LE MAGAZINE DE L’AFRIQUE
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PORTRAIT √ Son combat contre la CPI √ Élection présidentielle √ Situation économique
Me KEÏTA
« LE COURAGE D’OSER ET LA FORCE D’ACCOMPLIR »
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©PHOTOGRAPHIE: FREDERIC DI MEO. / CONCEPTION GRAPHIQUE COUVERTURE : PERRINE SEBRIER
Me SAMIA MAKTOUF, L’AVOCATE QUE LE MONDE ARABE S’ARRACHE
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LE MAGAZINE DE L’AFRIQUE
COVER / SPECIAL REPORT Omar el-Béchir / Révélations / Interview : Omar al-Bashir /Revelations ..........................7 Interview : Pr. Ghandour, conseiller spécial du président de la Rép. du Soudan............15 Interview : Mohamed Bishara Dossa, ministre soudanais de la Justice .........................21 Reportage : Le Darfour en quête de sérénité..................................................................25 Le Darfour : Genèse d’une crise.....................................................................................29 Interview : Tijani al-Sissi, président de l’Autorité régionale du Darfour ..........................30 Dossier spécial CPI : Une justice à géométrie variable ..................................................34 La CPI en question .........................................................................................................36 Tribune libre : Luis Moreno Ocampo : la magie de l’homme blanc.................................37 Fatou Bensouda, première procureure de la CPI............................................................41 La défense au sein de la CPI..........................................................................................43 Portrait : Maître Xavier-Jean Keïta : le courage d’oser et la force d’accomplir...............46
SOMMAIRE
Portrait : Sidiki Kaba : la justice dans le sang.................................................................48 Enquêtes et affaires en cours..........................................................................................50 L’affaire ivoirienne : Laurent Gbagbo, chef d’État déchu sur le banc des accusés.........52 CPI vs Uhuru Kenyatta, un casus belli juridique.............................................................56 Bras de fer entre la CPI et la Libye.................................................................................60 La CPI suspend son enquête au Darfour........................................................................62 Onu/CPI : Des violons à accorder...................................................................................64 Interview : Me Samia Maktouf : Conseil auprès de la CPI...............................................68
Un nouvel État à la CPI, la Palestine franchit un nouveau cap.......................................70
AFRICA INSIDE Les groupes Boko Haram et Al-Shebab sèment la terreur..............................................72
Brèves.............................................................................................................................74
AFRICA OUTSIDE Turquie/Égypte : Deux régimes, une méthode................................................................76. Obama, un rendez-vous avec l’Histoire..........................................................................78 Brèves.............................................................................................................................80
BUSINESS Interview : Kader Merbouh. La finance islamique en pleine croissance..........................82
Khartoum la futuriste.......................................................................................................84
CULTURE Interview : Ahmed Sylla avec un grand « A ».....................………………………….........88
Actu Ciné….....................................................................................................................89 Cirkafrika 2 : De Soweto à Harlem ……..........................................................................90 Soudan : Voyage au pays des pharaons noirs................................................................92
TENDANCE La mode made in Africa ……...................................................................................... …94 Les mariés.......................................................................................................................96
SPORT CAN : L’Algérie grande favorite.......................................................................................99 Carte..............................................................................................................................100 Données sur l’Afrique....................................................................................................101
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La CPI en chiffres et sa composition...............................................................................51
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RABAH SEGHIR
PHOTOGRAPHE PHOTOGRAPHER
FRÉDÉRIC DI MEO PHOTOGRAPHE PHOTOGRAPHER
ÉDITO EDITORIAL
L’année 2015 s’est ouverte sur un drame. Difficile d’arriver encore à souhaiter, à nos chers lecteurs, les traditionnels meilleurs vœux. Paris, en « capitale du monde », unie face à l’atrocité, unie face à la douleur, unie dans le maintien de nos droits et valeurs républicaines, a crié haut et fort son rejet de la barbarie. Les citoyens du monde, dont le cœur et l’esprit n’ont ni couleur, ni religion, sinon celle de l’amour, ont défilé avec le corps et défié avec l’âme ces abrutis sans nom. Comment peut-on tuer en invoquant Allah ? Qui sont-ils pour salir l’Islam ? Qui sont-ils pour salir la République ? Qui sontils pour tenter d’engendrer la haine et la peur de nos concitoyens ? Qui sont-ils pour porter atteinte à ce qui, par-dessus tout, nous distingue des animaux : la parole, le verbe, en clair ce qui nous permet d’user à loisir de notre liberté d’expression ? Pour rendre hommage à nos confrères de l’hebdomadaire Charlie Hebdo, aux policiers morts en service, et à nos quatre alter ego, décédés parce que juifs. 54 ÉTATS, le magazine de l’Afrique souhaite sincèrement vous inviter, cette année 2015, dans la liberté, l’égalité et la fraternité, à vivre dans le respect, la tolérance et l’amour de votre prochain. Qui que vous soyez, qui que vous représentiez, l’important est que vos actes soient en concordance avec ces valeurs essentielles qui devraient être universelles. En application de ces vertus auxquelles nous croyons, dans ce numéro hors série spécial Soudan, 54 ÉTATS a voulu, à titre d’exemple, et pour casser les idées préconçues, mettre la lumière sur ce pays qui effraye plus qu’il n’attire. Un pays que l’on isole parce qu’il applique la Charia, un pays que l’on décrit comme terroriste, alors qu’il n’est rempli que de soufis, un pays sur lequel nous jetons l’opprobre, sans même savoir de quoi il retourne. Avant de critiquer et de maudire, ne faudrait-il pas connaître ? Dans la seconde partie de ce hors série, nous vous offrons, chers lecteurs, la possibilité de mieux comprendre, celle que l’on nomme, à tort ou à raison, la bête noire de la justice : la Cour pénale internationale. Au programme : études de cas, analyses et entretiens. Enfin, comme à l’accoutumée, nous parcourrons le monde en abordant des questions générales d’ordre géopolitique ainsi que des sujets plus vastes inhérents à l’Afrique. Bonne lecture ! Priscilla Wolmer, Directrice de la publication.
2015 opened out into a tragedy. Difficult to express my best wishes. Turned into the “Capital of the world”, Paris stood united in front of atrocity, stood united in front of sorrow, stood united to preserve French rights and republican values. Paris rejected barbarity and decided to make it loud and clear. World citizens, whose heart and spirit are deprived of colour and religion but are filled with love, marched using their body and dared to challenge with their soul these complete morons. How can crimes be committed in the name of Allah? Who do they think they are to soil Islam? Who do they think they are to soil the republic? Who do they think they are to try to instigate hatred and fear among our fellow citizens? Who do they think they are to jeopardize the elements that truly differentiate us from animals, that is to say: words: a power enabling us to use at leisure our right to freedom of expression. To pay tribute to our colleagues from the weekly Charlie Hebdo, to the three policemen murdered while in office and to our four alter ego because they were Jews. 54 ÉTATS, The Africa magazine wants to sincerely invite you, in 2015, in freedom, equality and fraternity, to live showing respect, tolerance and love to your fellow men. Whoever you are, whoever you are representing, the most important thing is to act consistently with these fundamental values which should be universal. Pursuant to these values in which we believe, in this special issue dedicated to Sudan, 54 ÉTATS has chosen to shatter preconceived ideas, to put into the spotlight this country which scares much more than it attracts. A country which is isolated because it applies Sharia. A country which is described as terrorist whereas it only welcomes Sufis. A country which is debunked without ever knowing it. Before criticising and cursing, don’t we need to know? In the second part of this special issue, we offer you, dear readers, the possibility to better know the bugbear of justice, namely: the International Criminal Court. Programme: cases, analysis and interviews. Lastly, as usual, we will travel through the world dealing with geopolitical issues and other themes, more general, related to Africa. Enjoy! Priscilla Wolmer, Publisher.
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DIRECTRICE DE LA PUBLICATION, PUBLISHER
Priscilla WOLMER
RÉVÉLATIONS REVELATIONS
Situé au cœur du continent africain, entre la mer Rouge et les confins du lac Tchad, né à un jet de pierre du lac Victoria et s’étendant jusqu’au lac Nasser que l’on appelle le lac de Nubie… Un pays dont la superficie est environ cinq fois supérieure à la France… Une civilisation ancrée depuis des temps immémoriaux. Au Soudan, chaque voyageur est envoyé de Dieu. L’accueil devient aussi chaleureux que la rencontre à Khartoum du Nil Blanc et du Nil Bleu. Par ces temps difficiles pour le Soudan, où l’âme des ignorants retiendra plus facilement la guerre du Darfour que le développement qu’essaye et persiste à insuffler, bon gré mal gré au fil des ans, le président Omar el-Béchir, à son pays ; quoi de plus légitime que de rééquilibrer l’information et d’apporter un regard différent sur le Soudan, ses ports et autres richesses. Par ces temps, où l’Occident, les Américains, l’ONU, et toute la brochette médiatico-juridico-politique s’acharnent à embobiner les naïfs sur les motifs réels qui déclenchent une guerre et provoquent la migration de centaines de populations, demandez-vous si l’or noir ne diabolise pas les esprits au point de créer les nouvelles bases d’une domination sur un État, qui in fine semblerait capable de s’auto-gouverner. Par ces temps, où la Cour pénale internationale s’autorise, sous couvert d’une lutte acharnée contre l’impunité, à émettre des mandats d’arrêt contre un président africain en exercice, il apparaît juste et équitable d’offrir à l’accusé, dans le respect de la présomption d’innocence, un droit de réponse. C’est l’objet de ce dossier spécial Soudan !
Located in the heart of Africa, between the Red Sea and the confines of Lake Chad, a stone’s throw from Lake Victoria and extending to Lake Nubia, lies a country about five times bigger than France ... A civilization rooted in ancient times. In Sudan, every traveler is sent by God. The reception becomes just as welcoming as the encounter with the White and the Blue Nile in Khartoum. In these difficult times for Sudan, where the soul of the ignorant will more easily retain the Darfur conflict than the development that President Omar al-Bashir attempts to and continues to inspire, like it or not, over the years, in his country. What could be more legitimate than to rebalance the information and bring a different perspective on the ports and other riches of the «Birmingham of Africa»? In these times, when the West, the Americans, the UN, and all the media-political skewers are determined to deceive the naïve about the real motivations that trigger a war and cause the migration of hundreds of people. Ask yourself if the black gold does not demonize minds to the point where a new foundation for domination over the state is created, which ultimately seem able to self-govern, even if they were Islamist. In these times, when the International Criminal Court permits itself, under the cover of a fierce struggle against impunity, to issue arrest warrants for an African president in office, it appears fair to offer the accused, before his or her trial, the right to respond, in regards with the presomption innocence. This is the purpose of this special report on Sudan!
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By Priscilla WOLMER – Sudan special correspondent
LE SOUDAN, DU FAIT DE SES NOMBREUX ATOUTS, ATTIRE AUTANT QU’IL ATTISE LA HAINE. 54 ÉTATS, LE MAGAZINE DE L’AFRIQUE, A SOUHAITÉ OFFRIR AU PRÉSIDENT, OMAR EL-BÉCHIR, UN DROIT DE PAROLE AUTOUR D’UNE INTERVIEW EXCLUSIVE CONCENTRÉE SUR LE DARFOUR, LA CPI ET DIVERSES QUESTIONS GÉOPOLITIQUES. 54 ÉTATS, THE AFRICA MAGAZINE WANTED TO UNDERSTAND THE REASONS FOR THIS DETACHMENT AND DETERMINATION ON THE PART OF THE INTERNATIONAL COMMUNITY TOWARDS SUDAN AND OFFERS OMAR AL-BASHIR, PRESIDENT OF THE REPUBLIC, THE RIGHT TO SPEAK THROUGH AN EXCLUSIVE INTERVIEW FOCUSED ON DARFUR, THE ICC AND VARIOUS GEOPOLITICAL ISSUES.
REPÈRES HISTORIQUES 1956
1er JANVIER : indépendance du Soudan. Début de la rébellion au sud du pays, encouragée par les Britanniques.
1958
Coup d’État du général Ibrahim Abboud.
1964
Gouvernement civil de Mohamed Ahmed Maghoub.
1969
Coup d’État du colonel Nemeiry.
1972
Les accords d’Addis-Abeba mettent fin à la rébellion de la province du Sud.
© Fréderic Di Meo
1983
La découverte de réserves pétrolières au sud, les difficultés économiques et l’introduction de la loi islamique comme source du droit dans tout le pays conduisent à la reprise des combats dans le sud du pays, où la rébellion, dirigée par John Garang, bénéficie d’appuis étrangers.
1985
Nemeiry est déposé.
1986
Élections : victoire des partis islamistes, l’Oumma et le Front national islamique d’Hassan al Tourabi. Sadeq Al Majdi (parti Oumma) est nommé Premier ministre. Le conflit avec la rébellion sudiste se poursuit tandis que la situation économique et sociale se dégrade. 7
54 ÉTATS : Le Soudan est isolé de la scène internationale et son image colle invariablement aux atrocités commises pendant la guerre du Darfour. Pourriez-vous offrir votre vision sur cette crise ? Omar el-Béchir (O. E-B.) : Le Darfour est une histoire qui ne date pas d’aujourd’hui, cela remonte à plusieurs décennies. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, de multiples épisodes de sécheresse ont affecté de très vastes zones du Sahel et du Sahara, provoquant une pénurie d’eau et de fourrage. Le Darfour n’était nullement immunisé ni isolé de tout cela. Dès lors, la lutte pour ces ressources naturelles était devenue monnaie courante entre les fermiers sédentaires et les éleveurs nomades. Et même entre les nomades et les fermiers eux-mêmes sur bien des points. Il faut ajouter à cela que la porosité de la frontière entre le Tchad et le Darfour a permis aux bandes armées et aux contrebandiers de proliférer dans la région, contribuant plus encore à l’escalade. En 2003, avec la naissance de groupes rebelles, la situation est entrée dans une nouvelle phase. Assez étonnamment, ces rebelles armés ne sont pas considérés comme des terroristes par la communauté internationale. À cela, il faut ajouter les facteurs régionaux et internationaux qui sont venus tout empirer et qui aggravent les souffrances endurées par les populations de cette province. Bien entendu, les allégations de prétendu génocide et autres infamies sont de pures calomnies. Le problème du Darfour n’est absolument pas un conflit racial. Nous avons signé l’accord de paix du Darfour en 2006 à Abuja (Nigeria), sous les auspices de l’Union africaine. Une belle évolution vers le règlement de la crise. Le président George Bush m’avait d’ailleurs téléphoné personnellement pour partager sa joie et ses félicitations. Nous avons également reçu un soutien moral et matériel des pays arabes. 54 ÉTATS : Les ONG prétendent que les violences au Darfour, depuis 2003, ont généré plus de 300 000 morts et ont causé la migration de 3 millions de Soudanais et réfugiés. Si la population du Darfour représente environ 6 millions d’habitants, comment ces faits peuvent-ils être avérés ? O. E-B. : C’est évident que ces propos sont exagérés et erronés. Ces ONG qui pour la plupart n’ont jamais mis les pieds ni au Soudan, ni au Darfour ont leurs priorités à défendre dont l’une est de s’opposer à nous envers et contre tous. 54 ÉTATS : Qu’est-ce qu’il faut comprendre ? O. E-B. : Je ne nie pas qu’il y a eu des déportations massives des populations nomades, dues d’une part, à des conflits entre les tribus et d’autres parts, dues à des affrontements entre les rebelles armés et notre gouvernement. En 2005, nous avons signé un accord de paix prévoyant l’autodétermination du Soudan du Sud, État indépendant depuis 2011.
© Rabah Seghir
54 ÉTATS: Sudan seems awfully isolated from the international scene and its image invariably stick to atrocities committed during the war in Darfur. Could you offer your vision of this crisis? Omar al-Bashir (O. A-B.): the story of Darfur does not date for today; it traces back to some decades. Late seventies and early eighties of the 20th century massive wave of drought affected vast areas in the Sahel and Sahara region leading to scarcity of water and greeneries. Darfur was neither immune nor isolated. Therefore, fighting over these natural resources was common especially between sedentary farmers and ranchers nomads, and even between nomads and farmers themselves in many instances. Additionally, and owing to the porosity of Darfur border with Chad, smuggled and proliferated arms found easy way to Darfur, thus igniting further escalation. In 2003, with the birth of rebel groups, the issue entered a new phase. Surprisingly, these armed rebels are not considered as terrorists by the international community. To this, must be added the regional factors and international factors that came to worsen and that aggravated the suffering of the people of this province. Of course, the genocide claims and other infamies are pure slander. The Darfur issue is absolutely not a racial conflict. We have signed the Darfur Peace Agreement in 2006, in Abuja (Nigeria) under the auspices of the African Union but with wide regional and international recognition, UN and the Arab League. It was a positive move towards the resolution of the crisis. President George Bush had also phoned me personally to share his joy and congratulations. We also received moral and material support of the Arab countries. 54 ÉTATS: NGOs and UN claim that violence in Darfur since 2003 has generated more than 300,000 dead and caused the migration of 3 million Sudanese and refugees. If the population of Darfur represents about 6 million people, how these facts can be verified? O. A-B. : It is obvious that these statements are exaggerated and incorrect. These whimsical activists working in NGOs, who write reports on our state even though they do not have, for the most part, ever set foot, have their priorities to defend, one of which is to oppose us against all odds. 54 ÉTATS: What needs to be understood? O. A-B.: Note that I do not deny that there have been mass deportations of nomads, due on, the one hand, on conflicts between tribes and, on the other hand, caused by clashes between armed rebels and our government. In 2005, we signed a peace agreement providing for self-determination of South Sudan, independent state since 2011.
1989
30 JUIN : prise du pouvoir par le géneral Omar el-Béchir. Le pouvoir se rapproche du Front National Islamique (Frères musulmans) d’Hassan al Tourabi qui deviendra président de l’Assemblée nationale.
1990
Visite du pape Jean-Paul II à Khartoum.
Le Soudan refuse de s’associer à la coalition formée contre l’Irak après l’invasion du Koweït et, à l’instar de plusieurs autres pays arabes (Yémen, Jordanie, Tunisie, Algérie) préconise une solution négociée de la crise.
1996
Scission au sein du MPLS de John Garang. Les sécessionistes (Lam Akol, Gordon Kong et Riek Machard qui créent l’APLS unifié) reprochent à la direction du MPLS d’être accaparée par l’ethnie Dinka.
1997
1991
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1993
22 MARS : Réélection du président el-Béchir MAI : Oussama ben Laden, qui s’était installé au Soudan après avoir été déchu de sa nationalité saoudienne, en 1994, est expulsé par le gouvernement de Khartoum et trouve refuge en Afghanistan. Embargo contre le Soudan décrété par les États-Unis.
C’EST UNE COUR CRÉÉE POUR LES AFRICAINS
© Fréderic Di meo
54 ÉTATS : En 2014, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a déclaré qu’il y avait eu de nouvelles migrations massives de la population. Est-ce que vous confirmez ? O. E-B. : Tout cela n’est que mensonge et interprétation. À l’heure actuelle, le Darfour est complètement stable. Aucun incident entre rebelles et tribus n’a été recensé par les autorités en place au Darfour. Les populations sur place profitent même d’un nouveau souffle économique et social permis, d’une part, par un climat de paix, et d’autre part, par une belle saison de pluie qui a incité les populations à retourner sur leur terre pour cultiver, récolter le fruit de leur semence et ainsi faire vivre leur famille. La volonté et le désir puissant de ce retour massif des agriculteurs vers leur village, démontrent que le Darfour est une zone calme. 54 ÉTATS : Vous êtes le premier président en exercice à faire l’objet de deux mandats d’arrêt pour crimes, crimes contre l’humanité et génocide. Récemment, la CPI a suspendu ses investigations faute de preuves et par manque de coopération des Nations unies. Quel est votre point de vue ? O. E-B. : Là encore, ces accusations démontrent que la CPI n’est rien d’autre qu’un instrument politique sous couvert de justice. C’est notre pensée la plus profonde. Aussi, notre pays n’est pas un État membre de la CPI, et nous n’avons pas signé le statut de Rome. Nous ne reconnaissons pas la CPI comme une cour légitime. De plus, les preuves qui attestent que la CPI est un instrument politique sont évidentes. Cette parodie de cour de justice ne cible que les personnalités politiques du continent africain. C’est une cour créée pour les Africains. Falsifications, rumeurs et autres allégations mensongères colportées par des ONG dont certaines ont collaboré, quelque temps malheureusement, avec les camps de réfugiés du Darfour. Pourquoi les soldats américains ayant commis des crimes et des actes d’agression en Irak ne sont-ils pas poursuivis par la CPI ?
54 ÉTATS: In 2014, the ICC prosecutor Fatou Bensouda said that there had been new mass migrations of population. Do you confirm? O. A-B.: That is a lie and bad interpretation. Today, Darfur is completely stable. No conflict or incidents have been seen between rebels and the tribes. The people there even benefit from a new economic and social development, on one hand, due to a climate of peace and, on the other hand, a beautiful rainy season, which allowed people to return to their land to grow the fruits of their seed, and so do their families. The will and the strong desire of the massive return of farmers to their village, demonstrate that Darfur is a quiet area. 54 ÉTATS: You are the first president in exercice to be the subject of two arrest warrants for crimes, crimes against humanity and genocide. Recently, the ICC has suspended investigations for lack of evidence and lack of UN cooperation. What is your view? O. A-B.: Again, these allegations demonstrate that the ICC is nothing but a political instrument in the form of justice. It is our deepest thought. Also, our country is not an ICC member state, we have not signed the Rome Statute. We do not recognize the ICC as a legitimate Court. In addition, the evidence that the ICC is a political tool is obvious. This parody Court of Justice only targets political figures in Africa. This is a court created for Africans. Forgery, false allegations and other rumours spread by some NGOs have collaborated, a few times unfortunately with the Darfur refugee camps. Why the ICC does not prosecute American soldiers who committed crimes and acts of aggression in Iraq?
1998
20 AOÛT : l’aviation des États-Unis bombarde l’usine pharmaceutique d’al Shifa dans la banlieue de Khartoum. Cette attaque détruisit la moitié de l’industrie pharmaceutique et plusieurs personnes furent tuées. Les États-Unis avaient affirmé que l’usine d’Al Shifa produisait des « armes chimiques » et était contrôlée « par le terroriste Oussama ben Laden ». Depuis, une enquête d’experts en armement chimique, sous les auspices des Nations unies, a démenti les allégations états-uniennes. On a également su plus tard que le directeur des opérations de la CIA avait estimé que cette attaque n’était pas justifiée.
1999
LE SOUDAN DEVIENT EXPORTATEUR DE PÉTROLE. DÉCEMBRE : le président el-Béchir dissout le parlement et écarte al Tourabi qui est placé en résidence surveillée.
2000
Le président el-Béchir est réélu avec 86% des suffrages. 9
54 ÉTATS : À ce jour, la CPI n’a apporté aucune preuve de génocide et la procureure Fatou Bensouda a déclaré lors de la 13e assemblée des États parties à l’ONU, en décembre dernier, que l’enquête était suspendue. Comment réagissez-vous ? O. E-B. : Premièrement, nous avons des contacts réguliers avec certains membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, comme la Chine. La Chine et d’autres membres du Conseil de sécurité croient fermement et profondément que la CPI est un instrument politique, sorte de clown légal, dont le seul objectif est d’attaquer et de déstabiliser l’Afrique. La présence chinoise au Soudan leur permet de témoigner que nous sommes innocents. Évidemment, certains nomades ont choisi un parcours en solitaire, d’itinérant, quand d’autres ont préféré évoluer dans la société et participer à la vie citoyenne au Darfour ; et ils occupent des postes importants, notamment parmi les tribus Four et Zaghawa. Il paraît donc improbable que ces gens du même clan puissent être les assassins de leur propre famille. C’est totalement ridicule.
54 ÉTATS: To date, the ICC has shown no evidence of genocide and prosecutor Fatou Bensouda said at the 13th meeting of states parties to the United Nations, in last December, that the investigation was suspended. Implicitly admitting that the folder is empty. How do you react? O. A-B.: First, we are in regular contact with some permanent members of the UN Security Council, such as China. China and some members of the UN Security Council have deep and genuine believe that the ICC is a political instrument in disguise of legal clown, for the direct purpose to attack and destabilize Africa. Chinese presence in Sudan made them aware that we are innocent. Evidently, some nomads chose a solo journey, roaming, while others preferred to move in society and participate in the civic life of Darfur, and thus occupy important positions, including Fur and Zaghawa. It, therefore, seems impossible that these people from the same clan are the killers of their own family. It’s totally ridiculous.
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© Rabah Se
2003 2002
20 JUIN : protocole de Machakos (Kenya) signé avec les rebelles du Sud. En novembre, à Nairobi, le gouvernement soudanais et le SPLA signent un mémorandum d’entente relatif au partage du pouvoir et des richesses. OCTOBRE : LE SUDAN PEACE ACT SIGNÉ PAR GEORGE BUSH PERMET AUX ÉTATS-UNIS D’APPLIQUER DES SANCTIONS ET D’AUGMENTER L’AIDE À LA RÉBELLION S’ILS CONSIDÈRENT QUE KHARTOUM NE COOPÈRE PAS DE MANIÈRE SATISFAISANTE AUX EFFORTS DE PAIX. 10
FÉVRIER-AVRIL : des mouvements rebelles (Armée/Mouvements de Libération du Soudan (A/ MLS) et Mouvement pour la Justice et l’ Égalité (MJE) proche de Tourabi) déclenchent la crise du Darfour en attaquant des installations militaires et en s’emparant par la force de plusieurs villes. Les rebelles affirment souhaiter le développement économique de la région et une meilleure répartition des richesses nationales. Le conflit va dégénérer tandis que certaines milices pro-gouvernementales (Janjawid) ,mais largement incontrôlées, engagent la lutte contre les rebelles. Outre les morts (majoritairement déplacés ou des réfugiés victimes du manque de nourriture et des mauvaises conditions sanitaires), la crise provoque l’exode ou le déplacement de centaines de milliers de personnes fuyant les exactions commises par les divers groupes combattants.
54 ÉTATS : Avec la récente adhésion de la Palestine, en qualité d’État membre de la CPI, et ce malgré le veto des Américains, votre ennemi principal, ne pensez-vous pas que, pour la première fois, les Américains seront vos meilleurs alliés dans votre bataille contre la CPI ? O. E-B. : La stratégie américaine est guidée par deux lignes directrices : le pétrole et les intérêts d’Israël. La politique que les Américains mènent en Irak, au Yémen, en Syrie et en Libye sert toujours les mêmes. En Irak, ils ont envahi un pays, qui tombe finalement en morceaux, à la recherche d’armes de destruction massive de Saddam. Regardez la situation actuelle, un nombre exponentiel de morts, des millions de personnes déplacées et d’immigrants, l’anarchie, la guerre civile, l’histoire déchirante de « l’effondrement d’une nation ». De même, j’affirme sans détour que Daesh et al-Qaïda ont été créés par la CIA et sont les résultats directs de la politique américaine. Les « Afghans arabes » étaitent le noyau d’al-Qaïda, ils ont été levés, formés, soutenus et appuyés par les services secrets américains. Nous sommes les témoins de cela. Aujourd’hui, la CIA n’est plus capable de contrôler ce qu’elle a créé. 54 ÉTATS : C’est une déclaration assez forte et puissante. Avez-vous des preuves de ce que vous avancez ? O. E-B. : Le soutien américain aux moudjahidines arabes en Afghanistan est bien connu. Les services secrets américains ont soutenu les « Afghans arabes » pour contrer les Soviétiques dans ce pays. À cette époque, la relation entre le Soudan et les États-Unis était bonne, nous étions donc au courant de cela. Quant à l’État islamique en Irak, j’ai exposé la théorie précédemment. Cela sort d’autant plus de l’ordinaire que, en 1993, l’administration américaine a placé notre pays sur la liste des pays soutenant le terrorisme et, cinq ans plus tard, en 1997, ils nous ont infligé des sanctions via un embargo économique.
54 ÉTATS: With the recent accession of Palestine as an icc member state, despite the US veto, your main enemy, do not you think that for the first time, the US will be your best allies in your battle against the ICC? O. A-B.: The US strategy is guided by two guidelines: oil interests and Israel’s interests. The policy that the US lead in Iraq, Yemen, Syria, and Libya is still serving the same. In Iraq, they invaded the country which eventually fall apart, citing Saddam’s weapons of mass destruction. Look at the situation now; massive numbers of deaths, millions of IDPs and immigrants, and it is anarchy, civil war, a tearful story of «the collapse of a nation». Likewise, I say 100% that DAESH and Al-Qaeda were created by the CIA and are direct results of American policies. The "Arab Afghans" were the very nucleolus of Al-Qaeda today, they were raised, trained, supported and taken care of by US Secret Services. We are witness to that. Today the CIA is unable to control what it has created. 54 ÉTATS: That’s a pretty bold statement; do you have proof of what you say? O. A-B.: The American support to Arab Mujahideen in Afghanistan is well known. American secret services supported Arab Afghans to counter Soviets in that country. That time, Sudan-USA relations were good, so we were aware of it. For IS in Iraq, I have stated the theory just above. It is even more out of the ordinary that In 1993, the US administration included our country on its list of sponsors of terrorism, and five years later, in 1997, they inflicted us sanctions with the economic embargo.
Instant de vie d’une famille à El Fasher. © Rabah Seghir
2005
9 JANVIER : accord global de paix signé entre le gouvernerment et les rebelles sudistes. 31 JANVIER : LA COMMISSION D’ENQUÊTE INTERNATIONALE SUR LE SOUDAN (ONU) PUBLIE UN RAPPORT QUI CONCLUT QUE LES EXACTIONS COMMISES AU DARFOUR PAR DIVERSES MILICES CONSTITUENT BIEN UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ MAIS PAS UN GÉNOCIDE. 11 JUIN : LE GOUVERNEMENT DE KHARTOUM CRÉÉ UN TRIBUNAL CRIMINEL SPÉCIAL (TCS) POUR JUGER LES CRIMES COMMIS AU DARFOUR.
9 JUILLET : ratification de la nouvelle Constitution et prestations de serment du président et des deux vice-présidents, dont le premier vice-président John Garang. Début de la période intérimaire. 31 JUILLET : mort accidentelle de John Garang. Salva Kiir lui succède comme premier vice-président de la République du Soudan. 20 SEPTEMBRE : formation du gouvernement d’Union nationale.
2006 5 MAI : à Abuja (Nigéria), l’Armée de libération du Soudan, principal mouvement de la rébellion du Darfour, annonce qu’elle va signer l’accord de paix proposé par l’Union africaine. Les deux autres factions minoritaires (dont le MJE proche de Tourabi) refusent de signer l’accord mais subissent plusieurs scissions. 11
Accord de cessation des hostilités avec le Soudan du Sud signé sous l’égide de l’IGAD.
Construction de logements sociaux à Khartoum.
© Fréderic Di Meo
54 ÉTATS : En juillet 2011, le territoire du Soudan a été divisé et la république du Soudan du Sud a été créée. Est-le résultat d’une pression américaine, ou était-ce votre volonté ? O. E-B. : Notre avions la profonde conviction que le guerre civile au Soudan n’avait que trop durée. La guerre civile au Soudan du Sud avait débuté en 1955, avant même notre indépendance. De fait, tenter d’imposer l’unité aux habitants du sud n’aurait fait que creuser le fossé et accroître la défiance. L’accord de paix Nord/Sud a donné à nos frères du sud une chance de se rallier d’eux-mêmes à l’unité, l’accord prévoyait que les deux parties, le gouvernement du Soudan et l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLM/A), travaillent ensemble à faire de l’unité une « option intéressante ». Notre volonté était de parvenir à l’unité nationale, à la paix, à l’égalité, au respect de la justice, au respect des droits humains avec nos frères du sud à travers un processus de paix et une cessation des hostilités entre les deux parties. Les négociations de paix ont duré deux ans. Avec le soutien massif, parfois même sous la pression des membres du Congrès américain, des lobbies, des ONG et d’autres pays, les membres de l’Armée populaire de libération du Soudan n’ont pas adhéré à l’esprit de l’accord en se mobilisant pour une partition. La pression américaine était très claire, ce n’était évidemment pas une coïncidence pour moi si le 1er vice-président Salva Kiir a annoncé, durant sa visite en 2009 aux États-Unis, qu’il était « pro-partition ». À la suite de la partition, nous avons subi des impacts négatifs. Le budget du Soudan a perdu plus de 70% de ses exportations en valeur, car les champs de pétrole sont passés au nouveau pays. Mais les infrastructures sont toujours entre nos mains, ce qui irrite au plus haut point les Américains. En réalité, la sphère internationale et, en particulier, les ÉtatsUnis ont soutenu ouvertement la rébellion séparatiste sudiste.
6 JUIN : la délégation du Conseil de sécurité de l’ONU déclare que les Nations unies n’interviendront pas dans la région du Darfour sans l’accord du gouvernement soudanais. 8 JUIN : des dissidents des deux groupes rebelles minoritaires du Darfour (Mouvement Armée de libération du Soudan et Mouvement pour la justice et l’égalité), qui avaient refusé de signer l’accord de paix sur cette province, signent une « déclaration d’engagement en faveur de l’accord de paix sur le Darfour » au siège de l’Union africaine. 12 JUIN : le président el-Béchir publie un décret présidentiel sur une amnistie générale pour les rebelles du Darfour.
2009 12
4 MARS : premier mandat d’arrêt délivré contre Omar el-Béchir par la Chambre préliminaire I de la CPI.
54 ÉTATS: In July 2011, the sudanese territory was divided and the republic of South Sudan was created. is this the result of us pressure or was it your will? O. A-B.: Our deep believe was that Sudan was plunged into a long civil war. South Sudan civil war started in 1955 even before our independence. Therefore, attempts to impose unity on southerners would only further the gap and lead to no-confidence. Therefore the CPA, gave our brothers, the Southerners, a chance for a voluntary unity, where the agreement entrust the two parties; Sudan Government and SPLM/A; to work towards making unity an "attractive option". Our desire was to achieve national unity, peace, equality, justice, respect for human rights, with our southern brothers through a process of peace and cessation of hostilities between the two parties. The peace negotiations lasted over two years. With massive support, and in some cases exercise of pressure by American congress members, lobby groups, NGOs and other countries, the People’s Liberation Army (SPLA) has not complied with the spirit of the agreement by mobilizing for the secession. American pressure was very clear; evidently it was not coincidence for my then 1st Vice president Salva Kiir to announce, during a 2009 USA visit, that he is pro-secession. Following the secession, we suffered some negative impacts; Sudan’s budget lost more than 70% of export values, because oil fields went to the new country. But infrastructure is still in our hands, which irritates the highest point the Americans. In reality, the international sphere and in particular, the United States openly supported the southern separatist rebellion.
2010
12 JUILLET : second mandat d’arrêt délivré contre Omar el-Béchir par la Chambre préliminaire II de la CPI.
2011 9 JUILLET : à la suite d’un référendum d’autodétermination organisé du 9 au 15 juillet 2011, le Soudan du Sud fait sécession de la république du Soudan. 2014
13 DÉCEMBRE : la CPI suspend son enquête au Darfour sur décision de la procureure Fatou Bensouda.
54 ÉTATS : Pourquoi ?
54 ÉTATS: Why?
O. E-B. : Pour les Américains, le temps presse : les réserves pétrolières sont déjà entamées. La Chine, avec qui nous avons conclu des partenariats d’exploitation, a su conserver ses intérêts à la fois à Khartoum et à Juba, mais Washington n’a pas perdu l’espoir de profiter de la manne pétrolière.
O. A-B.: For the Americans, time is short; their oil reserves are already shrinking. China, with whom we have entered into operating partnerships (as well as other African countries), has retained its interests in both Khartoum and Juba, but Washington has not lost the hope to take advantage of the oil revenues.
54 ÉTATS : Est-il exact que vous aviez averti la communauté internationale de ce qu’engendrerait la scission du Soudan, à savoir une guerre civile au Soudan du Sud ?
54 ÉTATS: is it true that you had warned the international community what would result from this split of Sudan, including a civil war in South Sudan?
O. E-B. . : La communauté internationale doit constamment garder à l’esprit le fait que nous étions un seul pays. Nous sommes pleinement conscients de la dynamique dans le sud, ce qui est naturel. Nous avions averti que le Sud n’était pas encore prêt à exister en tant que pays indépendant et que tout un travail préparatoire devait encore être effectué. Nous avions alerté sur les probables conflits internes. Nous avions annoncé un tel scénario depuis plus de deux ans.
O. A-B.: The international community must remain conscious of the fact that we were one country. We are fully aware of the different dynamics of the situations in the South; which is natural. We warned that the South is not ready yet to establish an independent country and massive prior home work need to be done. We warned of possible internal conflicts. We even expected such scenario to happen within two years. 54 ÉTATS: A last word for international readers of 54 ÉTATS, the Africa magazine?
54 ÉTATS : Un dernier mot pour les lecteurs internationaux de 54 ÉTATS, le magazine de l’Afrique
O. A-B.: I will address in particular my last word to American and European readers. We wish peace, prosperity, social, and economic development for the entire African continent. The future of Africa must be made through a constructive and positive dynamic and autonomous policy. African populations, not just Sudan have suffered too much from problems created by the international community. If it is not with purity of heart, humanity and sincerity that foreigners come to Africa, especially to our home in Sudan, then they might as well stay home.
O. E-B. : Je tiens tout particulièrement à adresser mon dernier mot aux lecteurs américains et européens. Nous souhaitons la paix, la prospérité, le développement économique et social pour tout le continent africain. Le futur de l’Afrique doit se faire à travers une dynamique constructive autant que positive et une politique autonome. Les populations africaines, pas seulement le Soudan, ont trop souffertes des problèmes créés par la communauté internationale. Si les étrangers ne viennent pas en Afrique par pureté d’âme, humanité et sincérité, tout particulièrement au Soudan, alors qu’ils restent chez eux.
© Rabah Seghir
INFO+ Les atouts du Soudan sont nombreux : d’ordre stratégique, politique, économique, linguistique et culturel. Le pays où résident quelque 39 millions d’habitants, assure la jonction entre le Proche-Orient et l’Afrique. Appartenant à la fois au monde arabe et au monde africain, à la Ligue des États arabes et à l’Union africaine, il est le creuset de plusieurs cultures. C’est aussi le seul pays abritant tous les confluents du Nil, disposant ainsi d’une vaste réserve d’eau. Enfin, largement ouvert sur la mer Rouge, il est situé sur la route du pétrole et est devenu lui-même un pays exportateur de brut. Pour autant, le Soudan ploie sous le poids d’un embargo américain et d'une dette extérieure de 45,1 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.
The advantages of Sudan are numerous: strategic, political, economic, linguistic and cultural. The country home to some 39 million people, provides the link between the Middle East and Africa. Belonging to both the Arab world and the African world, the Arab League and the African Union, it is the melting pot of many cultures. It is also the only country hosting all tributaries of the Nile, and with a large pool of water. Finally, wide open on the Red Sea, it is located on the oil route and became itself an exporter of crude. However, Sudan is buckling under the weight of a US embargo and an external debt of $ 45.1 billion, according to the World Bank.
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THE ICC HAS EXACERBATED THE PROBLEM IN DARFUR LE CONSEILLER SPÉCIAL DU PRÉSIDENT EL-BÉCHIR A ACCEPTÉ DE NOUS LIVRER LE FOND DE SA PENSÉE SUR QUELQUES DOSSIERS BRÛLANTS QUI AGITENT LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, LE SOUDAN ET TOUTE LA RÉGION. ENTRETIEN. 54 ÉTATS : Comment la Cour pénale internationale (CPI) a-telle un impact sur la capacité de gouverner ? Ibrahim Ghandour (I. G.) : Au moment où le Conseil de sécurité a renvoyé le cas devant la CPI, le Soudan était en pleine mise en œuvre d’un accord de paix global. Je dirigeais à l’époque l’Union des travailleurs de ce pays et au niveau de l’Afrique. Nous, en tant que syndicalistes, en tant que membres travaillant avec la base en Afrique, avons écrit au procureur pour expliquer que ceci affecterait le processus de paix au Soudan. En fait, l’impact de la CPI est énorme pour la paix et la sécurité au Soudan. Cela a exacerbé la problématique au Darfour parce que cela a profité aux groupes armés. Leur action ne nous a pas permis de réaliser cet accord. Cela a énormément affecté la sécurité du Soudan. Le gouvernement est grandement affecté, l’économie est gravement touchée. Le peuple, en général, souffre. C ‘est pourquoi nous ne pouvons toujours pas finaliser la paix au Darfour. 54 ÉTATS : Et puis le président a été visé par deux mandats d’arrêt pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide délivré par Luis Moreno Ocampo, ancien procureur de la CPI… I. G. : Je vous dirai qu’avec nos conseils, qui sont d’éminentes personnalités qui ont travaillé sur le cas de l’ex-Yougoslavie à la CPI, nous avons soumis plus de 1500 pages rédigées par des experts en matière de génocide, de crimes de masse ou de crimes de guerre. Ils ont unanimement reconnu que tout ce qui avait été dit par le procureur était des absurdités ! 54 ÉTATS : Et comment percevez-vous le fait que ce même Luis Moreno Ocampo, mais aussi d’autres, ait utilisé de tels termes pour qualifier la situation dans le Darfour ?
I. G. : Un fameux expert en matière de génocide, d’un centre officiel en Grande-Bretagne, a écrit près de 50 pages sur le génocide, faisant référence au cas du Soudan et du président el-Béchir. Il a conclue que les faits disponibles ne permettent pas de soutenir la théorie du génocide au Darfour ou l’implication du président el-Béchir.
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© United nation Photo
SPECIAL ADVISOR TO PRESIDENT AL-BASHIR HAS AGREED TO DELIVER US WHAT HE REALLY THINKS ON SOME BURNING ISSUES WHICH SHAKE THE INTERNATIONAL COMMUNITY, THE SUDAN AND ALL THE REGION. INTERVIEW.
54 ÉTATS: How does the ICC impact on the ability to govern? Ibrahim Ghandour (I. G.): When the Security Council referred the case to the ICC at that time, Sudan was implementing a comprehensive peace agreement. At that time, I was carrying the workers union in this country and in Africa as well. We, as trade unionists, as members who are working with the grassroots in Africa in general, we have written to the prosecutor saying that this will affect the peace process in Sudan. In fact, the impact of the ICC is enormous on peace and security in Sudan. It has exacerbated the problem in Darfur because it gave support to the armed groups. Their action did not allow us to reach an agreement with the government. This affected Sudan’s security very much. The government is greatly affected, the economy is greatly affected. The people in general are suffering. (…) This is why we’re still not able to achieve peace in Darfur. 54 ÉTATS: So, the president would be subject to two arrest warrants for war crimes, crimes against humanity and genocide because of Luis Moreno Ocampo? I. G.: I will tell you that through our solicitors, eminent figures, who have been working on an ex-Yugoslav case in the ICC, we have submitted more than 1500 pages written by experts on genocide, mass-murders, war crimes and they unanimously agreed that everything that had been said by the prosecutor was nonsense. 54 ÉTATS: And how do you perceive the fact that the same Luis Moreno Ocampo, but also others, used these terms to qualify the situation in Darfur? I. G.: A famous expert on genocide, in a formal center in the UK, wrote about 50 pages on genocide, referring to the case of Sudan and president al-Bashir. He concluded that all the available facts do not support the theory of genocide in Darfur or the implication of president al-Bashir.
54 ÉTATS : Est-ce pourquoi, la nouvelle procureure, Fatou Bensouda, a suspendu les enquêtes ? I. G. : Je me souviens avoir rencontré Fatou Bensouda en Afrique du Sud. Elle assistait au Parlement panafricain, dont j’étais membre. À l’époque, elle était l’assistante de Luis Moreno Ocampo et elle parla de notre cas. Je me souviens qu’elle disait que, sur une base juridique, ce cas était extrêmement fragile. Plus tard, quand elle est devenue procureure, je l’ai entendu, en Éthiopie avec Jean Ping, s’adresser aux membres du Parlement panafricain. Elle faisait indirectement référence au fait que la CPI avait toujours ciblé les leaders africains. Pour nous cela correspondait au cas du Soudan. Et elle disait qu’elle ferait en sorte que les criminels de guerre d’autres horizons soient présentés devant la Cour. Elle a promis devant l’Union africaine de faire cela. Malheureusement, elle continue dans la même lignée que Luis Moreno Ocampo. Elle est revenue devant le Conseil de sécurité sur la faiblesse du dossier et je crois que, sur la base des faits qu’elle a exposé, qu’elle est maintenant convaincue que le cas doit retourner devant le Conseil de sécurité. Et ce bien que, dans un discours précédent, elle ait semblé essayer de provoquer le Conseil de sécurité sur le fait que rien n’a été fait, que peu d’actions aient été entreprises. Mais nous croyons que s’il y a une justice – et nous croyons toujours à une justice internationale – le Conseil de sécurité doit se rétracter et renvoyer l’affaire, si ce n’est devant la justice soudaine, devant la Cour de justice africaine. 54 ÉTATS : Récemment, la Palestine est devenu un État membre de la CPI. Ironiquement, Israël a décidé d’utiliser l’argument de la contradiction avec le processus de paix en cours pour ne pas livrer ses soldats. Selon vous, y a-t-il une justice pour les amis des Américains et une autre, différente, pour ceux qui n’appuient pas la politique américaine ? I. G. : Le gouvernement américain ne s’en cache pas. En fait, la résolution 1593, relative au transfert du cas du Soudan à la CPI, stipule également que le gouvernement américain offre la protection et l’immunité à ces citoyens pour les crimes commis hors de ses frontières. Parce qu’ils savent qu’ils ont commis des crimes, en Irak, en Afghanistan, à Guantanamo, en Somalie… Là où ils sont, vous trouvez traces de crimes. Il n’y a donc rien d’étranger au fait que les Américains protègent également les Israéliens.
54 ÉTATS: Is that why the new prosecutor, Fatou Bensouda, has suspended the investigations? I. G.: I remember I met Fatou Bensouda in South Africa. She came to the Pan African parliament when I was a member, at that time she was assistant to Luis Moreno Ocampo and she talked about the case and I remember she said that on a legal basis, the case was so weak. Later, when she became the prosecutor, I listened to her talk with Jean Ping in Ethiopia to the members of the Pan African Parliament. She referred indirectly to the fact that the ICC had always been targeting African leaders. To us that corresponded with the case of Sudan. And she said she would make sure that war criminals elsewhere would be taken to the Court. She promised, in the presence of the Africa Union, to do that. Unfortunately, she continues to follow the same actions than Luis Moreno Ocampo. She went back to the Security Council on the basis of the weakness of the case but I believe, on the basis of the facts that she reached, that she is now convinced that the case must go back to the Security Council. Although, in an early speech, it looked like she was trying to provoke the Security Council on the grounds that nothing had been done, enough actions had not been taken. But we believe that if there is justice – and we still believe in international justice – the Security Council must take back the case and refer it back at least, if not to the Sudanese judiciary, to the African court of justice. 54 ÉTATS: Recently, Palestine has joined the ICC as state member. Ironically Israel has decided to use the argument of the Peace Process contradiction to never deliver their soldiers. In your view, is there one type of justice for friends of America and a different type for states that do not support the US policy? I. G.: The US government is not shying away from that. In fact, the resolution 1593, refers to the transfer of the case of Sudan to the ICC, (in the same resolution the US government gives protection and immunity to its citizens against crimes being undertaken by the Americans elsewhere.) Because they know that they have committed crimes in Iraq, in Afghanistan, in Guantanamo, in Somalia… You name it, you will find it. So, it’s not so strange that the Americans also protect the Israelis.
THEY GAVE SUPPORT TO THE ARMED GROUPS
© New-unamid
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© Chuck Hagel
54 ÉTATS : Pensez-vous que les différents veto opposés par la Chine et la Russie au Conseil de sécurité concernant les motions déposées sur le Soudan affaiblissent la CPI ? I. G. : Nous ne misons pas uniquement sur le veto russe ou chinois. Nous misons sur la justice internationale, sur tous les pays du monde, sur l’assemblée des Nations unies, sur nos amis, dont la Chine et la Russie. Parce que le Soudan est la victime d’une action unilatérale conduite par un seul gouvernement. 54 ÉTATS : Vous évoquiez un impact économique. En quel sens la communauté internationale en est-elle responsable ? I. G. : La communauté internationale n’est pas un bloc. Beaucoup de pays ont tenté de se rallier, sur le plan économique, au Soudan. Certains ont été effrayés, d’autres ont été ciblés et des banques ont dû faire face à des amendes de plusieurs milliards de dollars pour avoir opéré avec le Soudan. Tout cela fait que le Soudan est en train de payer le prix fort. En résumé, la plupart de nos transferts vers l’ensemble de nos ambassades ont été bloqués ou confisqués.
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54 ÉTATS: As if the Americans are not convinced enough that you have a common goal, do you think that the prospect of Russia and China vetoing at the Security Council against any motion on Sudan weakens the situation of the ICC? I. G.: We are not only putting our bet on the Russian or Chinese veto. We are putting our bet on international justice, on all countries in the world, the UN Assembly, our friends, including China and Russia. Because Sudan is the victim of a unilateral action led by one government. 54 ÉTATS: You are also talking about an economic impact. In which way is the international community responsible? I. G.: I think that the international community is not a block. Many countries were trying to rally, economically, for the Sudan. Some have been threatened, some have been targeted and some banks have been fined billions of dollars on the basis that they reacted to the Sudan. This is why Sudan has been paying the price. In fact, some of our transfers to our entire embassy have been blocked and confiscated at times.
54 ÉTATS : Comment faites-vous donc pour vivre ? I. G. : Avec beaucoup de difficultés et la société paie le prix ! Des personnes ont parfois vu leurs transferts bancaires confisqués. Il y a de nombreux cas comme ceux-là. Je vais vous donner un exemple significatif. Je me souviens que l’Organization of African Trade Union Unity (OATUU), qui est basée à Accra, a transféré 15 000 dollars au Sudan Workers Trade Union Federation (SWTUF) pour soutenir une formation pour les ouvriers. La somme a été confisquée ! Ce n’est là qu’un exemple… 54 ÉTATS : La Chine est maintenant votre principal partenaire économique, notamment pour le pétrole. Les Chinois possèdent de nombreuses concessions initialement tenues par les Américains. Est-ce là la vraie raison de la guerre menée contre le Soudan par une partie de la communauté internationale ? I. G. : C’est un point important parce que, à l’époque, ceux-ci soutenaient les groupes rebelles. Nous avons donc dû engager nos forces armées qui continuent de combattre. Ils ont érigé un embargo économique. Ils ont parié sur l’effondrement de l’économie soudanaise. Mais nous sommes parvenus à nous en sortir en exploitant nos propres ressources. 54 ÉTATS : Avez-vous encore des relations diplomatiques avec les États-Unis ? I. G. : Les États-Unis ont rappelé leur ambassadeur il y a quelques années. Mais je crois qu’ils sont en train de se raviser et ils le feront. Nous espérons pouvoir aller de l’avant parce que nous pensons que nous devons avoir des relations diplomatiques avec tout le monde, y compris les États-Unis.
54 ÉTATS: So, how do you proceed to live? I. G.: With a lot of hardship and the society pays the price! Individuals have sometimes had their transfers confiscated. We have many cases like that. I will give you an important example. I remember the Organization of African Trade Union Unity (OATUU), which is based in Accra, has transferred 15 000 dollars to support the Sudan Workers Trade Union Federation (SWTUF) for the training of labourers. The sum had been confiscated. This is just one example … 54 ÉTATS: China is now you main economic partner, particularly in oil, the Chinese own many concessions formerly held by the Americans. Is this the real reason of the war led against Sudan by a part of the international community? I. G.: It’s an important point because, at the time, they were supporting rebel groups. So, we have engaged our armed forces that continue to fight. They have raised the economic embargo. They have bet on the collapse of the Sudanese economy. But we have managed to get away from that on taping our own resources. 54 ÉTATS: Do you still have diplomatic relationships with the United States? I. G.: Several years ago the US have withdrawn their ambassador. But I believe that they are deciding otherwise or they will do it. We hope that we can go on the right track because we still believe that we need to have diplomatic relationships with everyone, including the US.
© Rwanda gouvernement
WE HAVE ACCEPTED THE WILL OF SOUTHERN SUDANESE AND WE’RE STILL TRYING TO HELP OUR SISTERS AND BROTHERS IN THE SOUTH
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© Rabah Seghir
BENSOUDA MUST LOOK AT THE CASE OF SUDAN IN A JUST LEGAL WAY
54 ÉTATS : J’aimerais avoir votre opinion sur l’avenir de l’un de vos voisins : la Libye. Comment percevez-vous sa situation actuelle et son futur ? I. G. : Nous pensons que le dialogue est la seule manière pour la Libye de sortir de cette situation. Et ce avec le soutien de ses voisins que sont le Soudan, l’Égypte, la Tunisie et l’Algérie. La Libye est un petit pays avec une population limitée et du pétrole. Les Libyens ont les moyens d’avoir une meilleure vie mais, pour toutes les raisons que nous connaissons, c’est actuellement impossible. Nous pensons que la communauté internationale et les pays voisins doivent appuyer la Libye. 54 ÉTATS : Quelle est la nature de vos relations avec la Libye ? I. G. : Vous savez, nous avons de bonnes relations avec l’ensemble des parties en Libye. Nous avons reçue le Premier ministre récemment et avons discuté avec lui du soutien que le Soudan pourrait apporter. Il a reconnu auprès du président que le Soudan pourrait être un médiateur entre les différentes factions libyennes. Mais, dans les faits, d’autres acteurs tentent d’empêcher cela. Mais nous pensons que la Libye est capable de surpasser ses difficultés. 54 ÉTATS : Concernant le Soudan du Sud, la création de ce nouvel État est-elle la résultante de la politique américaine ou la volonté du président El-Bachir ? I. G. : C’était notre engagement que d’accéder à la création de cet État mais plusieurs lobbies politiques américains ont publiquement confessé durant des interviews, notamment Suzanne Rice, qu’ils attendaient depuis 2006 la partition du Soudan du Sud. À cette époque, nous parlions avec toutes les parties du pays pour expliquer que la séparation du Soudan du Sud n’était pas dans l’intérêt des habitants du Sud. Mais ils ont persisté et nous avons dû accéder à la volonté des Soudanais du Sud et nous tentons encore d’aider nos sœurs et nos frères du Sud dans la recherche de la paix. 54 ÉTATS : Et si vous aviez un dernier mot à dire à Fatou Bensouda ? I. G. : J’aimerai être plus aimable avec elle mais elle aborde les cas de l’Afrique et du Soudan, qu’elle a visité quatre fois avant 2004, avec la même optique que M. Ocampo. Je lui dirai simplement de regarder le cas du Soudan d’une façon juste et purement légale, pas de manière politique.
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54 ÉTATS: I would like to ask about the future of one of your neighbours: Libya. How do you perceive the current situation and the future? I. G.: In fact, we think that dialogue is the only way for Libya to get out this situation. With the support of their neighbours, including: Sudan, Egypt, Tunisia and Algeria. Libya is a small country with a limited population and oil. The Libyans can live a better life but, for all the reasons we know, it’s impossible. We believe that the international community and all the neighbouring countries must support Libya. 54 ÉTATS: What kind of relationships do you have with Libya? I. G.: You know we have a good partnership with all the Libyan sides. We have received the Prime Minister of Libya recently and we have talked to him about the support that Sudan could give. He told the President that Sudan could be a mediator between the Libyan factions. But in fact, there are others players that are trying to prevent that. But we think it’s possible for Libya to overcome its difficulties. 54 ÉTATS: What about South Sudan? The creation of the new state, is it the result of American policy or the will of the president al-Bashir? I. G.: It was our commitment to implement this state but some political lobbies in America have publicly confessed during interviews, including Suzanne Rice, that they have been waiting since 2006 for the partition of South Sudan. At that time, we were talking with all the parties in the country to explain that separation of South Sudan is not in the interest of the Southern civilians. But they continued to do the same, so we have accepted the will of southern Sudanese and we’re still trying to help our sisters and brothers in the South to try to reach peace. 54 ÉTATS: And if you could give a last word to Fatou Bensouda? I. G.: I would like to look at her more gently but Ocampo’s glasses are still being used to look at the case of Africa and of Sudan, which she visited four times before 2004, and to look at the case of Sudan in a just legal way and not in a political way.
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INTERVIEW
par Hervé PUGI
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MIS SUR LE BANC DES ACCUSÉS PAR UNE PARTIE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, LE MINISTRE DE LA JUSTICE DU SOUDAN, MOHAMED BISHARA DOSSA, A ACCEPTÉ DE PLAIDER POUR NOUS LA CAUSE DE SON PAYS, DE SON SYSTÈME JUDICIAIRE ET DE SON PRÉSIDENT, DANS LE COLLIMATEUR DE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE (CPI).
PUT IN THE DOCK BY A PART OF THE INTERNATIONAL COMMUNITY, SUDANESE MINISTER OF JUSTICE, H.E. MOHAMED BISHARA DOSSA HAS ACCEPTED TO ADVOCATE HIS COUNTRY, THE SUDANESE COURT SYSTEM AND THE SUDANESE PRESIDENT WHO HAS BEEN IN THE SIGHTS OF THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT (ICC). SPEAKING TIME IS GIVEN TO DEFENCE…
54 ÉTATS : Pouvez-vous brièvement présenter le système judiciaire soudanais ?
54 ÉTATS: Could you briefly describe the Sudanese legal system?
Mohamed Bishara Dossa (M. B. D.) : Au Soudan, nous avons toute confiance en la suprématie de la justice. Il s’agit-là d’un principe clé. L’accomplissement de la mission de justice revêt un sens véritable pour le gouvernement soudanais. Quels que soient les crimes commis (au niveaux national et international), quelle que soit la qualification employée pour désigner ces crimes, nous croyons en la suprématie de la loi à laquelle demeurent soumis tous les individus (y compris les forces militaires, le Président). Le Soudan dispose d’un système judiciaire solide, indépendant, efficace dont la réputation (nationale et internationale) n’est plus à faire. En conséquence, le pays n’a jamais eu à surmonter la moindre difficulté pour engager des poursuites à l‘égard des crimes commis sur son territoire. Le Soudan met un point d’honneur à respecter les engagements en vertu des traités, conventions auxquels il est partie.
Mohamed Bishara Dossa (M. B. D.): In Sudan, we do highly believe in the supremacy of justice. This is a key principle. The Sudanese government believes in the massive implementation of the mission of justice. Whatever the crimes committed (at the international or national levels), whatever the qualification employed to refer to those crimes, we believe in the supremacy of law to which all individuals are subjected (including the military forces, the President). Sudan has a very clever and very strong court system, quite independent, quite efficient and quite reputed regionally and internationally. Therefore, the country has never had to overcome difficulties to chase, to pursue and to follow up crimes committed here nationally. Sudan has fully committed itself to observe its international commitments towards treaties, conventions to which Sudan is a party.
54 ÉTATS : Les termes génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité sont employés pour décrire la situation au Darfour. Quels commentaires cela vous inspire ? M. B. D. : Ces commentaires ne sont que simples allégations. Les faits sont venus prouver le contraire. La réalité du génocide n’a jamais été établie. Notre pays respecte les droits humains. Les enquêtes conduites sur le terrain ont mis en évidence le montage de toutes pièces de certaines preuves dans le cadre d’un complot mené à l’encontre du pays. En contrepartie, de promesses liées à l’octroi de l’asile, d’un refuge, de la nationalité, de nombreux témoignages ont été falsifiés. Lors de leur retour au pays, certains Soudanais manipulés lors de cette vaste manigance ont affirmé avoir commis une erreur en falsifiant les faits qu’ils relataient. Bien évidemment, le conflit du Darfour a inévitablement eu des effets sur le terrain. Les conflits créent un climat propice à la perpétration de crimes violents. Cette situation découle de l’environnement de guerre. Les civils ont indéniablement pâti des effets de cette situation. Les responsabilités ont pleinement été prises. Afin de s’attaquer à ces conséquences et effets négatifs, le Soudan a mis en place de nouveaux mécanismes. Notamment, en nommant un procureur spécial en charge des crimes du Darfour, le gouvernement soudanais a exprimé sa détermination à traiter la question des sources et situations de violation qui émergent dans cette zone. Par ailleurs, de nouveaux tribunaux ont été créés pour examiner les crimes commis au Darfour. Ces mesures témoignent de la sincérité et du sérieux avec lesquels les responsables du pays traitent ces diverses violations.
54 ÉTATS: The words genocide, war crimes and crimes against humanity are used to describe the situation in Darfur. What are your comments about this? M. B. D.: These comments are mere allegations. Facts have proved the opposite. On the ground, the reality of massive crimes, genocide has never been established. Our country respects human rights. Field investigations have revealed that pieces of proof have been fabricated as a part of a plot against our country. In consideration of promises relating to the granting of rights of refuge, asylum and nationality, many testimonies have been falsified. Some Sudanese, who had been used as part of this plot against Sudan, asserted when they went back to the country that they had made a mistake, that they had falsified their story. Of course the conflict in Darfur has led to consequences on the ground. Conflicts create a setting that is conducive to the perpetration of violent crimes. This is a consequence deriving from the environment of war. Civilians have inevitably suffered from the effects of this situation. Accountability has been fully implemented. In order to tackle those negative impacts and consequences, Sudan has set up new mechanisms. In particular, through the appointment of a special prosecutor for the crimes of Darfur, Government has expressed its determination to address emerging sources and emerging situations of violation in this area. In addition to the creation of this new position, news courts have been established to look into crimes committed in Darfur. These measures show how sincere and how concerned is the Sudanese government towards those various violations.
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54 ÉTATS : Cour de dernier ressort, la CPI n’intervient dans des affaires que lorsque les systèmes juridiques nationaux ne sont pas en mesure de rendre justice. Celle-ci a délivré deux mandats d’arrêt à l’encontre de votre président. Pouvez-vous nous faire part de votre vision à cet égard ? M. B. D. : Je tiens tout d’abord à préciser qu’en ce qui concerne les commentaires afférents à la CPI et à la saisine de cette juridiction, je ne m’exprimerai pas en ma qualité de ministre de la Justice. Le point de vue que je m’apprête à vous présenter sera donc celui du juriste plutôt que celui de l’homme politique. En saisissant la CPI, relativement au cas du Darfour en vertu de la résolution 1593, le Conseil de sécurité des Nations unies a eu un impact négatif sur le pouvoir judiciaire, sur la situation au Darfour, sur la coexistence pacifique de diverses composantes et sur notre objectif d’instauration d’une paix durable. Cette saisine constitue une violation évidente de la Charte des Nations unies, du statut de Rome et des lois internationales. Nous ne pouvons donc pas évoquer ladite saisine sans aborder les questions de l’illégalité et de la violation des lois : le statut de Rome régit les relations entre la CPI et les autres États. Il existe trois modes de saisine de la CPI. Premièrement, par un État partie au statut de Rome (or, le Soudan n’est pas un État partie au statut de Rome) ; deuxièmement, en vertu d’un accord avec la CPI (or, le Soudan n’a jamais conclu un tel accord) ; troisièmement, en vertu d’un mandat donné par le Conseil des Nations unies permettant de soumettre un cas à la CPI (or, le Soudan n’a jamais donné un tel mandat au Conseil de sécurité des Nations unies, puisque par définition, il n’est pas partie au statut de Rome). En conséquence, le renvoi à la CPI du cas soudanais est illégal. Il s’agit d’une violation du statut de Rome, de la Charte des Nations unies et des lois internationales. 54 ÉTATS : Que répondez-vous à ceux qui définissent la CPI comme étant une arme politique ? M. B. D. : Je partage complètement ce point de vue. C’est une réalité. La CPI n’est qu’un instrument politique prenant pour cible les États africains. Si vous vous intéressez aux cas soumis à la CPI, vous constaterez qu’ils concernent principalement l’Afrique. 54 ÉTATS : Quels sont les impacts de l’internationalisation sur la situation du Darfour ? MBD : L’intervention de la communauté internationale a motivé certains groupes à poursuivre la guerre. Si vous vous arrêtez sur l’accord de paix signé par le gouvernement avec divers groupes au Darfour, il apparaît que certains d’entre eux manifestent de la réticence à rejoindre le processus de paix en raison de l’internationalisation du conflit. Beaucoup d’entre eux ont été incités à poursuivre la guerre.
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54 ÉTATS: The ICC is defined as being a court of last resort, interfering in cases where national legal systems are not able to dispense justice. It has issued arrest warrants for the president of your country. May you share your vision about this situation? M. B. D.: The referral of Darfur case to ICC by the United Nations Security Council under resolution 1593 has negatively impacted the court system, the situation in Darfur, the peaceful coexistence of different constituents and the prospect of peace we want to achieve. The said referral constitutes a massive violation to the United Nations Charter, to the Rome Statute, to the international laws. The comments to the ICC and to the referral of the case of Sudan are not expressed in my capacity of justice minister. I am speaking as a legal expert rather than a politician. When we are talking about the referral of the Sudan case to the ICC by the UN Security council, we have to demonstrate the illegality and the violation of the laws themselves: the Rome Statute regulates the relations between the ICC and other states. There are three ways to refer a case to the ICC: firstly, by a state member to the Rome Statute (Sudan is not a signatory to the Rome Statute); secondly, under an agreement with the ICC (Sudan has never concluded any such agreement); under a mandate given to UNSC to refer a case to ICC (Sudan has never given such a mandate to UNSC because we are not a party to Rome Statute by definition). Consequently, the issue of the referral of the Sudan case is quite illegal, it is a violation of the Rome Statute, of the UN charter and of international laws. 54 ÉTATS: What do you answer to those who define the ICC as a political weapon? M. B. D.: I fully agree with them. It is a reality. The ICC is just a kind of political instrument whose target is African states. If you look at the majority of cases addressed by the court, you will observe that they are mainly Africa oriented. 54 ÉTATS: How does the internalisation impact on the Darfur situation? M. B. D.: The intervention of international community has motivated certain groups to pursue the war. If you look at the peace agreement signed by the government with several groups in Darfur, it appears that some of them are reluctant to join the peace process because of the internationalisation of the conflict. Many of them have been pushed to pursue war. 23
54 ÉTATS : Où en est l’objectif d’instauration de la paix au Darfour ? M. B. D. : Nous sommes déterminés à atteindre une paix irréductible. Afin de construire la paix, nous devons activer la justice. La justice doit prévaloir sans quoi la paix restera une vaine ambition. Le Soudan possède ses propres juridictions, ses propres traditions, ses propres coutumes, son propre héritage. Pourtant, la CPI fait fi de ces divers aspects et cherche à imposer son propre héritage sur l’ensemble du processus de paix et de justice. De nombreux instruments, de nombreux mécanismes ont été mis en place, y compris l’Accord de paix pour le Darfour, l’établissement de nouvelles commissions de paix et de justice. Ces nombreux instruments tiennent compte de nos traditions. Pour parvenir à la réconciliation, nous avons besoin de temps, nous avons besoin d’instaurer un climat propice et nous devons garder à l’esprit de nombreux aspects tels que notre héritage historique et géographique. La réconciliation constitue le plus important pilier pour atteindre la paix. C’est une question importante sur laquelle nous nous concentrons. 54 ÉTATS : Les pays africains envisagent-ils sérieusement de former un coalition pour un retrait de la CPI ? M. B. D. : La réponse n’est ni « oui » ni « non ». Dès le départ, l’intention de la CPI de cibler les États du continent est apparue très clairement aux leaders africains. Par conséquent, dès le départ, les chefs d’État africains ont considéré avec méfiance la CPI et, ont adopté une position similaire en formant une sorte de coalition contre la CPI. Lorsque la CPI a par la suite décidé de mener plus loin son action en décidant de poursuivre et de délivrer des mandats d’arrêt à l’encontre de nos chefs d’États en exercice, la CPI a exprimé très clairement sa volonté de viser prioritairement les dirigeants africains. En réaction à la politisation de la CPI, de nombreux pays de l’Union africaine ont choisi de soutenir l’idée d’un retrait de cette institution.
54 ÉTATS: What about the achievement of peace in Darfur? M. B. D.: We are determined to reach irreducible peace. In order to build peace, we have to activate justice. Justice must prevail otherwise peace will never be achieved. Sudan has its local courts, its own traditions, its own customs, its own heritage. Yet, the ICC never takes these aspects into consideration and seeks to impose its own heritage on the whole process, on the whole peace process, on the whole justice process. Many instruments, mechanisms have been put in place, including the DPA, the establishment of new commissions of peace and justice. Many instruments are taking into consideration our traditions, local customs. So as to achieve reconciliation, we need time, we need conducive atmosphere and we have to keep in mind many aspects such as our customs, our historical and geographical background. Reconciliation constitutes the most important pillar to achieve peace. This is a quite important issue on which we are currently focusing. 54 ÉTATS: Do African countries seriously consider forming a coalition to withdraw from the ICC? M. B. D.: The answer is neither “yes” nor “no”. From the very beginning, the intention of the ICC to target African states was quite clear to African leaders. From the very beginning, African leaders have looked suspiciously the ICC and, consequently, adopted a similar position, that is: a sort of coalition against the ICC. When the ICC went further deciding to chase, issue, pursue and issue arrest warrants against our seating heads of state, the ICC expressed very clearly its willingness to target firstly African heads of state. In opposition to the politicization of the ICC, many countries of the African Union have chosen to advocate the withdrawal from this institution.
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par Hervé PUGI
DEPUIS QUE QUELQUES CÉLÉBRITÉS HOLLYWOODIENNES ONT DÉCLARÉ L’ÉTAT D’URGENCE, PEU NOMBREUX SONT CEUX QUI ONT PRIS LE PARTI DE SE RENDRE AU DARFOUR POUR ÉVALUER LA SITUATION SUR LE TERRAIN. REGRETTABLE. UN PEU PLUS D’UNE DÉCENNIE APRÈS LE DÉBUT DE VIOLENTS COMBATS QUI ONT ENSANGLANTÉ CETTE RÉGION RECULÉE DU SOUDAN, CELLE-CI SEMBLE POURTANT – PETIT À PETIT – RENAÎTRE DE SES CENDRES ET RETROUVER UNE CERTAINE SÉRÉNITÉ. C’EST CE DONT TÉMOIGNENT EN TOUT CAS NOMBRE DE RESPONSABLES ET D’HABITANTS D’EL-FASHER, CAPITALE DE LA PROVINCE DU DARFOUR DU NORD. REPORTAGE ET TÉMOIGNAGES DE CEUX QUI VIVENT CETTE RÉALITÉ AU QUOTIDIEN.
EVER SINCE SOME HOLLYWOOD CELEBRITIES DECLARED A STATE OF EMERGENCY IN DARFUR, ONLY A FEW OF THEM HAVE DECIDED TO GO TO DARFUR TO EVALUATE THE SITUATION ON THE GROUND. IT'S REGRETTABLE. A LITTLE MORE THAN A DECADE AFTER THE BEGINNING OF VIOLENT FIGHTS WHICH HAVE BLOODIED THIS REMOTE REGION OF SUDAN, IT SEEMS NEVERTHELESS - LITTLE BY LITTLE - TO BE RISING FROM THE ASHES AND TO FIND A CERTAIN SERENITY. A NUMBER OF INHABITANTS OF AL-FASHER, CAPITAL OF THE PROVINCE OF THE DARFUR IN THE NORTH, WILL BEAR WITNESS TO THIS. A REPORT OF THOSE WHO LIVE THIS REALITY ON A DAILY BASIS.
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few kilometers from the deafening noise of UNAMID helicopters, a small market of Al-Fashir is in full swing in the middle of the day. In the middle of the stalls of meat, spices, fruits and vegetables, only the children who rush about upsets the lethargic routine of the regular customers in this place. The market looks like millions of others throughout Africa. In the dusty alleys, bordering makeshift shacks there is no trace of armed men neither soldiers of the Sudanese army, nor the blue berets of the UN forces. As for possible bloodthirsty rebels, they do not appear to shop in these places. "We live a simple life. Clans and tribes, we all live together. We settle our problems between ourselves. It has been our way of life for a long time and it has always worked,” explains one of the main leaders of the village, who also plays the role of mediator between the various factions. Nobody denies the violence, but it's more likely that we recall dramatic "isolated cases" than real ethnic cleansing. "We are the real witnesses of what has happened and is still taking place in Darfur. And since the beginning of the unrest in 2003, we work hard to solve our discrepancies."
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oin du vacarme assourdissant des hélicoptères de la MINUAD stationnant à quelques kilomètres de là, le petit marché d’El-Fasher bat son plein en cette mi-journée. Au milieu des étals de viande, d’épices, de fruits et de légumes, seuls les enfants qui cavalent dans les allées viennent bousculer la fiévreuse indolence qui semble habiter les habitués des lieux. Ce marché-là ressemble à des millions d’autres à travers toute l’Afrique. Dans les ruelles poussiéreuses, bordées de cahutes à l’apparence bien sommaire, aucune trace d’hommes armés. Ni soldats de l’armée régulière soudanaise, ni casques bleus des forces onusiennes. Quant à d’éventuels rebelles sanguinaires, ils ne paraissent tout simplement pas faire leurs emplettes en ces lieux. « Nous vivons une vie simple. Clans, tribus, nous cohabitons tous ensemble. Nos problèmes, nous les réglons entre nous. C’est notre manière de vivre depuis toujours et cela a toujours fonctionné ainsi », explique l’un des principaux responsables de la ville qui occupe le rôle de médiateur entre les différentes factions. Les violences, personne ne les nie mais on évoque plus volontiers des « cas isolés » dramatiques qu’une véritable épuration ethnique. « Nous sommes les vrais témoins de ce qui s’est passé et se passe encore au Darfour. Et ce depuis le tout début des troubles en 2003. Nous travaillons dur pour résoudre nos différends… »
A TOTAL OF 58 DEATH SENTENCES
Du côté des officiels, le son de cloche n’est guère différent. Alors que le Soudan est pointé du doigt par une partie de la communauté internationale pour son inaction au niveau judiciaire, le bureau du procureur affiche son malaise en même temps que ses résultats. Le procureur spécial au Darfour Yassir Ahmed Mohamed l’affirme « nous avons la capacité. Nous avons les moyens de juger. Dès le début des événements, Khartoum a nommé une équipe sur le terrain pour enquêter et établir une cour spéciale. Les institutions fonctionnent au Darfour. ». Pour quel résultat ? « Nous avons présenté plus de cent cas devant la cour. Parmi eux, il y avait des militaires en uniforme. Mais les rebelles vont et viennent, il n’est pas si évident de mettre la main dessus. » Et la justice se veut implacable : « nous comptabilisons 58 sentences de peine de mort ». Au quartier-général de la police, le positivisme est également de mise. C’est en tout cas ce qui ressort des propos du général Magddi Ibrahim : « Les résultats sur le terrain sont assez encourageants. Les opérations de maintien de l’ordre portent leurs fruits. Il peut encore y avoir des violences sporadiques ici ou là mais, globalement, nous parvenons à maintenir et à renforcer la loi et l’ordre. » Une paix fragile mais bien réelle qui trouverait sa plus parfaite illustration par un point particulier. Ceux que l’on nomme les déplacés internes prennent progressivement le chemin du retour mais surtout « nous voyons arriver des réfugiés de Centrafrique, de Libye ou du Tchad. C’est bien la preuve que le Darfour est plus stable que d’autres régions voisines. »
From the official side, the analysis of the situation isn't different. While the international community points a finger at Sudan for its inactivity at a judicial level, the prosecutor's office displays its discontent at the same time as its results. The special prosecutor in Darfur, Yassir Ahmed Mohamed, asserts: "We have the capacity. We have the means to judge. From the beginning of the events, Khartoum have appointed a team on the ground to investigate and establish a special court. The institutions work in the Darfur.” For which result? " We presented more than hundred cases to the court. Among them, there were soldiers in uniform. But the rebels come and go, is not so easy to get hold of them." And justice claims to be merciless: "We count 58 death penalties.” At police headquarters, positivity is also appropriate. It is in any case, what emerges from the words of General Ibrahim Magddi: “The results on the ground are rather encouraging. The peacekeeping operations are bearing fruit. Sporadic violence can still occur here and there but, globally, we succeed in maintaining and in strengthening law and order.” There may still be sporadic violence here and there but overall we can maintain and strengthen the law and order. A fragile, but very real peace, which would find its most perfect illustration with a particular point. Those that we call internally displaced are gradually returning but mostly "we see refugees arriving from the Central African Republic, from Libya or from Chad. It is proof that Darfur is more stable than other neighboring regions."
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58 CONDAMNATIONS À MORT
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« SOYEZ HONNÊTE ! »
“BE HONEST!”
Est-ce là un portrait idéalisé du Darfour ? Plutôt la réalité du moment. L’avocat Adbel Rahman Ibrahim Elkhalifa explique ainsi pour sa part que « la vie revient progressivement à la normale » dans la région et tient à effectuer une mise au point : « Tous les termes choquants, comme génocide, ont été prononcés par des personnes qui ne connaissent rien du Darfour. La plupart n’y ont même jamais mis les pieds ! On nous a annoncé des chiffres incroyables, jamais les mêmes. Rien n’est jamais exact. Rien n’est jamais objectif. Rien n’est jamais honnête. À commencer par le termes de guerre civile ou d’épuration ethnique. Tout le monde est musulman, tout le monde est noir, tout le monde est arabe au Darfour ! Alors… Il s’agit d’affrontements tribaux, horribles certes, mais rien de plus. C’est un problème très ancien. Il existait déjà à l’époque des Britanniques, qui en sont d’ailleurs les initiateurs. La médiatisation du problème n’a fait que complexifier la situation… » Un sentiment partagé par un certain nombre de chefs tribaux, dits rebelles, rencontrés à El-Fasher qui, en préambule, préviennent : « Vous devez être honnête avec vousmême avec la mission que vous vous êtes assignés en venant ici ! » Difficile de ne pas ressentir un certain sentiment de défiance à l’encontre du journaliste comme de l’Occidental. Explication : « Certains utilisent nos difficultés pour asseoir leur propres intérêts. Nous avons vécu des temps vraiment difficiles qui ont eu de graves répercussions sur la communauté mais, depuis quelques années maintenant, la région vit une période de stabilité. Tout n’est pas réglé mais chacun tente, à sa manière, de contribuer au retour complet à la paix. »
Is this an idealized portrait of Darfur? It is rather the reality at the moment. The lawyer, Adbel Rahman Ibrahim Elkhalifa, explains: “Life gradually returns to normal" in the region and he is eager to set the record straight: "All the shocking terms like genocide, were pronounced by people who know nothing about Darfur. Most have never even set foot in Darfur! We were given incredible figures that are never the same. Nothing is ever exact. Nothing is ever objective. Nothing is ever honest. To begin by terms of civil war or ethnic cleansing. Everybody is Muslim, everybody is black, everybody is Arabic in Darfur! So … it is about horrible, tribal confrontations certainly, but nothing more. It is a very ancient problem. It already existed in the British era, and they are incidentally the initiators thereof. The mediatization of the problem is only complicating the situation...” A feeling shared by a number of tribal leaders, called rebels, who met in Al-Fashir and warned in the prelude: “You must be honest with yourself, with the mission that were assigned to you by coming here!” It's difficult not to feel a certain level of mistrust towards journalists from the West. Explanation: "Some use our difficulties to establish their own interests. We have lived through really difficult times which had serious repercussions on the community but for a number of years now, the region has experienced a period of stability. Everything is not settled yet but everyone tries, in their own way, to contribute to the restoration of peace."
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L’activité de la communauté internationale ? Elle laisse de marbre ou provoque, tout au plus, un léger sourire sur les visages de ces représentants qui, comme certains villageois avant eux, réclament surtout « des vivres, des soins ou des financements, pas des militaires » tout en précisant « qu’avant de nous aider, demandez-nous ce que nous souhaitons. » Et l’un des chefs, provoquant l’acquiescement général de l’assemblée, d’ajouter : « si vous voulez nous aider, vous, les étrangers, les Européens ou les autres, cessez d’armer nos garçons ! Ne militarisez pas nos garçons ! »
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The activity of the international community? It is indifferent or it provokes at most, a slight smile on the faces of the representatives who, as certain villagers before them, demand above all “food, care or financial aid, but no soldiers” while specifying “before helping us, ask us what we need." And one of the leaders, sparked the general approval of the assembly, by adding "if you want to help us, you, the foreigners, the Europeans or the others, stop arming our boys! Do not militarize our boys!" Translated into English by Nadine Visagie
par Hervé PUGI
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À l’ouest du Soudan, frontalière de la Libye, du Tchad et de la République centrafricaine, le Darfour est une région d’une superficie équivalente à celle de la France. Pour bien comprendre la problématique, il convient de préciser que la notion de « frontière » ne représente rien pour bien des peuplades qui vont et viennent entre ces pays. C’est dans la partie méridionale du Darfour, au sud de Nyala, que d’importantes réserves de pétrole ont été découvertes. Cette province lointaine s’est aussitôt changée en une véritable poudrière ! Désertification, croissance démographique et évolution des modes de vie ont constitué un premier déclencheur à la crise. Notamment lorsque les fermiers sédentaires décident d’empêcher les nomades de paître sur leurs terres. La tension monte d’un cran alors que chacun s’imagine profiter de la manne pétrolière à son avantage. Ces chefs de tribus expriment leur revendication au pouvoir de Khartoum, poussés dans leur démarche par les dirigeants rebelles de ce qui allait devenir le Soudan du Sud. Le but de ceux-ci ? Affaiblir le gouvernement central. Difficile également de nier le rôle joué par les États-Unis, déjà très présents au Tchad voisin, qui voulaient voir dans la région une nouvelle source d’approvisionnement pétrolier. Le tout en coupant l’herbe sous le pied de la Chine, partageant les mêmes visées, lancée dans une coopération de plus en plus étroite avec le Soudan. C’est dans ce contexte explosif qu’en février 2003, plusieurs mouvements rebelles partaient à l’assaut de la ville de Gulu puis de divers postes de police et de dépôts d’armes. En avril, la ville d’El Fasher était attaquée. Près de deux cents policiers et fonctionnaires gouvernementaux trouvaient la mort.
Darfur is a region about the same size as France in the West of Sudan, on the borders of Libya, Chad and the Central African Republic. To avoid any misunderstanding on the issue, it should be noted that the notion of “border” does not mean anything for the various peoples who come and go between these countries. It was in the southern part of the country, south of Nyala, that large oil reserves were found, turning this remote part of the country into a tinderbox of unrest overnight! Desertification, population growth and changes in lifestyles initially triggered the crisis but it was exacerbated when sedentary farmers decided to stop nomads from grazing their animals on their land. Tensions mounted when they all became determined to exploit the new found oil wealth to their own advantage. These tribal chiefs voiced their claims to the powers in Khartoum and were pushed in this effort by rebel leaders in what was to become South Sudan. What was their goal? To weaken central government. We cannot deny the role which was also played by the United States, who already had a strong presence in neighbouring Chad and wanted a new source of oil supply in the region. All this was done while pulling the rug out from under China, who had the same goals and had launched close cooperation with Sudan. It was in this explosive context that in February 2003, several rebel movements attacked the city of Gulu targeting police stations and arms storage depots. In April the city of Al Fashir was attacked where almost 200 police officers and government employees were killed. Sudan was facing a dark moment in its history. Translated into English by Grace Cunnane
Une page sombre pour le Soudan s’ouvrait…
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Propos recueillis par Hervé PUGI
RENCONTRE AVEC TIJANI ALSISSI, PRÉSIDENT DE L’AUTORITÉ RÉGIONALE DU DARFOUR. CELUI QUI EST AUSSI LE LEADER DU MOUVEMENT POUR LA LIBÉRATION ET LA JUSTICE REVIENT AVEC NOUS SUR LES RÉCENTES ÉVOLUTIONS CONNUES PAR LA RÉGION, LE RÔLE DE LA MINUAD ET LE PROCESSUS DE RÉCONCILIATION NATIONALE ENTAMÉ AU SOUDAN. MEETING WITH TIJANI AL-SISSI, PRESIDENT OF THE REGIONAL AUTHORITY OF THE DARFUR. THE ONE WHO IS ALSO THE LEADER OF THE LIBERATION AND JUSTICE MOVEMENT RETURNS WITH US ON THE RECENT EVOLUTIONS KNOWN BY THE REGION, THE ROLE OF THE UNAMID AND THE PROCESS OF NATIONAL RECONCILIATION STARTED IN THE SUDAN.
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© Rabah Seghir 54 ÉTATS : En tant que responsable du Mouvement pour la Libération et la Justice, vous avez signé il y a trois ans un accord de paix à Doha. Avec du recul, quelle est votre analyse ? Tijani Al-Sissi (T. A.-S.) : Il y a un nombre de résultats significatifs. Je veux tout d’abord évoquer la reconstruction et le développement. À la suite de la mise en œuvre de l’accord, nous avons lancé une stratégie de 171 projets. Nous avons débuté par une première phase qui incluait des projets importants quant aux victimes. Certains d’entre eux ont été menés à leur terme. Je pense que nous progressons dans nos efforts de développement. Ceux-ci ont été soutenus par la conférence des donateurs qui s’est tenue à Doha. Nous avons pu y lever autour de 3,6 milliards de dollars. Certains des donateurs ont déjà commencé à financer concrètement quelques projets sur le terrain. C’est le cas du Qatar, de l’Allemagne ou de l’Union européenne. Ce que je tiens à dire, c’est que nous allons persister dans ce développement. Deuxièmement, concernant le dossier de la sécurité, il y avait de réels troubles au Darfour causés par certains rebelles. Ils lançaient des attaques ici ou là. Mais, actuellement, leur pouvoir de nuisance au Darfour a été réduit. Ils ne sont plus un « casse-tête » pour nous pour être honnête. Nous sommes plus préoccupés par les conflits tribaux qui déstabilisent la région. Des efforts énormes ont été faits par l’Autorité régionale du Darfour et le gouvernement pour rassembler les factions préoccupantes. Nous avons résolu certains de ces conflits tribaux avec l’accord de paix. Celui-ci a aussi permis de réaliser des progrès quant au retour des personnes déplacées. Ils reviennent dans les villages que nous avons construits. 54 ÉTATS : Diriez-vous que la situation au Darfour est sous contrôle ? T. A.-S. : Le Darfour suit la dynamique de l’Afrique. Vous savez, beaucoup de pays africains ont traversé des conflits. Comme n’importe quelle région dans cette situation, il est difficile de garantir que la situation sécuritaire est parfaite. Nous sommes toujours une zone en voie de développement. Vous pouvez croiser des gens armés ou faire face à des attaques de camions par des bandits. Ceci arrive de temps à autre mais, en général, la situation est bien meilleure qu’il y a quelque temps. Cela ne fait aucun doute. Vous pouvez maintenant rouler sans ennui de Khartoum à El Fasher, cela prend moins de douze heures. Vous pouvez rallier n’importe quel endroit du Darfour sans problème. Cela ne signifie pas que tout est réglé mais, en général, les attaques sont désormais contrôlées.
54 ÉTATS: As leader of the Liberation and Justice Movement, you signed “a peace agreement” in Doha three years ago. With hindsight, what is your assessment? Tijani Al-Sissi (T. A.-S.): There is a number of significant results. I want to start with reconstruction and development. Following the implementation of the agreement, we have launched a strategy with 171 projects. We have started a first phase which includes significant projects for victims. Some of them are already completed. I think our development efforts are going well. These have been underpinned by the donors’ conference which has been held in Doha. We have been able to raise around 3.6 billion dollars. Some of the donors have already started to finance some development projects on the ground, including Qatar, Germany, and the European Union (EU). What I would like to say is that we will continue our development. Secondly, concerning the security concern, there were significant troubles caused by rebels in Darfur. They were launching attacks here and there. But, right now, their existence in Darfur is minimized. They are no longer a headache to us to be honest. Our headache has been the tribal conflicts that have troubled the region. Tremendous efforts have been made by the Darfur regional authority and the state government to bring together the worrying factions. Some of these tribal conflicts have been concluded with the peace agreement. We have also made progress in the return of IDP’s (Internally Displaced Persons). They have returned to the villages we have constructed. 54 ÉTATS: Would you say that the situation in Darfur is under control? T. A.-S.: Darfur is part of the dynamics in Africa. You know a lot of African countries have been going through conflicts. Like any region in that situation, you cannot guarantee perfect security. We are still in a developing country. You can always find people who carry weapons or bandits who attack trucks. This can happen from time to time but, generally speaking, the situation is much better than when we started, there’s no doubt about that. You can now drive without trouble from Khartoum to Al Fashir by road. It takes less than 12 hours. You can join any of the points in Darfur without interruptions. It certainly doesn’t mean that everything goes perfectly. Generally speaking, attacks are now controlled.
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54 ÉTATS : Quelle est votre position concernant la présence de la MINUAD dans la région ? T. A.-S. : La MINUAD est une expérience unique. C’est une force hybride composée par des forces de l’Organisation des Nations unies (ONU) et de l’Union africaine. C’est surtout l’une des plus grandes missions de paix jamais réalisées dans le monde. Elle est notre partenaire dans la mise en œuvre de l’accord de paix de Doha mais, dans le même temps, nous devons aussi confesser que la MINUAD n’a pas été capable d’appliquer, ces dernières années, le mandat qui lui a été délivré par l’ONU, qui est de protéger les populations civiles. De temps en temps, les forces onusiennes ont été attaquées par des bandits. Elles ont malheureusement à se protéger elles-mêmes. Je crains que cette situation ait créé beaucoup de doutes dans l’esprit de la population. Pourquoi une force de cette envergure est-elle incapable d’assurer sa propre sécurité ? Mais aussi pourquoi la communauté internationale alloue actuellement autant de fonds à la MINUAD ? Nous parlons de milliards de dollars, une somme énorme. Pour les deux camps, il est nécessaire de parvenir à une stratégie de sortie. C’est une chose très commune dès qu’un accord de paix voit le jour. C’est inévitable ! J’ai rencontré une délégation venue de New York et eux-mêmes s’accordaient à dire que les Nations unies étaient décidées à appliquer une stratégie de sortie. 54 ÉTATS : Est-ce que la communauté internationale est une chance pour le Darfour ou une part du problème ? T. A.-S. : J’ai toujours dit que la MINUAD n’avait pas les moyens d’effectuer son travail d’un manière réellement efficace. Dans de nombreux cas, l’armée soudanaise a dû voler au secours de la MINUAD. C’est un point qui soulève bien des doutes. Le bon côté est que les Nations unies comme le gouvernement soudanais partagent l’idée qu’il faut réduire les effectifs de la MINUAD et élaborer une stratégie de sortie du Darfour.
54 ÉTATS: What is your position regarding the presence of the UNAMID in the region? T. A.-S.: UNAMID is a unique experience, It’s a hybrid force between the United Nations (UN) and the Africa Union (AU). It’s one of the largest peace missions in the world. They are our partners in the implementation of the Doha peace agreement. But, at the same time, we must also confess that UNAMID, has not been apt to apply the mandate of the UN during the last few years, which is to protect the civilians. From time to time the UN Forces have also been attacked by bandits. Unfortunately, they had to protect themselves. I fear that this situation has created many doubts in the minds of the people: why is a force of this size not able to protect itself? But also, why has the international community actually committed a lot of funds to the UNAMID? We’re talking about billions of dollars, a huge sum. For both sides, it’s a necessity to apply an exit strategy, which is a very common when you have a peace agreement, it’s inevitable! I’ve met the delegation from New York and they had said themselves that the United Nations has decided to organize an exit strategy. 54 ÉTATS: Is the international community a chance for Darfur or a part of the problem? T. A.-S.: I’ve always said that UNAMID doesn’t have the capacity to perform its job in a really effective way. In many cases it was the Sudanese army who protected the UNAMID. That is something which has already been questioned, but the good thing is that the United Nations and The Sudanese government have now agreed that there is a need to scale down UNAMID, to attempt an exit strategy for Darfur.
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54 ÉTATS : Vous êtes très attaché aux questions de justice et de réconciliation. Avez-vous le sentiment que votre pays est sur la bonne voie ? T. A.-S. : Nous avons la conviction profonde que la seule voie envisageable est celle de la réconciliation. Nous souhaitons que tout le monde marche ensemble. Le président a amorcé le mouvement en se penchant sur les préoccupations majeures de la population et ce afin de trouver une solution à des questions en suspens que nous avons identifiées dans la feuille de route discutée à l’Assemblée nationale. Je pense que tout cela aboutira positivement. C’est un sentiment actuellement partagé par tout le monde, que ce soit au gouvernement ou dans l’opposition. 54 ÉTATS : Le chemin est-il encore long selon vous ? T. A.-S. : Nous avons été en guerre si longtemps ! La guerre avec le Sud a affecté le pays tout entier. La guerre au Darfour, la guerre au Sud Kordofan, la guerre du Nil Bleu… Toutes ces guerres ont provoqué une sorte de polarisation dans le pays mais, dans le même temps, le peuple soudanais est différent des autres. J’ai été dans beaucoup de pays et je n’ai jamais rencontré de gens comme les Soudanais. Je suis particulièrement optimiste quant au fait que nous avons la capacité et la détermination de nous en sortir ensemble mais aussi de nous prévenir d’un futur désastre dans notre pays. J’ai toujours été optimiste et je n’ai pas envie de dire que le chemin vers la paix est long. Tout dépend de la volonté et de la détermination du peuple soudanais. 54 ÉTATS : En conclusion, voulez-vous faire passer un message particulier ? T. A.-S. : Le Soudan est localisé à un endroit véritablement unique en Afrique. C’est un lien entre le nord de l’Afrique et l’Afrique subsaharienne, mais aussi un pont entre l’Est et l’Ouest. La préservation de l’intégrité et de la sécurité de ce pays est de la plus haute importance pour assurer la paix et la sécurité internationale. Si vous regardez autour du Soudan, vous verrez beaucoup de pays qui sont en proie à de graves troubles. Même le Soudan du Sud s’enfonce dans une guerre tribale, ethnique. Je pense donc que la respect de l’intégrité du Soudan contribue à la sécurité dans la Corne de l’Afrique mais aussi à la sécurité de l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest. Plus encore avec les événements en Libye et au Soudan du Sud. Nous avons les moyens de jouer un rôle particulier. Nous avons de nombreuses ressources, un système politique très mûr pour guider et rassembler l’Afrique, du nord au sud, de l’est à l’ouest. Alors, je suis optimiste parce que quand vous pensez à ce que le Soudan a dû traverser au cours des deux dernières décennies, bien d’autres pays africains auraient sombré ! Mais le Soudan, lui, est toujours debout !
54 ÉTATS: You’re really attached to the issues of justice and reconciliation. Do you have the feeling that your country is on the right track? T. A.-S.: We have a deep conviction: the only way for this country is reconciliation. We want everyone to walk together. The president has initiated this, trying to address the major concerns of the population and to find a solution to the outstanding issues that we have identified in the roadmap, and discussed in the National Assembly, I think we will end positively. This is something that is actually shared by everybody in the government or in the opposition. 54 ÉTATS: In your view, is there still a long way to go? T. A.-S.: We have been in war for quite a long time! The war in the South has affected the entire country. The war in Darfur, the war in South Kordofan, the war in the Blue Nile… These wars have created a sort of polarization in the country but, at the same time, the Sudanese people are different from others. I’ve been in a lot of countries abroad and I’ve never found people like the Sudanese. I’m very optimistic that we have the ability and the determination to pull ourselves together but also to avert any future disaster in our country. I’ve always been optimistic and, therefore, I will say that it’s not a long way. It all depends on the will, on the determination of the Sudanese people. 54 ÉTATS: In conclusion, do you want to highlight an idea or a specific message? T. A.-S.: The Sudan is situated in a very unique place in Africa. It’s a link between the North of Africa and sub-Saharan Africa but also a bridge between the East and the West. Preserving the integrity and the security of this country is of prime importance to international peace and security. If you look around the Sudan, you look at a lot of countries, some are fragmented, others are in trouble. Even South Sudan is collapsing in ethnic tribal war… Therefore, I think the preservation of Soudan’s integrity contributes to the security of the Horn of Africa and to the security of the western African countries. It’s also important for the security of Libya and for South Sudan. So we have the ability to play that particular role. We have a lot of resources; we have a very mature political system, to lead and to bring together Africa, north and south, east and west. So, I’m optimistic because when you look at what Sudan has endured over the last couple of decades, another African country would have collapsed, but Soudan is still intact!
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UNE
J U S T I CE VARI ABLE
LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE (CPI) CRÉE LA POLÉMIUE ! COMBIEN DE CHEFS D’ÉTAT AFRICAINS LA CPI VA-T-ELLE ENCORE ACCUSER DE CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ, GÉNOCIDE, CRIMES DE GUERRES ET CRIMES D’AGRESSION ? N’est-ce pas là, plus qu’une louable mission visant à punir les violations du droit international, un frein au long cheminement vers la démocratie ? Certains présidents africains, suite à la récente révolte burkinabé, ont juré solennellement, ne pas être assez téméraires pour modifier la constitution et songer à reconduire un énième mandat. Force est de constater que la CPI, plus que de pousser à la coopération, effraye l’Afrique. 123 pays ont ratifié le statut de Rome, représentant toutes les régions du monde. l’Afrique est la région la plus largement représentée parmi les États membres de la Cour, avec 34 États sur les 54 que compte le continent. Et, hasard ou instrumentalisation politique, sur les 21 affaires en cours d’instruction, 9 affaires visent des Africains, et 4 mandats d’arrêt ont été émis par une chambre préliminaire composée de 3 juges sur les 18 que comportent la Cour. Des cas, majoritairement à orientation politique, ouverts avant 2012, sous couvert du respect des droits de l’Homme. Vous parlez d’une belle affaire pour Fatou Bensouda, la Gambienne à qui il revient la lourde tâche d’en vérifier le bien-fondé. Au-delà du principe de complémentarité, au-delà du doute raisonnable, au-delà d’une vision manichéenne de la justice, il y a une réalité : quel est l’intérêt d’autoriser inlassablement l’ouverture d’enquête judiciaire en Afrique alors qu’ailleurs dans le monde, des crimes massifs sont commis en toute impunité ? La Syrie, la Corée du Nord, l'Irak, Israël, la Palestine, la Tchétchénie, etc. Sacré coup de poignard de la Cour pensent certains africains, dont la majorité songent à se retirer de la CPI. La Cour étant financée majoritairement par les gouvernements et les États partis, le manque à gagner impacterait de manière terrible sur le fonctionnement, au point de remettre en cause la solidité de cette instance autonome et permanente, tant les investigations, les salaires, la tenue des procès coûtent cher à La Haye. Quel ouroboros merveilleux ! C'est l’objet du dossier spécial 54 ÉTATS.
À
G ÉO M ÉT RI E
G EO M ET RY
VARI ABLE
J U S T I CE
THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT (ICC) CREATES CONTROVERSY! HOW MANY MORE AFRICAN PRESIDENTS IS IT GOING TO ACCUSE OF CRIMES AGAINST HUMANITY, GENOCIDE, WAR CRIMES AND CRIMES OF AGGRESSION? Isn’t it in this case, more than a praiseworthy mission aimed at punishing the violations of international laws, a halt toward the long path of democracy? Certain African presidents are so frightened of being sanctioned by the ICC when there are massive riots in their countries, that they have called upon the return of political opposition in order to legalize or regulate their party and open legitimate and presidential elections for more choice. After the recent revolt in Burkina Faso, that drove the fall of President Blaise Compaoré, in only 48 hours, others have solemnly sworn that they are not reckless enough to change the constitution and think of renewing an umpteenth term. Compaoré had been in power for 27 years. It is clear that the ICC frightens Africa more than it pushes for cooperation. A total of 123 countries have ratified the Rome Statute, representing all the regions of the world: Africa, Asia and the Pacific, Eastern Europe, Latin America and the Caribbean as well as Western Europe and other states. Africa is the most represented region among the member states of the court, with 34 out of 54 states that account for the continent. And, coincidentally or because of political instrumentalism, out of the 21 African cases being processed, 9 cases target Africans, and 4 arrest warrants were issued by a pre-trial chamber composed of three judges out of 18 that comprise the court. It includes: the case of Omar al-Bashir, in Sudan, Seif El-Islam in Libya, Uhuru Kenyatta in Kenya, and Laurent Gbagbo in Ivory Coast. These are politically orientated cases opened mostly before 2012, under the guise of respect for human rights. Speak of a big deal for Fatou Bensouda, the Gambian, who has the heavy task of verifying the legitimacy of the cases. Beyond the concept of complementarity, beyond reasonable doubt, beyond a Manichean vision of justice, there is a reality: what is the interest of the prosecutor to alienate her African brothers? What is the interest of tirelessly opening judicial investigations in Africa when massive crimes are committed elsewhere in the world? Syria, North Korea, Israel, Palestine, that the ICC recognizes as a member state and observer, shouldn’t they, in the interest of justice, be the object of investigation or are they authorized to apply a culture of impunity? Some Africans, of which the majority consider withdrawing from the ICC, think that the court is stabbing them in the back. And as the court is mostly financed by member states, the loss of earnings will impact terribly on the functioning of the court to the point where it will jeopardize the solidity of this autonomous and permanent body, because investigations, salaries and conducting trials are expensive in The Hague. It is this marvelous vicious circle (ouroboros) that it is the focus of 54 États’ special report.
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LA CPI EN QUESTION… THE ICC IN QUESTION…
QU’EST-CE QUE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE ? La Cour pénale internationale (CPI) est une juridiction autonome, indépendante, de caractère permanent, qui a été créée en vue d’ouvrir des enquêtes, de poursuivre et de juger des personnes accusées d’avoir commis les crimes les plus graves touchant l’ensemble de la communauté internationale sans avoir besoin d’un mandat spécial de l’Organisation des Nations unies.
LA COUR A-T-ELLE VOCATION À REMPLACER LES TRIBUNAUX NATIONAUX ? La CPI ne se substitue pas aux systèmes nationaux de justice pénale ; elle en est le complément. Elle ne peut enquêter et, lorsque cela se justifie, poursuivre et juger des personnes, que si l’État concerné n’a pas ouvert d’enquêtes, se trouve réellement dans l’incapacité de le faire ou n’a pas l’intention d’agir en ce sens. Il s’agit, en l’occurrence, du principe de complémentarité, qui donne la priorité aux systèmes nationaux.
QUELS SONT LES CRIMES RELEVANT DE LA COMPÉTENCE DE LA COUR ?
La Cour a pour mandat de juger des personnes, et non pas des États, et d’obliger ces personnes à rendre des comptes. Les faits poursuivis sont : - le crime de génocide, - les crimes de guerre, - les crimes contre l’humanité, - le crime d’agression.
COMMENT OUVRIR DES PROCÉDURES À LA CPI ? 3 critères possibles - Initiative d’un État partie - Initiative du Conseil de sécurité de l’ONU - Initiative du procureur (proprio motu) - Celui-ci enquête en premier sur des situations qui peuvent ensuite devenir des affaires. Tout projet de mandat d’arrêt doit être soumis à la Chambre préliminaire qui seule peut l’autoriser. (Source : CPI)
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WHAT IS THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT? The International Criminal Court ("the ICC”) is an independendant and permanent international court established to investigate, prosecute and try individuals accused of committing the most serious crimes of concern to the international community without the need for a special mandate from the United Nations.
IS THE ICC MEANT TO REPLACE NATIONAL COURTS? The ICC does not replace national criminal justice systems; rather, it complements them. It can investigate and, where warranted, prosecute and try individuals only if the State concerned does not, cannot or is unwilling genuinely to do so. This is known as the principle of complementarity, under which priority is given to national systems.
WHICH CRIMES FALL WITHIN THE JURISDICTION OF THE ICC? The mandate of the Court is to try individuals rather than States, and to hold such persons accountable for the most serious crimes: - the crime of genocide, - war crimes, - crimes against humanity, - the crime of aggression.
HOW DO PROCEDURES COME BEFORE THE COURT? - Through the initiative of a State Party - Through the initiative of the United Nations Security Council - Through the initiative of the Prosecutor (proprio motu) - who firstly carries out an investigation on situations that may beco me cases. Any arrest warrant proposal must be submitted to the Pre-Trial Chamber I which is solely competent to authorise it. (Source: ICC).
TRIBUNE LIBRE
by David Hoile
« LA MAGIE DE L’HOMME BLANC » Élu le 21 avril 2003 au poste de premier procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour un mandat non renouvelable de neuf ans, Luis Moreno Ocampo prête serment le 16 juin de la même année. Hautement politique, la nomination de l’avocat argentin contredit l’ensemble des propos vantant l’indépendance de la CPI par rapport aux considérations d’ordre politique. Joshua Rozenberg souligne, par exemple, que cette désignation répond au vœu de l’institution financée par l’Union européenne qui ne souhaitait pas voir les Africains être poursuivis par un Européen de l’Ouest. Il s’agit d’un aperçu intéressant de la manière dont les États européens, qui dominent la CPI, envisageaient l’Afrique, leur cible première, avant même que cette juridiction ne devienne opérationnelle. Rozenberg observe également qu’Ocampo « possède un anglais très limité et… ne parle pas français », alors qu’il est tenu de pratiquer couramment l’une de ces deux langues. Les Britanniques Alex de Waal (chercheur spécialisé dans les questions liées à l’Afrique) et Julie Flint, (journaliste) constatent, en effet, qu’Ocampo s’est attelé à la création d’une « cour de justice sexy » qui, pour bon nombre de ses détracteurs, privilégie davantage l’opinion publique que le principe de justice pour les victimes ». Sans aucun doute ce dernier a su endosser son statut de célébrité, cherchant à attirer la publicité et l’attention au détriment de ses responsabilités professionnelles et de la justice à laquelle prétendent les prisonniers de la CPI. En janvier 2009, par exemple, le jour de l’ouverture de la première affaire portée devant la CPI (qui a généré un coût d’un demi-milliard d’euros), ce dernier a prononcé son discours d’ouverture et s’en est allé précipitamment, sans même écouter le discours d’ouverture de la défense, afin de se rendre au forum économique mondial de Davos, en Suisse, dans le but de se frotter aux célébrités de ce monde : Bill Clinton, Angelina Jolie, Michael Douglas, Bono et Sir Richard Branson, pour ne citer qu’eux. Il se serait même accordé un moment pour s’adonner aux plaisirs du ski. Rien d’étonnant à ce que son investissement professionnel ait été remis en question. D’autant plus que les observateurs présents à la cour lors du jour de l’ouverture ont constaté son manque d’intérêt pour l’affaire, ce dernier passant son temps à textoter au moment où Lubanga a plaidé non coupable.
“WHITE MAN’S MAGIC” Luis Moreno Ocampo was elected as the first chief prosecutor of the ICC on 21 April 2003. He was sworn in for a nine-year term on 16 June 2003. For all the claims made about the ICC’s independence from political considerations, Ocampo’s appointment was itself intensely political. Joshua Rozenberg states, for example, that Ocampo was appointed ICC Prosecutor because the EU-funded ICC did not want Africans to be prosecuted by a Western European. This is an interesting insight into the way in which the European states that dominate the ICC were thinking about their primary focus, Africa, even before the court was operational. Rozenberg also noted that Ocampo “has limited English and…no French” despite fluency in one of those two languages being mandatory. Alex de Waal and British journalist Julie Flint have noted that Ocampo has indeed “focused on creating a ‘sexy court’ that for many critics is based on public opinion rather than justice for victims”. There is little doubt that Ocampo has embraced his celebrity status. He has sought publicity and attention at the expense of his legal responsibilities and justice for ICC prisoners. In January 2009, for example, on the very opening day of the first case the ICC had brought (at the expense of half a billion euros), he made his opening speech and then left the courtroom immediately without listening to the opening speech of the defence. He did so in order to travel to the Davos World Economic Forum in Switzerland to rub shoulders with the world’s glitterati, including Bill Clinton, Angelina Jolie, Michael Douglas, Bono and Sir Richard Branson. He may also have found time to fit in some skiing. His commitment to his day job has been questioned. Even while Ocampo was in court on the opening day observers said the prosecutor appeared uninterested in his case, apparently texting on his mobile while Lubanga’s “not guilty” plea was made.
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En 2008, Inner City Press souligne qu’ « Ocampo… se pare de sa cape d’ultime justicier, d’homme objectif et de serviteur de la justice ». Or, Ocampo n’a été qu’un désastre, un désastre pour le droit international, un désastre pour les Européens qui ont investi énormément de temps et d’argent dans cette cour et, pathétiquement, un désastre pour l’Afrique. Même Human Rights Watch admet que l’approche du procureur a eu des implications négatives importantes. Laissant libre cours à ses travers légaux, éthiques ou moraux, Ocampo a déclenché un flot de critiques, justifiées et détaillées. Il fallait s’y attendre ! Le statut de Rome insiste très clairement sur l’intégrité et la compétence du procureur de la CPI. L’Article 42.3 énonce, par exemple : « Le Procureur et les procureurs adjoints doivent jouir d'une haute considération morale et avoir de solides compétences et une grande expérience pratique en matière de poursuites ou de procès dans des affaires pénales ». Les observateurs spécialisés dans les questions juridiques relèvent également que les qualités personnelles du procureur et des procureurs adjoints ne doivent pas jeter le doute sur leur aptitude professionnelle, leur intégrité et leur indépendance. La fiabilité du principe d’indépendance du procureur de la CPI reste intrinsèquement liée à ses qualités personnelles.
In 2008 Inner City Press noted that “Ocampo…drapes himself in the role of the last of the just, an objective man, a slave to justice.” Ocampo, however, has quite simply been a disaster in office, a disaster for international law, a disaster for the Europeans who have invested so much time and capital in the court, and, more poignantly, a disaster for Africa. Even Human Rights Watch has had to admit that the prosecutor’s approach has had significant negative implications. His legal, ethical and moral shortcomings have manifested themselves. He has come in for considerable, sustained and detailed criticism. The focus on Ocampo should not have been unexpected. The integrity and competence of the ICC prosecutor is clearly outlined in the Rome Statute for the ICC. Article 42.3 states, for example: “The Prosecutor and the Deputy Prosecutors shall be persons of high moral character, be highly competent in and have extensive practical experience in the prosecution or trial of criminal cases.” Legal commentators have also made the point that: The personal qualifications of the Prosecutor and the Deputy Prosecutors must not allow doubts as to their professional competence, integrity and independence. The credibility of the very idea of an independent ICC Prosecutor depends on the personal qualifications and qualities of the prosecutor.
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OCAMPO, HOWEVER, HAS QUITE SIMPLY BEEN A DISASTER IN OFFICE…
DÉNI DE JUSTICE
JUSTICE DENIED
Luis Moreno Ocampo s’est avéré être un individu arrogant, une brute incompétente en matière juridique, manquant d’intégrité et désirant satisfaire les Européens et Nord-Américains au détriment de ceux qu’il percevait comme faibles, les Africains.
Luis Moreno Ocampo proved himself to be an arrogant, legally incompetent bully, lacking in integrity and eager to please both Europeans and North Americans at the expense of those he saw as being weak, Africans.
Cette arrogance et les préjudices qui en découlent sont apparus dès le départ. Le Wall Street Journal rapporte en 2005 qu’Ocampo avait déclaré que la CPI entendait juger une affaire différente chaque année et proposer au monde entier sa diffusion télévisée depuis la salle d’audience high-tech de la CPI, « afin que la justice devienne compréhensible pour les populations victimes souvent non éduquées ». Oubliant apparemment que les « populations victimes » visées ne jouissaient pas d’un accès à CNN, les célébrités occidentales et la nomenklatura juridique ont en réalité constitué le cœur de sa cible. Le jour de la diffusion par la CPI du premier jour du procès de Lubanga, seules les déclarations préliminaires du procureur ont été portées à l’écran, celles de la défense ayant été passées à la trappe. La terminologie employée par Ocampo révèle un état d’esprit soucieux de présenter une « justice de blanc » projetée par « la magie d’un homme blanc » à un monde non exploité, sous-développé et supposé éprouver de la reconnaissance. Le contrôle exercé par le procureur sur la réalité a également montré des limites. En janvier 2005, il affirmait pouvoir traduire en justice le chef de l’Armée de résistance du seigneur dans un délai de six mois et pouvoir lancer des procédures contre la RDC peu après. L’armée de résistance du seigneur a fui en Ouganda et dans la région, et son tout premier procès, celui d’un chef supposé d’une milice congolaise, n’a finalement débuté qu’en 2009.
The arrogance and prejudice of the Prosecutor The chief prosecutor’s arrogance was apparent from the start. The Wall Street Journal reported that in 2005 Ocampo stated that the ICC aimed to bring a different case each year, and to televise them across the globe from the ICC’s high-tech courtroom: “The goal: swift justice that is comprehensible to often-uneducated victim populations.” He was seemingly oblivious to the fact that the “victim populations” of which he talked do not have access to CNN: his real target audience was the Western glitterati and legal nomenklatura. And when the ICC did broadcast the first day of the Lubanga trial it only screened the prosecution’s opening statement and did not carry that of the defence. Even Ocampo’s terminology points to a mindset of wishing to present “white man’s justice” projected by “white man’s magic” to an undeveloped and underdeveloped world that should be grateful. The prosecutor’s grip on reality has also been shown as weak by his statement in January 2005 that he would have the LRA leadership in court within six months, and that he would start a trial in the DRC shortly afterwards. The LRA leadership remained at large in Uganda and in the region, and his first ever trial, of an alleged Congolese militia commander, eventually began in 2009.
OCAMPO S’EST ATTELÉ À LA CRÉATION D’UNE « COUR DE JUSTICE SEXY »
Louis Moreno Ocampo, ancien procureur de la CPI © DR
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Le premier procureur serait connu pour faire des déclarations inexactes ou inappropriées sur des situations politiques et juridiques à l’égard desquelles la Cour est impliquée, tendance apparue très tôt. Dès 2003, les membres officiels du gouvernement américain ont fait état d’une discussion avec Bruno Cathala, greffier de la CPI : « Cathala a confié à un juriste de l’ambassade avoir vivement conseillé à Ocampo de s’exprimer précautionneusement en public et de porter la plus grande attention à la façon dont les déclarations mêmes les plus exactes pouvaient être perçues. Face aux médias « qui en veulent toujours plus » et sous les yeux vigilants des gouvernements, « la moindre inexactitude » peut aisément se traduire par un désastre pour la Cour » . Il semblerait qu’Ocampo ait fait fi de ce conseil et soit resté égal à lui-même. *Ceci est un article d’opinion. Il est publié dans notre rubrique intitulée « Tribune Libre », ouverte au public et auteurs non membres de la rédaction du magazine 54 ÉTATS.
The chief prosecutor would come to be notorious for making inaccurate or inappropriate claims about the political and legal situations within which the Court became involved. There was an early indication that Ocampo had a tendency for less than accurate assertions. As early as 2003, US government officials reported a discussion with ICC Registrar Bruno Cathala: “Cathala told an embassy legal officer that he has strongly advised Ocampo to speak very carefully in public and to be extraordinarily sensitive to the way even strictly accurate statements may be perceived. In the face of the media ‘pushing and pushing’ and under the watchful eyes of governments, the ‘first wrong word,’ Cathala said, could easily spell disaster for the Court.” Ocampo clearly ignored this advice. Until now, it seems that the former prosecutor of the ICC is still equal to himself. *This is an opinion article. It is published in our entitled column « free stand » which is open to authors who are not members of the editorial staff of the magazine 54 ÉTATS.
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par Priscilla WOLMER
FATOU BENSOUDA, QUI A ÉTÉ PROCUREURE ADJOINTE DE LUIS MORENO OCAMPO, NE CESSE DE RÉPÉTER À LA PRESSE: « AVEC TOUT LE RESPECT VOULU, CE QUI M’OFFENSE LE PLUS LORSQUE J’ENTENDS LES CRITIQUES AU SUJET DU PRÉTENDU PARTI PRIS AFRICAIN EST LA RAPIDITÉ AVEC LAQUELLE NOUS NOUS FOCALISONS SUR LES MOTS ET LA PROPAGANDE D’UNE POIGNÉE D’INDIVIDUS INFLUENTS, PUISSANTS ET LA FAÇON DONT NOUS OUBLIONS LES MILLIONS D’ANONYMES QUI PÂTISSENT DE CES CRIMES. CAR TOUTES LES VICTIMES SONT DES VICTIMES AFRICAINES. »
FATOU BENSOUDA, WHO HAS SERVED AS LUIS MORENO OCAMPO’S DEPUTY, EMPHASIZES AGAIN AND AGAIN TO THE PRESS: “WITH DUE RESPECT, WHAT OFFENDS ME MOST WHEN I HEAR CRITICISMS ABOUT THE SO-CALLED AFRICAN BIAS IS HOW QUICK WE ARE FOCUSED ON THE WORDS AND PROPAGANDA OF A FEW POWERFUL, INFLUENTIAL INDIVIDUALS AND HOW WE FORGET ABOUT THE MILLIONS OF ANONYMOUS PEOPLE THAT SUFFER FROM THESE CRIMES…BECAUSE ALL THE VICTIMS ARE AFRICAN VICTIMS”.
INFO+ 54 ÉTATS was in New-York during the 13th ASP and made the interview of Sidiki Kaba. Furthermore, 54 ÉTATS travelled to Sudan and obtained the interview of several members of government, NGOs, civil society and of the controversial president Omar el-Béchir. Then, to balance the information, 54 ÉTATS was expecting, until the last minute before printing, an interview with Fatou Bensouda. It was crucial to give Fatou Bensouda a chance to explain those perceptions condemning the ICC; to give her an opportunity to comment on why the powerful western states guilty of international crime are routinely given the blind eye, to analyse the consequence of Palestine joining the ICC. Unfortunately, the prosecutor did not consider our offer and refused to receive us. She promised through her assistant to give us for the next issue, 1 hour of her precious time. Maybe Sudan is really not any more important for her…or is an embarrassing situation…Will see if Fatou Bensouda is a lady of her word!
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« En effet, le plus grand affront aux victimes de ces crimes brutaux, inimaginables — les femmes et les jeunes filles violées, les familles brutalisées, dépouillées de tout, des communautés entières terrorisées et brisées —, c'est de voir ces individus puissants responsables de leurs souffrances essayer de se présenter comme des victimes d'une Cour « pro-occidentale », « anti-africaine ». C’est une évidence pour tout le monde, le concept de « justice pour les victimes » en tant que raisonnement sous-tendant l’existence de cette institution. Mais, qui peut nier que tous les cas conduits par l’ancien procureur, Luis Moreno Ocampo, et dont a hérité Fatou Bensouda, la nouvelle première procureure, sont par nature controversés et hautement politisés ? L’ancien président de l’Union africaine Jean Ping, affirmait en 2011 : « Pour parler franchement, nous ne sommes pas contre la CPI. Nous sommes contre la justice d’ Ocampo. » Succéder à Ocampo n’est vraiment pas un cadeau. Celui-ci a été critiqué pour l’opacité dont il a fait preuve dans la gestion des affaires et du personnel de la Cour. Les attentes qu’elle a suscitées ont été grandes. Simplement parce qu’elle incarnait toutes les personnes détestant Ocampo, simplement parce qu’elle est la première femme africaine à occuper ce poste à la Cour mais Fatou Bensouda, avant d’être procureure, est une Africaine, originaire de Gambie.
“Indeed, the greatest insult and outrage to victims of these brutal unimaginable crimes…women, and young girls raped, families brutalised, robbed of everything, entire communities terrorised and shattered…is to see those powerful individuals responsible for their sufferings trying to portray themselves as the victims of a pro-western, anti-African court”. This is obvious for everyone, the concept of “justice to victims” as a rationale for its existence. But, who can deny that all the cases led by the former prosecutor, Luis Moreno Ocampo, and inherited by new chief prosecutor, Fatou Bensouda, are by nature controversial and highly politicised? The former African Union chairman, Jean Ping, said in 2011: “frankly speaking, we are not against the ICC. What we are against Ocampo’s justice.” It’s not a gift to be a prosecutor after Ocampo, criticized for his opacity in the way of managing cases and staff at the court. Expectations were high for her. Simply because she was personifying all people hating Ocampo, simply due to the fact that she is the first African women to lead the court but Fatou Bensouda, before being an officer of the court, is African, from Gambia. 9 years of mandate could destroy her reputation on the continent. Her challenges are, at least, to rebuild relations with Africa, prosecute cases in other regions, restore transparency to the internal and external practices of ICC by creating clear and public processes for launching investigations and issuing arrest warrants, particularly in cases where she acts proprio motu, improve witness protection and investigatory techniques. Besides, which answer might be given to this recent sad news: a Kenyan businessman, a key defense witness in the trial at the International Criminal Court (ICC) of the Vice President William Ruto, was found dead on Sunday, January 4th. Meshack Yebei had disappeared since the end of December; his body was found, the skull crushed and the teeth broken, in a river 300 kilometers west of Nairobi. When there is intimidation or pressure on victims, is it not a clear signal of the necessity to further examine the case?
Neuf ans de mandat pourraient détruire sa réputation sur le continent. Ses défis consistent, tout du moins, à retisser des relations avec l’Afrique, poursuivre des affaires dans d’autres régions, à restaurer la transparence dans les pratiques internes et externes de la CPI en élaborant des procédures publiques claires en vue de lancer des investigations et d’émettre des mandats d’arrêt, particulièrement pour les cas où celle-ci agit proprio motu, mais aussi à améliorer la protection des témoins et les techniques d’enquête. D’ailleurs, quelle réponse pourrait être apportée à cette récente nouvelle, pour le moins triste : un homme d’affaires kényan, un témoin clé de la défense dans le procès intenté au vice-président William Ruto par la Cour pénale internationale (CPI), a été retrouvé mort le dimanche 4 janvier. Meshack Yebei avait disparu dans les derniers jours de décembre. Son corps a été retrouvé dans un fleuve, le crâne écrasé, les dents brisées, à 300 kilomètres à l’ouest de Nairobi. Lorsqu’il y a intimidation et pression sur les victimes, ne devrait-on pas justement creuser l’affaire ?
Unfortunately, many political African leaders pretend that she has completely failed by pursuing Ocampo’s cases which are only cases with political instrumentalisation, like in Cote d’Ivoire with Laurent Gbagbo, or Uhuru Kenyatta, in Kenya…African leaders pretend that she is blocking the peace and democratic process. Lot of leaders of State Member, who have ratified and signed the Rome Statute are scared to leave their power and give up their mandate, whereas their length in office are abusive. They fear to be pursued and prosecuted by the ICC through their political opponents.
Malheureusement, de nombreux responsables africains affirment déjà que Fatou Bensouda a complètement failli en poursuivant les affaires initiées par Ocampo, qui sont à chaque fois des cas politiquement instrumentalisés, comme en Côte d’Ivoire avec Laurent Gbagbo ou Uhuru Kenyatta au Kenya… Ces responsables africains avancent que son action freine non seulement le processus démocratique mais aussi la paix. Ils sont ainsi nombreux à avoir signé puis ratifié le statut de Rome, à craindre désormais de devoir quitter le pouvoir et renoncer à leur mandat, la durée de leur fonction étant abusive. Ceux-ci ont peur d’être poursuivis et inculpés devant la CPI par leurs adversaires politiques.
Considering all these elements, at the end of her mandate, what destiny is offered to her in the African continent? Some leaders wonder and are persuaded that she is led by “pressure” for persisting in this way against her African brothers. She affirms that “all the non-sense accusations are abject” and she adds that the only important issue is justice. Others wonder if the accession of Palestine to the ICC is not a way to declare the end of the ICC? To be continued…
Au regard de ces éléments, à l’issue de son mandat, quel futur s’offre à Fatou Bensouda sur le continent africain ? Certains responsables réclament et sont persuadés que cette persistance à s’acharner sur ses frères africains n’est que le résultat de pressions à son encontre. Elle, de son côté, affirme que « toutes ces accusations absurdes sont abjectes » tout en ajoutant que seule compte la Justice. D’autres se demandent même si l’adhésion de la Palestine au sein de la CPI ne serait pas une manière de signifier… la fin de la CPI elle-même ? À suivre…
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© ICC?
INFO+ 54 ÉTATS s’est rendu à New York au cours de la 13e AEP et a interviewé Sidiki Kaba. En outre, 54 ÉTATS s’est déplacé au Soudan et a obtenu l’interview de divers membres du gouvernement, d’ONG, de la société civile et du controversé président de la République, M. Omar el-Béchir. Puis, afin d’équilibrer l’information, 54 ÉTATS a attendu jusqu’à la dernière minute pouvoir décrocher un interview de Fatou Bensouda. Il s’est avéré essentiel de donner à Fatou Bensouda une chance de s’expliquer quant à ces points de vue qui condamnent la CPI ; de lui offrir l’opportunité de commenter les raisons pour lesquelles les yeux restent fermés lorsqu’il s’agit de s’intéresser aux puissants États occidentaux coupables de crimes internationaux, l’opportunité d’analyser les conséquences de l’adhésion de la Palestine à la CPI. Malheureusement, la procureure n’a pas souhaité nous recevoir. Elle a néanmoins promis par l’intermédiaire de son assistant de nous accorder un entretien pour le prochain numéro, soit une heure de son précieux temps. Peut-être que le Soudan ne revêt plus d’importance à ses yeux… ou constitue-t-il une situation embarrassante.
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L’avenir nous dira si Fatou Bensouda est une femme de parole.
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LA DÉFENSE AU SEIN DE LA CPI L
e Bureau du Conseil public pour la Défense, (connu sous son acronyme anglais OPCD), est dirigé par Maître Xavier-Jean KEÏTA, Avocat et Conseil Principal ; l’OPCD a été créé en 2006 pour promouvoir, représenter et protéger les droits de la défense et des personnes ayant droit à se faire assister d’un défenseur, et faire mieux connaître les questions relatives à la défense. Constitué en application de la norme 77 du règlement de la Cour, il exerce ses fonctions, sur le fond, en toute indépendance, et relève du greffe uniquement sur le plan administratif. Perspectives. Comme l’ont résumé les auteurs d’un rapport de l’International Bar Association, «[Le Bureau du Conseil public pour la Défense] a été créé pour remédier à un déséquilibre entre accusation et défense, conformément au principe de l’égalité des armes, en faisant en sorte que les équipes de défense bénéficient d’une assistance et d’un soutien juridiques lors des procès. Il est également considéré comme le porteparole institutionnel de la défense. » Ces dernières années ont démontré que l’existence de l’OPCD dont la fonction première est de promouvoir les droits de la défense d’une manière indépendante est indispensable pour l’équité des procédures. Si sa création a marqué un progrès important pour l’égalité des armes, la défense ne dispose toujours pas des mêmes pouvoirs structurels que l’accusation : la défense ne peut conclure des accords avec des États et des organisations dans le domaine de la coopération, elle ne peut formuler ses besoins budgétaires ni faire pression auprès des États parties pour obtenir des ressources financières et n’a pas d’accès direct aux comités qui décident des orientations juridiques et administratives de la Cour. C’est pourquoi il n’y aura de véritable égalité des armes que lorsque la défense sera reconnue en principe et en pratique comme un pilier indépendant au sein de la CPI. Une restructuration du greffe a été amorcée par le nouveau greffier, et il faut espérer qu’au terme de la large concertation qui s’ouvre, les juges de la Cour feront de la défense un modèle de structure à hauteur des ambitions de la CPI comme modèle de justice pénale internationale.
THE DEFENCE WITHIN THE ICC T
he Office of Public Counsel for the Defence (known as OPCD) is directed by Mr Xavier-Jean KEÏTA, qualified Lawyer and Principal Counsel; OPCD was established in 2006 to promote, represent and protect the rights of the defence and persons entitled to legal assistance, raising the profile of defence issues. Established pursuant to Regulation 77 of the Regulations of the Court, the Office is independent in terms of its substantive functions, but falls within the remit of the Registry solely for administrative purposes. Perspectives. As summarised by one IBA Report, “[The OPCD] was established to remedy an imbalance between the prosecution and defence consistent with the principle of equality of arms by ensuring that defence teams were provided with legal assistance and support during trials. The office is also seen as the institutional voice of the defence.” The last years have demonstrated that the existence of a defence office, which is dedicated to promoting the rights of the defence in an independent manner, is indispensable to the fairness of the proceedings. Whilst the creation of the OPCD has been an important progression, the defence still do not have the same structural powers as the Prosecution: the defence cannot enter into agreements with States and organizations for cooperation, they cannot formulate their budget needs or lobby the State parties for their own budget requirements, and they have no direct representation in committees which decide upon the legal and administrative policies of the court. True equality of arms will thus only be achieved when the defence are recognized in principle and in practice as a pillar of the ICC. The new Registrar has started a Revision process for the Registry, we do hope that by the end of the upcoming open debate, the Judges of the Court will equip the ICC with the necessary Defence structure it deserves, as a model of international criminal justice.
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FOURNIR ASSISTANCE AUX ÉQUIPES DE DÉFENSE L’OPCD s’efforce de constituer une mémoire collective de la défense et de centraliser la documentation sur le sujet, pour tirer les enseignements de l’expérience acquise par les différentes équipes de défense et fournir tous les documents, études et avis juridiques que peuvent lui demander les conseils exerçant devant la Cour. Il s’agit, par ce travail, de faire en sorte que les équipes de défense exercent au mieux leurs fonctions devant la Cour. L’OPCD, profondément attaché au libre choix du conseil sacralisé par le statut de Rome, ne cherche pas à supplanter tel conseil ou tel barreau mais à les assister dans l’accomplissement de leurs mandats. Il peut en outre, sur instruction ou avec l’autorisation de la Chambre, fournir des avis ou une assistance concernant les aspects factuels détaillés de l’affaire.
L’OPCD assiste de manière complète les équipes de défense : recherches ou avis juridiques sur mesure, assistance lors des audiences, réception des pièces communiquées, versement des pièces à communiquer, dépôt d’écritures, formation.
REPRÉSENTER ET PROTÉGER LES DROITS DE LA DÉFENSE, DONT IL EST DE FACTO LE PORTE-PAROLE L’OPCD s’applique à faire mieux connaître le rôle de la défense et l’importance de l’égalité des armes dans le cadre de la justice internationale. Pour ce faire, il promeut les droits structurels de la défense tant au sein de la Cour qu’à l’extérieur par des liens de coopération avec les États parties et les parties intéressées, et constitue un fonds de documents publics concernant le contenu et l’importance de ces droits, y compris l’évolution de la jurisprudence en la matière. Ainsi, sur demande ou en cas de besoin, il exprime le point de vue de la défense sur des questions de droit, sur la base de propositions des conseils et équipes de défense.
SERVIR D’ÉQUIPE DE DÉFENSE D’APPOINT, PRÊTE À S’ACQUITTER DE CERTAINES TÂCHES DEVANT LA COUR Pour s’assurer que les activités judiciaires de la Cour ne portent pas préjudice à de futurs accusés au stade de la situation, l’OPCD représente et protège les droits de la défense au stade initial de l’enquête. Il peut aussi lui être demandé de comparaître devant une Chambre au sujet de points de droit spécifiques. Il se tient par ailleurs à la disposition de la Cour pour assurer la représentation d’un suspect ou accusé non représenté dans le cadre d’une procédure ou pour servir de médiateur en cas de litige entre une personne ayant droit à une assistance en justice et son conseil. 44
Vue sur La Haye.
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TO PROVIDE ASSISTANCE TO DEFENCE TEAMS The OPCD seeks to create a collective defence memory and resource centre — to learn from the experiences of the individual Defence teams and provide whatever legal resources, research and advice is requested by the Defence practitioners before the Court. This work promotes the goal of ensuring that Defence teams achieve their full potential before the Court. The Office is strongly committed to the free choice of Counsel stated in the Rome Statute, and does not seek to supplant the role of individual Defence Counsel or a Defence bar, but rather to supplement them. In addition, where the Chamber instructs or gives leave to do so, advice and assistance with the detailed factual circumstances of the case can be provided by the OPCD.
The OPCD, with regard to the mandate of “providing general support and assistance to defence Counsel”, the OPCD assists Defence Teams in the following ways: delivering Pre-Prepared Legal Research, providing Bespoke Legal Research/Advice, trial assistance, receiving disclosure, uploading disclosure, filings, training...
TO REPRESENT AND PROTECT THE RIGHTS OF THE DEFENCE AND ACT AS A DE FACTO DEFENCE VOICE The OPCD endeavours to promote awareness of the role of Defence and the importance of equality of arms to the notion of international justice. To this end, the Office promotes the structural rights of Defence both inside the Court, and externally in terms of co-operation with Member States and involved entities, as well as developing publicly available materials in relation to the scope and importance of these rights, including any jurisprudential developments. Thus, when requested or appropriate, the OPCD provides a Defence point of view on legal issues based on input of the Defence Counsel and teams.
TO SERVE AS A "STANDBY" DEFENCE TEAM READY TO TAKE SPECIFIC COURT ASSIGNMENTS In order to ensure that the judicial activities of the Court do not prejudice future defendants at the situation phase, the Office represents and protects the rights of the Defence during the initial stages of the investigation. The OPCD may also be requested to appear before a Chamber on specific questions of law. Further, the OPCD remains available to be called upon by the Court to represent an unrepresented defendant in proceedings or act as a mediator in the event of a dispute between a person entitled to legal assistance and his or her Counsel. 45
Me Xavier-Jean Keïta exerce depuis plus de huit ans à la CPI.
© Frédéric Di Meo
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par Priscilla WOLMER
54 ÉTATS a croisé la route de Maître Xavier-Jean KEÏTA, à Dakar, fin octobre 2014, lors du premier séminaire régional des Conseils auprès de la CPI. Impossible d’obtenir une interview de ce brillant avocat, qui a toujours quelque chose sur le feu, mais qui semble par moments avoir des dons d’ubiquité, tant il est actif. Nous nous en sommes remis à nos sources, parmi ses amis, collaborateurs et confrères, de Dakar et de Paris où il a jadis exercé son art. Depuis 8 ans, Me Keïta, Sénégalo-Malien originaire de l’Ile de Gorée et Prince du Mandé (Empire mandingue de Soundjata), dirige avec brio le Bureau de la Défense de la CPI, il fait partie des grands manageurs de l’insttution, mais a beaucoup moins de visibilité que son homologue et contradicteur Fatou Bensouda, procureur. Il a pourtant assisté entre autres Jean-Pierre Bemba, Laurent Gbagbo, Charles Blé-Goudé lors de leurs premières comparutions devant la CPI, et il a été pendant 18 mois l’avocat conseil de Seïf al-Islam Kadhafi. Difficile de lui donner son âge, alors qu’il exerce depuis plus de 30 ans ; ce félin toujours élégant, sur la mise comme dans le verbe, prêt à bondir comme un jaguar, a dirigé en 1999/2000 le premier syndicat d’avocats de France (FNUJA) et a présidé la Commission Admission du Conseil national des Barreaux de France (CNB). Il a été co-fondateur du Centre international de formation des avocats en Afrique, (CIFAF), ayant siège au Bénin, où il a enseigné la déontologie, l’art oratoire et le droit pénal international. Membre actif des Barreaux francophones (CIB), et membre d’honneur de la Fédération africaine des Unions de jeunes avocats (FA-UJA), cet expert international est aussi médiateur ; il a été également juge de première instance pendant 5 ans à la Commission des recours de l’OIF ; à l’aise dans la langue de Descartes, de Shakespeare, comme de Cervantès, il s’exprime en wolof, en bambara comme en malinké ; passionné d’arts premiers africains, de djembé où il excelle, cet ancien champion du Sénégal de karaté, converti en golfeur passionné, semble désormais un homme posé, au sens pointu de l’humour, mais toujours déterminé, ne lâchant rien quand il croit qu’une cause est juste. Profondément attaché à l’Afrique et à son devenir, ce collectionneur d’hippopotames cultive une sorte de force tranquille proche de son animal favori ; on verra peut-être un jour cet obsédé d’indépendance se lancer en politique, mais où ? Mystère, mais certitude, comme sa devise : « le courage d’oser et la force d’accomplir ».
During the First Regional Seminar of Counsel practising before the ICC, held in Dakar, at the end of October 2014, 54 ÉTATS got the chance to meet with Mr Xavier-Jean KEÏTA. It is impossible to get an interview with this brilliant Counsel; always busy but who seems, sometimes, to have the gift of ubiquity for being so active. We therefore counted on our sources, among his friends, colleagues and fellow Counsels, from Dakar to Paris where he formerly practiced his art to learn more about him. Mr Keïta, Senegalo-Malian from the Goree Island, Prince of Mande (Mandinka Empire of Soundjata), has been successfully leading the Office of Public Counsel for the Defence for 8 years. He is one of the major heads at the ICC but does not enjoy the same visibility as his counterpart and contradictor, the Prosecutor, Fatou Bensouda. He, however, assisted among others Jean-Pierre Bemba, Laurent Gbagbo, and Charles Blé-Goudé during their first hearings before the ICC, and he was Saif Al Islam Khadafi’s Counsel for 18 months. It’s difficult to guess his age but he has been practising for 30 years. This feline, always elegant in his dress and in his speech, ready to leap like a jaguar, led in 19992000 the first Union of Counsel in France (FNUJA) and presided over the National Council of the French Bar’s Admission Commission (CNB). He was the co-founder of the International Traineeship Centre of Lawyers in Africa (CIFAF) seating in Benin, where he taught Professional Conduct and Ethics, Public Speaking Skills and International Criminal Law. An active member of the Francophone Bar (CIB), and an honorary member of the African Federation of Young Lawyers Unions (FA-UJA), this international expert is also a Mediator. Moreover, he has been a first instance Judge for 5 years at the International Organisation of La Francophonie Appeals Commission. He is fluent in French, English and Spanish and speaks Wolof, Bambara as well as Malinke. He has a passion for African tribal arts and excels in playing the djembe. Former Senegal Champion of karate converted to a passionate golfer, he now seems serene with a sharp sense of humour, but always determined when he believes that a cause is a just one. Deeply tied to Africa and its future, this hippopotamus collector shares the same quiet strength as his favourite animal. Maybe the day will come when this independence-obsessed Counsel will start a political career, but where? It is a mystery, but certainty, like his motto: "the courage to dare, the strength to accomplish".
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SON BERCEAU DEVAIT ÊTRE ADOSSÉ AU CODE PÉNAL. SIDIKI KABA S’EST PROJETÉ, 34 ANS DURANT, VERS CETTE VIE OÙ L’ODIEUX CÔTOIE L’IGNOBLE, OÙ L’ABJECT S’ALLIE À L’INFECT ET OÙ LA JUSTICE VIENT SANCTIONNER UNE MULTITUDE D’ACTIONS HUMAINES EN VERTU DU DROIT ; UN CHOIX. SON GRAIN DE VOIX LAISSE S’ENVOLER DES NOTES GRAVES ET VOLUPTUEUSES. SES LUNETTES DE VUE MODERNES ET CARRÉES LAISSENT TRANSPARAÎTRE UN REGARD AMICAL, FRANC, SINCÈRE, DÉPOURVU DE TOUTE HYPOCRISIE ; UN STYLE. Premier africain élu en 2001 comme président de la Fédération internationale de la Ligue des droits de l’Homme (FIDH), l’homme défend la liberté de la presse, les droits des femmes, les droits politiques. Il s’illustre en luttant contre l’impunité et contre la peine de mort. Il apporte une assistance juridique et judiciaire aux journalistes, opposants, syndicalistes. Il assiste l’ancien Premier ministre ivoirien Alassane Ouattara et l’ancien Premier ministre sénégalais Idrissa Seck en 2005. À cette liste s’ajoutent les victimes de torture sous l’ancien président tchadien Hissène Habré, les défenseurs et opposants burkinabés dans l’affaire Norbert Zongo, journaliste burkinabé assassiné en 1998, etc. Enfin, il devient garde des Sceaux et ministre de la Justice du Sénégal dans le gouvernement d’Aminata Touré. Sans surprises, il reçoit plusieurs distinctions honorifiques : Chevalier de l’Ordre national du lion (Sénégal) en 2001, Officier de la Légion d’honneur (France) en 2002, citoyen d’honneur de la ville de Quito (Equateur) en 2004 et, malgré tout, il poursuit humblement sa route d’homme intègre. À New York, lors de la 13e Assemblée des États parties de la CPI, Sidiki Kaba a pris ses fonctions de président de l’Assemblée générale des États parties de la Cour pénale internationale (CPI). C’est sans doute là le tournant de sa vie tant la CPI alimente la controverse.
À 64 ans, Sidiki Kaba ambitionne une justice universelle, sans géométrie variable ou instrumentalisation politique. L’homme de droit aspire à réconcilier l’Afrique et la CPI « en découplant la politique et la justice », affirme-t-il. Une tâche qui s’annonce ardue si le peuple considère que l’Afrique constitue le groupe régional le plus représentatif de la CPI. Sur 123 États membres, 34 ont ratifié le statut de Rome. Cette responsabilité prestigieuse risque de lui peser si la CPI ne se résout pas à ouvrir des enquêtes ne visant pas exclusivement l’Afrique, terre de ses frères, et ses chefs d’États (en exercice ou pas). “La CPI ne doit pas être considérée comme le lieu où est appliquée une justice de Blancs !” s’exclamait-il persuadé de disposer de toutes les cartes lui permettant d’appliquer une justice impartiale, digne d’être soutenue et reconnue. Le contraire demeurant inenvisageable et venant remettre en question toute la vie de celui qui a la justice dans le sang.
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HIS CRADLE MUST HAVE LEANED AGAINST THE PENAL CODE. FOR 34 YEARS, SIDIKI KABA, INVESTED HIMSELF TOWARDS A LIFE WHERE THE ODIOUS MEETS THE IGNOBLE, THE REPULSIVE ALLIES WITH THE VILE, JUSTICE HAVING ITS PLACE IN THE MIDDLE OF COLLECTIVE HUMAN ACTIONS SANCTIONED OR REWARDED ACCORDING TO THEIR WORTH IN THE EYES OF THE LAW. A CHOICE. THE SOUND OF HIS VOICE IS DEEP AND SENSUAL. BEHIND HIS MODERN, SQUARE GLASSES, IS A FRIENDLY, FRANK, AND SINCERE LOOK, DEVOID OF ANY HYPOCRISY. A STYLE.
BEYOND THE KNOWN The first African elected as president of the International Federation of Human Rights (FIDH), he defends the freedom of the press, women’s rights and political rights. He distinguishes himself in the fight against impunity and the death penalty. He provides legal and judicial support to journalists, opponents and unions. He assists former, Ivorian prime minister, Alassane Ouattara and former Senegalese prime minister, Idrissa Seck in 2005. Other people that could be added to the list include: torture victims from Chad, under the ruling of former president, Hissène Habré, the defenders and opponents of the journalist Norbert Zongo, who was assassinated in 1998 in Burkina Faso etc. At last he becomes Keeper of the Seal of Senegal and Senegal’s Minister of Justice in Aminata Touré’s government, unsurprisingly. He receives several honorary awards: Knight of the National Order of the Lion of Senegal in 2001, Officer of the Legion of Honor in 2002, Honorary citizen of Quito (Ecuador) in 2004, and despite all of these rewards, he humbly pursues the path of an honest man. In New York, during the ICC’s 13th session of the Assembly of States Parties (ASP), Sidiki Kaba was elected as President of the Assembly of States Parties. This event is without a doubt the turning point of his life as the ICC fuels controversy. At 64, Sidiki Kaba aspires for universal justice without deviation or political instrumentalism. The man of the law aspires to reconcile Africa and the ICC “by separating politics and justice,” he says. A difficult task if the people consider the fact that Africa is the most represented regional group of the ICC. Out of 123 member states, 34 have ratified the Rome Statute. This prestigious responsibility risks to gnaw at him like a regret if the ICC decides not to open investigations elsewhere than Africa, land of his brothers and acting African heads of state or not. “The ICC should not be considered as a place where only justice of white people is applied!” he exclaimed, persuaded that he disposes of all the cards to apply fair justice, justice dignified of being supported and recognized. The contrary being inconceivable as this would jeopardize his entire life – he who has justice in his blood.
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10 PERSONNES DÉTENUES 13 SUSPECTS EN FUITE 10 PEOPLE IN CUSTODY 13 SUSPECTS AT LARGE
21 AFFAIRES OUVERTES, DONT 6 AU STADE DU PROCÈS ET 2 EN APPEL. 21 CASES HAVE BEEN BROUGHT, 6 ARE CURRENTLY AT THE TRIAL AND 2 AT THE APPEALS.
27 MANDATS D’ARRÊT DÉLIVRÉS, 8 MIS EN ŒUVRE ET 2 RETIRÉS EN RAISON DU DÉCÈS DES INTÉRESSÉS. 27 ARREST WARRANTS DELIVERED, 8 HAVE BEEN IMPLEMENTED AND 2 WERE WITHDRAWN FOLLOWING THE DEATH OF THE SUSPECTS.
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LA CPI EN CHIFFRES
THE ICC: FIGURES
1 juillet 2002 par la signature du statut de Rome.
ESTABLISHED
SIÈGE
1 July 2002 by signing the Rome Statue
CRÉATION
er
La Haye (Pays-Bas)
HEADQUARTERS
*122 ÉTATS PARTIES SIGNATAIRES DU STATUT DE ROME
The Hague (Netherlands)
*123 États parties signataires du statut de Rome à partir du 1er avril 2015 avec l’adhésion de la Palestine 34 États d’Afrique 18 États d’Asie et du Pacifique 1 État du Moyen-Orient (à partir du 1er avril 2015) 27 États d’Amérique latine et des Caraïbes 43 États d’Europe et d’Amérique du Nord
*122 COUNTRIES ARE PARTIES TO THE ROME STATUTE *123 countries are parties to the Rome Statute 1st April 2015 with Palestine 34 countries from Africa 18 countries from the Asia-Pacific 1 country of Middle East ( 1st April 2015) 27 countries from Latin America and the Caribbean 43 countries from Western Europe and North America
800 MEMBRES DU PERSONNEL ORIGINAIRES DE PRÈS DE 100 PAYS
800 STAFF MEMBERS FROM APPROXIMATELY 100 STATES.
6 LANGUES OFFICIELLES
OFFICIAL LANGUAGES
anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe
English, Arabic, Chinese, Spanish, French and Russian
2 LANGUES DE TRAVAIL
WORKING LANGUAGES
anglais et français
English, French
6 BUREAUX EXTÉRIEURS
FIELD OFFICES :
Kinshasa & Bunia (RD Congo) Kampala (Ouganda) Bangui (Rép. centrafricaine) Nairobi (Kenya) Abidjan (Côte d’Ivoire)
Kinshasa & Bunia (DR Congo) Kampala (Uganda) Bangui (Central African Republic) Nairobi (Kenya) Abidjan (Côte d’ivoire)
BUDGET-PROGRAMME
PROGRAMME BUDGET
121 millions d’euros (pour 2014)
euro 121 million (for 2014)
JUDGE
JUDGE
JUDGE
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JUDGE
COMPOSITION DE LA CPI CPI COMPOSITION
PRÉSIDENT PRESIDENT Sang-Hyun Song
1reVICE-PRÉSIDENTE 1st VICE-PRESIDENTE Sanji Mmasenono Monageng
2e VICE-PRESIDENT 2nd VICE-PRESIDENT Cuno JakobTarfusser
PROCUREURE PROSECUTOR Fatou Bensouda
GREFFIER REGISTRAR Herman von Hebel
18 JUGES ÉLUS POUR UN MANDAT DE 9 ANS PAR L’ASSEMBLÉE DES ÉTATS PARTIES. 18 JUDGES ELECTED FOR A TERM OF 9 YEARS BY THE ASSEMBLY OF STATES PARTIES.
Sang-Hyun Song (Rép. De Corée) Sanji Mmasenono Monageng (Botswana) Cuno Jakob Tarfusser (Italie) Joyce Aluoch (Kenya) Olga Venecia del C. Herrera Carbuccia (Rép. Dominicaine) Chile Eboe-Osuji (Nigeria) Silvia Alejandra Fernandez de Gurmendi (Argentine) Robert Fremr (Rép. tchèque)
Geoffrey A. Henderson (Trinidad-et-Tobago) Erkki Kourula (Finlande) Akua Kuenyehia (Ghana) Howard Morrison (Royaume-Uni) Kuniko Ozaki (Japon) Sylvia Steiner (Brésil) Ekaterina Trendafilova (Bulgarie) Christine Baroness Van den Wingaert (Belgique) Anita Ušacka (Lettonie)
6 nouveaux juges Début du mandat : mars 2015 Chang-ho Chung (Corée du Sud), Piotr Hofmanski (Pologne), Antoine Kesia-Mbe Mindua (RD Congo), Péter Kovacs (Hongrie), Marc Pierre Perrin de Brichambaut (France), Bertram Schmitt (Allemagne). 51
par Jessica COHEN
FIN NOVEMBRE 2010, LES IVOIRIENS SE RENDENT AUX URNES POUR ÉLIRE LEUR CHEF D’ÉTAT. LE RÉSULTAT DU SECOND TOUR DÉBOUCHE, À LA SUITE DE FRAUDES PRÉSUMÉES, SUR UN DIFFÉREND ÉLECTORAL. LES DEUX CANDIDATS : ALASSANE OUATTARA, RECONNU PAR LA COMMISSION ÉLECTORALE INDÉPENDANTE ET LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ; ET LAURENT GBAGBO, PRÉSIDENT SORTANT, DÉCLARÉ VAINQUEUR PAR LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL IVOIRIEN. S’OUVRE ALORS LA CRISE IVOIRIENNE QUI ENGENDRERA LE DÉCÈS DE PLUS DE 3 248 PERSONNES. À LA SUITE DES INVESTIGATIONS MENÉES PAR LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE POUR DÉCOUVRIR QUI SE TERRE AUX RACINES DE CETTE RÉVOLTE, SEULS LAURENT GBAGBO ET CHARLES BLÉ GOUDÉ, LEADER DES JEUNES PATRIOTES, ONT ÉTÉ EMPRISONNÉS À LA CPI, ET DEMEURENT EN ATTENTE DE LEUR PROCÈS. POURQUOI LA CPI, DANS LE SOUCI D’UNE APPROCHE GLOBALE, D’UNE JUSTICE ÉQUITABLE ET D’UN COMBAT CONTRE L’IMPUNITÉ, N’ENQUÊTE-TELLE PAS SUR LE CAMP OUATTARA ? LA COUR SE LAISSERAIT-ELLE INSTRUMENTALISER PAR CERTAINS INTÉRÊTS ÉTATIQUES ? EXPERTISE.
© ICC
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AT THE END OF NOVEMBER 2010, THE IVORIANS GO TO THE POLLS TO ELECT THEIR PRESIDENT. THE RESULT OF THE SECOND ROUND OPENS WITH ALLEGED FRAUD OVER AN ELECTORAL DISAGREEMENT. THE TWO CANDIDATES: ALASSANE OUATTARA, RECOGNIZED BY THE INDEPENDENT ELECTORAL COMMISSION (IEC) AND THE INTERNATIONAL COMMUNITY; AND LAURENT GBAGBO, THE OUTGOING PRESIDENT, DECLARED THE WINNER BY THE IVORIAN CONSTITUTIONAL COUNCIL. THIS EVENT STARTS THE IVORIAN CRISIS WHICH WILL CAUSE THE DEATH OF OVER 3,248 PEOPLE. THIS FOLLOWS INVESTIGATIONS BY THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT (ICC) TO FIND OUT WHO IS BEHIND THE REVOLT. ONLY LAURENT GBAGBO AND CHARLES BLÉ GOUDÉ, LEADER OF THE YOUNG PATRIOTS, WERE IMPRISONED AT THE ICC, AND ARE AWAITING TRIAL. WHY DOESN’T THE ICC, WITH THEIR AIM OF A COMPREHENSIVE APPROACH, EQUITABLE JUSTICE AND THE FIGHT AGAINST IMPUNITY, INVESTIGATE THE OUATTARA CAMP? WOULD THE COURT LET ITSELF BE MANIPULATED BY CERTAIN GOVERNMENTAL INTERESTS? EXPERT EVALUATION.
Dans son rapport livré le 10 août 2012, la Commission d’enquête nationale, mise en place après l’investiture du président Ouattara, porte le nombre de morts à 3 248 et le nombre de viols sur des femmes à 150. Alors que 1 452 et 727 décès sont respectivement attribués aux camps Gbagbo et Ouattara, 1 069 morts ne peuvent être imputés, en raison de problèmes d’identification des victimes. Ces crimes répondent à des motifs politiques, ethniques et religieux. Le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo qui refuse, à tort ou à raison, de reconnaître sa défaite est chassé manu militari par l’armée française. « Faire bouger les choses, s’opposer au diktat, ce n’est pas facile, ce qui m’arrive en est l’illustration. Nous ne sommes libres qu’en apparence, à l’intérieur de la cage où l’on nous a mis, nos finances, et notre économie sous tutelle, sans poids réel au niveau international, menaces d’être mis à l’amende si nous n’obéissons pas (…). La Côte d’Ivoire avait les moyens de quitter cette dépendance. (…) Je m’apprêtais à le faire », confesse l’ancien président.
RETOUR SUR LES FAITS Le 23 novembre 2011, la Chambre préliminaire III composée des juges Silvia Fernandez de Gurmendi, Elizabeth Odio Benito et Adrian Fulford ont délivré un mandat d’arrêt sous scellés, sur requête de Luis Moreno-Ocampo, procureur de la CPI. La nuit du 29 au 30 novembre 2011, il est livré, comme un chien, sans la moindre idée de sa destination, dans un fourgon cellulaire, en chemisette ivoirienne à fleurs, et claquettes aux pieds, sous un froid glacial à la prison de La Haye, « (…) suite à une procédure tellement rapide, que ce transfert peut être décrit comme un enlèvement », déclare Jerry Rawlings, ancien président du Ghana. Une arrivée à La Haye qui tranche avec celle de Charles Blé Goudé qui lui annonce être « heureux d’être là (...) pour que la vérité soit sue et que cessent les rumeurs.» Concernant Gbagbo, l’accusation est grave mais les faits sont là : « Pourquoi le transfert à la CPI s’est déroulé quasi clandestinement dans un habillage juridique bricolé en toute hâte ? », exprime François Mattei dans son livre, Pour la vérité et la justice. Le journaliste y retranscrit tous ses entretiens avec Laurent Gbagbo. L’ancien chef d’État décrit son successeur comme un homme qui « a essuyé des échecs à répétition dans ses tentatives de prises du pouvoir pendant dix ans. Les Français ont finalement décidé de l’imposer.» D’après lui, « le coup a été monté à Paris le jeudi 24 novembre 2011. Alassane Ouattara s’y trouve, il vient tout exprès rencontrer Nicolas Sarkozy et Luis Moreno-Ocampo, alors procureur de la CPI, pour une réunion gardée secrète. Gbagbo est tombé, il s’agit de finir le travail. » Laurent Gbagbo est le premier président à être enfermé au centre de détention Scheveningen de la CPI à La Haye ; certainement le meilleur moyen de donner du crédit à cette jeune instance souvent décrite comme une coquille vide. Pour autant, apparaît-il légitime de définir Laurent Gbagbo comme l’unique responsable des exactions commises en Côte d’Ivoire entre 2010 et 2011 ? Pourquoi les trois juges de la chambre préliminaire I, chargés de l’enquête ivoirienne : Hans-Peter Kaul, Christine Van den Wyngaert et Silvia Fernández de Gurmendi, ne poursuivent-ils pas les forces qui ont combattu pour le président Alassane Ouattara ? Les conclusions de deux commissions d’enquête, l’une internationale et l’autre ivoirienne révèlent que les deux camps ont commis des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité. De même, les autorités ivoiriennes n’ont encore traduit en justice aucun des membres des Forces Républicaines du président Ouattara, impliqués dans des crimes liés à la crise. « L’action de la CPI contre le camp Ouattara est essentielle pour garantir aux victimes un accès indispensable à la justice », explique Param-Preet Singh, juriste senior au programme Justice internationale de Human Rights Watch.
In it’s report delivered August 10, 2012, the National Commission of Inquiry (NCI), implemented after the inauguration of President Ouattara, brings the death toll to 3,248 and the number of female rape cases to 150. 1,452 deaths are attributed to the Gbagbo camp, 727 to the Ouattara camp and 1,069 deaths cannot be attributed to either one of the camps due to the inability to identify the victims. These crimes were often committed according to political, ethnic, and religious criteria. April 11, 2011, Laurent Gbagbo, who refuses rightly or wrongly, to recognize defeat is driven out manu militari by the French army. “Make things happen, oppose the diktat, it’s not easy, what happens to me an illustration hereof. We are only free in appearance, inside the cage where we were put, our finances, and our economy under supervision, without international influence, threatened that we would be fined if we don’t obey. Ivory Coast had the means to leave this dependance.... I was on the verge of doing so,” confesses the former president.
BACK TO THE FACTS On November 23, 2011, the Pre-Trial Chamber III composed of the following judges: Silvia Fernandez de Gurmendi, Elizabeth Odio Benito and Adrian Fulford, have issued a sealed arrest warrant on request of Luis Moreno-Ocampo, ICC prosecutor. On the evening of 29 to 30 November 2011, he was turned in like a dog, without the slightest idea of his destination, in a prison van, in a short-sleeved, flower-printed shirt and flip-flops, in freezing cold at the prison in The Hague, “.... Following such a rapid procedure, this transfer can be described as a kidnapping” said Jerry Rawlings, former President of Ghana. An arrival to The Hague which contrasts with Charles Blé Goudé one who seems to be "happy to be there (...) so that truth may be known and rumors may end." Concerning Gbagbo the accusation is serious but the facts are there: “Why did the transfer to the ICC take place almost secretly, in a legal dressing hastily put together?” expresses François Mattei in his book, Pour la vérité et la justice (For truth and justice). The journalist transcribed all his interviews with Laurent Gbagbo in it. The former president describes his successor as a man who “has suffered repeated failures in his attempt to take power over the past 10 years. The French have finally decided to impose him.” According to him “the coup was organized in Paris, Thursday, November 24, 2011. Alassane Ouattara is there, he comes on purpose to meet Nicolas Sarkozy and Luis Moreno-Ocampo. Then an ICC prosecutor for a secret meeting. Gbagbo has fallen, now the job must be finished.” Laurent Gbagbo is the first president to be locked up in the detention center in Scheveningen ICC in The Hague. Definitely the best way to give credit to this young authority often described as an empty shell. However, is it legitimate to define Laurent Gbagbo as the only one responsible for the atrocities committed in Ivory Coast between 2010 and 2011? Why don’t the three judges of the Pre-Trial Chamber I, responsible for the Ivorian investigation, Hans-Peter Kaul, Christine Van den Wyngaert and Silvia Fernández de Gurmendi, pursue the forces that fought for president Alassane Ouattara? The conclusions of two commissions of inquiry, one international and the other one Ivorian, reveal that both sides committed war crimes and possible crimes against humanity. Similarly, the Ivorian authorities have not yet brought to justice any member of the Republican Forces of president Ouattara implicated in the crimes related to the crisis. “The ICC action against the Ouattara camp is essential to ensure that victims have indispensable access to justice.” explains Param-Preet Singh, senior jurist at Human Rights Watch’s International Justice Program.
CE TRANSFERT PEUT ÊTRE DÉCRIT COMME UN ENLÈVEMENT JERRY RAWLINGS, ANCIEN PRÉSIDENT DU GHANA © Laurent Gbagbo
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IMBROGLIO AUTOUR DU BIEN-FONDÉ DE LA CPI
IMBROGLIO SURROUNDING THE LEGITIMACY OF THE ICC
Si la Cour pénale internationale emploie le terme crimes contre l’humanité pour qualifier les 1 452 morts attribués au camp Gbagbo, il semble équitable de le réemployer pour les 727 victimes imputées au camp Ouattara. C’est là tout le sens de l’imbroglio autour de la CPI. Cette Cour mérite-t-elle de poursuivre son travail ? Depuis sa création, le 1er juillet 2002, en application du statut de Rome, « la CPI ne s’attaque qu’à des Africains vaincus mais se garde bien d’enquêter du côté des vainqueurs, soutenus par les grandes puissances. (…) Les preuves de forfaitures étant nombreuses et répétées, ne devient-il pas urgent de mettre un terme à cette parodie de justice internationale qui agit comme un instrument de domination supplémentaire au service des pouvoirs en place et finit par déshonorer les pays ayant ratifié le statut de Rome ? », s’interroge le journaliste Frédéric Taddeï.
If the International Criminal Court uses the term, crimes against humanity, to categorize 1,452 deaths attributed to the Gbagbo camp, it seems only fair that the same term be used for the 727 victims conceded to the Ouattara camp. That’s the whole point of the dispute surrounding the ICC. Does this court deserve to continue its work? Since its creation on July 1, 2002, under the Rome Statute, “the ICC has only attacked the defeated Africans but is careful to investigate the winning side, backed by the major powers. Evidence of abuse of authority being numerous and repeated. Does it not become urgent to put an end to this travesty of international justice which acts as an additional instrument of domination in the service of the powers in place and eventually dishonor countries that have ratified the Rome Statute?” asks an offended Frédéric Taddeï.
Des crimes ont bien été commis par des soldats américains en Irak ou en Afghanistan. Ces situations peuvent être renvoyées devant la Cour par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) ou par le Bureau du Procureur (BdP) qui peut également ouvrir une enquête de sa propre initiative, avec l’autorisation des juges de la CPI. Ici précisément, la CPI apparaît comme une justice fonctionnant à deux vitesses, manipulée par les vainqueurs de conflits qui y envoient leurs vaincus et font ainsi oublier au plan international leurs propres crimes.
L’ÉGALITÉ DES ARMES
THE EQUALITY OF ARMS
Nul ne peut avancer la théorie en vertu de laquelle le budget freinerait les investigations. En 2013, la CPI possédait une enveloppe de fonctionnement de 28 265 700 euros. En outre, des fonds additionnels d’un montant de 2,8 millions d’euros, spécialement débloqués pour l’affaire Gbagbo ont été mis à la disposition de la nouvelle procureure Fatou Bensouda. L’équipe de la défense de Laurent Gbagbo, supportée par Me Altit ne peut guère pavoiser autant, avec les maigres 76 000 euros alloués pour les frais d’enquête sur toute la durée de la procédure. Un procès qui débutera en juillet 2015 et qui risque de réserver des surprises.
No one can advance the theory that the budget could slow the wealth of investigations. In 2013, the ICC had an operating budget of 28,265,700 euros and a comfortable addition of 2.8 million at the disposal of the new prosecutor, Fatou Bensouda, specifically made available for the Gbagbo affair. Laurent Gbagbo’s defense team, supported by lawyer Altit, can hardly boast with the meager 76,000 euros at its disposal for investigation costs over the duration of the trial. A trial that will begin in July 2015 and which may have a few surprises in store.
EN AMONT DU PROCÈS…
AN UPHILL TRIAL
En 2012, la Chambre d’appel confirmait la compétence de la CPI pour juger les évènements violents survenus à la suite de l’élection contestée de 2010 et sur lesquels se fondent les charges retenues contre Laurent Gbagbo. L’ancien homme d’État avait déja remis en cause la compétence de la Cour en rejettant la validité d’une déclaration faite par la Côte d’Ivoire en 2003 et en soutenant que la CPI ne pouvait statuer que sur les violences survenues en 2002 et 2003 et non pas sur celles qu’il est soupçonné d’avoir commises en 2010 et 2011. Or, de manière astucieuse, les juges de la CPI ont étendu l’autorisation d’enquête en Côte d’Ivoire de façon à y inclure les crimes qui auraient été commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 novembre 2012, estimant que ceux-ci devaient être considérés comme constituant une seule et même situation.
In 2012, the Appeals Chamber (AC) confirmed the ICC’s ability to judge the violent events that occurred after the contested 2010 election, on which the charges against Laurent Gbagbo are based. The former president, had already challenged the competence of the court by rejecting the validity of a statement made by Ivory Coast in 2003 and by asserting that the court could only rule on crimes that occurred in 2002 and 2003 and not on those that he is suspected of having committed in 2010 and 2011.
D’après nos sources, Charles Blé Goudé (l’ancien chef des Jeunes Patriotes et l’aile de la jeunesse du mouvement politique de Laurent Gbagbo), aurait demandé, fin décembre 2014, à changer de Conseil. Jusqu’à la fin d’année dernière, son avocat était Nick Kaufman.
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Crimes have been committed by American soldiers in Iraq or Afghanistan. These situations can be referred to the court by the Security Council of the United Nations (UN) or the Office of the Prosecutor (OTP) which can also initiate an investigation on its own initiative, with the authorization of ICC judges. In such cases specifically, the ICC appears as a justice operating at two speeds, manipulated by conflict winners who send them their defeated and thus acquire internationally forgetfulness of their own crime.
Yet, in a shrewd manner, the ICC judges have extended authorization for the investigation in Ivory Coast to include crimes allegedly committed between September 19, 2002, and November 28, 2012, considering that the violent events in Ivory Coast during this period should be treated as one and the same situation. According to our sources, Charles Blé Goudé (the former head of the Young Patriots and the youth wing of the political movement of Laurent Gbagbo), would have asked , at the end of December 2014, to change his lawyer. Until the end of the last year, his lawyer was Nick Kaufman.
AFFAIRE SIMONE GBAGBO Le 22 novembre 2012, la Chambre préliminaire I a levé les scellés sur le mandat d’arrêt à l’encontre de Simone Gbagbo pour quatre chefs de crimes contre l’humanité (meurtre, viol et autres formes de violences sexuelles, autres actes inhumains et actes de persécution) qui auraient été commis en Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Elle est actuellement en détention en Côte d’Ivoire, où elle fait également l’objet de poursuites pénales domestiques, y compris pour des charges de génocide. La CPI a demandé son transfert immédiat. Le 30 septembre 2014, la Côte d’Ivoire a contesté la recevabilité de l’affaire de la CPI contre Simone Gbagbo au motif que le pays est désireux et capable de juger l’ancienne Première dame devant un tribunal national. L’État ivoirien a demandé que soit suspendu le mandat d’arrêt émis par la CPI ainsi que l’obligation de transférer Madame Gbagbo. Que faut-il comprendre ? La Côte d’Ivoire serait donc incompétente pour juger Laurent Gbagbo mais serait compétente pour juger Simone Gbabo. Qui se complaît autant à naviguer en eau trouble ?
Le 22 février 2012, les juges de la CPI ont étendu l’autorisation d’enquête en Côte d’Ivoire afin d’inclure des crimes qui auraient été commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 novembre 2012, considérant que les évènements violents en Côte d’Ivoire lors de cette période (dont les évènements suivant le 28 novembre 2010) doivent être traités comme une seule situation, au cours de laquelle une crise impliquant une querelle politique et une lutte de pouvoir a culminé lors des évènements pour lesquels la Chambre a précédemment autorisé une enquête.
THE SIMONE GBAGBO AFFAIR On November 22, 2012, the Pre-Trial Chamber I unsealed the arrest warrant against Simone Gbagbo for four counts of crimes against humanity (murder, rape and other forms of sexual violence, other inhumane acts and persecution) allegedly committed in Ivory Coast between 16 December 2010 and 12 April 2011. She is currently in custody in Ivory Coast where she also faces domestic criminal prosecution, including genocide charges. The ICC asked for her immediate transfer. On September 30, 2014, Ivory Coast challenged the admissibility of the ICC case against Simone Gbagbo on the grounds that the country is willing and able to judge the former first lady in a national court. The Ivorian government has called for the suspension of the arrest warrant issued by the ICC and the obligation to transfer Mrs. Gbagbo. How should this be understood? Ivory Coast would be incompetent to judge Laurent Gbagbo but would be competent to judge Simone Gbabo. Who indulges so much in navigating troubled waters?
February 22, 2012, the ICC judges have extended authorization to investigate in Ivory Coast in order to include crimes that had been committed between September 19, 2002, and November 28, 2012, considering the violent events in Ivory Coast during this period, (including the events that followed on November 28, 2010) have to be treated like an isolated incident during which a crisis involving a political quarrel and a power struggle culminated in the events for which the Chamber has previously authorized an investigation.
© ICC
Translated into English by Nadine Visagie
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par Sandra WOLMER
LE VENDREDI 5 DÉCEMBRE 2014, LE COUPERET EST FINALEMENT TOMBÉ ! NON, LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE (CPI) NE TRANCHERA PAS LE CAS DU PRÉSIDENT KÉNYAN, UHURU KENYATTA, SOUPÇONNÉ DE CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ POUR SON RÔLE PRÉSUMÉ DANS LES VIOLENCES POSTÉLECTORALES DE 2007-2008, LESQUELLES ONT COÛTÉ LA VIE À PLUS DE 1 200 PERSONNES ET ONT ENGENDRÉ LE DÉPLACEMENT DE 600 000 INDIVIDUS. LA PROCUREURE DE LA CPI, FATOU BENSOUDA, A DÉCLARÉ OFFICIELLEMENT NE PAS DÉTENIR SUFFISAMMENT D’ÉLÉMENTS LUI PERMETTANT D’ÉTABLIR « AU-DELÀ DE TOUT DOUTE RAISONNABLE, LA RESPONSABILITÉ CRIMINELLE PRÉSUMÉE DE M. KENYATTA ». SI CETTE DÉCISION RÉJOUIT LE DIRIGEANT KENYAN, ELLE RAVIVE NÉANMOINS LE DÉBAT SUR LE BIEN-FONDÉ DE CETTE JURIDICTION. POINTS SAILLANTS. ON FRIDAY, DECEMBER 5th, THE NEWS WAS ANNOUNCED. NO, THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT (ICC) WILL NOT DECIDE ON THE CASE OF THE KENYAN PRESIDENT UHURU KENYATTA, SUSPECTED OF CRIMES AGAINST HUMANITY AND FOR HIS ALLEGED ROLE IN PRE-ELECTION VIOLENCE BETWEEN 2007 AND 2008. AN OUTBREAK OF VIOLENCE WHICH CAUSED THE DEATHS OF OVER 1,200 PEOPLE AND WAS RESPONSIBLE FOR 600,000 PEOPLE FLEEING THE COUNTRY. THE ICC’S PROSECUTOR, FATOU BENSOUDA, OFFICIALLY DECLARED SHE DID NOT HAVE SUFFICIENT PROOF TO ALLOW HER TO ESTABLISH “MR. KENYATTA’S ALLEGED CRIMINAL RESPONSIBILITY BEYOND REASONABLE DOUBT”. THIS DECISION WHICH NO DOUBT HAS DELIGHTED THE KENYAN LEADER HAS REKINDLED THE DEBATE ON THE AUTHORITY AND RELEVANCE OF THIS JURISDICTION.
© Uhuru Kenyatta
HERE ARE THE HIGHLIGHTS.
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UN PRÉSIDENT EN EXERCICE DEVANT LA CPI Le 8 mars 2011, à la suite de l’ouverture d’une enquête « proprio motu » de la procureure de la CPI, Uhuru Kenyatta est cité à comparaître. Le 4 mars 2013, ce dernier devient officiellement président de la République du Kenya en remportant 50,07 % des voix. Un sacré pied de nez porteur d’interrogations pour cette entité : comment concilier un choix démocratiquement exprimé avec une action judiciaire exercée dans l’intérêt d’un peuple ? Comment concilier les impératifs liés à la fonction présidentielle avec la comparution physique prévue à l’article 63-1 du statut de Rome ? Un président en exercice peut-il être traduit devant la justice ? Comment attendre objectivement d’un chef d’État qu’il participe à sa propre arrestation en vertu de l’article 86 du statut de Rome ? Autant de questions, ô combien chimériques, qui remettent en cause la fiabilité de l’institution.
AVEU D’IMPUISSANCE ? Insuffisance de moyens et nécessité d’améliorer la conduite des enquêtes : le cas Kenyatta pointe indubitablement les failles intrinsèques du bureau de la procureure. Alors que les charges à l’encontre du président kényan sont confirmées, en 2012 (avant son élection à la présidentielle), son procès censé s’ouvrir fin 2013, fait l’objet de plusieurs ajournements. Excédés, les magistrats finissent par imposer un ultimatum : Fatou Bensouda a une semaine pour se prononcer en faveur d’un abandon des charges ou de l’ouverture d’un procès sur la base de preuves supplémentaires. Bon gré mal gré, le 5 décembre 2014, la Gambienne finit par s’incliner tout en précisant : « (…) M. Kenyatta n’a pas été acquitté, et l’affaire peut être ré-ouverte, ou présentée différemment, si de nouveaux éléments de preuve établissant les crimes ainsi que sa responsabilité sont découverts. » Levée de boucliers des chefs d’États africains, rétractations de témoins clés, allégations d’intimidations, non-coopération de l’État kenyan censé verser au dossier des éléments tendant à établir la culpabilité de l’accusé. D’emblée, la tâche s’annonçait ardue ! Les langues les plus acerbes se délient et reprochent à la procureure son manque d’anticipation et, par conséquent, l’enlisement inévitable de l’enquête. Uhuru Kenyatta sera venu et s’en sera allé libre.
A PRESIDENT-IN-OFFICE BROUGHT BEFORE THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT. On the 8th March 2011, following the opening of a proprio motu investigation by the ICC’s prosecutor, Uhuru Kenyatta was called to testify at the International Criminal Court. On March 4th 2013, he became president of Kenya, gaining 50.07% of the votes and in so doing made a mockery of and questioned the credibility of this court. How can one reconcile a democratically expressed choice with bringing legal proceedings against the elected individual in the interests of the population? How can one reconcile the requirements associated with being president and his appearance in court pursuant to article 63-1 of the Rome Statute? Can a president-in-office be put on trial? How can we objectively expect a country’s leader to take part in his own arrest as is stipulated in article 86 of the Rome Statute? A series of implausible questions challenging the dependability and reliability of this institution.
ADMISSION OF POWERLESSNESS? The Kenyatta affair has undoubtedly called attention to the inherent weaknesses of the prosecution i.e. lack of resources and the need to improve the way investigations are conducted. While the charges against the Kenyan president were confirmed in 2012 (before he was elected president), his trial which was due to start at the end of 2013, had been adjourned several times. Infuriated by this situation, magistrates ended up issuing an ultimatum: Fatou Bensouda had a week to decide if she was going to abandon the charges or to begin a trial based on additional evidence. For better or for worse, on December 5th 2014, Fatou Bensouda eventually gave way while making it clear that “(…) Mr. Kenyatta was not acquitted and the case could be reopened or presented differently if new evidence came to light proving the crimes and his involvement in them”. The task turned out to be particularly challenging amid strong resistance from African heads of state, key witnesses withdrawing their testimonies, allegations, intimidation and lack of cooperation by the Kenyan state which was expected to provide evidence proving the guilt of the accused! The most vitriolic critics finally started to express themselves and blamed the prosecutor for her lack of anticipation and the consequent stalemate in the investigation. Uhuru Kenyatta has come and gone a free man.
© Jonathan Stonehouse
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SOMBRER OU SAUVER SA PEAU ENSEMBLE ? Une liberté somme toute non inespérée : sur fond de campagne électorale anti-occidentale notamment axée sur la partialité évidente du procès qui leur est intenté, les ennemis d’hier ont mis de côté leurs vieux antagonismes politico-ethniques pour mobiliser une majorité de Kényans autour de leur candidature. Au grand dam de leurs opposants ! Lesquels ne cessent d’asséner que Kenyatta et Ruto, en fins tacticiens, auront mûrement orchestré leur stratégie de défense face aux assauts répétés de la procureure : s’acheter une moralité en acceptant de coopérer avec la CPI et jouir concomitamment d’une plénitude de pouvoirs en accédant respectivement à la présidence et viceprésidence du pays.
INSTRUMENTALISATION ? En ouvrant une enquête de sa propre initiative et en examinant les crimes perpétrés au Kenya, indépendamment des appartenances politiques à l’encontre de hauts responsables du pays, Fatou Bensouda a voulu mettre en avant l’indépendance et l’impartialité de la Cour. Ces dignes intentions n’auront pour autant pas permis d’infléchir l’opinion des détracteurs qui persistent et signent : la CPI reste un outil légal soumis au bon vouloir des pays occidentaux pour faire la pluie et le beau temps sur le continent africain ! Pour preuve, en poursuivant Kenyatta, l’institution aurait tout bonnement cédé aux desiderata britanniques : évincer le fils du « père de l’indépendance du Kenya » pour permettre la victoire de son opposant, Raila Odinga… le candidat plus enclin à favoriser les intérêts britanniques…
Not unexpected freedom after all: against the backdrop of an anti-Western political campaign focused on the obvious bias of the trial brought against them, these enemies of old put aside their political and ethnic antagonism and mobilised a majority of Kenyans to back their candidacies. This to the great displeasure of those who were opposed to them, who never stopped claiming that Kenyatta and Ruto as shrewd tacticians had thoroughly orchestrated their defense strategy against the prosecutor’s repeated assaults: they bought themselves morality by accepting to cooperate with the ICC and at the same time had absolute power through the respective positions of vice president and president of the country. Could it be called manipulation? By launching an enquiry against the high-powered leaders of the country on her own initiative and investigating the crimes carried out in Kenya regardless of political affiliations, Fatou Bensouda sought to emphasise the court’s impartiality. However, these worthy intentions did not mean that the detractors’ opinion could be shifted. These detractors who persisted in saying that the ICC is a legal tool subject to the whims of Western countries who call all the shots on the African continent! To prove this, in bringing charges against Kenyatta, the institution simply gave in to Britain’s wishes: drive out the son of “the father of Kenya’s independence” to let in his opponent Raila Odinga, the candidate who was most likely to serve Britain’s interests If we look a bit closer, this statement is anything but ridiculous. Even though his hands were far from clean regarding the 2007/2008 violence, the latter was never questioned by judicial authorities.
© Global Panorama
À y regarder de plus près cette affirmation n’a rien d’ubuesque : loin d’être en odeur de sainteté relativement aux violences de 2007/2008, ce dernier n’a jamais été inquiété par la justice…
SINK OR SWIM TOGETHER?
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© Heinrich-Böll-Stiftung
LE CAS KENYATTA VIENT POURTANT QUESTIONNER LA LÉGITIMITÉ DE CETTE INSTITUTION LE TRIOMPHE DES TRACTATIONS DIPLOMATIQUES ?
THE TRIUMPH OF DIPLOMATIC DEALINGS
Les sursauts justiciers ne l’auront finalement pas emporté. La Grande-Bretagne préfère désormais jouer la carte de la neutralité tandis que l’Union européenne et les États-Unis décident de limiter aux « contacts essentiels » leurs relations avec les deux nouveaux dirigeants de l’État kényan en raison de leur inculpation. Le spectre des sanctions jadis brandies par les occidentaux dans le cas d’une victoire du candidat Kenyatta et de son colistier aux élections présidentielles semble s’être éloigné…
But in the end, judicial outbursts could not carry the day. Great Britain now prefers to remain neutral while the European Union and the United States have decided to limit their relations with the new Kenyan leaders to “essential contact” because of the charges being held against them. The specter of sanctions displayed by Western countries if Kenyatta and his cocandidate were elected in the presidential elections seems to have receded.
Il n’est point souhaitable de pousser dans ses derniers retranchements la première puissance de l’Afrique de l’Est, qui plus est, précieuse alliée dans la lutte contre le terrorisme.
It is not advisable to push a leading East African power into a corner as it could be a precious ally in the fight against terrorism.
LES ÉTERNELS LAISSÉS-POUR-COMPTE Sept ans après les faits, les victimes clament toujours justice comme le souligne Muthoni Wanyeki, directrice régionale pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs à Amnesty International « Des milliers de personnes sont mortes dans le cadre des violences postélectorales au Kenya, et cette décision met brutalement en lumière l'impunité persistante dont bénéficient ceux qui ont commis ces crimes graves. Les victimes continuent à attendre d'obtenir justice et de tourner la page ». Une maigre consolation toutefois : la décision de Fatou Bensouda n’a pas pour corollaire la fin de l’action judiciaire de la Cour relative aux violences post-électorales de 2007-2008. Celles-ci constituent le cœur du procès ouvert le 10 septembre 2013 contre le viceprésident William S. Ruto et Joshua Arap Sang (responsable des opérations à la radio kenyane Kass FM), lequel suit son cours malgré la faiblesse du dossier.
CPI : LA FIN DE L’IMPUNITÉ DES CRIMES LES PLUS GRAVES QUI TOUCHENT LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ? Cour de dernière instance, la CPI n’intervient que pour les crimes de masse à l’égard desquels les justices nationales s’avèrent incompétentes. Sanction des responsables d’atrocités, renforcement de l’État de droit, prévention de futures violences, réforme des systèmes judiciaires : les attentes que sa création a suscitées n’auront jamais été aussi grandes. Le cas Kenyatta vient pourtant questionner la légitimité de cette institution dont la quête de justice dite universelle semble être invariablement obérée par des considérations politiques et intérêts nationaux. Une fatalité ?
THE ETERNAL HAVE-NOTS Seven years after these events, the victims are still seeking justice, as the regional director for West Africa, the Horn of Africa and the Great Lakes region at Amnesty International Muthoni Wanyeki points out, “thousands of people died in post-election violence in Kenya and this decision has brought into stark focus the continuing impunity of those who have committed these atrocious crimes. The victims are still waiting for justice and a measure of closure”. It is nonetheless small comfort that Fatou Bensouda’s decision does not imply the end of the judicial action brought by the ICC regarding post-election violence in 2007/2008. This violence is at the heart of the trial proceedings which opened on 10th December 2013 against the vice president William S. Ruto and the operations director at the Kenyan radio station Joshua Arap Sang. This trial is ongoing despite the weakness of the dossier.
ICC: DOES IT MEAN AN END TO IMPUNITY OF THE MOST SERIOUS CRIMES AFFECTING THE INTERNATIONAL COMMUNITY? The Court of final appeal, the ICC only intervenes in mass crimes that national justice systems are unable to deal with. Expectations of this court have never been so high. It is needed to sanction those who are responsible for atrocities, strengthen the rule of law, prevent future violence and reform judicial systems. However the Kenyatta case calls into the question the legitimacy of this institution whose quest for so-called universal justice seems hampered by political considerations and national interests. Must we resign ourselves to this fate? Translated into English by Grace Cunnane 59
par Alexandre BLOT LUCA
LORS DE SA DERNIÈRE SESSION EN DATE DU 10 DÉCEMBRE, LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE (CPI) A DÉCIDÉ DE SAISIR LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DES NATIONS UNIES POUR ENTAMER DES NÉGOCIATIONS AVEC LA LIBYE DANS L’OPTIQUE D’UN PROCÈS DE SEIF AL-ISLAM KADHAFI. Qui jugera Seif al-Islam Kadhafi ? Divisée en factions et en proie au chaos, la Libye s’écharpe depuis maintenant trois ans avec la CPI sur le sort du fils de l’ancien dictateur déchu Mouammar Kadhafi. Soupçonné de crimes contre l’humanité et sous le coup d’un mandat d’arrêt international, Seif al-Islam Kadhafi, âgé de 42 ans, est aujourd’hui prisonnier d’une brigade d’anciens rebelles à Zentan, une ville située au sud de Tripoli. En pleine déliquescence et installé à Tobrouk, non loin de la frontière égyptienne, après avoir laissé le sort des trois plus grandes villes du pays aux mains des milices, le gouvernement central s’estime pourtant capable d’organiser un procès équitable pour l’ancien pilier du régime. Une volonté qui n’est pas du goût de la CPI, bien décidée à le juger à La Haye. Un recours déposé par la Libye a d’ailleurs été rejeté en mai 2013. Pour témoigner de sa bonne foi, le pays avait même présenté Seif al-Islam Kadhafi à un juge de Tripoli par vidéoconférence en avril 2014. Mais rien n’y fait. Le 10 décembre dernier, la juridiction internationale a décidé de passer à la vitesse supérieure. Elle a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU, non pas pour « sanctionner ou critiquer » le pays, mais « afin d’éliminer les obstacles à la coopération.» La Haye, soucieuse de ne pas attiser les conflits, a d’ailleurs précisé « qu’au cours de la procédure, la Libye a montré sous divers aspects son engagement envers la CPI et a fait des efforts pour maintenir un dialogue constructif ». UNE EXTRADITION COMPLIQUÉE Mais la partie est loin d’être simple. Détenu depuis 2011, l’ancien numéro deux du régime a une valeur inestimable pour ses geôliers. Un trésor qui suscite les convoitises d’autres milices rivales, attirées par l’appât du gain et par le symbole que représente celui qui avait promis « des rivières de sang » aux rebelles. Autant dire qu’une extradition aux Pays-Bas reste pour le moment bien hypothétique. Le gouvernement libyen lui-même n’a jamais réussi à mettre la main sur l’ancien prince du pays. Enfin, les relations entre la CPI et le gouvernement central ne sont pas au beau fixe depuis 2012. En juin de cette même année, l’avocate australienne, Melinda Taylor, et une délégation de la CPI avaient été arrêtées après avoir rendu visite à celui qui fut un temps présenté comme le réformateur de la Jamahiriya. Détenue pendant un mois, l’avocate était accusée d’atteinte à la « sécurité nationale » pour avoir, selon les autorités libyennes, apporté un stylo-caméra à Seif al-Islam Kadhafi et tenté de lui transmettre une lettre de son ancien bras droit, Mohamed Ismaïl. 60
DURING ITS LAST SESSION, ON DECEMBER 10th, THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT (ICC) DECIDED TO REFER TO THE SECURITY COUNCIL OF THE UNITED NATIONS IN ORDER TO LAUNCH NEGOTIATIONS WITH LIBYA OVER THE POSSIBILITY OF A TRIAL OF SAIF AL-ISLAM KADHAFI. Who will judge Saif Al-Islam Kadhafi? Divided into factions and thrown into chaos, Libya has been fighting for three years with the ICC over the fate of the former fallen dictator, Mouammar Kadhafi. Suspected of involvement in crimes against humanity and under an international arrest warrant, Saif Al-Islam Kadhafi, 42 years old, is actually the prisoner of ex-rebels in Zentan, a town situated in the South of Tripoli. In a state of decay and set up in Tobrouk, near the Egyptian frontier, after leaving the fate of the three biggest towns of the country to the hands of militias, the central government considers that it may be capable of organising a fair trial for the former pillar of the regime. A view definitively disliked by the ICC, which is determined to judge him in The Hague. Besides, an appeal lodged by Libya was rejected in May 2013. In April 2014, as a sign of good faith, the country had even referred Saif Al-Islam Kadhafi to a Tripoli judge via video conferencing but without success. Indeed, during its last session, on the 10th of December, the international jurisdiction decided to move up a gear. It sought intervention from the Security Council of Nato, not only “to sanction or criticise” the country but “in order to eliminate the obstacles towards cooperation”. The Hague, in order to not exarcerbate conflicts, has moreover indicated that “throughout the proceedings, Libya demonstrated in several respects its commitment to the court and made genuine efforts to maintain a constructive dialogue.” A COMPLICATED EXTRADITION But this will not be easy. Since 2011, the former number two of the Libyan regime turns out to be invaluable for his jailers. A treasury that arouses envy of other rival militias, driven by financial gain and by the symbol embodied by the man who had promised “rivers of blood” to rebels. Hence the extradition to the Netherlands still remains hypothetical. The Libyan government has never succeeded in capturing the former prince of the country. Lastly, since 2012, relationships between the ICC and the central government have remained unsettled. In June 2012, the Australian lawyer, Melinda Taylor, and an ICC delegation, were arrested after visiting the man who had been introduced for a while as being the reformer of the Jamahiriya. Melinda Taylor jailed for one month as a “threat to national security” on Libyan authorities’ claims that she tried to take a “spy pen camera” to Saif al-Islam and tried to give a letter to his former right hand man, Mohamed Ismaïl. English version proofread by Nadine Visagie
© Thierry Ehrmann
Fresque représentant Seif Al-Islam Kadhafi 61
par Alexandre BLOT LUCA
© DR
LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE A DÉCIDÉ DE SUSPENDRE SON ENQUÊTE SUR DE POSSIBLES CRIMES DE GUERRE COMMIS AU DARFOUR, UNE RÉGION DE L’OUEST DU SOUDAN EN PROIE À UNE INSURRECTION DEPUIS 2003. OMAR EL-BÉCHIR, PRÉSIDENT DU PAYS, N’A PAS CACHÉ SA SATISFACTION. Il n’a cessé de clamer son innocence. Sous le coup de mandats d’arrêt de la CPI depuis 2009 pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour, Omar el-Béchir a vu les enquêtes le concernant être suspendues. Fatou Bensouda, procureure de la CPI, a justifié cette décision en évoquant le manque de soutien de l’ONU et du Conseil de sécurité pour arrêter le leader soudanais. Relayé par l’agence Suna, Omar el-Béchir a quant à lui qualifié la CPI « d’outil visant à humilier et à soumettre » le peuple soudanais, mais celui-ci a refusé « d’être humilié et de plier ». Le président, aux manettes du Soudan depuis 25 ans, ne s’est jamais départi de sa ligne de défense. En décembre dernier, il avait d’ailleurs qualifié ces poursuites de « décision politique » lors d’une interview accordée au Washington Post. « Ceux qui visitent maintenant le Darfour constatent que toutes ces accusations de nettoyage ethnique, de meurtre de personnes et de viols de masses sont de fausses accusations, avait-il déclaré dans les colonnes du journal américain, avant d’évoquer une visite au Darfour, dont la date n’a pas été précisée, de l’ancien secrétaire d’État américain Colin Powel : « il a visité le Darfour, est venu et m’a dit très clairement qu’il était sur qu’il n’y avait pas de génocide, pas de nettoyage ethnique, que tout cela était de fausses accusations ». 62
THE ICC HAS DECIDED TO SUSPEND INVESTIGATIONS CONCERNING POSSIBLE WAR CRIMES COMMITTED IN DARFUR, A WESTERN REGION OF SUDAN PREY TO INSURGENCY SINCE 2003. SUDANESE PRESIDENT, OMAR AL-BASHIR, DID NOT CONCEAL HIS SATISFACTION.
Omar al-Bashir hasn’t ceased to proclaim his innocence. Since March 2009, he has been subject to an arrest warrant from the International Criminal Court (ICC) for war crimes, crimes against humanity and genocide that allegedly occurred in Darfur. Fatou Bensouda, the ICC prosecutor has decided to halt Darfur investigations and has justified her decision underlining the lack of support from NATO and the Security Council to arrest the African leader. According to Suna (Sudan’s official news agency), Omar al-Bashir has described the ICC as being “a tool aimed at humiliating and subjugating” the Sudanese people, highlighting that the latter had refused nonetheless “to be humiliated and to kneel down”. The President, who has been running Sudan for twenty-five years, has has never departed from his line of defence. During an interview granted to the Washington Post last December, the African head of state had already defined these proceedings as being a "political decision" and declared: “Those that visit Darfur now will find that all these accusations of ethnic cleansing, the killing of the people and mass rape, are all false accusations,” he stated in a column for the American newspaper. He recalled a visit from Colin Powell, the former American Secretary of State of Darfur: “During Secretary of State, Colin Powell’s visit to Darfur, he clearly told me that he was sure that there was no sign of genocide or ethnic cleansing, and that these claims were all false accusations.”
DES POURSUITES CONTROVERSÉES Accusé pendant un temps d’avoir empêché la mission commune ONU-Union africaine (MINUAD) de se rendre au Darfour, Khartoum avait finalement accepté qu’elle enquête. Sur place, la MINUAD n’avait trouvé aucune preuve de viol. Le président soudanais lui a depuis demandé de quitter le pays, estimant dans les colonnes du Washington Post qu’elle ne savait même pas se protéger elle-même. « Elle a failli à sa propre protection et a laissé seul les civils du Darfour, a-t-il reproché. Il y a une semaine seulement, ils étaient en patrouille avec toutes leurs armes, y compris des véhicules blindés. Ils ont rencontré un tout petit groupe de rebelles, ont cédé et se sont enfuis ». À la question de savoir s’il pensait que la région serait une place plus sûre si d’aventure la MINUAD quittait la zone, Omar el-Béchir a assuré que « la zone pacifique s’est considérablement élargie, à tel point qu’il n’y a plus besoin de forces dans cette zone. Il y’a un accord avec la MINUAD pour une stratégie de sortie. Ils savent que la paix au Darfour s’étend de plus en plus et s’ancre de plus en plus profondément. » Les poursuites contre Omar el-Béchir ont suscité la controverse en Afrique. Le chef d’État est en effet le premier président en exercice à être dans le viseur de la CPI. Plusieurs États africains ont ainsi refusé de le livrer à la communauté internationale. Libéré d’un poids, Omar el-Béchir n’en est pas pour autant sorti d’affaire. Toujours sous le coup de deux mandats d’arrêt internationaux, le président soudanais doit composer avec cette épée de Damoclès qui trône au-dessus de sa tête.
CONTROVERSIAL PROCEEDINGS For a moment accused of illegally preventing the UNAMID to go to Darfur, Khartoum had finally accepted responsibility to carry out of its investigations. In the region,UNAMID has not found any evidence of rape. From then on, the Sudanese president asked the mission to leave the country, considering in the Washington Post it was unable to guarantee its own protection. "UNAMID has failed to protect even itself, let alone the civilians in Darfur. Just about a week ago, they had a patrol and they had all the arms, including armored vehicles. And they were met by a very small group of rebels and they gave in and fled. And the armored vehicles and the arms were taken away from them." And as to whether he thought Darfur would be a safer place if UNAMID wasn’t there, president Omar al-Bashir answered : "The peaceful area in Darfur has considerably widened to the extent that there is no more need for forces to be in these areas. Part of this whole thing — there is an agreement with UNAMID that there should be an exit strategy for them. And they know that peace in Darfur is getting wider and wider and deeper and deeper." Proceedings against Omar al-Bashir have given rise to controversy in Africa. The head of state is the first president in office to be targeted by the ICC. Several African States refused to deliver him to the international community. Freed from a weight, Omar isn’t got out of trouble. Always under the blow of two international arrest warrants, the Sudanese president will have to compose with the Damocles sword which thrones above his head. English version proofread by Nadine Visagie
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© The US army
THE UN AND THE ICC MUST SPEAK WITH ONE VOICE. par Hervé PUGI
Trop souvent perçue comme le bras armé du Conseil de sécurité, la Cour pénale internationale (CPI) œuvre pourtant sans mandat spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU). Un fait établi par l’accord conclu le 4 octobre 2004 régissant les relations institutionnelles entre les deux entités. Dans les faits, la Cour apparaît surtout comme l’otage (ou la victime consentante ?) de visées et d’enjeux géopolitiques qui dépassent clairement son champ d’action. Illustrations… Les relations internationales sont ainsi faites que les intérêts partisans priment (et primeront) toujours sur tout autre aspect, quelles que soient la gravité d’une situation ou l’atrocité d’un dossier. Ainsi, le siège de l’ONU – lieu ô combien symbolique – voit souvent le concert des nations se transformer en une insupportable cacophonie. À force de violons mal accordés, combien de cas dramatiques ont tourné à la symphonie inachevée ? Et, pour le public incrédule, particulièrement pour celui installé au premier rang, vous savez, ceux que l’on nomme « victimes », il n’y a guère que le tocsin qui résonne au milieu de ces diplomates, solistes sans scrupules, qui déraisonnent. Et la CPI dans tout ça ? C’est, comme qui dirait, le pianiste sur qui l’on tire…
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Too often considered as the strong arm of the Security Council, the International Criminal Court (ICC) actually works without a special mandate from the United Nations (UN). This state of affairs was established by an agreement made on October 4th, 2004 regulating institutional relations between these two entities. In reality the court seems to be a kind of hostage (or willing victim) of geopolitical designs and issues which clearly go beyond its scope.
TO ILLUSTRATE THIS POINT In international relations, partisan interests take (and will always take) precedence over all other matters regardless of the gravity of a situation or the atrocity contained in a particular file. Consequently, the UN headquarters - this highly symbolic place - is often the scene of utter confusion among the community of nations. How many critical situations were not dealt with appropriately because agreement could not be reached? And as for the incredulous public, particularly those at the forefront, the ones we call “the victims”, what are the real priorities of unscrupulous, mindless diplomats? And what about the ICC? It seems like the pianist who gets shot in the saloon bars of the Wild West...
TOUS EN CHŒUR : « VETO » ! Dans les textes (chapitre VII de la Charte des Nations unies), le Conseil de sécurité possède un réel pouvoir de saisine du procureur. Mais comment le nier ? Jusqu’à ce jour, la partition délivrée par la communauté internationale, dans sa relation avec la Cour, n’est qu’anicroches et fausses notes. Corée du Nord, Libye, Palestine ou Syrie, entre autres, les puissants de ce monde ont glissé bien trop de bémols dans la petite musique judiciaire pour qu’un semblant d’harmonie ne se dégage du tout ! Il faut dire que, du côté de l’ONU, le délit d’entrave à la justice n’a jamais conduit quiconque au « violon »… Pourtant, dans l’incroyable brouhaha new-yorkais, Américains, Chinois ou Russes, tous sont à l’unisson (ou en canon) pour faire entendre leur meilleur couplet, celui du veto ! C’est là la réponse apportée au gré des accords et désaccords sur les différents dossiers mis à l’ordre du jour du Conseil de sécurité. En mai 2014, le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vitali Tchourkine, affirmait à propos de la Syrie : « nous considérons que l’adoption de cette résolution provoquera l’escalade du conflit ». La demande d’examen de la recommandation de l’Assemblée générale de l’ONU de saisir la CPI pour d’éventuels crimes contre l’humanité commis en Corée du Nord ? L’ambassadeur chinois, Lio Jieyi, est catégorique, il faut « s’abstenir de toute action qui pourrait exacerber la tension ». Quant aux États-Unis, il ne faut surtout pas leur parler de quelconques poursuites envers Israël, voire d’une éventuelle adhésion de la Palestine à l’institution judiciaire supranationale. C’est là un petit air qui sonne faux à leurs oreilles…
ALL TOGETHER NOW, LET’S SHOUT « VETO »! In chapter VII of the United Nations charter, the Security Council has power of referral to the prosecutor. How can we deny that up to now, the international community’s relationship with the ICC has been anything but harmonious? North Korea, Libya, Palestine or Syria, to name but a few, the world’s powers have not always been on the same legal wavelength. It must be noted that on the UN front the crime of obstruction of justice has never put anyone in prison. However, in the hubbub of New York, Americans, Chinese or Russians all call in unison for a veto! It is the response to all agreements and disagreements on the various files on the Security Council’s agenda. In May, 2014, Russia’s permanent representative to the United Nations, Vitali Tchourkine, said about Syria, “we believe that adoption of this resolution could lead to an escalation in conflict”. And what of the request to review the recommendation by the UN’s General Assembly to bring the issue of alleged crimes against humanity committed in North Korea before the ICC? The Chinese ambassador, Lio Jieyi, is categorical “we must avoid any action which could heighten tension”. As for the United States, we should never bring up the issue of bringing Israel to justice or of the possibility of Palestine joining the supranational judicial body. These issues seem to ring hollow in their ears.
© Whocares
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SOUTENUE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE ? Paradoxalement, ceux qui « brûlent les planches » onusiennes n’ont eux-mêmes pas à composer avec… la CPI. Ainsi, les États-Unis et Israël sont bien à compter parmi les souscripteurs du statut de Rome (le 31 décembre 2000) pour, finalement, ne jamais le ratifier. Même démarche pour la Russie. Washington a même retiré son paraphe en 2002 pour mener, en coulisses, une impitoyable croisade contre la Cour. Une politique de la terre brûlée qui prit fin en 2009. Quant à la Chine, elle ne reconnaît nullement la compétence de la CPI arguant, notamment, que le droit du procureur à déposer des accusations peut placer la Cour sous influence politique. De là à dire que les uns et les autres nous jouent du pipo… Instrumentalisée la CPI ? Voilà un refrain que l’on ne veut pourtant pas entendre dans les couloirs de La Haye. C’est pourtant ce que certains observateurs tambourinent bruyamment depuis bien longtemps. Qu’il s’agisse de préserver des intérêts financiers (le pétrole du Darfour), de justifier une intervention militaire (Libye) ou un changement de régime (Côte d’Ivoire), le son du clairon a souvent retenti alors que la Cour pénale internationale sonnait la charge ! Le tout mené à un tempo bien loin des standards judiciaires habituels. Moins de trois mois auront ainsi suffi à inculper les Kadhafi père et fils de génocides, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. On a connu la Cour bien plus sourcilleuse dans ses investigations. Il n’en fallait pas plus pour que certains pointent du doigt les grands orchestrateurs de ce ballet sans grâce : les chancelleries occidentales. Alors, certes, entre présomption d’innocence et soupçon de complicité, le doute profite encore et toujours à l’accusé. Quant à l’intime conviction, elle est toute faite…
IS THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT SUPPORTED IN THE ATTAINMENT OF ITS OBJECTIVES? Ironically, those who have the most influence in the UN do not have to deal with the ICC. Thus, the United States and Israel can be counted as States Parties to the Rome Statute (December 31st 2000) without ever having ratified it. The same goes for Russia. Washington even decided to withdraw its signature in 2002 and launched a ruthless behind-the-scenes crusade against the court; a scorched earth policy which came to an end in 2009. As for China, it refuses to acknowledge the jurisdiction of the ICC, arguing that the right of the prosecutor to lay charges could place the court under political influence. Are we having tricks played on us? Is the ICC being manipulated? This is something nobody wants to hear in the corridors of The Hague, but is nonetheless what some observers have been shouting from the rooftops for some time now. If it’s about maintaining financial interests (oil in Darfur), justifying a military intervention (Libya) or changing a regime (the Ivory Coast), when the bugle sounds the alert, the International Criminal Court mounts a full-on offensive and starts legal proceedings infinitely more rapidly than the usual legal standards allow. Less than three months were needed to charge Kadhafi father and son with genocide, crimes against humanity and war crimes. The court has been known to be much more punctilious in its investigations. This was all it took for some people to point the finger at the orchestrators of these events: Western Chancelleries. So, admittedly, between presumption of innocence and suspicion of complicity, any doubt will always and ever benefit the accused. And as for firm belief, it seems very obvious... Translated into English by Grace Cunnane
© France ONU
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Vitali Tchourkine (ambassadeur de la Russie à l’ONU)
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IRONICALLY, THOSE WHO HAVE THE MOST INFLUENCE IN THE UN DO NOT HAVE TO DEAL WITH THE ICC.
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SAMIA MAKTOUF
CONSEIL AUPRÈS
DE LA COUR PÉNALE
INTERNATIONALE par Sandra WOLMER
© Jessica Cohen
« PAS DE PLACE POUR LA « JUSTICE DES VAINQUEURS » ; IL FAUT FAIRE ŒUVRE DE JUSTICE POUR TOUTES LES PARTIES, CE QUI ÉLIMINE D’ENTRÉE TOUT DROIT À L’ERREUR, ET A FORTIORI, À L’INIQUITÉ », C’EST AVEC CES MOTS QUE SAMIA MAKTOUF, CONSEIL AUPRÈS DE LA CPI DÉBUTE L’INTERVIEW QU’ELLE A BIEN VOULU ACCORDER À 54 ÉTATS. CONTRIBUER À GARANTIR LE DROIT DE LA DÉFENSE À UN NIVEAU SUPRANATIONAL, UNIVERSEL, ET FAIRE ENTENDRE LA VOIX DES VICTIMES, LÀ EST SA MISSION.
54 ÉTATS : Que vous évoque la création de la CPI ? Samia Maktouf (S. M.) : Le monde attendait une cour pénale internationale depuis les procès de Nuremberg et de Tokyo en 1945. La CPI a une juridiction « subsidiaire », elle ne juge que là où aucune justice nationale n’a pu ou n’a voulu le faire, comme le prévoit le statut de Rome adopté en 1998. 54 ÉTATS : Dans le cas d’Abdallah al-Senoussi, Seif el-Islam Kadhafi et d’autres dignitaires de l’ancien régime libyen, selon vous, était-il indispensable qu’ils soient jugés par la CPI et non en Libye ? S. M. : Aujourd’hui en Libye, il n’est pas possible de garantir un procès équitable à ces accusés. La CPI offre toutes les garanties des droits, jusqu’à écarter d’office la peine de mort. En Libye, aujourd’hui, tout accusé risque la peine capitale, surtout les hauts dignitaires de l’ancien régime. Il ne faut pas verser dans la vengeance. 54 ÉTATS : Dans le dossier du président soudanais Omar el-Béchir, la Procureure Fatou Bensouda a annoncé une suspension des enquêtes. Qu’advient-il des charges à son encontre ? S. M. : Il faut rappeler que les investigations étaient au point mort depuis 2009. Jamais les victimes n’ont pu être entendues par la CPI. Sur le fond, depuis même les événements du Darfour en 2004, les charges retenues contre le président el-Béchir sont contestées, en particulier pour ce qui est des charges de « génocide » proprement dites. Dès 2005, la commission d’enquête de l’ONU concluait à la commission de crimes contre l’humanité au Darfour, sans pour autant mettre en cause le président el-Béchir, mais écartait catégoriquement tout acte de génocide. Du fait, le mandat d’arrêt lui-même devient caduc et les charges doivent in fine être abandonnées.
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“VICTORS’ JUSTICE” IS THUS OUT OF THE QUESTION. JUSTICE HAS TO BE DONE TO ALL PARTIES, WHICH PRECLUDES ANY RIGHT TO MAKE MISTAKES, LET ALONE TO ACT UNFAIRLY." IT’S WITH THOSE WORDS THAT SAMIA MAKTOUF, AS COUNSEL BEFORE THE ICC, STARTED THE INTERVIEW FOR 54 ÉTATS. TO CONTRIBUTE TO PROTECT THE RIGHT TO A DEFENSE AT A SUPRANATIONAL, UNIVERSAL LEVEL, AND TO ENHANCE THE VOICE OF THE VICTIMS, HERE IS HER MISSION. 54 ÉTATS: Could you please share with us your opinion about the creation of ICC? Samia Maktouf (S. M.): The world had awaited an international criminal court since the Nuremberg and Tokyo Trials in 1945. The ICC is a “subsidiary” court. It intervenes only when no national court can or will do, as provided under the Rome Statute which was adopted in 1998. 54 ÉTATS: In the case of Abdallah al-Senussi, Saif al-Islam Gaddafi and other dignitaries with the former Libyan regime, do you think the ICC really had to try them instead of the Libyan judiciary? S. M.: In today’s Libya, it is impossible to guarantee a fair trial to these suspects. The ICC offers all guarantees of rights, banning the death penalty from the start. In Libya today, any suspect faces capital punishment, especially those ranking dignitaries with the former regime Yet no one shall ever indulge in revenge. 54 ÉTATS: Concerning Sudanese President Omar al-Bashir, ICC Prosecutor Fatou Bensouda has announced a suspension of investigations. What about the charges against him now? S. M.: I wish to recall that the investigations already were at a stalemate since 2009. The victims were never able to talk to the ICC. Overall, ever since the Darfur events in 2004, the charges brought against President al-Bashir were being challenged, especially those of “genocide”. In 2005 already, the United Nations (UN) commission of inquiry concluded that crimes against humanity were indeed committed in Darfur – although not pointing out to President al-Bashir in person – but ruled out any act of genocide. Thus, the charges against President al-Bashir become pointless and the arrest warrant itself is rendered “caduc”.
54 ÉTATS : L’été dernier, vous avez déposé une plainte auprès de la CPI à la demande de la Coordination Chrétiens d’Orient en Danger au sujet des persécutions contre les minorités religieuses en Irak et en Syrie par le groupe armé Daesh (« État islamique »). Où en est cette procédure ? S. M. : La Coordination Chrétiens d’Orient en Danger m’a mandatée pour saisir les instances internationales et je l’ai fait en deux temps. J’ai saisi la Présidence du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU et la Haute Commissaire aux Droits de l’Homme de l’époque pour une Session spéciale de ce Conseil, laquelle s’est tenue le 1er septembre à Genève. Puis, j’ai demandé au Parquet de la CPI d’exercer son droit de saisine de la Cour. Je souhaite que Madame Fatou Bensouda fasse maintenant le nécessaire pour que les auteurs de ces crimes et leurs commanditaires soient enfin jugés. 54 ÉTATS : Sur 21 affaires en cours d’instruction, 8 concernent l’Afrique, ce qui laisse à penser que la CPI serait plutôt une « Cour pénale africaine ». Comment expliquez-vous que la Cour ne s’intéresse pas à d’autres cas, ailleurs dans le monde ? S. M. : Pour l’instant, les situations sous enquêtes se situent toutes en Afrique, mais les examens préliminaires de situations par la CPI concernent la Colombie, le Honduras, la Géorgie, l’Irak et l’Ukraine, seuls deux pays africains étant concernés, le Nigeria et la Guinée. Il faut donc regarder le travail de la CPI dans sa globalité. Mais, il est vrai, la CPI donne l’impression de ne se concentrer que sur l’Afrique, ce qui crée dans l’opinion publique africaine et chez certains dirigeants un sentiment d’ « atteinte à la souveraineté nationale ». Pour autant, il ne faut pas perdre de vue que la CPI a vocation à rendre une justice universelle et c’est précisément ce qu’elle fait. 54 ÉTATS : Fin 2014, vous étiez présente au 1er séminaire sous-régional de la CPI ; diriez-vous que la Cour avance ou piétine ? S. M. : Ce séminaire, qui s’est tenu à Dakar, était le premier qui ait eu lieu hors du siège de La Haye, aux Pays-Bas. La symbolique est très forte, car le choix de Dakar rappelle que le Sénégal est le premier pays africain à avoir ratifié le statut de Rome. Lors de ce séminaire, il a été dressé un constat sans équivoque : la CPI manque encore de visibilité. 54 ÉTATS : La CPI a accepté en décembre 2014 que la Palestine devienne membre observateur. Qu’est-ce que cette action historique va modifier dans l’évolution du conflit israélo-palestinien ? S. M. : C’est historique, parce que c’est la première fois qu’un État non membre de l’ONU entreprend un processus de ratification du statut de Rome. Maintenant, il faut distinguer entre le juridique et le politique. Certes, des situations comme le conflit de l’été dernier à Gaza appellent la tenue d’investigations sur les crimes commis. Mais les négociations politiques pour résoudre les conflits sont une tout autre affaire, comme l’ont montré voici vingt ans les accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine, alors que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie continuait son travail. 54 ÉTATS : Que répondez-vous à ceux qui disent que la CPI applique une justice à géométrie variable ? S. M. : Cette accusation n’est pas justifiée. La preuve en est, dans le cas du président el-Béchir, on a bien vu que le Parquet a décidé de lui-même de faire cesser les investigations, ce qui écarte toute accusation de partialité. C’est la raison pour laquelle, en tant que conseil auprès de la CPI, je lutte tant pour faire entendre la voix des victimes que pour un respect sans faille des droits de la défense. Les deux sont liés, car sans respect des droits de la défense, la manifestation de la vérité devient impossible, et avec elle, l’affirmation des droits des victimes.
54 ÉTATS: Last year, you filed a complaint with the ICC upon a request from the Coordination for Oriental Christians in Danger, concerning the persecution of religious minorities in Iraq and Syria by the armed group Daesh (‘Islamic State’). How far has this progressed? S. M.: The Coordination for Oriental Christians in Danger tasked me to take the case to international institutions and my intervention was twofold. First, I wrote to the President of the United Nations (UN) Human Rights Council and the then UN High Commissioner for Human Rights urging for a Special Session of the Council, which took place on September 1. Then I asked the ICC Prosecutor to use her right to refer a case to the Court. I hope Ms. Fatou Bensouda will now do everything necessary to ensure that the perpetrators of these crimes and their backers are brought to justice at last. 54 ÉTATS: Of the 21 cases currently being tried, 8 have to do with Africa. Rather than an International Criminal Court, this would suggest an “ACC” or “African Criminal Court”. In your view, why isn’t the ICC interested in cases in other regions of the world? S. M.: For now, all of the ongoing investigations are in Africa, but the preliminary examinations led by the ICC are in Colombia, Honduras, Georgia, Iraq and Ukraine. Only two are in African countries – Nigeria and Guinea. One has to look at the ICC’s work in a broader manner than that. It is true, though, that the ICC sometimes looks as it is focusing only on Africa. Among the public and some leaders, this creates a feeling of “violation of national sovereignty”. Yet one must bear in mind that the ICC is there to provide a universal justice and that is precisely what the Court is doing. 54 ÉTATS: Late last year you attended the very first ICC Sub-regional Seminar; would you say that the Court is going forward or at a standstill? S. M.: This Seminar held in Dakar, Senegal was the first ever to take place outside the headquarters in The Hague, Netherlands. There is a strong symbol here, as choosing Dakar recalls everyone that Senegal was the very first country to ratify the Rome Statute. During this Seminar, a conclusion was reached, clear and simple: The ICC still very much lacks visibility. 54 ÉTATS: In December 2014 the ICC admitted Palestine as an observer state. How will this historical decision weigh on the evolution of the Israeli-Palestinian conflict? S. M.: Historical indeed, as this is the first time a UN Non-member observer state undertakes to join the Rome Statute. Now one must distinguish between judicial and political. Some situations, such as the conflict in Gaza last summer, do warrant investigations on the crimes committed. But political negotiations are quite another thing, as was proved by the Dayton Agreement which ended the war in Bosnia-Herzegovina twenty years ago, while the International Criminal Tribunal for the former Yugoslavia was proceeding normally with its task. 54 ÉTATS: What do you say to those who claim the ICC has been applying “double standards”? S. M.: That is a most unwarranted accusation. I can quote, as evidence to the contrary, the example of President al-Bashir. The Prosecutor decided on her own to cease investigations against him, thus it is impossible to accuse the Court of partiality. That is precisely why, as Counsel before the ICC, I am so eager to have the voice of victims heard and the right of defense strictly observed. The two notions are entwined, as without proper respect for the right of defense, it is impossible to find the truth in a given case and this obviously harms the rights of victims in the end. 69
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par Alexandre BLOT LUCA
LA PALESTINE SERA OFFICIELLEMENT MEMBRE DE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE LE 1er AVRIL PROCHAIN, APRÈS EN AVOIR FAIT LA DEMANDE EN FIN D’ANNÉE. BAN KI-MOON, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, A OFFICIALISÉ LA NOUVELLE LE MERCREDI 7 JANVIER.
ON THE FIRST OF APRIL, PALESTINE IS TO BECOME AN OFFICIAL MEMBER OF THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT AFTER HAVING MADE THE REQUEST AT THE END OF THE YEAR. BAN KI-MOON, GENERAL SECRETARY OF THE UN MADE THIS OFFICIAL ANNOUNCEMENT ON WEDNESDAY 7th JANUARY.
Une nouvelle étape pour la Palestine. Après son admission comme État observateur non membre de l’ONU en novembre 2012, Mahmoud Abbas et les Palestiniens ont franchi un nouveau cap dans le cadre de leur offensive diplomatique. Bien décidée à accroître son influence sur la scène internationale après une année 2014 marquée par l’avènement d’un nouveau conflit à Gaza et des violences récurrentes à Jérusalem, l’Autorité palestinienne sait qu’elle peut également surfer sur la vague de sympathie à l’égard de la reconnaissance d’un État palestinien. Avec cette adhésion à la CPI, la Palestine jouit désormais d’un nouvel atout, et non des moindres, dans son rapport de force avec Israël.
This will be a new step for Palestine. After its admission as a non-member observer state to the UN in November 2012, Mahmoud Abbas and the Palestinians have passed a milestone in their diplomatic offensive. Determined to increase its influence in the international arena after the year 2014 which was marked by the advent of a new conflict in Gaza and recurrent violence in Jerusalem, the Palestinian authority knows it can surf on the wave of sympathy for the recognition of a Palestine State. Becoming a member of the ICC is an enormous asset in its power struggle with Israel.
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REJOINDRE LA CPI, UN BON MOYEN DE FAIRE PRESSION SUR SON MEILLEUR ENNEMI En signant le traité de Rome fin décembre, Mahmoud Abbas ne s’est pas seulement plié aux exigences de la CPI, en charge de poursuivre les auteurs de génocides, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Il s’est aussi octroyé le droit de poursuivre légalement le gouvernement israélien, son plus fidèle ennemi, et certains de ses membres pour leurs rôles supposés dans les guerres successives que connaissent les deux États. Avec cette issue favorable, le tribunal de La Haye pourra désormais enquêter sur ces dossiers dès le 1er avril prochain. Le 17 janvier, le bureau de la procureure a d’ailleurs annoncé qu’il entamait un examen préliminaire sur « la situation » dans les territoires palestiniens, une première étape susceptible de déboucher sur des inculpations pour crimes de guerre. La question épineuse de la colonisation, maintenue par Israël malgré les condamnations de la communauté internationale, devrait également être au centre de toutes les attentions. Mais la partie n’est pas gagnée et le chemin s’annonce long et sinueux pour la Palestine, qui reste sur un revers après le rejet fin décembre de sa proposition de résolution sur un accord de paix par le Conseil de sécurité des Nations unies. Car si, paradoxalement, 135 pays reconnaissent aujourd’hui la Palestine en tant qu’État indépendant, ils sont aujourd’hui nombreux à ne pas voir d’un très bon œil ses nouvelles aspirations, Israël et les États-Unis en tête.
ISRAËL ET LES ÉTATS-UNIS : UN DÉSACCORD UNANIME Fidèle à sa conduite et à son tempérament, Benyamin Netanyahou s’était immédiatement empressé de réagir suite à la demande palestinienne. Le 1er janvier, le Premier ministre israélien avait sommé la CPI de rejeter « la demande hypocrite faite par l'Autorité palestinienne, qui n’est pas un État, mais une entité liée à une organisation terroriste, le Hamas, auteur de crimes de guerre ». Comme un couperet, la première sanction était tombée 48 heures plus tard avec le gel par Israël de 106 millions d’euros de taxes collectées initialement dues à l’Autorité palestinienne. Si Washington avait critiqué cette décision, « qui exacerbe les tensions », elle s’est bien gardée de contredire son allié sur la question de la CPI, dénonçant une décision qui « alourdit le climat » et « ne fait rien pour les aspirations du peuple palestinien », alors même que les discussions de paix sont au point mort depuis plus de six mois. Impartiale, l’ONU, par l’intermédiaire de son secrétaire Ban Ki-moon, en a donc décidé autrement.
Barack Obama et Benyamin Netanyahou ont très peu goûté à cette demande, Washington dénonçant même une escalade « qui alourdit le climat » entre les deux pays
JOINING THE ICC, A GOOD WAY TO PUT PRESSURE ON ONE’S OLDEST FOE When Mahmoud Abbas signed the Rome treaty at the end of December, he not only complied with the demands of the ICC (whose task is to prosecute against genocide, crimes against humanity and war crimes), he also granted himself the right to legally bring charges against the Israeli government, its sworn enemy and also some of its members for their alleged role in the successive wars experienced by these two states. And with this favourable outcome, the Hague tribunal can investigate these cases as early as next April 1st. On january the 17th, The office of the prosecutor of the ICC announced that it began preliminary examination on "the situation" in the Palestinian territories, a first stage susceptible to result in accusations for war crimes. The delicate issue of colonisation, maintained by Israel despite condemnations by the international community should be at the heart of the matter. But the battle has not been won yet and the road is long and arduous for Palestine which had a setback at the end of December when its motion for a resolution on a peace agreement by the UN Security Council was rejected. Paradoxically, although 135 countries now recognize Palestine as an independent state, many are still unsympathetic to its new aspirations, with Israel and the United States in the lead.
ISRAEL AND THE UNITED STATES, UNANIMOUS IN THEIR DISAGREEMENT In line with his conduct and character, Benyamin Netanyahou was quick to react following Palestine’s request. On the 1st January, the Israeli Prime Minister called on the ICC to reject “the hypocritical request made by the Palestinian authority, which is not a state, but an entity linked to a terrorist organisation, Hamas, perpetrator of war crimes”. A terrible blow came 48 hours later in the form of a sanction when Israel froze the 106 million in collected taxes which were initially owed to the Palestinian authority. Although Washington criticised this decision which “exacerbated tensions”, it was careful to avoid contradicting its ally on the issue of the ICC, and denounced a decision which “made the atmosphere even more difficult” and “has done nothing for the Palestinian population’s aspirations” while peace negotiations have been at a stalemate for six months. Through the intermediary of its secretary, Ban Ki-moon, the impartial UN has decided otherwise. 71
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par Alexandre BLOT LUCA
ILS MULTIPLIENT LES ATTAQUES À TRAVERS LEUR PAYS ET CHEZ LEURS VOISINS. DE PLUS EN PLUS PUISSANTS, LES GROUPES BOKO HARAM ET AL-SHEBAB PROFITENT DES FAIBLESSES ET DE L’IMPUISSANCE DES GOUVERNEMENTS CONCERNÉS POUR SEMER LA TERREUR.
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ui arrêtera les terroristes de Boko Haram et d’Al-Shebab ? Montés en puissance dans les années 2000, les deux groupes islamistes n’ont cessé de s’émanciper et d’étendre leur influence au-delà des zones qu’ils contrôlent. Un terrorisme sans frontière auquel les gouvernements concernés ont bien du mal à apporter une réponse. À commencer par le Nigeria et son président Goodluck Jonathan, incapable d’endiguer l’avancée de Boko Haram dans le nordest du pays. De plus en plus puissant, le groupe multiplie les attaques et les enlèvements. Le 3 janvier dernier, il s’est emparé de la base militaire ô combien stratégique de Baga, dans l’État de Borno. Quatre jours plus tard, il brûlait entièrement 16 villes et villages des rives du lac Tchad, faisant près de 2000 victimes d’après Amnesty International. En plus de ses succès sur le territoire nigérian, Boko Haram est
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parvenu à s’implanter dans les pays voisins que sont le Niger et le Cameroun. Quant aux Shebab, s’ils sont acculés au sud de la Somalie après avoir contrôlé une majorité du pays, ils n’ont pas baissé les armes. Leur pouvoir de nuisance s’étend jusqu’à Nairobi, capitale du Kenya, où ils ont notamment mené un attentat sanglant dans un centre commercial en septembre 2013. Des attaques auxquelles le gouvernement de Kenyatta a bien tenté de réagir en menant des raids et en fermant des mosquées dites radicales. Mais malgré leur bonne volonté apparente, les États concernés semblent pourtant incapables d’organiser une riposte efficace et organisée. Une impuissance révélatrice d’un problème global qui touche les sociétés civiles africaines.
UN PROBLÈME RÉGIONAL
DES TERRORISTES FONDUS DANS LA POPULATION Traditionnellement handicapés par un manque de moyens, les pays africains ne sont pas exempts de tout reproche. Comme le souligne Abdelkader Abderrahmane, analyste et consultant géopolitique, spécialiste des questions de sécurité en Afrique, « la lutte contre ces groupes terroristes n’est pas qu’une affaire de ressources militaires. Si les terroristes sont si bien implantés auprès de la population, c’est qu’ils aident des populations délaissées par leur propre gouvernement en s’attirant leur sympathie par le biais de la construction d’écoles ou encore d’hôpitaux ». La fermeture de lieux de cultes réputés pour leur radicalisme, qu’il faudrait « plutôt contrôler et nettoyer de l’intérieur », ne fait que déplacer le problème. La corruption, présente dans bon nombre de pays africains et leurs institutions, joue également un rôle prépondérant dans la longévité des insurgés. « Il faut se poser la question de la corruption des militaires, des policiers, des juges qui, pour quelques centaines de dollars, pourraient faire libérer des terroristes ou des suspects », souligne ainsi l’ancien chercheur de l’Institute for security studies d’Addis-Abeba.
Particulièrement ciblé pour sa lenteur à réagir, le président nigérian Goodluck Jonathan, en pleine campagne pour sa réélection, met-il tous les moyens à sa disposition dans la lutte contre le groupe islamiste ? « Le nord du Nigeria a été délaissé pendant des années par le gouvernement central d’Abuja. Cet abandon n’est pas nouveau, décrypte Abdelkader Abderrahmane. Il y aussi un véritable manque de réactivité et de coopération entre les différentes parties. » Fustigeant les critiques à son égard, l’armée nigériane fait front. Elle a appelé samedi 10 janvier à une mobilisation internationale par la voix du porte-parole du ministère de la Défense, Chris Olukolade : « Boko Haram représente le mal que nous devons éliminer tous ensemble, plutôt que de critiquer les personnes qui essayent de les contrer ». Pour Abdelkader Abderrahmane, la question du terrorisme n’est d’ailleurs « plus seulement nationale. Les armées nigériane et kenyane ne peuvent vaincre seules ces groupes terroristes. Il faut une réponse régionale qui s’appuie sur l’Union africaine et les textes. Mais cette dernière n’a pas les moyens financiers pour combattre tout cela. » Pas de doute, Boko Haram et les Shebab somaliens ont encore de beaux jours devant eux.
Un fléau auquel viennent s’ajouter la porosité des frontières, la pauvreté et l’endoctrinement religieux. Le financement de ces groupes soulève également de nombreuses questions. « Même s’il n’y a pas de preuves tangibles, ces groupes là sont directement impliqués dans le trafic de drogue et la contrebande de pétrole, de cigarettes ou bien même de voitures, confie Abdelkader Abderrahmane. Ils aident les trafiquants à se déplacer et les protègent en échange d’une commission. Les rançons sont également un vrai problème en Afrique sur lequel il faudra se pencher. »
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Plongée dans le chaos, la Libye n’en finit pas d’inquiéter ses voisins. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a jugé « indispensable », vendredi 2 janvier, une intervention internationale dans le pays, en proie aux violences. « Une issue n’est pas possible sans intervention internationale en Libye », a-t-il déclaré à la presse, à l’issue d’un entretien avec le ministre de la défense français, JeanYves Le Drian, en tournée dans la région. Lors d’un forum sur la sécurité en décembre à Dakar, le Mali, le Tchad et le Sénégal avaient déjà demandé à la communauté internationale d’intervenir militairement pour mettre fin au chaos en Libye, où deux gouvernements luttent pour le contrôle du pouvoir.
Des tests cliniques de deux vaccins potentiels contre la fièvre hémorragique Ebola sont « sur le point de commencer » dans les zones contaminées d’Afrique de l’Ouest, a annoncé vendredi le docteur Marie Paule Kieny, directeur général adjoint de l’OMS. La responsable de la mobilisation contre Ebola auprès de l’Organisation mondiale de la santé a précisé aux journalistes que ces tests dits de « phase 3 » seront menés sur des personnes saines. Il faudra ensuite attendre de deux à quatre semaines pour avoir les données sur l’immunisation obtenue par ces vaccins, qui ont déjà été testés sur des volontaires dans divers pays « avec des résultats acceptables en matière de sécurité ». © Rabah Seghir
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Le verdict dans l’un des trois procès de l’ex-président islamiste Mohamed Morsi destitué par l’armée en 2013, pour lesquels il encourt la peine de mort, sera rendu le 21 avril, pour incitation au meurtre de manifestants, ont indiqué des sources judiciaires.M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Égypte un an et demi après la chute de Hosni Moubarak, avait été destitué et arrêté le 3 juillet 2013 par le chef de l’armée d’alors, le général Abdel Fattah al-Sissi, élu ensuite triomphalement en mai 2014 après avoir éliminé toute opposition de la scène politique. Et ce au prix d’une implacable et sanglante répression des partisans de M. Morsi, notamment sa confrérie des Frères musulmans.
L’assemblée nationale tchadienne a voté vendredi 16 janvier l’envoi de troupes pour aider le Cameroun à lutter contre le groupe terroriste Boko Haram. Le président tchadien Idriss Deby Itno a annoncé sa ferme intention de reprendre la ville de Baga, au Nigeria, prise par les islamistes le 7 janvier dernier. Depuis plusieurs mois, le Cameroun doit faire face aux attaques répétées de Boko Haram.
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Le président américain Barack Obama a félicité lundi Béji Caïd Essebsi pour son élection à la présidence de la Tunisie à l’issue d’une transition démocratique « historique » et l’a invité à la Maison-Blanche à une date restant à déterminer. Barack Obama a appelé Béji Caïd Essebsi et salué « l’esprit de compromis pacifique » dont ont fait preuve les Tunisiens au cours des quatre années écoulées depuis la révolution qui déclencha le « Printemps arabe ». Lors de cet échange, Barack Obama a souligné la volonté des États-Unis de « renforcer et étendre » le partenariat avec la Tunisie et précisé que son pays était prêt à aider le nouveau gouvernement dans ses efforts pour répondre aux attentes de « tous les Tunisiens », a indiqué l’exécutif américain.
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TURQUIE / ÉGYPTE DEUX RÉGIMES, UNE MÉTHODE ! par Hervé PUGI
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RECEP TAYYIP ERDOGAN ET ABDEL FATTAH AL-SISSI, L’ISLAMISTE ET LE MILITAIRE, L’ÉLU ET LE PARVENU. TOUT OPPOSE ASSURÉMENT CES DEUX HOMMES QUI, DE PART ET D’AUTRE DE LA MÉDITERRANÉE, SE DÉTESTENT… CORDIALEMENT. POURTANT, À Y REGARDER DE PLUS PRÈS, LE PRÉSIDENT DE LA TURQUIE ET CELUI DE L’ÉGYPTE, MALGRÉ DE RÉELLES DIFFÉRENCES, SE RESSEMBLENT ÉTRANGEMENT. QUOI DE PLUS NORMAL FINALEMENT QUAND ON SONGE QUE L’UN SE RÊVE PACHA ET QUE L’AUTRE S’IMAGINE VOLONTIERS PHARAON ? PETIT TOUR D’HORIZON DES TRAVERS AUTOCRATIQUES QUI PARCOURENT L’ACTION DE CES DEUX DIRIGEANTS BIEN PARTIS POUR… RESTER UN BON MOMENT AU POUVOIR.
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« Tyran », le « compliment » a été lâché par Recep Erdogan lors d’un meeting public tenu en juillet 2014 et il était adressé à un certain al-Sissi, fraîchement et démocratiquement élu à la tête de l’Égypte après un coup d’État, à peine déguisé, qui n’avait pour sa part rien de franchement constitutionnel. Depuis lors, entre accusations et démentis brûlants, les relations entre les deux pays sont devenues glaciales. Erdogan refuserait ainsi systématiquement de s’asseoir à la même table qu’al-Sissi qui, luimême, éviterait scrupuleusement de survoler l’espace aérien turc lors de ces déplacements officiels. Pourtant, de fraternité, il en a été un temps question entre l’Égypte et la Turquie. Et quoi de plus logique finalement entre Frères musulmans ? Les victoires successives aux élections législatives de 2011 du Parti pour la liberté et la justice (PLJ) puis de Mohamed Morsi à la présidentielle de 2012 auront effectivement fait bien des heureux dans les rangs de l’AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi ou Parti pour la justice et le développement). Plus encore si on ajoute à ce tableau le succès des « frangins » d’Ennahda en Tunisie, majoritaires à l’Assemblée constituante élue le 23 octobre 2011. Érigé au rang de référence de l’islam politique dans le monde arabe, l’AK Parti acquiert sur le plan international une légitimité qui dépasse enfin les seules frontières nationales. Mais plus encore une sphère d’influence prépondérante alors que la Turquie, longtemps isolée, patiente (et s’impatiente) à la porte de l’Union européenne depuis octobre 2005.
L’EUPHORIE AURA TOUTEFOIS ÉTÉ DE COURTE DURÉE...
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« L’administration en Égypte n’est pas légitime », ne cesse de tonner en boucle Erdogan depuis le 8 juin 2014, date de la prise de fonction d’Adbel Fattah al-Sissi. Il faut dire que ce dernier a réservé un traitement de choc aux anciens « amis » du désormais président turc. Plusieurs dizaines de milliers de « pro-Morsi » croupissent en prison, à commencer par le principal intéressé lui-même, et des centaines ont été condamnés à la peine capitale au cours de procès expéditifs. L’ancien maréchal marche dans les pas d’Hosni Moubarak, finalement blanchi par les mêmes tribunaux. Tout aussi préoccupant, l’ONG française Reporters sans frontières a signifié dans son rapport annuel, publié en décembre 2014, que 46 journalistes avaient été interpellés, principalement au motif d’une supposée « atteinte à l’unité nationale ». Ce que l’on peut (et doit) traduire par une trop grande proximité avec l’éphémère régime du PLJ ou encore par une distance trop marquée avec l’actuel pouvoir en place. Même sort pour certains non-alignés (journalistes ou pas). Voilà qui fait tache dans un pays gouverné par un homme qui avait rédigé un mémoire intitulé La Démocratie au Moyen-Orient lors de son passage en 2006 à l’United States Army War College… Alors, Recep Erdogan aurait-il finalement raison ? al-Sissi ne serait-il qu’un tyran dont seul le vernis serait démocratique ? Vaste débat initié par celui qui peut se prévaloir, accordons-lui cela, de transformer chaque élection en plébiscite. En Turquie, on se présente aux élections. Erdogan les gagne ! Trois scrutins législatifs remportés haut la main, sans que l’on puisse parler d’hold-up, et une présidentielle, le 10 août 2014, aux allures de démonstration de force : 52 % des voix dès le premier tour. Les urnes ne font pas peur au maître d’Ankara, elles n’ont jamais fait que renforcer son pouvoir.
Un grand démocrate que ce Erdogan ? À sa manière. Ivresse du pouvoir où penchants naturels, malgré les succès électoraux, l’ancien maire d’Istanbul ne plaisante plus avec une minorité de contestataires au point de s’attirer les foudres d’Amnesty International qui dénonce un véritable « harcèlement judiciaire et policier ». Violences policières, violation de la liberté de rassemblement, fermeture des réseaux sociaux, tout est bon pour faire taire ceux que le président turc refuse d’entendre. Le même genre de surdité qui sévit en Égypte… Et les journalistes ne sont pas épargnés. Le 14 décembre 2014, le rédacteur en chef du journal Zaman, Ekrem Dumanli, ainsi qu’une dizaine de journalistes sont interpellés par la police. Leur crime ? Soutenir le prédicateur islamiste Fethullag Gülen, ancien allié de Recep Erdogan devenu son principal opposant. Une confrérie qu’Erdogan a qualifiée de « pion des forces du mal » et qu’il a promis de « poursuivre » et « détruire ». al-Sissi n’aurait pas dit mieux à propos des Frères musulmans. Un simple épisode de plus dans le sinistre feuilleton entamé voilà plus d’un an après la révélation, par les partisans de Fethullag Gülen, d’un vaste scandale de corruption qui a conduit à l’arrestation d’une dizaine d’hommes d’affaires et d’hommes politiques, dont les fils de trois ministres du gouvernement Erdogan, alors Premier ministre. Une crise qui s’était soldée par un large remaniement mais surtout par le… limogeage de milliers de policiers et d’un certain nombre de juges estimés trop proches de l’opposition. Cela ne vous rappelle personne ? Aux critiques de l’Union européenne, le président turc n’a lui pas fait mystère du fond de sa pensée par un mémorable « on s’en fiche » avant d’appeler Bruxelles « à garder ses idées pour elle » et à « se mêler de ses propres affaires ». Voilà qui a le mérite d’être clair. Adbel Fattah al-Sissi, lui, n’a pas à tant vociférer. Son silence est proportionnel au mutisme de la communauté internationale quant à ses agissements. « On s’en fiche », c’est assurément le sentiment partagé par les autorités du Caire et d’Ankara pour qui quelques grands principes ne sauraient résister à leur toute-puissance. Mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi avec les pachas et les p h a raons ?
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UN RENDEZ-VOUS AVEC L’HISTOIRE par Alexandre BLOT LUCA
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MALMENÉ ET CRITIQUÉ PAR SES PAIRS, BARACK OBAMA N’A JAMAIS PARU AUSSI AFFAIBLI QU’APRÈS LA DÉFAITE DU CAMP DÉMOCRATE AUX MIDTERMS DE NOVEMBRE DERNIER. UNE CLAQUE QUI A POURTANT REMIS EN SELLE LE PRÉSIDENT AMÉRICAIN, BIEN DÉCIDÉ À LAISSER UNE TRACE INDÉLÉBILE À DEUX ANS DE LA FIN DE SON MANDAT.
Son élection a marqué l’Histoire. Ses actes un peu moins. À deux ans de la fin de son mandat, Barack Obama a décidé d’y remédier. Critiqué pour son manque d’audace, le président a dû faire face à la perte du Sénat, désormais aux mains des Républicains, lors des élections législatives de novembre dernier. Un revers attendu, mais qui a eu le mérite de piquer au vif l’ancien élu de l’Illinois. Depuis cette défaite, Barack Obama a amorcé un virage en multipliant les annonces, dont la plus marquante pourrait mettre fin à cinquante-deux ans d’embargo de Washington : le réchauffement des relations avec Cuba. Après les législatives, le président avait laissé filtrer ses intentions en déclarant que « la bonne nouvelle, en dépit du fait que le résultat des élections n’a pas été exactement celui que j’espérais, c’est qu’il y a encore de nombreux sujets sur lesquels il est possible d’avancer. » Sa réactivité n’a pas manqué de surprendre ses adversaires, à l’instar de Mitch McConnell, nouveau chef de la majorité au Sénat : « J’ai été déconcerté de voir sa réaction : un coup de barre spectaculaire à gauche en forme de défi ».
TROIS ANNONCES D’ENVERGURE Cette nouvelle donne a réellement pris forme le 12 novembre dernier. Depuis l’Asie où il est en tournée pour y rencontrer le président chinois Xi-Jinping, Barack Obama confirme qu’un accord sino-américain historique sur le climat a été signé. Il stipule que les États-Unis s’engagent à réduire de 26 à 28 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 par rapport à 2005. Un grand pas pour le deuxième pays le plus pollueur au monde. Trois jours plus tard, à l’occasion de l’ouverture du G20 à Brisbane, le président américain indique que son gouvernement versera une contribution de trois milliards de dollars au fonds international destiné à aider les pays pauvres à faire face aux effets du changement climatique en cours, soit le double de la somme que les autres pays avaient promis. Le 20 novembre, le président récidive mais sur le plan national. Il annonce un vaste plan pour l’immigration, promettant notamment la régularisation temporaire de près de onze millions d’immigrés entrés clandestinement sur le territoire américain depuis plus de cinq ans en fonction de différents critères. À la mi-décembre, le président décide à nouveau de frapper fort et réalise sans doute l’un de ses plus gros coups politiques. Lors d’une allocution télévisée à la Maison Blanche, il indique que son pays va entamer des négociations avec Cuba visant à rétablir des relations diplomatiques, interrompues depuis 1961, préalables à l’ouverture d’une ambassade américaine sur l’île. Une évolution historique favorisée par la libération d’Alan Gross, condamné à 15 ans de prison pour espionnage par le régime de la Havane.
OBJECTIF : PRÉPARER 2017 Avec ces trois décisions majeures en à peine deux mois, Barack Obama a peut-être fait plus qu’il n’en avait fait en six ans, mis à part sa réforme sur le système de santé ou l’amélioration des relations avec l’Iran sur le sujet sensible du nucléaire. Il a surtout décidé d’appliquer deux points fondamentaux de son programme de 2008, lorsqu’il n’était encore qu’un candidat à la Maison Blanche. En annonçant sa réforme tant attendue sur l’immigration, l’ancien avocat en droit constitutionnel a sans doute marqué des points vis-à-vis de la communauté hispanique, dont le poids électoral va croissant, en vue des futures échéances. Pris de court dans plusieurs dossiers ces derniers mois, particulièrement dans la stratégie à adopter face à Daesh, Barack Obama sait qu’il lui faut préparer 2017 et l’avenir du parti démocrate. Désormais applaudi par son propre camp et ses partisans, dont une partie doutait de son pouvoir décisionnel, il apparaît résolument tourné vers sa succession, à l’heure où la présidentielle s’annonce âprement disputée, et semble dominé par la volonté de s’inscrire dans l’Histoire. En jouant la carte du devoir accompli, Barack Obama sait qu’il facilitera la tâche du futur candidat démocrate, dans la course à la Maison Blanche et s’assurera une certaine continuité. Il pourrait aussi s’éviter un détricotage annoncé de ses réformes si d’aventure un candidat républicain accédait à la Maison Blanche.
DES RÉPUBLICAINS REMONTÉS Mais le président américain a-t-il vraiment les moyens de mener à bien ses réformes ? S’il peut se passer de l’aval du Congrès, en majorité républicain, sur certains sujets, le président américain devra faire preuve de persévérance pour imposer ses réformes. Sa décision concernant le réchauffement climatique a d’ailleurs été très mal accueillie par le camp républicain, John Boehner en tête. Le leader de la chambre des représentants a ainsi déploré la « croisade » de Barack Obama qui mettrait en péril les intérêts industriels des États-Unis. Un sentiment conforté par la probable nomination d’un climatosceptique, James Inhofe, élu de l’Oklahoma, à la tête de la commission sénatoriale chargée de l’environnement. De plus, le contrôle du budget par les Républicains pourrait permettre à ces derniers de saper certains programmes écologiques mis en place sur le territoire américain et même à l’étranger. Et comme l’a expliqué Julian Zelizer, professeur d’histoire politique à l’université de Princeton (New Jersey), dans des propos rapportés par l’AFP, les Républicains « vont se montrer de plus en plus menaçants, que ce soit sur les nominations (qui doivent être confirmées par le Sénat), les dépenses ou autre chose ». De quoi renforcer encore un peu plus la détermination de celui qui, en 2004, était encore inconnu d’une majorité des Américains. 79
BRÈVES
« Prenez l’indicateur que vous voulez, le renouveau de l’Amérique est réel », lançait Barack Obama fin décembre 2014 à propos de la croissance économique aux États-Unis. Même si le tableau général est effectivement encourageant, avec notamment une augmentation du PIB de 5 % en rythme annuel au troisième trimestre et un taux de chômage tombé à 5,8 % en novembre, la Réserve fédérale (Fed), elle, reste prudente, selon les minutes de son Comité de politique monétaire (FOMC) du 17 décembre, publiées mercredi 7 janvier. Les membres du FOMC ont notamment pointé les risques qu’une détérioration de la conjoncture économique à l’étranger fait peser sur la croissance américaine.
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La Commission européenne a proposé de débloquer 1,8 milliard d’euros d’aide supplémentaire pour l’Ukraine, a annoncé, jeudi 8 janvier, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker. L’annonce a été faite à Riga (Lettonie), lors d’une conférence de presse. Cette proposition de nouvelle aide sous forme de prêts doit encore être approuvée par les États membres de l’UE et par le Parlement européen. La Commission a souligné que ce nouvel effort financier européen était destiné à « assister » l'Ukraine sur les plans économiques et financiers face aux graves défis auxquels le pays est confronté.
Plus de trois millions de Syriens avaient fui leur pays pour échapper à la guerre civile à la mi-2014, devenant la deuxième population de réfugiés dans le monde devant les Afghans et derrière les Palestiniens, selon un communiqué des Nations unies. Au total, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) est venu en aide à 13 millions de personnes l’an dernier, ce qui représente le chiffre le plus élevé depuis 1996.
La Corée du Nord menace les ÉtatsUnis d’une « avalanche de balles et d’obus sur son territoire » si Washington ne retire pas ses sanctions, a rapporté début janvier l’agence de presse publique nord-coréenne KCNA. Le président Barack Obama a publié un décret, vendredi 2 janvier, visant à empêcher l’accès du régime de Pyongyang au système financier américain dans la foulée de la cyberattaque dont ont été victimes les studios Sony Pictures Entertainment et dont Washington attribue la responsabilité à Pyongyang.
Le 24e sommet de l’Union africaine se réunira du 23 au 31 janvier à Addis-Abeba sur les deux thèmes suivants : Année de l’autonomisation des femmes et Développement de l’Afrique pour la concrétisation de l’Agenda 2063. La 24e session ordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement prévue les 30 et 31 janvier, sera précédée, les 23 et 24 janvier, de la 29e session ordinaire du comité des représentants permanents et les 26 et 27 janvier de la 26e session ordinaire du comité exécutif.
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INTERVIEW
par Arnaud LONGATTE
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Kader Merbouh a créé un master « finance islamique » à l’université de Paris-Dauphine où il enseigne.
QU’EST-CE QUE LA FINANCE ISLAMIQUE ? EN QUOI SE DIFFÉRENCIE-T-ELLE DE LA FINANCE « CONVENTIONNELLE » ? 54 ÉTATS A RENCONTRÉ KADER MERBOUH, PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE PARIS-DAUPHINE, QUI A CRÉÉ UN MASTER « FINANCE ISLAMIQUE ». IL NOUS ÉCLAIRE SUR CE SUJET ENCORE MÉCONNU MAIS QUI PREND DE L’AMPLEUR DANS LE PETIT MONDE DE LA FINANCE. PREMIÈRE LEÇON.
54 ÉTATS : Comment est née la finance islamique ? Kader Merbouh (K. M.) : Elle est née d’une réflexion de la conférence islamique à la fin des années 60, laquelle a cherché à élaborer un système financier qui repose sur des principes éthiques. Il s’est ensuivi en 1974 la création de la Banque islamique de développement (BID), une entité multilatérale aidant les membres de l’OCI (Organisation de la coopération islamique) à mettre en place des opérations financières respectueuses du droit musulman. Puis, en 1975, la création d’une banque commerciale, la Dubaï islamic Bank. Avec le deuxième choc pétrolier, des pays comme l’Iran, le Soudan, la Malaisie ont totalement islamisé leur système financier. Historiquement : un fonds a été créé en Malaisie, un fonds pour le pèlerinage. Ensuite, c’est en Égypte qu’est vraiment née la finance islamique. L’Afrique regroupe près de 400 millions de musulmans, ce qui représente forcément un immense marché. En Europe, la finance islamique se développe, avant tout pour attirer des liquidités mais également pour satisfaire une diaspora et chercher de nouvelles opportunités de croissance sur le vieux continent. Et surtout cela peut permettre de créer une passerelle vers l’Afrique. 54 ÉTATS : Comment se définit-elle ? K. M. : Elle se définit comme une finance éthique, c’est-à-dire qui repose sur des principes moraux relevant de l’islam. En particulier, il est proscrit d’avoir recours à des taux d’intérêt ainsi qu’à la spéculation. Certains marchés considérés comme immoraux (tel que celui de l’alcool, des armes, des jeux de hasard, de la pornographie) sont également interdits et restent donc en dehors de la finance islamique. L’obligation de partager les pertes et profits constitue également une autre de ses caractéristiques : la banque et son client partagent les risques sur un investissement. Enfin, toute transaction financière doit être adossée sur des actifs tangibles (immobilier, matières premières, machinerie, etc.)
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54 ÉTATS : Peut-elle concurrencer la finance classique ? K. M. : La finance islamique représente un montant de 2 000 milliards de dollars, soit à peine le bilan d’une banque classique, soit 1 % de la finance classique. Celle-ci ne peut donc véritablement peser sur l’économie. Mais ce n’est pas son but. 54 ÉTATS : Y a-t-il toutefois un marché européen pour la finance islamique ? K. M. : Swisslife a proposé une assurance vie « islamique ». Il s’agit plutôt d’un fonds qui marche très bien et qui a permis d’introduire en France des produits islamiques. Ce fonds a obtenu un prix, ce qui a finalement renforcé la confiance à l’égard de cette compagnie contrairement à ce que certains avaient avancé à ce sujet. 54 ÉTATS : Faut-il être musulman pour bénéficier ou prendre part à la finance islamique ? K. M. : Soulignons tout d’abord qu’il s’agit d’un service bancaire à l’égard duquel les considérations d’ordre religieux n’entrent pas en ligne de compte. De même, il n’est nullement nécessaire de répondre à un quelconque critère d’éligibilité pour bénéficier de ce service. La finance islamique est une expression un peu « barbare » qui désigne, d’une part, un moyen de servir l’économie et, d’autre part, un mouvement qui s’oppose à une finance qui se dématérialise et qui se complexifie. La finance islamique mise sur la simplicité et revient au cœur de l’économie réelle en se voulant plus équitable et plus solidaire. 54 ÉTATS : Peut-on dire que la finance est amorale ? K. M. : La finance n’est pas amorale. Elle est ce qu’elle est et a contribué au développement de notre monde. La finance islamique s’appuie sur des principes qui permettent d’éviter des « bulles », de l’argent sur de l’argent, des spéculations qui ne créent pas de réelles valeurs. Or, à terme, les bulles éclatent et des crises apparaissent. La finance islamique impose, dans son fonctionnement même, une limite d’endettement. 54 ÉTATS : Verra-t-on des banques islamiques éclore en France ou dans d’autres pays européens ? K. M. : Oui, il y a cinq banques d’investissement en Angleterre, deux banques de détail, des banques privées en Suisse, des fonds au Luxembourg. Cependant, il n’est pas ici question d’une réelle alternative au système traditionnel, mais d’une offre complémentaire de produits. 54 ÉTATS : Et l’avenir de la finance islamique ? K. M. : Depuis 2004, nous avons vu un marché en expansion, en croissance permanente, alors même que le monde économique a traversé l’une des pires crises de son histoire. C’est donc un marché qui devrait continuer sa croissance, tant au niveau des fonds qu’au niveau des émissions, qu’on appelle les « sukuks ». La banque de détail fait petit à petit son chemin. Il y a 1,5 milliard de clients potentiels, dans le sens où il y a 1,5 milliard de musulmans qui sont de plus en plus soucieux de leur éthique. En particulier, pour l’Afrique, ce peut être phénoménal car la finance islamique en Afrique peut être un accélérateur de « bancarisation ». Car aujourd’hui beaucoup de gens ne se bancarisent pas pour des raisons religieuses. Cela peut permettre de voir les liquidités circuler en Afrique et éviter qu’on ait des circuits informels d’argent, ce qui est pour l’Afrique un véritable challenge.
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BUSINESS ECONOMIE
KHARTOUM LA FUTURISTE LA CAPITALE SOUDANAISE SE MÉTAMORPHOSE EN UNE MÉGALOPOLE ULTRA-MODERNE par Arnaud LONGATTE
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LE « GRAND KHARTOUM », QUI RÉUNIT LES TROIS VILLES DE KHARTOUM, OMDOURMAN ET BAHRI, EST LE NOUVEAU CENTRE NÉVRALGIQUE DU SOUDAN. CETTE AGGLOMÉRATION, QUI COMPTE ENVIRON 5 MILLIONS D’HABITANTS, EST EN PASSE DE DEVENIR UNE VILLE FUTURISTE, MODERNE, AUX DIMENSIONS PHARAONIQUES. ELLE A VU SON PAYSAGE URBAIN SE TRANSFORMER POUR EN FAIRE UN CENTRE INCONTOURNABLE DE L’AFRIQUE MODERNE. UNE ASCENSION FULGURANTE CEPENDANT ENCORE CIRCONSCRITE À UN ESPACE RESTREINT.
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Dans la décennie 2000-2010, des tours au profil architectural résolument « moderne » sont apparues à Khartoum. La tour al Fatih, qui abrite un hôtel de luxe, construite par les Libyens sur le Nil Bleu, est l’illustration la plus parlante de cette référence aux modèles urbains et architecturaux des pays du Golfe. La tour, inaugurée en 2007, fait indéniablement penser à la Burj al Arab de Dubaï. Elle est devenue en quelques années un puissant symbole de la transformation de la capitale et de sa modernité. Le centre-ville – souk el Arabi – a été particulièrement visé par les travaux de requalification urbaine de la décennie « pétrolière ». La gare routière centrale de Khartoum autrefois située au pied de la grande mosquée a été délocalisée plus au sud sur les terrains de friches de la compagnie du chemin de fer, emmenant avec elle la majeure partie de la vie locale. Derrière la grande mosquée trône aujourd’hui le dernier né des centres commerciaux de luxe de la capitale. L’immeuble accueille sur trois niveaux les badauds. Cependant, les prix pratiqués, inabordables pour l’immense majorité des citadins, limitent la fréquentation du centre.
La rue de la République (Sharia Jamoriya), artère majeure du centre-ville, appartient à l’ancienne ville coloniale. Actuellement, les rares vestiges de cette période disparaissent sous les chantiers de construction d’immeubles d’une dizaine d’étages. L’accélération des constructions dans le domaine des infrastructures de transport permet de rendre compte du dynamisme qui s’est emparé de la ville ces dernières années : quatre nouveaux ponts sur la confluence sont réalisés entre 2005 et 2009, la route de l’aéroport est passée en moins de cinq ans d’une deux-voies jonchée de nids de poules à une deux fois quatre-voies flambant neuve, et des centaines de kilomètres de voies ont été asphaltés et gagnent aujourd’hui les périphéries les plus lointaines de la capitale. Les routes goudronnées ne sont pas les seuls réseaux à atteindre aujourd’hui les périphéries urbaines de la capitale soudanaise. Les réseaux d’eau et d’électricité ont également largement progressé durant la dernière décennie, y compris dans certains quartiers précaires, voire stigmatisés, comme les anciens camps de déplacés.
LE PROJET DE CENTRE D’AFFAIRES, LE CENTRAL BUSINESS DISTRICT : MODERNITÉ ET VERTICALITÉ Un plan pharaonique de modernisation a vu le jour et est en phase de réalisation à Khartoum, le central business district, un centre d’affaires ultra-moderne, dans le quartier dit de Mogran, à la confluence des Nil Bleu et Blanc. Les progrès techniques et les apports financiers décuplés depuis les années 2000 ont permis la construction d’une première digue entre les deux ponts vers Omdurman, qui viabilise les berges. Elle a donné naissance à ce que l’on appelle désormais la « Plage d’Or », futur réceptacle d’un complexe hôtelier. Celui-ci occupe la pointe de Mogran entre les deux ponts qui relient Khartoum à Omdurman. Viendra ensuite, au sud de ce centre et du pont chinois vers Omdurman, une aire récréative et touristique : un complexe hôtelier et une vaste zone comprenant un golf et un morceau de la forêt classée de Sunut. Enfin, plus au sud, une aire résidentielle devrait se dessiner. Ce projet prévoit l’accueil de quelque 1200 bureaux, mais aussi d’hôtels, où viendront travailler 50 000 employés au total. D’autre part l’ampleur de la surface utilisée (du centre d’affaires et du projet global) et la verticalité des bâtiments en construction font cruellement contraste avec les modes d’urbanisation que Khartoum a connus avant les années 2000, ainsi qu’avec la tradition agricole et maraichère des berges du Nil. Certaines tours ont vu le jour, mais la totalité du complexe est encore loin d’être achevée. En effet, depuis la sécession d’avec le Soudan du Sud, la manne pétrolière a été très fortement diminuée et les investissements étrangers se sont rapidement taris. Beaucoup de chantiers sont actuellement à l’arrêt et la ville en devenir semble se faire encore attendre.
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Bien que le coût estimé du projet, quatre à cinq milliards de dollars, soit pris en charge par la société immobilière soudanaise Al Sunut ― partenariat public-privé qui comprend la société soudanaise Dal, le Fond national d’Assurance sociale et l’État de Khartoum ― la participation de sociétés asiatiques et du monde arabe est significative. Elle reflète une tendance nouvelle et massive au Soudan ces dernières années, l’ouverture du marché foncier aux capitaux étrangers. Avec le boycott des pays occidentaux, le terrain est laissé vierge et libre de concurrence aux partenaires asiatiques et notamment chinois et malaisiens. Ils sont d’ailleurs largement impliqués dans les chantiers de voirie. Le nouveau pont vers Omdurman est un pont construit par une société chinoise. Celui qui a ouvert en mars 2009, vers l’île de Tuti, a regroupé plusieurs compagnies, allemandes, anglaises, et surtout chinoises. Avant 2000, l’économie soudanaise était trop faible pour investir dans l’immobilier de grande ampleur. © Flickr
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UNE VILLE À DEUX VITESSES ? La question de l’intégration de cet espace au reste de la ville et de ses liens, au moins avec le bouillonnant centre-ville, se pose toutefois. La création d’un espace clos, centré sur lui-même, accueillant une population de privilégiés, et probablement en grande partie étrangère, est à craindre. Aujourd’hui, les lotissements fermés de luxe côtoient presque sans transition des quartiers plus précaires de la capitale. Le fossé qui oppose la ville bâtie à destination des populations les plus aisées et la ville des couches plus défavorisées de la population se creuse sensiblement. Si dans le cas de Mogran, l’aire touristique et résidentielle n’a pas encore dépassé le stade de projet, d’autres quartiers de Khartoum, Amarat, Ryad, Khartoum 2, sont déjà touchés par une spéculation foncière exponentielle, largement due à la présence d’étrangers.
Une nouvelle vitrine de la ville se dessine, à travers laquelle les regards du monde extérieur pourront voir une métropole émergente. Une métropole qui se dote des outils nécessaires à son intégration dans la concurrence internationale selon des standards très occidentalisés : un centre d’affaires pouvant se comparer avec ceux des grandes villes modernes du monde. Khartoum veut ainsi devenir une métropole internationale, donner l’aspect d’une ville ultra-moderne dont l’Afrique est en train de se doter et qui sera l’un des visages de l’Afrique de demain. À l’image de l’Afrique, le Soudan – et sa vitrine Khartoum – aura la tâche bien ardue de trouver l’équilibre dans le monde moderne qu’il est en train de créer en son sein, tout en conservant son identité africaine, sa diversité, ses traditions et en créant les conditions d’une vie qui se partage, une vie sociale fondée sur un modèle qu’il a la charge de définir et d’imaginer lui-même.
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par Gaëlle NGAKO
JEUNE, TALENTUEUX ET, SURTOUT, DRÔLE ! CE BOUTE-ENTRAIN D’ORIGINE SÉNÉGALAISE N’EN EST PLUS À SON PREMIER COUP D’ESSAI. IL REVIENT SUR LES PLANCHES DU THÉÂTRE DU PALAIS DES GLACES POUR SON TOUT NOUVEAU ONE-MAN SHOW AVEC UN GRAND A ! RENCONTRE AVEC L’HUMORISTE.
54 ÉTATS : Du Samba Show au théâtre du Palais des Glaces en passant par On ne demande qu’à en rire, le tout en seulement trois ans. Comment as-tu vécu cette ascension fulgurante ? Ahmed Sylla (A. S) : Sincèrement, j’ai pris les choses comme elles venaient. J’ai effectivement fait mes débuts au Samba Show, mais j’ai rapidement éprouvé l’envie de vivre d’autres expériences. Je me suis donc présenté au casting de On ne demande qu’à en rire. Tout s’est alors enchaîné très vite et j’ai écrit mon premier spectacle À mes délires. 54 ÉTATS : D’ailleurs, tu interprètes ce spectacle pour la première fois en décembre 2012. Comment s’est opérée la transition entre tes passages dans l’émission de Laurent Ruquier qui s’oriente plus vers du stand-up et ton spectacle qui nécessite une véritable mise en scène ? A. S : Dans On ne demande qu’à en rire, les passages étaient de courte durée, c’est ce qu’on appelle un « one shot ». Les sketchs étaient rédigés en à peine 3 ou 4 jours sur des thèmes précis. Au fur et à mesure de mes passages, l’envie du public de me voir jouer plus longuement sur scène s’est accrue. Mon frère et moi avons donc pris le taureau par les cornes et À mes délires est né. 54 ÉTATS : Le public a eu le plaisir de te voir dans la série policière Alice Nevers diffusée sur TF1 et au cinéma dans Goal of Dead, un film réalisé par Benjamin Rocher. Comptes-tu davantage mettre en avant cette nouvelle casquette d’acteur ? A. S : Bien sûr ! Mon objectif est d’être performant à la fois sur scène et au cinéma.
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54 ÉTATS : Dans quel rôle te verrais-tu le mieux ? A. S : Dans tous les rôles imaginables. Je n’aurais aucun mal à me glisser dans la peau d’un tilleul par exemple (rires). Plus sérieusement, je ne préfère pas me fixer de barrières. Même si j’aime beaucoup rire, je peux tout aussi bien interpréter un rôle plus sérieux, plus sombre. C’est la définition même du métier d’acteur. 54 ÉTATS : Tu reviens sur les planches avec ton deuxième one-man show AVEC UN GRAND A. Tu y retraces, toujours avec humour et dérision, ton parcours. Les membres de ta famille ont-ils vu ton spectacle ? Quelles ont été leurs réactions quand ils t’ont vu les imiter ? A. S : Mon père n’a pas encore vu le spectacle mais ma mère oui. Elle est à chaque fois décontenancée (rires), mais elle éprouve de la fierté et un grand bonheur à me voir m’épanouir sur scène. C’est d’ailleurs elle qui m’a donné la motivation de poursuivre dans cette voie. 54 ÉTATS : Pour ce dernier one-man show tu as changé de metteur en scène. Pourquoi ce changement ? A. S : Pour Avec un grand A, je souhaitais proposer des choses tranchant réellement avec mon premier spectacle. Le hasard m’a permis de rencontrer Caroline Duffau, l’actuelle metteure en scène. Le courant est parfaitement passé entre nous et nous avons décidé de collaborer. 54 ÉTATS : Fort de son succès, le spectacle est prolongé jusqu’au 25 avril 2015. Qu’as-tu prévu pour la suite ? A. S : J’ai effectivement mis en route d’autres projets mais je ne peux pas en dire davantage pour le moment. J’aime parler des choses lorsqu’elles se concrétisent. 54 ÉTATS : Et le mot de la fin ? A. S : J’invite tous les lecteurs de 54 ÉTATS, le magazine de l’Afrique, à venir voir mon spectacle. Il y a du pain, de la boisson et on s’amuse bien (rires) !
par Gaëlle NGAKO
SELMA Un long-métrage de deux heures qui retrace la lutte historique du Dr Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens. Une dangereuse et terrifiante campagne qui s’est achevée par une longue marche, depuis la ville de Selma jusqu’à celle de Montgomery, en Alabama, et qui a conduit le président Jonhson à signer la loi sur le droit de vote en 1965. Il est nominé au Golden Globes 2015 pour le meilleur film dramatique, ainsi qu’au Independent Spirit Awards 2015 pour le meilleur film. La B.O. est signée John Legend et Common. Le film sera en salles le 11 mars 2015
FAST&FURIOUS 7 La Fast & Furious family est de nouveau réunie pour un septième volet qui marquera les esprits. Ce film signera la dernière apparition du regretté Paul Walker, personnage emblématique de la saga. Pour ce volet, les producteurs ont fait appel à ces deux frères pour finaliser quelques scènes. Le film sera en salles dès le 1er avril 2015
DEAR WHITE PEOPLE Dear White People est une comédie satirique américain écrit et réalisé par Justin Simien, dévoilant les péripéties de quatre étudiants afro-américains des universités de l’Ivy League. Qui dit étudiant dit fêtes jusqu’à l’aube et dit débordements. Ces quatre étudiants noirs assistent à une soirée sur le thème «afro-américain» organisée par des Blancs, qui dégénère vite en émeute. Ce film a été présenté en compétition au festival du film de Sundance 2014 où il a remporté un prix spécial du jury américain. Il sera dans les salles françaises dès le 25 mars 2015.
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"DE SOWETO À HARLEM" par Gaëlle NGAKO
LA TROUPE DU CIRQUE PHÉNIX NOUS EMMÈNE LE TEMPS D’UN VOYAGE, AVEC LE NOUVEAU SPECTACLE CIRKAFRIKA 2 « DE SOWETO À HARLEM ». AVANT QU’IL NE DÉBUTE UNE TOURNÉE MONDIALE, 54 ÉTATS S’EST ENTRETENU AVEC LE DIRECTEUR ADJOINT DU CIRQUE PHÉNIX : DAVID RANSEAU-DICKENS. FOCUS 54 ÉTATS : Comment l’idée de fonder un cirque entièrement dédié à la mise en lumière de l’Afrique a-t-elle vu le jour ? David Ranseau-Dickens (David. R-D) : Mon métier me conduit à parcourir le monde et je mesure à chaque étape l’importance des notions de perception et de représentativité. Nous souhaitions avec Alain M Pacherie, Président Fondateur du Cirque Phénix et metteur en scène de CIRKAFRIKA, célébrer l’Afrique telle que nous la vivons au quotidien, dans nos familles respectives. Nous voulions une création qui permette à la fois l’identification positive pour les uns et le changement de perception, pour les autres. Sous la forme d’une fête flamboyante orchestrée par 50 artistes prodigieux, acrobates, musiciens, chanteurs, danseurs, nous convions le spectateur à savourer des exploits acrobatiques. CIRKAFRIKA emporte et touche toutes les communautés. En ce sens, il remplit le rôle d’ambassadeur que nous lui octroyons.
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LA CULTURE AFRICAINE EST UN LEVIER ÉCONOMIQUE À ENCOURAGER
54 ÉTATS : Au-delà de la mise en avant du patrimoine culturel de l’Afrique à travers les différents numéros, le Cirkafrika joue-t-il un rôle économique ou social pour le continent Africain ? David. R-D : Assurément, l’histoire personnelle de chacun des artistes de CIRKAFRIKA en est la plus ardente illustration. Cette aventure circassienne change leur destinée, ouvre leurs latitudes et actionne, pour eux, un ascenseur social incontestable. L’histoire du cirque Africain est en cours d’écriture. Ce cirque séduit et part à la conquête du monde. Il lui faut cependant se développer, cela passe par la création d’écoles. Celles qui existent sont le fruit d’initiatives personnelles, elles ont formé tous les prodiges que vous voyez sur scène chez nous, nul doute qu’un encadrement doublé d’une volonté politique, permettront leur essor sur l‘ensemble du continent. J’observe d’ailleurs que plusieurs organisations à l’instar du RAPEC vont dans ce sens. Dans le cadre de la Journée Mondiale de la Culture Africaine, elles promeuvent l’idée selon laquelle, la culture africaine est un levier économique qu’il faut encourager. 54 ÉTATS : Écrivez-vous les scripts des spectacles ? David. R-D : Alain M Pacherie est le créateur de CIRKAFRIKA, Il dirige la partie artistique. C’est l’initiateur et le metteur en scène du spectacle. Pour CIRKAFRIKA, j’ai la responsabilité de la perception. Cette tâche s’étend de la création des affiches des campagnes publicitaires jusqu’à, l’écriture de la trame. Il est « le savoir faire, je suis le faire-savoir »
54 ÉTATS : Au vu du succès de Cirkafrika 2 « de Soweto à Harlem », aurons-nous le plaisir de revoir toute la troupe pour une 3ème édition l’année prochaine ? David. R-D : Les spectacles sont créés près de deux ans à l’avance. Je serai à Shanghai dans quelques semaines pour finaliser notre prochaine création : « Le Petit Dragon » interprété par les Etoiles du Cirque de Pékin et les moines Shaolin au Cirque Phénix à la fin de l’année. En mars je serai a Cuba pour le spectacle que nous présenterons en novembre 2016 et c‘est en novembre 2017 que nous proposerons CIRKAFRIKA 3. Nous sommes en phase d’écriture. Je peux seulement vous révéler que comme le second Opus qui va de Soweto à Harlem, CIRKAFRIKA 3 vous embarquera pour un périple, cette fois des rives de Zanzibar jusqu’au massif de l’Atlas. 54 ÉTATS : Et le mot de la fin pour les lecteurs de 54 ETATS, le magazine de l’Afrique ? David. R-D : En premier lieu j’adresse tous mes vœux aux lecteurs de votre magazine et pour conclure, j’oserai un mot de la fin sous la forme d’un hommage à une personnalité illustre. Artiste essentiel, ambassadeur éternel. Depuis plus de 50 ans, il contribue au rayonnement de l’Afrique dans le monde. Cet homme illustre m’a dit il y a quelques semaines tout le bien qu’il pensait de CIRKAFRIKA 2, il a en plus voulu généreusement passer du temps avec nos artistes, a salué leur talent et leur a ainsi procuré une joie immense. Cet homme est Manu Dibango.
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par Cindy Le Lay
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VOUS RÊVEZ DE REMONTER LE TEMPS ? VOUS RÊVEZ DE DÉCOUVRIR UNE NATURE ATYPIQUE ? NE CHERCHEZ PLUS, LE SOUDAN EST VOTRE DESTINATION ! TIRANT SON NOM DE L’ARABE BALAD AS-SÛDAAN, QUI SIGNIFIE LITTÉRALEMENT « PAYS DES NOIRS », CETTE TERRE MULTICULTURELLE EST LIÉE À L’ÉGYPTE TANT GÉOGRAPHIQUEMENT QU’HISTORIQUEMENT. MERVEILLES ARCHÉOLOGIQUES, EAUX LIMPIDES MYSTÉRIEUSES, RÉSERVES NATURELLES, TRADITIONS DIVERSES… CE PAYS, MÉCONNU, VOUS INVITE À EXPLORER SON TERRITOIRE ET À DÉCOUVRIR LA RICHESSE DE SON PATRIMOINE HISTORIQUE ET CULTUREL. NE DÉCLINEZ PAS CETTE INVITATION AU VOYAGE !
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• SE PRÉCIPITER AU PARC NATIONAL DE DINDER (le plus connu) pour y observer ses nombreuses espèces animales : lions, girafes, léopards, antilopes, divers oiseaux exotiques…
Période idéale de départ des mois d’octobre à mars Décalage horaire + 1h que la France été comme hiver Monnaie : Livre soudanaise (SDG) Langue officielle : arabe Langues parlées : arabe – anglais
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• S’ÉPANOUIR AU BORD DU LAC MARRA DERIBA (lac de cra tère, d’un diamètre compris entre 5 et 8 km, situé au sommet du Djebel Marra).
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LES AMOUREUX DE LA NATURE POURRONT :
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LES AMATEURS DE TOURISME CULTURELS SERONT NÉCESSAIREMENT COMBLÉS Sites archéologiques (Méroé, Kerma…), la cathédrale Saint-Matthieu de Khartoum, la mosquée Al-Kabir, le musée national du Soudan, le musée ethnographique, le tombeau de Mahdi, le palais présidentiel…
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• ADMIRER LES FONDS MARINS Sha’ab rumi, le récif des merveilles vous subjuguera en déployant ses paysages de coraux exceptionnels. Les bancs de poissons y font des passages très fréquents. Il n’est pas rare non plus d’y apercevoir des requins. VOICI QUELQUES SUGGESTIONS. À VOUS DE POURSUIVRE L’ÉCRITURE DE VOTRE CARNET DE VOYAGE !
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par Gaëlle Ngako
LE « BERCEAU DE L’HUMANITÉ » SE RÉVÈLE ÊTRE UNE VÉRITABLE SOURCE D’INSPIRATION DANS LE MONDE DE LA HAUTE COUTURE. CE NE SONT PAS JEAN-PAUL GAUTIER OU STELLA MCCARTNEY QUI NOUS DIRONT LE CONTRAIRE. ILS SONT TOUS TOMBÉS SOUS LE CHARME DE CE TISSU COLORÉ, AUX MOTIFS ETHNIQUES INIMITABLES, CONNU SOUS LE NOM DE WAX. L’OEIL EXPERT DE 54 ÉTATS S’EST SOIGNEUSEMENT FAUFILÉ AUX « FRONT ROW » DES DÉFILÉS, POUR VOUS DÉNICHER LES MEILLEURS LOOKS. INSTANT MODE !
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esdames, sachez que le bon vieux tailleur classique sombre, que l’on porte pour aller au bureau n’est plus d’actualité. Rangez-le bien au fond de votre placard et optez plutôt pour le style « Olivia Pope made in Africa ». Osez l’élégance en couleurs !
THE WORKING WOMAN LOOK 1 : La couturière Stella Jean revisite le wax avec un ensemble composé d’une jupe crayon taille haute couleur moutarde. Longueur exigée, à hauteur du genou ! Cette jupe est agrémentée d’un haut dans les tons similaires, mais pour éviter l’effet uniforme, cassez la tenue avec une chemise aux couleurs opposées. Il ne vous reste plus qu’à enfiler votre trench coat avec vos plus beaux escarpins et vous voilà parées pour « Run the world ».
« RUN THE WORLD » LOOK 2 : La robe au col jabot refait son apparition, mais de manière beaucoup plus tendance. Pour ce look, elle sera toujours à hauteur du genou et se portera près du corps. De couleur miel avec des imprimés à fleurs, cette robe se marie parfaitement à un blaser kaki. Soulignez davantage votre taille en y ajoutant une ceinture que vous placerez par-dessus le blazer. Sans oublier de mouler vos pieds dans une de vos magnifiques paires d’escarpin. C’est la tenue idéale pour décrocher de gros contrats lors de vos rendez-vous importants.
LOOK 3 : Enfin, la robe au col Claudine. Un classique qui, réalisé en tissu wax, prend une tout autre allure. Bien évidemment, les traditionnels imprimés sont toujours présents et font d’ailleurs tout le charme de la robe. Celle-ci est taillée en 3/4 au niveau des manches, avec une bande blanche cousue en bordure en rappel au col. Pour rester sophistiqué et chic, on ne déroge pas à la règle, et on ne franchit pas le seuil du genou. Ornez la tenue finale d’une fine ceinture placée à la taille et le tour est joué. 94
SUMMER TIME Le wax débarque sur les plages ! Il faut savoir que ce tissu n’a pas de saison, il se porte aussi bien en hiver qu’en été. Découpez simplement un morceau de tissu et faites-en ce que vous voulez. Alors, que dites-vous d’un maillot de bain ? Bikini, maillot une pièce ou maillot deux pièces vintage façon pin-up des années 50, tout les goûts sont permis. Une chose est sûre, le « made in Africa » fera un carton plein sous le soleil.
GENTLEMAN Messieurs, vous n’échapperez pas à la tendance. Mettez un peu de piment dans votre garde-robe, et osez le « suit & tie » hors du commun. Certains le porterons avec le bas coloré et une veste couleur unie, d’autres pencheront plutôt pour, au contraire, la veste colorée et un pantalon noir. Mais les plus excentriques choisiront d’arborer le total look imprimé zébré ou à carreaux de la tête au pieds et ce, sans complexe. Avec un tel look, il est évident que vous ne passerez pas inaperçu.
« suit & tie »
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Les Mariés Avant de dire « oui », l’un des moments les plus emblématiques réside dans le choix du vêtement qui accompagnera la mariée jusqu’à l’autel, émouvra monsieur et suscitera les « waouh » admiratifs de l’assemblée. par Sarah Nedjar
MESDAMES La traditionnelle robe drapée La méthode a déjà fait ses preuves : les longs drapés immaculés aux inspirations antiques restent une valeur sûre. Elie Saab (photo 1) et Max Chaoul (photo 2) proposent différentes pièces en clin d’œil à la tradition du Moyen-Âge et de la Renaissance. Au programme : longue traîne et blanc virginal. Un style immémorial qui traverse les âges.
La princesse moderne Altesses Kate et Charlene obligent, les princesses ne sont pas cantonnées à la Renaissance ! Les créateurs s’affairent à actualiser leurs robes, pour une esthétique plus contemporaine. Si la base reste plus ou moins similaire, les visuels évoluent : les jupons raccourcissent, les mouvements se travaillent, et la couleur se permet plus de fantaisie que le simple blanc épuré.
L’originalité Si l’idée de vous vêtir de probité candide et de lin blanc vous ennuie d’avance, ne désespérez pas : nombre de couturiers ont entendu votre appel à la créativité. La robe avant tout est l’outil de votre sublimation. Une robe rock osée, une inspiration futuriste aux plaques métalliques, ou même une tenue couture inspiration boubou : tout est matière à exprimer son excentricité. SARAH NEDJAR
Après tout, n’êtes-vous pas la reine de la journée ? 96
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MESSIEURS
LA TENUE RÉUSSIE POUR LE JOUR J
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20 mars, le printemps arrive à grands pas ! Les fleurs éclosent, les abeilles butinent et les couples s’unissent pour le meilleur mais aussi pour le pire… vestimentairement parlant. À l’heure de se faire de grandes promesses, un seul objectif : être à la hauteur de sa bien-aimée ! Pour vous aider à préparer ce jour unique, 54 ÉTATS a préparé une sélection de huit tenues idéales… par Cindy Le Lay
Fini les clichés, le futur marié a autant de choix que sa promise ! Couleurs, matières ou motifs, les galants auront de quoi se satisfaire. Côté tendance, ô surprise, le costume sobre tient toujours la corde. Toutefois, pas question de broyer du noir (ou du gris), une touche de couleur est toujours la bienvenue. Un gilet et quelques accessoires assortis et le tour est joué ! Mais pour rester chic, un seul conseil, faites preuve de PAR-CI-MO-NIE ! Rien de pire que de ressembler à… un chapiteau de cirque ! Pas totalement convaincus par une telle audace ? Pas envie de tomber dans le bon vieux « costard-cravate » ? Bonne nouvelle : le smoking signe son grand retour !
« Smoking or not smoking ? »
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« Smoking or not smoking ? » Indémodable, intemporel, classe à souhait, c’est ni plus ni moins un incontournable. C’est en 1860 que le prince de Galles, futur Edouard VII, étrenne le premier smoking. On ne remerciera jamais assez les tailleurs de Henry Poole & Co pour cette belle inspiration. Classique noir & blanc ou remis au goût du jour, cette pièce d’exception reste indémodable. Alors, pourquoi s’en priver ?
LES DÉTAILS QUI FONT LA DIFFÉRENCE ! N’en doutez pas messieurs, les accessoires sont tout aussi importants que le choix de votre costume. Parole de femme ! Ils permettent d’égayer mais surtout de personnaliser votre tenue : gilet, pochette ou boutonnière mais aussi cravate ou nœud papillon, voilà tout ce qui fait le style ! Se rendre unique ? Quoi de plus normal au moment de passer la bague au doigt à celle qui n’a d’yeux que pour vous !
1. Smoking en laine mohair - Armani - 1180 € . 2. Smoking Slim Fit « T- Hewett/Globe1 » en doux coton - BOSS - 1055 €. 3. Smoking sur mesure à col pointe, en velours lisse bordeaux - Samson - 1353 €. 4. Smoking à col classique, nœud papillon et pochette coordonnés gris clair - Johann Paris 1350 €. 5. Redingote sable & anis - Johann Paris - 1095 €. 6. Costume 3 pièces blanc porté ici avec les boutons de manchettes métal et rose, cravate et pochette en satin duchesse rose - Johann Paris -1250 €. 97
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COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS par Alexandre BLOT LUCA
LA 30e COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS PREND OFFICIELLEMENT SES QUARTIERS EN GUINÉE ÉQUATORIALE DU 17 JANVIER AU 8 FÉVRIER. APRÈS SA COUPE DU MONDE HISTORIQUE, L’ALGÉRIE APPARAÎT COMME LE FAVORI POUR SUCCÉDER AU NIGÉRIA. Continuer sur la lancée du Brésil. Après une brillante Coupe du monde, l’Algérie s’attaque à la Coupe d’Afrique des nations, dont elle est la grande favorite. Les Fennecs, désormais entraînés par le Français Christian Gourcuff, auront cependant fort à faire puisqu’ils affronteront le Ghana, l’Afrique du Sud, et le Sénégal d’Alain Giresse dans le groupe C de la phase de poules. En pleine confiance après leur carton plein lors des éliminatoires (cinq victoires en autant de matchs), les Algériens espèrent bien devenir les rois d’Afrique, 25 ans après le seul et unique sacre de l’Algérie chez elle, à Alger. Ils restent sur un nul 1-1 contre la Tunisie le 11 janvier à Radès, alors qu’ils ont terminé à dix suite à l’expulsion de Cadamuro en fin de première période. Très attendus, Brahimi et consorts devront répondre aux attentes de leurs supporters. Mais en l’absence du tenant du titre, le Nigeria, qui ne s’est pas qualifié, les places sont ouvertes. Le Sénégal et la Tunisie, deux des principaux outsiders, espèrent bien tirer leur épingle du jeu.
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Championne en 2012 et éliminée dès le premier tour de la compétition en 2013, la Zambie affrontera les aigles de Carthage, la République démocratique du Congo et le Cap-Vert dans le B. Un groupe où elle devrait vraisemblablement sortir la tête de l’eau avec la Tunisie. La Guinée équatoriale, pays hôte de cette Coupe d’Afrique des nations, ne se fait quant à elle aucune illusion. Éliminée en phase de qualification, elle ne doit sa participation qu’à l’exclusion des Lions de l’Atlas, le Maroc ayant décidé de renoncer à l’organisation de la compétition en raison d’Ebola. Pays hôte, la Guinée équatoriale aura le privilège d’inaugurer cette 30ème édition le 17 janvier. Elle affrontera le Congo à Bata à 17 heures. Le soir même à 20 heures, les Étalons du Burkina Faso affronteront le Gabon d’un certain Pierre-Emerick Aubameyang, ancien joueur de Saint-Étienne et désormais joueur du Borussia Dortmund.
La Côte d’Ivoire, qui faisait figure de favorite lors des dernières éditions, apparaît aujourd’hui bien loin du niveau qui était le sien ces cinq dernières années. Sans son joueur emblématique Didier Drogba, l’équipe peut tout de même compter sur son meilleur joueur actuel, le Mancunien Yaya Touré, et son attaquant romain Gervinho. Les Éléphants ont écopé d’un groupe relevé avec le Cameroun, présent sans sa star Samuel Eto’o, le Mali et Guinée. S’ils ne partent pas forcément favoris et ont perdu de leur superbe, les Lions indomptables du Cameroun, avec quatre trophées, et les Aigles du Mali, troisième en 2012 et 2013, restent des références du continent et pourraient bien créer la surprise.
Obligée d’organiser dans la hâte la Coupe d’Afrique des nations, la Guinée Équatoriale a été dans le viseur de certains entraîneurs pour la qualité de ses pelouses, notamment à Mongomo et Ebebiyin, situées près de la frontière gabonaise. Pour y remédier, le pays a décidé de doter les deux stades des villes concernées d’une nouvelle pelouse. Importées d’Espagne, elles seront posées non seulement sur les stades retenus pour la compétition mais aussi sur les terrains d’entraînements. Pour rappel, Ebebiyin et Mongomo accueilleront respectivement le groupe B, où figure notamment la Tunisie, et le groupe C, où l’Algérie apparaît comme la grande favorite.
© CAF
DES PELOUSES VENUES D'ESPAGNE
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UN CONTINENT, 54 ÉTATS Plus d’1 milliard d’habitants très inégalement répartis sur 30 415 873 km2, soit 20 % des terres émergées ou 55 fois la France.
SOUTH SUDAN
REPÈRES PAYS PAR PAYS : POP : population (en millions d’habitants, 2012) IDH : classement des pays en fonction de l’indice de développement humain établi par le Programme des Nations unies pour le développement (2011) du 1e au 47e : très élevé – du 48e au 94e : élevé – du 95e au 141e : moyen – du 142e au 187e : faible PIB/HAB. : produit intérieur brut par habitant en parité de pouvoir d’achat (en dollars, 2012) SUP: superficie
100
AFRIQUE AUSTRALE
AFRIQUE DU SUD
ANGOLA
51,77 POP : 123 IDH : 7508 PIB/HAB : 1 221 037 SUP :
BOTSWANA
20,8 148 5700 1 246 700
LESOTHO
2 119 14040 581 730
MALAWI
2,2 160 1 193 30 355
MOZAMBIQUE
NAMIBIE
25,8 184 590 799 380
15,9 170 1051 118 484
SWAZILAND
2,3 128 5666 824 270
1,2 141 3831 17 364
ZAMBIE
ZIMBABWE
13,9 163 2006 752 612
12,9 173 776 390 757
AFRIQUE CENTRALE
BURUNDI
CAMEROUN
8,3 178 255 27 834
POP : IDH : PIB/HAB : SUP :
CENTRAFRIQUE
21,7 150 1268 475 442
CONGO
4,7 180 446 623 000
GABON
4,3 142 3 408 342 000
1,5 106 8 850 267 667
GUINÉE ÉQUATORIALE
1 114 136 15 500 28 051
RDC
RWANDA
70 186 272 2 345 409
11,4 167 730 26 338
SAO-TOMÉ ET-PRINCIPE
0,2 144 1402 1 001
TCHAD
12,2 184 1091 1 284 000
AFRIQUE DE L'EST
DJIBOUTI
POP : IDH : PIB/HAB : SUP :
ÉRYTHRÉE
0,9 165 2700 23 200
ÉTHIOPIE
6,2 181 498,7 117 600
KENYA
93,8 173 437,1 1 104 300
OUGANDA
44 145 950,9 580 367
SOMALIE
34,9 161 586 236 860
10,2 600 637 657
SOUDAN
34,8 2600 1 790 000
SOUDAN DU SUD
11,56 15 644 329
TANZANIE
48 152 588 947 300
AFRIQUE DE L'OUEST
BÉNIN
POP : IDH : PIB/HAB : SUP :
BURKINA FASO
NIGER
CAP-VERT
16,8 183 729 275 500
10,3 166 810 112 622
NIGERIA
POP : 16,6 IDH : 186 PIB/HAB : 374 SUP : 1 264 000
CÔTE D'IVOIRE
SÉNÉGAL
166 153 2688 923 773
GAMBIE
24,1 168 1175 322 463
0,5 132 3 908 4 033
SIERRA LEONE
13,7 154 1402 196 007
GHANA
1,8 168 1600 11 295
25,5 135 1 730 238 537
GUINÉE BISSAU
1,6 176 1149 36 125
GUINÉE
11,5 178 588 245 857
LIBERIA
4,1 174 485 111 370
MALI
14,8 182 1341 1 241 231
TOGO
6,3 177 729 71 740
6,4 159 670 56 785
MAGHREB ET MOYEN-ORIENT
ALGÉRIE
ÉGYPTE
POP : 38 IDH : 93 PIB/HAB : 7 180 SUP : 2 381 741
LIBYE
85,3 113 3 111 1 002 000
MAROC
6,1 64 9 800 1 759 500
MAURITANIE
33 130 1 126 446 550
3,72 155 1 126 1 030 700
TUNISIE
10,7 94 3090 162 155
OCÉAN INDIEN
COMORES
POP : IDH : PIB/HAB : SUP :
0,8 169 920 1 862
ÎLE MAURICE
1,3 80 8 120 1 865
MADAGASCAR
22,9 151 447,5 592 000
SEYCHELLES
88 46 13 000 455 101
LE MAGAZINE DE L’AFRIQUE
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