népal). Mais elle a ce caractère des petites villes de montagne, beaucoup plus saines que les grandes villes. Il y a beaucoup de boutiques équipées de tout : TV, tuners, mixers, pharmacies avec tous les médicaments que l'on trouve en France, et même des tampons Obé. Et il y a de très beaux temples au coin des rues. Nous avons même trouvé à acheter une prise qui nous permet d'adapter nos prises européennes, à l'hôtel.
Un gros problème : les moustiques
Un gros problème : les moustiques. Dans les chambres, les couloirs, le restaurant, et de véritables essaims dans les ascenseurs ! Nous sommes obligés d'acheter une bombe, mais qui ne sera pas très efficace, de mettre la climatisation au maximum, et de nous couvrir de pommade antimoustiques. Tout oubli sera fatal.
Manger «thaï» !
Il est 19h20 quand nous avons fini de dîner. Nous avions bien précisé au serveur que nous désirions manger "thaï"... car le menu "européen" nous était déjà préparé !
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Chiang Mai Chiang Mai by night
Il est trop tôt pour se coucher. Nous prenons un taxi collectif pour goûter à l'ambiance de Chiang Mai by night. Il faut descendre après le pont qui enjambe la rivière, au premier feu rouge, et on se retrouve au début des rues commerçantes. la ville est très animée.
Au passage, nous tombons sur un spectacle bizarre, on se demande s'il s'agit de théâtre ou de culte. Des prêtres tout de blanc vêtus ont l'air de diriger un office sur un autel où se trouvent des offrandes, des bougies, des bâtons d'encens. ils chantent. et cela ressemble à une scène de théâtre, car il y a devant des sièges où les gens assistent au spectacle. On nous invite à nous rapprocher, car nous sommes restés figés un bon moment, debout, à regarder cette scène. On nous dit en anglais qu'on peut s'asseoir, et rester si l'on veut. J'arrive à me faire expliquer qu'il s'agit d'une cérémonie chinoise pour le culte des ancêtres. Nous continuons notre balade. Il est 22 hres. C'est l'heure de sortie des cinémas. Une foule ! Devant le cinéma, samlos et taxis collectifs se sont rassemblés. Nous achetons par curiosité une sorte de grosse crêpe à la noix de coco pour 1 baht, et c'est un délice. la marchande nous dit, qu'elle a beaucoup d'acheteurs français. Oui, cette crêpe correspond bien à notre goût français.
Il est 22 hres, et dans les gargotes, tout le monde est en train de manger. Il est vrai qu'ici, on voit les gens manger jour et nuit, à toute heure ! Nous regardons. Il y a diverses sortes de nourritures, vendues dans les boutiques ou les carrioles ambulantes. Nous passons devant un hôtel bien plus luxueux que notre State Railway Hotel : il s'appelle le Suriwongse. A côté, se trouve un night club, et un salon de massage.
Nous rebroussons chemin, car les boutiques sont en train de fermer. Dans l'une d'elle, dans un énorme tronc d'arbre suspendu, se trouve une ruche, et les abeilles volent par les orifices du tronc. Sur le comptoir se trouve une immense coupe faite en cire d'abeille, ainsi que plusieurs bocaux de miel.
Nous marchons en direction du port. Il fait très bon. Et puis nous décidons de prendre un taxi collectif jusqu'à l'hôtel. mais voilà, que justement, ils se font rares. enfin, une voiture ralentit et s'arrête. Ce taxi collectif ne ressemble pas aux autres; en effet .... il s'agit de notre voiture Jumbo, conduite par Somsak 2 qui est accompagné de se petite amie de Chiang Mai ! Une ravissante Thaïlandaise. Il nous embarque et nous ramène à l'hôtel.
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Chiang Mai
La Course au cafard
Mais la soirée n'est pas finie en événements ! De retour dans la chambre, je prends mon sac, que j'avais laissé là, pour y ranger ma pochette. Je le pose sur le lit, je l'ouvre, et je pousse un cri : une énorme bête noire en sort et court à toute vitesse sur le lit. ce n'était qu'un cafard, mais je n'avais encore jamais vu de cafard de ma vie. Et celui-ci était de taille.
Je me précipite dans la chambre des gars pour prendre la bombe insecticide, et essaye de le tuer. Mais il est tenace. Je ne sais quelle quantité de produit j'ai du lui faire absorber, mais ça a été un dur travail. N'arrivant toujours pas à le tuer, je prends mon sabot, et cogne, cogne dessus. Mais le cafard refuse à rendre l'âme et s'échappe. Enfin j'en fais une charpie, une vraie bouillie.
Il avait du rentrer dans mon sac par le trou sur le côté, et j'avais laissé mon sac par terre, au pied de la coiffeuse. Du coup, je ne laisse plus rien à terre, et ferme tout : bagages, sacs, et même chaussures. Et nous faisons l'inspection avec une lampe électrique des draps, du dessous du matelas et du dessous de lit. Par où était il bien rentré dans la chambre ?
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Vendredi 9 Août 1974 – Autour de Chiang Mai LAMPOON - UN TEMPLE Réveil 7h30. En route nous croisons des éléphants. Il y a un temple, le plus religieux de la région, bien joli. Il renferme un bouddha doré, et les murs sont recouverts de peintures qui retracent bien sûr le vie de Bouddha. Dans l'un des cheddis se trouvent les cendres de la mère du Roi. A côté du temple se trouve une école de bonzes, ils sont tous assis à leurs bureaux d'écoliers.
LE VILLAGE DES ENFANTS
Ce village, je ne sais pas son nom, je ne sais pas où il se trouve. Notre guide nous y emmène. Les adultes du village sont partis travailler dans les rizières et le village est dans la journée le royaume des enfants. Mais quels enfants ! Tout droit sortis de la jungle : les filles portent une robe de grosse toile grise, la plupart du temps en haillons. Elles sont terriblement ... maquillées : fard à paupières, rouge à lèvre vif, rouge à joue, vernis à ongles (qu'elles doivent probablement obtenir des touristes, car elles ne cessent de nous réclamer : "nam, lipstick, polish". C'est tout ce qu'elles savent dire, et aussi "one baht, one baht" et "what's your name". On échange ainsi nos noms. Les garçons prennent nos copains par la main, et les filles viennent avec nous. je tiens ainsi d'une main «Bom» et de l'autre «Loi». Elles nous cueillent des fleurs, nous les mettent dans nos cheveux, ou à notre corsage. Et quel spectacle : elles fument toutes la pipe ! Dès le plus jeune âge.
On parcourt ainsi le village, encerclés par cette horde d'enfants, oui une véritable horde, qui nous tiraillent de tous côtés. On leur échappe et on grimpe dans la voiture, en essayant d'échapper aux bahts réclamés. Nous filons, les mêmes s'accrochent à la voiture, et quand on les distance, ils nous suivent en courant.
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Chiang Mai C'est une tribu, nous explique Somsak, qui est descendue des montagnes, et lui-même n'arrive pas à les comprendre, car ils parlent un dialecte du nord, très différent de la langue thaïe de Bangkok. Les mêmes se mettent à chanter. Là encore : Frère Jacques, qui est vraiment international en Asie. Le plus difficile est alors d'arriver à se détacher de la horde, après s'être bagarré pour prendre des photos car les enfants se détournaient. On leur échappe et on grimpe dans la voiture, en essayant d'échapper aux bahts réclamés. Nous filons, les mêmes s'accrochent à la voiture, et quand on les distance, ils nous suivent en courant.
TISSAGE
Nous allons ensuite visiter une boutique de tisserands. Le décor traditionnel : d'un côté l'atelier où les femmes, assises à leur métier à tisser, se laissent regarder et photographier, et de l'autre, la boutique où l'on vous fait l'article, et où bien sûr la soie est très chère, bien qu'on nous dise que c'est ici, que vous la trouverez la moins chère ... Puis nous retournons sur Chiang Mai pour déjeuner dans un restaurant thaï de la ville, en toute simplicité, à l'extérieur.
FABRIQUE D'ARGENT
Le guide nous emmène tout d'abord visiter une fabrique d'argent. il nous explique qu'ils utilisent des pièces indiennes en argent, ils les fondent, puis coulent l'argent, et le martèlent. pas très passionnant cette visite. Ensuite... on passe par la boutique... une de plus.
BOIS SCULPTÉ
La boutique de bois sculpté ! Là, il y en a marre ! Nous savions qu'il fallait se soumettre à quelques visites de boutiques pour se garder l'amitié des guides, mais à ce rythme là, nous n'en pouvons plus, nous perdons royalement notre temps. Nous leur expliquons qu'avec seulement deux jours pour visiter Chiang Mai, il y a bien d'autres choses que nous voulions voir, et nous demandons entre autre, d'avoir une demie journée de libre pour organiser nous-mêmes les visites que nous souhaitons faire, et qui ne sont pas au programme. Somsak était habitué à guider des touristes Jet tours and co, il pensait que nous étions pareils, à vouloir voir les boutiques ! Alors, c'est ensemble que nous bâtissons notre programme. Alors qu'il voulait terminer la journée de visites là, nous lui demandons d'aller voir le village des ombrelles, qui était prévu pour le lendemain, pour ainsi dégager notre après midi demain.
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Chiang Mai FABRIQUE DE LAQUE ET POTTERIES
En route nous nous arrêtons pour visiter une fabrique de laque. C'est bien plus intéressant que l'argent. l'ouvrier doit peindre à la gouache blanche, à l'aide d'un minuscule pinceau, tous les détails de son dessin, puis il recouvre le tout de feuilles d'or, répétant ces opérations plusieurs fois, après avoir fait subir, à chaque fois, à son objet, un rinçage. A côté se trouve un atelier de poteries, et là, nous assistons au travail des potters. Nous voyons se créer sous nos yeux, sur le tour, tasses et vases. Chaque potier fabrique en série le même objet, et doit produire un certain nombre de pièces par jour. A côté, se trouve, bien sûr, la boutique, et nous filons, car nous venons de voir arriver le car Jet Tours, qui bien sûr, va "aussi" continuer vers le village des ombrelles ... Il faut y arriver avant eux. leur car est reparti avant nous, mais heureusement, ils n'allaient pas au village des ombrelles.
LE VILLAGE DES OMBRELLES
C'est quelques boutiques où sont exposées des dizaines d'ombrelles, de toutes couleurs, en papier, en tissus. On nous montre comment on fabrique le papier à partir de l'écorce d'un arbre que l'on fait tremper dans un bac d'eau. Puis, on glisse dans le bac d'eau un tamis qui entraîne avec lui les minuscules grains de papier que l'on fait ensuite sécher. Et cela constituera une feuille de papier. Il y a aussi là un artisan qui sous nos yeux est en train de peindre minutieusement les dessins de l'ombrelle.
Retour à l’hôtel
Nous retournons à l'hôtel, mais nous repartons aussitôt en ville pour essayer d'organiser par nos propres moyens une excursion vers le Nord, en contactant l'un des relais de Jumbo à Chiang Mai. Hélas, le responsable est parti en expédition, et son remplaçant, nous explique quelles sont les excursions possibles, mais qui nous semblent bien toutes très touristiques. Il comprend que nous cherchons, comme il le dit "real life", mais tout ce qui pourrait être intéressant, c'est une expédition en trois jours dans la jungle, et nous ne disposons pas de ce temps-là à Chiang Mai. Nous revenons "bredouille", en ayant gagné pour tout ça d'avoir été dévoré par les moustiques pendant que nous discutions. A l'hôtel, nous nous précipitons dans la piscine. Au dîner il y aura un curry (poulet et boeuf). Et le soir, nous ne saurons que faire. Nous rentrons dans nos chambres. Et là, encore un événement : Anita pousse un cri dans la salle de bain, une énorme bestiole qui vole, lui est passée entre les jambes et est allée se réfugier derrière un meuble. et nous ne l'avons pas retrouvée.
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Samedi 10 Août 1974 – Chiang Mai DOI SUTHEP
La montagne qui surplombe la ville et où se trouve un monastère. rendez-vous de tous les touristes thaïs, bien plus nombreux ici que les touristes occidentaux. des cars, des cars, des cars de touristes montent à l'assaut du monastère. en plus, c'est samedi ! On grimpe par une route sinueuse, et les virages n'en finissent pas et me donnent mal au coeur. On domine la vallée qui est très grande. Arrivés là haut, il y a encore 300 marches à monter, un immense escalier bordé par les deux serpents que l'on voit sur toutes les cartes postales; Et de chaque côtés se sont installés des marchands des tribus Meo et autres, qui vendent leur artisanat (arbalètes etc). En haut se trouve le temple. Il vaut l'effort de grimper ces 300 marches. Il y a des gens qui prient, dans les différentes chapelles, ils secouent les baguettes pour en faire sortir leur horoscope. Il y a une galerie de Buddhas. Philippe se fait prédire son avenir par un Sage. En descendant la colline, nous allons visiter le Palais d'été du Roi : POOPING. Sans intérêt. Uniquement de très elles fleurs dans le jardin.
CHIANG DAO
C'est une surprise. Somsak nous propose de nous rendre voir la grotte aux Buddhas de Chiang Dao. C'est nous qui lui en avions parlé la veille, et du coup, il l'a organisé pour ce matin. Chiang Dao se trouve à 80 km au Nord de Chiang Mai. On traverse une forêt vierge luxuriante. La balade en vaut la peine. la végétation est très serrée. Il y a des champs et des champs de bananiers en pleine montagne. Nous voyons un pont suspendu, fait de lianes, comme on en voit dans les films, au dessus d'une rivière. Il y a des petits villages. Nous arrivons à la grotte aux Buddhas. C'est là aussi un lieu très touristique pour les Thaïs. Il faut tourner à gauche, en quittant la grande route, et prendre un chemin. le panneau indicateur est écrit en thaï seulement ! A droite de la grotte, à l'extérieur, se trouvent quelques chedis et un Buddha doré. la grotte est immense. Elle est éclairée faiblement par des lampes électriques, et malgré cela, il fait sombre. L'atmosphère y est très mystérieuse. On avance. Il y a dans cette grotte une poussière terrible qui est soulevée par le déplacement des visiteurs. L'odeur de poussière nous envahit. La grotte se fait de plus en plus mystérieuse, et on a l'impression qu'elle n' a pas de fin. Il y a des stalactites de pierre au plafond. Plus on s'enfonce, moins on croise de visiteurs, et cela devient effrayant. le chemin est pisté de lampes électriques, mais quand on fait marche arrière, on arrive à se demander comment on a fait pour escalader telle ou telle butte. Et nous reprenons le chemin du retour. C'était vraiment une belle excursion. NB : sur la route de Chiang Dao se trouvent les waterfalls de MAE SARIANG que nous n'avons pas vues.
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Chiang Mai
EN VILLE
Nous rentrons à l'hôtel seulement à 15 hres. Nous nous passons du déjeuner, et nous partons en ville faire nos achats.
Nous achetons à nouveau ces fameuses crêpes à la noix de coco et cette fois ci nous voyons comment on les prépare. La femme a des jarres de pâte toute prête. Elle en met une louche sur chaque fourneau de fonte noire, (il y en a cinq en enfilé), c'est du travail en série ! Puis, sur la crêpe, elle met un peu de noix de coco râpée, du millet et du sucre. elle retourne la crêpe comme une omelette, et voilà, un délicieux repas pour 1 baht.
L'après-midi se passe en achats de corsages brodés, bien marchandés, tandis que les gars, partent se faire masser. Nous découvrons aussi dans la ville un temple très beau. Sur le retour, nous croisons les gars et nous les prenons dans notre taxi collectif. Dans la piscine de l'hôtel, ils voudront à leur tour nous faire des démonstrations de massage (le retournement des orteils pour faire craquer les os est plutôt douloureux).
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De Chiang Mai à Sukothai De Sukothai à Phitsalunok Dimanche 11 Août 1974 Départ à 8h45 (pour 8h30). Nous avions préparé notre coup cette fois-ci. Comme on nous reprochait toujours d'être les dernières prêtes, et toujours en retard, nous étions ce matin prêtes à partir à 7h53 ! dans le restaurant, les premières ! Les gars, eux, ne sont arrivés qu'à 8h15. Victoire pour une fois ! Il pleut. Nous reprenons la même route en sens inverse, vers Tak. Nous passons devant le panneau indicateur de Bhumipol Dam, puis c'est Tak. Toujours les mêmes paysages. Nous avons encore des sueurs froides causées par la conduite de notre chauffeur. En route, nous achetons des morceaux de mangues. C'est dégoûtant, terriblement acide, et immangeable. Ce qui est bien surprenant car en France la mangue que nous achetons est un fruit délicieux. Nous nous vengeons sur les cacahuètes, qui, bien qu'elles ne soient pas si bonne qu'en France (elles viennent d'Afrique) nous.
SUKOTHAI De l'ancienne capitale Thaïe, il ne reste que des fragments, des temples dispersés à des dizaines de kilomètres les uns des autres, alors que je m'imaginais voir un ensemble de ruines comme à Ayuthaya.
- Le 1 er temple
Il est extraordinaire. En pleine nature. On y accède par un escalier, enfin, fait de grosses pierres qui aident à gravir la colline, et ce n'est pas très facile, il faut de l'équilibre à certains endroits. Là haut se trouve un immense Bouddha de pierre, debout. A ses pieds, un Bouddha plus petit et tout autour, des colonnes. Tout cela est en pierre, pas doré, ce que j'apprécie beaucoup plus, et que je trouve plus beau. De là, on découvre un panorama, et les montagnes environnantes, les collines boisées. La pluie commence à tomber. la descente est épineuse, car les pierres sont devenues glissantes.
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Sukothai - Le 2 ème temple
Plus grand et plus accessible aux touristes. On est assaillis par les mômes qui récitent en Thaï, par coeur, toute l'Histoire de Sukothai. Il y a un Buddha immense, toujours en pierre, au milieu de colonnes. C'est ici un site très vaste.
- Le 3 ème temple
Entouré de hautes murailles. Une très haute est percée et laisse découvrir le Bouddha. Il y a un chemin creusé dans la muraille qui conduit d'abord à une terrasse au sommet du mur, puis, si on continue, vers un trou d'où l'on se trouve au niveau de la tête du Bouddha, puis à un autre trou placé derrière la tête où, autrefois, se trouvait un bonze, qui parlait devant les fidèles, en faisant croire ainsi à tout le monde, que c'était le Bouddha qui parlait. Ce chemin creusé dans le mur est une expédition. taillé à l'échelle de la hauteur des Thaïs, il faut y pénétrer courbé, puis on peut se tenir debout mais à certains endroits on ne peut pas passer de face, il faut avancer de côté, parallèlement au mur. La chaleur y est suffocante et le tunnel est envahi par les cloportes. Autant dire qu'on ne peut y passer que un par un. Et comme la sortie et l'entrée ne font qu'une, ce sont des petits mômes qui font la police, surveillant ainsi le sens unique, et ils vous servent de guide en vous remettant une bougie pour 1 baht. Et tout le monde suit à la queue le leu, bougie à la main, les mômes aux shorts en lambeaux, ou même sans fond de culotte. Je dois avouer que moi, je n'ai pas tenté cette aventure, prévoyant la chaleur et la saleté dans cette trouée, j'ai préféré m'abstenir.
Nous déjeunons à Sukothai, dans un petit restaurant de la ville. C'est une petite ville, à au moins 10 km des temples, pas touristique. Et on attend que la pluie qui s'est mise à tomber, et à bien tomber, cesse. La mousson a réellement commencé. Un steward dans l'avion nous avait dit que la mousson en Thaïlande commençait vraiment à tomber vers le 15 Août, et en effet, depuis un ou deux jours, nous avons droit à de sérieuses averses. Nous dévorons le riz et les langoustines (prawns).
- Le musée Après le déjeuner, nous allons visiter le musée où se trouve l'original du Bouddha Jinara, du temple de marbre de Bangkok. Dans le jardin il y a des papillons aux couleurs magnifiques, de très gros papillons.
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PHITSALUNOK Dimanche 11 Août 1974 Ensuite, c'est de la route sans fin. Nous sommes crevés. Phitsalunok nous apparaît comme une grande ville, avec beaucoup de monde, et du bruit.
L'hôtel est très bien, avec un restaurant cabaret, style Amérique des années 50, et nos chambres donnent au-dessus d'une grande terrasse, sur la rue.
Mais nous délaissons le style des années 50 de l'hôtel pour aller dîner dans la ville en plein air. Sur la place, une belle fontaine illuminée, devant une horloge, et où on y trouve un peu de fraîcheur.
La ville est très animée. Les jeunes Thaïs sont dehors, discutent dans la rue. Le restaurant où nous allons est plein de Thaïs. il fait une de ces chaleur ! l'ambiance est chaleureuse.
Nous voulions terminer la soirée dans un night-club, pour connaître, faire l'expérience. Je vais me changer car j'étais en jeans et sabots. mais à mon retour, on m'apprend que tout est fermé, parce que c'est dimanche... Dommage, car l'ambiance de la ville paraissait sympathique. Une belle ville de province.
Alors, pour passer la soirée, nous allons au bar de l'hôtel. pour une fois, il y en a un, ce qui n'est pas si fréquent. Lumières colorées et tamisées, beaucoup de monde. Somsak boit un "Singapore Ring", ce que j'aurais bien dû commander à la place de ma "Vodka Tonic" habituelle, car le Schwepps, ils ne connaissent pas.
On m'apporte une Vodka sec, ah non merci, et ensuite ... on me remplit le verre d'eau plate ! Le résultat n'est pas très bon.
Une bagarre se déclenche, mais en silence, sans éclats de voix, simplement quelqu'un a jeté un verre à la figure d'un autre, et l'autre saigne. Ils le vident et le calme reprend.
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De Phitsalunok à Korat Lundi 12 Août 1974 Nous quittons Phitsalunok. Nous sommes d'abord aller visiter un temple où nous assistons à des danses religieuses, pas touristiques.
Au bout de 50 km de route, on a une panne. le moteur, et en plus on a un pneu crevé. On est bloqué ! On crève de chaleur sous un soleil qui, ici, tape dur. On est en pleine nature. Les voitures que cette route sont très rares. On commence par changer le pneu.
Puis on pousse la voiture, et on s'aperçoit que le deuxième pneu, lui aussi, est dégonflé. On essaye alors de pousser la voiture en sens inverse, dans la descente. On lui fait faire un demi tour, et on pousse. dans la descente, la voiture est entraînée et prend de la vitesse. On saute alors en marche, tous dedans. Mais dès que la route se remet à grimper, c'est fini, tout se bloque à nouveau. Alors on recommence la même opération plusieurs fois. On descend en marche dès qu'on sent la voiture ralentir, on se met tous à pousser, et dès que la voiture repart, on saute tous dedans. mais on n'arrivera jamais ainsi à faire les 50 km qui nous séparent de Phitsalunok ! Et voilà, c'est l'arrêt complet.
Enfin, passe un minicar conduit par des commerçants chinois (on les reconnaît bien maintenant les Chinois avec leurs yeux étirés très différents des grands yeux des Thaïs). Contre une certaine somme d'argent, bien sûr, ils acceptent de nous tirer avec une corde jusqu'à Phitsalunok.
Cela marche très bien, on prend d e la vitesse. Et puis, crac, la corde casse. on répare et on se relance. on arrive même à faire jusqu'à du 100 km à l'heure, et à doubler d'autres voitures.
A Phitsalunok, on laisse la voiture pour qu'elle soit réparée, on retourne à l'hôtel, où l'on déjeune. ceci nous avait mis en appétit ! On choisit un repas copieux sur la carte, mais qui ne revient pas plus cher, comme tous les autres, 10 FF environ.
Somsak nous retrouve et nous explique qu'il faut laisser là la voiture ainsi que notre chauffeur Somsak 2, car il faut trois jours pour réparer, et que la réparation va coûter 3000 bahts. Alors Somsak a téléphoné au siège de Jumbo, à Bangkok, pour qu'on nous envoie une autre voiture et un autre chauffeur à Korat. on rejoindra Korat par un bus, qu'ils vient de louer.
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De Phitsalunok à Korat
On abandonne donc Somsak 2, notre chauffeur, avec tristesse, avec de grosses bises qui le font rougir, car évidemment ce n'est pas dans les coutumes thaïes. A 14 hres, l'après-midi, on quitte l'hôtel. On prend le minicar de l'hôtel qui nous conduit jusqu'à l'arrêt des bus, et c'est là qu'on a loué, un gros gros bus ... pour huit !
Nous avons une banquette entière pour chacun d'entre nous, alors qu'elle est faite pour trois Thaïs. Et il y a des ventilateurs tournants au plafond du bus. Au début tout va bien. On refait nos 50 Km. On reconnaît les lieux et l'endroit où on est tombé en panne. Puis on grimpe vers la montagne, on surplombe la vallée. Le paysage est très beau.
On traverse ensuite des collines boisées à la végétation très serrée. on grimpe, on grimpe dans la montagne, de 500 à 1700m. Il y a de temps en temps des petites maisons au creux des collines. la route serpente (j'ai mal au coeur !) Les paysages de montagne sont magnifiques.
Puis c'est la route toboggan. On ne serpente plus, mais on monte et on descend. On ne s'arrête qu'à des postes à essence où l'on cherche un peu d'eau pour se laver, enfin, on est lavé, mais c'est qu'on se sent crasseux.
Et puis la route n'en finit plus. Le voyage semble interminable. La nuit tombe. On essaye de passer le temps par des jeux. On dort. On a froid. Et tout le trajet est accompagné par le klaxon du chauffeur du bus, qui n'en finit pas : insupportable cette manie.
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KORAT Lundi 12 Août 1974
On arrive crevés et dégueulasses à Korat. Il est 21 hres. On laisse le car pour prendre un taxi collectif, et on y charge les bagages. Il nous conduit jusqu'à l'hôtel.
Sri Patana Hotel
De l'extérieur, le Sri Patana Hotel a l'air d'un palace. Mais l'intérieur ... on a appris en Thaïlande à ne pas se fier à l'extérieur des hôtels, car souvent on a déchanté.
Jusqu'à la chambre ça va. L'hôtel ne parait pas tout neuf. la salle de bain n'est pas terminée d'être repeinte... A propos je découvre seulement aujourd'hui que les paires de tongs, que l'on trouvait dans toutes les chambres des hôtels, et que nous pensions avoir été oubliées par des clients, sont en fait laisser par l'hôtel pour ... aller dans la salle de bain...
Nous nous précipitons sous la douche. Il me faut me laver deux fois car un seul lavage n'est pas suffisant pour effacer la crasse. je me lave aussi les cheveux, car je me sens crasseuse de la tête aux pieds. Et les vêtements ! n'en parlons pas ! ... L'eau est d'une couleur !
Et c'est les cheveux encore sous la mousse, que j'entends Anita me dire que tout le monde est déjà en bas au restaurant. Je me dépêche alors. Il faut bien que je sèche un peu mes cheveux, car, avec l'air conditionné, c'est la crève à coup sûr. Ensuite, Henri vient nous chercher. Il nous explique qu'il a préféré venir nous chercher parce que le restaurant... est un bar à filles, et l'hôtel... un hôtel à prostituées. Bien sûr, tout cela bien organisé par les Américains.
Nous prenons donc l'ascenseur ensemble. au restaurant, quel spectacle ! Comme dans les films américains. on est les seuls à manger autour d'une grande table. ici, c'est Pigalle ! Et les Américains qui sont là, c'est plutôt la déchéance.
On va se coucher immédiatement après le repas. Un coup de téléphone des gars : "Regardez vos draps" nous disent ils. Des taches, des trous...
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KORAT - La vi'e Mardi 13 Août 1974 Nous étions prêts à 9 hres, mais la voiture envoyée par Jumbo de Bangkok, elle, n'était pas arrivée.(270km). sans moyen de transport, nous ne pouvions partir pour Pimaï. Alors, nous décidons d'aller nous promener dans la ville de Korat. Nous prenons quatre samlos que Somsak bien sûr arrive à négocier à un prix correct, et nous partons à la queue le leu vers le centre ville. La ville de Korat est très sale et rappelle les villes indiennes à ce point de vue. L'air est très humide (évidemment humidité et saleté vont de paire, et la saleté colle à la peau.). Et il y a constamment du vent qui souffle. La ville est à l'heure américaine. C'est une ville faite par et pour les Américains. On y trouve tout ce qu'ils pourraient avoir besoin pour ne pas être dépaysés : leurs chemises bariolées, leurs pantalons à revers, évidemment faits à leurs tailles, leurs disques, et même il y avait ce matin sur la carte du petit déjeuner, leurs fameuses pancakes accompagnées de sirop d'érable ! Dans les boutiques, les juke boxes diffusent de la musique américaine.
Nous voulons changer de l'argent. Nous rencontrons quelques problèmes : l'Asia Bank ne change pas les "currency" et nous avons des traveller cheques. On nous envoie vers une banque chinoise. Ici, beaucoup de banques sont chinoises, les Chinois étant très nombreux dans la région.(et on les reconnaît bien). C'est très compliqué, il faut remplir des tas de papiers, le guichetier va, ensuite, demander l'accord de payer à son supérieur, qui étudie très sérieusement le passeport et le traveller cheque. A côté de nous, une femme ne sait pas signer, et on lui fait imprimer son empreinte au bas du document. Ensuite, pour changer des billets, c'est pas à la banque, mais il nous faut aller chez le bijoutier ! Korat est aussi une ville où les bijoutiers pullulent.(évidemment pour les cadeaux que les Américains font à leurs petite amie). Et c'est chez les bijoutiers que se trouvent les money changers. Il y a aussi dans la ville un bureau des visas (?). La base américaine, elle, se trouve, peut être à 200 km de la ville.
Nous allons ensuite dans le marché où les odeurs de poisson séché sont toujours aussi insupportables, mais où je fais quelques bonnes photos. Puis nous rentrons à pied à l'hôtel, ce n'était pas si loin. Et à l'hôtel, on attend toujours la voiture, qui, paraît-il, est partie de Bangkok depuis 8 hres ! On essaye de passer le temps en jouant aux échecs. la voiture arrive à midi. Il lui a fallu quatre heures pour faire 270 km ! On regrette notre chauffeur Somsak. Nous allons aussitôt déjeuner dans un restaurant de la ville, ou plutôt une gargote de la ville. La nourriture n'est pas formidable et les verres, les plats sont recouverts d'une couche de crasse. Chacun essuie du mieux possible, mais .. ça tient.
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KORAT - PIMAI Mardi 13 Août 1974
Nous arrivons quand même à partir pour Pimai. La voiture est une vraie trottinette. Ou plutôt le chauffeur la conduit ainsi. Il ne sait absolument pas conduire. Il fonce, freine, fonce, cale chaque fois qu'il change les vitesses, ne sait pas doubler. C'est très pénible, et nous ne sommes pas rassurés. Somsak 2 prenait des risques en conduisant, mais il savait ce qu'il faisait. Celui-ci ne sait absolument pas conduire ! Il nous faut ainsi une heure pour faire 50 km. Pas étonnant qu'il lui ait fallu une matinée pour venir de Bangkok !
Pimai est un petit village groupé autour des ruines. Cela valait la peine d'avoir fait tous ces kilomètres. Evidemment c'est plus facile d'y aller de Bangkok que de Pitsalunok. Le temple en ruine et restauré devait être magnifique. Plus de douves, mais de la pierre, des colonnes, et des frontons sculptés. Et tout cela au milieu de la verdure. Et enfin des ruines pour nous seuls.
Un peu plus loin nous allons voir le musée : des fragments trouvés, dispersés dans la région. Là on discute sur l'époque de Pimai, car il est inscrit 11 cent A.D. et comme l'année dernière je mélangeais tout, je croyais que A.D. signifiait ante deus, et je comprends qu'il s'agit du 11 ème siècle après J.C. Ce qui nous fait douter c'est l'état des ruines des temples, alors que nos églises du Moyen Âge se sont si bien conservées. Mais quand je repense à Khajuraho, qui date de la dynastie des Chandellas, 13 ème/14 ème siècle, les temples étaient aussi en décrépitude.
Nous revenons sur Korat à la même allure de lenteur.
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KORAT
Nous avons rendez-vous à 19h30 pour aller dîner dans un restaurant au bord de l'eau. Restaurant de plein air, j'associe à chaleur étouffante, je mets donc un dos nu, et voilà que justement, il fait très frais, et on caille. On est les seuls clients du restaurant. La patronne, une prostituée sur le retour d'âge, est toute contente de nous dire qu'elle a fait deux ans de français, mais a ... oublié. Elle s'installe à notre table, et nous distribue des sourires. Il y a un juke box qui diffuse de très bons disques (les Carpenters...)
Le repas est mi-thai, mi-occidental. Il est délicieux. Porc frit, beignets de crevettes que l'on trempe dans une sauce sucrée (de l'eau + du sucre + des piments + des oignons), des beignets d'oignons, des oignons que l'on badigeonne de moutarde, et que l'on mange crus, du riz avec du boeuf, une soupe ... européenne (du genre poireau/pommes de terre), et du thé ... chinois, très clair, que l'on boit dans une minuscule petite tasse, plus petite que nos tasses à moka.
Il est 21 hres quand nous retournons à l'hôtel. Trop tôt pour aller se coucher. Nous repartons nous promener en ville. Les maisons des esprits sont toutes illuminées, c'est très beau. Il y a un night club toutes les deux portes, et la musique américaine perce dans la rue. (de la bonne musique, il est vrai). Dehors il y a beaucoup de monde. les mômes nous agrippent : one baht, one baht. Les samlos et les taxis s'arrêtent quand nous passons. dans la rue, nous croisons de grands Américains, accompagnés de toutes petites Thaïes.
Nous repassons devant l'hôtel, mais il est encore trop tôt. Nous continuons à marcher dans l'autre sens. Puis la pluie se met à tomber. Alors nous rebroussons chemin vers l'hôtel.
Nous avons la curiosité d'aller voir à quoi ressemble le fameux night club super luxe de l'hôtel au 8 ème étage. C'est vraiment le luxe. De la terrasse, on a un panorama sur la ville illuminée. L'entrée du night club, un panneau psychédélique, animé de toutes couleurs. A l'intérieur, il fait un noir complet, les serveurs se déplacent avec des lampes torches. Une lumière rouge éclaire la piste, et ça se trémousse, le jerk à l'américaine, les filles thaïes s'y sont bien mises.
L'ambiance ne nous attire pas particulièrement, et les gars sont écoeurés. Nous allons nous coucher.
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PATTAYA Mercredi 14 Août 1974 Depuis 8 hres, on attend le chauffeur, qui arrive à 8h15. André a décidé qu'il prendrait le volant. Nous ne voulons pas nous taper 400 km avec ce chauffeur thaï ! En plus, Somsak voulait passer par Bangkok pour demander plus d'argent à jumbo, parce qu'il n'en avait plus, vu le prix qu'avait coûté la réparation de la première voiture. Alors, avec tout ça, nous serions arrivés le soir ! Et nous rêvons avec impatience de la mer et de la plage ! Nous décidons d'avancer l'argent à Somsak, et de ne pas passer par Bangkok. Nous allons direct à Pattaya, et c'est André qui conduit. Et ça file ! On regarde à peine le paysage. on se passionne pour la conduite et les doublements.
Hôtel Tropicana
12h30. Arrivée à Pattaya, à l'hôtel Tropicana. 4h30 pour faire les 370 km, bravo ! J'y aurai perdu une valise, car le coffre de la voiture ne fermant pas, on a mis les bagages sur la banquette arrière, ma valise étant posée sur le tuyau d'échappement ... eh bien ... elle a fondu ! une sansonite qui font ! il faut le faire !
L'hôtel Tropicana est sensationnel. décoré dans le style tahitien, il ressemble plutôt à un Club Méditerranée. le bar-restaurant a un toit de paille. Il y a un jardin magnifique, et une piscine immense, avec des jets d'eau. la chambre aussi est terrible : des lampes aux abat-jours de paille, un immense palmier peint sur le mur, un frigo-bar rempli de boissons, cacahuètes etc, une salle de bain merveilleuse, vert fumé, avec des portes vitres qui se glissent, une grande porte fenêtre en demi cercle qui s'ouvre sur une terrasse où se trouve une petite table ronde recouverte d'une nappe rouge. Et cela donne sur le premier étage, sur le bar, le jardin, la piscine, et le jet d'eau.
Nous allons manger. C'est délicieux - crevettes, poisson, soupe de crevettes etc. les serveurs draguent, et, aux fenêtres, des playboys, style moniteurs du Club Méditerranée, se font bronzer.
Une dispute éclate avec les gars du groupe qui nous lancent que nous sommes collantes, nous vaudra de passer une journée sans eux. Nous allons à la plage, sous les palmiers. Le vent souffle, mais il fait très chaud. On est très bien. Il y a des vagues, et un courant très fort. Les hors-bords passent assez près de la plage et font remuer l'eau. Nous nageons sans arrêt, ou alors nous nous asseyons sur le sable au bord des vagues. Nous nous faisons draguer par des Thaïs qui étaient à côté. l'un d'eux s'amuse à nous faire des pirouettes dans l'eau sous nos yeux et ... nous chante des romances, en thaï, la sérénade thaï, quoi !
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Pattaya
Ensuite, une vendeuse avec son fléau, qui veut absolument nous vendre une noix de coco. mais notre argent est resté à l'hôtel. Puis, on nous propose une balade à dos d'éléphant, et l'éléphant s'approche bien près de nous. Puis, on nous propose un tour à cheval, et puis une croisière vers les îles aux coraux, et là, nous faisons semblant de ne pas comprendre l'anglais, et le pauvre garçon se donne bien des efforts pour nous expliquer par gestes, par brides de mots, ce que nous comprenons parfaitement. On est vraiment très sollicité à Pattaya quand on est deux filles sur la plage.
Nous allons ensuite directement à la piscine, où les gars se trouvent déjà. Mais nous faisons toujours la tête. Alors que nous nageons, l'averse se met à tomber. ce n'est pas très grave, mais quand la pluie tombe de plus en plus fort, il faut bien se décider à rentrer. Et là nous sommes bien étonnées, car il n'est que quatre heures de l'après-midi, alors que nous pensions qu'il était déjà 6 hres. On s'est vite lassé de la plage, à 4 hres, la journée est terminée !
Sitôt arrivées dans notre chambre, c'est un vrai torrent de pluie qui s'abat, une vraie averse de mousson qui fait se courber les palmiers. L'électricité est coupée dans l'hôtel, volontairement. La pluie rend le paysage tout trouble. C'est très long d'attendre dans notre chambre 19h30, l'heure de notre rendez-vous pour aller au restaurant. La pluie ne cesse pas. Nous avons tout le temps de nous préparer. Nous nous ennuyons.
Ils éclairent la piscine et le jet d'eau, et il y a des lumières dans le jardin cachées sous des hiboux de pierre. C'est un spectacle magnifique.
On va dîner dans un restaurant thaï, sous la pluie : beignets de crabe, poisson ... Nous nous sommes mises en grande tenue pour rien. Pattaya qui est réputée pour être la station de luxe de la Thaïlande, est morte la nuit. Les boîtes ne diffusent même pas de la bonne musique. Nous revenons à pied de la ville, et cela se révèle être une longue promenade ...
j'ai très mal à la tête. De retour à l'hôtel, les gars décident d'aller à la piscine. mais elle est éteinte. Le soldat qui garde la piscine (il y en a toujours un, armé, dans les hôtels à cause des bandits) nous fait éclairer la piscine, rien que pour nous. Il est plus de 22h30. malgré mon mal de tête, je les suis, et nous nous baignons tous dans la piscine illuminée. Nous nous couchons à minuit et quart.
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PATTAYA - L’ILE AUX CORAUX Jeudi 15 Août 1974 Nous avions décidé de louer un bateau pour la journée (300 bahts à sept, ce n'est vraiment pas cher), pour aller aux îles aux coraux. Et pour arriver avant la horde des touristes, nous voulions partir avant 8 hres. Nous nous sommes fait réveiller par le petit déjeuner à 7 hres, mais en fait, depuis 6h20, nous étions réveillées. il est pratiquement impossible de dormir le matin en Thaïlande car le soleil se lève très tôt, et éclaire brutalement toute la pièce, et nous réveille. A 7 hres le serveur arrive avec le plateau du petit déjeuner et nous l'installe sur la table ronde de la terrasse, avec une rose rouge toute fraîche dans son vase. C'est vraiment très agréable de prendre ainsi son petit déjeuner, sur la terrasse, en chemise de nuit car il fait chaud même à 7 hres du matin, avec une rose sur la table.Nous prenons tous notre petit déjeuner à la même heure, et de nos terrasses respectives, nous nous disons bonjour de l'une à l'autre.
Départ donc à 8 hres en bateau pour les îles aux coraux. Un bateau pour nous seuls. la mer est très houleuse. il faut se tenir fermement. On fait de ces sauts ! La traversée dure une heure. on aperçoit des poissons volants et des méduses brunes à la surface.
Nous arrivons aux îles. La plage est de sable blanc comme je n'ai encore jamais vu. Toute la matinée je fais du masque et tuba, avec des palmes. Mais il n'y a rien à voir, que du sable blanc. L'eau est extrêmement sale, et les yeux piquent. Et puis je me dirige vers les rochers, et, par hasard, je tombe sur un endroit magnifique : en dessous de moi, des trous, des rochers déchiquetés, des poissons rouges avec des couleurs extraordinaires, de la taille de la main, de minuscules anémones de mer sur les rochers, des éponges, du corail, et des couleurs !! Je m'arrête de nager pour admirer tout cela, car quand on avance, on ne voit rien. Et puis voilà que je me trouve au dessus d'une armée d'oursins, énormes, monstrueux, brun foncé, avec des épines d'une longueur ! Alors je panique, je crois que je vais me faire piquer, et je rentre. Je n'étais pas très loin de la plage, car la mer, pendant ce temps, s'est retirée. Les gars m'ont expliqué ensuite, que les oursins n'étaient pas aussi gros que je le croyais, car l'eau fait effet de miroir grossissant, et que tant que je ne m'appuyais pas sur leurs épines (comme par exemple quand on marche dessus) je ne craignais rien, et surtout en portant des palmes. Mais, quand ils m'en rapportèrent un, je dois dire qu'ils étaient quand même d'une bonne grosseur, sans comparaison avec les oursins que l'on trouve en France. Somsak, lui qui ne sait pas nager, n'a pas échappé aux piquants. On le voit revenir en boitant. Il souffre beaucoup, et le remède thaï pour ce genre de blessure, c'est de taper de l'autre côté du pied avec une bouteille pour faire ressortir les piquants. Alors à ce rythme là ...
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Pattaya - L’île aux coraux Le midi, c'est un repas de roi que l'on a : des crabes énormes, deux pour chacun, et il en reste. Il n'y a pas de pince pour les manger, et on casse le crabe avec un bout de bambou, ce qui fait gicler le jus, et fait beaucoup de bruit. Dommage qu'ils soient si plein d'eau. Et puis il y a les écrevisses, et un poisson, du riz, et des fruits, ananas et papaye. On n'en peut plus, et on a les mains qui sentent le crabe, et l'odeur ne nous lâche pas, malgré les lavages successifs.
L'après-midi :
La mer est montée pendant ce temps et notre bateau est maintenant bien loin, là où il n'y a plus pied. Nous nous laissons tentés pour aller faire une balade en bateau à fond de verre. Cela nous revient à 20 bahts chacun, et nous sommes bien déçus, car on n'y voit rien : le soleil se réfléchit dans le verre, et il faut faire de l'ombre pour voir le fond, et d'autre part, on ne voit rien des couleurs. Mais où sont les fonds et les couleurs que l'on voit lorsque l'on plonge ! Nous abandonnons les gars qui, eux, ont pris l'équipement, et vont se promener sous l'eau à cet endroit, où il y a tant de choses à voir. Et nous, nous retournons au bateau. Un petit peu de nage autour du bateau, c'est maintenant presque la pleine mer ici.
Et nous décidons de quitter l'île où ... la ruée des touristes a maintenant débarqué (ils ne se sont pas levés à 7 hres, et à 10h30/11 hres, ça déferle). Et nous décidons d'aller sur une petite île déserte. Nous récupérons au passage nos deux plongeurs, et en route vers l'île déserte ... En pleine mer, nous nous arrêtons pour pêcher. on attrape un poisson lune, blanc, qui se gonfle quand il est hors de l'eau, comme une réaction de défense, et des tas de petits poissons. A l'arrêt, il y a un terrible roulis, et j'ai un de ces mal de coeur. On me dit de changer le sens de mon transat, pou le mettre dans le sens du mouvement, et cela va en effet un peu mieux, mais je suis bien contente quand le bateau redémarre.
Sur la petite île de sable blanc, il n'y a personne, mais le vent souffle, et on caille. Je pars faire un peu de snorkeling, mais il n'y a pas grand chose à voir. C'est l'autre île, la grande, qui est "l'île aux coraux". ici, seulement des bancs de poissons minuscules, des centaines, qui se sauvent lorsqu'on agite la main et .. des bouts de ferraille, pas de rochers, pas de coraux.Et quand on sort de l'eau, qu'est ce qu'il fait froid.
On quitte l'île. Il est environ 4 hres de l'après-midi. Le soleil a disparu. La mer est plus calme. En pleine mer nous recevons une bonne averse.
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Pattaya
Arrivés à l'hôtel, nous nous précipitons dans la piscine pour ... nous rincer. Des crises de rire ... Nous essayons de former des étoiles, et buvons beaucoup de tasses, et surtout Somsak, qui ... apprend à nager.
Pendant que nous sommes dans la piscine, il se met à pleuvoir, et là encore, au bout d'un certain temps, nous sommes forcés de rentrer, car la pluie est très forte. Vraiment, à 4 hres de l'aprèsmidi, la journée est terminée à Pattaya, et c'est pourquoi il faut se lever tôt.
Dans notre chambre nous découvrons le résultat de cette journée : les coups de soleil. Incroyable. Le sommeil va être dur.
Nous partons à 19h30 pour un restaurant au bord de l'eau, mais où nous n'avons rien à manger, car ce que nous mangeons est dégueulasse : du porc au goût de pansement d'hôpital. Il faut dire aussi que Somsak n'a plus d'argent pour financer le groupe.
Nous nous couchons très tôt, vers 22 hres, crevés.
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De Pattaya à Bangkok Vendredi 16 Août 1974
On devait quitter Pattaya à 10h30, au lieu de l'après-midi, comme il était inscrit dans le programme, eh bien, à cause des problèmes d'argent. On n'avait (enfin, Somsak) plus de quoi payer notre déjeuner à Pattaya.
Et voilà qu'à 6 hres et quart du matin j'étais réveillée, mais j'ai du me rendormir jusqu'à 7h45. Petit déjeuner sur la terrasse de la chambre à 8h30. Sur nos trois terrasses, ensemble, à la même heure, et avec notre rose toute fraîche sur la table.
On fait les valises, et on va faire quelques photos sur la plage et dans le jardin de l'hôtel, où il y a des fleurs magnifiques.
Nous quittons notre belle chambre à regret, et Pattaya, et nous prenons la route.
Nous passons par BANG SAEN, la plage préférée des Thaïs, alors que Pattaya est la plage pour touristes. Là aussi il y a des palmiers, mais en vrac, pas alignés comme à Pattaya, et la plage et la route qui la longe, sont de vrais bric à brac, avec les carrioles de nourriture, et les enseignes. Cela rappelle nos plages du nord tant la mer est grise et tant le vent souffle ... bon, s'il n'y avait pas les palmiers ...
Nous avons, à nouveau, des sueurs froides, causées par la conduite de notre chauffeur. Il commence par renverser un cycliste, un Thaï assez âgé, sans mal, et ensuite, chaque fois qu'il double, je tremble.
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BANGKOK Vendredi 16 Août 1974 First Hotel
On arrive au First Hotel à 13h30 (2h30 pour faire Pattaya - Bangkok, alors que tous les guides prévoient 1h30 de voiture). En arrivant, déjà, il n'y a personne qui représente Jumbo pour nous accueillir. Puis on nous apprend que nous ne logerons pas cette nuit au First mais à l'hôtel Continental. Nous déjeunons au First, puis on nous transfert au Continental.
Continental Hotel
Là, grosse déception : dans ma tête j'avais confondu le Continental Hotel avec le Siam Intercontinental, le plus bel hôtel de Bangkok, qui est le grand luxe, ce que je trouvais, pour ma part, tout à fait normal pour nous dédommager de tous les ennuis et les hôtels plus ou moins bien, au cours du voyage. L'hôtel Continental est minable. la réception est potable, mais les chambre, et les draps laissent à désirer (c'est une autre sorte de taches sur les draps, cette fois-ci). La vue par la fenêtre ... c'est la Zone. En fait, ce qui s'est passé, c'est que la Thaï Airways a eu deux de ses vols annulés, et a dû héberger ses passagers, et comme le First hotel est un hôtel d'Etat, il a été réquisitionné, et toutes les réservations ont été annulées. Il a donc fallu trouver des hôtels de remplacement pour nous tous.
Shopping
On se change et on part faire du shopping, pendant qu'André part à l'ambassade du Laos, pour tenter d'avoir un visa de dernière minute, et partir pour le Laos la semaine suivante. Nous, nous allons, tout d'abord, louer des places au National Theater, pour assister à des danses le lendemain. On a raté Toiteen au Wat Pô, qui n'était pas là. Nous allons ensuite acheter de la soie : Chez Betty 236, Silom Rd. On fait une razzia de soie. Elle nous avait dit qu'elle nous ferait des prix si on en achetait beaucoup et ... nous achetons sans compter. Pour les poupées, on y renonce. Les vêtements sont jolis, mais elles ont des visages vraiment trop laids, et elles sont toutes pareilles. Puis les gars nous entraînent dans une bijouterie, New Road, au coin de Silom Road, où ils veulent acheter des couverts en bronze doré. Et nous nous laissons tenter aussi.
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Bangkok Le soir en rentrant, j'apprends que Toiteen est passée me voir à l'hôtel (elle a dû aller au First, puis au Continental), et on s'est encore raté. André a réussi à avoir ses visas. Et il a rencontré Wolf, le représentant de Jumbo, qui lui, croyant qu'on allait arriver dans l'après-midi comme prévu, s'est pointé à l'hôtel à 17 hres .. pour nous accueillir !
On apprend que le dîner a été arrangé à l'hôtel. De rage nous décidons aux voix de faire un extra, et d'aller dîner dans un restaurant vietnamien, et de nous le faire rembourser le lendemain par Jumbo. Il s'appelle : Le Vietnam Cuisine vietnamienne et française, au coin de Patong Road. Nous prenons deux taxis. Le chauffeur a proposé à André d'aller voir des "blues movies" et des "live shows". Il a dit Ok, à 22 hres. Les trois gars étaient seuls dans leur taxi, et on ne leur a proposé ce genre de choses que lorsqu'ils ont été seuls, jamais quand une fille était à leurs côtés.
Le restaurant est sympathique. Ambiance feutrée. Cela calme mes nerfs qui s'étaient bien agités vu les ennuis que nous a causés Jumbo. Il y a des bougies sur la table, de la musique française (Guy Béart, Isabelle Aubret qui chante Ferrat) et ici, on parle Français. On y retrouve d'ailleurs des hôtesse de l'air et des stewards, en civil, de l'équipage qui nous avait emmenés de Paris à Abu Dhabi.
La nourriture est vraiment, comme les gars nous l'avaient prédit, excellente. D'abord une salade avec des carottes râpées dans une sauce rose sucrée. Puis des nems, petits morceaux de pâtés impériaux que l'on roule dans une feuille de salade avec une feuille de menthe, et que l'on trempe dans la sauce. On mange avec les doigts bien sûr. Puis un crabe, mais un crabe !!! Pas plein d'eau celui-là. Et que l'on peut dire avoir été "cuisiné", grillé à merveille. Et du riz.
Puis, un café irlandais flambé au Cointreau, et de l'alcool de riz (c'est la première fois que j'y goûtais et c'est délicieux, pas fort comme du Cognac ou du Calva). Après ce beau mélange (plus la bière) je suis paf. Et je termine en beauté ; j'ai mangé de la salade, et j'ai bu deux verres d'eau !
Le repas nous reviendra à 130 bahts chacun, environ 30 FF, alors qu'en France, si on avait mangé tout ça ...
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Bangkok
En sortant du restaurant, il est 23 hres, et nous pensions que nos chauffeurs de taxi à qui nous avions dit 22 hres, n'auraient pas été là. Et c'est la surprise, ils sont là tous les deux, postés devant le restaurant. Ils ont attendu une heure ! On espérait bien ne pas les revoir. Comment s'en tirer !
Evidemment, c'est à moi que revient la tâche car je suis la seule à parler anglais, et c'est dur de parler anglais quand on est saoule. Alors je leur explique qu'on a dépensé trop d'argent, et qu'on n'en a plus, et qu'on rentre à l'hôtel. Ils nous répliquent : "not expensive, good price..."
Ils ne sont pas contents et nous ramènent à l'hôtel. En route, le chauffeur me demande pourquoi nous avons dépensé autant. Je réponds "because it was good". Il nous dit qu'on n'a qu'à aller chercher de l'argent à l'hôtel. Très dur de s'en tirer. Et quand ils nous demandent combien on a dépensé au restaurant, là, nous nous concertons, et nous décidons de doubler la somme, et je sors : 1700 bahts. Ecoeuré le chauffeur ne dit plus un mot. Ce devait vraiment être une grosse somme aux yeux d'un Thaï. Nous nous en tirons, en payant 20 bahts au lieu de 15, et les chauffeurs partent en ronchonnant.
Dans la chambre, séance de repassage, puis j'écris mes cartes postales, on n'est pas encore prêts de se coucher. Cela nous mène à 1 hre du matin.
Et alors, je suis dé-saoulée, et je n'ai plus envie de dormir. En plus, je me réveille dans la nuit, et je me rends compte que j'ai un mal de gorge terrible, j'ai attrapé froid au restaurant avec l'air conditionné. A chaque fois, tous les ans, je me fais avoir, et je reviens avec la crève.
Et puis, il y a un cendrier sur la table de nuit qui me fait mal au coeur. je me lève dans le noir et vais le poser sur les WC, pas par terre, parce que je crains qu'Anita ne marche dessus dans le noir. Au petit matin, en allant dans la salle de bain, elle s'est bien demandé comment ce cendrier était arrivé sur les WC !
Je grelotte, c'est vraiment la crève, et je dors très mal.
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Samedi 17 Août 1974 – Bangkok (2ème jour) J'ai mal dormi. La chambre donnait sur la rue, et dès le petit matin, il y a eu un de ces vacarmes ! Je suis réveillée depuis 5h20! Et Anita aussi s'est réveillée à cause du bruit. Mon mal de gorge est toujours présent. Nous sommes prêts à 8h45, car nous comptons aller visiter le Palais Royal et le Wat Phra Keo, puis aller au théâtre à midi assister aux danses. Et la voiture de Jumbo qui doit transférer nos bagages du Continental Hotel au First Hotel, n'est pas encore là. la colère monte. On essaye de téléphoner. Personne n'est encore arrivé au relais Jumbo. Et c'est notre dernier jour à Bangkok, nous avons beaucoup de choses à faire. A 9h30, en rage, nous décidons d'embarquer les bagages dans trois taxis, et on débarque en fureur au First Hotel. Il n'y a qu'une Thaïe, là, et je lui explique en anglais, qu'il faut qu'elle aille payer les taxis. Anita, au dernier moment, vient de décider qu'elle ne prendra pas l'avion ce soir. Elle, a encore une semaine de vacances avant de reprendre le boulot, et elle a décider de partir avec les gars au Laos. Du coup, ils vont tous à l'ambassade du Laos pour essayer d'avoir les visas. Et moi, je pars visiter le palais avec M. et Mme Angles.
Le Wat Phra Keo
En fait de trois heures qu'on avait prévues pour la visite, en une heure, on a tout fait. Le Wat Phra Keo, pour moi, est le plus beau temple que l'on ait vu. Il est immense. Il comprend plusieurs bâtiments dans la cour, et il y a des statues de démons gigantesques à chaque porte. C'est dans ce temple que se trouve le Bouddha d'émeraude, dans une chapelle. Il est vraiment minuscule, et très haut perché. Sur le chemin de la sortie, je demande mon chemin à une Thaïe, qui nous entendant parler Français, se met à parler avec nous, car il est bien plus difficile d'avoir des occasions de parler le Français par rapport à l'Anglais. Malheureusement, nous devons être au théâtre à midi moins le quart et nous sommes pressés. A la porte du temple, se trouve l'un de ces fameux vendeurs de "mérites" qui vend de petits oiseaux en cage, que l'on achète pour leur rendre la liberté, et ainsi obtenir un mérite du ciel ... (et que le vendeur rattrapera pour de nouveau le mettre en cage !) Je passe à nouveau devant le Wat Pô, pour prendre Toiteen, car nous avions une place de théâtre pour elle. Je commence à être reconnue au Wat Pô par les gardiens de l'entrée, et, par les camarades eux aussi vendeurs, de Toiteen. Malheureusement, ils m'apprennent qu'elle est malade. Je suis désolée. Nous ne serons pas arrivées à nous revoir.
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Bangkok National Theatre
Nous prenons un taxi jusqu'au National Theatre, qui se trouve de l'autre côté de Pramane Ground. J'arrive à l'avoir pour 5 bahts, mon record. En fait je savais que c'était le prix car la veille un taxi nous avait crié "5 bahts" pour nous y emmener, et nous avions préféré marcher. C'est tout de même assez loin du Wat Pô. C'est long de traverser la place, et ensuite il faut passer devant l'Université, le musée, et enfin le théâtre. A cause des sens uniques, notre taxi nous dépose assez loin, et nous devons tout de même marcher. Nous arrivons au théâtre à 11h30. Nous étions très inquiets, car Anita qui avait les billets de tout le monde, dans sa précipitation d'aller à l'ambassade du Laos, ne nous les avait pas donnés. Ils ne sont pas là dans le hall d'entrée. Un tour aux toilettes, et en revenant, ouf, Henri et Philippe sont là, avec les billets. André et Anita, ont gardé les leurs, et arriveront plus tard. J'essaye de revendre le billet que j'avais acheté pour Toiteen, mais je n'y arrive pas, car les gens recherchaient en général deux places. Comme midi approche, nous entrons. midi, c'est une drôle d'heure pour un spectacle ! La salle est très grande. Nous avons de bonnes places, qui nous paraissaient bien de côté sur le plan, mais qui sont assez centrales. André et Anita nous rejoignent à temps, juste avant le début du spectacle. Ils ont réussi à avoir leurs visas, ils sont allés trouver l'Ambassadeur, jusqu'à chez lui ! et il a été charmant. Le spectacle est plutôt du théâtre chanté et dansé que des danses proprement dîtes. D'après ce que nous comprenons (car tout est en Thaï...) il s'agit de l'histoire d'une princesse enlevée, qui a un enfant avec son ravisseur, et puis, on se retrouve dans un repaire de briguants et de naufragés, ivres (?), et cela se termine en apothéose par l'apparition d'un monstre gigantesque. Les danseurs dansent et parlent. Les mômes qui sont assis derrière nous, nous regardent de tous leurs yeux. L'orchestre est sur le côté de la salle, et ce sont des chanteurs et des chanteuses qui chantent dans un micro, à la place des danseurs. Le décors reste le même et est symbolique : une espèce de long tonneau qui tourne, représente les vagues de la mer. A un moment la scène s'obscurcit, et il y a une projection de film dans un coin de la scène, qui retrace les songes de la princesse endormie (c'est mon interprétation ..). Le spectacle dure 2h15. C'est très long ! Et j'en ai vu certains qui commençaient à dormir parmi nous. Les photos sont interdites. Il y a un panneau à l'entrée de la salle. Mais avec nos pellicules ultra-sensibles... mais il a fallu que M.Angles utilise un flash !!! Et nous avons été repérés, et quelqu'un s'est approché de nous et nous a dit que c'était interdit. Tout le monde d'ailleurs s'était retourné quand le flash est parti. Et il s'en est suivi une annonce au micro, à l'entracte, rappelant en Anglais que les photos étaient interdites. Evidemment l'audience est d'avantage Thaïe qu'occidentale. je n'ai vu qu'un groupe de 4/5 personnes étrangères autour de nous, des Français, je crois. A la fin, autre surprise : on joue l'hymne national thaï, et tout le monde se lève, comme en Angleterre ! Le pays n'a pourtant jamais été colonisé par les Anglais ! Et l'hymne national thaï est une très belle musique, romantique à souhait, très douce.
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Bangkok Après ce long spectacle, il s'agit de manger : il est 14h30 ! Nous entrons dans la première gargote que nous trouvons. Première difficulté : ici on ne parle que le thaï. Alors nous montrons du doigt ce que nous voulons manger : du riz, et un peu de toutes les préparations de viandes, et des sauces. Ils ont été bien étonnés de voir que nous mangions les mêmes choses qu'eux, et que nous savions composer un menu thaï. De ce fait, nous sommes accueillis avec une extrême gentillesse de la part de ces gens, une femme et une ribambelle d'enfants. Nous payons pour un plat de riz et de viande, 4 bahts, et 2 bahts pour un coca. En se nourrissant dans les restaurants locaux, notre nourriture reviendrait vraiment pas chère. (en tout 1F50). Mais un détail : jamais nous n'avions mangé de tout notre voyage une cuisine si épicée, nous voulions de la cuisine locale... ici c'est du réel.
Milieu d'après-midi, nous rentrons au First Hotel. Dernières cartes postales. Carte d'embarquement à remplir. Les gars et Anita ont pris des chambres à l'hôtel avant de partir pour le Laos, et je me sens seule à partir, en les laissant là, eux qui continuent le voyage.
Chez Somsak
Nous sommes invités chez Somsak à boire le café, vers 16 hres, mais c'est en fait à 17h30 que nous y arrivons. Nous avons voulu prendre le bus, et Somsak habite au fond d'un soi qui donne dans l'avenue principale. Le bus s'est arrêté dans l'avenue, et la longueur du soi n'en finit pas. Enfin, voilà le n° 77, et Somsak est dans le jardin, il nous fait des grands signes. A l'entrée, sur les marches, nous laissons nos chaussures, comme dans toute maison thaïe. La maison est ultra moderne, au milieu d'un jardin tout vert. Nous sommes reçus dans une véranda qui fait salon, entourée de moustiquaires, des nattes par terre, un canapé, des fauteuils, une table basse. Il y fait très bon. Somsak nous présente son épouse : une splendeur, tout le monde reste bouche bée. Elle a de grands cheveux bruns et porte une combinaison pantalon. Somsak nous apprend qu'elle est enceinte de deux mois. Il nous présente aussi son ami Laotien, qui est très beau aussi. Il a des traits beaucoup plus européens, et il parle parfaitement le Français. Il nous dit avoir travaillé à Paris à la radio, pour des émissions vers l'extérieur. Somsak a acheté de la bière (spécialement pour nous certainement, car aux repas, nos amis thaïs n'en prenaient pas, et nous, nous en prenions toujours). Il y a des petits gâteaux d'apéritif. Et il nous a mis sur le tourne-disque, des disques français, et récents, Johnny Halliday, Sylvie Vartan, Frédéric François !), qui tournent deux fois avant de changer. C'est très chouette. Cette maison est très agréable à vivre.
Nous devons les quitter car nous avons rendez-vous pour aller au restaurant. Somsak nous appelle un taxi, et il négocie le prix pour 10 bahts (pour 6 personnes, (car Philippe a été... perdu)... deux devant, à côté du chauffeur, trois derrière, et moi, derrière allongée sur tout le monde. Et tout 50 cela pour 10 bahts. Bravo, qu'est ce que nous, nous nous faisions voler par nos taxis !
Bangkok Un départ raté
A l'hôtel je me change pour me mettre en tenue de voyage : jeans, sabots, blouson. Et crac, la zip qui craque... obligée d'aller rechercher la valise, et d'en sortir un autre pantalon... C'est toujours au moment du départ ... Et, on attend, à nouveau...
Enfin, Jumbo se décide à nous conduire au restaurant. Ils ne s'énervent jamais. Une heureuse surprise qui nous fait bien plaisir : c'est Somsak 2, notre premier chauffeur, que nous aimions tant, qui nous conduit au restaurant, et qui reste dîner avec nous. Là, on nous gave (dîner d'adieu !), et on se retrouve au même restaurant avec Jet Tours. Du riz mélangé, du crabe, du poulet frit, des beignets, du poisson, du flan au lait de soja avec de la salade de fruits. Je n'en peux plus.
20h30 : Nous quittons l'hôtel. Tous viennent nous accompagner à l'aéroport : Anita, Phlippe, André, Henri, et même Somsak. Pierre et Wolf viennent aussi. l'ambiance est aux rires dans le car, mais on est bien triste. Arrivés à l'aéroport, on nous apprend que l'avion n'est pas encore parti de Hong Kong. Cela nous promet au moins 3 à 4 heures d'attente, il faut bien qu'il fasse Hong Kong - Bangkok, après avoir décollé. Les autres nous quittent et repartent vers la ville. Nous, les passagers, on nous fait manger dans l'aéroport. Je n'ai pas faim, je ne peux vraiment rien avaler, sauf la glace (pour mon mal de gorge et ma gourmandise).
A 22h30, l'heure prévue pour l'envol, on nous annonce que nous partirons que ... le lendemain ... à 5 hres du matin ! Et puis c'est démenti, on ne partira que demain, mais à 10 hres du matin !
Air France nous conduit dans un hôtel de Bangkok pour y passer la nuit. C'est le Mandarin Hôtel, pour une fois, un hôtel de très bonne catégorie. Je me pose la question, comment Air France peut il trouver des chambres dans un hôtel de Bangkok pour autant de passagers, à 11 hres du soir. Je me retrouve seule dans une chambre. Les chambres single sont terriblement tristes et froides et dépouillées par rapport aux chambres doubles. Il est minuit moins le quart. D'habitude je n'étais pas couchée... je prends le téléphone et j'appelle Anita (qui n'était pas couchée et venait de rentrer) et je lui raconte notre aventure. Puis j'essaye de dormir, j'étais crevée de ma journée, mais la chambre donne sur la rue, et le bruit m'empêche de dormir. Je prends un mogadon, et je m'endors.
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Dimanche 18 Août 1974 – Bangkok (3ème jour)
Un jour supplémentaire imprévu au programme
Je me suis réveillée à 7h45. J'ai passé une nuit pas trop mauvaise. C'est la première fois depuis longtemps que je dors si tard. J'attends 9 hres pour me décider à téléphoner à M. et Mme Angles dans leur chambre.
La réception ne m'a toujours pas appelée pour m'informer de notre départ prochain, et je suis inquiète. Je téléphone donc, et on me dit que la chambre de M. et Mme Angles ne répond pas. J'explique alors que je dois prendre le vol AF 195, et que je voudrais savoir quand on part, et qu'on ne m'a pas réveillée.... On me dit alors que l'avion décolle à... 6h15...
Je crois mal comprendre, il est difficile parfois au téléphone de comprendre l'Anglais, et je dis que je descends à la Réception. Mais aussitôt mon téléphone sonne : c'est Monsieur Angles qui m'appelle de la Réception, car ne parlant pas l'anglais, il a dû descendre pour demander de l'aide à une Française pour me téléphoner.
Eh bien, en effet, nous partons bien à 6h15 pm ! 18h15 ! Et je descend les rejoindre pour prendre mon petit déjeuner. dans le hall de l'hôtel se trouve un panneau : Vol AF 195 Pick-up 15h30 Departure : 18h15 !!!
Je suis très inquiète car mon père doit m'attendre à paris, et pour prévenir à mon travail. mais comment envoyer un télégramme, c'est si compliqué. j'ai téléphoné à Air France à l'aéroport ... et j'y renonce.
J'ai téléphoné au First Hotel pour essayer de joindre Anita et les gars, mais on m'a dit qu'ils étaient déjà partis. Je savais qu'ils devaient ce matin, passer à la gare pour acheter leurs billets pour le Laos, puis aller visiter le Palais royal.
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Bangkok Palais Royal
Alors, avec M. et Mme Angles, nous partons au Palais royal, à nouveau, pour essayer de retrouver les copains. Nous y allons en bus, bien sûr, nous n'avons plus beaucoup de bahts, le bus c'est économique et c'est rapide. Le n° 25 est direct, et avec les temples on se repère facilement. Maintenant je connais Bangkok comme ma poche !
Nous pénétrons dans l'enceinte et dès l'entrée, sur qui tombe t-on ? notre bande, qui arrive par l'autre entrée. C'est vraiment le destin. Le Palais royal et le temple sont immenses, c'était risqué de vouloir les retrouver là, et voilà, juste à l'entrée ! Folle de joie de les revoir. Ils ont voulu, eux, passer ce matin à l'hôtel Mandarin, mais croyant que je partirais à 10 hres, c'était inutile. Quand je leur annonce que nous ne partons que ce soir !
Et je découvre que hier, quand nous avons visité le lieu, nous n'avons vu que la moitié de ce qu'il y a à visiter. Nous avions bien visité le Wat Phra Keo, mais pas le Palais royal. Et nous n'avions pas eu le petit guide de la visite que l'on distribue gratuitement à l'entrée. Autre surprise : la visite que je croyais être gratuite le dimanche (c'est écrit dans les guides) coûte 15 bahts comme les autres jours. Donc, nous visitons et re-visitons.
Puis à midi nous nous séparons, pour de bon cette fois. Eux vont chercher une petite gargote pas chère pour déjeuner, et nous, notre repas est payé par Air France, à l'hôtel, au luxueux restaurant du Mandarin.Repas standard pour tout le monde, continental : steak frites (les frites sont très bonnes pour une fois) et haricots verts blanchis, et glace. Dans le fond, ce n'est pas mauvais de regoûter à notre petite cuisine.
Après-midi :
Que faire en attendant 15h30 ? Nous allons faire un petit tour près de l'hôtel. Nous découvrons une église, toute blanche, toute moderne. Nous entrons : intérieur stylisé, une grande croix blanche, des bancs ressemblant plutôt à une salle de spectacle. On se déchausse, bien entendu. Nous croyons voir une église catholique et on nous dit que c'est une église protestante : unique en Thaïlande ! Ensuite, nous restons jusqu'à 15 hres au bord de la piscine, rageant de ne pas pouvoir nous baigner (car les maillots sont partis, avec es bagages ... enregistrés).
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De Bangkok à Paris Dimanche 18 Août 1974 Le départ :
Nous quittons l'hôtel à 16 hres. A l'aéroport, bon signe : l'équipage est là. A la duty free, je me retrouve côte à côte avec l'hôtesse qui s'occupait de notre cabine, sur le vol aller. Nous discutons. Ensuite c'est la bagarre pour prendre nos numéros de sièges, et les meilleurs possibles.
Nous avions trois places, ABC, à l'arrière, à côté des cuisines, et la cabine des hôtesses. C'est le même équipage que celui qui nous a accompagnés à l'aller, de Paris à Abbu Dhabi, et ceux qui étaient au restaurant vietnamien, et c'est le même avion.
L'hôtesse que je connaissais, m'a expliqué ce qui avait causé notre retard : l'avion qui part de Hong Kong, devait prendre des passagers à Manille. Là, il y a eu un typhon terrible. Ils ont essayé d'atterrir. Il paraît que cela a été terrible. Finalement ils ont dû renoncer, et se sont posés à Hong Kong. Ensuite, l'équipage n'ayant plus son temps de repos obligatoire, le vol a encore été retardé. C'est ainsi que le départ n'a eu lieu qu'à 18h15 de Bangkok.
Nous avons bien décollé à 18h 15. Nous avons eu droit (en compensation) au vin et au Champagne gratuit avec le repas.
J'ai rencontré trois gars qui revenaient du Laos et qui avaient traversé le Mékong. Ils ont avoué qu'ils n'en menaient pas large.
Il y avait dans l'avion cinq bébés de Saïgon que l'on emmenait au Canada et aux USA pour être adoptés. Il n'y avait qu'une seule personne pour s'en occuper, et malgré l'aide des hôtesses pour donner le biberon, elle était débordée. Alors chacun a pris en charge un des bébés. Mme Angles a pouponné pendant la moitié du trajet, et moi, j'ai été bonne pour donner le biberon, et habiller le bébé, un adorable petit garçon que je suis arrivée à faire rire grâce au porte-verre dans le dossier du siège qui grinçait.
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De Bangkok à Paris - Le vol BANGKOK - BOMBAY
4 hres. Avion presque vide. On se couche sur trois sièges : un bon lit.... repas.
BOMBAY - TEHERAN
3h15 A Bombay, l'avion est plein à craquer. On suggère même de déplacer trois passagers de la classe touriste à la 1ère classe. J'ai failli en faire partie, mais il n'y a eu que deux places. Festival en plein ciel, mais détraqué. Pas de film. (C'était "l'Artiste"). On nous rembourse les écouteurs. Je n'en avais pas pris, car je voulais dormir. Je dors.
TEHERAN - BEYROUTH
Env. 3 hres Je dors.
BEYROUTH - PARIS ORLY
On est obligé de dévier la route à cause de l'interdiction de survoler Chypre. On passe au nord, et on survole les Alpes autrichiennes (que je vois, cette fois, par le hublot).
Petit déjeuner à 8 hres (heure de Bangkok), ce qui est correct. Mais ensuite, ils nous éteignent les lumières pour dormir, ce qui, avec notre décalage horaire, est insensé pour nous.
Ainsi, nous avons mis 18 hres au retour de Bangkok à Paris.
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PARIS Lundi 19 Août 1974
Nous sommes arrivés à Orly à 7h15 heure de Paris.
Il faut une heure pour se retrouver dans le bus d'Air France : police, bagages. C'est la panique parce qu'ils arrivent sur deux tapis roulants en même temps, et dans un 747, il y en a des bagages ! Puis la douane, que l'on passe facilement. (sauf des questions sur la valeur des potiches de Toto et Lolette).
Il faut ensuite presqu'une heure pour atteindre l'aérogare des Invalides, car à cette heure, c'est le rush, et l'autoroute du sud est bloquée.
A la sortie d'Orly, j'ai remis un pull en plus, car évidemment... on caille (avec 18°). Je supporte mon T-shirt + un pull + un blouson de laine.
Séparations aux Invalides. Il est 9 hres. A 9h15, je suis chez moi. Mon père n'était pas inquiet du tout, car il n'avait même pas reçu ma lettre annonçant que le vol 195 arrivait le dimanche et non le samedi. Il est allé le samedi matin aux Invalides, et là, une hôtesse lui a dit que le vol 195 n'existait pas ce jour-là. Il ne s'est pas inquiété ... du moment que les journaux n'annonçaient pas d'accident d'avion !!
A 10 hres je me couche.Mon père voulait me faire à manger, mais j'avais trop envie de dormir. Je me suis réveillée à 15h30. A 16 hres, j'ai mangé des frites. Et je redors de 17h30 à huit heures moins le quart le lendemain matin ! Toute la première journée on est détraqué. Après une nuit ça va.
Il fait clair et beau mais très froid, dans les 19). Un an maintenant à attendre avant de repartir en Asie... vers l'Indonésie...
© Jocelyne Pruvot Rédigé en 1974
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