Voyage au Cameroun en 1982
Le Nord et l’Ouest Auteur : Jocelyne Pruvot
Du Samedi 18 Décembre au Vendredi 31 décembre 1982 Noël au Cameroun. Quelle bonne idée. C'est bien beau de vouloir échapper à l'époque tristounette des fêtes à Paris, mais encore fallait-il savoir à quelle masse d'aventures je devais m'attendre en partant pour le Cameroun.
Ça commence par l'ambassade du Cameroun à Paris Le premier contact avec l'ambassade du Cameroun à Paris, rue de Longchamp, m'avait pourtant inquiétée... une administration pesante : une fiche très inquisitrice de renseignements, un timbre fiscal en francs CFA, payable en Francs français, à aller chercher à un autre endroit, au 5 ème étage, redescendre, compléter... Encore fallait-il qu'il reste encore des timbres... Autrement dit il faut revenir.
Et puis pour aller rechercher le passeport, il faut avoir son après-midi de libre à certains jours précis de la semaine, entre 15 h et 17 h, encore que ces horaires soient barrés et à leur place est griffonné : "15h 30 : Y VON MANGÉ" Et voilà comment, arrivée à 14h 30, la quatrième dans la file, et à 15h 50 le guichet n'était toujours pas ouvert alors que les employés étaient là depuis 14h 50. Encore devais-je être heureuse que l'on n'ait pas perdu mon passeport et ma demande de visa, ce qui était arrivé à quelques personnes autour de moi. Je m'attendais un peu à tout en partant pour le Cameroun. J'avais choisi un voyage tout organisé Nouvelles Frontières pour être tranquille, étant en plus très fatiguée et ne voulant pas avoir de soucis mais du repos et du soleil. Eh bien !!!
DE PARIS À DOUALA Départ de Paris Samedi 18 Décembre 1982 Un vol régulier Cameroun Airlines Départ le samedi à 12 : 00 Arrivée à Douala à 18 : 20 6 hres de vol, c'est correct.
Convocation à l'aéroport à 10 hres. J'arrive tranquillement à 10 h 30. Je suis la dernière à prendre mon billet. Mais j'étais dans le bon chemin : l'avion n'a eu que... 2 hres de retard. On a décollé à 14h 15. Entre temps j'avais fait connaissance à l'enregistrement de Françoise qui, elle, partait au Cameroun pour 2 ans pour occuper un poste à l'accueil d'une mission catholique à Maroua dans le nord du Cameroun. Elle était très enthousiaste à cette idée mais, elle avait un excédent de bagages, surtout à cause des livres en bagages à main, et nous l'en avons déchargé à plusieurs.
C'est comme cela que moi j'ai hérité... de la guitare, qui m'a posé pas mal de problèmes d'encombrement dans l'avion. Ainsi les gens de mon groupe que je retrouvais m'avaient identifiée comme étant "la fille à la guitare".
Le vol Donc l'avion décolle à 14h 15. C'est un Boeing 747 combien, c'est à dire un 747 dont la dernière cabine est utilisée en cargo. J'ai une très mauvaise place, près des toilettes, on reçoit plein d'odeurs, et c'est une place presque aveugle pour voir l'écran de cinéma. Le repas est très bon, c'est tout ce qu'il y a de bien sur cette compagnie, car l'équipage n'est pas aimable du tout. Pourtant il y a à bord d l'avion une inspectrice de la SOFRÈS qui fait passer des questionnaires sur les compagnies desservant le Cameroun, et Cameroun Airlines est bien assaisonnée : en retard, pas aimable, duty-free insignifiante… Ensuite il y a une projection de film : "Tout feu tout flamme" avec Isabelle Adjani et Yves Montand. Je l'avais déjà vu. les écouteurs sont payants, ils coûtent 25 FF. je n'en prends pas mais je regarde le film assise par terre dans l'allée (puisque je ne voyais rien depuis mon siège) et comme il y a des soustitres en anglais je comprends tout. Ça m'a fait passer un bon bout de temps et en fait le vol ne m'a pas paru très long. On arrive à Douala à 20h 15.
Aéroport de Douala L'arrivée à l'aéroport de Douala, c'est inoubliable ! On est pris par une chaleur qui monte de la terre et grimpe le long des jambes ! Heureusement j'avais prévu quelque peu ce contraste avec Paris, j'ai pu ainsi débarquer en jean et en t-shirt. mais quand même, cette chaleur humide, ça surprend. Et pourtant 27° seulement.
Et puis il y a toute la folie d'un aéroport africain : les fouilles désorganisées, les queues, le manque de personnel. 1 ère fouille à la sortie de l'avion. j'y échappe (avec ma guitare) 2) passeport 3) contrôle du carnet de vaccination (fièvre jaune) Puis des queues par lettres alphabétiques. On vous donne un minuscule papier timbré, on n'a jamais de stylo bic pour écrire et on emprunte ceux des autres voyageurs en insistant un peu, car ça pourrait facilement devenir.. un cadeau ! Et de nouveau la douane, 2 ème fouille. Il faut re-donner le le petit papier timbré. j'échappe là encore à la fouille (avec un petit sac + une guitare, alors que ceux qui ont des sansonnets, n'y échappent pas). Et voilà j'ai une croix tracée à la craie sur le bagage ! Et je sors le plus vite que je peux de cet aéroport car il y fait une de ces chaleurs ! Mais dehors il fait aussi chaud. Ce qui me surprend aussi c'est la foule d'Européens qui sont là à attendre des passagers. Petit à petit les gens du groupe se reconnaissent (à force de s'être parlé) et se rassemblent. Un groupe à majorité masculine, je n'avais jamais vu ça. Des hommes seuls pour seulement quatre petites célibataires seules dans ce groupe. Il y a aussi deux couples de personnes âgées. Et là un problème se pose : il n'y a personne pour nous accueillir. Et sur le voucher il n'est même pas inscrit le nom de l'agence camerounaise réceptive. L'un des gars avait pris des informations avant de partir et savait que nous logions dans les Novotel. oui, mais sans chauffeur… Alors on a cherché le chauffeur. On a trouvé un chauffeur, on s'est imposé, et on lui a demandé de nous conduire au Novotel de Douala.
Au Sawa Novotel Au Novotel, même histoire, on ne nous attend pas ! Mais ils sont, semble-t-il accoutumés à travailler avec Nouvelles Frontières, alors ils nous acceptent. C'est un hôtel de 300 chambres, il n'y a pas de problème de chambres, surtout à l'époque de Noël où tous les coopérants sont partis se reposer dans le nord du pays où le climat est meilleur. On s'installe donc. Il est tard. Nous avons même eu des chambres individuelles. Le luxe : très grande, avec un grand lit + une banquette-lit, une isolation acoustique parfaite, salle de bain ultra moderne, et TV avec programme vidéo avec un système de touches sensitives cachées, avec des signes incompréhensibles. Il faut toucher à tout pour arriver à comprendre comment cela marche ! La première chose que j'ai vue, c'est la piscine. Il faisait nuit, j'étais fatiguée d'un vol qui avait duré toute la journée, et il faisait chaud, Et quand j'ai demandé à la réception s'il était autorisé de se baigner la nuit, la fille m'a dit que oui, mais a été très étonnée, car elle 'ma dit "mais il fait froid !". S'il avait fait froid, croyez bien que je ne serais pas allée me baigner dans la piscine ! J'ai donc foncé vers ma chambre, j'ai mis mon maillot et je suis allée faire des longueurs dans la piscine, toute seule, dans l'eau tiède, en pleine nuit. Quel régal. Les gens me regardaient. Et même en sortant de l'eau il faisait toujours aussi chaud.
Le dîner Ensuite nous avons dîné, en plein air. Il était presque 11 hres du soir. J'ai mangé très peu : une soupe de légumes et deux ananas (c'était délicieux) et j'ai bu un jus de goyave extra. La cuisine est excellente à ce Novotel de Douala.
Quand je me suis couchée, j'a allumé la TV et j'ai regardé la fin du "Bal des Vampires" de Polanski. Dommage, la fin, j'aurais bien aimé le revoir. Le film s'est terminé à environ 1 hre du matin… La climatisation ne se coupe pas. On peut la régler mais pas l'arrêter, et j'ai grelotté toute la nuit, j'ai dormi avec mon anorak !
DOUALA 2 ème Jour - Dimanche 19 Décembre 1982 SAWA NOVOTEL DOUALA BP 2345 T : 42 66 66 / 42 14 70 Avenue de Verdun Douala RUC 309 chambres 19 000 CFA la double
Douala, c'est la capitale économique du Cameroun, une ville portuaire, le principal centre d'affaires et la plus grande ville du pays avec Yaoundé.
Le centre du quartier administratif est la Place du Gouvernement sur laquelle s'élève le monument aux morts 14/18 entouré d'un square. Un des angles de la place est occupé par une curieuse maison qui prétend imiter un pavillon chinois et qui fut le palais du Prince Rudolf Duala Manga. En arrière de ce bâtiment, une stèle de pierre marque l'emplacement du lieu d'exécution de ce prince par les Allemands. Dans le fond : la Poste, qui date de 1957.
- En suivant le boulevard du Général De Gaulle, on trouve bientôt sur la droite, après avoir franchi un marigot, le marché de Bésséké, qu'il faut visiter le matin. L'embouchure de la Bésséké sert de port aux piroguiers. - Le quartier de Deido, les cases sont bêtes avec des matériaux le plus divers. - La cathédrale date de 1938, de style neo-roman. Une façade encadrée de deux tours carrées à trois étages, surmontés de deux coupoles superposées soutenues par des colonnades. - Le musée
Douala, une ville dont je ne garderai pas un grand souvenir Eh bien Douala est une ville dont je ne garderai pas un grand souvenir. Douala = la piscine du Novotel ! Je n'ai eu aucune envie de sortir dans cette ville. D'abord le climat y est atroce : chaud, mais surtout 95% d'humidité. Comme l'Inde en pleine période de mousson, quoi ! Et je n'ai pas du tout eu de coup de foudre ! Quartiers tristes et pauvres, pas de verdure...
Et les problèmes continuent Ce matin nous devions prendre l'avion pour Maroua, dans le nord. Réveil à 6 hres, je n'ai donc dormi en fait que 3 hres... Je ne suis pas arrivée à m'endormir à cause du froid de la climatisation. Le vol est prévu à 9 hres du matin. La navette du Novotel nous conduit à l'aéroport. On y arrive environ 1 h 1/2 avant le décollage. Et là, les problèmes continuent... (sans parler de l'énervement rien qu'à notre arrivée devant l'aéroport, quand on est assailli par la masse des porteurs qui vous arrachent vos bagages des mains sans qu'on ne leur demande rien). Alors voilà : on n'est pas sur la liste des passagers ! Bien que le billet d'avion soit marqué : OK. Ça, ça s'appelle du sur-booking... Les gens ici le savant car ça se bouscule drôlement au guichet du check-in. C'est la folie. Au final, il y en a dix qui arrivent à force de palabrer et d'essayer les pots de vin à obtenir leurs cartes d'embarquement, et on reste à six à rester en rade. Encore que ces dix -là attendront bien longtemps avant de s'envoler car il y a une réunion à Douala de présidents des pays africains qui, eux aussi prennent l'avion, et ont la priorité sur la piste d’envol. On insiste pour obtenir une preuve écrite que nous n'avons pas trouvé de place dans l'avion, et nous cherchons le chef d'escale. Nous le suivons pas à pas jusqu'à ce qu'il veuille bien nous installer dans son bureau, où il nous fait attendre un bon moment. Nous obtenons de lui un bon de prise en charge pour une journée supplémentaire au Novotel prise en charge par les Cameroun Airlines, et l'assurance que nous partirons le lendemain... "même si vous êtes sur la liste d'attente, nous dit-il, venez à l'aéroport". Ça veut tout dire… Nous retournons en villes pour nous inscrire sur la liste de passagers pour le vol de 13h 30 le lendemain. Et... il n'y a plus de place... Ils n'ont reçu aucun télex, rien n'a été réservé, ça promet… On nous dit de repasser le lendemain.
Journée à l'hôtel Alors après midi de piscine et de bronzage. je ne suis pas sortie de l'après midi ! J'ai déjeuné à 15 hres. J'essaye le plat national camerounais, le n'Dolé. Etant donné qu'au Novotel la cuisine est très bonne je préfère essayer la cuisine locale... ici. C'est des épinards hachés (enfin, du n'dolé qui est l'épinard camerounais, qui a un goût très spécial), recouvert d'un mélange d'épices mystère, avec des morceaux de boeuf en petits cubes, et accompagnés d'une banane plantain (la banane à cuire, différente de la bande-fruit), et d'igname, un énorme tubercule blanc cuit qui a le goût d cela pomme de terre et est très bourratif. C'est mangeable mais très bourratif, et j'ai eu un mal fou à digérer toute la journée. La bouteille d'eau minérale coûte 650 CFA (13 FF). Ensuite je suis montée me coucher dans ma chambre pendant un bout de l'après midi. De toute façon ceux du groupe qui sont sortis ont été déçus et m'ont dit qu'il n'y avait rien à voir à Douala. Le soir, quand la nuit tombe (à 18h 30) les lumières s'allument dans les arbres autour de la piscine, et des joueurs de balafon prennent place et jouent une musique "jazz".
Soirée à l'hôtel Nous dînons (léger pour moi : soupe, yaourt, ananas) tout en regardant les danses et les joueurs de tam-tam qui sont pas mal. On assiste aussi au spectacle de la prostitution... autorisée... C'est un défilé ! Il paraît que les filles donnent la pièce à la réception et elles obtiennent ainsi le droit de "travailler" dans le jardin, et même d'obtenir les n°s des chambres des hommes "seuls". Et elles vont frapper à leur porte en disant "Patron, c'est l'amour qui frappe à ta porte"… J'ai discuté un moment avec un Français qui vit à Brazzaville, qui travaille dans le pétrole. Il est de passage à Douala pour affaires. Je me couche à 22 hres et je m'endors vite. J'ai trouvé le truc contre la climatisation : j'ouvre la fenêtre, ça produit au final une moyenne de température...
DE DOUALA A MAROUA 3 ème Jour - Lundi 20 Décembre 1982
J'ai bien dormi. J'avais demandé un réveil à 7h 15. Petit déjeuner : un croissant, un pain aux raisins, 1/4 de baguette avec beurre, confiture, et trois tasses de café au lait extra. Nous allons tout d'abord au bureau des Cameroun Airlines pour nos démarches. Là on nous dit qu'il n'y a toujours pas de places dans l'avion. Alors palabres... Le gars téléphone : "Et la famille machin, ils sont confirmé ?"... Il raccroche le téléphone, raye sur la liste de la liste des passagers la famille machin, et lentement y inscrit tous nos noms à la place. Chose réglée ! De retour à l'hôtel nous téléphonons du bureau du gérant du Novotel, M. Langlois, à Jacques Maillot, le Directeur de Nouvelles Frontières à Paris. M. Langlois nous confié son n° de ligne direct à Maillot, ce qui est une bonne chose. Ils règlent tous les deux leurs problèmes de payements, et maillot nous dit qu'il ne doit plus y avoir de problèmes, que le télex a été envoyé en... Octobre (... mais n'est jamais arrivé), que c'est "Nord Cam Tour" qui va s'occuper de nous dans le Nord, et "Transcap" dans l'Ouest. Deux agences différentes, c'est pratique ! Et qu'il va faire le nécessaire auprès des Cameroun Airlines à Paris. Bon !
Départ pour l'aéroport Il a fallu payer notre transfert parce que Langlois en a marre de... nous entretenir… On arrive avec beaucoup d'avance. Quand l'enregistrement débute on est presque les premiers. Et voilà que.... On n'est pas sur la liste !!! Et derrière, dans la queue, ça pousse, c'est la bagarre… On demande à voir le chef d'escale, le gars à l'enregistrement ne veut rien entendre. Mais voilà le chef d'escale qui passe par là, et il nous reconnaît.
Et paisiblement, ils prends nos billets, les coche, et onus remet nos cartes d'embarquement (sans qu'on soit sur la liste ! Mais ouf ! Passage en salle d’embarquement. L'avion devait décoller à 13h 30. A 13h 30 il n'avait toujours pas décollé de... Yaoundé... On attend. On grignote les quelques vivres françaises que nous avions. L'avion est là. Il est 15 hres. On décolle.
Le vol C'est un Boeing 737. Il est plein. Entre Douala et Yaoundé on survole une forêt touffue. Je comprends pourquoi on m'avait dit qu'il n'y a pas de route entre ces deux villes, et qu'il faut y aller en avion. 20 mn de vol mais 3 hres à l'avance pour être sûr d'être sur la liste des passagers… On atterrit à Yaoundé. Ah oui, parce que l'avion il s'arrête dans toutes les villes. C'est un omnibus. L'atterrissage sur Yaoundé est très beau. La terre est rouge, et les maisons sont basses et rouges, contrastant avec une végétation tropicale de bananiers. Pas de gratte-ciels. Une ville qui n'a pas changé, qui semble être une petite boutade. j'aurais ben aimé connaître. Je trouve Yaoundé bien plus sympathique (vue d'avion) que Douala. Il est 15h 35. On a mis 20 mn. On nous annonce 30° au sol. L'escale. A chaque ville c'est une attente de 45 mn. A 16h 15 on re-décolle. 17 hres : Arrivée à Gaoundéré de petites montagnes pointues, comme des cônes, la terre est rouge, c'est sec, le paysage semble paisible et accueillant. 17h 25 décollage
Avec Yannick Noah L'avion s'est un peu vidé. Un groupe de jeunes, t-shirts américains et cheveux longs, fait beaucoup de bruit. Par la suite j'apprendrai qu'il s'agit de Yannick Noah et de sa bande, en vacance au Cameroun, sa soeur, son beau-frère, ses copains. Ils font un circuit avec aussi "Nord Cam Tour" et on les retrouvera aux étapes dans les mêmes hôtels que nous.
Arrivée à Maroua L'avion, lui, repart vers Garoua, et retourne ensuite à Douala. Il est dans les 18 hres. L'aéroport de Maroua est une petite bâtisse au milieu de la brousse. Le calme, le jour qui tombe, les bruits de la nuit. Une ville qu'on aime déjà, qui change tellement de Douala. On avait décidé de s'imposer quoi qu'il arrive pour entrer dans les bus de "Nord Cam Tour". Devant l'aéroport, la bande de Noah fait beaucoup de bruit, met le transistor à fond, se met à danser, les Camerounais autour aussi se mettent à danser… On finit par se faire accepter dans un bus. On pense que tout va s'arranger... Trajet vers la ville. la nuit tombe, les couleurs sont très belles. Il fait nuit quand nous arrivons au Novotel. L'autre partie du groupe est là (ceux qui étaient arrivés à prendre le premier avion. Malheureusement nos ennuis ne sont pas terminés parce que "Nord Cam Tour" n'a toujours pas reçu le télex de confirmation de Maillot. NORCAM TOUR BP 134 Maroua RUC Xavier Tijedra (directeur exploitation NCT) T: 29 10 48
Il faut dire que les télex à Maroua sont... en panne. (déjà, nous, on avait essayé de téléphoné depuis le Novotel de Douala au Novotel de Maroua, et sans y arriver). Et il faut que les télex arrivent déjà à Garoua, pour ensuite être transmis à Maroua... Et encore faut-il le savoir en France ! Les autres, l'autre partie du groupe, ils ont été hébergés la nuit précédente au Novotel, mais le Novotel ne veut plus d'eux. Et ils se sont débrouillés euxmêmes pour trouver huit boukarous (des bungalows, ou plutôt des cases) dans un hôtel africain, pas mal pour un hôtel africain, mais quand même ! C'est loin d'être comparable au Novotel. Les réservations n'étant pas arrivées au Novotel, et comme on est en pleine saison des fêtes de fin d'année, il est complet. (Il n'y a que 52 chambres ici, ce n'est pas les 300 cambres de Douala !). Et de toute façon comme le télex il est cassé, eh bien, on n'a pas de place !
Maroua est une ville très étendue, 5 km du nord au sud et d'est en ouest. La ville s'étale sur les deux rives du mayo Kaliao, à son confluent avec le Zileng. C'est une ville musulmane.
Il y a un grand marché le lundi. Elle est divisée en 60 quartiers foulbés (peuhls) islamisés, un quartier bornouan, et 15 quartiers animistes. Le centre de la ville est réservé à l'habitat foulbé tandis que les quartiers animistes se trouvent sur la périphérie.
Au Relais du Kaliao Nous partons donc pour le Relais du Kaliao, situé tout près. On y va à pied, en suivant le mur. Cet hôtel se trouve près du Mayo Kaliao (la rivière de Maroua, qui est complètement... à sec, c'est un grand trou, le lit du fleuve, et il n'y a pas une goutte d'eau dans la rivière. C'est très paisible. on est en pleine campagne, en pleine brousse, tout semble désert autour. le centre ville est assez loin, il est nécessaire de prendre un taxi pour y aller. Les chambres sont assez grandes, sans moquette, sans meubles pour poser les sacs et les affaires, salle de bain sommaire, pas de carrelage, un lavabo, une douche froide (ce fut le plus dur) et il faut prendre des précautions contre les moustiques, il n'y a pas de climatisation ici. Mais surtout, au milieu de paillotes... une boîte de nuit, "La Calebasse", la meilleure de Maroua dit-on, temple d'Africains. Alors on n'a pu s'endormir qu'à 2 hres du matin, quand ça a été terminé !
Le dîner Une énorme côte de porc, des frites, des haricots verts, et un yaourt On en a tant qu'on veut. Et on avait faim ! Pas eu de déjeuner à midi, juste un triangle de sandwich dans l'avion, car il n'y a pas de repas servi à bord des lignes intérieures au Cameroun.
MAROUA Relais du Kaliao
EXCURSION À MOKOLO ET RHUMSIKI 4 ème Jour - Mardi 21 Décembre 1982
La région de Mokolo groupe un grand nombre de tribus et de clans connus sous le nom général de KIRDI (qui veut dire païen). On distingue toutefois 3 grands groupements :
KIRDI ↘︎ Les Motous
↘︎ Les Kapsikis ↘︎ Les Matakam
Xavier, le directeur de "Nord Cam Tour" à Maroua a été très sympa. Il n'a toujours pas reçu le télex de Paris mais il nous met quand même un bus à notre disposition et un chauffeur, Papa Paul, un bonhomme très sympa, père de neuf enfants, plein de bonne volonté, et qui a la particularité d'avoir une voix châtrée, il a la voix d'une femme. Alors c'est très marrant de l'entendre parler ainsi un Français à l'accent camerounais (les fins de phrases dégringolent et la phrase chante !) Le petit déjeuner a été correct. On a attendu quelque peu mais la voiture est arrivée et on est parti pour notre premier jour d'excursion. ouf ! On fait un petit parcours sur la route et ensuite c'est de la piste. Beaucoup d poussière. les sites sont beaucoup plu dures dans le nord que dans l'ouest, sans être vraiment une catastrophe. On traverse un village Mofou où ils font la cueillette et l'exploitation du coton, et on tombe sur des amas énormes de coton comme on n'en avait jamais vu.
MOKOLO On s'arrête à Mokolo pour le déjeuner. Nous, nous ne déjeunons pas et nous nous mettons à l'écart, près du village, pour manger quelques fruits achetés là : des mangues, deux pour 50 CFA, mais il faut marchander pour arriver à faire tomber la mangue à 25 CFA parce qu'ils nous la proposait à 40. Et des goyaves. Je n'aime pas tellement les goyaves, c'est plein de grains à l'intérieur qu'il est difficile de retirer, et il n'y a pas grand chose à manger, et le goût est fade. Pourtant j'adore le jus de goyave qui lui a beaucoup de goût. Le village de Mokolo est entouré de murs. C'est typique de l'habitat du Nord Cameroun : l'habitat est groupé et entouré de murs alors que dans l'Ouest l'habitat est dispersé et dissimulé au milieu de la nature. Ce village est sans intérêt. Les habitations se nomment des "Matakam". Les cases communiquent entre elles, et ont très peu d'ouvertures.
Les autres du groupe ont déjeuné au "Flamboyant". C'est le restaurant rendez-vous des touristes et le seul endroit où on peut dormir à Mokolo. Et ils ont dû attendre très longtemps pour être servis.
LES KAPSIKIS Nous reprenons la route. Les cases deviennent très pointues, et le paysage un paysage d'éboulis. La terre semble avoir beaucoup remué par là et les montagnes se sont effondrées. Ensuite apparaissent les fameux pics de granit (dykes volcaniques), typiques du paysage de cette région du Nord Cameroun, à la frontière du Nigéria. Les dépliants touristiques disent : "Décor grandiose de dykes et pitons volcaniques" ! La plupart des dykes sont constitués de roches magmatiques, qui se sont injectées à l'état liquide dans des fractures. Ça, ça vaut la peine d'être vu. La route est bien plus intéressante à faire que visiter le village de Rhumsiki. C'est le paysage des kapsikis.
Les Kapsikis Cette appellation désigne en réalité une ethnie venue du Nigéria voisin, l’ethnie des "Kapsiki". Par assimilation on a pris l’habitude d’appeler kapsiki une partie des Monts Mandara particulièrement spectaculaire, habitée par la population kapsiki. C'est un haut plateau où se dressent d'immenses pics de lave volcanique à plus de 1000 m d'altitude. Le plus célèbre pic est l'aiguille de Mchirgué culminant à 1224 m d’altitude.
Sur ces collines dénudées émergent d’étonnants monolithes d’origine volcanique, qui dépassent parfois 200 m de haut. Ce cadre impressionnant est un des plus hauts lieux du tourisme camerounais. A 48 km de Mokolo.
RUMSIKI C'est un attrape touristes. On est assailli par une foule de gosses qui veulent nous servir de guides. Il est prévu de visiter le sorcier aux crabes, et les forgerons et les tisserands... je n'y mets pas les pieds. Il faut se battre pour arriver à se promener seul. On fuit le village et à deux on se dirige vers la montagne pour voir le paysage : les pics qui se dressent isolément au milieu d'un plateau avec des cactus en premier plan et dans le fond sur la gauche, une chaîne de montagne. Nous revenons vers le village. Les cases ici sont plus arrondies, moins pointues que celles des Matakams, plus vastes , regroupées par familles. Chaque femme a sa propre case pour elle et ses enfants. Les cases sont entourées par des murs qui les relient entre elles. Au centre la place des jeux, des enfants, le lieu de rencontre, le grenier. Au milieu du village nous voyons un énorme chapeau de paille posé sur une estrade sur pilotis et qui protège le mil.
Nous rentrons vers 19h 30. Nuit noire.
Dîner : Le gombo ! C'est un plat camerounais. du poulet ou du mouton dans une sauce et servi avec une boule de riz. C'est gluant, comme de l'amidon. Immangeable ! C'est très mauvais. En fait le gombo est un fruit, employé comme légume et comme condiment, et la sauce gombo est très populaire dans toute l'Afrique. C'est la première fois que je découvre le gombo... Je déteste le gombo !
Des gombos Le fruit attaché à sa fleur
Enfin, on nous sert un yaourt... Au lit très vite. Bonne nuit.
L'intérieur du gombo
MAROUA EXCURSION À MORA ET UJILLA 5 ème Jour - Mercredi 22 Décembre 1982 NOVOTEL MIZAO MAROUA BP 2015 Maroua Nord Cameroun T: 29 13 00 / 29 13 04 / 29 13 05 52 chambres 14 000 CFA la double
Réveil à 7 hres. Naturellement, on attend. Alors assez d'attendre, on décide d'aller faire un tour en ville pour faire quelques courses, de moi manger des sandwichs le midi car manger au restaurant prend vraiment trop de temps, et quelques cartes postales.
Des courses en ville On prend un taxi que l'on garde tout le temps de nos courses. Maroua est une ville calme, avec de grandes allées. C'est la campagne. On va à la poste, puis au "supermarché", enfin l'épicerie. C'est assez cher, tout est d'importation : environ 800 CFA la part de fromage (16FF). J'achète une tranche de fromage de Hollande sous cellophane, au moins je peux voir dans quelle état le fromage est : 5,80 CFA. Les petits biscuits c'est hors de prix. Tout vient de France ! Les cartes postales par contre sont très abordables : 60 CFA alors qu'au Novotel de Douala elles étaient à 200 CFA. Ensuite la boulangerie. là le pain est tout frais, des petites baguettes de la grandeur d'1/4 de nos baguettes en France, toutes chaudes et toutes croustillantes, et pas chères (20 CFA). Retour à l'hôtel. On a payé 200 CFA chacun pour toute cette balade.
A 10 hres Papa Paul (notre chauffeur) arrive. Le car a eu un ennui technique, et il est venu nous prévenir. Ouf, on ne nous l'a pas retiré notre car, c'est déjà ça. On attend encore. Et enfin le car est là et on part.
L'harmattan Depuis notre lever nous avons trouvé ce matin un paysage dans un drôle d'état : pas de soleil, le brouillard recouvre tout, comme une journée pluvieuse à Paris, sauf... qu'il fait chaud. Eh bien c'est l’harmattan. J'en avais beaucoup entendu parler, mais ne l'avais jamais rencontré. Je savais que lorsqu'il soufflait du désert, le ciel était toujours gris et qu'on ne bronzait pas. C'est un vent de poussière, qui remue tellement la poussière du sol qu'on se trouve au travers d'un brouillard. L'harmattan est un vent de nord-est venu du Sahara qui sévit à la saison sèche durant un mois sur les côtes sud de l'Afrique Occidentale en janvier, et jusqu'à plus de 6 mois au nord du Sahel (2000 km plus au nord) de novembre à mai. C'est un vent frais, sec et poussiéreux. Il souffle essentiellement dans les pays sahéliens et les régions de savanes. Mais pas dans les zones de forêt où le taux d'humidité est élevé. Évidement le paysage au travers d'un brouillard nous déçoit un peu mais heureusement ça va se lever et ce sera mieux.
MORA On s'arrête à Mora pour déjeuner. Mora est une ville entourée de quelques hauteurs. Elle s'étend à 80% dans une plaine à proximité des monts Mandara. De beaux arbres bordent les avenues. C'est une ancienne ville coloniale. Un marché hebdomadaire s'y tient le dimanche, ainsi qu'un marché quotidien. On fait un tour de marché. Très petit le marché.
Les Mandaras Juste le temps de faire connaissance avec la tribu du coin : les Mandaras et de repérer quelques Kirdis. Ils sont reconnaissables car ils ont la lèvre percée et ornée d'un anneau, et parce que, "eux, on peut les prendre en photo" et "qu'ils sont riches"... C'est le petit gamin qui est mon guide qui me raconte ça. La tradition raconte que le royaume Mandara a été fondé un peu avant 1500 dans les monts Mandara par une reine appelée Soukda. En 1902, le royaume a été conquis par l'Allemagne, puis devint français en 1918. On remonte vers le restaurant où on mange... nos sandwichs au fromage avec une bière. Et voilà qu'on se retrouve avec... la bande de Yannick Noah, lui en train de faire son jogging en survêtement et torse nu dans la cour du restaurant.
UJILLA Le paysage devient intéressant en allant vers Ujilla. On prend une route bordée d'éboulis, et entre les éboulis, des groupes de tarés (cases) entourés de murs et qui se fondent dans le paysage. On arrive au village d'Ujilla. Là c'est la visite organisée pour touristes, mais sympathique. On est attendu. On y est bien accueilli. les femmes du chef, aux seins nus, posent pour la photo devant l'entrée de la case…
Et on fait la visite guidés par un guide du village. On visite la case où sont gardés les tambours d'appel, puis l'étable (sans animaux, et sans odeurs !), la tombe du grand-père et du chef actuel. Puis salutations aux chef, l'époux des 45 femmes. Les femmes nous exécutent ensuite des extraits de quelques minutes de danses traditionnelles, qui, à mon avis se ressemblent toutes. Elles doivent se tenir la pointe de leurs seins tellement ils remuent !
Danse des 40 femmes du Chef
En redescendant d'Oujilla
Un petit tour au fond du village pour voir le panorama... Et puis voilà, c'est le car de Yannick Noah qui arrive ! Ils nous suivent ! Alors nous, on nous expédie. Alors on décide de marcher un peu et on demande au car de nous reprendre sur la route un peu plus loin. Cette marche est très agréable sauf qu'on est très embêté par les gamins qui nous empêchent de photographier même les
cases et le paysage. On n'est tranquille que lorsqu'on a quitté le village au bout d'un certain temps. Le car nous prend alors en route.
Changement d'hôtel En rentrant on va se débrouiller pour essayer d'avoir des chambres au Novotel. On nous a dit qu'on pouvait avoir des chambres le 22 et le 23 (décembre) mais pas le 24 qui est le soir du réveillon, c'est absolument complet. Quant au patron du Kaliao, il ne veut pas nous reprendre le 24 décembre évidemment : il nous dit soit de rester soit de partir carrément. La décision est prise pour nous : on préfère deux nuits de confort et le risque d'une nuit à la rue (la veille de Noël... où tout sera complet). Par contre les plus âgés du groupe, eux, ne sont pas d'accord : "que ferez-vous quand vous serez à la rue" nous disent-ils. Si bien que le groupe se scinde : 3 chambres au Kaliao et 5 chambres au Novotel. On va vite faire nos bagages et se précipiter au Novotel, à pied, dans le noir, en suivant le mur. Les bagages sont transportés en voiture, heureusement.
Au Novotel Quel bonheur ! On est dans trois bâtiments en rez de chaussée dans un jardin, près d'une piscine, avec une porte-fenêtre s'ouvrant sur le jardin, une salle de bain très chouette. Ah quel bain ! Au bar les Hollandais discutent en allemand avec le patron allemand de l'hôtel à propos des chambres du 24 décembre. Le patron a dit "on verra"... On a de l'espoir. Et pourtant à la réception on nous avait dit qu'il y avait 14 personnes sur la liste d'attente. Comme le télex du Novotel est cassé, les réservations ne sont pas arrivées à destination, et voilà… Le dîner est très bon : soupe de légumes, dinde à la basquaise, glace à la framboise !
MAROUA Novotel Mizao Maroua
EXCURSION À MAGA ET POUSS MARCHÉ DE BOGO - CASES OBUS DE MOURLA 6 ème Jour - Jeudi 23 Décembre 1982 Réveil à 6h 45. Départ à 7h 45. Et puis voilà, à nouveau, après avoir fait quelques kilomètres, c'est la panne. papa Paul arrête une voiture sur la route pour aller chercher du secours à Maroua. Nous, n'ayant pas envie de rester là plantés sur la route, nous faisons du stop en petits groupes. Et une chance ! une camionnette bâchée s'arrête. On peut pratiquement tous monter dedans. Seules les plus peureux de l'inconfort décident de rester sur la route à côté du car. Eh bien heureusement qu'elle était bâchée, car même avec ça, on s'emmitoufle tant qu'on peut dans des foulards tellement il y a de poussière qui rentre. On ne voit plus que nos yeux derrière nos lunettes. C'est une vraie seconde peau d poussière que l'on a tellement on est aspergé. Dans quel état on débarque à Bogo !
BOGO Bogo, c'était l'idée qui nous a poussés à faire du stop, car on savait que aujourd'hui il y avait un marché. Et quel superbe marché ! Un spectacle de couleurs. Moi qui me plaignais de voir les femmes habillées trop tristement, dans des pagnes ternes, ici les habits sont somptueux, colorés et élégants. Il y a principalement des Foulbés et quelques Kirdis. On passe au milieu des stands de cruches de terre rouge, les vendeurs de noix de kolo, le marché au bétail (que de cornes !). Les hommes près du bétail portent un habit soudanais, longue djellaba blanche et un petit calot sur la tête. Il y a des "restaurants", enfin des cases où l'on cuit des beignets à la friture. On croise un homme portant un énorme arc musical qui lorsqu'il nous voit nous intéresser à lui se met à en jouer et à chanter, des paroles que j'imagine être "les touristes sont passés dans le marché etc". Il y a plein de gamines qui portent sur leurs têtes des bassines remplies de bouteilles de coca cola.
On fait et on refait le tour du marché. Mais l'attente se fait longue. On finit par s'assoir et attendre.
Autre chose de typique : les taxis collectifs. Des petits cars jaunes où il est inscrit à l'intérieur 'Interdit de cracher, de vomir etc". Voilà notre car arrive. Avec un autre chauffeur qui lui, a décidé... d'aller manger ! Nous, on s'installe à l'intérieur du car. On étouffe de chaud. On est assailli par une foule de gamins qui s'amassent et qui s'accrochent à l'échelle du car à l'arrière. On craint bien qu'ils arrivent à faire basculer le car. Je suis assise dans le fond, et dans le fond, il n'y a plus d'air. Je finis par sortir et aller m'assoir sous un arbre. On cherche notre chauffeur partout, Papa Paul. Et voilà que Papa Paul arrive dans une autre voiture. et enfin on repart. Il est plus que 13 hres. Le paysage devient de plus en plus plat et désolé. On roule en direction de la frontière du Tchad. On la voit même puisque la frontière est le fleuve, le Logone, et qu'on y fait une halte.
Rives du Logone - Frontière avec le Tchad près de Maga
Il fait une chaleur accablante car tout est plat et le sol très clair réfléchit le soleil. Il y a là quelques pirogues faites de troncs d'arbres. Le fleuve est large mais on en voit l'autre rive. On n'a toujours pas déjeuné, mais impossible de piqueniquer ici car on ne peut pas rester dehors tellement il fait chaud.
La piste peut à peu disparaît. On se demande comment notre chauffeur peut s'y retrouver. D'ailleurs.. il s'y perd ! On se retrouve parfois prêts à s'enliser dans un terrain qui n'a rien d'une route. Ici, pas question de goudronner, ça ne tient pas. La "piste" est dure et très poussiéreuse.
MAGA On arrive à Maga, pour y déjeuner. Bar, piscine, mais on n'a pas nos maillots..., et pas le temps d’ailleurs. Les omelettes sont très chères (18 francs français). je mange alors mon bout de fromage et quelques gâteaux français, et je bois une bière (NB : la meilleure est la bière camerounaise la NOBRA. je crois que je la préfère même à la 33 dans la gamme des bières légères).
MOURLA C'est dans ce petit village après Maga qu'on trouve les dernières cases obus (tòlék). Des cases à l' architecture particulière... (en forme d'obus, des murs avec des décorations en relief, et une ouverture au sommet) qui furent les habitations des Massa, une population vivant au Tchad et au Cameroun. C'est un art architectural typique du peuple Mousgoum (qui font partie du groupe des Kirdis).
Image d'Internet
Mais cette sorte de case tend à disparaitre à cause de la tôle ondulée et de habitations modernes. En fait on n'en voit que deux de cases obus, dont une est très bien conservée et très belle. A l'intérieur il y fait très frais. Mais dans ce village on est très mal accueillis. Les gens refusent qu'on prenne des photos des cases, qui se trouvent pourtant en dehors du village. Ils nous disent qu'on ne doit pas photographier "leurs" maisons. Mourla est le village le plus extrême de notre route. Maintenant on prend le chemin du retour.
LA ROUTE DE RETOUR
POUSS On s'arrête à Pouss. Un seul intérêt : le palais du Lamida. On s'arrête à Pouss. Un seul intérêt : le palais du Lamidat. Un Lamidat est une chefferie traditionnelle musulmane peule dans le nord du Cameroun. Le chef traditionnel est appelé lamido. Il vaut la peine d'être vu. Il est de style soudanais, avec des dessins sculptés (croissant de lune) et une enfilade de portes successives dont la perspective est très belle. Mais il est interdit d'y pénétrer ! Ensuite sur la route on s'arrête dans un village choisi par nous au hasard, et nous décidons d'aller le voir sans nos appareils photos. Il est très petit. C'est le type de village familial, de type soudanais, en pisé, avec le grenier à céréales au milieu de la "place". Une vieille femme se met à jouer la comédie de la femme sui pleure : elle nous montre ses vêtements en guenilles en nous faisant comprendre avec les mains qu'elle n'a rien. Un homme nous suit en chantant une chanson qui parle... d’argent.
A l’hôtel On est de retour à l'hôtel à 19h 30. Pour la piscine c'est raté. Il fait nuit et trop frais. Le dîner est à 20h 30. Je me lave les cheveux (au cas où demain on soit obligé de dormir à la belle étoile par manque de chambre et qu'on n'ait pas de douche...) car ils sont vraiment très sales. Le repas a été... dégueulasse ! Soupe de pommes de terre (ça, correct). mais ensuite, du foie ! Moi je n'aime pas le foie et je demande autre chose. On me donne de la dinde, mais
cuisinée différemment que la veille, et elle est moins bonne. Ceux qui ont eu du foie… ne l'ont pas mangé tellement il était coriace. Puis de l'ananas, toujours aussi sucré. Au lit à 22h 30/23h 00.
MAROUA Novotel Mizao Maroua
PARC NATIONAL DE WAZA 7 ème Jour - Vendredi 24 Décembre 1982
On avait décidé comme on ne savait pas si on allait être jetés dehors le soir du réveillon... de faire nos bagages, au cas où le Novotel voudrait enlever nos affaires de nos chambres, mieux valait que tout soit rangé, mais on les laisse dans la chambre sans rien dire à la réception, d'autant plus qu'on partait très tôt ce matin. La veille ça avait été la bagarre avec les vieux du groupe, ils voulaient se lever à l'aube car autrement on ne verrait pas les animaux disaient-ils. Ils avaient d'ailleurs entièrement tord parce que au Parc de Waza on les a vus les animaux, et entre onze heures et midi. Et avant, plus tôt, on n'a rien vu du tout. Donc réveil à 5 hres ! (le jour du réveillon, avec en plus la crainte de dormir dehors cette nuit...) Les autres ils voulaient partir à 5h 1/2... En fait à à 5h 1/2, on prenait le petit déjeuner, et il en faut du temps pour être servi à cette heurelà surtout en Afrique, et on n'est parti qu'à 6 hres, comme nous on le voulait. Ça a été la guerre ! C'est une excursion qu'on s'est payée en extra, car elle ne faisait pas partie du programme. Elle nous a coûté par personne (à condition d'être au moins 10 personnes) 5000 CFA. Pour la voiture, l'essence, le chauffeur + l'entrée dans le parc où là aussi il y a un tarif de groupe (1500 CFA par personne au lieu de 2500 CFA). Mais il faut faire attention parce que si on ne le précise pas, ce n'est pas le gars à l'entrée qui vous le fait remarquer. Il faut insister pour avoir un tarif de groupe. En tout la journée a couté 6500 CFA chacun (130 FF) ce qui est tout à fait correct. + le déjeuner au safari lodge, qui lui est ruineux (3800 CFA, 80 FF). La route pour le parc de Waza passe par Mora, et là on bifurque. La route, à peu près 3 heures goudronnée, et ensuite un peu de piste, bonne. L'entrée du parc représente une case obus. Il faut avoir son propre véhicule, et un guide du parc national monte à côté du chauffeur. Le paysage n'est pas extraordinaire, de la savane herbeuse.
Au début c'était un peu désespérant : rien. Il était bien inutile de se lever tôt ! On avait beau aller vers les points d'eau... Et puis tout à coup le spectacle a commencé, vers 11 hres. Girafes et un éléphant. Et puis tout un troupeau d'éléphants assez important de l'autre côté d'une mare. La chaleur est très forte au parc de Waza. C'est découvert et c'est le Nord.
Au Safari Lodge Ensuite on est allé déjeuner au Lodge. Le lodge se trouve à l'entrée du parc : vue panoramique extraordinaire sur l'immensité du parc, avec en face la seule "hauteur" du parc. Le repas est très cher (3800 CFA). Rosbeef, purée, fruit. Mais ça vaut la peine d'aller y prendre une bière et un sandwich rien que pour la vue. On tient difficilement dehors sur la terrasse tellement il fait chaud. On repart vers 13 hres. Dans cette région les cases sont des tarés sans clôtures.
A L'HOTEL Oh joie ! On nous donne nos clés sans aucun problème, et dans nos chambres les bagages n'on pas bougé. C'est gagné, on reste ! On passera le réveillon au Novotel ! J'ai même le temps cette fois de faire des longueurs d piscine. l'eau est plus froide qu'à Douala.
Une grosse blague Ensuite c'est la grosse blague. Xavier qui imite à merveille l'accent camerounais, a envoyé un courrier au Kaliao pour prévenir les autres que Papa Paul les demande au téléphone à la réception du Novotel. (NB : il n'y a pas de téléphone au Kaliao). On se réunit tous (enfin on est cinq du groupe) dans la chambre de Xavier. Il appelle la réception en demandant à parler avec une personne du groupe NF qui doit se trouver là. Et il raconte une de ces histoire... avec la voix châtrée et l'accent de Papa Paul ! : "Il y a un problème pour demain. Dans l'avion il n'y a de la place que pour trois personnes seulement." Et au bout du téléphone on entend :"oui d’accord". Nous, on est plié en deux dans la chambre. Je ne pensais pas que cela marcherait comme cela. Ensuite on sort de l'hôtel en se cachant, en passant par le jardin et en se faufilant entre les fils barbelés, pour ne pas passer par la réception où les autres se trouvent. Et ainsi on entre dans l'hôtel comme si on revenait d'une balade. Et on est accueilli par "Vous ne savez pas, il y a un problème... Il n'y a pas de place dans l'avion pour tout le monde". Je suis pliée en deux, je craque...
Le dîner Le restaurant est vide quand on s'installe. Il est encore tôt. On n'a pas envie de passer la nuit, on est quand même réveillé depuis 5 hres ce matin. Ensuite ça se remplit. Il y a un sapin de Noël ! avec des guirlandes. Mais aucune ambiance. Les gens mangent, et c'est tout. Que ce soit soir de réveillon ou pas… Le repas était très bon bien que ce soit le "menu touristique" et non le repas de réveillon qui lui coûtait plus de 200 FF. On a mangé une soupe de légumes, du capitaine avec du riz. Le capitaine est un gros poisson de là-as qui donne des filets énormes et sans arêtes, et c'est délicieux. Et en dessert une salade de fruits frais (ananas, papaye etc).
MESSE DE MINUIT À FOUNANGUÉ Ensuite nous avons décidé d'aller à la messe de minuit. Il y en avait deux ce soir, dans chacune des deux missions catholiques de la ville. Une à minuit et une à 22h 30. Nous avons choisi d'aller à celle de 22h 30 car nous sommes bien fatigués et c'est pourquoi nous avons dîné tôt. Cette messe a lieu à Founangué. Nous n'avons aucune idée de l'endroit où cela se trouve. Nous prenons des taxis par petits groupes. Ça nous coûte 100 CFA. C'est toujours 100 CFA ici les taxis ! On arrive, la messe a déjà commencé. Un énorme hall, portes grandes ouvertes. On s'installe à l'arrière. C'est rempli d'Africains, seulement quelques Blancs qui semblent être des gens des missions. Il y a deux prêtres, un qui officie et son aide. Sur le côté un choeur énorme + joueur de balafon et joueur de tam tam. Le prêtre lit des passages de la Bible, parfois sur fond sonore de balafon, c'est très, très beau. Ces sermons sont coupés par des chants, un peu du genre negro-spirituals. Ensuite vient le grand sermon dont la partie la plus spectaculaire a été :
"Aujourd'hui nous sommes en relation télex avec Dieu !" On dirait que le problème du télex c'est vraiment quelque chose au Cameroun ! A la fin de la messe le prêtre demandé que tout le monde se serre la main en se souhaîtant la paix. Et les Africaines qui étaient devant nous se sont retournées et nous serrent la main. Le curé passe au milieu de l'assistance et nous serre la main… Nous sortons. Dehors on entend des gens qui chantent dans une grande salle à côté. C'est la fiesta. Nous sommes crevés et nous prenons le premier taxi collectif et rentrons à l'hôtel.
DE MAROUA À DOUALA Sawa Novotel ouala 8 ème Jour - Samedi 25 Décembre 1982
MAROUA Matin de Noël. temps magnifique. Matinée passée au bord de la piscine du Novotel, à s baigner et à bronzer. Et de temps en temps on essaye de réaliser que c'est le jour de Noël... en Afrique… Puis nous partons pour l'aéroport. Le vol est prévu à 13h 30. Les enregistrements se font sans problèmes. Nous mangeons quelque chose au restaurant de l'aéroport (des oeufs sur le plat au jambon et une bière) car nous ne sommes pas certains d'avoir quelque chose à manger dans l'avion. Et on a bien eu raison, car on n'a rien eu. Et voilà que l'avion est à l'heure ! On doit terminer notre déjeuner à toute allure. L'avion n'est pas plein, c'est le jour de Noël, évidemment, il faut être fou ou touriste pour voyager le jour de Noël. On fait MAROUA - GAROUA - YAOUNDÉ - DOUALA.
DOUALA Arrivée à Douala à 16h 20. A l'heure ! Il fait très humide, quel changement de climat. Alors maintenant surgit l'anxiété : y aura-t-il quelqu'un pour nous accueillir ? Et oui... un représentant de TransCap et un bus nous attendent.
Dominique, un chauffeur Bamiléké de m... Victoire ! Non pas encore car nous aurons encore beaucoup de problèmes avec ce chauffeur-guide, Dominique, un Bamiléké de surcroit, qui déjà veut nous faire suivre un circuit qui n'est pas celui décrit dans la brochure NF. On descendra dans des hôtels de classe inférieure du fait qu'on ne passera pas les nuits dans les villes où se trouvent les bons hôtels, mais dans des villes où il n'y a rien de mieux que.. ce qu'on aura. En plus, ce Dominique, il a ce tempérament Bamiléké : têtu, impossible d elle faire changer d'avis, impossible d lui expliquer que son trajet est illogique et qu'on pourrait faire moins de kilomètres en faisant autre chose... On lui dira de faire "ça" et lui, il fera "ça", quelque soient les justifications les plus raisonnables soient elles. En plus avec lui il est impossible d'avoir une réponse claire à une question claire. Dominique passera son temps à tourner autour du pot, et ne voudra JAMAIS répondre à nos questions. Il faudra le suivre les yeux fermés et ne pas exprimer nos volontés. Alors évidemment la semaine a été chaude ! Bon, déjà, premier ennui : deux bagages sont manquants à l'arrivée à Douala. ils sont certainement partis sur Yaoundé. Seulement il faut qu'on parte. Alors les deux personnes sans bagages vont voyager pendant une semaine sans leurs vêtements à part ce qu'ils portent sur eux. Heureusement ils retrouveront leurs bagages en fin de circuit au moment du départ pour Paris. Autre contre-temps : Nous qui devions filer directement à Victoria, à l'hôtel Atlantic Beach, eh bien non, on nous loge au Novotel de Douala. Ce qui nous fait perdre du temps sur notre circuit. On prend du retard, quoi ! Et de ce fait évidemment toutes les étapes vont être changées. Ça, ça vient certainement du fait que les télex ont dû arriver trop tard et que les hôtels sont pleins.
Au Novotel Donc direction le Novotel pour la énième fois. on n'a pas à se plaindre car c'est un hôtel très agréable. Je commence à descendre immédiatement à la piscine à 5h 45 et y reste jusqu'à la tombée de la nuit, à faire des longueurs et de longueurs, dans une eau très, très chaude. Et extérieurement il fait aussi très, très chaud et c'est très agréable. Cette grande journée de baignades en piscine m'aura été très profitable pour me reposer. On a une chambre où pour une fois la climatisation est réglée, et tiède. A la télévision passe un film "Le Général Pattern", puis ensuite un autre "Un flic" avec Alain Delon (très bête). On dîne et on se couche vite.
L'OUEST CAMEROUN BAFOUSSAM President Hotel 9 ème Jour - Dimanche 26 Décembre 1982 Nous partons pour l'Ouest du Cameroun. (Après avoir attendu le chauffeur, et ensuite être passé par l'aéroport pour voir si les bagages perdus n'étaient pas arrivés... et ils n'étaient pas arrivés…) Nous partons ne direction de Bafoussam, l'une des grandes villes centrales de l'Ouest, c'est le chef-lieu de l'Ouest du Cameroun. Du coup nous squizzons toute la route vers la côte et Victoria et que nous coupons en biais.
Première surprise : l'Ouest, c'est tout rouge La terre est faite de décomposition de roches volcaniques basaltiques, ce n'est pas d cela altérité, c'est un sable rouge, de la poussière rouge plutôt, parce qu'ici la poussière vole peut-être moins que dans le nord parce que le sol est humide, mais elle "tient" à la peau, et il faut frotter au savon sévèrement ! C'est donc une région volcanique avec d'anciens cônes érodés. On dit que cela ressemble à l'Auvergne... ? Pas vraiment... les bananiers en plus, et la végétation toute différente, sans parler des gens et des maisons. C'est un pays très humide, pas en ce moment mais la terre rouge cependant est toujours imprégnée d'humidité. Donc c'est une région où la végétation est exubérante : bananiers (rouges de poussière), caféiers en fleurs, et le paysage est tout vert. Le contraste vert/rouge est très beau.
Plus rien de l'héritage colonial Il y a des maisons ici et pas des cases. Des maisons rouges faites de la terre du pays, et ayant un petit côté style colonial anglo-saxon, Afrique du sud, Australie. Il y a aussi quelques maisons héritées de la conquête allemande, dans un style très allemand. Quant à l'imprégnation anglaise, il n'y a plus que deux infimes provinces où l'on parle encore l'anglais (ou plutôt le pidgin, mélange d'Anglais et de la langue locale) : dans le nord-ouest dans la région de Bali, et au sud à Victoria, mais où les fameux shorts courts des policemen ont disparu, et où il ne reste plus rien de la couleur anglaise. Ce n'est plus qu'un village africain, pauvre et sale.
Nous déjeunons à Nkonsamba. Bouffe correcte mais ville minable.
Le pays Bamileke Le peuple Bamiléké est installé dans l'ouest du Cameroun, dans une zone enclavée, sur des hauts plateaux, à plusieurs dizaines de kilomètres du Nigeria. Leur origine remonte au 12 ème siècle, mais ils se sont installés par vagues successives". Les Bamilékés vivent au sein de chefferies, avec une hiérachisation précise de la communauté. Une centaine de chefferies sont réparties dans cette région. On les reconnaît à leurs portes d'entrée gigantesques avec des toits coniques. Culte des ancêtres et des totems, justice coutumière, importance des symboles : les Bamilékés sont attachés aux traditions.
Les Bamilékés ont perdu une partie de leur patrimoine lors de la guerre d'indépendance au Cameroun. Les nationalistes étaient nombreux parmi les Bamilékés, ils ont pris le maquis contre les colons français. La répression de l'ancienne puissance coloniale puis du nouveau président Ahidjo a été terrible. Des chefferies ont été brûlées, des palais royaux détruits, et les Bamilékés massacrés. Difficile d'établir un bilan précis : les chiffres varient entre 10 000 et 300 000 morts selon les sources
La Chefferie de BANDJOUN Avant d'arriver à Bafoussam, nous allons visiter la Chefferie de BANDJOUN. On est à une vingtaine de kilomètres de la capitale de Bafoussam. Elle constitue la plus imposante et la plus belle chefferie du pays. Il existe une autre chefferie, la chefferie de Bayangam, très importante, à 25 km. Une chefferie est une sorte de micro-état qui possède ses propres institutions politiques et sociologiques. Elle est gouvernée par un chef, issu de la noblesse locale. Il possède de nombreux pouvoirs : à la fois religieux, économiques, administratifs et politiques. Il joue également le rôle de juge et d'arbitre en cas de conflit. Pour prendre ses décisions, il est assisté d'une assemblée de notables.
Par "chefferie" on désigne également la résidence du chef du village, de ses femmes et serviteurs. Celle de Bandjoun est particulièrement remarquable. Elle est constituée de plusieurs cases traditionnelles, bien alignées. Elle sont reconnaissables par leur toit le toit en tôle, de forme cônique. Le plus impressionnant est la grande case qui domine le village. Elle mesure 17 m de haut et sert de lieu de réunion encore aujourd'hui pour le chef et son assemblée de notables. Elle est constituée de piliers sculptés de manière fine soutenant un lourd toit de chaume de forme conique.
L'intérieur se visite. Aujourd'hui le chef habite une résidence moderne juste à côté de la grande case. On peut également trouver un musée dont la collection présente plusieurs d'objets représentatifs du patrimoine culturel et artistique de Bandjoun (trônes royaux, masques et objets perlés, étoffes à motifs énigmatiques). Source : https://www.cityzeum.com
C'est un endroit superbe. Malheureusement nous arrivons un peu tard. Une grande allée avec des femmes de chaque côté conduit à la Grande Case, entourée de piliers sculptés de statues et de motifs géométriques. Une splendeur artistique (pour une fois en Afrique). Mais il faut payer 500 CFA pour pouvoir prendre des photos.
Ensuite nous visitons le musée qui est très intéressant : des trônes ornés de perles, des masques, des instruments de musique (tam tams). Mais on est très mal reçus par le personnel d'accueil et de surveillance du lieu : disputes
BAFOUSSAM Nous allons à l'hôtel Président, à Bafoussam, l'hôtel "super luxe" de la ville... Enfin ce qu'il y a d mieux ici, et... ce n'est pas brillant… On a un peu de temps et nous allons faire une promenade en ville.
La ville est très étendue et nous sommes partis à pied. Il y a de l'animation, des magasins. Il y a deux salles de cinéma à Bafoussam, alors nous cherchons les cinémas, envie de savoir ce qu'il y a à l'affiche, mais ils sont à l'autre bout de la ville. En général au cinéma on paye sa place pour assister à la projection de deux films différents qui se suivent. Au programme à Bafoussam un film de karaté chinois et "L'Arnaqueuse" avec Ursula Andress. Nous n'irons pas au cinéma cette fois-ci. Nous prenons un taxi pour rentrer car on avait beaucoup marché (100 CFA chacun) et cela faisait une sacrée distance). Le dîner : avocat vinaigrette, mouton en sauce, riz, ananas.
BALI Safari Lodge 10 ème Jour - Lundi 27 Décembre 1982
Nous quittons Bafoussam pour Bali. Le paysage change : la couleur rouge disparaît peu à peu et laisse place au noir, couleur de la cendre, et aux petits cônes volcaniques. Puis la végétation devient plus sèche et plus herbeuse. Le paysage ici est un paysage de collines. On dit que cela ressemble à l'Auvergne, pas vraiment... Les maisons évoquent les Antilles, l'Afrique du sud. le paysage est rouge. Les gens ont un tout autre type, plutôt créole. Ici on parle anglais et "pidgin" (mélange d'anglais et de "Bali" la langue d'ici. Tous les 10/15 km il y a une langue différente, alors l'anglais sert de langue commune.
BAMENDA Nous visitons le centre artisanal de Bamenda. Un peu réticents au début (visite organisée de centre artisanal !!) mais nous changeant d'avis car on y trouve des tas de petits cadeaux pas chers à acheter, à un prix fixe et pas cher. Mais les statuettes de bronze et de bois sont laides et hors de prix.
AU SAFARI LODGE DE BALI Nous arrivons au safari Lodge de Bali. Là le paysage a retrouvé ses couleurs rouges. L'hôtel est situé au milieu d'un site magnifique de collines rouges, de verdure, et de petites maisons rouges. On est dans l'une des minuscules provinces de l'Ouest Cameroun où l'on parle encore anglais. (L'autre étant la région de Victoria au bord de la mer). L'hôtel est perdu au milieu de la nature, au milieu d'un parc planté de fleurs. Mais la piscine mentionnée dans le guide, hélas, n'est qu'une mare d'eau naturelle où il est "dangereux" de s'y baigner pour les occidentaux (on nous le déconseille même à la réception). L'intérieur de l'hôtel est très confortable, style chalet, avec des balcons de bois, et des chambres agréablement décorées (mais sonores) et un personnel très aimable. Alors quitte de baignade, on bronze ! Un délice, dans de grandes chaises longues. Je quitte un moment le farniente pour aller déjeuner. Gazelle et pommes dauphine... C'est correct la gazelle, on sent bien que c'est du gibier mais ce n'est pas fort ni coriace, et c'est plus foncé que du poulet. C'est servi cuit dans une sauce qui fait ressembler le plat à du bourguignon. En dessert, crème caramel. L'eau, c'est de la Contrexeville, alors je ne bois pas d'eau, et je prends un jus de fruit en boite. Nous faisons encore un peu de bronzage et de farniente, c'était bien nécessaire. Et puis il est prévu une excursion à la chefferie de Bafut. Reprend la route, reprendre une longue piste, l'excursion dure toute l'après-midi. Je n'ai vraiment pas envie d'y aller... Et je crois d'après ce que l'on m'a raconté (des
disputes d'argent pour pouvoir prendre des photos...), à voir les photos que j'ai vues par la suite ... une chefferie très quelconque sans piliers sculptés ni statues, un charmeur de serpent qui met le serpent dans son pantalon..., bref je n'ai rien raté. Moi j'ai préféré poursuivre mon farniente, et vers 15h 30, quand le soleil est un peu tombé, nous sommes partis à trois faire une promenade à pied vers le village de Bali. Et cela a été riche d'expériences !
BALADE JUSQU'AU VILLAGE Nous sortons de l'hôtel et traversons la route. En face débute une piste que nous empruntons, car il est impossible de marcher sur la route tant il y a de voitures et tant la poussière rouge vole et nous recouvre. Nous croisons des enfants qui nous disent habiter au village et nous pensons donc que cette piste devrait bien conduire quelque part. De chaque côté des chemins mènent à des habitations, des maisons plutôt agréables au milieu de jardins. Sur la droite un chemin mène à une église baptiste. C'est très agréable de marcher sur cette piste, on se croit en pleine forêt africaine. Au bout de la piste, oui, on débouche sur le village. Un gros croisement de routes, des maisons. Il y a une épicerie, plutôt un débit de boissons, et nous avons très soif d'avoir marché. Seulement il n'y a que des boissons "chaudes". "We don't need any fridz, it's a cold country hère !" nous dit-on. Du coca chaud ou du Schwepps chaud ! Mieux vaut encore du Schwepps. Surtout que la bouteille est très grande. On paye 120 CFA. Nous buvons au goulot. Et nous passons quelques moments très agréables qui nous font rencontrer plein de gens, l'épicier et sa fille, une femme et son bébé, et un vieux monsieur qui vient s'assoir près d émoi et qui parle très bien l’Anglais. Il me raconte qu'il a fait la guerre avec la British Army. Il a été en Inde, en Egypte. Il a combattu les Japonais en Birmanie. Puis il demande à être ris en photo avec moi, mais pas à moi directement, alors que pourtant j'avais l'appareil photo en bandoulière, mais au copain qui nous accompagnait, qui, lui, n'avait pas d'appareil photo... Et il lui demande de la lui envoyer la photo...
Nous quittons "le bar" et continuons un peu sur la grande route. mais les voitures qui passent nous aspergent tellement de poussière que nous rebroussons chemin. A chaque fois qu'une voiture passe nous courons à toute allure vers les côtés de la route, et nous nous retrouvons souvent à l'intérieur des terrains des gens, et alors, tout le monde veut nous serrer la main. Près de leur maison, là trois femmes assises décortiquent le maïs. Nous repartons vers la petite piste. une vieille femme nous arrête et nous fait comprendre que le copain qui est avec nous devrait fermer sa chemise, que c'est indécent… Nous prenons la piste. Nous allons voir la mission baptiste qui n'est qu'une église de bambou avec un toit de feuilles et des bancs de bois alignés, mais avec un certain charme. il n'y a personne là. Puis nous croisons quelque cases très belles, avec une barrière et un portique à l'entrée, et des fleurs. Il y en a une qui a derrière, dans le jardin, une douche "solaire" : une douche précaire installée dehors, c'est à dire reliée à un tonneau d'eau placé en haut, qui lui doit recevoir la chaleur du soleil et chauffer l'eau. Donc l'eau doit être tiède. Nous croisons beaucoup de gens. c'est l'heure où le soleil tombe et où ils vont rentrer dans leurs maisons. Tous s'arrêtent à notre passage et nous disent bonjour.
A L’HOTEL Nous sommes de retour au lodge à 17h 20. Ceux qui sont partis à Bafut ne sont pas encore rentrés. Nous prenons un Martini sur la terrasse. Il ne coûte que 4F 50, c'est pas cher. Mais très vite, dès que la nuit tombe et que les lumières s'allument, je suis assiégée par les moustiques, dévorée en quelques secondes, et je rentre dans ma chambre. Le dîner : Soupe aux oignons très poivrée, dinde aux marrons et aux choux rouges, salade de fruits.
BAMENDA - DSCHANG Centre climatique de Dschang 11 ème Jour - Mardi 28 Décembre 1982 Bali. J'ai été réveillée par le coq ! Et la lumière car il n'y a que des rideaux aux fenêtres, pas de volets. Départ à 9 hres.
En panne A peine sommes-nous partis que c'est la panne. Nous faisons du stop par petits groupes comme d'habitude. Je monte avec ma copine dans une super voiture appartenant à des Français (qui étaient d'ailleurs au lodge de Bali) et qui vivent au Cameroun, près de Victoria. Et comme leur fils qui, lui, fait ses études en France est venu passer ses vacances de Noël avec eux, ils se promènent, en vacances. Ils nous racontent pas mal de choses sur les attitudes à avoir avec les Camerounais et comment comprendre le "Il fait chaud patron" qui veut dire "Donne-moi la pièce pour aller boire une bière !". Ils nous emmènent jusqu'à Bamenda où ils vont, eux aussi, visiter. Et la journée s'est donc passée à Bamenda du fait de la panne.
BAMENDA
Une ville, la poussière, la poste, le musée (masques, statues, objets, WC gratuits...), la bibliothèque où j'ai passé toute la fin d'après-midi à lire un livre d'Histoire du Cameroun avec des dessins pour les enfants, très instructif. Les bâtiments de la bibliothèque sont au milieu d'espaces vers au milieu de la ville, et nous restons assis là des heures.
RESTAURANT LOCAL Bamenda nous donna l'occasion de tester les restaurants locaux ! Il n'y a en fait qu'un seul restaurant, qui s'appelle le "Restaurant Central". Bamenda me donnera aussi l'occasion d'avoir mon premier dérangement intestinal ! J'ai mangé pourtant ce qu'il y avait de plus sûr, une omelette potatoes (frites). Mais que c'est gras ! Les autres ils ont pris un cari de poulet (poulet de couleur foncée) et une espèce de bouillie de tapioca que l'on trempe dans la sauce. le café est très liquide et la tasse est énorme.
Mais on a été très bien reçu. On a payé chacun 700 CFA.
Il fait très chaud dehors, à 2 heures d l'après midi, et on a donc passé notre après midi à l'intérieur de la bibliothèque.
DSCHANG A 14h 30 le car arrive. et de ce fait on n'aura rien vu de Dschang (piscine etc) car on arrive à Dschang à 18 hres. Dschang est une ville historique et universitaire, en pays Bamiléké, à environ 1400 m d’altitude sur le versant sud-est des monts Bamboutos. Elle est la deuxième grande ville de la région après Bafoussam. C'est un nom bizarre Dschang. L’origine du nom serait une contraction du mot "Tsah Tsang" qui signifie "terre à palabres". Autrefois ces terres étaient un domaine disputé par deux chefferies voisines. Le nom Dschang se traduit par "différend" dans la langue locale. Dschang a été découverte par une mission militaire allemande en 1895 par l’allemand Zingraft. La mission allemande s’y installe définitivement en 1903. La ville passera ensuite sous contrôle britannique de 1919 à 1920, puis sous administration française jusqu'à l’accession du Cameroun à l’indépendance (1960). Située en altitude et bénéficiant d’un climat plus frais et moins humide, la ville est rapidement devenue un site recherché par les européens qui pouvaient ainsi récupérer du climat tropical de Douala. C’est la raison de la création du centre climatique construit en 1942 par la compagnie nantaise des chargeurs réunis. Un hôtel d’une cinquantaine de chambres réparties dans 23 bungalows à l’écart de la ville et donc propice au calme et au repos,. Il a accueilli le premier congrès de l'Union des populations du Cameroun en 1950 et servit de point d'acclimatation et de repos des colons et militaires français d'Afrique centrale. Il a connu ses heures de gloire dans les années 60 et par la suite un déclin lent mais régulier. Cette station climatique constitue aujourd'hui la base pour promouvoir Dschang en tant que destination touristique. Des pavillons individuels d'une, deux ou trois pièces, et son centre équestre.
LE CENTRE CLIMATIQUE DE DSCHANG 51 chambres dans des boukarous Tél. +237 2 33 45 10 58
Il fait froid. C'est très décevant. Les bungalows sont très vétustes, ils datent de la guerre. Chaque bungalow comprend deux logements : un appartement + une chambre et les WC communs sur la véranda… Les bungalows sont très dispersés dans un grand parc et beaucoup de ces bungalows ont des grands lits matrimoniaux, ce qui fait qu'on a changé de bungalow et du arpenter les allées du parc. Nous obtenons une chambre minuscule, deux lits, pas d'espace, un lavabo et la douche "dans" la chambre, mais sans salle de bain, on peut à peine se remuer. En plus il y a une araignée… Il y a une piscine qui a l'air correcte mais dont on ne profitera pas, on est arrivé à la nuit. On prend un Martini au bar. Il y a un orchestre de balafon, pas traditionnel mais qui joue bien.
La soirée Le dîner : le restaurant est minable, la bouffe détestable. Soupe (ça c'est potable), puis du poulet, du choux vert, des pommes de terre et en dessert des choux à la crème. Ça aurait pu être un bon repas, mais ce n'était pas bon. Ensuite nous regardons un peu la télévision dans le lounge. L'hôtel fait partie de la chaîne Novotel mais il n'y a pas de Tv dans les chambres, c'est bien trop vieux… Il y a, à la TV , le film "Une journée particulière". J'ai bien aimé ce film, mais je l'ai déjà vu. Et je suis complètement crevée. Alors je vais au lit à 21h 30.
Et voilà que nous découvrons que nous avons des voisins dans l'appartement d'à côté, et qui ont des enfants qui font un bruit du tonnerre jusqu'à plus de 22h 30/ 23 hres....
FOUMBAN - NKONGSAMBA Hôtel du Mungo 12 ème Jour - Mercredi 29 Décembre 1982
Dschang. Réveil 6 hres. Les portes de la chambre et des WC grincent. Les voisins d'à côté râlent. Ils nous ont empêché de dormir hier soir, ce matin on les réveille ! Et pas exprès en plus. 6 hres il fait nuit. C'est très dur de se lever. Mais en deux minutes il fait jour. On prend le petit déjeuner à 6h 30. C'est très bon. le café c'est la seul chose bonne dans cet hôtel. On nous met des vraies cafetières en pyrex sur la table, et on se sert à volonté. Départ 7 hres, mais en fait 7nhres 15 car il faut prendre tout le monde à chaque bungalow car le parc est trop grand pour que chacun porte sa valise jusqu'au restaurant.
Le matin sur la piste rouge, les gens à la queue le leu, avec des paniers sur la tête, descendent vers la ville. Il y a plein de monde. On fait un arrêt à FOUMBOT Parce qu'il y a le marché. pas terrible. N'dolé, ignames, clémentines... Les avocats coûtent 400 CFA le panier (au moins 10 kg dans ce panier !).
FOUMBAN Puis nous arrivons à Foumban. La ville se situe sur un terrain accidenté à 1200 m. Ici on est en pays Bamoun. Le royaume de Bamoun existe depuis plusieurs siècles, ce qui explique la grande richesse culturelle de cette région. Il est dirigé par un sultan. Foumban est la capitale de ce royaume. C’est une très jolie ville. On y trouve le palais du sultan, ancienne résidence des rois Bamouns devenu un musée. Le nom "Foumban" vient de "Fembèn" (="Ruine des Mbèn". Mbèn renvoie à un peuple qui occupait le territoire de la ville de Foumban avant l’arrivée des bamouns. Ils seront réduits en esclavage à la suite de la guerre qui va les opposer aux bamouns. Foumban naît sous le règne du premier souverain NCHARE YEN venu de l’actuel Adamaoua. Ayant vaincu tour à tour les roitelets sur son itinéraire vers Foumban, il choisira de s’installer sur le site actuel en chassant à coup de machettes et des flèches, les autochtones appelés les "Mbèn"et en donnant à cette ville le nom de "Fom Pa Mbèn" c'est-à-dire "Fombèn" ou "ruine des Mbèn". Par la suite, tous les rois conquis dans l’arrière pays lui feront désormais allégeance et des chefs de communauté seront désignés et installés en plus des chefs vaincus qui vont conserver leurs sites, leurs us et coutumes et leurs traditions.
La rue des artisans On nous arrête d'abord au "centre artisanal". L’artisanat est ici la principale source d’emploi. C'est en fait une longue rue où se trouvent installés de chaque côté des artisans. Pas d’intérêt.
Le musée des arts et de la tradition Il y a là un musée qui lui est assez intéressant. Il raconte l'histoire de l'un des plus anciens royaumes de l'Afrique noire, au travers de plus de trois mille objets d'art et pièces historiques de la culture bamoun, dont certains vieux de plus de 600 ans. Il y a des masques, des scènes reconstituées. La ville de Foumban compte deux grands musées, celui-ci le musée des arts et de la tradition du quartier artisanal et le musée du palais des rois bamouns. Nous descendons à pied par petits groupes jusqu'en ville. Le paysage est très rouge.
Les costumes des femmes sont très colorés, et elles sont en plus très belles, avec des yeux orientaux en amande. Nous faisons un tour au Palais du Sultan. Joli vu de loin mais rien à voir à l’intérieur.
Le marché Puis en avançant vers la mosquée, construite en 1956 (sans intérêt, de belles portes sculptées en acajou), il y a autour un marché superbe. Il a lieu le mercredi et le samedi. Nous avons de la chance. Nous passons toute la matinée dans ce marché. Nous y faisons beaucoup de photos.
Notre copain n'arrête pas de draguer tant il est fasciné. Mais la seule façon de se faire prendre en photo avec l'une d'elles, c'est de demander la permission au père, elles sont en fait très jeunes, 15/16 ans, et de dire que c'est pour un souvenir, et qu'on enverra la photo.
Déjeuner Nous allons ensuite à pied jusqu'à l'hôtel Beauregard où nous allons déjeuner. Dans cette ville, même sans plan on se retrouve aisément, en demandant quelques renseignements parfois.
Le déjeuner : poulet coriace (comme tous), avec des frites. Re-balade ensuite au marché
Le Palais du Sultan
Image d’Internet
Le Palais royal de Foumban, où le roi des Bamouns réside encore de nos jours, a été construit en 1917. Le musée du Palais raconte l'histoire de la dynastie des rois Bamoun de 1394 à nos jours, avec des informations sur le plus célèbre des rois bamoun, Ibrahim Njoya, décédé en 1933, qui créa à la fin du 19 ème siècle, un système d'écriture appelé l'écriture "shü-mom". C'est l’un des rares systèmes d’écriture développés en Afrique noire sans aucun apport extérieur, à partir d’une base de pictogrammes naturels associés à des lettres d’un alphabet original.
Ecriture "shü-mom Images Internet Wikipedia
Nous visitons le Palais du Sultan, pas passionnant. Le corps du bâtiment a deux étages, avec un rez de chaussée avec dses arcades. L'extérieur : deux tourelles carrées surmontées d'un portique en tôle ondulée donnent accès à une vaste cour plantée de palmiers, et en partie pavée de briques de latérite. Au centre se trouve la tombe de Njapudunké, grand-mère de l'actuel sultan. L'épitaphe est gravée en signes bamouns. A l'intérieur une vaste salle (Nda Ruop) de 15 m sur 10 m, soutenue par quatre énormes colonnes de briques, de chaque côté, des escaliers en bois à double révolution. Au musée les objets retracent l'Histoire des rois Bamoun. Face à l'entrée une baie offre un superbe panorama.
Foumban, en fait, je trouve que c'est une ville intéressante non pour ses monuments mais pour les gens qu'on y rencontre. Je rentre dans une boutique de souvenirs (la 1 ère ou la 2 ème sur la droite en sortant du Palais du Sultan). Il y a une remise au fond que le marchand me montre. Et là, il y a de super masques. mais le beau, là-haut, il le vend 6000 CFA… La chaleur est très forte. Nous reprenons la route à 15h 15. On se dirige vers NKONGSAMBA.
NKONGSAMBA
L’hôtel du Mungo On arrive à Nkongsamba à 19 hres à l'hôtel du Mungo. Ce n'est pas le grand luxe. D'abord c'est la bagarre parce qu'ils veulent nous donner des chambres à grand lit, soit-disant qu'il n'y a plus que cela. Les premiers servis ont eu des twins. Je m'insurge violemment en refusant catégorique une chambre à grand lit, en leur disant "c'est votre problème", et ultime prétexte qui fut plus efficace : "c'est indécent dans mon pays de dormir avec une femme"… Et tout d'un coup des chambres se sont miraculeusement libérées, et nous avons eu du coup des chambres individuelles... avec grand lit… Oh, mais qu'est-ce qu'il fait chaud dans cet hôtel ! Aussi je n'avais pas trouvé qu'il y avait dans la chambre un bouton pour mettre en marche la climatisation... Et la salle de bain n'est pas propre. Les chambres sont grandes et l'hôtel est très grand. Il y a des corridors partout. C'est un labyrinthe, on s'y perd.
Le dîner Le repas est bon : avocats, escalope de veau, frites, haricots verts, petits pois et ananas. Et très copieux.
Au cinéma Nous faisons l'expérience du cinéma africain que nous voulions déjà faire depuis longtemps. Encore faudrait-il trouver un film un peu regardable. Nous prenons un taxi (100 CFA) jusqu'en ville.
On y joue "La fièvre du samedi soir" et "Panique à Hong Kong". Ici c'est spectacle continu. La salle de cinéma est très grande. Nous prenons les places les plus chères, au balcon. Ça sent l’urine. Ce qui est marrant c'est que les Camerounais commentent à voix haute les films. Alors "La fièvre du samedi soir", ça ne les a pas tellement marqués, cela devait évoquer des problèmes bien éloignés de l'Afrique. Par contre "Panique à Hong Kong"... Quand il s'agit d'une histoire de bons et de méchants, et où la loi est représentée par un détective noir, alors on entend... "Attention il va la tuer"... "Oh elle est morte... elle a pas de chance"... "Oh les billets y sont faux"... "donne-moi les billets"... Le spectacle est vraiment dans la salle !
Retour à l'hôtel par le bus de l'hôtel qui se trouvait là par hasard. Nous arrivons à l'hôtel à minuit moins le quart. je n'avais jamais atteint ce record depuis que je suis au Cameroun. Dans la chambre le climatiseur fait un bruit impossible, je suis obligée de l’arrêter.
RETOUR EN FRANCE 13 ème Jour - Jeudi 30 Décembre 1982 Nkongsamba. Réveillée à 5h 35 au lieu de 6h 30 prévu : c'est une erreur du gars qui était à la réception... Je suis la première à arriver au petit déjeuner et il n'y a personne. J'ai cru que ma montre s'était encore arrêtée. C'est bien ma chance, après s'être levé à 6 hres la veille et s'être couché à minuit ! Le café est horrible. Nous prenons la route pour Victoria. On traverse des plantations d'hévéas dont la récolte se fait dans des sacs plastiques mais encore aussi avec des gobelets. On prend des pistes !!! Tout ça pour aller voir une plantation de thé, de hauteur minuscule, sans intérêt. En arrivant vers BUEA, on voit apparaître le Mont Cameroun (4000 et quelques mètres). Mais seulement les pentes, pas le sommet, il y a trop de nuages.
BUEA Décevant. petit marché, coiffeurs avec des pancartes rigolotes.
VICTORIA Farniente On descend à l'hôtel l'Atlantic Beach Hotel. Mais seulement pour y déjeuner et y passer l'après-midi. Nous aurions dû y dormir mais... C'est avec regret car il semble bien plus avenant que l'hôtel qu'on avait eu à Nkongsamba. Quand on arrive on trouve l'endroit très reposant. Le restaurant est sur une terrasse, vue sur la mer. Il y a un petit vent frais. Le repas est correct : avocat en salade, rosbif, ananas. Puis repos, bain (dans la piscine car l'océan n'est pas praticable, il y a une usine en face qui rejète de l'oil (de l'huile) et il y a une de ces traînées d'huile sur l'eau, juste au niveau de la plage. Bronzing dans le transat. La plage est minuscule. Il fait très chaud en plein après-midi et on passe le temps entre bronzage et piscine. On a eu de très rares moments de repos comme cela. Puis nous allons à l'autre hôtel, annexe : le Miramar, qui se trouve à 5/10 mn à pied. La piscine est plus petite mais plus propre. Et il y a moins de soleil. Visite d'un bungalow : correct, spacieux. Pas le grand luxe quand même. Puis on se balade. On va au "Jardin tropical". Bof, seulement des arbres, rien de très tropical, un fromager par ci par là. Puis on longe la rivière jusqu'au bout car il est impossible de la traverser, il n'y a pas de pont. Le seul pont se trouve après le court de tennis (Camerounais en tenue blanche).
La ville Nous voulons aller voir la ville de Victoria, cette fameuse ville qui a gardé les traces de la colonisation britannique, où les "policemen" portent encore le short colonial... Nous prenons un taxi car cela nous semble bien loin. 100 CFA par personne. Eh bien c'est très décevant : il n'y a plus de policemen en shorts, la ville n'est qu'un sordide village très étendu en longueur, et très sale. Une ville très africaine. Plus aucune trace de civilisation anglaise. On boit une bière dans un débit de boisson où on me refuse un billet trop "neuf" que j'avais eu en changeant un peu d'argent avant de partir à Paris à la banque. Evidemment quelle différence avec ceux qu'on a ici. Et de nouveau taxi jusqu'à l’hôtel.
A l'hôtel La nuit tombe. On est tous sur les transat sur la plage à regarder la mer et à attendre 19h 15. C'est l'heure du départ, car, ce soir, nous prenons l'avion pour Paris et le car va nous emmener directement de Victoria à l'aéroport de Douala.
RETOUR EN FRANCE 13 ème Jour - Jeudi 30 Décembre 1982 A l'arrivée sur Douala, une vue superbe : nous empruntons le grand pont sur le Wouri, tout illuminé.
L'aéroport de Douala Nous arrivons à l'aéroport à 20h 45. Ouf, pour une fois toutes les formalités ont été organisées par Transcap. Rien à faire. Si cela avait pu être ainsi plus tôt ! Nous avons nos places réservées dans l'avion tous ensemble.
Nous prenons un repas à l'aéroport car nous ne sommes pas du tout sûrs d'avoir quelque chose de servi à bord de l'avion, puisqu'il décolle à 23h 59 (minuit), et nous n'aurons rien excepté un petit déjeuner. Je mange un Capitaine meunière (1500 CFA). Que c'est bon le Capitaine ! Et une bière Nobra (250 CFA). L'avion est à l'heure. Appel à 22h 45. Nous étions encore en train de finir notre repas, nous payons à toute allure. C'est que les formalités sont longues : il n'y a qu'un seul homme pour vérifier tous les passeports de tous les passagers du vol. Et ensuite il faut présenter son carnet de vaccination avec le vaccin fièvre jaune. Et voilà qu'il y en a un dans le groupe qui a laissé son carnet de vaccination dans sa valise ! Ça c'est évident, il faut toujours qu'il y en a un comme ça ! Et le Camerounais qui est en charge de vérifier parlemente, pour avoir de l'argent bien entendu sans le dire ouvertement. Enfin le gars est passé. C'est tellement idiot parce que si on est être au Cameroun c'est qu'on l'avait le vaccin contre la fièvre jaune sinon on ne serait pas rentré dans le pays !
En vol Nous montons à bord de l'avion. Nous avons de très bonnes places, moi en tout cas car mon siège est au premier rang juste après la cabine 1 ère classe, là où on peut allonger ses jambes. Il n'y a pas de repas, pas de cinéma. Dès que l'avion a décollé je vais me changer dans les toilettes, car il était impossible de rester dans l'aéroport avec un jean tant la chaleur collait à la peau. J'ai embarqué avec ma robe d'été la plus légère et je me retrouve maintenant en jean, t-shirt à manches longues, et prêts dans le sac le pull over et l'anorak pour l'arrivée à Paris. Je passe une très bonne nuit avec masque sur les yeux, boules Quies, et jambes allongées. Je dors entre 0h45 juste après le décollage, et 4h 30 ! Réveillée en sursaut, je dormais vraiment bien. Petit déjeuner : omelette, salade de fruits, confiture, crème de gruyère. mais on commence par le Champagne ! Pas offert par la compagnie, non, mais parce que l'un d'entre nous avait trimbalé une bouteille de Champagne depuis
Paris pendant tout le voyage. (C'est le même qui n'ait pas son carnet de vaccination sous la main, et qui avait aussi une bouteille de whisky dans ses bagages, ç c'est plus commun). Donc Champagne à 4 hres du matin au réveil ! Eh bien c'est dur ! C'est bien pour dire de fêter le Réveillon !
A PARIS Arrivée à 6 hres à Orly. Je prends le Orly-rail. Jusque là ça va. Mais entre la sortie du train de l'Orly-rail à la station Javel et les 10 mn que j'ai à faire à pied ce fut horrible, je crevais de froid, avec un anorak en duvet... l'enfer, presque à en pleurer. Il faut dire qu'il faisait particulièrement froid en ce 31 décembre 1982. Alors à comparer avec la chaleur de l'aéroport de Douala, il n'y a pas pire. Je suis arrivée chez moi à 8h 15. Et je me suis couchée. J'ai dormi jusqu'à 4 heures moins le quart de l'après-midi. Je me suis réveillée, et, tout de suite, de nouveau il a fait nuit. J'ai été troublée pendant plusieurs jours, non pas un décalage horaire, mais parce que je ne voyais plus que la nuit, alors qu'au Cameroun on avait des journées très longues. Je me suis ré-endorm80ie à 22h 30 jusqu'à 9h 30 du matin.
On est le 1 er Janvier 1983 !
© Jocelyne P. Ce récit a été terminé le jeudi 12 mai 1983 à New Malden en Angleterre.