54 ETATS, LE MAGAZINE DE L'AFRIQUE N° 9

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Agriculture africaine : Terre d’Afrique à vendre, un business sous influence ...... 6 L’Afrique en marche ....................................................................................... 15

AFRICA INSIDE

AFRICA OUTSIDE

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Égypte : Le chaos ........................................................................................... 18 Tunisie : Menace sur les droits et acquis de la femme ................................... 20 Érythrée : Vingt ans après l’indépendance, la répression à tout-va....…......... 22 Mauritanie : Le déblocage est-il possible ?..................................................... 24 Justice : Tempête politico-juridiciaire .............................................................. 25 Algérie : Et le pire arriva ! ............................................................................... 26 Mali / Maroc..................................................................................................... 29 Guinée équatoriale Teodoro Nguema Obiang Mangue, un juge fédéral américain rejette le procès................................................................................................. 30 Centrafrique : Michel Djotodia, le nouvel homme fort de Bangui.................... 31 Moyen-Orient : Palestine / Israël .................................................................... 32 International : Les nouvelles du monde .......................................................... 33

BUSINESS

Du nouveau sur la RAM ................................................................................. 34 « BLACK DIAMOND »..................................................................................... 36

ÉCONOMIE

Entretien avec Adrienne Soundele.................................................................. 38

TENDANCE

Évasion : Afrique du Sud ................................................................................ 40 L’humoriste qui ne fait pas rire les islamistes Égyptiens................................. 42 Musique : Mixatac, le carrefour des rencontres musicales ............................ 44 Musique : Kassav déjà 30 ans ! ....….............................................................. 46 Livre : La sélection littéraire de 54 États ........................................................ 49

SPORT

Rencontre avec Rio Mavuba .......................................................................... 50

Carte................................................................................................................ 52 Données sur l’Afrique...................................................................................... 53 Abonnement.................................................................................................... 54

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LE MAGAZINE DE L’AFRIQUE / THE AFRICA MAGAZINE

SOMMAIRE

COVER / SPECIAL REPORT

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ÉDITO EDITORIAL Mail : contact@54États.fr Site : www.54États.fr N° commission paritaire : 0714 I 91439 OJD N° ISSN : 2258-0131 Tirage : 20 000 exemplaires

Wolmer Communication 6 bis, avenue du Général de Gaulle 94 300 Vincennes Tél. : +33 (0)1; 43 74. 26. 48 SIREN : 751 081 159 R. C. S Bobigny APE : 58147

Directrice de la publication et de la rédaction Priscilla WOLMER MAQUETTE ET RÉALISATION : Cindy Le Lay RÉDACTION Chef rubrique Sport Jean - Michel ANNICETTE Chef rubrique Musique Stéphane POCIDALO ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO Textes : André Rudnicki / Rabah Seghir Christian Gambotti / Mohamed Ben Brahim / Jean - Michel Annicette Claire Beston / Sonia Dridi / Stéphane Pocidalo / Cheick Dieng / Belinda Lor (Lamia Azzaz) Photos et illustrations : iStockphotos Hemera / Priscilla Wolmer / Imgur Mohamed Ben Brahim / Wikimedia Gettyimages / Thinkstock / François Berthier / Handout Reuters / Sonia Dridi Xavier Dolin / AFP / Kichkafr ABONNEMENT 54 États www.54États.fr contact@54États.fr IMPRIMEUR Graficas Jomagar C/ Moraleja de Enmedio, n°16 - Polg n°1 28938 Mostoles (Madrid) COPYRIGHT (textes et photos) Tous droits réservés à 54 États. La rédaction n’est pas responsable des textes, illustrations, photos et dessins publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Les documents reçus ne sont pas rendus et leur envoi implique l’accord de l’auteur pour leur libre publication. Les textes des publicités et publi-reportages sont rédigés sous la responsabilité des annonceurs. Ils n’engagent pas 54 États. Afin de garantir son indépendance, 54 États se réserve le droit de refuser toute insertion publicitaire sans avoir à justifier de sa décision.

2013

n’est pas une année comme les autres. L’Afrique célèbre le jubilé d’or de l’Organisation de l’unité africaine et les onze ans de l’Union africaine. Ces évènements ont témoigné fortement de l’histoire que les leaders panafricains et ses peuples ont juré de forger pour le continent. Les stratégies et tactiques sont différentes mais l’objectif est le même : être libre, responsable et réussir ! « Thanks God », les perspectives de développement se révèlent plus brillantes que jamais car l’Afrique est maintenant considérée comme le prochain pôle de croissance.

L’ère du colonialisme européen est révolue… (enfin presque), l’ère des indépendances est passée et c’est l’heure de la réinvention ! Une période salvatrice où l’urbanisation se veut croissante et où l’Africain s’affirme. L’Afrique a marqué des points en matière de bonne gouvernance mais quelques efforts restent encore à réaliser notamment en matière de paix. Il serait bon aussi de préparer l’avenir. Arrêtez de vendre ou louer les terres d’Afrique à tous ces pays émergents et autres spéculateurs aux dents longues car cette nouvelle tendance mènera les 54 États du continent droit dans le mur ! Nos amis de la CIA, dans l’édition de leur rapport 2013 intitulé : Le monde en 2030, nous ont bien avertis « nous serons nombreux, vieux et nous aurons faim. Nous serons moins pauvres économiquement mais plus vulnérables. On continue ? La demande en nourriture, eau, énergie augmentera entre 35 et 50 % et de nombreux pays seront confrontés à des pénuries. Le monde sera cisaillé par des crises économiques et des conflits ».

Priscilla WOLMER

DIRECTION

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION, PUBLISHER

SOCIÉTÉ ÉDITRICE

En Europe ? La mondialisation la rend fragile. Qu’ils s’appellent Hollande ou Merkel, le retournement du champ des possibles ne changera guère la résultante : la part des occidentaux dans l’économie mondiale va passer de 56 à 25 % en 2030 et il faudra au moins une décennie à l’Europe pour se remettre de la crise de l’euro. C’est gravé dans la roche et ça ne fait plaisir à personne de constater que le Front national semble s’en inquiéter plus que le pouvoir en place. Attention aux prochaines élections présidentielles en France. Il pourrait y avoir des surprises pour les Français qui ne lisent pas entre les lignes ! Que tous ces scénarios bien tristes ne vous empêchent pas de préparer votre silhouette pour l’été, d’organiser vos vacances ou d’assister aux concerts de zouk du groupe mythique Kassav qui, pour fêter ses 30 ans, organise une tournée mondiale. Au passage, les amis du continent ne manqueront pas de se rendre en Guinée équatoriale le 5 juin pour fêter l’anniversaire du président Obiang. En attendant, comme le préconisait Saint Augustin : « avancez sur votre route, car elle n’existe que par votre marche ».

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Š Ludovic Hirlimann


UN BUSINESS SOUS INFLUENCE

Depuis 10 ans les gouvernements africains, notamment en Afrique de l’Est, vendent ou louent les terres cultivables. Malgré le manque de transparence et grâce aux recoupements, on peut considérer qu’au moins 227 millions d’hectares ont été vendus, loués ou concédés dans le cadre d’opérations foncières de grande envergure. Sur l’ensemble du continent africain, cette tendance constitue une grave menace pour l’autonomie alimentaire de l’Afrique. Enquête sur ce nouveau phénomène. André Rudnicki – Consultant en marketing stratégique et en développement international.

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UNE PROBLÉMATIQUE

MAL CONNUE DE

@devlopkot.be

L’OPINION PUBLIQUE ▲ CORNE DE L’AFRIQUE : CRISE ALIMENTAIRE EN 2008

L’AFRIQUE

intéresse de plus en plus les pays émergents. Depuis dix ans, la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite et le Qatar menacent l’environnement et le mode de vie des populations rurales d’Afrique. Comment ? Pure spéculation ! Les investisseurs (milliardaires, aristocrates, ambassadeurs ou universités) achètent des terres cultivables pour les revendre quand les prix montent. Cette problématique et ses conséquences à moyen et long termes sont mal connues de l’opinion publique. Une forte pression est exercée par des sociétés multinationales et des États émergents pour prendre le contrôle des terres cultivables, notamment en Afrique de l’Est. Cette tendance peut-elle conduire au développement de l’agriculture ou s’agit-il d’un accaparement des terres qui va miner la sécurité alimentaire de l’Afrique et qui peut être assimilable au néocolonialisme ? Les causes de cette ruée sur les terres arables sont multiples mais la principale est le traumatisme de la crise alimentaire de 2008 et l’inquiétude qui en résulte. Dans la plupart des cas ces terres ont été achetées pour cultiver des produits agricoles qui pourraient manquer dans les États émergents. Les acheteurs sont les États qui disposent de ressources limitées en terres agricoles et en eau, mais aussi des sociétés multinationales et des personnalités du monde économique et politique.

@wiki

SOUTH SUDAN

@Terry white

ÉTHIOPIE PAYS LE PLUS CONVOITÉ

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INVESTISSEURS PARFOIS NOCIFS POUR L’AFRIQUE

L’Éthiopie, pendant presque tout le XXe siècle, a été un pays d’une pauvreté absolue. On se souvient encore des famines de 1984 et de 1985. Depuis cette période le pays a radicalement changé et se situe, en Afrique, parmi les plus dynamiques avec une croissance presque aussi élevée qu'en Angola (8 – 10 %). Addis-Abeba, la capitale, se modernise rapidement et a confié ses programmes immobiliers aux Chinois. On assiste à la naissance d’une classe moyenne pouvant consommer mais l’Éthiopie reste un pays de contrastes ; un Éthiopien sur trois dispose d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Les Éthiopiens émigrés, souvent dans les pays anglo-saxons, commencent à rentrer au pays attirés par de nouvelles opportunités de carrière. La croissance démographique, très soutenue, place l’Éthiopie en deuxième position sur le continent noir avec 88,9 millions d’habitants. Le pays reste essentiellement agricole. D’où l’extrême importance pour l’économie du pays de prendre toutes les décisions stratégiques concernant la gestion des ressources agricoles. Dans ce pays la région la plus convoitée est Gambela située à l’ouest du pays. Le sol ici est très fertile et l’eau est disponible en abondance. Par ailleurs, les conditions de location sont extrêmement favorables.


@vertether

Leader mondial du marché des roses coupées, le groupe indien Karuturi Global a signé en 2010 un contrat de location de 100 000 ha de terres, assorti d’une option sur 200 000 ha supplémentaires. C’est un prix très bas et courant. D’autres contrats similaires ont été signés. On peut s’inquiéter légitimement pour l’autonomie alimentaire de l’Éthiopie. Saudi Star, un autre investisseur important envisage de produire 1 million de tonnes de riz de qualité supérieure par an dont les deux tiers seront exportés vers le Moyen-Orient et l’Arabie Saoudite. Dans la région de Gambela, le groupe Karuturi cultive déjà des milliers d’hectares. Il prévoit d’y cultiver le riz, le maïs, la canne à sucre et le palmier à huile. À la décharge de cet investisseur, il faut préciser que ses investissements comportent de grands risques. Les digues construites, sur 80 km tout au long de la rivière Baro, n’ont pas été suffisantes et la première récolte de maïs, sur 20 000 hectares, a été détruite.

Ce qui frappe d’emblée c’est la durée du bail fixé à 50 ans, durée de toute évidence excessive qui met les partenaires éthiopiens dans une situation de dépendance pendant une très longue période. »

MULTIPLICATION DES CONFLITS EN ÉTHIOPIE L’installation de groupes étrangers provoque des conflits avec la population locale qui réagit violemment quand les investisseurs étrangers détruisent les forêts dans lesquelles ils cherchent du bois et chassent. Ce mouvement spontané de protestation aboutit, dans le meilleur des cas sous l’impulsion des autorités locales, à des réunions de concertation qui regroupent des autochtones et les représentants de l’investisseur. Cette région - Gambela - a plusieurs atouts qui attirent des investisseurs locaux, plusieurs centaines et sept entreprises étrangères qui ont des surfaces très importantes ; quatre indiennes, deux chinoises et une saoudienne. Le territoire est grand comme la Belgique avec une population de l’ordre de 300 000 habitants. Les étrangers cultivent les cultures vivrières, les Éthiopiens des champs de coton. Ce qui est paradoxal c’est que près d’un tiers de la population de la région reçoit une aide alimentaire selon le P.A.M. (Programme alimentaire mondial). Les contractuels éthiopiens qualifiés sont payés entre 110 et 200 € par mois. Depuis 1975, la terre appartient à l’État qui ne reconnaît pas le droit d’usage. L’État est donc souverain pour la location et la vente de la terre. Pour l’État, c’est bien entendu, la recherche de la rentabilité à court terme qui prime. Au détriment des intérêts de la population qui craint, avant tout, pour la disparition progressive de la forêt où on peut amasser du bois, chasser, rechercher des plantes médicinales. On peut craindre, à l’avenir, la recherche intensive d’investisseurs et de spoliations massives, suivies d’un exode rural vers les villes et la disparition, à terme, des agricultures nationales. Cette perspective frôle le scénario catastrophe mais doit être prise en compte.

ATTIRER LES INVESTISSEURS LE GOUVERNEMENT ÉTHIOPIEN ATTIRE LES INVESTISSEURS PAR • des exonérations fiscales et douanières ; • l’usage illimité des ressources naturelles ; • la main-d’œuvre abondante et bon marché ; • la stabilité politique et le haut niveau de sécurité

15 MILLIONS D’HECTARES SONT ACTUELLEMENT EXPLOITÉS SUR 74 MILLIONS EXPLOITABLES. Dans ces conditions, on ne peut pas exclure l’hypothèse selon laquelle presque toute la terre cultivable disponible en Éthiopie appartiendra, dans quelques années, aux investisseurs étrangers. Ce qui va détruire brutalement le modèle actuel. L’agriculture éthiopienne nourrit actuellement 85 % de la population ; c’est une agriculture familiale de subsistance. Sa conversion en agriculture intensive va générer des troubles sociaux et environnementaux. Les institutions internationales et, notamment, International land coalition critiquent cette démarche, et ce, pour plusieurs raisons : • seulement 20 % des terres louées ou vendues seraient cultivées. Les investissements ont souvent un caractère spéculatif, c’est-à-dire, les investisseurs achètent de la terre pour la revendre quelques mois ou quelques années plus tard ; • plusieurs investisseurs assurent ainsi la sécurité alimentaire de leur propre pays (la Chine, l’Arabie saoudite). Le marché local éthiopien ne pourra pas en bénéficier ou très peu ; • les États n’imposent aucun cahier des charges aux investisseurs ; • les obligations fixées par les contrats de location ou de vente sont vagues ; • les sanctions ne sont pas prévues en cas de non-respect des clauses du contrat.

DOPER LA CROISSANCE À COURT TERME

Le contrat de location de terre n’impose aucun mode de commercialisation. Tout peut être exporté et l’utilisation des ressources naturelles n’est pas réglementée, ce qui veut dire que SAUDI STAR peut utiliser autant d’eau dont il a besoin sans aucune considération pour ses partenaires ou concurrents.

En Éthiopie, les terres agricoles sont achetées ou louées à une vaste échelle. L’État a approuvé, depuis 2007, près de 1000 projets agricoles à financement étranger. Cette situation peut être qualifiée de paradoxale. L’Éthiopie est l’un des pays africains le plus exposé à la faim. En 2011, le gouvernement a déclaré qu’environ 2,8 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire d’urgence. 44 % de la population souffre de sous-alimentation. Cet état de fait ne semble pas choquer les partisans des investissements étrangers qui se bornent à rappeler les apports positifs de ces investissements : apport de capitaux, de technologie, de connaissances agronomiques, d’infrastructures. 9


À long terme, perte de la sécurité alimentaire et paupérisation de la population rurale selon la Banque mondiale 21 % de ventes des terres en 2009 étaient reliées à la production de biocarburants avec l’Afrique du Sud en tête. Particulièrement en Éthiopie, au Kenya ou ailleurs dans la Corne de l’Afrique où fréquemment les famines et la sécheresse sont dévastatrices. Il y a un dilemme moral quand on constate que le gouvernement vend des terres qui pourraient être utilisées pour nourrir la population locale. L’Éthiopie est devenue la référence pour démontrer les effets dévastateurs des acquisitions massives. La survie des tribus dans la vallée de l’Omo dépend entièrement de la terre à cultiver et de la capacité à

faire paître le bétail. La production de nourriture pour l’export réduit l’approvisionnement du marché local et fait monter les prix. Le chômage est également en hausse dans les communautés qui sont déplacées en raison de l’achat des terres. Les investisseurs promettent du travail mais il y en a toujours peu et les paysans auxquels on a confisqué la terre vont vers les villes, appauvris et sans outils de travail. La terre, qui aurait pu les nourrir, sert souvent à produire du biocarburant. Le gouvernement prétend que les terres louées aux étrangers ne sont pas cultivées. Compte tenu des éléments recueillis au cours de notre enquête, cette affirmation ne semble pas crédible.

@Roman Boed

Le gouvernement éthiopien cherche, par la vente et/ou location de ses terres, à augmenter sa croissance. Le dernier plan de développement prévoit une croissance annuelle d’environ 14,9 %. Le doublement de la location agricole au cours de cette période serait une garantie de la réalisation des objectifs. C’est pourquoi les autorités économiques ont prévu d’affecter à la location 3 millions d’hectares supplémentaires. Cette méthode de gestion des ressources agricoles rencontre beaucoup d’opposants qui qualifient une telle orientation d’accaparement des terres de néocolonialisme. Force est de constater qu’il s’agit d’un véritable transfert de souveraineté économique comportant beaucoup de conséquences négatives : dégâts environnementaux et, notamment, défrichage des forêts, spoliation et déplacement de petits propriétaires locaux, exploitation sans limites ni contraintes des ressources naturelles, perte progressive d’autonomie alimentaire, achat spéculatif qui peut être considéré comme la forme de spoliation la plus radicale. La terre achetée ou louée n’est pas cultivée mais considérée comme un placement qui peut être revendu en fonction de l’évolution des prix de la terre. Le véritable danger pour l’économie et l’autonomie du pays se profile à long terme. Après une longue période d’exploitation mécanisée et intensive, les terres ne seront plus fertiles. Par ailleurs, les enfants des paysans actuels seront des ouvriers agricoles sans terre. Les ressources agricoles appartiendront aux investisseurs étrangers. Le pays risque de perdre son autonomie alimentaire et même son indépendance politique et économique.

AU MOZAMBIQUE Les investissements visent une surface de 7 millions d’ha avec des projets d’extension. Le Mozambique arrive en tête des pays les plus ciblés pour des investissements étrangers. Parmi les autres pays concernés, il faut citer le Zimbabwe, la RDC, la Zambie et l’Ouganda. Ce qui caractérise ces acquisitions, c’est l’opacité et le manque de suivi de la part des États.

LOCALISATION GÉOGRAPHIQUE DES INVESTISSEMENTS

L’essentiel des capitaux transite par Emergent Asset Management, une société londonienne de gestion d’actifs dirigée par d'anciens de JP Morgan et de Golman Sachs. Les investisseurs espèrent obtenir un rendement de 25 %. Emergent asset management assure avoir traité de manière responsable les contrats. Ils auraient déjà misé plus de 350 millions d'euros en Afrique. Parfois, les universités sont tout simplement partenaires au travers de leur propre fonds d’investissement. L’Université de l’Iowa est par exemple engagée en Tanzanie aux côtés d’Agrisol Energy, dont le PDG, Bruce Rastetter est un des donateurs de l’établissement…

OAKLAND INSTITUTE CONSTATE SUITE À SON ANALYSE QUE • les investisseurs vantent exagérément les avantages de tels accords ; • les accords prévoient la création de peu d’emplois ; • ils entraînent, en revanche, l’éviction de milliers de paysans des terres qu’ils cultivaient jusqu’alors. 10

D’après les études réalisées par la Banque mondiale et d’autres organismes d’études, les entreprises étrangères ont acheté ou loué, au cours des 3 dernières années, près de 60 millions d’hectares de terres africaines, soit la superficie d’un pays comme la France. Depuis 2004, tous les pays de l’Afrique de l’Est ont signé ce type d’accord, souvent dans l’opacité la plus totale et au détriment de sa population. Dans cette partie du continent noir on peut parler, sans conteste, de néo-colonisation.

@Rwik

Hormis l’Éthiopie, toute l’Afrique de l’Est est concernée par les investissements étrangers à la recherche de terres cultivables. Au Soudan du Sud, 9 % des terres auraient été cédées au cours des dernières années. C’est une société texane Nile Trading and Development qui a négocié la transaction avec une coopérative locale. Le bail de 49 ans prévoit la location de 400 000 ha. L’entreprise est autorisée à exploiter toutes les ressources naturelles. La société est dirigée par l’ancien ambassadeur américain Howard Eugène Douglas.

EN TANZANIE Au terme du protocole d’accord signé entre le gouvernement et Agrisol Energy, le groupe d’exploitation agricole représentant l’université d’Iowa, des emplacements ont été prévus pour situer ces terres à Katumba et Mishamo. Or, c’est précisément là que sont situés des camps abritant 162 000 réfugiés. Les grandes universités américaines, comme Harvard (Massachussetts) et Vanderbilt (Tennessee) ou l’université de l’Iowa investissent massivement dans l’achat de terres sur le continent noir. C’est ce qui ressort d’une nouvelle enquête réalisée par l’Oakland Institute, un institut de recherche militant situé en Californie.


@plizzba

@jdd

▲ JEAN-CLAUDE GANDUIR, LE MILLIARDAIRE SUISSE, CÉLÈBRE NÉGOCIANT DE MATIÈRES PREMIÈRES. IL A APPRIS TOUTES LES FICELLES DU NÉGOCE ET DÉCOUVERT L’AFRIQUE

IMPLICATION DES FORTUNES INTERNATIONALES

Madagascar représente, dans la stratégie d’achat de terres, un cas tout à fait particulier. L’opposition représentée par le collectif pour la défense des terres malgaches (TANY) questionne : combien d’hectares appartiennent désormais à des étrangers et qui sont-ils ? Cette association, créée en 2008 par la diaspora malgache en France, a envoyé en février 2012 une pétition (page 16) aux autorités. Celle-ci, signée par plusieurs milliers de citoyens, s’oppose à l’accaparement des terres par les étrangers. Déjà en 2008, grâce à une forte mobilisation nationale et internationale, le projet DAEWO a dû être abandonné. Il prévoyait un bail du géant coréen sur 1,3 million d’hectares. Le collectif a exigé des informations précises concernant les conditions de location de la terre et met en garde l’opinion publique à propos des milliers de familles déplacées qui pouvaient perdre leurs moyens de subsistance à cause de la location des terres. PLUSIEURS EXEMPLES D’ABUS ONT ÉTÉ CITÉS ET COMMENTÉS • la vente de terrains pour l’usine SIRAMA repris par les Chinois aurait fait disparaître de grandes plantations de canne à sucre de Nosy Be. • le collectif dénonce également, dans la région d’Ihorombe au centre sud de Madagascar, diverses intimidations et profanations de tombeaux au moment de l’accaparement de terres par la Société Land-Marke (Indienne) et Tozzi Green (Italienne). Cette dernière est particulièrement critiquée pour ses projets sur les 100 000 hectares qu’elle a loués.

• La société malgache résiste contre les projets d’accaparement des terres. Compte tenu des rivalités politiques c’est un sujet explosif. Les Malgaches sont conscients du fait que la location des terres pour une si longue période présente à court terme un danger de spoliation et d’appauvrissement de la population rurale et à long terme une atteinte très grave à l’intégralité du patrimoine national.

@jeff Attaway

Les investissements en Afrique font apparaître l’implication de plusieurs personnalités, hommes d’affaires ou hommes politiques. Il faut nommer avant tout Bruce Rastetter, proche du gouverneur de l’Iowa qu’il a largement financé lors de sa campagne électorale. Il a créé une société qui est leader dans l’élevage du porc aux États-Unis avant de se diversifier dans la production d’éthanol. Il prévoit d’investir, à travers la société Agrisol Energy, 70 millions d’euros sur 10 ans en Tanzanie. Le projet doit permettre de mettre en culture 10 000 hectares dans l’ouest du pays et y lancer une industrie de volailles. Kevin Godlington est une autre personnalité marquante investissant dans l’achat de terres en Afrique. Cet autodidacte, ayant servi dans l’armée britannique en Sierra Leone, se retrouve, à 37 ans, à la tête de plusieurs sociétés et fondations. C’est en Sierra Leone qu’il a implanté l’une d’elles : Sierra Leone Agriculture (SLA) pour cultiver 43 000 hectares. L’ex-ambassadeur américain pour les réfugiés est à l’origine du contrat de concession signé par Nouvelle Trading Development avec le Soudan du Sud sur 600 000 hectares pendant 49 ans. La Sierra Leone récolte le fruit d’une promotion active de ses terres. Il met en avant le fait que seulement 20 % d’entre elles sont cultivées, soit 5 millions d’hectares. Le Suisse, Jean-Claude Ganduir y est installé sur 20 000 hectares qu’il compte consacrer à la plantation de la canne à sucre. Ce qui est relativement positif car ce sont souvent les biocarburants qui sont accusés de prendre les terres.

MADAGASCAR L’OPPOSITION S’ORGANISE

@iowapublicradio.org

LE SÉNÉGAL CONFLIT OUVERT

▲ BRUCE RASTETTER, LE MILLIONNAIRE DE L’IOWA

Les projets des investisseurs étrangers ont provoqué de graves troubles sociaux au Sénégal fin 2011. La cession de 20 000 hectares de terres à des investisseurs privés italiens à Panaye, dans la vallée du fleuve Sénégal, a déchaîné la colère d’une partie des villageois et des conseilleurs ruraux. Partisans et adversaires de la transaction se sont violemment affrontés à coups de bâtons, machettes, gourdins et armes à feu. Bilan de ce conflit : deux morts et une vingtaine de blessés. Les Italiens projetaient de produire du biocarburant. La surface de 20 000 hectares représentait un tiers des terres détenues par cette collectivité. Sous la pression populaire, les autorités ont décidé de suspendre le projet. Le constat est accablant. Depuis une dizaine d’années, des milliers d’hectares ont été attribués sans consultation de la population locale. On peut citer à ce propos l’exemple de Diokoul, au centre-ouest du Sénégal, où environ 3000 hectares de terres ont été pris à 99 paysans de quatre villages par une autorité politique du pays. On retrouve la même situation en Casamance. 11


POURQUOI L’AFRIQUE ? Quelles sont les raisons qui expliquent cette croissance exponentielle des achats de terres. Il y a tout d’abord l’impact des crises alimentaires de 2008 et 2012 et les angoisses qu’elles génèrent. Les investisseurs délaissent également l’immobilier en tant que cible d’investissement qui a montré ses limites et sa nocivité. Une 3e raison découle de la politique de l’Union européenne qui souhaite incorporer 10 % de biocarburants dans la consommation énergétique. Cette nouvelle perspective représente sans conteste une motivation pour investir dans les terres arables ou qu’elles se trouvent à l’instar du Brésil qui a réorienté sa production agricole vers la fabrication de biocarburants. Ce phénomène touche aussi l’Amérique latine et, notamment, le Honduras, le Guatemala, la Patagonie chilienne ou argentine, tout comme l’Indonésie et, à un moindre degré, quelques pays de l’Est. Comment moraliser et réguler cette course effrénée à l’acquisition facile des terres dans les pays pauvres ? La communauté internationale doit adopter au plus vite des standards contraignants sur la gestion des ressources naturelles et élaborer une stratégie pour la faire adopter par les pays où l’accaparement des terres affaiblit les économies régionales et porte préjudice à sa population rurale.

DE GRAVES CONSÉQUENCES

© Matthias Ripp

Les sacrifices de petites fermes et forêts africaines au profit d’investissements hautement rentables provoqueront la hausse des prix des produits alimentaires. L’expulsion des paysans des terres qu’ils cultivent va accentuer l’exode rural vers les villes et la paupérisation du prolétariat urbain. Les achats spéculatifs sans contrepartie d’investissements ou avec un investissement minimal risquent de « geler » de grandes surfaces de terres qui ne seront pas cultivées car leurs propriétaires vont surtout miser sur les plus values consécutives à la revente. L’objectif stratégique des investisseurs étrangers est l’exportation des produits agricoles vers leur pays d’origine pour consolider leur sécurité alimentaire. En contrepartie, les pays producteurs vont perdre leur autonomie alimentaire et se retrouveront en situation de dépendance. Le danger également inévitable est la production de biocarburants qui passent par des cultures sans aucune valeur alimentaire. À l’heure actuelle, aucun cadre juridique ne règlemente les investissements dans l’achat de terres. Le seul organisme qui s’en occupe est le Comité de la sécurité alimentaire mondiale issu de la FAO.

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DE TOUTE ÉVIDENCE C’EST L’AFRIQUE QUI CORRESPOND LE MIEUX AUX ATTENTES DES INVESTISSEURS. ELLE DISPOSE ENCORE SUFFISAMMENT DE TERRES DISPONIBLES, LE PRIX DU FONCIER EST PEU ÉLEVÉ, LE DROIT LOCAL EST PEU CONTRAIGNANT ET FACILE À CONTOURNER.


@ Fao Walter Astrada fao

● les terres louées ou achetées ne sont pas actuellement cultivées. Les investisseurs participent donc à un programme de développement des terres qui selon eux favorise l’économie du pays d’accueil ; ● le produit des récoltes sera commercialisé sur le marché local, ce qui, selon leurs affirmations, facilite l’approvisionnement de la population. La réalité peut être tout autre. S’il est exact que les terres ne sont pas cultivées d’une manière intensive, elles servent d’abri ou de source d’approvisionnement en bois à la population locale. Par ailleurs, les produits de la récolte peuvent être vendus à l’export aux plus offrants ou bien au cours mondial en vigueur. Ces produits peuvent donc entièrement échapper à la distribution sur le marché local et être entièrement exportés. Un autre danger guette les pays africains signataires de semblables accords : les contrats sont souvent très vagues en ce qui concerne les perspectives d’exploitation de terres achetées ou louées. À l’avenir rien n’empêchera la Chine de faire venir ses propres ouvriers agricoles pour cultiver la terre louée. Une telle politique peut casser la sécurité alimentaire et affamer la population. Elle peut empêcher toute réforme agraire et la distribution des terres à la population locale. Elle peut enfin créer une situation de dépendance économique et politique. Cette dépendance peut être assimilable au concept de néocolonialisme. L’accusation de néo-colonialisme concerne avant tout la Chine et l’Inde. Leurs motivations sont faciles à comprendre. Pendant des décennies, la population de ces deux pays était exposée aux famines avec leur cortège de millions de victimes. Leurs dirigeants craignent à présent de perdre l’autonomie alimentaire, c’est-à-dire que la production locale et les importations ne parviennent pas à nourrir la population. Ils souhaitent donc diversifier leurs sources d’approvisionnement. Seules l’Afrique et l’Amérique latine offrent de telles possibilités. Quelques éléments positifs nous permettent de nuancer le tableau de conséquences globalement négatives :

● la modernisation, tout d’abord des méthodes de travail, d’autant plus perceptible et évidente que les investisseurs étrangers font fréquemment appel aux experts étrangers ; ● la modernisation du parc de véhicules, des engins de chantiers et de machines agricoles doit être également prise en compte. Elle permettra d’optimiser le rendement à l’hectare ; ● les perspectives de création d’emplois ne sont pas négligeables mais souvent exagérées au moment de la signature des contrats.

SITUATION INQUIÉTANTE POUR L’AVENIR DE L’AGRICULTURE AFRICAINE

@ Fao Walter Astrada fao

LES INVESTISSEURS AFFIRMENT QUE :

Les gouvernements africains, préoccupés par la croissance à court terme, vendent ou louent les terres sans consulter la population locale, ni tenir compte de ses besoins. Les contrats de transactions foncières sont signés sans aucun souci de transparence ; on ne connaît ni leur montant, ni les obligations des investisseurs, ni l’affectation des sommes perçues. La sécurité alimentaire des pays signataires des accords est affaiblie car les investisseurs étrangers comptent avant tout exporter les produits cultivés vers leur pays d’origine. Aucune des sommes perçues n’est consacrée à la consolidation des infrastructures ou des équipements collectifs de la région cible des investissements. Les spoliations fréquentes, brutales et non indemnisées provoquent des conflits, le mécontentement de la population rurale et l’exode vers les villes. Les accords de cession conduisent à la diminution de la surface cultivable, ce qui peut contribuer à éliminer progressivement les exploitants individuels et les transformer soit en ouvriers agricoles, soit en prolétariat urbain. Le nombre de postes de travail créé par les investisseurs étrangers est souvent très faible et les ouvriers agricoles sont fréquemment très mal payés. 13


Ayant suivi les informations relatives à l’affaire Daewoo à Madagascar, à propos de laquelle ni le gouvernement malgache, ni la société Daewoo n’ont démenti la surface des terres cultivables engagée (1,3 million d’ha), l’absence de compensation financière pour le prix du bail emphytéotique de 99 ans, la nature des plantations prévues – maïs issu probablement d’OGM dans la région Ouest et palmiers à huile dans la région Est. Je, soussigné, soutiens l’ensemble des revendications du Collectif pour la Défense des Terres Malgaches (réseau citoyen et indépendant des appareils politiciens) exigeant que les autorités malgaches fassent preuve de transparence totale sur l’affaire Daewoo : termes du contrat, état actuel des autorisations d’acquisitions de terrains dans chaque district, arrêtent toutes les procédures en cours et annulent toutes les autorisations déjà accordées et informent la population malgache de toutes les « affaires » similaires signées ou en cours avec d’autres sociétés ou pays étrangers. Pour défendre et sauvegarder les terres malgaches et empêcher d’autres octrois ou locations de concessions semblables, je demande avec le Collectif pour la Défense des Terres Malgaches : - une révision de la loi 2007-036 du 14 janvier 2008 sur les investissements qui favorise de manière inacceptable l’octroi de terres aux étrangers et riches entrepreneurs, notamment agricoles (pour l’agrobusiness) ; - l’organisation d’un débat national pour la mise en place de nouvelles lois et mesures concrètes facilitant l’acquisition de terrains pour les familles et paysans malgaches, pour renforcer et accélérer la multiplication effective des structures d’immatriculations foncières dans les collectivités décentralisées ; - l’organisation d’un débat national mettant à contribution tous les citoyens – suivi d’un vote si nécessaire – sur les clauses des contrats de location de concessions aux firmes et grosses sociétés agricoles ou minières ; - l’intégration de mesures de suivi-évaluation annuel par les agriculteurs, citoyens et experts malgaches et internationaux dans les procédures des baux emphytéotiques pour que tous les citoyens puissent apprécier les bienfaits apportés ou dégâts provoqués sur le plan économique, social, environnemental, pédologique, etc.. et tirer des conclusions pour la continuation ou l’annulation du contrat. Les terres, les ressources naturelles et la biodiversité constituent les principales richesses des pays pauvres comme Madagascar. Aujourd’hui plus que jamais, les dirigeants de ces pays doivent gérer ces ressources dans le sens de la sauvegarde de ces richesses et de leur meilleure répartition entre toutes les couches de la population. Il est inacceptable de favoriser les spéculateurs, firmes puissantes et autres États en bradant les terres aux étrangers. À retrouver sur : http://www.terresmalgaches.info/spip.php?article1 14


Aujourd’hui, l’Afrique est bien partie, car le XXIe siècle sera celui du continent noir, même si la pauvreté et la violence y sévissent encore, et si les principes de bonne gouvernance ne s’appliquent pas partout. Mais, sur 54 États africains, nombreux sont ceux qui répondent aux critères d’évaluation de l’OCDE en matière de développement. De plus, les nouveaux dirigeants africains savent que l’Afrique se situe désormais au centre des grands enjeux mondiaux. De façon évidente, l’Afrique subsaharienne participe aujourd’hui pleinement à la mondialisation, devenue pour elle un instrument de modernisation qui contribue à réduire l’inégalité des niveaux de vie avec les pays développés. En effet, la mondialisation des échanges fait que l’inégalité entre l’Afrique et l’Europe est aujourd’hui moindre qu’autrefois, même si l’Afrique subsaharienne, contrairement à la Chine, n’exporte pas vers les pays riches des produits manufacturés. Les raisons qui expliquent cette baisse de l’inégalité mondiale sont les suivantes : les investissements des multinationales en Afrique, un continent qui offre une main-d’œuvre à faible coût, la hausse du prix des matières premières désormais mises en exploitation et une amélioration de la gouvernance. Désormais, géopolitique et géoéconomie font de l’Afrique un continent émergent. Longtemps ignorée, l’Afrique est aujourd’hui sur le devant de la scène internationale et elle est l’objet de toutes les attentions. Décideurs publics et privés du monde entier, qui viennent proposer leurs services, attendent, dans l’antichambre des chefs d’États africains, d’être reçus. Mais les nouveaux « amis » de l’Afrique ne sont-ils pas des prédateurs plus dangereux que les anciens pays colonisateurs ? La vigilance s’impose pour les élites africaines, si elles ne veulent pas que l’Afrique soit à nouveau pillée.

@DR

DEUX LIVRES PONCTUENT L’HISTOIRE RÉCENTE DE L’AFRIQUE : 1962, L’AFRIQUE NOIRE EST MAL PARTIE, DE RENÉ DUMONT, L’INGÉNIEUR AGRONOME QUI, DANS L’EUPHORIE DE LA DÉCOLONISATION, DRESSE UN CONSTAT PEU ENCOURAGEANT SUR UNE AFRIQUE SUBSAHARIENNE QU’IL PARCOURT EN HOMME DE TERRAIN, MAIS AUSSI EN THÉORICIEN VISIONNAIRE ; 2011, LE TEMPS DE L’AFRIQUE, D’OLIVIER RAY ET JEAN-MICHEL SÉVÉRINO, L’ANCIEN DIRIGEANT DE L’AFD (AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT). ENTRE CES DEUX LIVRES, PRÈS DE 50 ANS SE SONT ÉCOULÉS. CELUI DE RENÉ DUMONT A ÉTÉ ÉCRIT DANS LE CONTEXTE DES INDÉPENDANCES POLITIQUES ; CELUI DE RAY ET SÉVÉRINO, DANS LE CONTEXTE DE LA DEUXIÈME INDÉPENDANCE - ÉCONOMIQUE - DE L’AFRIQUE. LE GRAND BASCULEMENT DU CONTINENT SE SITUE AU MOMENT MÊME OÙ LE MONDE ENTRE DANS LE XXIE SIÈCLE.

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LES MATIÈRES PREMIÈRES

L’avenir des grandes entreprises se joue-t-il encore en Occident ? Rien n’est moins sûr. Pour de nombreux experts, il se joue plutôt dans les pays émergents, en particulier en Afrique, qui connaîtra, en 2013, malgré la crise mondiale, une croissance qui, selon les pays, se situe entre 5 et 10 %. Une croissance à deux chiffres n’est pas impossible pour certains pays comme la Côte d’Ivoire. Malgré les difficultés qui demeurent, en particulier les conflits étatiques et ethniques, la corruption, l’instabilité politique, les grandes entreprises ont décidé d’investir en Afrique, car les opportunités sont nombreuses, les marchés s’ouvrent et les pays qui adoptent les principes de bonne gouvernance sont de plus en plus nombreux. Tous les secteurs intéressent les grands groupes : la santé, la banque, la distribution, la téléphonie mobile, l’agro-industrie, les infrastructures, les matières premières.

L'Afrique est riche de ses matières premières (30 % des réserves mondiales, un sol inexploité, des « terres rares »). La part mondiale de l'Afrique dans l’exploitation et l’exportation des matières premières reste très faible. On peut s’attendre à un développement considérable de ce secteur.

@dr

OPPORTUNITÉS EN AFRIQUE

LES INFRASTRUCTURES Dans les domaines des infrastructures, du bâtiment et des transports, la demande est très forte. Au Nigeria, moins de 30 % de la population a accès à l’électricité et moins de 60 % à l’eau. Des grands groupes français comme Bouygues, Vinci ou Alstom, déjà installés en Afrique, veulent renforcer leur présence. EDF est intéressée. Une entreprise d’État chinoise (200 000 salariés), partout présente dans le monde, cherche à obtenir des marchés en Côte d’Ivoire. Les Brésiliens sont très actifs.

LA FORÊT AFRICAINE

@dr

Cette forêt africaine a disparu en Afrique de l’Ouest, elle est encore abondante en Afrique centrale, la forêt étant l’une des principales ressources des deux Congo. Préserver la forêt africaine est une nécessité. La filière bois doit s’inscrire dans une logique de développement durable, ce que font le Ghana, le Gabon. La Côte d’Ivoire commence à agir dans ce domaine

LES VILLES, LE LOGEMENT L’Afrique connaît aujourd’hui une urbanisation galopante. La « ville durable », la « ville fertile » , la « ville réversible » sont autant de concepts qui demandent à être mis en oeuvre pour le développement des villes africaines. Les décideurs publics et privés doivent faire de l’Afrique un laboratoire d’idées pour la définition des villes du futur.

L’ÉNERGIE L’Afrique doit s’engager sur la voie du développement des énergies renouvelables, comme le fait le Kenya avec le parc d’éoliennes installé sur le lac Turkana. Les pays producteurs de pétrole doivent gérer la manne pétrolière pour la mise en oeuvre d’un développement harmonieux.

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@dr

@DINGLEDODY

LA POPULATION Le boum démographique est fulgurant. La population, qui est d’un milliard d’habitants aujourd’hui sur le continent noir, devrait atteindre les deux milliards en 2050, les 4 milliards à la fin du siècle. Pour cette population, déjà avide de progrès économique, de justice sociale et de démocratie, les besoins sont énormes. Déjà, une classe moyenne se développe à grande vitesse et consomme. L’urbanisation, qui croît de 4 % par an, témoigne de la métamorphose de l’Afrique. L’Afrique des villages devient une Afrique des villes.


L’EAU L’eau est le principe essentiel de la vie : les Occidentaux en parlent, les Africains la portent, car l’eau ne manque pas en Afrique, mais elle n’arrive pas là où sont les hommes, les terres agricoles. L’eau fait partie des programmes prioritaires des gouvernements en Afrique. La Côte d’Ivoire mène, dans ce domaine, une politique volontariste. Veolia et Suez cherchent à renforcer leur présence en Afrique, mais la concurrence est vive. De nouveaux opérateurs arrivent. En même temps, il faut que l’Afrique apprenne à faire plus avec moins d’eau, ce que font déjà les paysans éthiopiens.

LA BANQUE Le marché est immense, quand on sait que seulement 20 % des ménages subsahariens utilisent les services d’une banque. Les opérateurs historiques, comme la Société Générale, multiplient les ouvertures d’agences. Mais les banques africaines, comme les banques nigérianes, marocaines, camerounaises ou gabonaises, cherchent à conquérir des parts de marché. Si la concurrence entre les établissements bancaires est forte, les besoins de l’Afrique sont tels que le marché offre des opportunités formidables.

L’AGRO-INDUSTRIE L’Afrique attire tous les investisseurs dans ce domaine qui est pour le continent un formidable vecteur de croissance et de sécurité alimentaire. Ce secteur exige un investissement massif de capitaux. Des grands groupes, comme Nestlé ou le français Castel, multiplient les investissements.

LA TÉLÉPHONIE MOBILE L’Afrique, qui fait partie des priorités des grands opérateurs comme le Français Orange, le Britannique Vodaphone, l’Égyptien Orascom et le Sud-africain MTN, est le deuxième marché mondial de la téléphonie mobile. Particulièrement adapté à l’Afrique, ce secteur se caractérise par son innovation foisonnante. Sur 54 pays africains, 25 concentrent 91 % des investissements. Le marché est loin d’être saturé, mais les opérateurs doivent diversifiés l’offre de services à travers des applications nouvelles. Une évidence : c’est en Afrique que s’invente la téléphonie mobile bon marché, accessible et répondant aux besoins réels et aux problématiques de développement du continent.

LES TERRES Les terres africaines sont dégradées à 65 %, car sa consommation a bondi de 92 % ces dernières années. L’Afrique pourra-t-elle alimenter correctement la population actuelle, alors que 30 % des Africains sont aujourd’hui mal nourris et que cette population va doubler en 2050 ? Le développement économique de l’Afrique est aujourd’hui une réalité. Mais il lui faut s’assurer un développement équilibré en cherchant à atteindre les objectifs du développement durable. L’urgence en matière de lutte contre la pauvreté, la nécessité de répondre aux besoins alimentaires des populations, fournir de l’énergie, développer les infrastructures, soigner, éduquer, tout cela oblige l’Afrique à raccourcir le temps d’adaptation aux exigences du développement, afin de répondre aux attentes des populations. L’aide des pays riches est nécessaire dans deux domaines : les financements et les transferts de « technologies vertes ». À l’heure où tout le monde se précipite en Afrique, il est important aussi que l’Afrique ne se laisse pas déposséder de ses richesses naturelles par de nouveaux prédateurs, souvent plus avides et plus cyniques que les anciens colonisateurs. Dans une économie mondialisée, le profit à court terme est un obstacle au développement durable.

LA DISTRIBUTION L’émergence d’une classe moyenne dans de nombreux pays multiplie le nombre des nouveaux consommateurs. Le géant américain WalMart s’implante en Afrique via le groupe sud-africain Massmart, dont il détient 51 % du capital. Le dynamisme du secteur de la grande distribution est réel au Maroc et en Afrique du Sud. Mais, pour ce secteur d’activité, le contexte est encore incertain, comme en témoigne l’échec de Carrefour en Algérie. L’approche doit être mieux ciblée sur des segments de clientèles.

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© David Evers

par Mohamed BEN BRAHIM

« Tout d’abord, il n’y a pas une vision claire de la gestion du pays et de la planification de l’avenir de l’Égypte. Deuxièmement, il y a une persistance pour garder l’actuel gouvernement du Premier ministre Hicham Qandil malgré son échec dans la politique, l’économie et la sécurité. Troisièmement, il y a des tentatives de porter atteinte à l’autorité judiciaire, de ruiner son indépendance et de rejeter ses verdicts ».

?

RÉPONSE : ce n’est pas un opposant laïc ─ un mot qui sonne comme une insulte dans l’Égypte gouvernée par les Frères musulmans ─ au président Mohamed Morsi, mais son propre conseiller pour les affaires juridiques, Fouad Gadallah, qui a démissionné de son poste le 23 avril 2013.

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Force est de constater que les faits lui donnent raison. En opérant un remaniement ministériel partiel, mardi 7 mai 2013, qui a touché pour l’essentiel des ministères à caractère économique (six sur neuf : Finances, Agriculture, Pétrole, Investissement, Coopération internationale et Planification), le président Mohamed Morsi consacre l’idée selon laquelle l’économie du pays va mal. Hicham Qandil l’a reconnu en affirmant que le remaniement devra permettre de faire face « aux graves problèmes économiques » que traverse le pays. Que l’économie égyptienne va mal, depuis notamment l’arrivée au pouvoir de Mohamed Morsi, issu des rangs de la confrérie des Frères musulmans, en juin 2012, nul besoin de le prouver. Le pays, qui négocie un prêt du FMI (Fonds monétaire international) d’une valeur de 4,8 milliards de dollars (environ 3,7 milliards d’euros), collectionne les mauvais indicateurs. Ainsi la livre égyptienne (0,14 dollar américain) a chuté de 10 % par rapport au dollar depuis la fin de l’année 2012. Les réserves de change ne sont plus que de 13 milliards de dollars (environ 9,88 milliards d’euros), soit l’équivalent de trois mois seulement d’importation ; elles étaient de 36 milliards (27,36 milliards d’euros) avant la révolution de février 2011.

© Dr

Situation économique désastreuse, blocages politiques, tensions entre le pouvoir islamiste et les juges, et la communauté chrétienne. L’Égypte va mal. Les indicateurs et les faits sont là.

▲ Nouveau siège des Frères musulmans au Caire (Égypte)

L’inflation est de près de 8 %. Le gouvernement a été contraint de procéder à des augmentations des prix de certains produits de première nécessité. Augmentation largement ressentie par les catégories les plus faibles. Comme les bonbonnes de gaz : 60 %. Et le déficit budgétaire devrait atteindre, de l’avis même du gouvernement, 28,66 milliards de dollars (21,78 milliards d’euros) durant l’exercice allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014.

GRÈVES À RÉPÉTITION, SIT-IN, PERTURBATIONS AU NIVEAU DES STATIONS D’ESSENCE ET QUASIABSENCE DE TOURISTES


Autre campagne initiée : celle qui prône un retour de l’armée au pouvoir. Pas plus tard que le 15 mars, des centaines de personnes ont manifesté au Caire pour demander à l’armée de « ne pas les abandonner ». Ils ont brandi, à l’occasion, des portraits du ministre de la Défense, le général Abdel Fattah Al-Sissi. Une grave crise économique qui est accompagnée par un blocage politique. Les élections législatives, prévues pour avril 2013, ont été annulées par la justice administrative égyptienne qui a jugé que « la Constitution, d’après laquelle la loi électorale doit être définitivement approuvée par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) avant d’être ratifiée, n’a pas été respectée ». L’opposition, regroupée pour l’essentiel dans un Front de Salut National, qui des libéraux à la gauche, a indiqué qu’elle ne participait pas à ces élections. Et ce n’est pas la première fois que la justice égyptienne « contredit » les plans de l’exécutif égyptien, qui obéirait au doigt et à l’oeil aux injonctions du Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, véritable décideur dans le pays. C’est du reste une tradition chez les

islamistes. La dernière est sans doute le rejet, le 8 mai 2013 par un tribunal égyptien, d’un recours du parquet contre l’acquittement de responsables de l’ancien régime, dont Safwat Al-Charif, un proche de Hosni Moubarak, président du Sénat, accusés d’être impliqués dans la « Bataille du chameau », un épisode contre-révolutionnaire pour tuer dans l’œuf le soulèvement contre le président déchu. Les conflits n’ont pas manqué entre le président Mohamed Morsi et l’appareil judiciaire égyptien. Notamment à l’occasion d’une « réforme » de la justice qui oeuvre, à travers l’abaissement de l’âge de la retraite des juges (de 70 à 60 ans), à « purger » la justice des juges indépendants ou « acquis à l’ancien régime » par des juges « islamistes », selon les dires des opposants à cette initiative. Cette réforme provoquerait le départ à la retraite de pas moins de 3500 juges (un juge sur quatre). Cette volonté d’une main mise des Frères musulmans sur la justice n’a cessé de provoquer des tensions fortes. On ne compte plus les affrontements entre les Frères musulmans et les opposants de la société civile sur ce terrain. Le 19 avril 2013, quatre-vingt personnes ont été blessées devant le Palais de justice du Caire lors d’une manifestation des Frères musulmans réclamant la réforme de la justice. Les deux parties ont fait usage de pierres, de cocktails Molotov, de gourdins et même de chevrotines. Les Frères musulmans ne reculeraient devant rien : le 7 avril 2013, deux personnes ont été tuées et quatre-vingt cinq blessées aux alentours de la cathédrale copte orthodoxe de Saint-Marc, au Caire. Le chef de l’église copte, le patriarche Tawadros II, fait rare en Égypte, a vivement critiqué le président Morsi qu’il a accusé de « laxiste déshonorant » .

© AFP

Les difficultés économiques sont largement visibles à travers le pays. Avec les grèves à répétition, les sit-in, les perturbations au niveau des stations d’essence et la quasiabsence de touristes. Le secteur touristique se meurt : les attractions comme le quartier de « Khan El Khallili », au Caire, ou encore les monuments pharaoniques de Gizeh, dans sa banlieue, et de Louxor (700 kilomètres au sud du Caire) sont quasi déserts. Des dizaines de garçons de café, de guides touristiques et de vendeurs de produits d’artisanat sont réduits au chômage. Rien de plus normal que des acteurs de la société civile et des opérateurs économiques aient adhéré à des campagnes comme celle initiée sur Facebook par un jeune égyptien de 25 ans, Karim Hussein, qui n’a rien d’un nostalgique du président déchu Hosni Moubarak : « Ana assef ya rayes » (« Désolé Monsieur le président »). Des posters représentant le président déchu ont été placardés sur nombre de Tok Tok (tricycles servant de taxis bon marché), y compris dans la région d’Acharqiya (Nordest) dont est issu le président Mohamed Morsi.

▲Le président Mohamed Morsi, lors d’un discours au Caire, en août dernier.

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par Mohamed BEN BRAHIM

APPEL EN FAVEUR DE LA POLYGAMIE ET POUR L’ABAISSEMENT DE L’ÂGE DU MARIAGE JUSQU’À 13 ANS, BANALISATION DU MARIAGE DIT COUTUMIER, CONDAMNATION PAR LE GOUVERNEMENT DE LA LEVÉE PAR LA TUNISIE, EN AOÛT 2011, DES RÉSERVES SUR LA CEDAW (CONVENTION INTERNATIONALE SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES). LES SIGNES DE L’EXISTENCE DE MENACES RÉELLES QUI PÈSENT SUR LES DROITS ET ACQUIS DE LA FEMME TUNISIENNE SONT BIEN LÀ.

© freepik

C’est un lundi d’avril 2013, un matin du printemps tunisien comme les autres. Il est 7h30 à l’aéroport international de Tunis-Carthage lorsque Sana Ghenima s’apprête à embarquer à bord du vol TU 511 à destination de la capitale libyenne, Tripoli. Lors du contrôle des passeports, un agent de police lui demande si elle était sûre de voyager pour un motif professionnel et si elle avait obtenu en amont l’accord de son mari pour quitter le pays. Sana Ghenima s’offusque et porte plainte. Le policier sera sanctionné en procédure d’urgence. La femme d’affaires obtiendra, par ailleurs, les excuses officielles du ministère de l’intérieur pour cette violation de la loi tunisienne qui garantit la libre circulation des citoyens. Certes. Mais le coup est parti. Le fait est là. Cet épisode de la vie en Tunisie est-il symptomatique, comme le soulignent certains commentateurs, d’une dérive islamiste ou d’une islamisation rampante et réfléchie de la société ? S’agit-il d’une procédure des Islamistes qui tentent d’imposer de nouvelles pratiques, mais reculent chaque fois qu’ils sentent une résistance de la part de la société ?

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Et il est à se demander si l’incident de l’aéroport de Tunis-Carthage ne rentre dans ce cadre dans la mesure où Sana Ghenima n’est pas n’importe qui. Brillante femme d’affaires – elle a obtenu le prix de la meilleure businesswoman en 2008 –, spécialisée, de surcroît, dans les Nouvelles Technologies, militante associative, cette ingénieure sortie d’une grande école est représentative d’une génération de femmes, compétentes et loyales, formées par l’école publique grâce à Habib Bourguiba, premier président de la République tunisienne, qui a consacré une grande partie de sa vie à la libération des femmes du joug de l’exclusion et de l’analphabétisme. Depuis la promulgation du Code du Statut Personnel (CSP), en août 1956, quelques mois seulement après l’indépendance du pays, le 20 mars de la même année, les Tunisiens croient à la pérennisation des droits de la femme que ce texte révolutionnaire dans le monde arabe avait définitivement scellée. L’observation du vécu tunisien montre bien aujourd’hui qu’ils se trompent. Eu égard aux nombreuses tentatives de remise en cause de ces acquis. À commencer par la polygamie. Largement répandue encore dans le monde arabe et musulman, celle-ci a été combattue par le président Bourguiba. Au nom de l’islam, il a en effet toujours soutenu que le Coran avait recommandé clairement de ne prendre qu’une seule épouse parce que les hommes ne pouvaient en aucun cas être justes à l’égard de quatre épouses. Condition sine qua non pour convoler en justes noces avec plusieurs femmes à la fois. Il semble aujourd’hui que c’est peut-être peine perdue pour des prédicateurs. Comme Adel Alimi, président de l’association de sensibilisation et de réforme islamiste qui affirme que « la polygamie peut régler les problèmes de la société » (sic). Et il arrive que des femmes défendent cette lecture. Ainsi en est-il de la députée du mouvement islamiste Ennahdah au pouvoir, Sana Ben Toumia, qui l’assortit de certaines conditions comme l’acceptation de la première épouse ou le fait que cette dernière ne soit plus capable de respecter ses obligations conjugales : comprenez qu’elle n’est plus en mesure de faire l’amour ou de procréer. Un discours largement taxé de « pédophilie » par des pans entiers de la société civile.

DE CHOISIR LA FORME

D’ENGAGEMENT

© Ina

LA FEMME EST LIBRE

▲ Sana Ghenima meilleure femme d’affaires tunisienne en 2008

QUI LUI CONVIENT

Parallèlement à cela des appels ont été lancés en faveur d’un abaissement de l’âge du mariage fixé par le CSP à 18 ans. Président du Parti de l’Ouverture et de la Fidélité (POF), Bahri Jelassi a plaidé, en novembre 2012, et pour le retour à la polygamie pour lutter contre « les vices tels que l’adultère, le célibat forcé et même le viol » et pour le mariage des filles même à partir de 13 ans. Un discours qualifié, quelquefois, de « psychopathe » faisant ressortir le fait que l’homme avait présenté dans son programme électoral pour les élections législatives du 23 octobre 2011 un certain nombre de promesses comme « la construction d’un pont entre la Tunisie et la Sicile, l’attribution de 400 m2 de terrain pour chaque Tunisien, la gratuité de l’eau, de l’électricité et du gaz ». Appel à peine voilé en faveur de l’excision des femmes. Une pratique jugée « esthétique » par un député d’Ennahdah, Habib Ellouze, un dur parmi les durs, qui a soutenu dans une interview au quotidien arabophone Le Maghreb, en mars 2013, que « dans les régions d’Afrique, les gens sont contraints d’exciser les filles à titre de thérapie, car les clitoris sont trop grands et gênent l’époux. » Habib Ellouze dira, plus tard, que ces propos ont été sortis de leur contexte. Légitimation à peine voilée également du mariage dit « orfi » (coutumier), contracté librement en présence de deux témoins, mais en dehors des préceptes de la religion musulmane et des règles instituant le mariage civil, lorsque la ministre de la femme et de la famille, Sihem Badi, affirme, en février 2012, que ce type de mariage est « une vieille pratique dans la société tunisienne et qu’il s’agit d’une forme d’engagement entre deux personnes s’inscrivant dans le cadre des libertés personnelles » ajoutant que « la femme est libre de choisir la forme d’engagement qui lui convient ».

Sihem Badi reviendra sur ces propos affirmant qu’ils ont été mal interprétés par la journaliste qui l’a interrogée et pour condamner le mariage coutumier. Un mariage condamné avec force, face à sa généralisation dans le pays, par la plus haute autorité religieuse de l’État, le mufti de la République, Othman Batikh, un érudit, qui a déclaré, le 19 avril 2013, dans une interview à l’agence Tunis Afrique presse (TAP), qu’il est « nul et illégal ». Et cerise sur le gâteau, sans doute, quand le ministre des Affaires religieuses, Nourreddine Khadmi, tient une conférence de presse, le 10 mars 2013, pour dire tout le mal qu’il pense de la décision, en août 2011, du gouvernement conduit par Béji Caïd Essebsi, l’ancien Premier ministre de la deuxième période de transition démocratique en Tunisie (mars-octobre 2011), un disciple de Bourguiba, de lever des réserves émises sur la CEDAW, la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Estimant que cette levée « porte une atteinte flagrante à la souveraineté nationale, à la spécifité culturelle et aux valeurs de l’islam » et la jugeant « individuelle et précipitée ». De quoi s’agit-il ? Des associations de défense des droits humains estiment que cette levée est loin d’être bien méchante. Puisqu’elle concerne la reconnaissance de droits comme celui de « l’égalité » des hommes et des femmes « devant la loi » ou encore le droit pour la femme en matière de « conclusion de contrats et d’administration des biens » et d’ « égalité de traitement » pour les deux sexes « à tous les stades de procédures judiciaires ». L’Association Tunisienne de Défense des Libertés Individuelles (ADLI) a demandé, le 3 mai 2013, l’arrêt de « la campagne de dénigrement » engagée à l’encontre de cette levée estimant qu’elle « a atteint sa manifestation la plus dangereuse avec l’invention de dispositions qui ne figurent même pas dans le CEDAW ».

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© Swiatoslaw Wojtkowiak

par Claire BESTON

Ce document, intitulé Twenty years of independence but still no freedom, revient en détail sur la manière dont, au cours des deux dernières décennies, des opposants au gouvernement, des journalistes et des adeptes de religions non reconnues, ainsi que des personnes ayant essayé de quitter le pays ou d’éviter la conscription obligatoire, sont maintenus en détention sans inculpation dans des conditions d’une cruauté inimaginable. « Le gouvernement recourt systématiquement aux arrestations arbitraires et aux détentions sans inculpation pour écraser toute opposition, réduire au silence tous les dissidents, et punir quiconque refuse de se plier aux restrictions répressives imposées aux citoyens », a précisé Claire Beston, spécialiste de l’Érythrée à Amnesty International. «Vingt ans après l’euphorie de l’indépendance, l’Érythrée est l’un des pays les plus répressifs, secrets et inaccessibles au monde. »

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Vingt ans après que l’Érythrée a obtenu son indépendance des suites de trente années de guerre contre le voisin éthiopien, la situation de l’Érythrée, petit pays de 6 millions d’habitants de la Corne de l’Afrique, marxiste et autarcique, à la manière albanaise, inquiète. Des milliers de prisonniers politiques sont enfermés dans les centres de détention du pays sans avoir jamais été inculpés, sans jamais avoir de nouvelles d’un grand nombre d’entre eux, explique Amnesty International dans un rapport rendu public jeudi 9 mai.

Amnesty International estime qu’au moins 10 000 personnes ont été placées en détention pour des motifs politiques par le gouvernement du président Isaias Afewerki, qui est au pouvoir depuis l’indépendance du pays, en 1993. À la connaissance de l’organisation, pas un seul de ces prisonniers politiques n’a été inculpé ni jugé, ni pu s’entretenir avec un avocat ou été déféré devant un juge ou un représentant de l’autorité judiciaire susceptible de se prononcer sur la légalité et la nécessité de sa détention. Dans la grande majorité des cas, les familles de prisonniers ne sont pas informées du lieu où ceux-ci se trouvent, et restent bien souvent sans nouvelles de leurs proches après leur arrestation. Le recours à la torture — au titre de sanction, dans le cadre d’interrogatoires et pour exercer une contrainte — est monnaie courante. La torture est utilisée contre les adeptes de religions non reconnues afin de les forcer à abjurer leur foi.


© Swiatoslaw Wojtkowiak

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Amnesty International reçoit de nombreuses informations faisant état de morts en détention à la suite d’actes de torture ou de suicides, ou encore en raison des épouvantables conditions qui y règnent. Des prisonniers meurent ainsi de maladies curables comme le paludisme et d’affections causées par une chaleur excessive. Il existe un vaste réseau de centres de détention en Érythrée – certains sont bien connus, d’autres sont secrets. Mais compte tenu de l’opacité extrême des procédures de détention dans le pays on n’en connaît pas le nombre exact. De nombreux centres de détention placent les prisonniers dans des cellules souterraines et des conteneurs métalliques. Beaucoup de ces établissements se trouvent dans le désert et les températures, qui peuvent y être extrêmes dans un sens comme dans l’autre, sont accrues par les conditions souterraines et les murs des conteneurs métalliques. Tous ces lieux sont surpeuplés et crasseux ; nourriture et eau potable y sont par ailleurs fournies en quantité limitée.

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▲ ISSAYAS AFEWERKI, PRÉSIDENT DE L'ÉRYTHRÉE

Un homme ayant été détenu dans une cellule souterraine du camp militaire de Wi’a a ainsi dit à Amnesty International : « Nous ne pouvions pas nous allonger [dans la cellule souterraine]. C’est mieux d’être debout parce que si vous vous couchez, votre peau reste collée au sol. Le sol est terriblement chaud ». Un autre, qui a été incarcéré dans un centre de détention à Barentu, a dit : « La pièce faisait environ 2,5 mètres sur trois, et nous étions 33. Il y fait très, très chaud. La porte est fermée, le plafond est bas, environ 2 mètres de haut. Il faisait environ 50 degrés. Un garçon de 17 ans était sur le point de mourir. Nous n’avions pas le droit de parler, mais nous avons cogné à la porte. Ils [les gardiens] nous ont dit qu’ils nous tueraient tous si nous n’arrêtions pas de crier. Nous ne pouvions rien faire pour l’aider. »

Amnesty International demande au président Issayas Afewerki de libérer immédiatement tous les prisonniers d’opinion arrêtés pour avoir exercé de manière pacifique leurs droits à la liberté d’expression, d’opinion, d’association, de religion ou de conscience, ou en raison de leur identité, en tant que parents de personnes ayant fui le pays.

AMNESTY INTERNATIONAL FRANCE 72-76, bd de la Villette - 75019 Tél. : (33 +) 01 53 38 65 65 Fax (33 +) 01 53 38 55 00

Vingt ans après l’indépendance, l’Érythrée est un pays dans lequel les droits humains sont systématiquement violés. Il n’y a pas de médias indépendants, pas de partis d’opposition politique, pas de société civile. Seules quatre religions sont reconnues par le gouvernement. Les autorités érythréennes doivent par ailleurs inculper toute personne soupçonnée d’avoir commis une infraction reconnue par la loi et la juger dans les meilleurs délais au cours d’un procès conforme aux normes d’équité ou bien la remettre immédiatement en liberté. Les familles doivent être informées du sort réservé à leurs proches arrêtés. « Ces arrestations et détentions arbitraires illustrent l’intolérance absolue des autorités érythréennes face à toute forme d’opposition, ce qui explique pourquoi des milliers de prisonniers politiques languissent dans de terribles conditions. Il faut que cela cesse ». 23


par Mohamed BEN BRAHIM

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La coordination de l’opposition démocratique (COD) rejette pour l’heure les élections législatives et municipales annoncées pour septembre-octobre 2013. Mais la COD ne représente pas la seule opposition dans le pays. La CAP ( la convention pour l’alternance pacifique) dialogue avec le pouvoir. ▲ PRÉSIDENT DE LA MAURITANIE, MOHAMED OULD ABDELAZIZ

Serait-ce un scénario du genre « ôte-toi de là que je m’y mette » ? Difficile à dire. Cependant nombre d’observateurs et d’acteurs de la scène politique mauritanienne, et pas seulement dans les rangs de la majorité présidentielle, ne semblent pas refuser cette version concernant le blocage que connaît la situation politique dans le pays. Une partie de l’opposition regroupant une dizaine de partis constitués au sein de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) refuse de participer aux élections législatives et municipales fixées, le 28 février 2013, par la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) pour septembreoctobre 2013. Bien plus : la COD a longtemps réclamé la démission du président Mohamed Ould Abdelaziz, au pouvoir depuis 2009. Comme elle a demandé l’ouverture d’une enquête internationale à la suite de la publication par la presse d’allégations visant le chef de l’État et l’accusant d’avoir pris part, en 2007, à une affaire de « blanchiment d’argent » alors qu’il était colonel de l’armée. Il faut dire que rien n’est facile en Mauritanie. Le pays est connu pour être vaste (plus d’un million de kilomètres carrés), multiracial, multiethnique et multiculturel. Il a connu, de surcroît, depuis son indépendance, en 1960, une certaine instabilité en raison des putschs à quasi répétition qu’il a vécus (1978, 1984, 2005 et 2008). S’il est vrai que la COD semble intransigeante à l’égard des élections et de l’exécutif, il n’en va pas de même pour une autre aile de l’opposition, que l’on nomme « dialoguiste ». Celle-ci, regroupée également au sein d’une autre coalition, la Convention pour l’Alternance Pacifique (CAP) qui n’a jamais coupé les ponts avec la majorité présidentielle conduite par l’UPR (Union Pour la République). Soustraire les élections à la suspicion d’illégitimité et d’opacité qui peut peser sur un scrutin. Un de ses hérauts, le président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, a lancé, en février 2013, une initiative politique pour l’instauration d’un « compromis national qui dépasse le clivage politique » ; une sorte de sortie de crise. Elle consiste essentiellement en la mise en place d’un gouvernement national de large consensus jusqu’aux élections législatives et municipales. Une initiative qui n’a pas obtenu les faveurs de la majorité présidentielle qui estime « qu’il n’y a pas de justification raisonnable à la constitution d’un tel gouvernement » tout en acceptant de dialoguer sur d’autres aspects relatifs à l’initiative de Messaoud Ould Boulkheir. Au centre, donc, des débats politiques mauritaniens les élections législatives et municipales prévues initialement pour 2011, mais retardées en raison de l’absence d’un consensus entre le pouvoir et l’opposition. L’institution de la CENI par une loi organique, en avril 2012, n’a rien changé aux données du problème. Celle-ci est pourtant la garante, estiment nombre d’observateurs, d’élections libres et transparentes réclamées par la COD. La CENI est en effet en charge de l’ensemble du processus électoral qui va de l’inscription sur les listes électorales à la proclamation des résultats en passant par l’organisation du scrutin. Elle a été créée en vue de soustraire les élections à la suspicion d’illégitimité et d’opacité qui peut peser sur un scrutin. En fait, et outre les conflits d’intérêts qui marquent la scène politique mauritanienne, l’attitude de la COD s’expliquerait par les changements géopolitiques intervenus dans la région.

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Le « printemps arabe » est passé par là. Et une partie de l’opposition mauritanienne souhaite hisser le plus haut possible la barre de ses revendications pour obtenir des garanties sur un déroulement du scrutin conformément à ses exigences. Une partie serrée s'engage donc en Mauritanie. D’autant plus que les tensions semblent s'exacerber entre les uns et les autres avec une affaire d'évasion fiscale qui est très vite devenue une affaire politique : l’affaire Ould Bouamatou. Du nom d’un riche homme d’affaires mauritanien (Mohamed Ould Bouamatou), qui s’est installé à Marrakech, dans le Maroc voisin. La soixantaine dynamique, Mohamed Ould Bouamatou collectionne en Mauritanie les secteurs d’activité, de la distribution, à la téléphonie mobile, au transport aérien et à la confiserie et le ciment en passant par les bonbonnes de gaz et la banque. C’est d’ailleurs sa GBM (Générale Banque de Mauritanie) qui se trouve au centre d'un conflit avec les autorités du pays. Celle-ci a été fermée après une « mesure de sauvegarde ». Ces tensions surviennent alors que le pays est confronté à une situation difficile avec l'arrivée massive de réfugiés maliens estimés à quelque 68 000 personnes : la Mauritanie a une frontière longue de 2237 kilomètres avec le Mali, pays engagé dans une guerre sans merci contre des terroristes islamistes et devenu l'épicentre du jihadisme en Afrique. La Mauritanie est également confrontée à une conjoncture économique difficile en raison d’un ralentissement de la production minière et du renchérissement du prix des produits alimentaires et des carburants. Même si l'économie mauritanienne ne se porte pas si mal que ça. La rigueur imposée par le président Ould Abdelaziz a porté ses fruits. La croissance est estimée pour 2013 à 7 %. Le président de la République mauritanienne peut sans doute aussi s’enorgueillir d'avoir oeuvré à libéraliser le pays en ouvrant notamment les ondes après une cinquantaine d'années de monolithisme médiatique. Le 3 janvier 2013, la Haute Autorité de la Presse et de l'Audiovisuel (HAPA), autorité de régulation, créée depuis son arrivée au pouvoir, a accordé de nouvelles autorisations d'émettre à trois chaînes de télévision. Et l’organisation Reporters Sans Frontières (RSF) a placé de nouveau, la Mauritanie, dans son rapport de 2013, à la tête des pays arabes (67e rang mondial) en matière de la liberté de presse.


© Blog do Planalto

▲ LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO, DENIS SASSOU NGUESSO

LA FRANCE ET SES PARTENAIRES AFRICAINS SUR LE PIED DE GUERRE

par Cheikh DIENG

En visite à Paris en avril dernier, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, a rappelé à la France qu’il fallait respecter le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. « La République du Congo est souveraine, ce n’est plus une colonie, la justice française n’a pas à enquêter sur les affaires dites « de biens mal acquis » ». Des mots forts et une situation qui embarrasse de plus en plus les dirigeants politiques français et qui motive les chefs d’États africains à ouvrir davantage leur porte aux entreprises d’Asie et d’Amérique du Sud. Un jeu dangereux qui pourrait mal finir pour la France, économiquement si mal en point.

La question des biens dits « mal acquis » a secoué plusieurs pays africains ces dernières années : Gabon, Guinée équatoriale, Sénégal ou encore République du Congo. Une situation qui embarrasse de plus en plus l’Hexagone qui veut mener des enquêtes et traquer les responsables. Mais la tâche s’annonce complexe ! En septembre 2012, un différend avait opposé la France à la Guinée équatoriale concernant le même sujet. Malabo avait alors saisi la Cour Internationale de Justice pour violation du droit international. L'avocat de la famille Obiang, feu Me Olivier Metzner, avait alors demandé que la France cesse toutes les poursuites et enquêtes engagées contre plusieurs responsables politiques du pays. En février 2013, ce sont deux villas appartenant à la famille Bongo qui ont été perquisitionnées par les policiers de l'Office centrale de répression de la Grande délinquance financière à Nice, sur la Côte d’Azur. La famille Bongo déclare, par le truchement de son avocat, n'avoir jamais fait la moindre acquisition en France.

NICOLAS SARKOZY ET JACQUES CHIRAC SUR LA SELLETTE La France s’indigne et mène un combat judiciaire contre de supposés détournements d'argent par les chefs d’État africains pourtant elle ne fait pas figure de bonne élève. Elle est elle-même régulièrement secouée par des tempêtes politico-judicaires, comme l’affaire Cahuzac ou d'autres dossiers relatifs à des financements illicites. L'homme d'affaires francolibanais, Ziad Takieddine, a accusé Nicolas Sarkozy d’avoir reçu des fonds du régime de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne de 2007. L'homme d’affaires mentionne une somme de plus de 50 millions d'euros. Un montant déjà évoqué par Saïf-al-Islam, fils du défunt Mouammar Kadhafi. Nicolas Sarkozy nie catégoriquement et parle de diffamation.

ET CLAUDE GUÉANT ? « Nous voulons rappeler le principe auquel nous avons tous souscrit au plan international ; celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures » dixit le président congolais Denis Sassou Nguesso, en avril dernier, à Paris, à la suite d’un entretien avec François Hollande. Une déclaration claire, nette et précise qui fait référence au dossier, dits des « biens mal acquis » . Pour lui, ce n'est pas à la justice française de se mêler de ce dossier. « Même s'il y avait délit établi, détournement ou corruption, je pense que la justice française n'est pas habilitée à traiter des délits qui se produisent au Congo », insiste le président congolais. En clair, l'ère des colons est terminée.

Déjà mis en cause pour un virement de 500 000 euros sur son compte en banque – dont il assure qu’il provient de la vente de deux toiles du peintre néerlandais Andries van Eertvelt –, l’ex-ministre de l’Intérieur est appelé à se justifier sur un autre tableau, accroché celui-ci au mur de son cabinet d’avocats. Pourtant, une circulaire de François Fillon, en 2007, dit explicitement que « les cadeaux offerts aux membres du gouvernement ou à leur conjoint, dans le cadre de l’exercice des fonctions gouvernementales, notamment à l’occasion des visites effectuées à l’étranger (...) sont, pour leurs auteurs, la manifestation de la volonté d’honorer la France. C’est donc à l’État qu’ils s’adressent, au-delà de la personne du récipiendaire (...). Il est par conséquent normal qu’ils n’entrent pas dans le patrimoine personnel du ministre ou de sa famille.» What else ? On vous le demande messieurs les juges français ! 25


Pour couper court aux rumeurs sur l'état de santé d'Abdelaziz Bouteflika, 76 ans, le pouvoir algérien inonde la presse de communiqués rassurants, insiste sur le retour rapide du chef d'État en Algérie, le dit capable de gouverner depuis son lit de convalescence. Mais rien n'y fait. Ces déclarations ne convainquent pas. Ce black-out qui dure a laissé s'insinuer le doute. Et il a relancé, une nouvelle fois, les spéculations et conjectures sur sa succession. Depuis sa première hospitalisation en 2005, le président algérien, qui souffre d'un cancer gastrique, semble mal engagé pour se représenter en 2014. Mais c'est désormais la question de son retour à court terme qui est posée. Plusieurs responsables politiques de l'opposition ont déjà demandé que s'applique l'article 88 de la Constitution, qui prévoit qu'en cas de maladie grave et durable du président de la République qui l'empêcherait d'exercer ses fonctions, « l'état d'empêchement» puisse être prononcé. Ils prônent la destitution en somme, entraînant la mise en place d'un pouvoir de transition jusqu'à la tenue de nouvelles élections. Alors que cette figure de la guerre d'indépendance paraît à bout de souffle, deux questions sont sur toutes les lèvres: Abdelaziz Bouteflika peut-il encore gouverner et si le pire arrivait, qui pourrait lui succéder ?

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© Algerie-focus

par la rédaction

▲ LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE D'ALGÉRIE, ABDELAZIZ BOUTEFLIKA

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_ans moins d’un an, les Algériens seront appelés aux urnes pour élire leur président. _Des quatre précédents scrutins, celui de 2014 s’annonce comme le plus indécis et, sans doute, comme le plus crucial pour l’avenir de l’Algérie. Lors de son discours, désormais célèbre, de Sétif, le 8 mai 2012, Abdelaziz Bouteflika, 76 ans, avait déclaré que sa génération, celle des maquis de la guerre de libération, au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle, devait passer la main, laissant ainsi entendre qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat, bien que la Constitution, révisée en novembre 2008, l’y autorise. Les ennuis de santé du président ne doivent pas être tout à fait étrangers à cet engagement. Fin avril, il a été de nouveau hospitalisé à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce, où il avait déjà subi une lourde opération chirurgicale en novembre 2005. Élite, opinion et classe politique avaient alors imaginé que la prochaine présidentielle scellerait le passage de témoin aux générations postindépendance.

Seulement voilà, cette hypothèse a été balayée par une campagne lancée par des partis et des personnalités de premier plan avec pour slogan « ‘Ouhda rabi’a » (un quatrième, sous-entendu un quatrième mandat). Aucun des prédécesseurs de Bouteflika ne s'est maintenu à la tête du pays suffisamment de temps pour pouvoir en rêver. Le coup d'envoi de cette campagne a été donné par Amar Ghoul, étoile montante du courant islamiste bon chic bon genre, membre de tous les gouvernements successifs de Bouteflika depuis la réélection de celui-ci en avril 1999. Le courant démocratique n’est pas en reste.

Amara Benyounes, président du Mouvement populaire algérien (MPA), incarnation des modernistes au sein de l’exécutif (il est ministre de l’Environnement dans l’équipe d’Abdelmalek Sellal), s’est joint à l’appel, affirmant qu’un quatrième mandat de Bouteflika serait salutaire, car il lui « permettrait de parachever le redressement du pays ». La situation des deux premières forces politiques du pays a ajouté à la confusion. Les frères jumeaux du courant nationaliste, le Front de libération nationale (FLN, exparti unique) et le Rassemblement national démocratique (RND), ont en effet été décapités.


Le mutisme persistant d’Abdelaziz Bouteflika (sa dernière sortie publique remonte au discours de Sétif, soit il y a plus de un an) n’a pas arrangé les choses, plongeant dans un épais brouillard les personnes les mieux informées du pays. « Celui qui prétend savoir de quoi sera fait 2014 est un fieffé menteur, s’exclame un membre du bureau politique du FLN, car l’échéance électorale sera déterminée par la présence ou non de Bouteflika dans la compétition. S’il décide d’y aller, c’est quasiment joué d’avance, et s’il n’y va pas, ne comptez pas sur lui pour l’annoncer avant février 2014, date limite du dépôt des candidatures. Il n’a aucun intérêt à le faire plus tôt s’il tient à optimiser les chances de voir son programme économique parachevé, car une annonce prématurée perturberait l’action de son gouvernement et démobiliserait une grande partie du sérail. » En somme, 2014 serait une équation à plusieurs inconnues dont la clé serait détenue exclusivement par une seule personne : Abdelaziz Bouteflika. Lors des sommets de l’Union africaine (UA), le président algérien avait pour habitude de taquiner ses pairs en affirmant que son pays est le seul du continent à pouvoir réunir autour du chef de l’État en exercice trois de ses prédécesseurs à l’occasion de cérémonies officielles et des fêtes nationales.

©Thierry Ehrmann

En janvier 2013, Ahmed Ouyahia, ancien Premier ministre et patron du RND, est poussé à la démission par une dissidence manifestement téléguidée en haut lieu. Un mois plus tard, c’est au tour d’Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, de faire les frais de mystérieuses manoeuvres en coulisses à l’issue desquelles il est destitué par le comité central. Ouyahia et Belkhadem faisaient partie de la short-list des candidats potentiels à la succession de Bouteflika. Leur disgrâce est d’autant plus incompréhensible que les deux personnalités ne constituaient en rien une menace pour Bouteflika dans l’éventualité d’un quatrième mandat, les deux hommes ayant annoncé qu’ils renonceraient à se présenter au cas où l’actuel locataire d’El-Mouradia (palais présidentiel sur les hauteurs d’Alger) décidait de rempiler. « Il y a tout lieu de croire que la destitution de Belkhadem et la démission d’Ouyahia ont un lien direct avec l’échéance de 2014 », analyse pourtant Me Miloud Brahimi, ancien président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH) et observateur averti des moeurs du sérail.

Mais, en l’espace de un an, Abdelaziz Bouteflika a accompagné à leur dernière demeure, au cimetière d’El-Alia, dans la banlieue est d’Alger, trois d’entre eux : Ahmed Ben Bella, Chadli Bendjedid et Ali Kafi. La rareté des apparitions publiques de Bouteflika ces dernières années a fait de ces funérailles nationales successives l’occasion pour les Algérois de voir « physiquement » leur président afin de se faire une idée précise de son état de santé. Et, visiblement, il ne va pas très bien ! Lors des obsèques d’Ali Kafi, le 17 avril, Abdelaziz Bouteflika avait les traits tirés, le pas hésitant.

Son proche entourage, notamment Saïd, son frère cadet et conseiller spécial, se tenait à ses côtés, en état d’alerte permanente. « À deux reprises, le président a eu des vertiges et a failli perdre l’équilibre», raconte un témoin présent à El-Alia. Pourtant, selon ses visiteurs étrangers les plus récents, parmi lesquels les Français Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, ou Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), tous deux longuement reçus, les facultés intellectuelles du président sont intactes, et sa mémoire des faits et des noms est phénoménale. Mais sa voix est inaudible.

Selon un officier supérieur de la base aérienne de Boufarik (30 km à l’ouest d’Alger), « quand l’agenda présidentiel s’emballe avec l’arrivée annoncée d’un chef d’État ou d’un émissaire étranger prestigieux, le Falcon présidentiel est systématiquement sollicité pour emmener le président en Suisse pour une remise en forme ». Ses accompagnateurs sont toujours les mêmes : les deux frères conseillers, Saïd et Nasser Bouteflika, et le professeur Messaoud Zitouni, spécialiste en oncologie et médecin traitant du président depuis son ulcère hémorragique de novembre 2005. La thérapie que subit le chef de l’État dans une clinique helvétique lui permet alors de faire face aux efforts physiques que nécessite une activité présidentielle soutenue. En revanche, en cas d’événement imprévu, comme la disparition d’Ali Kafi, il y a comme un vent de panique. Abdelaziz Bouteflika quitte rarement la résidence d’État de Zeralda et ne se rend au bureau présidentiel, à El-Mouradia ou à Djenane el-Mufti, où il reçoit ses hôtes étrangers, que lorsque son agenda le commande. Conséquence de la fragilité de son état de santé, il a dû abandonner à contrecoeur l’appartement familial qu’il avait continué d’occuper au cours de ses deux premiers mandats et qui est situé au troisième étage d’un immeuble dépourvu d’ascenseur, dans le quartier résidentiel d’El-Biar. Le mal qui ronge Abdelaziz Bouteflika l’affaiblit et contraste avec l’omnipotence de l’institution présidentielle depuis son retour aux affaires. La révision constitutionnelle de novembre 2008 n’était pas seulement destinée à lever la limitation des mandats, mais aussi à présidentialiser davantage le régime en retirant au Premier ministre son statut de chef du gouvernement au profit du locataire d’El-Mouradia, jetant ainsi aux oubliettes l’exécutif bicéphale en place depuis l’introduction,en 1989, du multipartisme. Mais bien que Bouteflika ait concentré l’essentiel des pouvoirs, son absence n’empêche pas la machine de tourner. Ministres, ambassadeurs en poste à l’étranger ou walis (préfets) continuent de recevoir quotidiennement ses instructions via Mohamed Rougab, son secrétaire particulier. Quant à ses coups de gueule, de plus en plus fréquents, Saïd se charge de les relayer, ce qui conforte sa position de « vice-roi ». Le président s’est par ailleurs trouvé des jambes à travers Abdelmalek Sellal pour les visites dans le pays profond, qu’il n’est plus en mesure d’accomplir, et un visage, celui d’Abdelkader Bensalah, président du Sénat, pour le représenter à l’étranger.

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Selon plusieurs sources concordantes, le président aurait été fortement affecté par les récentes révélations sur des scandales financiers impliquant des personnalités de son proche entourage. S’exprimant dans la presse sous le sceau de l’anonymat, un proche conseiller du président affirme que « Bouteflika renonce à un quatrième mandat, non pas à cause de sa maladie, mais parce qu’il se sent trahi par les siens. À cela s’ajoute une forte déception née du mauvais bilan de son troisième mandat.» Ces propos surprenants ont provoqué un tollé à El-Mouradia. « Si j’ai des choses à dire à mon peuple, je ne le ferai pas de cette manière », aurait confié le président à un de ses rares visiteurs du soir. Un cadre retraité d’El-Mouradia qui a travaillé successivement avec Boumédiène, Chadli, Zéroual et Bouteflika, avant de prendre sa retraite tout en se tenant informé de l’actualité brûlante de la « maison », a été surpris par la réaction du président. « Il a exigé une enquête interne pour identifier le conseiller bavard. On a alors assisté à une situation inédite dans l’histoire de l’institution présidentielle. Les ordinateurs portables et les téléphones cellulaires de tous les cadres de la présidence ont été passés au peigne fin. Mais les limiers ont fait chou blanc. » Manoeuvres extérieures ? Toujours est-il que, fidèle à ses habitudes, Bouteflika s’est refusé à démentir ou à confirmer cette fameuse déclaration. De par leur culture, les Algériens s’imposent un devoir de réserve quand un membre de la communauté, quel qu’en soit le rang, est atteint par une maladie. Jusque-là, partisans et adversaires de Bouteflika avaient soigneusement évité d’en faire une question publique.

▲ LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE D'ALGÉRIE, ABDELAZIZ BOUTEFLIKA AVEC SON FRÈRE SAÏD

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Mais, le 22 avril, un parti de l’opposition, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a brisé ce tabou et évoqué l’article 88 de la Constitution relatif aux cas d’empêchement du chef de l’État. Selon Mohcine Belabbès, président du RCD, « si la loi permet à Bouteflika de se représenter, sa candidature est conditionnée à la présentation d’un dossier médical attestant qu’il jouit de toutes ses aptitudes à exercer la fonction. Apparemment, ce n’est pas le cas ». Mais cette saillie a de fortes chances de rester sans lendemain, car il est peu probable que le reste de la classe politique emboîte le pas à Belabbès. Tétanisés par tant d’incertitude, les partis sont dans l’expectative. Hormis Ahmed Benbitour, exPremier ministre (décembre 1999-août 2000), aucune personnalité d’envergure ou leader de parti n’a fait état de son intention de briguer la magistrature suprême en 2014. C’est donc un Bouteflika affaibli, mais maître du jeu et maître du temps, qui donnera le tempo. Et dissipera, le moment venu, le brouillard.

Dans les mess d’officiers, les QG de commandement des six régions militaires et les allées de la caserne Ali-Khodja, siège du ministère de la Défense, aux Tagarins, à Alger, on semble moins préoccupé par l’opacité qui entoure l’échéance de 2014. La disparition prématurée d’Abdelaziz Bouteflika ou son retrait de la vie politique ne semblent pas constituer une source d’inquiétude. « Il faudrait beaucoup plus que cela pour menacer la stabilité du pays », assure le colonel Tayeb, chef d’une unité opérationnelle dans la lutte antiterroriste. Selon lui, l’institution militaire tire ses certitudes des « épreuves auxquelles a fait face le système au cours des cinquante dernières années. Il a survécu à la mort de Boumédiène en 1978, à l’assassinat de Boudiaf en 1992, et a réussi à résister à la lame de fond que fut l’insurrection islamiste des années 1990 ». Cela dit, si l’armée ne reste pas indifférente à ce qui se passera en 2014, il est peu probable de voir un officier d’active briguer la présidence. La loi s’y oppose, tout comme elle proscrit tout soutien apporté à un candidat. En revanche, un officier supérieur à la retraite ou ayant quitté l’uniforme pour des fonctions civiles peut se lancer dans la course, sans pour autant pouvoir se réclamer de l’institution militaire


© Ash Carter © Spoki.tvnet.tv

▲ OTHMAN BENJELLOUN, LORS DU FORUM ÉCONOMIQUE MONDIAL

Classé 7e

fortune africaine par le magazine Forbes, Othman Benjelloun fondateur de la holding FinanceCom prend la tête des milliardaires marocains en devançant Miloud Chaabi propriétaire de Ynna Holding et Anas Sefrioui qui domine le secteur du logement social à travers Addoha. Le trio des milliardaires marocains se distingue par une internalisation de plus en plus poussée de leurs activités notamment sur le continent africain. À 82 ans, Othman Benjelloun a profité de la privatisation, en 1995, de BMCE Bank pour se diversifier dans le secteur bancaire. Depuis cette date, il a conduit à marche forcée l’expansion nationale et internationale de la banque marocaine dont le dernier mouvement stratégique significatif fut la prise de contrôle de Bank of Africa, présente dans plus de 14 pays africains. « Nous visons à couvrir tous les pays africains dans les 10 à 15 ans, à partir des 21 pays où nous sommes actuellement actifs » a précisé l’année dernière Othman Benjelloun qui continue de procéder au recentrage de sa holding patrimoniale FinanceCom sur le secteur des assurances (RMA Watanya), de la banque (BMCE Bank, Bank of Africa), des télécoms.

▲ LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU BURKINA FASO, BLAISE COMPAORÉ À BRUXELLES LE 15 MAI 2013.

La conférence internationale des donateurs pour le développement du Mali, intitulée « Ensemble pour le développement du Mali », s’est ouverte dans la matinée du 15 mai 2013, à Bruxelles, en présence du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. L’ouverture officielle de cette réunion sur le redémarrage économique du Mali a été marquée par diverses allocutions, des engagements et des annonces de contributions de plus d’une cinquantaine de pays et d’institutions internationales, pour la « reconstruction du Mali ». La présentation du « Plan pour la relance durable 2013-2014 du Mali » et son appréciation par les acteurs internationaux ont fait ressortir l’importance de la reprise du dialogue inter-malien, du rétablissement de l’intégrité territoriale, de l’organisation d’élections crédibles, de la transparence dans la gestion économique et financière de ce pays, de l’accès de tous les maliens à la justice, de la lutte contre la corruption, du retour des réfugiés, de la menace du terrorisme sur les rives du fleuve Djoliba. La communauté internationale tient à « aider les Maliens à construire un nouveau Mali » dixit Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, en agissant, de façon collective, sur les leviers de la paix, de la réconciliation, de la stabilité nationale et sous-régionale, de la croissance, de l’assistance humanitaire, de la bonne gouvernance, gages d’un développement durable. Conscients des enjeux de la réunion de Bruxelles, et des défis à relever, la société civile, le secteur privé et la diaspora du Mali se sont engagés à accompagner le gouvernement malien et les donateurs dans la mise en oeuvre efficiente du plan stratégique de développement 2013-2014. Le « Plan pour la relance durable du Mali 2013-2014 » est consigné dans un document de 50 pages. Il met l’accent sur la crise et ses effets, les atouts du pays, l’appui de la communauté internationale et les priorités du redécollage économique. 29


© Teodoro Nguema Obiang Mangue

▲ Teodoro Nguema Obiang Mangue, second vice-président de la Guinée équatoriale

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n juge fédéral a rejeté une action intentée par le ministère de la Justice américain visant à s’emparer d’un jet Gulsfstream détenu par Teodoro Nguema Obiang Mangue, second vice-président de la République de la Guinée équatoriale. Le juge fédéral Rudolph Contreras a jugé vendredi 19 avril que le gouvernement n’avait aucune preuve démontrant l’acquisition illégale

« Je suis prêt à continuer à me battre pour me défendre contre des accusations infondées » du jet privé par Teodorin Obiang Mangue. L’affaire avait pour but de confisquer le jet privé du second vice-président et cela en vertu d’une loi autorisant le gouvernement à priver les biens des ressortissants étrangers qui sont le fruit d’activités criminelles ou de la corruption. En juin 2012, un juge fédéral de Los Angeles a rejeté une plainte similaire déposée par le département de la Justice contre M. Nguema, cherchant à saisir ses biens à Los Angeles. 30

Dans cette décision, le juge a également statué que le ministère de la Justice n’avait pas fourni de renseignements pour démontrer que les fonds de M. Nguema ont été obtenus grâce à des activités illégales ou qu’il avait participé à une activité illégale. Il a qualifié les accusations dans la plainte de « vagues » et a considéré la plainte « dépourvue de tout fait qui pourrait étayer les allégations selon lesquelles M. Nguema aurait participé directement à un détournement de fonds publics ». M. Nguema a déclaré : « Je suis heureux, bien sûr, de cette décision. J’ai beaucoup de respect pour les États-Unis et son système judiciaire. La loi doit fonctionner pour tout le monde. Deux juges fédéraux distincts ont maintenant rejeté les affaires portées contre moi. Dès le début, nous avons cherché à coopérer avec le ministère de la Justice, lors de ses investigations, mais les efforts de mes avocats ont été rejetés. Je regrette que nous ayons dû aller aussi loin, mais je suis prêt à continuer à me battre pour me défendre contre des accusations infondées ». Il ne reste plus qu’à la justice française de cesser de s’acharner contre Teodoro Nguema Obiang Mangue. Mais la France a souvent du mal à reconnaître ses erreurs et préfère souvent l’entêtement au mea-culpa. Affaire à suivre.


MICHEL DJOTODIA © Michel Djotodia

LE NOUVEL HOMME FORT DE BANGUI

TRANSITION Réservé et mystérieux, Michel Djotodia aura la charge de conduire ce pays vers des élections libres et démocratiques soutenues par une nouvelle constitution après les dix ans du régime Bozizé. « Je mesure à sa juste valeur la portée et l’importance de la charge que vous venez de me confier. Je ne ménagerai aucun effort pour assurer de manière concertée la transition qui vient de commencer», a-til déclaré dans son premier discours en tant que chef de l’État. « J’en appelle au bon sens et au patriotisme de chacun afin que nous puissions relever les défis importants qui s’imposent à tous», a-t-il poursuivi. Il a énuméré « la reconstruction de l’unité nationale, la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, la recherche de la paix sociale le redémarrage de notre économie » comme les tâches fixées au nouveau pouvoir. Formé en URSS, M. Djotodia a d’abord été fonctionnaire au plan, puis consul de Centrafrique, avant d’échouer deux fois aux législatives. Il est entré dans la rébellion en 2005, avant de connaître l’exil puis de rentrer dans son pays où il fonde le Séléka (« alliance », en langue nationale sango) en juin 2012.

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▼ MICHEL DJOTODIA, ALORS CHEF DE LA COALITION REBELLE

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Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle qui a pris le pouvoir en Centrafrique le mois dernier en renversant le président François Bozizé, a reçu samedi 13 avril le vernis institutionnel qui lui manquait en étant élu président de la République lors de la première session du Conseil national de transition (CNT), formé par toutes les composantes politiques du pays. L’ancien rebelle, qui s’était autoproclamé président après la prise de Bangui le 24 mars par les rebelles du Séléka, était l’unique candidat. Il a été élu sous les applaudissements par acclamation, sans vote. Son mandat doit durer 18 mois.

▲ Idriss Déby Itno, président de la République du Tchad

INQUIÉTUDES DES CHRÉTIENS L’offensive rebelle lancée en décembre, accompagnée de pillages qui n’ont pas cessé, a détruit une partie du tissu économique du pays qui figurait déjà parmi les plus pauvres de la planète. La sécurisation de cette ancienne colonie française avec des hommes en armes partout paraît une gageure dans un pays de 5 millions d’habitants où l’administration en partie détruite n’a jamais vraiment réussi à étendre son pouvoir. Il faudra aussi éviter tout dérapage sur le plan religieux. De nombreux chrétiens craignent désormais une domination de l’islam dès lors que les rebelles parvenus au pouvoir sont majoritairement issus du nord musulman. Michel Djotodia est d’ailleurs le premier musulman à devenir président de ce pays à majorité chrétienne. ASSEMBLÉE CONSTITUANTE La mise en place du Conseil national de transition (CNT) était l’une des recommandations du sommet des chefs d’État d’Afrique centrale réunis à N’Djamena le 3 avril qui cherchaient à normaliser la situation après la victoire militaire de la rébellion. Ce conseil est composé à la fois de membres du Séléka, de l’ancienne opposition au président déchu, de partisans de l’ancien régime, ainsi que d’ex-rebelles et personnalités de la société civile. En répétant être attaché aux accords de Libreville et en acceptant les recommandations de N’Djamena, le président Djotodia, désormais plus légitime, devrait pouvoir convaincre de réintégrer son pays dans le concert international après qu’il eut été suspendu par l’Union africaine et eut vu les aides extérieures gelées. Dernièrement, la radio avait annoncé que le CNT était passé de 97 à 105 membres, apparemment pour satisfaire des demandes de la société civile et de certains partis politiques. Ce chiffre correspond au nombre de députés dans l’ancienne assemblée nationale, alors que le CNT est appelé non seulement à légiférer mais aussi à jouer un rôle d’assemblée constituante.w 31


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Des villageois palestiniens vont pouvoir de nouveau accéder à leurs terres, situées sur l’emplacement d’une colonie sauvage israélienne évacuée en 2005 en Cisjordanie, a annoncé dimanche 19 mai l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme. Selon cette organisation, qui avait déposé un recours devant la Cour suprême au nom des propriétaires du village palestinien de Bourka, au nord de Naplouse, l’État a annoncé à la cour sa décision « d’annuler l’ordre de saisie de la terre sur laquelle la colonie était construite ». La terre avait été confisquée pour des « raisons de sécurité » en 1978 sans que ne soit jamais établie la base militaire prévue au départ, précise Yesh Diné. « À la place, la colonie de Homesh a été construite illégalement. Après son évacuation en 2005, la zone est devenue zone militaire fermée interdite aux Israéliens, mais l’ordre de saisie (pour raisons de sécurité) n’a pas été révoqué », précise le communiqué. « Nous savons que l’ordre de saisie va être annulé (...) C’est un long processus, mais si l’État l’a dit à la Cour Suprême il ne reviendra probablement pas sur sa décision », a déclaré Reut Mor, la porte-parole de Yesh Din.

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La colonie de Homesh avait été évacuée en août 2005, ainsi que trois autres colonies du nord de la Cisjordanie, dans le cadre de l’évacuation de toutes les colonies et bases militaires israéliennes de la bande de Gaza.

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« Nous savons malheureusement d’expérience que même lorsque Israël reconnaît la propriété privée des Palestiniens sur la terre, cela ne veut pas dire qu’il leur permet d’y accéder », a-telle ajouté.


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Affaibli par l’effondrement de la cote de popularité de l’exécutif, François Hollande a décidé de passer la seconde, en suivant sa ligne économique. Le gouvernement se concentrera autour de grandes axes : jeunesse, avenir, retraites, RSA, logements étudiants… « On va accélérer sur l’ajustement économique tout en réalisant des réformes sociales », dixit un Conseiller. Affaire à suivre.

ÉCOLOGIE 8e édition des Ateliers de la Terre, organisée les 3, 4 et 5 juin à l’Unesco, à l’initiative du groupe de réflexion créé par Éric Bazin et George J. Gendelman. Un forum sur l’écologie y réunira Chantal Jouanno, Daniel Cohn-Bendit, NKM ou encore Stéphane Gatignon.

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HONG KONG PARADIS FISCAL ACTIF Selon le Boston Consulting Group, Hong Kong et Singapour (autre paradis asiatique) sont à la tête de 1000 milliards de dollars de fonds étrangers. D’ici à quinze ans, les deux villes pourraient dépasser la Suisse pour devenir le plus grand centre offshore du monde. Le G20 laisse Hongkong tranquille et François Hollande, lors de sa première visite en Chine en avril, n’a pas dit un mot sur le sujet.

FORUM ÉCONOMIQUE DE KRYNICA

La France aurait-elle un nouveau concurrent ? Peut-être que l’Espagne est en récession, mais ses perspectives d’exportations ont rarement été aussi bonnes. Avec la crise, les coûts salariaux unitaires ont chuté. Alors qu’ils augmentaient de 6 % l’an en 2008. En clair, si l’Espagne ne gagne pas de parts de marché en Europe, elle se repositionne sur des marchés où la forte demande pour les biens d’équipement (machines et matériels) constitue une excellente opportunité de croissance. Entre 2002 et 2008, les ventes vers le Brésil, la Chine, la Russie et la Turquie ont progressé en moyenne de 20 % par an.

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ESPAGNE, PAS SI MAUVAIS ÉLÈVE FINALEMENT

TRANSPARENCE MADE IN CHINA La Chine prend exemple sur la France pour que les dirigeants rendent public leur patrimoine. Une action visant à lutter contre la corruption. Tous les officiels doivent déclarer leurs biens et ont interdiction de posséder des comptes à l’étranger. Problème, il n’existe aucune instance indépendante de contrôle.

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Surnommé aussi « Davos de l’Est », ce forum économique devrait accueillir début septembre plusieurs personnalités. Thème de cette 23e édition : « Vers un new deal. »

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HOLLANDE TENTE DE SURPRENDRE

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INTERNATIONAL Dans la guerre contre les paradis fiscaux, une alliance lie désormais les îles Vierges britanniques et Hong Kong. Elles concentreraient à elles deux plus de 70 % des investissements directs chinois à l’étranger. Le tout dans la plus totale opacité.

ANGELA MERKEL DIT NON À LA RELANCE BUDGÉTAIRE Pour la Chancelière, la survie de l’euro n’est pas menacée alors pas d’affolement ! Certes, la zone euro s’enlise dans la crise mais l’Allemagne reste assez peu touchée. La part de la zone euro dans ses exportations est passée de près de 50 % avant la crise à 36 % aujourd’hui, et la tendance est à la baisse. Et, comme les experts le soulignent, l’Allemagne a peu à craindre d’une appréciation du Mark qui suivrait l’explosion de l’euro car la sensibilité des exportations du pays aux variations du taux de change est très faible.

FRANCOPHONIE : L’HEURE DE LA SUCCESSION A BIENTÔT SONNÉ Le 15e Sommet de la francophonie se déroulera en 2014 à Dakar. Abdou Diouf, secrétaire général historique devrait céder sa place. Mais à qui ? Les rumeurs laissent flotter des noms dont celui de Michaëlle Jean. Est-ce que les Africains accepteraient que le secrétariat général soit attribué à un non-africain ? Et par conséquent, que le poste d’administrateur soit confié à un Africain, qui pour l’heure n’est autre que le Québécois Clément Duhaime. 33


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RÉDUCTIONS TARIFAIRES ET AUTRES AVANTAGES

▲ ABDELLATIF MAZOUZ MINISTRE DÉLÉGUÉ CHARGÉ DE LA COMMUNAUTÉ MAROCAINE RÉSIDANT À L'ÉTRANGER

(RAM), sous l’égide du ministère de Royal Air Maroc l’Équipement et des transports, a convenu

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avec le ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger (MCMRE), d’accorder des facilités de transport au profit des Marocains résidant à l’étranger (MRE), pour une offre totale de 40 000 sièges. Cette mesure a été prise dans le cadre d’une convention cadre de partenariat, signée en avril, à l’hôtel Scribes à Paris par le ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l’étranger, Abdellatif Mazouz, et le directeur général exécutif de la RAM, Abderrafie Zouiten, en présence notamment de l’ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa et du directeur de l’aviation civile au ministère des transports Abdellah Bouhouche, ainsi que d’une forte délégation de représentants d’associations de Marocains résidant à l’étranger. En vertu de cette convention, la compagnie aérienne nationale accorde au profit de la communauté MRE des réductions tarifaires pour l’achat de billets effectués à l’avance, ainsi que des prix préférentiels pour l’achat de billets de groupes réalisé par des associations de MRE. La convention, en vigueur jusqu’au mois de décembre 2016, prévoit également la mise en place d’une carte de fidélité famille accordant une réduction de prix et des facilités de traitement d’excédent de bagages, ainsi qu’une carte privilège pour les seniors retraités.

▲ DIRECTEUR GÉNÉRAL EXÉCUTIF DE LA RAM ABDERRAFIE ZOUITEN

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La compagnie aérienne nationale accorde au profit de la communauté MRE des réductions tarifaires pour l’achat de billets effectués à l’avance, ainsi que des prix préférentiels pour l’achat de billets de groupes réalisé par des associations de MRE

Concernant le volet culturel de la convention, la RAM offre des facilités de transport au profit des artistes pour leurs activités et programmes initiés par le MCMRE, ainsi qu’aux enfants et jeunes MRE participant aux séjours culturels et linguistiques organisés dans leur pays d’origine. La convention prévoit, entre autres, un appui pour les MRE en difficultés pour leur déplacement au Maroc, notamment pour ceux qui ne s’y sont pas rendus depuis au moins dix ans. Un quota annuel pour le rapatriement des dépouilles mortelles des personnes démunies, après étude du dossier par l’ambassade et le ministère est également prévu. Enfin, la compagnie a annoncé la confection d’un nouveau produit « Omra » en basse saison avec un prix préférentiel englobant le départ de l’Europe, le séjour au Maroc, le départ vers les Lieux Saints et le retour au pays de résidence. Cette convention est le fruit d’une volonté commune du MCMRE, du ministère de l’Équipement et des transports et de la RAM en vue « d’asseoir les jalons d’une coopération effective et d’une coordination fructueuse ». L’objectif est de « répondre aux nouvelles attentes et aspirations des Marocains résidant à l’étranger, œuvrer au renforcement de leur attachement à leur pays d’origine le Maroc, et les soutenir en période de crise ».


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La compagnie s’engage ainsi à contribuer au programme du MCMRE en matière d’accompagnement des MRE, à travers l’accompagnement des événements culturels organisés par ou sous le patronage du ministère dans les pays d’accueil desservis par la RAM (Semaines du Maroc, journées culturelles,...). Intervenant à l’occasion de la cérémonie de signature, M. Mazouz a salué l’engagement de la RAM au service des MRE, soulignant que cette initiative, à l’instar de celles entreprises par d’autres institutions, « n’est qu’une exécution de la vision et de la continuelle sollicitude du roi Mohammed VI à l’égard des Marocains résidant à l’étranger ». Rappelant qu’en cette période de crise économique et financière que connaît le monde et plus particulièrement l’Europe, les Marocains du monde ont été directement affectés, le ministre a exprimé la solidarité du gouvernement par tous les moyens à la portée du Maroc qui n’échappe pas, lui aussi, aux effets de la crise. Il a relevé l’importance particulière de cette initiative qui permettra de répondre aux attentes des MRE pour venir se ressourcer et visiter leur mèrepatrie et de rester en contact avec leurs familles.

▲ ABDELLATIF MAZOUZ MINISTRE DÉLÉGUÉ CHARGÉ DE LA COMMUNAUTÉ MAROCAINE RÉSIDANT À L'ÉTRANGER, SIGNANT LA CONVENTION, À L'HÔTEL SCRIBE, À PARIS.

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▲ SIGNATURE DE L'ACCORD ENTRE LA RAM ET LE MINISTÈRE DÉLÉGUÉ CHARGÉ DE LA COMMUNAUTÉ MAROCAINE RÉSIDANT À L'ÉTRANGER

« Avec la présente convention la RAM a franchi un « nouveau pas » vers le renforcement de sa relation avec les MRE, soulignant que les 40 000 sièges mis en place pendant la période de pointe au départ des différents marchés (Europe, Amérique du Nord, Afrique et Moyen-Orient) pour le transport des MRE vers le Maroc, avec des conditions étudiées de très près avec le ministère des transports. En dépit d’une « concurrence très féroce » à laquelle est confrontée la RAM en raison de l’accord Open Sky, qui contraint la compagnie à regarder ses équilibres économique et financier, chaque fois que nous pouvons faire un geste pour les MRE, notamment pour les familles, nous le ferons avec un très grand intérêt » , a souligné M. Zouiten.

De son côté, M. Benmoussa, dont c’est la première activité officielle depuis sa prise de fonctions à la tête de l’ambassade du Maroc à Paris, a dit être « doublement heureux » de prendre part à cette cérémonie, d’autant qu’elle concerne la communauté MRE qui bénéficie de la haute sollicitude de SM le Roi et qui contribue à renforcer les relations entre le Maroc et la France dans tous les domaines. Soulignant le rôle de « véritable passerelle » que joue cette communauté dans les relations bilatérale, M. Benmoussa a souligné la nécessité de l’accompagner, l’encourager et la préserver, d’où l’intérêt de cette convention qui porte sur l’amélioration des prestations rendues aux MRE. Rappelant l’approche de proximité adoptée par l’Ambassade et les 16 Consulats du Maroc en France et les efforts menés pour améliorer les services consulaires, il a estimé qu’il reste « beaucoup de choses à faire », car il s’agit d’un travail de « longue haleine », promettant d’engager la réflexion pour voir comment l’ambassade pourrait accompagner davantage la communauté. Pour sa part, M. Zouiten a rappelé la « longue histoire » des liens qu’entretiennent les MRE avec la RAM, du fait de « l’accueil très particulier » qu’elle leur réserve, soulignant que le réseau de la compagnie a suivi dans son extension, outre les axes du tourisme, les zones d’implantation des MRE. « Nous avons ouvert ces dernières années, Moscou, Berlin. Nous ouvrons également Copenhague, Stockholm, Turin et Zurich. C’est dire l’attachement et la proximité de la RAM avec nos compatriotes résidant à l’étranger », a-t-il affirmé. 35


INTERVIEW

« BLACK DIAMOND » UNE ASSOCIATION QUI LUTTE CONTRE LA DÉPIGMENTATION

VOLONTAIRE DE LA PEAU

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54 États : On assiste aujourd’hui en Afrique, plus précisément au Sénégal, mais aussi en Côte d’Ivoire, au développement d’un phénomène déja ancien : la dépigmentation volontaire de la peau. Comment expliquer ce phénomène ? S’agit-il simplement, pour la femme noire, d’obtenir un teint plus lumineux ?

54 États : Pourtant, le maquillage, le travestissement, la transformation esthétique sont des marqueurs forts de l’espèce humaine. On les retrouve à toutes les époques, dans toutes les cultures. la dépigmentation volontaire de la peau n’est-elle pas le prolongement moderne d’une transformation esthétique ?

Déborah Gohou : L’usage des crèmes éclaircissantes en Afrique est ancien. Au départ, il s’agit peut-être d’obtenir un teint plus lumineux avec des produits qui ne sont pas encore véritablement dangereux comme les acides de fruits. Depuis une trentaine d’années, le phénomène se développe de façon inquiétante avec l’utilisation de produits nouveaux, plus agressifs pour la peau. Les raisons qui expliquent le besoin de se dépigmenter la peau sont nombreuses : d’abord, la soumission à un code esthétique, ensuite, la volonté d’accéder à un statut social supérieur lié à la blancheur, enfin, le besoin d’appartenir à un cercle « branché », l’équivalent d’une « tribu moderne ». La femme noire serait, dans l’esprit de celles qui se décolorent la peau, inférieure à la femme blanche. On voit comment, de façon pernicieuse, se prolonge la « colonisation » des esprits. L’ancien colonisé ne veut plus être ce qu’il a été, c’est-à-dire « noir » dans un monde dominé par les blancs.

D. G. : C’est évident, le travestissement, le maquillage et la surcharge esthétique sont communs à toutes les cultures. Il s’agit, pour séduire, de transcender pendant un moment l’état naturel. Le maquillage symbolise cette transformation éphémère. Ensuite, on se démaquille. La surcharge esthétique relève aussi de ce principe de transformation temporaire. Les masques sacrés disent clairement que « je » est « un autre », provisoirement. Ensuite, chacun revient à l’état naturel. La dépigmentation volontaire de la peau vise à remplacer l’état naturel par autre chose. Le « Je » devient un autre, plus précisément une autre, puisqu’il s’agit de femmes noires, même si l’exemple de feu Michaël Jackson montre que l’homme est aussi concerné. Dans nos sociétés modernes, les artifices d’une transformation ont vocation à remplacer définitivement l’état de nature. Le symbole absolu de cette transformation destinée à durer est la chirurgie esthétique. Les sociétés ont toujours imposé les codes d’une beauté qui nie provisoirement l’état naturel, comme le teint de porcelaine des Japonaises ou le trait noir qui souligne les yeux des Indiennes. La dépigmentation des peaux noires est le dernier avatar d’une transformation qui vise à nier l’état de nature. Je ne demande pas que la femme noire renonce à des transformations esthétiques qui sont des armes de séduction. Il s’agit de prendre la pleine mesure d’un phénomène dangereux psychologiquement, mais aussi pour la peau, car la dépigmentation volontaire passe par l’utilisation de produits dangereux.


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54 États : Contre la dépigmentation volontaire de la peau, existe t-il un mouvement de révolte citoyen en Afrique ? D. G. : En effet, un mouvement de révolte citoyen est en train de naître pour lutter contre ce phénomène. Des associations, des personnalités commencent à se mobiliser. L’association « Black Diamond » s’inscrit dans ce mouvement citoyen, qui vise à réinstaller la femme noire dans son identité et sa dignité. Pour cela, nous devons mobiliser le plus grand nombre de personnes, mais aussi les pouvoirs publics.

Exemple avant et après d’une dépigmentation volontaire

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D. G. : Les produits utilisés au début, tels les shampoings ou les détergents, présentent évidemment un danger moindre. Mais, ils ont été abandonnés au profit de produits plus agressifs et particulièrement dangereux pour la peau. Parmi ces produits figurent l’hydroquinone et la cortisone. L’hydroquinone est interdite depuis 2003. On a constaté qu’elle provoque une dépigmentation en confettis, c’est-à-dire que la peau se couvre d’une succession de taches blanches. La cortisone est particulièrement dangereuse, car elle amincit la peau et l’atrophie, ce qui entraîne sa fragilisation. Les produits vendus sur les marchés contiennent de la cortisone. Le danger est réel !

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54 États : Quels sont les produits utilisés ?

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54 États : Comment comptez-vous agir pour vous faire connaître ?

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D. G. : Nous souhaitons bien sûr nous faire connaître, faire connaître notre action, afin de faire naître chez les jeunes ivoiriennes une prise de conscience. Nous lançons une campagne d’information. Nous allons constituer un comité scientifique avec des médecins, des psychologues, des enseignants, des acteurs de la société civile. Nous avons organisé un concours de beauté, qui avait pour but de mettre en valeur la beauté naturelle. Nous allons éditer une bande dessinée qui sera distribuée dans les établissements scolaires ivoiriens. Nous souhaitons accéder aux médias pour faire passer notre message. Je tiens d’ailleurs à remercier la revue 54 ÉTATS pour nous avoir ouvert ses colonnes.

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D. G. : Il s’agit en effet d’une question de santé publique encore ignorée, ou sous-estimée. La faculté de médecine produit trop peu d’études sur cette question, alors que les risques sont majeurs. Les UFR de médecine, en Afrique, n’ont pas encore, dans les services de dermatologie, les moyens d’agir. Les ministères concernés, la santé, l’éducation, ne conduisent pas d’actions d’information suffisamment fortes dans les collèges, les lycées ou les universités, ou auprès de la population. Or, une campagne d’information s’impose. Je souhaite que l’association « Black Diamond » obtienne le label des ministères concernés, afin de conduire ces campagnes d’information, car les risques liés à la dépigmentation volontaire de la peau sont nombreux et irréversibles: fragilisation de la peau, vergetures, difficulté à cicatriser, brûlures, cancer… Nous sommes en train de recueillir de nombreux témoignages sur les conséquences de la dépigmentation volontaire de la peau.

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54 États : S’agit-il d’une question de santé publique ?

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PRÉSIDENTE DE LA FONDATION SOUNDÉLÉ KONAN, POUR LA PRÉSERVATION DE LA FÔRET IVOIRIENNE par Christian GAMBOTTI

54 États : Quel est l’état de la forêt ivoirienne ?

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Adrienne Soundélé : Aujourd’hui, la forêt ivoirienne se meurt à cause d’une exploitation abusive. Pour vous donner un chiffre, la forêt occupe aujourd’hui moins de 20 % du territoire, contre 56 % en 1966. Ce pourcentage est très largement en-dessous du seuil (30 %) à partir duquel un pays se met en danger, les conséquences les plus immédiates étant les effets sur le climat et la désertification qui en résultent. La perturbation du régime des pluies a d’ailleurs entraîné une baisse du rendement agricole. Il devenait nécessaire d’agir. Les premières actions en faveur de la protection de la forêt et du reboisement remontent à 1988. L’instabilité politique du pays n’a pas permis de conduire jusqu’au bout ces actions. Aujourd’hui, sous l’impulsion du président Ouattara et de son gouvernement, un élan nouveau semble donné. Le ministre des Eaux et Forêts, Mathieu Babaud Darret, conscient des enjeux, est bien décidé à sauver la forêt ivoirienne. Il lance une campagne de sensibilisation en direction des populations et des professions du bois. Campagne à laquelle la Fondation Soundélé Konan est associée. L’action que je conduis en faveur de la protection de la forêt ivoirienne est tournée vers les populations scolaires. La sensibilisation doit se faire dès le plus jeune âge.

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54 États : Le gouvernement ivoirien vous semble-t-il décidé à agir ?

A. S. : Le gouvernement est bien décidé à agir. Le contexte est plus favorable, politiquement et économiquement. La conscientisation écologique progresse. Les populations souhaitent que l’on protège l’environnement. Le gouvernement a d’ailleurs placé 2013 sous le signe du reboisement. La protection de la forêt et une réglementation stricte dans l’exploitation du bois ne sont pas contradictoires avec le progrès économique.

L’ÉCOLOGIE N’EST PAS SYNONYME DE

DÉCROISSANCE

Pour la Côte d’Ivoire, la nécessité d’aller plus vite vers le progrès économique et social ne doit pas nous conduire à commettre des erreurs irréparables. Chacun a pleinement conscience qu’il s’agit de l’avenir de la Côte d’Ivoire et de celui des générations futures. Mais il faut, dans ce domaine, des moyens considérables. Les pays riches ne peuvent nous demander de protéger la forêt africaine, qui est l’un des poumons de la planète, sans nous aider. Je me souviens pourtant que lors du Sommet de Copenhague, en 2009, malgré l’action du Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, porte-parole des pays africains, la voix de l’Afrique n’a guère été écoutée. Le mode de vie des Occidentaux, des Chinois et des Indiens, largement fondé sur une surexploitation des ressources naturelles, ne doit pas mettre en péril l’avenir de l’Afrique. Je crois que dans le domaine de la protection de l’environnement, il existe un front France-Brésil-Afrique qui peut agir efficacement pour sortir de l’égoïsme des États qui font désormais de l’économie le vecteur de la puissance sans tenir compte du nécessaire équilibre écologique sur la planète. Il serait inacceptable que l’Afrique, qui est le continent qui pollue le moins, soit exposée beaucoup plus qu’ailleurs au réchauffement climatique et à la désertification.


54 États : Les États africains ont-ils eux-mêmes pleinement conscience de la nécessité de protéger leurs forêts ?

54 États : Quelles sont les actions que vous conduisez en Côte d’Ivoire ? A. S. : LE PDF (Plan Directeur Forestier), qui couvre 1988-2015, est aujourd’hui dépassé. La surexploitation forestière des années 2002, avec tous les trafics illicites d’essences naturelles, l’occupation des forêts classées, le braconnage et les feux de brousse, doit conduire l’État à concevoir un plan d’urgence, car la couverture forestière est passée de 12 millions d’hectares en 1956 à moins de 2 millions aujourd’hui. Ce plan d’urgence demande des moyens financiers importants, mais ne rien faire coûterait encore plus cher. Les fers de lance de ce plan d’urgence, qui définit une exploitation rationnelle et durable des forêts sont, bien sûr, le ministère des Eaux et Forêts et la Société de Développement des Forêts (SODEFOR). Le ministre des Eaux et Forêts, Mathieu Babaud Darret, est pleinement engagé dans ce combat, Le Taï Monkey Project est situé tout comme la SODEFOR, à travers le au cœur du parc national Taï président du conseil d’administration, en Côte d’Ivoire, qui renferme Koné Ousman, et son directeur général, Mamadou Sangaré. La SODEFOR, la plus grande partie de forêt créée en 1966, est l’unique gestionnaire tropicale intacte restante en des 231 forêts classées de Côte d’Ivoire. Afrique de l’Ouest. Son action est primordiale et je fais mien ce slogan porté par Koné Ousman : « une société forte dans une Côte Sept espèces de singes sont d’Ivoire verte ». La Fondation Soundélé régulièrement observées Konan a signé, à travers la SODEFOR, dans la zone étude : le colobe une convention avec l’État pour conduire auprès des établissements scolaires rouge, le colobe noir et une campagne d’information et des blanc, le colobe vert olive, actions de sensibilisation. Nous avons le cercopithèque Diane, le conduit, avec les écoles, des actions de reboisement, en particulier avec le lycée hocheur blanc-nez, le mone français, ce qui constitue une première.

de Campbell et le singe vert mangabey.

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A. S. : L’Afrique en général et la Côte d’Ivoire en particulier ne peuvent échapper à une réflexion sur leur construction ou reconstruction. Dans le domaine de la protection des forêts, cette réflexion existe. En 2009, lors du 7e Forum mondial pour le développement durable , qui s’est tenu au Burkina Faso, à Ouagadougou, l’Afrique a pu poser la question du financement de la lutte contre le réchauffement climatique, un financement évalué à 65 milliards de dollars. En outre, onze pays du bassin du Congo ont adopté, à Brazzaville, un plan de convergence pour assurer la préservation de la deuxième forêt tropicale du monde, après celle du Brésil. Les intentions existent. La crise qui frappe l’économie mondiale depuis 2009 rend plus difficile la question du financement de la protection de l’environnement pour les pays africains qui sont, ne l’oublions pas, les plus exposés au réchauffement climatique. La Côte d’Ivoire, bien avant que ce concept soit à la mode, a su poser la question du développement durable à propos de ses forêts, en particulier à travers l’action de la SODEFOR, une société d’État placée sous la tutelle du Ministre des Eaux et Forêts.

54 Etats : Voulez-vous perpétuer, avec la Fondation, le souvenir de Soundélé Konan, le premier grand forestier ivoirien ?

A. S. : Perpétuer le souvenir de Soundélé Konan ne se justifie que parce que son action a été exemplaire. Mon jeune frère, disparu trop tôt, a le premier, parlé de développement durable pour la forêt ivoirienne. Sa vision était à la fois économique et écologique. Dès les années 1980, son action vise à préserver la forêt ivoirienne en rationalisant son exploitation, en définissant le cahier des charges d’un développement durable. La Fondation Soundélé Konan est pleinement engagée dans l’action avec, comme socle de convictions, les idées de Konan, et comme moteur, une urgence écologique plus forte. Mais je n’oppose pas croissance et préservation de la forêt ivoirienne. Nous militons pour une exploitation forestière responsable : gestion rationnelle, traçabilité des bois exploités, reboisement, financement, etc. Mais rien ne sera possible sans une volonté politique forte de l’État.

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CAP SUR L'AFRIQUE DU SUD par Rabah SEGHIR

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Nelson Mandela, qui a fait sacrément peur à la planète entière avec son hospitalisation récente fut le premier président noir d’Afrique du Sud, et Frederik de Klerk, son dernier dirigeant blanc. Ils reçurent ensemble, le 13 décembre 1993, le prix Nobel de la paix à Oslo. Un symbole très fort d’un État sur les voix de la réconciliation, désireux d’offrir à ses enfants l’égalité et le respect. S’estompent les heurts et les malheurs d’une histoire cruelle. Se profilent, entre les Noirs et les Blancs si longtemps opposés, l’émergence d’une gestion commune et l’espoir d’un succès partagé, sur une terre dont le sous-sol regorge de richesses. Xhosas, Zoulous, Ndebele, Sothos, Tsawanas, Vendas, Shangaans, Swazis, Hollandais, Britanniques, Allemands, Français, Indiens, Métis… Une mosaique de peuples compose cette « nation arc-en-ciel », creuset de toutes les cultures. Situé à la pointe sud du continent africain, c’est l’État le plus austral de l’Afrique. Bordé par l’océan Indien à l’est et l’Atlantique à l’ouest, le pays voisin de la Namibie, du Botswana, du Zimbabwe, du Mozambique et du Swaziland est le poumon économique du continent : paradis de l’or et du diamant, safari exotique réalisent une synthèse admirable de variété sur 1 220 000 km2. Alors, pourquoi parcourir le monde quand vous pouvez le visiter en un seul pays ? Suivez le guide.

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UN KALÉIDOSCOPE D’IMPRESSIONS ! L’Afrique du Sud offre aux touristes pléthore de lieux incontournables. Les paysages du Cap, le parc Kruger, les plages de Durban, le canyon de Blyde-River, la ville cosmopolite de Johannesburg et la capitale Pretoria enchanteront vos mémoires. Le voyage commence par la porte d’entrée du pays : Johannesburg . Jo’burg, c’est la visite émouvante de Soweto où la population noire a subi l’apartheid et où Nelson Mandela et Desmond Tutu vécurent. C’est aussi, dans une ambiance à la Indiana Jones, les virages de la ruée vers l’or, à Gold Reef City et c’est enfin, une ville économique avec son symbolique édifice Carlton Center qui ravira les dames fans de la vie à la « City ». A contrario, les esprits à l’âme plus populaire, se délasseront dans la ville tranquille et sécurisée de Pretoria. La capitale, rebaptisée Tshawne, prend l’allure des campagnes françaises sauf que le climat y est tropical. Si l’ennui ou la solitude vous oppressent, la visite de la maison de Paul Kruger et les 33 musées de la ville vous distrairont en un tour de main. Pour ceux qui recherchent les plaisirs de l’eau, l’Afrique du Sud offre une plage pour chaque occasion. Les meilleurs sites de surf du monde se trouvent à une heure de route du Cap. Les lieux de plongée s’étendent des forêts de Varech aux récifs coralliens de la baie de Sodwana. Sur la route qui longe la côte de False Bay, l’observation des mammifères marins surprend. Enfin, les magnifiques plages de Durban, entourées par les attractions de la ville, raviront les femmes qui optent pour la formule « shopping et farniente ». Pour les fervents de sensations fortes, rendezvous dans la province du Transvaal de l’Est, au parc naturel Kruger, vieux de plus d’un siècle. Les safaris, de par la vie sauvage et animalière activeront vos pulsations cardiaques. Vos caméras capteront les vedettes du continent africain : lions, léopards, éléphants, rhinocéros, buffles. Toujours à l’Est du Transvaal, dans la province de Mpumalanga, vous admirerez le canyon de Blyde-River ou canyon de « la rivière de joie », quatrième plus grand du monde. La liste des sites incontournables ne saurait s’arrêter tant le pays est vaste.


© Megan Coughlin

PRINTEMPS, ÉTÉ, AUTOMNE, HIVER ?

Superficie : 1 221 037 km2 Capitale : Pretoria Date d'indépendance : 31 mai 1961 Population : 47,9 millions habitants Indice de fécondité : 2,7 Espérance de vie : 51 ans Taux de croissance démographique : 1,7 % RNB par habitant (PPA) : 9 560 $ RNB : 274 milliards de $ IDH : 0,764 ; rang : 121/177 Langues officielles : afrikaans, anglais, zoulou, xhosa, pedi, tswana, tsonga, swazi, venda, ndébélé, sotho Monnaie : rand

Certaines données peuvent être décisives pour choisir quand et comment visiter l’Afrique du Sud. 11 heures de vol de Paris, ça calme ! Alors autant amortir votre séjour en restant au minimum 15 jours. Et puis les températures sont loin d’être mauvaises. Le printemps, d’octobre à décembre, n’est pas adéquat pour faire trempette dans l’eau. Un courant froid venu d’Antarctique traverse la côte Atlantique d’Afrique Australe. En revanche, la période est idéale pour parcourir la région du Cap qui regorge de Fynbos en fleur. L’été, de décembre à mars, est parfait pour parcourir le Gauteng (Jo’burg, Pretoria) avec des températures de 30°, à condition de se munir d’imperméables et de parapluies, car la pluie ne prend pas rendez-vous. L’automne, de mars à mai est la meilleure saison, avec des températures allant de 15 à 30° pour visiter la région de Port Elisabeth. Mais vous n’êtes pas sans ignorer le proverbe « en mai, fais ce qu’il te plaît.» Enfin, de juin à septembre, l’hiver s’adapte parfaitement aux safaris exotiques, avec des températures fraîches et des cieux sans pluie, vous pourrez ainsi laisser les parapluies à l’hôtel. Vous voilà riches d’informations sur l’Afrique du Sud. Aux oubliettes le temps d’un voyage, les stéréotypes qui collent à la peau de ce beau pays au parfum indescriptible. La nation arcen-ciel vous ouvre ses portes ! 41


L’HUMORISTE QUI NE FAIT PAS RIRE

LES ISLAMISTES

ÉGYPTIENS

par Sonia DRIDI

Passer du bistouri au prompteur, rien de plus simple pour Bassem Youssef, pur produit de la révolution égyptienne. Pendant les dix-huit jours du soulèvement populaire, ce médecin de 38 ans vient en aide aux blessés dans les hôpitaux de campagne puis, scandalisé et frustré par la couverture de l’évènement par les médias d’État, il se lance dans la satire. En novembre 2011, il confiait : « Il y avait tellement de mensonges [...] À chaque fois que je revenais de Tahrir et que je regardais la télé, j’étais très énervé. » Depuis un studio aménagé dans son appartement, tapissé de photos de la révolution, l’humoriste aux grands yeux bleus enregistre ses vidéos diffusées sur Internet. Elles attirent rapidement l’attention de centaines de milliers d’Égyptiens et de la chaîne privée ONTV, populaire auprès des activistes, qui le sollicite pour diffuser sa propre émission al Bernameg (le Programme). Il y apporte son regard grinçant et percutant sur l’actualité. Des islamistes aux libéraux (et même le directeur de la chaîne !), tout le monde en prend pour son grade. Succès immédiat : ses multiples mimiques et son franc-parler charment l’Égypte.

Le Jon Stewart 42

égyptien

© Hossam el-Hamalawy

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Depuis novembre dernier, son rêve s’est réalisé : enregistrer une émission hebdomadaire devant un public, à la Jon Stewart, l’humoriste américain et modèle absolu du roi égyptien de la satire. Il a d’ailleurs reçu les compliments du « maître » lors d’un passage sur son plateau cet été. Le show est désormais retransmis le vendredi soir sur la chaîne CBC, réputée proche de l’ancien régime, mais qui a pu offrir financièrement à la nouvelle étoile du rire les moyens de ses ambitions. Ce mercredi soir au Caire, la foule se presse pour découvrir les contorsions politicosatiriques du présentateur, à la veille du deuxième anniversaire de la révolution du 25 janvier. Dans une petite impasse, à quelques pas de la place Tahrir, au milieu de bâtiments un peu défraîchis, se tient une imposante affiche avec le visage de la star au sourire de crooner. Quatre jeunes filles, iPhone et sacs de marque en mains, attendent impatiemment l’ouverture des portes. Elles disent se sentir très chanceuses d’être là car les tickets, gratuits, s’arrachent comme des petits pains. L’une d’elles s’exclame : « Je l’adore ! Je le regarde tous les vendredis soirs à la télé. C’est vraiment bien car avant il n’y avait pas cette opportunité de se moquer des politiciens ! » Son amie poursuit : « J’aime le fait qu’il n’a peur de personne ». Alaa Abdel Fattah, célèbre activiste et bloggeur, passé par la case prison sous le pouvoir militaire, est venu voir le spectacle en famille. Il explique : « Son histoire est un exemple pour les jeunes révolutionnaires [...]. Finalement, il dit exactement ce qu’on se raconte entre nous ! »


À l’intérieur, dans cet ancien cinéma reconverti en plateau télé ultramoderne, le décor est clinquant. Durant les 90 minutes de l’émission, entrecoupées d’invités et ponctuées de grimaces, Bassem se met en scène en tant que révolutionnaire euphorique puis désenchanté. Il revient également sur les catastrophes de la semaine passée (accidents de train, effondrements d’immeubles) et ne manque pas de tacler les Frères musulmans au pouvoir. Il tourne en dérision des extraits de leurs discours et des commentaires de présentateurs de journaux télévisés. Pendant l’entracte, il répond aux questions de l’audience. Beaucoup lui demandent s’il ne craint pas la fronde des islamistes, car tous savent qu’il est dans leur collimateur.

L’influence de ses sketches est incontestable. Ses moqueries bon enfant nourrissent les conversations et débats des Égyptiens, dans les cafés ou encore les files d’attente des bureaux de vote. Ce fut notamment le cas lors du référendum sur la Constitution en décembre dernier, facteur de polarisation dans le pays. Bassem dit être heureux de voir qu’à la suite de la révolution, de nombreuses personnes au comportement « extrêmement passif » sont devenues plus actives : « Le plus grand danger serait que les gens abandonnent et ne se battent plus pour leurs droits. » Dans son bureau, entouré de sa vingtaine de jeunes employés à l’affût d’idées sur les réseaux sociaux et les programmes télévisés, il dit toutefois sa déception : « L’utopie que l’on a vécue pendant les dix-huit jours [de la révolution, ndlr] ne s’est pas réalisée. Mais il faut comprendre que des décennies d’oppression et de pouvoir militaire ont créé des divisions entre les Égyptiens et certains types d’extrémisme que l’on voit aujourd’hui [...]. Je pense que cela va prendre du temps. Deux ans après la révolution, nous sommes toujours au point de départ. »

© Social Extremely

Ces dernières semaines, le médecin rebelle a fait les gros titres. Le procureur général a ouvert une enquête contre Bassem Youssef à la suite d’une plainte déposée par un avocat islamiste pour « outrage au président Morsi ». Le plaignant a notamment pointé du doigt une récente émission dans laquelle le présentateur vedette pose la question : « Morsi serait-il un dictateur ? » et montre ensuite les photos de Staline, Hitler ou encore Mussolini. Le « raïs » (chef en arabe) est en effet la cible fréquente de l’humoriste. Dans une vidéo, il le tacle à la suite d’un décret très controversé : « Le Président a maintenant le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, et il a tourné le dos au pouvoir judiciaire [...]. Ce n’est pas le président Morsi mais Super Morsi ! » Bassem Youssef a répondu aux attaques avec humour dans sa première émission de l’année. Il ne pense pas que la plainte ait un lien avec le bureau de la présidence, mais selon lui, elle a sûrement été appuyée par des membres des Frères musulmans. Malgré les poursuites et parfois même les menaces de mort, il ne compte pas abandonner. Souriant et calme, Bassem dit avoir trop de travail pour se préoccuper de tout ça : « La seule chose à laquelle on pense, c’est le prochain épisode. »

▲ BASSEM YOUSSEF SUR LE PLATEAU DE SON ÉMISSION

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par Stéphane POCIDALO

Depuis cinq ans, le festival Marsatac s’évertue à faire fusionner les influences musicales françaises et africaines à travers Mixatac. Ce beau projet a débouché sur trois albums colorés et réussis. Du côté de Nîmes et de Marseille, le mot « Marsatac » rime avec fête des cultures urbaines. Cela fait quinze années que les organisateurs de ce festival programment durant une semaine des dizaines de concerts de tous styles musicaux. Mais les valeurs de partage s’expriment au-delà de cette manifestation musicale. En 2008, les organisateurs ont mis en place deux résidences de création à Bamako et à Marseille, permettant de faire rencontrer des artistes français (Alif Tree, David Walters) et maliens (Issa Bagayogo, Ahmed Fofana, Neba Solo...). Nom de ce projet ambitieux : Mixatac. Depuis, ce Collectif, avec un grand C, a accouché de trois beaux opus aux sonorités méditerranéennes : #1 Bamako, #2 Essaouira et #3 Beyrouth. Chaque volet répond à la même volonté de mélanger les influences, tantôt hip-hop, électro ou traditionnelles. Si une série de concerts a déjà été donnée entre 2008 et 2012, un grand rendez-vous attend tous les protagonistes le 29 septembre prochain en clôture de la 15e édition du festival Marsatac, au théâtre de la Criée à Marseille. Une belle histoire qui boucle la boucle.

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Escale à Bamako

Détour marocain

Douceurs libanaises

Enregistré au studio Bogolan en mars 2009, le premier album de Mixatac, #1 Bamako, réunit quinze artistes de talent, dont de nombreux issus de la scène malienne : Ahmed Fofana, Massaran Kouyaté, Issa Bagayogo ou encore Aboubacar Koné. Leurs voix se glissent malicieusement sur de la musique électronique ou même mandingue, ce qui donne un réel relief à cet album ouvert et métissé.

Ce deuxième opus, #2 Essaouira, est l’occasion de confrontrer l’univers de la nouvelle scène hip-hop et de la musique traditionnelle gnaoua. Le tout sous le regard du trio Nasser, célèbre pour ses riffs électro-rock. Le résultat offre un cocktail succulent de sonorités qui met à l’honneur les nombreux talents marocains, de Hassan Boussou à Komy.

En 2009, l’équipe de Marsatac décide de se rendre au Liban. Les artistes Rodolphe Burger et Fred Nevchehirlian rencontrent ainsi la scène beyrouthi regroupant Wael Koudaih, Fadi Tabbal ou Youmna Saba. Ces moments de partage offrent l’occasion d’enregistrer un troisième album, #3 Beyrouth, qui sortira en septembre prochain.

Mixatac #1 Bamako Sortie depuis le 2 avril 2013 Label : Orane Distribution : Autre distribution/Idol. Avec Ahmed Fofana, eba Solo, David Walters, Mangala Camara, Massaran Kouyaté, Alif Tree, Aboubacar Koné, Issa Bagayogo.

Mixatac #2 Essaouira Sortie depuis le 26 mai 2013 Label : Orane Distribution : Autre distribution/Idol. Avec Simon Henner, Nicolas Viegolat & Romain Chicha (Nasser), Hassan Boussou, Komy.

Mixatac #3 Beyrouth Sortie le 10 septembre 2013 Label : Orane Distribution : Autre distribution/Idol. Avec Rayess bek, Rodoplhe Burger, Youmna saba, Fred Nevchehirlian.


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©Kassav

par la rédaction

Peu importe la génération à laquelle vous appartenez, vous avez forcément écouté au moins une fois Syé bwa ou Zouk-la sé sèl médikaman nou ni, les tubes incontestés du groupe Kassav. Au début des années 80, Kassav lance ce nouveau genre musical très festif qui fait danser les foules. Depuis, le zouk s’exporte partout dans le monde. Angola, Côte d’Ivoire, Mali, Maroc, Cap-Vert, Curaçao, Aruba, Colombie, Brésil, USA, Canada, Japon, Russie, Portugal, Italie, Suisse, Pays-Bas. Les stades africains affichent à chaque fois « complet » pour les artistes zouk. Miles Davis parle du zouk comme d’un choc majeur, Jocelyne Béroard, membre du groupe Kassav installe le créole au Top 50 avec Kolé séré en duo avec Philippe Lavil. Kassav est le premier groupe noir à chanter en URSS… Pour vous, 54 États a rencontré ce groupe mythique.La rédaction.

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Kassav était en répétition au studio Planet live de Bondy (93) tout le mois d’avril. C’est d’ailleurs là qu’ils ont enregistré leur 16e album, Sonjé. Au Planet Studio, ils ont répété le show de la tournée Mawonaj tour et l’émission spéciale que leur a consacré France Ô, le 11 mai. L’enjeu est de taille avec trois nouvelles dates au Zénith de Paris, les 7, 8 et 9 juin, et cet album qui est sorti le 13 mai, six ans après All you need is zouk. Selon leur producteur François Pinard de Los Productions, cet album, « c’est Kassav influencé par Kassav ». À noter que l’apostrophe qui suivait Kassav a disparu. Jocelyne Béroard l’explique ainsi : « Écrire Kassav avec une apostrophe après le « v », ce n’est pas très correct en graphie créole. » Ce samedi du mois d'avril, aux Dock de Paris, il y a Philippe Joseph au deuxième clavier (il est dans le groupe depuis 1994), Thomas Bellon à la batterie (il a remplacé Claude Vamur en 2009), Hamid Belhocine, Fabrice Adam (1994), Claude Pironneau (1999) et Alfred Hovsepian (1981) à la section cuivres; Marie-José Gibon (1983), Marie-Céline Chroné (1996) et Jean-Jacques Séba (2008) aux choeurs... Jocelyne Béroard, Jacob Desvarieux, Jean-Claude Naimro et Georges Décimus sont en place.

Ça fait un bout de temps qu’ils n’ont pas tous été réunis pour travailler ensemble ces nouveaux morceaux. La tournée française débutera quasiment à Marie-Galante au festival Terre de blues. L’album Sonjé, hommage à Patrick SaintÉloi, comporte seize créations nouvelles pour lesquelles chacun des cinq membres du groupe a apporté sa sensibilité. JeanClaude Naimro a beaucoup travaillé seul. Pipo avec Philippe Joseph, et les autres ont aussi travaillé en collaboration. Cet album a débuté en avril 2012 à Saint-Domingue, puis à Paris, en Martinique, en Guadeloupe, en Nouvelle-Calédonie et à Santorin. La tournée a commencé le 20 avril à SaintMartin, et comporte trois dates au Zénith de Paris. La tournée, du 14 juin au 19 octobre, passera par les grandes villes de l’Hexagone et du Canada. Ça promet d'être chaud et de faire du bruit !


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54 États : Pourquoi ce titre, Sonjé ? Jocelyne : Nous n’avons pas fait d’album depuis 2007 et Patrick Saint-Éloi est mort il y a deux ans. C’était pour nous quasiment obligatoire de lui rendre hommage. Il a passé plus de vingt ans avec nous, neuf ans en solo, c’était légitime. 54 États : Avez-vous vécu difficilement son départ du groupe ?

54 États : Avez-vous ressenti du stress au moment de composer ?

54 États : Comment se passe votre quotidien aux Antilles ?

Jocelyne : On n’était pas heureux, mais il voulait rentrer au pays, retrouver sa famille et faire sa musique quand il en avait envie. La vie a continué pour chacun de nous, mais on ne s’attendait pas à ce qu’il nous quitte complètement. C’est une douleur supplémentaire. Il a marqué l’histoire du groupe. Il avait une couleur particulière qui était la sienne et qui était appréciée. On n’a pas remplacé Patrick, on n’a pas comblé un vide, on a continué sans lui.

Jocelyne : Bien sûr ! Je crois qu’il y a toujours le syndrome de la page blanche... Qu’est-ce qu’on peut raconter encore ? Les mélodies nous inspirent-elles ? J’ai eu du mal à rentrer dans l’album au début, mais parce que j’étais angoissée. Je me disais à chaque fois, il faut qu’on prouve quelque chose. On doit rester au même niveau... Et les gens ont une mémoire volatile.

Jocelyne : On est chez nous ! On va faire les courses, manger du court-bouillon... Kassav n’est pas un groupe qui joue aux stars.

Jacob : Je me suis dit qu’on devait faire un album encore meilleur que les autres...

54 États : Rien à voir avec le nom de la tournée, Mawonaj tour ? Un titre symbolique fort.

54 États : Comment a été composée la chanson Sonjé ? Jocelyne : Jean-Philippe a composé la chanson. C’est une présentation de Patrick et ensuite on fait un petit survol de quelquesuns de ses titres. C’est une création au départ puisque même les hommages sont sur une base rythmique que Jean-Philippe a créée. Il a adapté les chansons de Patrick Saint-Éloi.

54 États : Comment voyez-vous Kassav aujourd’hui ? Jacob : Quand on fait ce genre de métier, je ne sais pas si on est mûr un jour... C’est faire des choses auxquelles on ne s’attend pas qui est intéressant. Si on devient sage un jour, on peut prendre notre retraite ! Jocelyne : La sagesse est beaucoup plus relationnelle. On sait que ce qui est important, c’est de faire notre musique ensemble.

Jacob : On fait de toute façon plus de monde à l’étranger... Jocelyne : En France, on est un groupe « marron » ; à l’étranger, on est un groupe français.

Jocelyne : Ce monde fonctionne énormément avec des tendances. Quand ça vient de l’étranger, ce n’est jamais ancien, ni rétro. Quand ça vient de chez nous, faut surtout faire moderne ! Et faire moderne, c’est aller chercher ailleurs. Mais on fait notre musique et on n’a pas envie de faire de compromis, de partir ailleurs et déconsidérer la musique qu’on a créée.

54 États : Quels souvenirs marquants gardez-vous de cette aventure ? Jocelyne : Notre premier Zénith. On a rempli la salle ! Après ça, les autres ont osé y aller. On a été la locomotive. En Afrique aussi, on a vécu de petites aventures. Comme lorsqu’on s’est retrouvé pris en otage au Gabon, nos passeports confisqués parce que l’organisateur avait fait un chèque sans provision à la femme d’Omar Bongo... Jacob : Maintenant, on en rit, mais pas à l’époque... Jocelyne : Au Cameroun, ça a été plus douloureux... On aurait pu être blessés. Un autre grand souvenir, c’est la pelouse de Reuilly en 1987. Il y avait 300 000 personnes. On était bouche bée. Des gens à perte de vue... Jacob : Le plus grand succès, c’est la reconnaissance de notre vivant.

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Jocelyne : Le groupe est devenu une icône.


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L’AUTEUR César Beng est « en politique » depuis 30 ans. Homme de l’ombre, proche conseiller, il est l’un des gardiens de la mémoire et de la pensée de Philippe Séguin. Enfants de l’immigration, il partage avec son mentor le même amour pour la France. Né au Cameroun, César Beng est le symbole d’une intégration réussie grâce à sa volonté, son mérite et l’École de la République. En 1996, il crée et prend la Présidence de l’Association des Amis de Philippe Séguin. Il est actuellement Consultant en Relations Internationales.

L’abécé(suici)daire de la ligne 13 est le premier livre qui rend hommage aux 610 000 usagers qui empruntent chaque jour le tronçon. Depuis 1911, les voyageurs qui sont amenés à prendre ce métro doivent faire preuve de beaucoup de courage et de patience. Car la réputation du tronçon Châtillon Montrouge-AsnièresGennevilliers-Les Courtilles/Saint-DenisUniversité n’est plus à faire : c’est la ligne de tous les ennuis et de toutes les galères. Cet abécé(suici)daire évoque tous les éléments qui font la « beauté » de la ligne : ses incidents techniques improbables, son histoire complexe et ses caractéristiques bien particulières. Tous les usagers de la RATP peuvent se retrouver dans cet ouvrage qui prend le parti de rire plutôt que de déprimer…

Journaliste passionné qui exerce depuis plus de cinq ans dans la presse écrite et sur le Web, Stéphane Pocidalo signe ici son premier livre et plonge le lecteur dans les couloirs de la ligne de métro la plus contestée de Paris : la 13. Cette satire piquante est l’occasion de pointer du doigt tous les éléments qui exaspèrent les usagers du métro parisien.

© Publibook

Prix livre papier : 11,00 € Prix livre numérique : 6,60 € Collection : Classique Thème : Humour Nombre de page : 58

Prix : 13,00 € 98 PAGES ISBN : 9782748397789 Histoire / Politique Ed. Publibook

Le chômage est-il une fatalité ? Doit-on se résigner à l’exclusion ? Comment venir à bout de la corruption ? Pourquoi l’immigration est-elle une chance ? Et quid d’une construction européenne dont les peuples se sentent de plus en plus tenus à distance ? Sur quelles bases redéfinir les relations France-Afrique et la francophonie ? En prise avec les préoccupations des Français qui ont vu leur quotidien être par exemple assailli par des sujets comme la dette et la crise, l’ouvrage de César Beng apporte clés de décryptage et grilles de lecture au citoyen inquiet du lendemain. Au fil d’échanges avec Sophie Dominique Rougier, dont on retiendra et la clarté du propos et la volonté de briser certaines idées reçues, César Beng élabore une pensée politique volontiers iconoclaste, qui ravive encore celle de Philippe Séguin, dont l’une des qualités fut sans doute de savoir aborder les problèmes avec réalisme et acuité, en les situant dans des contextes élargis. CÉSAR BENG, POURQUOI PHILIPPE SÉGUIN AVAIT-IL RAISON ? Avec la crise qui sévit dans les pays européens, son diagnostic était le bon ! Vous vous souvenez de sa participation au débat de Maastricht contre François Mitterrand ? Il avait prédit que la manière dont l’Europe était construite était catastrophique. Voilà le résultat. En économie, il y a deux facteurs essentiels, la monnaie et la maîtrise du budget. À partir du moment où vous avez une économie asymétrique, c’est la catastrophe. Toutes ces crises en cascade que l’Europe est en train de vivre sont la conséquence de Maastricht. 49


54 ÉTATS : Bonjour Rio, merci de nous recevoir, tout d’abord, où sont passés vos superbes dessins capillaires ?

par Jean-Michel ANNICETTE

© Makala

Rio Mavuba (R. M.) : (rires) C’était un délire de jeunesse, ça fait environ quatre ou cinq ans que je ne les fais plus. C’était pour le fun. Mon coiffeur à l’époque se lançait dans ce genre esthétique alors c’était un moyen pour moi de le soutenir en lui servant de modèle.

54 ÉTATS : Plus sérieusement, vous êtes président de l’association « Les Orphelins de Makala ». Pouvez-vous nous en parler ? R. M. : C’est une association qui regroupe trente enfants des quartiers de Makala à Kinshasa en République Démocratique du Congo. On essaie de leur faire prendre confiance en eux par la scolarité, leur hygiène de vie, les loisirs et la nourriture. On essaie de leur apporter tout ce que les enfants doivent avoir lorsqu’ils se construisent.

54 ÉTATS : Je suppose que cela résonnait comme une évidence chez vous d’aider tous ces enfants en difficulté ? R. M. : En effet, c’était important de par mon enfance douloureuse qu’aujourd’hui, adulte, je puisse venir en aide aux orphelins et autres enfants dans la souffrance. J’ai la chance d’avoir un bon niveau de vie, et c’est un bonheur pour moi d’aider les enfants qui traînent dans les rues de Kinshasa.

54 ÉTATS : Quelles activités avez-vous mis en place en RDC ? R. M. : Les enfants aiment beaucoup jouer au football, donc on leur organise des rencontres, des tournois. Les filles font de la couture, pour celles qui sont intéressées, et on a d’autres projets en vue. Par exemple acheter des terrains pour leur permettre de les cultiver. On aimerait aussi acheter des bâtiments pour séparer les filles et les garçons, il y a pas mal de projets en vue, dont j’espère que vous allez entendre parler prochainement.

54 ÉTATS : Avez-vous des exemples de réussite avec tous les enfants que vous aidez ? R. M. : Oui, il y a une jeune fille qui vient d’obtenir ses premiers diplômes dans la couture. On a un des garçons qui a trouvé du travail et qui est mécanicien et on est très fier d’eux, ça donne de la force pour continuer à travailler pour que leurs copains réussissent le même parcours.

© Betty Images

54 ÉTATS : Y a-t-il des partenaires en Afrique qui ont joué le jeu ?

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R. M. : Oui tout à fait, nous sommes tombés sur des partenaires qui ont fait des dons de matériel, des boulangeries qui nous donnaient du pain, certains qui aident avec des moyens humains et d’autres qui ont mis de l’argent de leur poche aussi !


© Clara Lesecq

54 ÉTATS : Comment s’est déroulé votre concert à Lille avec vos amis footballeurs ?

54 ÉTATS : Qu’est-ce qui a changé selon vous entre votre génération et celle de maintenant ?

R. M. : Ça s’est très bien passé, mes collègues de l’équipe et mes amis du football sont venus. Il y avait beaucoup d’ambiance, beaucoup d’artistes aussi parce qu’un concert avec des joueurs de football qui chantent ça aurait été un peu compliqué pour le public. C’était une belle réussite, on faisait six mille personnes et tout le monde avait l’air joyeux.

R. M. : À mon sens, la génération a beaucoup d’offres. Tous les grands recrutent de plus en plus jeune. Parfois très jeunes, ils gagnent plus d’argent que leurs parents, ce qui peut les inciter à se déconnecter très vite de la réalité ! Tout ça peut avoir un impact sur l’influence que peuvent avoir les parents sur l’enfant.

54 ÉTATS : Sur le projet en France, y a-t-il d’autres personnalités (en dehors du football) qui sont impliquées avec vous ? R. M. : Oui, des humoristes, des chanteurs qui viennent gratuitement pour soutenir la cause, c’est vraiment sympa de leur part. 54 ÉTATS : Comment jugez-vous votre parcours d’homme aujourd’hui ? R. M. : C’est difficile de répondre à cette question… On a toujours des choses à apprendre et à faire. Je suis content, j’ai deux enfants, j’ai envie de continuer à apprendre de la vie, à donner un maximum d’armes à mes enfants et toutes ces choses qui font de toi un homme. Et comme personne n’est parfait, comme tout un chacun, je tends à me bonifier un peu plus chaque jour. 54 ÉTATS : Quels souvenirs gardez-vous de vos jeunes années de footballeur ? R. M. : Globalement, je n’en retiens que du positif, même s’il y a eu des passages plus difficiles, mais c’est ce qui te forge aussi. Parce que quand tu es jeune, tu fais quand même beaucoup de concessions. Quand tu vois tes amis sortir pour aller s’amuser, toi tu es au centre de formation, tu restes dans ta chambre parce que tu as match le lendemain à préparer. Il y a pas mal de choses de la jeunesse que l’on rate, il faut le savoir. Mais quand tu as la chance de réussir, car il y a beaucoup d’appelés, peu d’élus, tu es content de pouvoir bénéficier du fruit de ton engagement. 54 ÉTATS : Êtes-vous surpris par l’éclosion des jeunes joueurs de 16 – 17 ans ? R. M. : Non pas du tout surpris, notamment en France où on a de très bons jeunes qui frappent aux portes des équipes premières en Ligue 1 ou en Ligue 2. Quand un jeune est là, il faut qu’il s’exprime et certains ont ce talent de savoir s’exprimer avec le ballon.

54 ÉTATS : À bientôt 30 ans, faites-vous partie de ces joueurs qui préparent leurs reconversions ? R. M. : Honnêtement non. Bien sûr, tu te poses des questions, mais je ne prépare rien pour le moment, j’ai 29 ans, j’ai encore de belles années devant moi donc je ne me préoccupe pas trop de ça pour le moment.

54 ÉTATS : Avez-vous un domaine de prédilection dans lequel vous aimeriez vous épanouir après le football ? R. M. : Je vais rester dans le football, ça c’est une certitude, entraîner ou autre chose, mais le football reste mon domaine de prédilection. 54 ÉTATS : Que retiendrez-vous de cette saison 2012 -2013 ? R. M. : Pour ma part, sur un plan personnel, elle avait super bien commencé avec une convocation en équipe de France. Malheureusement, il y a eu ces deux blessures et ces deux opérations. Donc c’était un peu galère mais il y a la possibilité de bien la finir si on décroche une qualification en coupe d’Europe et si je suis de nouveau appelé en équipe de France. 54 ÉTATS : Les vacances d'été approchent à grands pas, quel est votre lieu privilégié de repos ? R. M. : J’aime aller m’occuper de l’association au Congo, je me ressource lorsque je vais là-bas. Et j’aime aussi aller à Cap-Ferret pour me reposer, c’est calme et apaisant. Je fais des choses simples. 54 ÉTATS : Alors, passez de bonnes vacances et à très bientôt. R. M. : Avec grand plaisir. Merci à vous.

51


UN CONTINENT, 54 ÉTATS Plus d’1 milliard d’habitants très inégalement répartis sur 30 415 873 km2, soit 20 % des terres émergées ou 55 fois la France.

SOUTH SUDAN

REPÈRES PAYS PAR PAYS : POP : population (en millions d’habitants, 2012) IDH : classement des pays en fonction de l’indice de développement humain établi par le Programme des Nations unies pour le développement (2011) du 1e au 47e : très élevé – du 48e au 94e : élevé – du 95e au 141e : moyen – du 142e au 187e : faible PIB/HAB. : produit intérieur brut par habitant en parité de pouvoir d’achat (en dollars, 2012) SUP: superficie

52


AFRIQUE AUSTRALE

AFRIQUE DU SUD

ANGOLA

51,77 POP : 123 IDH : 7508 PIB/HAB : 1 221 037 SUP :

BOTSWANA

20,8 148 5700 1 246 700

LESOTHO

2 119 14040 581 730

MALAWI

2,2 160 1 193 30 355

MOZAMBIQUE

NAMIBIE

25,8 184 590 799 380

15,9 170 1051 118 484

SWAZILAND

1,2 141 3831 17 364

2,3 128 5666 824 270

ZAMBIE

ZIMBABWE

13,9 163 2006 752 612

12,9 173 776 390 757

AFRIQUE CENTRALE

BURUNDI

CAMEROUN

8,3 178 255 27 834

POP : IDH : PIB/HAB : SUP :

CENTRAFRIQUE

21,7 150 1268 475 442

CONGO

4,7 180 446 623 000

GABON

1,5 106 8 850 267 667

4,3 142 3 408 342 000

GUINÉE ÉQUATORIALE

RDC

SOMALIE

SOUDAN

1,1 136 15 500 28 051

RWANDA

11,4 167 730 26 338

70 186 272 2 345 409

SAO-TOMÉ ET-PRINCIPE

0,2 144 1402 1 001

TCHAD

12,2 184 1091 1 284 000

AFRIQUE DE L'EST

DJIBOUTI

POP : IDH : PIB/HAB : SUP :

ÉRYTHRÉE

0,9 165 2700 23 200

ÉTHIOPIE

6,2 181 498,7 117 600

KENYA

93,8 173 437,1 1 104 300

OUGANDA

44 145 950,9 580 367

34,9 161 586 236 860

10,2 600 637 657

34,8 2600 1 790 000

SOUDAN DU SUD

11,56 15 644 329

TANZANIE

48 152 588 947 300

AFRIQUE DE L'OUEST

BÉNIN

POP : IDH : PIB/HAB : SUP :

BURKINA FASO

10,3 166 810 112 622

NIGER

NIGERIA

POP : 16,6 IDH : 186 PIB/HAB : 374 SUP : 1 264 000

CAP-VERT

16,8 183 729 275 500

CÔTE D'IVOIRE

SÉNÉGAL

166 153 2688 923 773

GAMBIE

24,1 168 1175 322 463

0,5 132 3 908 4 033

SIERRA LEONE

13,7 154 1402 196 007

GHANA

1,8 168 1600 11 295

25,5 135 1 730 238 537

GUINÉE BISSAU

1,6 176 1149 36 125

GUINÉE

11,5 178 588 245 857

LIBERIA

4,1 174 485 111 370

MALI

14,8 182 1341 1 241 231

TOGO

6,3 177 729 71 740

6,4 159 670 56 785

MAGHREB ET MOYEN-ORIENT

ALGÉRIE

ÉGYPTE

POP : 38 IDH : 93 PIB/HAB : 7 180 SUP : 2 381 741

LIBYE

85,3 113 3 111 1 002 000

MAROC

6,1 64 9 800 1 759 500

MAURITANIE

33 130 1 126 446 550

3,72 155 1 126 1 030 700

TUNISIE

10,7 94 3090 162 155

OCÉAN INDIEN

COMORES

POP : IDH : PIB/HAB : SUP :

0,8 169 920 1 862

ÎLE MAURICE

1,3 80 8 120 1 865

MADAGASCAR

22,9 151 447,5 592 000

SEYCHELLES

88 46 13 000 455 53


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