The Red Bulletin INNOVATOR CF 02/23

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Le Précurseur

énergétique Le pionnier du FMX Mat Rebeaud pousse la transition sur le terrain
meilleur IDÉES POUR UN AVENIR MEILLEUR INNOVATOR BY THE RED BULLETIN 02/2023 MAT REBEAUD
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Idées pour un avenir
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ÉDITORIAL

CONTRIBUTIONS

EMBRASSER LE BONHEUR

Benedict Redgrove a eu, en tant que photographe, un accès exclusif aux vaisseaux spatiaux et aux laboratoires de la NASA, l’agence spatiale américaine, pendant neuf ans. Nous montrons la « puissance spatiale » de ses photos, qui prouvent que la science-fiction peut aussi être très, très réelle. P. 48

La réticence à sortir de sa zone de confort est un phénomène largement partagé dans la population. S’accrocher à ce que l’on connaît déjà plutôt que d’oser embrasser la nouveauté et de (re)chercher un bonheur inconnu. Ce n’est pas le cas des invité·e·s de ce numéro. Au contraire : voici un panel de femmes et d’hommes dont les idées repoussent les limites du confort pour créer un monde un peu meilleur.

Silvia Jelincic a rencontré la bioscientifique Tara Shirvani pour notre entretien. « Nos discussions m’ont donné beaucoup d’espoir », déclare la journaliste et auteure viennoise. Elle a également changé ses habitudes de consommation : par exemple, elle n’achète plus que des vêtements fabriqués à partir de matériaux durables. P. 22

Tara Shirvani croit fermement que la biologie synthétique sauvera la planète ; elle explique comment à partir de la page 22. Mat Rebeaud, légende du motocross freestyle à qui nous consacrons la Une de ce numéro, accomplit quant à lui sa propre transition énergétique sur le terrain ( page 30). Et notre auteure Nicole Thurn part à la recherche de la condition préalable à toute innovation : la créativité ( page 74) !

La première étape est très simple : feuilleter, lire, s’étonner…

Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir et de confiance en l’avenir à la lecture de ce nouveau numéro de The Red Bulletin Innovator !

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INNOVATOR 3 DEAN TREML (COUVERTURE),
A
AGNE BEKERAITYTE, LUKAS BECK/EDITION

CONTENUS

LONGS FORMATS

Mat Rebeaud

PAGE 30

Révolution silencieuse

La légende suisse du motocross freestyle évolue désormais avec une moto électrique, et trace la route d’une nouvelle ère.

Avant-garde

PAGE 40

Sans frontières

Des champignons éboueurs, des toilettes sèches, un désert fertile ? Rien n’est impossible. Ce sont elles et eux qui le disent.

Dans les étoiles

PAGE 48

Benedict Redgrove

BULLEVARD

8 Tolérance zéro Polestar construit des voitures dans le respect des enjeux climatiques.

10 Santé !

Booster la prévention : la start-up suisse Care montre l’exemple.

12 Sur mesure

Du désert à l’Antarctique, Fabspace déploie ses hangars mobiles.

14 Matière à réflexion

Les règles, sujet tabou ? Pas pour le fabricant de sous-vêtements Ooia.

16 Auto-nomie

L’énergie solaire prend la pole position sur le circuit de F1 du Red Bull Ring.

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Modèle à suivre

La start-up Traceless développe des alternatives végétales au plastique.

20 Vue d’ensemble

La ceinture Waibro aide les personnes malvoyantes à faire du sport.

PERSPECTIVES

84 Expérience à 360 ° WATER, une exposition immersive, en ce moment au Red Bull Media World.

86 Prestige

Tudor et Alinghi Red Bull Racing visent un objectif commun : l’excellence.

90 Belles avancées

Dans le domaine de la recherche sur les lésions de la moelle épinière.

92 Save the date

Un agenda rempli d’événements grisants.

94 Rouge de plaisir

Recharger ses batteries sans lever le petit doigt.

96 Chronique

Le pouvoir des rêves, par Ali Mahlodji (et Schwarzy).

Le photographe anglais dévoile dans ce portfolio ses photos d’archives des développements de la NASA.

Société

PAGE 60

Marché de l’emploi

Expertise numérique et conception holographique 3D. Qu’y aura-t-il encore à faire et inventer à l’avenir ?

Entretien

PAGE 68

Tijen Onaran

se compare à Barbie. Mattel en a même créé une à son effigie. Voici comment cette femme de pouvoir redistribue les rôles.

Témoignage

PAGE 74

En quête de créativité

Qu’est-ce qui se cache derrière les idées et l’innovation ? La créativité. Où aller la chercher quand elle fait défaut ?

INNOVATOR
4 INNOVATOR ANDY PARSONS BRATISLAV MILENKOVIC

Sciences

PAGE 22

Remplacer le béton et le cuir, extrêmement nocifs pour la planète, par des alternatives viables, voilà le défi de la biologiste.

À ses dires, un vrai jeu d’enfant !

Tara Shirvani
INNOVATOR 5

DES AIIILES POUR L‘HIVER.

AU GOÛT DE POIRE-CANNELLE.

STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.

NOUVEAU

Bullevard

pour un monde meilleur

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INNOVATOR 7 GETTY IMAGES

« Une vision qui se rapproche de plus en plus de la réalité : appuyer à fond sur l’accélérateur – et ce, sans aucune empreinte carbone. »

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Zéro est le maximum

MOBILITÉ

Le projet Polestar 0 a un objectif : une voiture au bilan carbone neutre d’ici 2030. Il s’agit d’une façon de penser à la fois nouvelle et radicale.

La Bonded Aluminium Platform équipe la Polestar  5, dans l’usine de Polestar, au cœur des Midlands (Royaume-Uni).

Tous les lundis matin, les collaborateur·rice·s de Polestar se réunissent pour un brainstorming. La seule règle, c’est qu’il n’y en a pas. « Les titres son insignifiants », explique Arlena Amiri. Ici, ce sont les idées qui comptent. Si quelqu’un de l’administration a une idée intéressante, les chimistes, les mécanicien·ne·s et les designers vont tester sa faisabilité. En tant qu’équipe. Polestar ne met pas de barrière quant à l’origine des idées, qu’elles concernent la recherche fondamentale universitaire ou l’industrie de la mode. Tout partenaire est le bienvenu à condition qu’il ou elle contribue à l’objectif commun. « Beaucoup d’entreprises parlent d’esprits décideurs ou rêveurs. Mais il faut les deux pour que notre vision

devienne réalité », explique Arlena Amiri, directrice des opérations de Polestar 0. Une voiture sans empreinte carbone. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? « Cela signifie que tous les gaz à effet de serre, depuis l’extraction des matériaux jusqu’au moment où la voiture quitte la production et atteint finalement la fin de sa vie opérationnelle, sont complètement compensés. » C’est encore une chimère. Les possibilités techniques dont nous disposons aujourd’hui ne suffisent pas. « C’est pré-

cisément pour cette raison que nous avons lancé le projet Polestar 0, poursuit Amiri. Parce que nous savons qu’il faut une recherche interdisciplinaire et une réflexion radicale. » Quand on parle d’émissions 0, on pense le plus souvent au moteur, au système de propulsion. Amiri, elle, pense aux trente à cinquante mille pièces qui composent une voiture. Chacune d’entre elles doit pouvoir être fabriquée sans émissions, et être recyclable.

Dynamique de l’action

Mais cela nécessite une recherche fondamentale, une science des matériaux. Il ne s’agit pas seulement d’acier et d’aluminium. Il est aussi question de différents fluides qui font fonctionner la voi-

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8 INNOVATOR POLESTAR ANNA MAYUMI KERBER

Polestar Percept : voici le conceptcar, pour la prochaine voiture de série Polestar 5.

ture, de produits chimiques, de matériaux pour l’extérieur et l’intérieur. Comme référence, Arlena Amiri prend le tableau périodique des éléments. Les 118 éléments doivent pouvoir être fabriqués avec une empreinte 0. Son credo : « Sans planification dans le temps, on n’y arrivera pas. » C’est pourquoi elle aime travailler pour une entreprise qui ne se contente pas d’arborer ce concept. « Dans l’industrie, beaucoup espèrent que les problèmes seront résolus par quelqu’un d’autre. » Chez Polestar, on ne mise pas sur le principe de l’espoir, mais sur la dynamique de l’action.

Une belle conscience écologique

Pour Amiri, trois choses vont de pair : « Diversité, inclusion et innovation. » Sans inclusion, pas de diversité, et c’est la combinaison des deux qui crée l’espace pour l’innovation. Les petites idées donnent le coup d’envoi aux grandes. Et à la fin, il doit y avoir une voiture. Une qui ne soit pas seulement belle pour les yeux, mais aussi bénéfique pour l’environnement. polestar.com

BILAN CLIMATIQUE

Pour connaître le taux d’émission de CO² de votre véhicule, rendezvous sur la page : co2.myclimate.org

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INNOVATOR 9
Arlena Amiri, directrice des opérations de Polestar 0, a une règle : seules les idées comptent, pas les titres.

Care est une méthode préventive qui mesure notamment le taux de graisse corporelle.

En Europe, la plupart des maladies mortelles sont dues à des affections chroniques qui pourraient être évitées », déclare Ion Haab. C’est justement le but que s’est fixé le jeune homme de 32 ans en fondant la start-up Care, l’an dernier, en compagnie de deux entrepreneurs à succès, Ertan Wittwer et Marcel Kubli. Axé sur l’optimisation personnelle, ce groupe de santé mise tout sur la prévention. Premier pas : un bilan de santé complet, avec analyse sanguine à la clé. Au total, jusqu’à 45 biomarqueurs sont mesurés en combinaison avec d’autres valeurs (pourcentage

de graisse, électrocardiogramme et tension artérielle) pour dresser une image globale du corps et mettre en lumière les risques et points faibles potentiels. Les résultats sont disponibles via l’application Care et fournissent un plan d’action individuel pour les mesures préventives en matière de santé.

« Notre devise : measure, learn, act, explique Haab, autrement dit mesurer, apprendre et changer. On examine tout ce qu’il est possible d’améliorer. Une carence en acide folique implique la prise de comprimés appropriés, un manque d’activité sportive nécessite des programmes d’entraînements, et ainsi de suite. » Care aide à gérer les résultats

de manière ciblée et autonome : perfusions pour booster les valeurs sanguines, coaching pour mieux dormir et pour de meilleures habitudes sportives et alimentaires. Sans oublier un point essentiel selon Haab : la communauté, qui met l’accent sur les webinaires et les activités en groupe.

Care se définit comme un accompagnant qui permet à ses patient·e·s de contrôler leur santé grâce aux analyses et d’optimiser leur bien-être en continu. « Je ne comprends pas que l’on finisse par aller chez le médecin seulement après avoir développé une maladie comme le diabète alors que l’on pourrait d’abord prévenir cette pathologie soi-même.

2 CARE PREVENTIVE AG

Agir au lieu de réagir 10 INNOVATOR

SASKIA JUNGNIKL-GOSSY

Le mot d’ordre ? Autonomisation des patient·e·s : grâce au savoir et à la prise de décision pour un comportement plus responsable vis-à-vis de sa propre santé. Agir au lieu de réagir. care.me

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Analyse sanguine : au total, 45 biomarqueurs sont examinés pour détecter les risques. La mission de la start-up suisse Care ? Redéfinir la médecine préventive grâce à un test sanguin complet et transdisciplinaire.
MÉDECINE PRÉVENTIVE

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CHF 315.– /mois

Exemples de leasing : Solterra eV AWD Advantage, 218 ch, consommation d’électricité combinée : 18,1 kWh/100 km, catégorie de rendement énergétique : A, émissions de CO2 : 0 g/km, CHF 55 900.–, mensualité : CHF 315.– (en couleur Black). Modèle présenté : Solterra eV AWD Classic, 218 ch, consommation d’électricité combinée : 18,1 kWh/100 km, catégorie de rendement énergétique : A, émissions de CO2 : 0 g/km, CHF 59 700.–, mensualité : CHF 339.– (y.c. la peinture métallique).

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Héliport sur mesure

AÉRONAUTIQUE

L’entreprise Fabspace construit des entrepôts au beau milieu de nulle part… pour les démonter ensuite !

Pas évident de garer son avion dans la grange de mé mé. En général, on utilise de massifs entrepôts en béton solidement ancrés au sol. Une totale liberté dans le ciel (à nous, destinations incon nues !) que l’on ne retrouve pas vraiment au moment de l’atterrissage. C’est du moins ce que l’on croyait avant que des petits génies de chez Fabspace, entreprise autrichienne dirigée par Franz F. Kühberger et Miguel Klein, ne développent des systèmes de hangars mobiles assemblables dans des endroits qui semblaient jusqu’à présent totalement inaccessibles.

Comme une tente, en plus solide Au beau milieu du désert, dans une vallée encaissée entre deux montagnes ou plus classiquement sur un revêtement en béton, tout est possible. Idem pour la taille, que ce soit du hangar pour avion de sport léger à celui de 3 000 m² pour Airbus A320. Quant à la construction, il suffit de disposer d’un outillage standard, d’un chariot élévateur et d’une grue le cas échéant. Conçus à partir d’une membrane extrêmement performante et résistante, de structures porteuses en acier léger et de tubes spéciaux, les hangars Fabspace sont capables de s’adapter à presque toutes les surfaces. Un peu comme une tente, direz-vous ? Oui, sauf que grâce à leur surface extérieure, les hangars Fabspace

« Pour notre concept, nous nous sommes inspirés de la technologie de camouflage des avions militaires. »

À l’instar de ce modèle, les hangars mobiles peuvent être montés et démontés en un clin d’œil.

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12 INNOVATOR FABSPACEHANGAR.COM PATRICK AULEHLA
PDG de Fabspace Hangar

sont tellement robustes qu’ils peuvent résister à des rafales de vent allant jusqu’à 250 km/h et ne craignent ni la grêle, ni la neige, ni les pluies torrentielles. « Grâce à leur structure en forme de cristal, les intempéries et autres influences météorologiques n’ont que peu de prise sur eux, explique Kühberger. En concertation avec Rainer Mutsch, notre designer industriel, nous nous sommes inspirés des technologies de camouflage propres aux avions militaires. » Basée à Steyr (Autriche), l’entreprise a eu toute l’occasion de démontrer

prototype V_01 juste avant l’Airpower 2013, poursuit Kühberger. Notre hangar a été installé à Zeltweg pendant deux semaines et a servi de salle d’exposition pour la capsule spatiale Red Bull Stratos de Felix Baumgartner. » Un moment-clé… et une structure démontable clé en main !

Découvrez toutes les tailles et toutes les formes de hangars disponibles sur fabspacehangar.com

Le hangar Fabspace V_02 Double pour deux hélicoptères, à l’aéroport de StockholmArlanda (Suède).
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Flux détendu

HYGIÈNE

Une idée culottée est en train de révolutionner le quotidien des femmes : les sous-vêtements menstruels. Ooia propose des modèles pour toutes les situations et tous les goûts.

pourraient leur répondre : oui, ça se vend. Et même plutôt bien : fondée en 2018, Ooia vient de dépasser le million d’articles vendus et affche un chiffre d’affaires à huit chiffres. Un succès qui s’est fait sans investisseur – aucun homme n’étant prêt à investir dans ce « truc ». La raison ? Ils n’y comprenaient rien… Kristine Zeller : « Un comble, quand on sait que les hommes sont souvent prêts à investir dans des domaines qu’ils ne maîtrisent pas ! »

La quête du Graal

L’INFO EN PLUS

En vigueur au Japon depuis 1947, le congé menstruel est désormais autorisé en Espagne, pour les femmes qui souffrent de règles douloureuses.

Il y a des sujets qui font perdre toute contenance aux hommes les plus virils et les plus aguerris. C’est ce qu’ont pu constater Kati Ernst et Kristine Zeller, deux entrepreneuses allemandes de 41 ans, lorsqu’elles ont voulu fonder leur start-up Ooia. « En 2017, personne – absolument personne – n’avait entendu parler des culottes menstruelles », explique Kristine Zeller. Lorsqu’elles se rendent à la foire aux tissus de Munich pour y chercher des matières adaptées, les deux femmes se souviennent des regards ahuris, voire carrément hostiles, qu’elles ont suscités : « La plupart des commerçants étaient des vieux bonshommes, ils nous rétorquaient : “C’est quoi ce truc ? Vous êtes sûres que ça va se vendre ?” » Cinq ans plus tard, les fondatrices d’Ooia

Lorsque Kati Ernst et Kristine Zeller se rencontrent pour la première fois chez une amie commune, le contact ne passe pas du tout. Pourtant, au fl du temps, une solide amitié s’est forgée entre les deux femmes, qui suivent toutes les deux une carrière apparemment exemplaire : chez McKinsey pour Kati, dans le management de Zalando pour Kristine. Elle et Kati ont pourtant envie de plus d’indépendance, et surtout de donner un sens à leur travail. C’est dans cet état d’esprit qu’elles entendent parler pour la première fois d’une mystérieuse « culotte menstruelle » qui fait un tabac aux États-Unis – une protection en tissu, lavable et confortable, qui remplace habilement les tampons et les serviettes. L’idée leur plaît aussitôt : « Le marché des protections hygiéniques ne proposait rien de véritablement innovant ni durable depuis des lustres. » Après s’être fait envoyer quelques exemplaires des États-Unis pour les tester, les deux amies se rendent sur les forums qui en parlent et doivent se rendre à l’évidence : la culotte menstruelle est une

Les culottes Ooia sont fabriquées à partir de fibres de chlorure d’argent qui ont un effet antibactérien et sont bien tolérées par la peau.

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4 14 INNOVATOR JANNIK HANNE JOHANNES MITTERER

Tous les jours sur Instagram, Kristine Zeller et Kati Ernst rendent compte de leur travail et de leur expérience d’entrepreneuses –en s’adressant avant tout aux femmes.

révolution. Convaincues de la viabilité de leur projet, Kati et Kristine décident de se lancer dans l’aventure.

Première étape : trouver le Graal ! Autrement dit : LA bonne combinaison de trois matières différentes qui garantisse une culotte à la fois fable, hygiénique, confortable et capable de sécher rapidement. Chez Kristine, la table de la cuisine se couvre régulièrement de montagnes d’échantillons de tissus : « On

Kristine Zeller (à g.) et Kati Ernst, toutes deux 41 ans, se sont rencontrées à Berlin via une amie commune. Au début, elles ne se supportaient pas ; aujourd’hui, elles sont proches.

ne savait pas à quel point ce serait diffcile de développer un produit textile aussi performant. » Au bout de neuf mois de recherches et d’essais ratés, le trio gagnant est enfn découvert : pour la partie en contact avec la peau, on opte pour la laine mérinos parce qu’elle sèche vite et qu’elle laisse passer le liquide très facilement, ce qui garantit une sensation de confort optimale. La couche intermédiaire est constituée d’un mélange de fbres antibactériennes et ultra absorbantes. Enfn, l’extérieur de la culotte est protégé par une couche de tissu imperméable et respirant.

Un succès annoncé Automne 2018, les deux premiers modèles sont présentés sur Kickstarter pour le lancement du projet. En à peine sept heures, Kristine et Kati récoltent 10 000 € : la première collection d’Ooia a ainsi été fnancée directement par les futures clientes. Entre-temps, l’offre de la marque s’est développée, on trouve désormais des soutiens-gorges d’allaitement ou des bikinis menstruels. Lavables et réutilisables, les produits de la marque sont fabriqués en Europe selon des critères sociaux et environnementaux très stricts. ooia.de

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L’installation solaire dans le virage d’arrivée du Red Bull Ring couvre 600 m²

La catégorie reine du sport automobile veut devenir neutre en carbone d’ici 2030. Une première tentative d’autarcie énergétique pour le paddock a eu lieu au GP du Red Bull Ring (Autriche).

Les fans de Verstappen font la fête dans les tribunes, vingt voitures de course hightech dévalent le circuit. Mais la véritable révolution qui se déroule sur la ligne d’arrivée passe presque inaperçue : sur une légère pente et à proximité directe du parc fermé qui abrite la fotte automobile du Red Bull Ring sont installés d’imposants panneaux solaires. Une première dans l’histoire de la Formule 1. Ils se déploient sur 600 mètres carrés, à peu près la dimen-

Fait maison Bullevard 16 INNOVATOR

WERNER JESSNER

L'électricité dans le paddok proviendra du réseau public seulement si le courant auto-généré ne suffit pas.

! GETTY IMAGES, RED BULL CONTENT POOL, ULRICH ZINELL

Max Verstappen a pris la première place au Grand Prix d’Autriche avec sa RB19 d’Oracle Red Bull Racing.
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sion d’un site de construction moyen en Autriche. Des câbles traversent la pelouse en direction du paddock et disparaissent derrière des clôtures métalliques imposantes qui le séparent du reste du circuit du Red Bull Ring. Ils réapparaissent et mènent, avec d’autres câbles, à divers conteneurs.

C’est là que l’énergie « recueillie » est en quelque sorte gérée. Il s'agit notamment d'utiliser en priorité l'énergie auto-générée, et de se rabattre sur le réseau public uniquement en cas de nécessité. Ces câbles arrivent du deuxième virage à gauche. Il était initialement prévu d’y installer une mini centrale électrique qui devait fonctionner à l’huile végétale hydrotraitée, c’est-àdire en principe avec de l’huile

Pendant un week-end de course, le paddock est un centre de calcul du plus haut niveau.

alimentaire usagée collectée localement. Mais cette fois-ci, les générateurs « normaux » ont été alimentés par du carburant – durable – importé spécialement de Hollande.

Ensemble, les deux sources devaient permettre de réduire la consommation d’énergie pendant un week-end de course de F1 de 90 % par rapport à l’année précédente. La neutralité carbone ne se limite pas à ce qui sort du pot d’échappement de vingt bolides de course : pendant

Les câbles convergent vers les conteneurs situés à l’arrière du paddock. C’est aussi là que se trouve le centre de contrôle.

un week-end, le paddock tout entier est un centre de calcul du plus haut niveau dont dépendent non seulement les dix équipes avec tous leurs ordinateurs, serveurs et autres appareils électroniques, mais aussi l’organisation, le muret des stands, le chronométrage et le centre de télévision pour tous les diffuseurs.

Camions DHL

au biocarburant Premier effet perceptible sur le Red Bull Ring : le ronfement des générateurs diesel, relégués à la zone moins fréquentée du paddock, était nettement moins envahissant en 2023 que les années précédentes. Les données montreront si la réduction visée de 90 % a déjà été atteinte cette année, mais il est en tout cas prévu d’envoyer à l’avenir des systèmes locaux de production d’énergie avec le peloton de F1 lors de toutes les courses – dans des camions qui fonctionnent au biocarburant. Lors des courses dans les régions chaudes, il devrait être possible de capter encore plus d’énergie sans CO² qu’en Styrie au début de l’été dernier. redbullring.com

ÉLECTRICITÉ VERTE

En Suisse, la production d’électricité provient principalement des centrales hydrauliques (62 %). Engagée dans un processus de transition énergétique, elle devrait pouvoir atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.

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Le matériau de base de Traceless est un sous-produit du traitement des céréales, qui peut être transformé en films d’emballage, objets solides ou revêtements liquides (photo).

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Plastique végétal

RECYCLAGE

Alors que certains plastiques d’origine végétale ont encore un lourd impact environnemental, celui conçu par la start-up alle mande Traceless est exemplaire.

fondée en 2020 avec Johanna Baare (34 ans), psychologue de formation, qui en est la directrice d’exploitation et la responsable du développement commercial.

Avec notre start-up, nous voulons avoir un véritable impact sur la consommation de plastique dans le monde. Et nous allons tout faire pour y arriver » : ce sont les mots d’Anna Lamp (32 ans). Cette ingénieure en génie des procédés est la PDG de Traceless Materials, entreprise qu’elle a

L’idée de cette start-up basée à Hambourg, c’est d’être véritablement traceless, c’està-dire de ne laisser aucune trace dans la nature – en fabriquant un plastique entièrement compostable. Anna Lamp : « Nous avons mis au point un biomatériau innovant, capable de remplacer le plastique, entièrement végétal, biodégradable, et donc sans danger ni pour l’Homme, ni pour l’environnement. »

La base Mais la plus grande nouveauté de ce plastique biosourcé réside avant tout dans le matériau qui est utilisé pour le fabriquer : les résidus végétaux issus de l’agriculture. Plus besoin de cultiver des milliers d’hectares de maïs –grands consommateurs d’eau ! – pour produire du plastique végétal, puisque les déchets des récoltes suffisent : « Les céréales qui entrent dans le processus de fabrication de la

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18 INNOVATOR TRACELESS ANDREAS WREDE

Deux visionnaires bien décidées à s’attaquer au fléau du plastique : Anna Lamp (g.) et Johanna Baare, de Traceless Materials.

Les cintres des filiales allemandes de C&A sont fabriqués chez Traceless Materials.

plastique sont fabriquées chaque année ; 100 millions de tonnes de plastique polluent nos océans, et la tendance est à la hausse.

Des couverts smarts : biosourcés, compostables et surtout très économes en ressources.

bière ou de l’amidon ne sont pas utilisées entièrement : il y a toujours une petite partie de la plante qui finit à la poubelle. C’est cette partie que nous utilisons pour produire notre plastique. » Cerise sur le gâteau : les utilisations de ce nouveau matériau sont très nombreuses – films d’emballage, revêtements, objets solides… Tout y passe.

Autant de raisons qui font de Traceless la première véritable solution durable au défi du plastique. Quelques chiffres qui donnent le vertige : un million de bouteilles plastiques sont vendues dans le monde chaque minute ; 16 milliards de gobelets jetables sont consommés et 407 millions de tonnes de

Traceless Materials emploie désormais 35 personnes, et prévoit d’installer sa première usine de production à Hambourg d’ici 2024. Les premiers produits sont actuellement testés par des grosses boîtes comme Lufthansa ou par l’enseigne C&A. Quant aux soutiens financiers, Anna et Johanna ont pu compter sur plusieurs gros investisseurs privés et publics, notamment le Conseil Européen de l’Innovation et le ministère fédéral allemand de l’environnement – qui a injecté 5 millions d’euros dans le projet. C’est dire si l’idée a du potentiel ! D’ailleurs, Anna Lamp voit les choses en grand, puisqu’elle projette de produire d’ici 2030 « un million de tonnes de plastique biosourcé ».

traceless.eu

Le compostage à petite échelle est possible avec cette eau fertilisante : faire bouillir des épluchures de fruits et légumes dans une casserole puis verser ensuite l’eau froide sur les plantes.

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Une alliée de taille

MOBILITÉ

Cette ceinture, baptisée « Waibro » aide les personnes malvoyantes à faire du sport de manière autonome.

Le jour où elle a accompagné sa sœur Zuzu, malvoyante, à une course de fond organisée par l’association autrichienne de handisport, Katerina Sedlackova a assisté à quelque chose qui allait changer sa vie : la moitié des accompagnant·e·s manquaient à l’appel, ce qui rendait impossible pour les athlètes handicapé·e·s concerné·e·s de participer à la compétition. Aujourd’hui encore, les personnes aveugles ou malvoyantes sont trop souvent dépendantes d’une aide extérieure pour la pratique d’une activité sportive.

À 30 ans, Katerina a décidé d’aider sa sœur en développant une ceinture spéciale, capable de la renseigner sur son environnement. Diplômée en design de la communication et de l’interaction, elle s’est donc spécialisée dans les technologies portables du quotidien. Dans un premier temps, il s’agissait d’observer la communication entre les malvoyant·e·s et les accompagnant·e·s : « Comment avertir

La caméra de la Waibro reconnaît les lignes blanches et aide les coureur·euse·s à se situer sur la piste.

d’un obstacle, comment réagit la personne ? Puis je me suis demandé de quoi l’accessoire idéal devrait être capable. »

15 signaux différents

C’est en 2017 que sort le premier prototype de sa ceinture, baptisée « Waibro », combinaison de deux mots anglais : way, le chemin, et brother, l’ami ou le frère. Portée à la taille, la Waibro possède une caméra qui flme devant et sur les côtés pour avertir des dangers ou pour indiquer à son ou sa propriétaire s’il ou elle s’éloigne de la piste.

La communication se fait par vibrations, avec quinze signaux différents. On peut ainsi savoir si l’on est bien

placé sur la piste, si l’on va bientôt tourner ou si un obstacle se profle. Pour l’instant, cette ceinture n’est utilisée que sur les pistes de course disposant de lignes blanches, mais Katerina Sedlackova espère bien élargir les débouchés de son invention à l’extérieur, comme par exemple sur les sentiers forestiers, pour permettre à toutes les personnes malvoyantes de gagner en autonomie – et donc en liberté.

Plongés dans le noir total, des restaurants permettent de comprendre le quotidien des malvoyant·e·s.

L’un des plus connus est la table du RitzCarlton de Genève : Dans le noir.

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20 INNOVATOR WAIBRO JULIA SEIDL

Un jeu d’enfant

Du ciment fait à partir de coraux. De l’essence à partir d’algues. Du cuir à partir de champignons. Et des mammouths reloaded pour un meilleur climat.

La chercheuse autrichienne

Tara Shirvani déconstruit et réassemble les éléments pour sauver le monde.

Pelures d’orange, champignons, plantes… « La biologie synthétique, c’est comme un jeu de construction », explique la chercheuse Tara Shirvani.

TEXTE Silvia Jelincic PHOTOS Andy Parsons
Sciences
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Tara Shirvani se souvient du jour où elle est entrée pour la première fois dans le bureau de son père : elle avait six ans et a profté de l’inattention parentale pour se faufler en cachette dans cette antre secrète et mystérieuse qui la fascinait. La petite flle découvre alors, les yeux écarquillés, un autre univers : partout, des plantes de toutes tailles, éclairées par des lampes UV, des pots recouverts de flets bleus. Les feuilles des plantes étaient recouvertes d’insectes, sous lesquels étaient posés des morceaux de papier blanc, tachetés d’une myriade de petits points noirs. Au moment où Tara s’approche des papiers pour les regarder de plus près, son père rentre dans la pièce, l’air visiblement contrarié : « Non, Tara ! Ne touche pas ! Ces crottes d’insectes sont le thème central de ma thèse ! »

Sur le coup, la déception est de taille : étudier des crottes d’insectes n’était pas ce qu’il y avait de plus cool pour la petite flle. « Ce n’est que des années plus tard que j’ai compris que les travaux de mon père constituaient les prémices de la biologie de synthèse », explique-t-elle aujourd’hui.

Son père, qui était insectologue, étudiait notamment dans quelle mesure les phases de lumière et d’obscurité infuençaient le métabolisme des insectes. Le résultat de ses recherches est encore utilisé aujourd’hui, notamment pour adapter certaines espèces au dérèglement climatique. En lui faisant cadeau d’un microscope, sur lequel ils vont passer

Tdes heures à observer les plantes et les insectes, en lui apprenant à prendre des échantillons, à les colorer, à identifer les cellules, etc., le père de Tara a communiqué à sa flle sa passion pour la recherche et les sciences de la vie. Aujourd’hui, cette scientifque de 36 ans, qui a quitté Vienne (Autriche) pour Londres (Angleterre) – où elle habite depuis la fn de ses études – se consacre exclusivement à la biologie de synthèse : un domaine qui la passionne et qui, selon elle, regorge de potentiel pour trouver des solutions durables et nous sauver du désastre environnemental. Mère à son tour d’une petite flle de quatre ans, c’est pour elle que Tara Shirvani se bat aujourd’hui afn de faire prendre conscience aux sources d’investissements européennes de l’importance de ce secteur mal connu.

La biologie de synthèse, explique cette diplômée d’Oxford et de Cambridge, s’apparente à un jeu de construction type Lego : on va chercher à diviser une structure naturelle en minuscules éléments afn de les manipuler et de les modifer pour les adapter à des besoins spécifques. Le principe n’est pas nouveau et s’applique depuis plus de quarante ans au génie génétique, par exemple. La différence avec la biologie de synthèse, c’est « qu’elle va plus loin en essayant de fabriquer des organismes, autrement dit de les réinventer ».

Pendant les quatre années de son doctorat sur la nouvelle mobilité durable, Tara Shirvani a cherché à savoir comment créer un carburant effcace à base d’algues : « J’ai particulièrement aimé cette phase de mon travail, où je passais des heures au labo. Je voulais savoir comment modifer les algues pour qu’elles

Des morceaux de papier blanc, tachetés de points noirs. « Ces crottes d’insectes sont le thème central de ma thèse », lui dit son père. La petite Tara, six ans à l’époque, venait de se découvrir une vocation.

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Tara Shirvani prépare son plan de travail pour l’extraction d’ADN à partir de différentes sources, en vue de les réassembler différemment.

puissent servir de carburant, tout en consommant le moins d’eau et de terre possible. » L’idée de départ, c’était de favoriser leur teneur en graisse : plus une algue contient de graisse, plus elle est adaptée à la combustion. C’est dans cette perspective que Shirvani étudie les gènes responsables de la production de graisse afn de les isoler pour les synthétiser.

« Les résultats ont été bluffants », conclut-elle avec enthousiasme. Le principe est pourtant simple : il s’agit de construire ou de synthétiser de nouveaux systèmes biologiques – des micro-organismes – parfaitement adaptés à certaines fonctions. Les domaines d’application sont nombreux : (agro-)pharmaceutique, chimique, énergétique, voire agro-alimentaire, avec par exemple la fabrication de viande de poulet de synthèse…

synthèse, l’Europe, quant à elle, reste à la traîne : « Il est temps que nous commencions à y croire vraiment. »

C’est pour propager la bonne parole de la « BioSyn » que Tara Shirvani a troqué ses pipettes contre un micro : depuis plusieurs années, cette scientifque multiplie les conférences dans le monde politique, universitaire et industriel, ainsi que les interviews dans les médias germanophones et anglophones. Elle a également publié, à destination du public, un livre passionnant qui décrit, en termes simples, les dernières avancées dans ce domaine – et l’importance d’y investir urgemment.

Un cuir durable

L’un de ses exemples préférés reste celui du béton de synthèse. Pour citer quelques chiffres : 4,4 milliards de tonnes de béton – à base d’eau, de ciment et de sable – sont actuellement produites dans le monde. En 2050, ce sera certainement un milliard de plus, compte tenu de l’explosion démographique. Cela représente 8 % des émissions de CO² globales. Il existe déjà, aux États-Unis, des entreprises qui utilisent la BioSyn pour fabriquer du béton de manière complètement durable. Du béton ultra solide qui, de plus, parvient à se réparer lui-même.

“Coming out of my cage and I’ve been doing just fine…”

Tara Shirvani ne voulait écouter que The Killers lors de la séance photo à Clapton Tram, à Londres.

CComment ça marche concrètement ?

Prenons l’exemple du béton de synthèse : pour fabriquer le carbonate de calcium dont on a besoin, on va isoler les bactéries des coraux responsables de sa production pour reproduire le processus en labo. La grande différence, c’est que l’on crée ainsi un béton très solide sans avoir besoin de ces immenses fours qui chauffent à plus de 2 000 °C, ni de piller les ressources de la planète. Or, la production actuelle de béton est une catastrophe environnementale. Mais s’il existe une alternative durable, pourquoi est-ce que rien ne change ? Selon Tara Shirvani, il nous manque le courage de changer et surtout le nerf de la guerre : des sous. Beaucoup de sous. « Cela implique de bouleverser notre économie, toute notre industrie, et cela va coûter très cher évidemment », résume-t-elle. Actuellement, alors que les ÉtatsUnis et la Chine investissent des milliards de dollars dans la biologie de

Mais ce n’est pas tout : prenons par exemple les sacs en cuir, « des accessoires que j’adore », avoue Tara Shirvani. La fabrication du cuir est particulièrement nocive pour l’environnement – en termes de consommation d’eau et de produits chimiques nécessaires au travail des peaux d’animaux, en termes de conditions de travail des ouvriers… Pourquoi générer tant de dégâts pour un simple sac à main ? Alors qu’il suffrait d’utiliser certains champignons et leurs racines pour fabriquer de magnifques sacs qui auraient la même texture, la même robustesse – et que l’on pourrait recycler sans

Les État-Unis et la Chine investissent des milliards dans la biologie de synthèse. L’Europe, quant à elle, est à la traîne. « Il est temps que nous commencions à y croire vraiment », estime Tara Shirvani.

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La styliste Stella McCartney utilise des bactéries qui transforment les champignons en cuir. Les sacs ressemblent à des « vrais ». « Et ils sont parfaits ! », s’exclame Shirvani.

problème ? De plus en plus d’enseignes s’y sont mises : Hermès, Stella McCartney, Adidas, Mercedes… « Il est urgent de faire bouger les choses dans ce domaine », souligne Tara Shirvani : l’industrie de la mode produit en effet autant de gaz à effet de serre que les industries française, allemande et britannique réunies. Et 60 % des matériaux textiles – comme le polyester, le nylon et l’acrylique – sont encore issus des énergies fossiles. Une catastrophe pour le climat et l’environnement.

Des microbes prêts à tout « Pour peu qu’on le permette, nous pourrions faire naître une véritable révolution dans notre société et sauver le vivant sur Terre. » Tara Shirvani poursuit en citant un autre exemple d’application concrète : ce que la scientifque viennoise appelle en allemand les Turbobäume (des arbres à croissance rapide au pouvoir super-absorbant). « À partir de bactéries propres aux courges et à certaines algues, des chercheur euse s américain·e·s ont créé des arbres qui poussent plus haut et plus vite que leurs frères naturels, mais qui sont surtout capables d’absorber 30 % de plus de CO² », explique-t-elle. Un avantage de taille, quand on sait à quel point le temps presse : les études actuelles nous donnent à peine sept ans pour réduire drastiquement nos émissions de gaz et limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Encore un exemple dont elle parle dans son livre : les « bouffeurs de plastique », ou Plastikfresser comme elle les appelle en allemand. Tous les jours, huit millions de déchets plastiques atterrissent dans nos océans, entraînant la mort de 100 000 mammifères et tortues, et d’un million d’oiseaux par an. Pourtant, la solution existe : « La biologie de synthèse

a développé des microbes capables de manger le plastique. » Plus concrètement : ces microbes ne digèrent que les chaînes de polymères dont sont faits les plastiques en laissant les molécules monomères, qui peuvent être réassemblées pour former du plastique : au fnal, cela veut dire qu’on pourrait recycler cette matière à l’infni – ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.

EEnfn, Tara Shirvani aime citer l’exemple du mammouth : « Ça paraît dingue, mais des chercheuses et chercheurs travaillent en ce moment sur la possibilité de faire renaître des spécimens de mammouth », s’enfamme-t-elle. Ces animaux de la préhistoire ont, en leur temps, eu une fonction primordiale sur la conservation du permafrost en Sibérie, en broutant l’herbe de la toundra, même sous la neige pendant l’hiver. Cela avait pour conséquence de refroidir le sol, ce qui lui permettait d’absorber davantage de CO² et de méthane. Actuellement, la recherche essaie de manipuler les gènes de l’éléphant d’Asie, très proche du mammouth, pour le rendre résistant au froid. On pourrait imaginer que de tels animaux rempliraient alors la fonction de leurs ancêtres poilus pour protéger le permafrost de manière complètement naturelle. Le premier spécimen est attendu pour 2027… « C’est fascinant de pouvoir créer du vivant dans un but aussi noble », résume Tara Shirvani. La préhistoire au secours de notre avenir ? C’est en tout cas ce que nous promet cette biologiste, bien décidée à apporter sa pierre – biosynthétique – à l’édifce de la lutte anti-pollution.

Inspiration

Pour en savoir plus sur la biologie synthétique dans tous les domaines de la vie : tarashirvani.com

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« Des chercheuses et chercheurs travaillent sur la possibilité de faire renaître des spécimens de mammouth. C’est fascinant de pouvoir créer du vivant.
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TARA SHIRVANI

Avec sa moto électrique, Mat Rebeaud explore de nouvelles pistes, comme ici au parc éolien du Saint-Gothard.

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Révolution silencieuse

Mat Rebeaud, star du FMX, a troqué un moteur bruyant pour un doux ronronnement. Avec les motos électriques, il découvre un tout nouveau terrain, pour lui et pour son sport.

TEXTE Anna Mayumi Kerber PHOTOS Dean Treml
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Mat avant l’entraînement sur sa piste dans le canton de Vaud.

L’agriculteur voisin se réjouit de la réduction sonore.

Porté par le chant des oiseaux, Mat Rebeaud s’envole. Jambes au ciel, mains bien agrippées à la selle, il reste au moins quatre secondes dans les airs. Quand sa moto atterrit, on entend juste un léger vrombissement. Légende mondiale du FMX (motocross freestyle), Matthieu « Mat » Rebeaud fait son premier backfip en 2003. Depuis, le Suisse romand a rafé à peu près tous les trophées possibles dans l’univers du FMX, Red Bull X-Fighters, Night of the Jumps, championnats du monde, et sept fois médaillé aux X-Games. Désormais, c’est une véritable fgure de proue du motocross électrique.

Quatre ans plus tôt, sa première vidéo sur une moto électrique était accueillie par un fot de messages haineux. On ne voulait pas d’un sport sans le bruit du moteur et l’odeur du gasoil. Mat est resté stoïque. « Moi aussi j’aime le bruit, l’odeur, ce sont des bons souvenirs. Mais l’électrique rend les choses beaucoup plus simples et plus cool. Je peux rouler quand je veux, sans déranger personne. » Pour Mat, les motos électriques ouvrent de nouvelles portes.

Into the wild

Au guidon de son modèle électrique, il peut faire du freestyle dans des endroits interdits aux motos traditionnelles. Il s’est envolé sur les pistes enneigées de Laax, réservées uniquement au ski ou au snowboard, a survolé les escaliers du Musée des transports de Lucerne (une nuit au musée ? un rêve de gosse) et peut même réaliser des tricks sur des barrages ou

dans le parc éolien du Saint-Gothard. « Pouvoir explorer de nouveaux territoires, c’est vraiment génial », explique-t-il. Les rampes et les pistes de terre sont une chose, la nature en est une autre… tout à fait différente. Et justement, il voit l’avenir en vert pour le motocross. La première fois, ça n’est pas venu tout seul.

P« Sur une électrique, on n’entend pas les vibrations du moteur, juste celles de la piste. » C’était un peu compliqué, il lui manquait tous ces retours qu’il avait l’habitude de recevoir de son engin. « J’entendais les moteurs des autres, mais je manquais d’infos sur les sons de ma propre moto. » Puis il s’est adapté et son ouïe est devenue plus sensible. Maintenant, il peut entendre si la chaîne est bien huilée ou pas, détails importants mais généralement imperceptibles, noyés qu’ils sont dans le brouhaha du moteur. Désormais, les points négatifs se limitent à certains facteurs marginaux, comme le fait de jurer qui perd un peu de sa spontanéité. Son « Merde ! » n’est plus masqué par le furieux vrombissement

Avec sa moto e-FMX, Mat peut rouler là où les autres ne le peuvent pas, comme au barrage du col du Saint-Gothard.

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« Sur une moto électrique, on n’entend pas les vibrations du moteur, juste celles de la piste. »
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du moteur. C’est même le contraire : maintenant, sa frustration couvre le léger vrombissement de la machine. Mat a passé deux ans à plancher sur le développement du nouveau modèle Stark. Résultat : une moto esthétiquement infaillible de 118 kilos, soit 10 kilos de plus qu’une moto traditionnelle dans la même catégorie. « Mais on fait une économie de sept à huit litres d’essence et donc de poids par la même occasion », observe Mat. Cela lui permet de faire des courses de 45 minutes à une vitesse maximale de 142 km/h ou de rouler six heures d’afflée sur un terrain facile.

AAu niveau des compétitions, les modèles électriques sont encore dans une zone grise. Les catégories se basent sur des critères tels que la taille du moteur ou le nombre de cylindres, ce qui n’est pas compatible avec les moteurs électriques. Sa Stark équivaut à un 450 cc. « On en est pleine époque de transition », précise-t-il. Les premières compétitions 100 % électriques vont bientôt arriver. Le compte à rebours est lancé. En attendant, il profte de cette unique opportunité qu’il s’est créée en passant à l’électrique.

La moto, une affaire de famille Antoine Rebeaud, son père, fait déjà les cent pas sur la piste d’entraînement non loin de Payerne, son lieu de naissance. Il vérife les pneus et la chaîne de la Stark, resserre quelques vis au niveau de l’embrayage. Depuis ses tout premiers pas dans la discipline, Antoine accompagne son fls sur quasiment toutes les compétitions, s’assurant que la technique est toujours au top. « Quand c’est moi qui m’occupe de la moto, il sait que tout est au poil. » Les mots sont rares mais le respect mutuel évident, même pour un observateur extérieur. Avec le passage à l’électrique, Mat ne fait plus autant appel à son père en cas de pépin : une puce intégrée permet de régler pas mal de trucs depuis un ordinateur à Barcelone. Cela

Dans l’atelier qui jouxte sa maison, Mat met en place le châssis de sa Stark VARG.

dérange-t-il Antoine ? « Non ! », rit-il. Lui-même trouve cet apprentissage perpétuel passionnant : les nouvelles technologies leur permettent de savoir combien de temps Mat reste en l’air lors de ses tricks ou à quelle vitesse il prend ses virages. Et Antoine en connaît un rayon. Mat n’est pas devenu champion par hasard. C’est une affaire de famille : son grand-père a remporté de nombreuses courses nationales sur une DKW. Son père a fait de la compétition sur une Montesa 2 temps.

« Nous sommes en pleine mutation, y compris en ce qui concerne le motorsport. »
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Photo du grand-père de Mat, Fredy Rebeaud, sur une DKW, de 1953. La fascination pour les deuxroues est dans la famille.

La maison de Mat et de sa famille. Les panneaux solaires alimentent partiellement maison, voiture et vélos en électricité.

« Moi aussi j’aime le bruit, l’odeur, ce sont de bons souvenirs.

Mais l’électrique rend les choses plus simples. »

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Mat, sa Stark Varg, et nombre de casques dans le garage de sa maison qui témoignent de ses cascades et exploits.

Beaucoup de choses ont changé depuis, précise Antoine, et pas qu’au niveau du bruit qui brille désormais par son absence. Le grand-père a roulé avec le même casque tout au long de sa carrière, lui n’en a eu que deux. Contraste avec le garage de Mat : des dizaines de casques en rang militaire font face à plus d’une douzaine de motos et de vélos. Mat Rebeaud est le visage du motocross freestyle made in Switzerland depuis vingt ans. Le clou du garage ? La Stark et ses 118 kilos pour 80 cc. Une vraie beauté.

UUn mur entier de l’atelier du garage est recouvert d’outils, tournevis, clés, marteaux et compagnie. Au centre, une borne de recharge. Quant au bruit ? Non, ça ne lui manque vraiment pas. Et à son fls aîné encore moins : le garçon de 5 ans ne supporte pas le tintamarre des anciennes motos de papa. Dans la cour, avec son petit frère de 3 ans, ils partent déjà à l’assaut des rampes sur leurs motos électriques accompagnés par le tintement des cloches de vaches.

Idylle paysanne en Suisse romande : les veaux du beau-père de Mat broutent paisiblement dans le champ voisin. Sur les portails, la façade de la maison (et même tatoués

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« Je ne suis pas du genre à dire : “Hey, tu dois faire ça comme moi. Je le fais parce que j’aime ça.” »
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Lors de l’entraînement à Grangesprès-Marnand (canton de Vaud), Mat ne lésine pas sur les figures les plus folles.

Même sans faire de bruit, Mat crée des remous lorsqu’il s’élance sur la piste de Granges-près-Marnand. sur les bras de Mat et de sa femme Floriane), ces trois lettres : RMF, les initiales du couple, symbole de cette forte cohésion familiale. Peut-être pas ses enfants, mais ses petits-enfants lui demanderont comment c’était à l’époque… Lorsque les motos marchaient encore à l’essence. Mat s’en régale d’avance. « Je pourrai leur dire que les motos faisaient un sacré boucan et que tout le monde faisait la gueule quand les premiers modèles électriques sont apparus. Ça va être

drôle. » Héritée de la grand-mère de Floriane, la maison a été entièrement rénovée. L’électricité issue des panneaux solaires sufft à alimenter l’ancienne ferme, mais les 10 kW ne permettent pas de recharger les motos et la voiture électrique Hyundai Iqos5. Il faut donc les brancher sur une prise secteur. Un coup de pouce minimal, conclut Mat. Les Rebeaud restent malgré tout largement auto-suffsants.

Plaisir et discrétion

« Plein de gens me contactent sur les réseaux et me disent : “J’adore ce que tu fais, j’aimerais bien m’y mettre aussi.” » Je leur réponds : “C’est simple, achète une moto, puis un van ou un bus et roule 2-3 heures jusqu’à la piste d’entraînement.” » En Suisse, les pistes de motocross sont fermées le dimanche pour éviter les nuisances sonores. Et c’est forcément le jour où la plupart peuvent s’adonner à leur passion, sans compter que c’est un sport qui prend du temps, autre facteur qui fait que beaucoup y renoncent. Les motos électriques peuvent sauver notre sport, explique Mat. « Je suis convaincu que le passage à l’électrique peut conquérir un nouveau public qui ne s’intéresserait jamais au motocross autrement. » Imaginez des pistes de motocross tout près des villes ou même au centre-ville : « Ce serait une véritable révolution ! »

Instagram : @matrebeaud

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« Je suis convaincu que le passage à l’électrique peut conquérir un nouveau public qui ne s’intéresserait jamais au motocross autrement. »
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Cinq idées qui ont de l’avenir

Ces femmes et ces hommes ont appris à penser hors des sentiers battus –pour nous montrer à quoi peut ressembler le monde de demain.

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Sagesse du désert

Bettina Ludwig

Une anthropologue autrichienne étudie les bushmen du Kalahari pour faire évoluer nos modes de vie occidentaux – et inspirer sa fille.

Ce nuage dans le ciel avait la forme d’une femme enceinte en train d’accoucher : tout le monde, dans le petit groupe de trekking qui traversait le désert du Kalahari, l’avait remarqué. « Vous voyez, leur dit le chasseur-pisteur qui leur servait de guide, ça veut dire que quelque part, pas loin, un bébé est sur le point de naître. » Bettina Ludwig fut fascinée par la sagesse de cet homme, sa connexion à la nature : quand il ’aperçut de

Pourquoi l’Homme fait-il ce qu’il fait ? C’est la question que Bettina Ludwig se pose en tant qu’anthropologue à travers ses recherches sur les sociétés de chasseurs-cueilleurs en Afrique.

l’émerveillement qu’il suscitait, l’homme lui dit en riant : « Non mais, tu crois vraiment que je peux lire dans les nuages si une femme va accoucher ? »

Chercheuse anthropologue, Bettina Ludwig, 33 ans, aime raconter cette anecdote lors de ses conférences pour illustrer à quel point il est tentant d’idéaliser ces sociétés si étrangères aux nôtres. L’Autrichienne a étudié celle des Ju/’hoansi, vivant de chasse et de cueillette dans le bush du Kalahari en Namibie : elle n’a pas de notion de propriété, ni de temps futur ou passé dans sa grammaire, et ne compte que jusqu’à cinq – au-delà, on dit « beaucoup ».

La transmission, une vocation

« J’ai rencontré des gens qui, si elles et ils partagent le même patrimoine génétique que nous, vivent selon des règles et dans un monde totalement différents de ce que nous connaissons. Au départ, cela m’a déboussolée, mais c’est quand on t’enlève la boussole des mains que tu peux commencer à chercher de nouvelles directions », raconte Bettina Ludwig. Le message qu’elle essaie de transmettre lors de ses conférences, souvent destinées au monde de l’entreprise, reste le même : notre mode de vie occidental n’est pas gravé dans le marbre, nous pouvons le modifier en nous inspirant d’autres types de société.

Le temps passé auprès des Ju/’hoansi a profondément marqué Bettina : elle veut aujourd’hui en faire profiter sa fille pour lui donner la confiance dont jouissent les enfants là-bas. À cinq ans, elles et ils sont capables de faire du feu, de se trouver à manger et de construire des abris. C’est pourquoi son prochain voyage dans le Kalahari se fera en famille, avec son partenaire et sa fille. Elle veut leur montrer la beauté de ces paysages quasi désertiques, des nuits passées dehors sous un ciel étoilé, des soirées au coin du feu à se raconter des histoires. Désormais, c’est elle qui sert de guide et suscite l’émerveillement des gens qui l’écoutent.

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CHRISTINA BAIREDER SAMUEL WALDIS

Bed, Bloc & Breakfast

Bernd Zangerl

Légende vivante de l’escalade, l’Autrichien développe le tourisme durable dans le village reculé de Rakchham en Inde.

à être choisi par le magazine américain Climbing comme grimpeur de l’année. Une carrière de presque trente ans qui a failli se terminer en 2015, lors d’une grave chute où il a manqué de se briser les cervicales. Les médecins lui conseillèrent d’arrêter la grimpe. S’en est suivi une longue convalescence, pendant laquelle il a découvert le yoga, les médecines douces, la méditation. Tout cela lui a ouvert de nouveaux horizons : il a décidé de retourner à Rakchham avec la ferme intention d’aider la population du village en développant le tourisme durable dans la région.

pour la formation de guide d’escalade qu’il a développée pour aider les jeunes de la région à travailler comme guides de montagne. Bernd Zangler sait que c’est en incluant le plus possible les locaux que son projet réussira.

La première fois que le grimpeur autrichien a découvert Rakchham, un petit village perdu dans la vallée de Sangla, au cœur de l’Himalaya, c’était en 2010 : il parcourait le Népal en voiture, sans but précis, à la recherche de rochers à escalader. La nuit tombée, le froid se fait de plus en plus mordant – avec 30 cm de neige au sol – et notre Tyrolien décide de se réfugier dans le premier village qu’il traverse : Rakchham. “Shelter, shelter!”, s’époumone­til au hasard, espérant un signe. Une lumière s’allume, une fenêtre s’ouvre sur une femme, qui lui demande ce qu’il cherche. Un abri pour la nuit et de quoi manger, répond­t­il. Ce soir­là, Bernd Zangerl est le premier touriste occidental de Rakchham.

Treize ans plus tard, on le retrouve dans la vallée du Rhin saint­galloise, assis à son bureau : il est en train de finir un guide de la région destiné aux adeptes du bloc – ces rochers de taille moyenne qui peuvent s’escalader sans matériel. « La région offre tant de possibilités qu’on a juste à sélectionner les meilleurs, » dit­il.

Élargir l’horizon

Avec les années, Bernd Zangerl est devenu une véritable légende de la grimpe, avec presque un millier de nouvelles voies ouvertes par ses soins. En 2003, il est même le premier Européen

Sur place, il se fait appeler « Monsieur Bernard », parce que personne n’arrive à prononcer son prénom. Bernd connaît l’ensemble des habitant·e·s du village, il sait qui fait quoi et sur qui il peut s’appuyer pour son projet. Car tout repose sur elles et eux : le gérant de son club de grimpe ainsi que le trésorier et son secrétaire sont des gens du cru. Idem

Le village a accueilli quinze grimpeur·euse·s en 2022, on en attend 25 cette année. « C’est au village de décider combien de personnes il peut accueillir, précise Zangerl. J’espère leur avoir fait comprendre les bienfaits du tourisme responsable. » Le village a désormais un hôtel, mais les habitant·e·s peuvent aussi ouvrir leur maison aux gens de passage.

L’icône du bloc Bernd Zangerl, 44 ans, a réalisé un millier de premières ascensions, ici dans l’Himalaya.

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Champi magique

Ce biologiste a découvert, dans les Alpes suisses, un micro-organisme capable d’optimiser le recyclage de certains plastiques.

Quelque part sur les hauteurs de la Haute-Engadine, dans le canton des Grisons, à presque 2 000 mètres d’altitude, Joel Rüthi est en train de frapper le sol à coup de marteau pour en extraire quelques poignées de terre. Il a bien pris soin de désinfecter ses instruments afin de ne pas salir le précieux butin qu’il s’empresse de fourrer dans une boîte stérile avant de redescendre dans la vallée. La terre qu’il transporte contient des micro-organismes qui pourraient révolutionner le recyclage du plastique. Ce biologiste suisse a passé toute la pandémie de Covid-19 sur cette montagne du Schafberg ou dans son labo de l’Institut

Joel Rüthi travaille comme scientifique invité à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) à Zurich.

fédéral pour la forêt, la neige et le paysage (WSL). Des semaines entières de recherches scrupuleuses qui ont finalement payé, puisqu’il a découvert une espèce de champignon de résineux capable de digérer à une vitesse surprenante les plastiques biodégradables –que l’on retrouve par exemple dans nos sacs à compost ou sur les champs de fraises.

Le contrôle à long terme Pourquoi recycler du plastique biodégradable, pourrait-on se demander ? Parce que ces plastiques – comme le polybutylène adipate terephtalate (PBAT), le polyuréthane (PUR) ou l’acide polylactique (PLA), dont les deux premiers sont issus du pétrole et le troisième d’amidon de maïs – ne peuvent se recycler qu’à partir de 30, voire 50 °C. Le champignon de Joel Rüthi peut, quant à lui, travailler dès 15 °C, ce qui réduirait considérablement l’impact environnemental du recyclage. Le chercheur suisse a eu l’idée de fouiller dans un environnement froid à la recherche de micro-organismes capables justement de travailler à froid. Pour les trouver, il a mélangé différents types de plastique dans les échantillons de terre récoltée, patienté quelques semaines avant d’isoler les micro-organismes qui s’étaient formés à la surface. Ces micro-organismes ont ensuite été « nourris » de morceaux de plastique de 4 cm², dont on a mesuré la disparition progressive de semaine en semaine : au total, 1 400 champignons et bactéries ont été soumis à ce régime depuis 2020. Surpassant tous ses concurrents, la palme du plus gros mangeur a finalement été attribuée au champignon 943, capable de digérer 40 % de sa ration en soixante jours. Le pari de Joel Rüthi a donc été gagné, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire jusqu’à une utilisation à grande échelle. Il n’en reste pas moins que la découverte de cet enzyme glouton pouvant travailler à froid est une belle avancée dans la lutte contre le plastique.

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INNOVATOR 43 RAY DEMSKI/RED BULL CONTENT POOL, COURTESY OF JOEL RÜTHI SAMUEL WALDIS
Un champignon glouton : il dissout le plastique en petites particules et les avale.

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Dopage agréé Gibson Nyanhongo

Une start-up a mis au point un hydrogel biosourcé capable de lutter contre la sécheresse des sols, et de se transformer en engrais.

Gibson Nyanhongo déambule dans les salles de la start-up Agrobiogel, le sourire aux lèvres. Il faut dire qu’il a toutes les raisons d’être satisfait : l’avenir de son entreprise, qui est le résultat d’années de recherche, s’annonce particulièrement radieux. Le produit qu’elle s’apprête à commercialiser à grande échelle, c’est un granulé qui, au contact de l’eau, se transforme en gel superabsorbant, capable de libérer l’eau progressivement dans le sol et de freiner son assèchement.

Originaire du Zimbabwé, Gibson Nyanhongo est un chercheur de la BOKU (Université des ressources naturelles et des sciences de la vie) à Vienne, Autriche, qui a longtemps travaillé sur les hydrogels à usage médical. L’idée lui est venue, un jour, d’en développer un capable d’être utilisé en agriculture : après la création de l’Agrobiogel en 2020, lui et son équipe viennent d’amorcer la dernière étape pour une commercialisation auprès des agriculteur·rice·s et des consommateur·rice·s privé·e·s.

La demande s’annonce particulièrement forte : un peu partout en Europe, notamment en France et en Allemagne, on assiste à un assèchement des sols dramatique, causé par le dérèglement climatique et la déforestation. L’idée du gel absorbant n’est, en soi, pas nouvelle : on a

Gibson Nyanhongo est biotechnologue : il combine les connaissances et les méthodes de la biologie et de la technique. Il dirige le groupe de recherche sur la technologie des biomatériaux à l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie à Vienne (BOKU).

commencé à les utiliser dans les années 60 en agriculture. Mais ces gels – que l’on retrouve notamment dans les couches pour bébés – sont des polymères synthétiques issus de la pétrochimie : question durabilité, peut mieux faire ! La nouveauté de l’Agrobiogel autrichien, c’est qu’il est entièrement biosourcé, à base de bois – plus précisément, une molécule : la lignine – et qu’il se biodégrade entièrement et progressivement sur une durée de cinq ans. Un gramme de granulés Agrobiogel peut absorber jusqu’à quinze fois son poids en eau.

Racines de la croissance

Mais les avantages ne s’arrêtent pas là : les tests ont montré que ce gel favorisait la fortification des racines et l’absorption des nutriments par la plante. On a même constaté son efficacité dans des sols entièrement sablonneux ou très peu fertiles, comme les sols désertiques. Enfin, l’Agrobiogel se transforme progressivement en humus avant d’être absorbé par la terre, ce qui réduit le besoin d’engrais. Le rêve de Gibson Nyanhongo, ce serait de voir des usines d’Agrobiogel en Afrique : mais d’ici là, le produit va d’abord entrer sur le marché européen, grâce au soutien du programme de l’Union Européenne, Horizon Europe, qui a injecté 3,4 millions d’euros dans le projet. Le professeur Nyanhongo garde le sourire, et on comprend pourquoi.

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Un désert fertile : c’est encore un rêve, mais un rêve très, très réaliste.
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Holy Shit ! Mona Mijthab

Des toilettes sèches récoltent les déjections pour les transformer en biocharbon, un combustible précieux et un engrais riche en minéraux.

La machine à pyrolyse (responsable de la décomposition des composés organiques) mesure environ un mètre de haut, elle est de forme cylindrique et en métal. Des soudeurs locaux l’ont assemblée ici, au cœur de la forêt, en bordure du lac d’Atitlán (Guatemala). Des années se sont écoulées avant que cette machine ne crache pour la première fois du charbon végétal. Des années au cours desquelles Mona Mijthab a visité des bidonvilles, construit des toilettes sèches et trouvé un moyen de traiter les matières fécales humaines de manière à ce qu’elles puissent servir d’intrant à la machine. Ce dispositif se trouve à la fin d’un

Mona Mijthab est née en Allemagne, elle a développé ses toilettes sèches à Zurich. Aujourd’hui, elle vit au Guatemala en tant qu’entrepreneuse sociale. Elle est designer spécialisée dans l’innovation sociale et enseignante et chercheuse à la Haute École d’art de Zurich (ZHdK).

processus dont le point de départ est un problème mondial : selon l’UNICEF, 3,6 milliards de personnes n’ont pas accès à des installations sanitaires sûres. Cela représente presque une personne sur deux. Mona, 35 ans, est une entrepreneuse sociale accomplie qui a remporté plusieurs prix d’innovation et a participé au Red Bull Basement. En tant qu’étudiante en design industriel, elle s’est rendue au Bangladesh en 2017 et a constaté à quel point les installations sanitaires y étaient catastrophiques. De retour à Zurich, elle a fondé l’entreprise Mosan et prototypé un tout nouveau type de toilettes sèches.

Tout se transforme

La nouveauté de ces toilettes réside surtout dans le fait qu’elles peuvent être utilisées dans un ménage privé tout en étant abordables, transportables, faciles à nettoyer, et peu coûteuses à entretenir et à produire sur place. Les toilettes séparent les matières fécales de l’urine, et n’ont pas besoin d’électricité ni d’eau. Elles fonctionnent aussi dans les régions où les ressources sont rares et où l’absence de toilettes constitue un problème d’hygiène et de santé majeur. Mijthab a introduit les toilettes dans des communautés villageoises indigènes au Guatemala. Ici, jusqu’à présent, 80 % des eaux usées se déversaient, sans être traitées, dans les lacs « où les femmes lavaient leurs vêtements, les enfants jouaient sur les rives et les hommes pêchaient des poissons », explique Mijthab. Le concept fonctionne ainsi : les toilettes sont mises gratuitement à la disposition des ménages qui participent au programme, et l’équipe de Mijthab collecte les récipients pleins tous les deux jours. Les familles paient quatre dollars par mois pour le service de collecte. Mona n’y gagne rien, mais voit plus loin sur le plan économique : elle veut vendre le charbon végétal produit à partir des matières fécales au prix du marché. Actuellement, son équipe et elle développent des WC pour les écoles et les lieux publics.

Trendsetter
INNOVATOR 45 AGROBIOGEL GMBH/MARTIN LIFKA PHOTOGRAPHY, MOSAN 2018 PHILLIP LANDAUER, SAMUEL WALDIS

LE GAMING REDÉFINI

Depuis 2021, Opel s’est engagé dans le monde palpitant du gaming afin de faire tomber les préjugés à son égard et de soutenir et renforcer cette communauté. En tant que partenaire solide de ce secteur, la marque est fière de sponsoriser la TCS eSports League with Opel, et d’organiser des événements passionnants.

Lieux de pèlerinage

Opel suscite également l’enthousiasme dans la vie réelle et vous invite à visiter son stand lors des salons suisses du jeu vidéo Polymanga, Fantasy Basel, Game Soul et HeroFest. Opel y participe activement afin de construire une communauté forte en collaboration avec les gameur·euse·s. Les salons proposent des formats interactifs tels que des tournois de Rocket League et de Fortnite au cours desquels les fans ont la possibilité de se mesurer à leurs idoles de l’e-sport, comme Noah « Noahreyli » Rey et Alessandro

13–15.10.2023

9–11.5.2024

HeroFest | Berne herofest.ch

Fantasy Basel | Bâle fantasybasel.ch

MONTRE CE DONT TU ES CAPABLE ! Tu peux prolonger l’expérience ici : tcs-esports-league.ch

LES CANAUX DE MÉDIAS SOCIAUX ET REJOINS LA COMMUNAUTÉ

DÉCOUVRE

« Squixxl » Laumanns. Les finales de la TCS eSports League with Opel constitueront un moment fort lors de la plus grande LAN-Party de Suisse, la SwitzerLAN, qui se déroulera du 12 au 15 octobre 2023 dans les halles de BERNEXPO. Et ainsi l’événement attirera 2 000 fans de gaming – dont des stars suisses internationales de l’e-sport comme le vainqueur de l’année dernière, Noahreyli. Les vainqueur·e·s se partageront la somme de 26 000  francs suisses.

Une communauté, une passion

Opel est fier de faire partie de ce voyage exceptionnel et se réjouit de t’accueillir dans ce cercle. Rejoins, toi aussi, la communauté en suivant Opel sur les réseaux sociaux, en participant à des tournois captivants, en démontrant tes compétences et en te connectant avec d’autres personnes qui partagent tes idées et ta passion.

Le soutien d’Opel dans l’esport est d’une valeur inestimable. Son engagement auprès de la communauté du gaming me montre que la marque prend l’e-sport au sérieux en tant que sport en plein essor, et qu’elle est prête à aider des athlètes comme moi à réaliser leurs rêves.

» Opel @opel.ch @opel.switzerland @opel.CH
Destan « Destany » Huynh, Athlète d’e-sport, membre de l’équipe la plus performante de Suisse : mYinsanity
PROMOTION OPEL
ALEXANDRE WEBER TOURNOI FORTNITE La TCS eSports League présente avec Opel le plus grand événement LAN suisse jamais organisé pour Fortnite OPEL MOKKA ELECTRIC L’Opel, nouvelle star de ces événements dédiés au gaming, captive entièrement l’attention du public.

D’un autre monde

Pendant neuf ans, le photographe britannique

Benedict Redgrove a profité d’un accès exclusif aux labos et aux vaisseaux

spatiaux de la NASA.

Petite incursion dans l’espace en photos !

TEXTE Saskia Jungnikl-Gossy
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Combinaison spatiale

À bord de l’ISS (la Station spatiale internationale), les astronautes sont envoyés à 400 km au-dessus de la Terre à des vitesses pouvant atteindre 28 163 km/h. L’EMU (Extravehicular Mobility Unit) est une combinaison spatiale conçue comme un système de survie. « L’astronaute qui revêt ce costume devient le symbole de tout ce qui définit l’humanité », explique le photographe.

« Cette synergie symbolise notre soif de connaissances : qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous… et sommes-nous vraiment seul·e·s dans l’univers ? »

Cage dorée

La capsule spatiale Orion avant l’installation du bouclier thermique et des capteurs.

L’objectif d’Orion est double : emmener des êtres humains sur la lune dans le cadre du programme Artemis de la NASA, et prolonger l’exploration de l’espace au-delà de l’orbite terrestre. Ici : la partie qui accueillera l’équipage lors de son voyage sur la lune.

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Cinquante ans après sa conception, la fusée Saturn V continue de donner des ailes à l’imagination débordante des êtres humains.

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Le classique

Moteurs F-1 de la Saturn V: à l’époque, vers la fin des années 60, c’était la plus grande et la plus complexe des machines jamais construites sur Terre. « C’est une véritable fête pour les yeux, je trouve », s’enthousiasme Benedict.

« Que ce soit au niveau des détails ou des statistiques, tout dans ce vaisseau spatial me fascine, j’en deviens presque extatique. »

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Le Shuttle Carrier Aircraft N905NA (aéronef de transport de la navette spatiale) est exposé à Houston (Texas) avec une réplique de la navette spatiale Independence fixée sur son toit.

Le transporteur

Le développement du Shuttle Carrier Aircraft (SCA) représentait l’un des points clés du programme spatial de la NASA : il devait en effet permettre le transport des navettes spatiales

sur le territoire américain. Version modifiée du Boeing 747, le SCA (dont le dernier vol a eu lieu en 2011), servait donc principalement à l’acheminement des engins spatiaux d’un endroit à l’autre après leurs atterrissages. « Cette

photo capture à la fois le souvenir d’une époque et le mode de fonctionnement de la NASA. Elle montre comment celle-ci s’est construite toute seule en apprenant à s’adapter et à créer ce dont elle avait besoin », dit Redgrove.

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NNous ne connaissons qu’une infme partie de l’univers. Constat surprenant si l’on tient compte de toutes ces étoiles déjà recensées, ces nébuleuses gazeuses et ces millions de galaxies déjà observées, ces plus de cinq milles planètes extrasolaires et trous noirs répertoriés : on aurait plutôt tendance à croire que l’humanité dispose déjà d’une solide compréhension de l’univers. Loin s’en faut. En réalité, les étoiles brillantes et autres nuages interstellaires qui peuplent le cosmos ne représentent qu’environ 5 % de la masse totale de l’univers, constitué pour le reste de près de 27 % de forces attractives et 70 % de forces répulsives, soit la matière noire et l’énergie sombre. Que se cache-t-il derrière tout cela ? Mystère.

Pour tenter d’y voir plus clair, une nouvelle mission spatiale a vu le jour : le 1er juillet 2023, à 17 h 12, une fusée Falcon 9 de l’entreprise spatiale américaine SpaceX s’est élancée dans l’espace avec à son bord le télescope spatial Euclid (baptisé d’après Euclide, le mathématicien grec qui aurait vécu vers 300 avant notre ère). Ce télescope spatial a été développé par l’Agence spatiale européenne (ESA) avec le soutien de la NASA. Depuis sa position (à 1,5 million de kilomètres hors de l’orbite terrestre), il observera plus d’un tiers du ciel pendant au

moins six ans et permettra une cartographie précise de la répartition spatiale de plusieurs milliards de galaxies. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, il sera possible d’étudier l’infuence de la matière noire et de l’énergie sombre sur le développement et la structure à grande échelle de l’univers. Les données seront utilisées pour créer la carte de l’univers, en 3D, la plus grande et la plus précise jamais réalisée jusqu’à présent.

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Œil céleste

Avant son lancement en juillet, le télescope spatial Euclid dans sa version finale était disposé à l’horizontale dans la chambre de tests insonorisée des locaux de Thales

Alenia Space, à Cannes. Le télescope a ensuite été expédié aux États-Unis. Benedict Redgrove a pris ce dernier cliché d’Euclid avant son lancement final dans l’espace.

La mission du télescope Euclid: observer des milliards de galaxies depuis une distance de près de dix milliards d’années-lumière loin de notre planète afin de constituer une carte tridimensionnelle de l’univers.

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Le miroir

L’élément central du télescope Euclid est un miroir principal composé de deux instruments, l’un pour la lumière visible, l’autre pour le rayonnement infrarouge, afin d’analyser la lumière collectée et de déduire certaines propriétés des galaxies.

Ce miroir d’1,20 mètre de large est composé de carbure de silicium et d’un revêtement en argent. Grâce à sa surface lisse, il capture efficacement la lumière des galaxies qui composent l’univers.

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Terminator

« Imaginez que vous entriez dans le laboratoire de la NASA et que vous tombiez nez à nez avec une main bionique tout droit sortie de Terminator exposée en vitrine », raconte Benedict. Cette main fait partie du projet Robonaut, un programme de développement de robots humanoïdes pour assister les astronautes.

Cette main artificielle est censée reproduire la dextérité et la fluidité d’une main humaine. Pour cela, elle dispose de doigts et d’articulations lui permettant d’effectuer des mouvements extrêmement complexes.

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Benedict Redgrove

NASA : rêves d’avenir au passé et au présent

Tel est le titre de l’ouvrage de ce photographe et cinéaste britannique qui voue un véritable culte aux innovations et aux technologies depuis sa plus tendre enfance. Il a consacré plus de neuf années de sa vie à son projet sur l’agence spatiale américaine, bénéficiant pour cela d’un accès inédit à tous les appareils, laboratoires et autres installations de recherche de la NASA. L’idée du photographe était de montrer combien ces objets nous touchent autant sur le plan spirituel qu’émotionnel. « Je voulais explorer ces objets et établir une connexion pour que les gens comprennent tout ce que ces merveilles technologiques signifient pour nous.»

benedictredgrove.com

Avec leurs designs mythiques, les navettes spatiales opérées par la NASA entre 1981 et 2011 ont marqué l’âge d’or de l’exploration spatiale.

Atlantis

La navette spatiale Atlantis (en photo : vue du nez et du cockpit) est un assemblage de 2,5 millions de pièces détachées dont près de 370 kilomètres de câbles, plus d’un millier de valves et de raccordements, 1 400 disjoncteurs, et 24 000 plaques isolantes en dioxyde de silicium.

« Son inégalable beauté se reflète dans cette peau de métal recouverte de cicatrices, observe Benedict. Toutes ces marques, comme autant de débris projetés lorsque les moteurs de la fusée propulsent le vaisseau spatial dans l’espace, ont leur propre petite histoire. »

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30 NOVEMBER 2023 BASEL
FORUM Schweizerische Eidgenossenschaft C onfédération suisse C onfederazione Svizzera C onfederaziun svizra Swiss Confederation Innosuisse – Swiss Innovation Agency MAIN PARTNERS
TOP SPEAKERS SUSIE ARMSTRONG Senior VP of Engineering, Qualcomm, Inc. EDWARD BERGER Screenwirter & Director, «All Quiet on the Western Front» GET YOUR TICKET NOW WITH 20% DISCOUNT www.swiss-innovation.com JENNIFER HARRIS TROSPER Project Manager Mars 2020, NASA Foto © Misan Harriman
SWISS INNOVATION
OUR

Les robots, qui remplacent les ouvriers sur les chaînes de montage, travaillent sous l’œil vigilant des employés de Telerobotics.

Je ne suis pas un robot

Avec l’émergence de l’intelligence artificielle, de nombreuses personnes craignent pour leur emploi. Pourtant, les mutations dans le monde du travail créent de nouvelles opportunités : voici dix professions d’avenir.

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TEXTE Nicole Thurn ILLUSTRATIONS Bratislav Milenkovic INNOVATOR 61

Le développement technologique connaît une telle croissance que les expert·e·s n’hésitent pas à parler de saut évolutif. Ces derniers mois, certains outils d’intelligence artifcielle (ChatGPT pour les textes ou Midjourney pour les images) ont déjà bouleversé le marché du travail. Dans les domaines du design et du marketing, de plus en plus de postes ne sont plus pourvus ou simplement supprimés. Parallèlement, une pénurie alarmante de personnel touche les secteurs sociaux traditionnels. La demande en personnel soignant, éducateur·rice·s de jeunes enfants, enseignant·e·s et professionnel·le·s du tourisme se prépare à exploser, autant à cause d’une vague imminente de départs à la retraite que de la « démission silencieuse », cette tendance à équilibrer travail et vie privée. Sans démissionner tout à fait, on s’en tient au strict minimum, en refusant par exemple les heures supplémentaires. D’un autre côté, les offres d’emploi affuent pour les développeur·euse·s de logiciels et autres professions techniques.

L’idée, encore largement répandue il y a quelques années, que les robots allaient remplacer les êtres humains au travail s’est révélée être (en partie) un mythe : dans une étude réalisée en 2020, l’agence de conseil internationale Deloitte a prédit que la technologisation allait entraîner beaucoup plus de création que de suppression d’emplois en Allemagne jusqu’en 2035. Plus concrètement, on parle de 2,1 millions de nouveaux

Lemplois diffcilement remplaçables par des technologies, dont 1,8 million dans les domaines de la santé, de l’enseignement et de la formation ainsi que dans les secteurs de la gestion d’entreprise, du droit et de l’administration.

Globalement, on estime que 35 % du travail d’un poste à plein temps sera effectué par des technologies numériques ou des robots qui exécuteront ces tâches contraignantes ou répétitives souvent boudées par le personnel. Les nouvelles technologies envahissent presque tous les secteurs, de l’agriculture à la santé en passant par les services. Aucun domaine professionnel n’échappe à la numérisation et à l’automatisation, que ce soit dans le cadre d’un logiciel innovant qui gère les emplois du temps, les horaires de travail, les machines de production, ou celui de la lecture, la collecte et l’analyse des données clients, ou encore de l’utilisation de l’intelligence artifcielle. Les entreprises sont confrontées à des défs complexes et n’ont d’autre choix que de changer radicalement leur organisation, leurs méthodes de travail et leurs objectifs. Au-dessus de tout cela plane la menace du changement climatique et les défs du réchauffement de la planète.

Cette profonde mutation du monde du travail et de l’économie entraîne l’apparition de nouveaux métiers prometteurs qui vont être très demandés dès les prochains mois, avec salaires élevés à la clé. Voici notre Top 10.

Pilotage de drone, agriculture urbaine…

Une mutation dans le monde du travail ouvre à de nouveaux métiers.

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1. Prompt Engineer

Les Prompt Engineers sont chargés de la formation des modèles d’intelligence artifcielle tels que ChatGPT, Midjourney et DALL-E, et de mettre en place des instructions pour obtenir les meilleurs résultats possibles. Un prompt peut être une phrase, un ensemble de données spécifque ou tout simplement un code informatique. L’intelligence artifcielle (IA) ne peut fournir de résultats signifcatifs et précis que si les prompts sont de haute qualité et non-altérés. La demande en expert·e·s augmente de paire avec l’utilisation croissante de l’IA : les entreprises américaines attirent les Prompt Engineers en leur offrant un salaire annuel de 150 000 à 300 000 dollars. Le profl le plus recherché : expert·e en langages de programmation C++, Python et PHP et en apprentissage automatique. Outre l’optimisation des résultats, l’évaluation et la documentation des prompts, l’analyse des données ainsi qu’une collaboration étroite avec les

Bâtiment, protection de l’environnement, veille environnementale, etc. : les drones sont désormais un outil majeur, et il devient indispensable de former des personnes sachant les piloter.

chercheur·euse·s et ingénieur·e·s est primordiale. Des offres d’emploi sont disponibles sur le site international (prompt-engineering-jobs.com). Le site promptbase.com permet, quant à lui, d’acheter des prompts prédéfnis créés par des professionnel·le·s.

2. Pilote de drone

Le marché des drones commerciaux décolle. On comptait 415 400 drones en Allemagne en juillet 2023, dont un sur sept utilisé à des fns commerciales, et un sur trois d’ici 2025 selon une étude de Drone Industry Insights.

Les drones sont actuellement prisés par le secteur de la construction, mais aussi pour intervenir dans la protection de l’environnement, l’observation de la faune, le contrôle de la circulation, le secteur de l’énergie (inspection des éoliennes ou des panneaux solaires), l’agriculture (lutte contre les parasites), la météorologie et la protection civile. Le secteur de la logistique prévoit lui aussi de faire appel aux drones. Les pilotes assurent une programmation et un contrôle irréprochable de leurs appareils ainsi que la mesure des données requises et le transport de matériel. Si les pilotes de drones sont encore indépendant·e·s, elles et ils travaillent de plus en plus à plein temps dans les entreprises de construction, les agences de mesures et de planifcation, la police, l’armée, les pompiers et services de secours tout comme dans le secteur de la sécurité ou les exploitations agricoles. Un permis de pilote étant obligatoire, on propose désormais des cours de formation professionnelle. Un métier passionnant pour pilotes, soldat·e·s et autres technicien·ne·s en mesure physique, génie mécanique et génie civil.

3. Expert·e en cyberforensique et IA

Elles et ils veillent au respect des réglementations en matière de conformité et de protection des données de la part des entreprises. La cyberforensique, ou criminalistique numérique, consiste en l’analyse des attaques de pirates informatiques et l’investigation des cas de piratage de l’intranet d’une entreprise, de vol de données clients sensibles ou d’accidents provoqués par la voiture autonome d’un constructeur

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automobile. Elles et ils recherchent (toujours à l’aide de l’IA) les volumes de données pertinents et récupèrent les données supprimées. Dans le cadre de la police, elles et ils examinent des données numériques pour élucider des crimes, assurent la préservation numérique des indices, créent des doubles numériques de victimes et de criminel·le·s, et reconstituent des scènes de crime en 3D. Les emplois dans le domaine de la cybersécurité augmentent aussi bien dans les grandes entreprises que chez la police et les services gouvernementaux. On propose déjà des formations spécialisées en criminalistique numérique.

4. Concepteur·rice holographique 3D

Grâce à la technologie Holoport, combinaison de téléportation et technologie holographique, la NASA a récemment envoyé un groupe de scientifques dans la SSI (Station spatiale internationale). Les fournisseur·euse·s de cette technologie, Protobeam en tête, font apparaître des conférencier·ère·s sur scène ou des enseignant·e·s dans les écoles en temps réel. Les hologrammes se multiplient également dans le secteur de la présentation de produits, la publicité et la culture. Les concepteur·rice·s holographiques 3D créent des designs spectaculaires pour des présentations interactives en 3D, des projections holographiques pour des réunions, des projets de scène et installations artistiques ou pour les vastes campagnes publicitaires des grandes entreprises.

5. Manager d’adaptation au changement climatique

Elles et ils aident les ONG, le gouvernement et les entreprises à atteindre leurs objectifs stratégiques de lutte contre le changement climatique tout au long de la chaîne de valeur. Elles et ils doivent être au fait des réglementations en matière de lutte contre le changement climatique, établir des

bilans d’émissions de CO² et savoir analyser et interpréter correctement les données. Elles et ils coordonnent des projets de transformation axés sur la durabilité tels que la sortie progressive des énergies fossiles, gèrent des projets de durabilité et d’environnement dans ou entre les entreprises et travaillent avec différentes divisions et parties prenantes. Elles et ils mettent en avant les potentiels d’optimisation en matière d’énergie et de protection de l’environnement au sein de l’entreprise, analysent les données sur les émissions de CO² et la consommation d’énergie, calculent, planifent et gèrent des projets de protection du climat. Elles et ils ont étudié la gestion du changement global, la gestion de la durabilité ou les sciences du climat.

6. Développeur·euse de réalité augmentée et virtuelle (RA/RV) : Selon Statista, le marché mondial de la réalité augmentée et virtuelle atteindra environ 27 milliards de francs suisses cette année et près de 47 milliards d’ici 2027. Les développeur·euse·s de RV sont donc plus demandé·e·s que jamais. Elles et ils construisent des mondes de réalité virtuelle pour des plateformes fournisseuses de jeux, telles que le métavers, ou pour l’industrie, et conçoivent de nouveaux modèles de produits en réalité augmentée et en réalité virtuelle. Volkswagen a ainsi créé son propre labo de réalité virtuelle dans sa maison mère de Wolfsburg. D’ancien·ne·s programmeur·euse·s de jeux y travaillent sur de nouveaux modèles de voitures. L’usage de la réalité virtuelle ou augmentée (incrustations virtuelles qui se superposent à la réalité) s’étend également à la

formation sur le terrain et l’intégration de nouveaux·elles employé·e·s. Les développeur·euse·s de RV doivent connaître les langages de programmation C# et C++, la modélisation 3D, et les plateformes de développement de jeux comme Unity et Unreal.

7. Responsable de management collaboratif

Le nouvel univers professionnel met l’accent sur la collaboration de type interfonctionnelle axée sur le projet où différentes professions tel·le·s qu’expert·e en informatique ou professionnel·le du marketing et parties prenantes externes travaillent main dans la main. Mais elles et ils ont souvent des langages techniques différents et des besoins et objectifs propres. Le ou la responsable de management colla-

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Les Climate Change Managers conseillent les entreprises en matière d’adaptation environnementale et de protection du climat.

La prochaine étape de la photographie : les designers holographiques 3D font flotter librement dans l’espace des objets apparemment réels.

boratif apporte une vue d’ensemble : il ou elle établit des réseaux, coordonne et communique la collaboration entre les membres du projet dans l’entreprise, les parties prenantes externes, les indépendant·e·s, les fournisseur·euse·s et les client·e·s. Pour cela, il ou elle doit comprendre et traduire les préoccupations et la terminologie des différentes professions. Convivialité, capacité à établir des réseaux, communication adaptative, connaissances spécialisées et connaissances en organisation sont les compétences les plus recherchées.

8. Ingénieur·e en technologie de l’eau/ hydrologue

Selon les Nations Unies, deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. D’une part, une eau qui se raréfe, d’autre part, des régions entières régulièrement touchées par les inondations. Les hydrologues et ingénieur·e·s en technologie de l’eau sont responsables du traitement de

L’eau est essentielle à la survie. Les hydrologues veillent à ce que l’eau potable ne vienne pas à manquer.

l’eau, de la construction de pipelines, de la conception économe en énergie des systèmes d’irrigation et du traitement des eaux usées. Elles et ils développent des mesures de protection de l’eau et de réduction de la consommation et sont très prisé·e·s dans la recherche, la gestion régionale au sein des municipalités et des communautés ou dans les pays confrontés à une pénurie d’eau. Elles et ils ont fait des études avec spécialisation en écologie des cours d’eau, hydrobiologie, génie hydraulique et gestion de l’eau ou technologie environnementale.

9. Agriculteur·rice urbain·e

Pour nourrir dix milliards de personnes d’ici 2050, 56 % de nourriture supplémentaire sera nécessaire par rapport au volume actuel pour huit milliards d’habitant·e·s (sans oublier la famine globale). Conjointement, la protection du climat est essentielle : il faut réduire rapidement l’expansion des surfaces agricoles et des émissions de CO² dues aux transports mondiaux de fruits et légumes. L’agriculture urbaine mise sur le local : les agriculteur·rice·s urbain·e·s cultivent aussi bien les toits des immeubles que des fermes verticales

(sur plusieurs étages) et des plantations de légumes en intérieur. Elles et ils se spécialisent également dans les fermes aquaponiques (élevage de poissons par ex.). De bonnes connaissances en matière de culture, d’hydroponie, d’agriculture verticale, de gestion énergétique sont nécessaires tout comme une certaine fbre sociale : ce sont souvent des projets communautaires issus de commerces et de centres sociaux. Le marché mondial de ce secteur devrait croître de 5,8 % par an d’ici 2032 pour atteindre 16 milliards de dollars.

10. Spécialiste en téléopération et télérobotique

Les robots sont déjà bien ancrés dans les secteurs de l’industrie et de la logistique, ce qui modife naturellement les tâches du personnel de production : le travail à la chaîne fait place aux robots et aux employé·e·s de téléopération ou de télérobotique qui contrôlent machines, installations, robots et systèmes numériques à distance. Dans la logistique, les jours des chauffeur·euse·s de camion et des livreur·euse·s sont comptés. Les entités de transport autonomes pourront bientôt être contrôlées à distance par les spécialistes de la téléopération. Grâce à la technologie de téléprésence, l’employé·e à distance peut voir ce que le robot « voit » et réagir immédiatement.

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L’agriculture s’urbanise, et des jardins potagers font leur apparition au cœur des métropoles.
Entretien
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Tijen Onaran est le visage d’une nouvelle génération de femmes d’affaires féministes.

« Je polarise autant que Barbie »

Tijen Onaran est l’une des femmes les plus influentes de la sphère économique européenne. Engagée sur le front de la diversité et de l’inclusion, la PDG aborde ici ses thèmes de prédilection : start-ups, réseaux, diversité, et la nécessité de sentir dans quelle direction va le monde.

ENTRETIEN Andreas Wrede PHOTOS Urban Zintel
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the red bulletin innovator : Tu as souvent été une pionnière dans ta vie, et cela dès le début : dans l’école catholique pour filles que tu fréquentais à Karlsruhe (Allemagne), tu étais la première et la seule élève d’origine turque. Qu’as-tu ressenti à l’époque ? tien onaran : Comme j’étais dans un environnement très allemand, mes origines culturelles ne m’ont posé aucun problème jusqu’à la fn du lycée. En revanche, j’ai remarqué très tôt que j’étais socialement différente des autres : lorsque j’étais invitée aux fêtes d’anniversaire, je voyais que mes amies habitaient dans de grands appartements ou des maisons ; alors que chez moi, on fêtait mon anniversaire dans la cuisine de notre minuscule deux-pièces. Je viens d’une famille classique d’immigrés, comme on a l’habitude de nous appeler dans la société : ma mère était vendeuse, mon père était enseignant en Turquie et a déménagé en Allemagne pour étudier l’architecture avant de travailler dans ce domaine. Dans son entreprise, on l’appelait d’ailleurs – sans aucun mépris, mais plutôt par convenance – « le Turc ».

Tu as étudié les sciences politiques, l’histoire et le droit public à l’université de Heidelberg : pourquoi avoir choisi cette combinaison ? À cette époque, la politique m’intéressait déjà : j’ai commencé très tôt à m’engager pour le FDP (le Parti allemand des Démocrates Libres, un parti néo-libéral et pro-business, ndlr) au niveau régional, et je me disais qu’en plus de faire de la politique sur le terrain, il fallait que j’aie de solides connaissances théoriques. C’est en combinant ces trois formations lors de mes études de master que j’ai pu les acquérir.

TEn 2015, tu as l’idée de fonder l’initiative Women in E-Commerce, sur le commerce en ligne. Oui, parce que je voyais bien que les femmes étaient sous-représentées dans ce secteur. On n’en parlait même pas à l’époque, et c’est en lançant ce projet qu’on a commencé à s’emparer du sujet. Évidemment, les questions féministes étaient déjà présentes en politique, mais je voulais apporter une dimension plus légère et plus concrète aux débats sur l’équité.

En 2018, tu passes à l’étape supérieure en fondant Global Digital Women, une société de conseil devenue leader dans la promotion de la place des femmes dans le monde numérique.

J’ai compris que les femmes devaient absolument prendre part à l’aventure numérique, que ce soit dans les domaines de la santé, de l’économie ou des start-ups. Je me suis aussi

Entretien
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« La diversité peut être un modèle d’entreprise. Je ne courais pas après l’esprit du temps, je l’avais devancé. »

Diversité des générations, des origines sociales : Tijen Onaran apporte de nouvelles perspectives aux entreprises.

demandé si ce projet n’allait rester qu’un passe-temps ou si je pouvais en faire mon métier. Quand j’ai lancé GDW, on m’a souvent regardée avec une espèce de dédain, comme si ce que je faisais n’était qu’un acte de charité – ce qui m’a prodigieusement énervée, à l’époque. Les gens n’avaient pas encore compris l’enjeu principal de GDW et son caractère innovant : à savoir que c’est justement par la diversité et l’inclusion que les entreprises gagnent en performance ; et que cette idée était donc particulièrement en accord avec l’évolution de la société.

Entre-temps, tu venais de fonder ta deuxième société ACI Consulting (Act, Change, Impact), spécialisée cette fois dans le conseil aux entreprises sur les questions de diversité, d’équité et d’inclusion. Comment abordes-tu ces thèmes lorsque tu rencontres des dirigeant·e·s d’entreprise ?

Il faut dès le début sensibiliser son public à ces enjeux, en insistant sur le fait que cela va bien au-delà des simples questions d’équité ou de parité. Dans les conférences internationales auxquelles je suis invitée, il est aussi question de diversité sociale ou générationnelle, ou encore des spécifcités nationales… D’un point de vue plus mathématique, nous analysons aussi les statistiques d’une entreprise : quel pourcentage de jeunes talents a-t-elle gagné, quel pourcentage est parti beaucoup trop tôt ? Le monde de l’entreprise doit faire face à un déf inédit au niveau européen : le défcit grandissant de personnel et de managers. Cela nous a fait passer très vite

« Rester comme je suis… C’est à peu près la pire chose qu’on puisse me souhaiter sur une carte de vœux. »
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des petits workshops à 3 000 euros à des projets beaucoup plus innovants et importants – avec des budgets de plus de 100 000 euros.

Tu fais partie de ces femmes pionnières qui ont forcé le débat sur la diversité en entreprise. C’est aujourd’hui un sujet de société incontournable : comment expliques-tu cette évolution ?

C’est d’abord dû au fait que les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’emparer de cette question. Mais il est aussi devenu évident que notre économie ne peut plus se permettre de renoncer aux femmes : le marché du travail, en Allemagne, en a besoin. Troisième point : nous vivons une époque où les émotions et les sentiments sont de plus en plus pris en compte, ce qui a pour conséquence de replacer les questions de diversité et de développement durable au cœur des débats de notre société.

Le monde des start-ups est pourtant, en Allemagne, encore largement dominé par les hommes. À quoi cela tient-il et que faire pour changer la donne ?

Beaucoup de ces créateurs d’entreprise se connaissent depuis l’université, viennent de milieux sociaux privilégiés ou de familles d’entrepreneurs. Ils disposent déjà d’un bon carnet d’adresses ou d’un capital fnancier important. En Allemagne, le monde des start-ups est encore trop centré sur lui-même, et je constate une chose : les grandes et moyennes entreprises semblent souvent plus intéressées par la diversité que les créateur·rice·s de start-ups – celles et ceux-là même qui mettent l’innovation au cœur de leurs projets.

__ Femme de pouvoir

Voici Tijen Onaran : sa vie, sa carrière, et son influence sur l’évolution des droits des femmes.

«

Tijen Onaran est une cheffe d’entreprise, spécialiste en conseil et en investissement, auteure de best-sellers – et l’une des femmes les plus influentes du monde germanophone sur les questions de diversité, de visibilité et du numérique. Née en 1985 à Karlsruhe (Allemagne) dans une famille d’origine turque, elle y fréquente un lycée catholique pour jeunes filles. À 20 ans, Tijen se lance en politique au sein du parti libéral FDP pour les élections régionales de Bade-Wurtemberg. En 2009, elle coordonne la campagne de Guido Westerwelle, futur

ministre allemand des Affaires Étrangères, sur les réseaux sociaux. Après avoir saisi l’impact de la numérisation et des réseaux sociaux dans notre société, elle fonde en 2015 sa première start-up, Women in E-Commerce. Forte du succès de cette initiative, elle s’attelle à un plus gros projet, Global Digital Women, une société de conseil qui permet à des milliers de femmes travaillant dans le numérique en Allemagne,

Stets mit freundlichem Nachdruck: Tijan

Onaran erklärt Konzernen, wie Diversität funktioniert.

La répartition des rôles dans ma boîte ? Mon mari a le ministère de l’Intérieur, et moi celui des Affaires étrangères. »
72 INNOVATOR

La devise de Tijen : « Avoir toujours une longueur d’avance sur l’air du temps. »

en Autriche, en Suisse et en Grande-Bretagne d’accroître leur visibilité grâce à un réseau actif et des services de conseil. Elle et son mari fondent ensuite leur deuxième société de conseil, ACI Consulting (Act, Change, Impact), spécialisée dans les questions de diversité, d’équité et d’inclusion. Elle intervient régulièrement dans des universités et médias spécialisés, et anime depuis 2018 le podcast, How to Hack, pour le magazine Business Punk

En parlant d’innovation : qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

L’innovation, c’est la capacité de sentir dans quel sens va le monde. Être en avance sur son époque. C’est le contraire de la stagnation. Le pire compliment qu’on pourrait m’écrire sur une carte de vœux, c’est de rester comme je suis : je n’en ai aucune envie ! Ce que je veux, c’est aller de l’avant, évoluer. L’innovation implique le changement, et c’est pour cela que j’aime investir dans de nouveaux projets.

Comment cela ?

J’ai investi dans des start-ups qui recouvrent différents secteurs – alimentation infantile sans sucre, bienêtre intime, FinTech (technologies liées aux fnances, ndlr), formation continue… Mais si mon portefeuille d’investissement est très diversifé, j’essaie surtout de travailler avec des femmes. Dernièrement, j’ai pris part à des réunions en ligne avec ces startups pour parler de leurs besoins, du rôle que je peux jouer pour elles, et c’est cela qui me force à évoluer. Je les conseille sur des questions de marketing, de storytelling, de communauté, de réseaux sociaux – et la diversité fait partie des premiers sujets abordés. Mais ce qui m’importe en premier lieu, c’est d’insuffer de l’optimisme dans cette société marquée par la crise. J’ai toujours été une fonceuse, et notre époque a justement besoin de personnes courageuses : il faut faire preuve d’audace pour innover, mais c’est aussi cela qui nous rend heureux.

Tu t’occupes personnellement de tes comptes Instagram et LinkedIn, en répondant souvent très rapidement, de manière personnalisée et avec une sacrée répartie. Jusqu’à quand seras-tu capable d’un tel investissement personnel ?

Je me pose la même question ! Si tout cela représente effectivement un travail colossal, ma communauté

« Pour la Journée internationale des femmes, j’ai reçu une Barbie à mon effigie, pour saluer mon exemplarité. »

est aussi un espace d’innovation dans lequel j’apprends chaque jour de nouvelles choses. Mais plus j’ai de followeur·euse·s, plus c’est diffcile de répondre personnellement et de manière authentique à tout le monde.

Mattel a même sorti récemment une poupée Barbie à ton effigie… J’ai toujours aimé jouer à la Barbie. Dans le monde que je m’inventais, j’étais une femme très occupée, entourée de valises – déjà des rêves de femme d’affaires ! Et c’est exactement ce que je suis devenue. La poupée Barbie à mon effgie a été créée pour la Journée internationale des femmes en 2022 : Mattel sélectionne pour l’occasion des femmes de différents pays dont le parcours et le succès sont des sources d’inspiration. Évidemment, j’ai été très fattée. Et puis d’une certaine façon, je me retrouve bien dans l’image d’une Barbie : soit on l’aime, soit on la déteste, mais personne n’y est indifférent. Ça résume bien ce que je fais aujourd’hui. Je polarise autant que Barbie !

Tu partages la direction d’ACI avec ton conjoint Marco Duller-Onaran : comment décrirais-tu le partage de vos rôles respectifs ?

J’ai le ministère des Affaires Étrangères, il a celui de l’Intérieur. Marco n’aime pas être sous les feux de la rampe, mais il sait parfaitement comment mener une équipe, la faire évoluer et analyser les besoins individuels de nos clients. Quant à moi, je m’occupe de la sphère publique : conférencière, présentatrice, créatrice de projet, auteure de livres ou de podcasts, spécialiste en investissement… En un mot : on se complète à merveille.

Entretien
INNOVATOR 73

Nicole de

Bains de forêt, scan cérébral, « méditation séculaire » : l’auteure Nicole Thurn a entrepris pour nous un voyage au bout de la créativité.

74 INNOVATOR JULIE BRASS

en quête

Le monde du travail évolue de plus en plus vite, il est de plus en plus dynamique. Afin d’être (et de rester) à la pointe, il faut avant tout une chose : faire preuve de créativité. Mais où se cache-t-elle ? Et peut-on la capter ? Notre auteure s’est lancée dans des recherches. Et elle a trouvé ce qu’elle cherchait !

créativité

75
TEXTE Nicole Thurn
INNOVATOR

V

Vais-je réussir à m’en débarrasser un jour de ce satané syndrome de la page blanche ? Tel un métronome, le curseur clignote sur mon document Word vierge. Mais où est donc passée ma créativité ? Et comment faire pour la retrouver ? Un livret sur mon bureau marque le début de ma recherche. Daily Rituals, How Artists Work (trad. Rituels quotidiens, comment les artistes travaillent), recueil de récits sur les grands maîtres du XXe siècle, répond à cette question : comment travaillent-elles et ils ? La conclusion, c’est que loin de se promener en forêt pour trouver l’inspiration, la plupart, Hemingway, Bukowski, Beauvoir ou Picasso, picolaient jour et nuit. Quelle déception… Je me pose une question : ces génies étaient-ils créatifs par essence ou bien parce qu’ils avaient un penchant pour les substances narcotiques ? Et comment faire pour stimuler la capacité d’innovation du cerveau ? Que dit la science à ce sujet ? (Ah oui, et que faire contre le syndrome de la page blanche ?)

Je ne suis pas la seule à me poser ces questions. La majorité de l’humanité semble avoir un complexe de créativité : deux tiers des personnes s’estiment peu créatives, sûrement intimidées par la comparaison avec les génies reconnus. Mais des études comme celle du groupe allemand Hirschen montrent que c’est justement de la créativité et de la force d’innovation que dépend la réussite des entreprises sur le plan économique. Alors, où commence la créativité ?

Chapitre 1

Le chef d’orchestre du cerveau

Je lance une recherche – pas très créative en l’occurrence – sur Google avec les mots clés « créativité » et « recherche sur le cerveau » et tombe sur des résultats mentionnant Dr. Shelley Carson. Elle mène des recherches sur le sujet à l’université de Harvard et estime que le fltrage cognitif des stimuli est moins développé chez les personnes créatives que chez les non-créatives. Elles absorbent donc davantage de données sensorielles. Comme j’aimerais bien en savoir plus, je prends rendez-vous avec Andreas Fink, psychologue à l’Institut de psychologie de l’université de Graz, qui étudie depuis des années la capacité du cerveau humain à trouver des solutions créatives. Et aussi celle de mon cerveau à présent. Quoi qu’il en soit, lors de notre rencontre, je me retrouve dans un tunnel blanc et étroit du centre d’IRM, entourée de vrombissements technologiques et de bips qui pénètrent les méandres de mon cerveau, mais dont le ronronnement régulier me plonge dans une agréable somnolence. Je me plie consciencieu-

sement aux instructions qui s’affchent sur l’écran de mes lunettes high-tech, à savoir serrer le poing de la main droite toutes les deux secondes et le relâcher. À l’extérieur, des étudiant·e·s curieux se pressent devant les écrans pour voir mon « cortex moteur » apparaître en surbrillance sur la représentation en 3D de mon cerveau. Le mouvement effectué par ma main est donc visualisable.

Je demande à Fink si la recherche sur le cerveau permet d’expliquer les intuitions créatives, et si oui, comment. « Il est impossible de capturer un effet Eurêka au scanner cérébral », explique-t-il. En revanche, les chercheur·euse·s étudient la manière dont les sujets résolvent des problèmes diffciles. Voici ce qu’elles et ils ont découvert : « En matière de créativité, tout repose sur le stade du processus de pensée. Ainsi, la recherche et la sélection de solutions impliquent le lobe frontal, la partie principale du cerveau qui en est aussi le chef d’orchestre, explique le chercheur. Mais

Avant le scanner

cérébral : Nicole Thurn et le psychologue Andreas Fink à l’Institut de psychologie de l’Université de Graz.

Témoignage
Vrombissement technologique, mon cerveau est en feu. Puis, le ronronnement du scanner me berce.
76 INNOVATOR NICOLE THURN

quand on laisse libre cours à ses pensées, c’est le lobe pariétal, situé juste derrière, qui entre en jeu, poursuit-il. Et quand on s’imagine quelque chose ou que l’on rêve éveillé, c’est le cortex visuel, une partie du cortex cérébral, qui est actif. La pensée créative est donc très complexe et fait intervenir différents réseaux de régions du cerveau », conclut Andreas Fink. Sacrément complexe. Selon le psychologue, dans la pratique, la créativité compte deux caractéristiques essentielles : « L’originalité et le caractère à la fois utile et effcace de la résolution d’un problème. »

Au foot en particulier, ces deux caractéristiques sont indispensables pour marquer des buts par surprise. Le projet de recherche mené actuellement par Fink sur la compétence créative à trouver des solutions dans le foot semble confrmer les résultats des recherches précédentes : « Le sport permet de ne pas rester fxé sur un problème et améliore la recherche créative de solutions », explique Fink. Le fait de courir régulièrement pourrait réduire le stress chronique – qui est lui-même un facteur limitant la créativité. L’exercice physique ne suffrait toutefois pas pour transformer un individu en génie créatif : « Nous ne savons encore rien de la quantité d’exercice nécessaire et de ses effets, et il existe d’autres approches qui fonctionnent tout aussi bien », souligne Fink. Il est essentiel d’échanger ses idées avec les autres, de multiplier les recherches et de recourir à des méthodes et techniques de créativité.

Chapitre 2

Compétence d’équipe

Mais quelles sont les techniques de créativité réellement effcaces ? En surfant sur le Web, je tombe sur le manuel Creability, écrit par Martin Eppler, professeur de communication à l’université de Saint-Gall, en collaboration avec des collègues. Tous les exercices et méthodes présentés dans cet ouvrage ont été testés par les auteur·e·s dans le cadre de leurs formations à la créativité et à l’innovation en entreprise, certains ont été inventés par elles et eux-mêmes, d’autres adaptés (pour les trois meilleures techniques, voir le site creability.ch).

La créativité n’a rien à voir avec les génies surdoués, déclare Martin Eppler.

« Elle relève de l’habitus, des pratiques et des routines établies par tout un

chacun. » Pour lui, c’est une idée que les gens doivent s’enlever de la tête : « Dans nos formations, on se heurte à la même barrière : les participant·e·s prétendent ne pas avoir l’esprit créatif. Cette fausse croyance, nous la balayons dès les premiers exercices d’initiation », explique le professeur. Pour Eppler, la pire méthode de créativité, qui est sans doute la plus répandue au monde, est le brainstorming : « Le brainstorming spontané en groupe entrave la diversité du groupe et génère une autocensure, en particulier chez les personnes introverties. De plus, il est diffcile d’écouter les autres tout en évaluant leurs idées et en développant les siennes. » La stratégie think-pair-share serait bien plus effcace : « Trouver des idées chacun·e de son côté, les développer à deux

Attention, le brainstorming est contre-productif !
INNOVATOR 77
« C’est un outil de pseudo-créativité, déclare le chercheur en communication Martin Eppler. Chez les personnes introverties, il conduit à l’autocensure. »

et ensuite en discuter en équipe. » Il conseille aussi de faire des exercices d’échauffement créatifs avant de se lancer dans le développement d’idées.

Diverses études montrent que pour qu’une idée soit plus créative que la moyenne, il faut la développer encore et encore. « Parfois, il faut savoir détruire des idées », dit-il. Un autre aspect auquel les participant·e·s s’exercent : travailler sur une idée pendant 15 minutes, la présenter au groupe, puis la mettre en pièces, littéralement. « Cela évite de trop s’attacher à ses propres idées. »

Chapitre 3

L’inspiration artistique

Mais au fait, à quoi ressemble la créativité pour un·e artiste ? Alors que je rencontre Adia Trischler dès la sortie du métro, elle retire ses écouteurs en riant : « Je suis en train d’écouter un beat africain que mes enfants ne supportent plus. » Adia Trischler est styliste, directrice artistique, réalisatrice et scénariste. Elle a même été la styliste d’une icône du hip-hop, Lauryn Hill. Autour d’un café, Adia Trischler raconte qu’elle vient d’acheter une ferme de quarante hectares au Nouveau-Mexique : « Un lieu magique où je me sens chez moi. Idéal pour me connecter avec la nature et organiser des retraites artistiques. » Trischler est née à Chicago et a grandi à New York, avant de s’installer à Vienne par amour. Deux enfants et un divorce plus tard, elle habitera bientôt au numéro 97 de son village et partagera deux chèvres avec son voisin, un ami. Elle me donne envie de prendre le large et de faire comme elle, libre, sauvage, loin du quotidien d’ici.

Ce qu’elle me dit aussi, c’est qu’elle est un réservoir génétique ambulant de créativité. Adia a été adoptée et contactée il y a un an par sa tante biologique après un test ADN. C’est

ainsi qu’elle a fait la connaissance de ses parents artistes qui, peu de temps avant sa naissance, menaient une vie de fêtards effrénés. Son père est lui aussi directeur artistique. Adia a elle-même grandi dans un foyer chrétien très strict, contre lequel elle s’est rebellée dans sa jeunesse. La magie résiderait donc dans la génétique ? « C’est une certitude, déclare Adia. Tout le monde est créatif. Enfants, nous voulions créer, jouer et essayer de nouvelles choses. En grandissant, nous avons fni par nous couper de cette part de nous-mêmes. Les artistes restent connecté·e·s à cette part-là. »

En ce moment, Adia Trischler travaille sur un flm traitant des cheveux comme critère de beauté. En parlant, elle caresse sa buzz cut de 10 mm de long et sourit : « Mes cheveux sont trop longs, il faut que je les rase. » Je me sens revigorée par la fraîcheur d’Adia, je plane, et pendant des jours, j’imagine des endroits exotiques où vivre et travailler. Bali, les Galápagos ou le Nouveau-Mexique ?

Thurn (à droite) avec Adia Trischler, directrice artistique et réalisatrice, à Vienne (Autriche).

Une prairie, une architecture minimaliste : le Workation Campus dans le parc national de Gesäuse, en Styrie (Autriche).

78 INNOVATOR NICOLE THURN, TIM ERTL
« Je suis un pool de créativité ambulant», dixit Adia. Son conseil : entretenir la connexion avec son enfant intérieur.

Chapitre 4

Le moteur de la nature

Mais il n’est pas nécessaire de déménager dans un nouveau pays. Parfois, cela peut aussi être une bonne idée de choisir un lieu où l’on peut allier vacances et travail : depuis la pandémie, le workation est la nouvelle tendance. Travailler à la cool là où d’autres passent leurs vacances, rien de tel pour s’aérer les synapses. Je décide de rendre visite à Julia, avec qui je collabore régulièrement. Elle est community & location manager pour la start-up autrichienne Emma Wanderer, qui a ouvert en août un campus de workation en bordure du parc national de Gesäuse (Styrie). Ce lieu accueille des équipes et des dirigeant·e·s qui viennent y organiser des ateliers créatifs et des réunions stratégiques en pleine nature. L’objectif : se reposer, faire le plein d’énergie et de nouvelles idées, tout en renforçant l’esprit d’équipe autour d’un feu de camp ou lors de randonnées.

Julia, qui vit elle-même à Vienne et qui a assuré l’intérim de la direction

du campus cet été, a remarqué un changement en elle : « Mon niveau de stress est descendu en fèche. Pourtant, je fais pas mal bouger les choses ici et j’ai du boulot par-dessus la tête », me confe-t-elle. La veille, j’ai pris mes quartiers dans ma tiny house : bois huilé blanchi, salle de bain et cuisine dernier cri et une baie vitrée donnant sur les arbres et les buissons. C’est ici que j’écris mes textes, que j’appelle mes client·e·s et les personnes que je dois interviewer. Pendant ma pause, je rejoins la forêt en quelques pas, je longe le bâtiment principal en bois qui abrite les salles de réunion et l’espace de coworking ; je respire l’air pur, loin de la moiteur étouffante de Vienne, je me pose sur un rocher recouvert de mousse, et je note des idées sur mon téléphone pour un concept d’événement. Un peu plus tard, je marche à travers de hautes herbes, tout en admirant les montagnes qui se dressent devant moi et qui marquent l’entrée dans le parc national de Gesäuse. De retour à la tiny house, je continue à peaufner mon concept sur mon ordinateur portable. Puis je m’adosse à mon siège, satisfaite, et je contemple la nature au-dehors. J’ai fait mon travail de la journée, sans avoir eu l’impression de faire un quelconque effort. C’est vrai que je me croirais presque en vacances.

Chapitre 5

Le pouvoir de la relaxation

En résumé, le workation, c’est génial. Mais ce n’est pas toujours possible. Et si, pour réduire le stress au travail et accorder plus de liberté à notre esprit, nous travaillions tout simplement moins ? Un nom me vient en tête : eMagnetix. Voilà déjà cinq ans que cette entreprise pionnière a introduit la semaine de 30 heures avec le hashtag #30sindgenug (trad. 30 heures,

Témoignage
INNOVATOR 79
De la lumière, de la verdure, et pendant la pause, je vais dans la forêt. Tout est si calme ici. Mes pensées affluent.

c’est suffsant). Je contacte le PDG, Klaus Hochreiter, afn de convenir avec lui d’un rendez-vous pour une visite des lieux.

Bad Leonfelden est une ville tranquille près de Linz (Autriche), avec une place du marché, un marchand de glaces et une église en pierre. Qui irait soupçonner que l’un·e des employeur·e·s les plus innovants d’Autriche, distingué par le label Great Place to Work, se trouve là, au coin de la rue ? Grâce au télétravail, certains bureaux restent vides chez eMagnetix, sauf le mercredi, jour en présentiel pour tout le monde. En 2018, Hochreiter y a introduit, avec son équipe, la semaine de 30 heures – avec un salaire à taux plein. « Nous avons identifé les causes de perte de temps dans l’entreprise et numérisé une partie de nos processus de travail », raconte-t-il. Les employé·e·s travaillent de manière fexible, avec des horaires variables de 9 à 22 heures, et peuvent décider chaque semaine s’ils veulent faire une semaine de quatre ou cinq jours. Selon l’étude menée en parallèle, la productivité a augmenté jusqu’à 34 %, tout comme la satisfaction des employé·e·s. Et : « Nous avons constaté une hausse des compétences créatives en matière de résolution de problèmes, dont nous avons besoin quotidiennement en tant qu’agence numérique », explique Hochreiter. Luimême, c’est lors de ses sorties à vélo de l’après-midi qu’il trouve ses meilleures idées. S’il peut se le permettre, c’est parce qu’il a beaucoup de temps libre. Au début de son activité d’entrepreneur, Klaus Hochreiter travaillait environ 100 heures par semaine, contre 35 à 40 heures aujourd’hui.

« Quand je fais du vélo et quand je cours, j’ai des tonnes d’idées que je n’aurais jamais eues en étant sous pression à mon bureau. » Sa femme le surnomme affectueusement le « _dictateur » : « Parce que, quand je rentre du sport, je dicte tout de suite mes idées sur mon téléphone », explique-t-il, hilare.

Cette conversation m’amène à prendre plusieurs décisions, notamment à automatiser encore plus mes processus de travail pour gagner du temps. Et aussi à laisser ma mauvaise conscience au placard quand je m’autorise une pause de temps en temps en

faisant du sport ou en allant prendre un bol d’air frais, parce que, comme pour les sportif·ive·s, la récupération fait aussi partie du travail. Le pouvoir de la détente pour ainsi dire.

Chapitre 6

La magie du moment

De retour à Vienne, je mets mes idées en pratique et me rends dans un centre de méditation, me confant aux bons soins d’une certaine Mona. Ses mots déferlent telles de douces vagues dans l’espace blanc infni entre mes deux oreilles. Elle parle du sol –la base de tout – qui crée de l’ordre, ainsi que du chaos aérien dans lequel se trouve la liberté. Je m’étends dans l’espace blanc, en silence.

Maintenant, j’entends de loin des sons de bols chantants résonner à mes oreilles. Et soudain, mes pensées se mettent à fuser dans cet espace, comme autant de fèches colorées. Je me dis que devrais stopper ce fot de pensées. Après la méditation, je me sens détendue, un peu ailleurs. L’effet de transe est nettement plus fort en groupe, a fortiori avec une méditation guidée, que lors de mes méditations matinales chez moi. Mais là encore, je me rends compte d’une chose : les pensées s’enchaînent d’elles-mêmes et les textes me viennent plus facilement par la suite. Ce qu’il faut absolument éviter, c’est de passer tout de suite à des activités quotidiennes qui deman-

Témoignage
Exercice au sol : Nicole Thurn, un peu perdue, mais très inspirée, au centre de médiation.
80 INNOVATOR JULIE BRASS
La créativité n’est pas un big bang, ni un outil planifiable. C’est un puzzle composé d’innombrables petites pièces qui brisent nos schémas de pensée.

deraient beaucoup de réfexion, car l’effet se dissiperait alors rapidement. Mona Schramke, actrice de formation, s’est mise à la méditation parce qu’elle voulait améliorer sa présence sur scène. Avec un psychothérapeute de sa connaissance, elle se met en 2011 à la recherche d’un cours de méditation de pleine conscience à Vienne. Sans résultat. Ensemble, il et elle décident alors de dispenser des cours. En 2011, ils créent leur centre de méditation, aujourd’hui appelé Meditas, près de la cathédrale SaintÉtienne de Vienne. Mona insiste sur l’expression « pleine conscience ». Il s’agit de percevoir et de reconnaître ce qui est dans le moment présent. « Pour trouver notre créativité, il faut se connecter à notre pouvoir de création », explique-t-elle. Et c’est seulement dans le moment présent qu’on peut le trouver. « Sauf que la plupart du temps, nos pensées sont dirigées soit vers le passé, soit vers le futur », développe-t-elle. Johannes, l’un des participant·e·s, explique qu’il se rend régulièrement aux réunions de groupe en soirée « pour y voir plus clair. Cela me permet aussi d’être plus créatif ». Je décide d’en faire autant prochainement.

Car d’après mon expérience, quelles que soient les méthodes utilisées pour améliorer sa créativité, elles ont toutes leur utilité et sont autant de petites pièces de puzzle qui peuvent contribuer à plus de créativité dans la vie, dans les pensées et dans le travail. Il n’y a pas de solution toute faite. De nombreux aspects peuvent briser nos schémas de pensée et l’inspiration peut se trouver à chaque coin de rue. Je vais donc continuer à méditer et à aller courir. Et ma page blanche commence enfn à se remplir.

Nicole Thurn est journaliste, consultante et fondatrice du portail newworkstories.com ; lorsqu’elle n’est pas en train de faire des recherches sur les nouvelles tendances du travail, on trouve l’Autrichienne de 43 ans le plus souvent dans la forêt ou au bord de l’eau.

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Opération Ooom : guidées par le son des bols chantants, mes pensées fusent comme des flèches multicolores.
HORS DU COMMUN theredbulletin.com LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL

Perspectives

nos conseils avisés

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INNOVATOR 83 GETTY IMAGES

Plongeon virtuel dans un monde fascinant

L’expo du Red Bull Media

World « WATER – BREAKING THE SURFACE » permet de découvrir les sports nautiques extrêmes et le sport de haut niveau pratiqué par les stars de Red Bull.

Les stars de Red Bull testent des mondes virtuels au Musée suisse des transports.

Au cœur de l’action

Le documentaire VR à 360 ° The Art of Falling, qui accompagne le plongeur de haut niveau Jonathan Peredes autour du monde lors des Red Bull Cliff Diving World Series, est indiscutablement un moment fort.

C’est avec un simple « hello » que Jonathan nous accueille, debout au bord du vide – au-dessus d’un cénote, une grotte karstique. Avant que l’on sache vraiment ce qui se passe, le champion mexicain de cliff diving saute. Plus tard, on se

retrouve à côté de lui sur le plongeoir, une foule en liesse en contre-bas. On a envie de lui taper sur l’épaule et de l’encourager. Et en même temps, de rester immobile pour ne pas perturber sa concentration. Puis Jonathan saute. Et on saute avec lui. Pendant qu’il effectue des rotations et des sauts périlleux, on reste à ses côtés, on le voit de très près, on fonce vers l’eau à une vitesse pouvant atteindre 85 km/h, jusqu’à la conclusion liquide, l’immersion, le déchirement de l’élément. On retient son souffe, par réfexe.

En totale immersion

Pour celles et ceux qui souffrent de vertige, ce passage sera peut-être diffcile : le saut de l’événement Cliffdiving à Sisikon, au bord du lac d’Uri. Équipé de lunettes VR et d’écouteurs, on suit le passage sur la paroi rocheuse, reproduit à l’identique, comme le font également les athlètes de haut niveau. D’un côté, la paroi, de l’autre, la pente à pic, et dans l’eau, en contre-bas, le public, sur des bateaux, qui lance des encouragements. Musique, ambiance événementielle et on est en haut. Qui osera aller jusqu’au bord de la plate-forme pour un plongeon ?

Agenda
84 INNOVATOR NICOLE RÖTHELI/RED BULL CONTENT POOL, ROMINA AMATO/RED BULL CONTENT POOL ANNA MAYUMI KERBER
La plongeuse de haut vol Rhiannan Iffland et la surfeuse de big wave Justine Dupont testent Icaros à Lucerne.

Red Bull Media World

Musée suisse des transports, Lucerne

Pour accéder aux expériences interactives de Red Bull, il suffit de scanner le code ci-contre !

Plus d’univers à explorer

RED BULL THE EDGE

Se tenir tout en haut du Cervin, c’est possible avec cette expérience d’escalade VR unique au monde : grâce à la technologie moderne de tracking, aux lunettes VR, aux simulations de vent et à l’ambiance sonore, la réalité et la simulation se fondent en une aventure unique.

RED BULL WORLD OF RACING

Admirer de nouveaux (et anciens) bolides originaux ou revivre les moments les plus forts de Max Verstappen dans un box de F1, effectuer un véritable changement de pneus de F1 ou découvrir les plus célèbres circuits de sport automobile du monde avec le simulateur de course.

Surf et apnée

L’engagement physique est de mise lors de ces deux expériences interactives : avec les Icaros Cloud, il faut garder l’équilibre en surfant virtuellement sur les vagues. Avec les Icaros Pro, on plonge à travers des anneaux au fond de la mer dans un monde sous-marin virtuel, une séance d’entraînement éprouvante pour l’ensemble du corps.

Le surf de grosses vagues est également un thème de l’exposition, connu de toutes et tous : des photos et des vidéos de vagues géantes, et des stars qui les surfent. Absent·e·s des photos : leurs assistantes et assistants. Le surf de grosses vagues est en effet un sport d’équipe. L’exposition spéciale Water met le focus sur Nazaré, au Portugal, où on se mesure à des vagues géantes. Les technologies AR et les capteurs de mouvement recréent le rapport de taille complètement fou entre le·la « surfeur·euse » virtuel·le et la vague. Puis un pro fait une chute !

Et enfn, pour terminer sur une note plus onirique, qu’en est-il du son 8D ? Voilà de quoi bluffer les pros. Pour un·e profane, qui met ses écouteurs devant l’impressionnant diaporama de photos, cela ouvre une nouvelle dimension sonore. On entend le grondement d’un torrent que l’on aperçoit au même moment, le fracas des vagues sur des falaises abruptes ou la réverbération dans une grotte de glace lorsque les gouttes tombent.

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Jonathan Paredes lors des Red Bull Cliff Diving World Series à Sisikon.
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d’Alinghi

Cap sur l’excellence

L’America’s Cup est le terrain d’essai le plus prestigieux de l’ingénierie nautique. Pour l’édition 2024, Alinghi Red Bull Racing s’allie à un autre fleuron helvétique : Tudor.

LAmerica’s Cup est le grand rendezvous de la course vélique de pointe : environ tous les quatre ans, la célèbre aiguière d’argent est remise en jeu par le tenant du titre – le defender – qui doit affronter plusieurs challengers dans des duels au coude à coude, où chaque seconde compte. Mais au-delà de l’aventure humaine, cette course mythique est avant tout un grand terrain d’expérimentation technologique. Comme le résume Adolfo Carrau, design coordinator d’Alinghi Red Bull Racing, l’America’s Cup est « une course à l’innovation : en un sens, c’est le bateau le plus rapide qui l’emporte ».

Alinghi n’en est pas à sa première participation, puisqu’il a déjà remporté les éditions 2003 et 2007. Son alliance avec le géant de la F1 Red Bull Racing est en revanche une première, même si elle paraît logique – l’America’s Cup n’est-elle pas surnommée la F1 des mers ? L’union de ces deux monstres sacrés de l’innovation sera mise à l’épreuve en août 2024 lors des Challenger Selection Series, qui décideront du challenger apte à défer le tenant du titre Emirates Team New Zealand.

En attendant, les équipes doivent respecter certains critères : le support classique – si l’on peut appeler ces bolides des mers des bateaux classiques, évidemment – sera un AC75, un monocoque de 22,8 mètres équipé d’hydrofoils qui lui permettent de voler littéralement au-dessus de l’eau. La plupart des critères de base sont les mêmes pour toutes les équipes : la hauteur du mât, la taille des voiles ainsi que celle des foils et des pales. À part ça, tout est permis. « Nous essayons d’optimiser le support, explique

Agenda
L’équipage Red Bull Racing, à bord de l’AC75, porte la nouvelle montre Pelagos.
« L’America’s Cup est une compétition qui met en lumière les innovations. »
L’AC75 à foils Alinghi Red Bull Racing, avec Barcelone en arrière-plan.
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Adolfo Carrau. Comme il y a fnalement peu de normes de sécurité, nous pouvons tester toutes sortes de nouvelles inventions. De fait, celles-ci sont bien plus nombreuses dans notre domaine que dans celui de l’aéronautique ou de l’automobile. C’est d’ailleurs pour cela qu’on attire les meilleur·e·s ingénieur·e·s du moment. »

Parmi les nouvelles technologies testées, il y a évidemment les matériaux : comme en Formule 1, l’enjeu de la course est avant tout de fabriquer un support qui soit le plus solide et le plus léger possible, en privilégiant l’acier inoxydable, le titane et la fbre de carbone, ainsi que des pièces composites, souvent imprimées en 3D. « Nous concevons et fabriquons 90 % de tout ce qui va aller à bord, poursuit

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Le voilier

Un AC75 sur la mer Méditerranée au large de Barcelone. Voici la figure de proue d’Alinghi Red Bull Racing.

Carrau. Exceptés la peinture et quelques éléments de la structure de base, la plupart des pièces ne sont pas disponibles dans le commerce. Nous faisons tout nous-mêmes, en imaginant les pièces dont nous avons besoin. »

C’est dans cette même recherche de perfection qu’Alinghi Red Bull Racing a décidé de s’allier, en 2022, à un autre grand nom de l’innovation et de la précision : Tudor. L’horloger suisse, dont les montres de plongée, notamment la Pelagos FXD, ont fait la renommée, fabriquera en effet les montres offcielles du Team suisse.

Initialement conçue pour la marine française, la Pelagos FXD a été élaborée avec le concours des plongeur·euse·s de la marine nationale : avec son boîtier en titane de 42 millimètres et son affchage luminescent, elle est étanche à 200 mètres de profondeur. Les trois lettres FXD font référence au fait que les barrettes du bracelet sont fxes, car modelées directement dans la masse en composite carbone du

Carbone, titane et acier inoxydable : « Le monocoque est entièrement fabriqué sur mesure. »

boîtier – un gage de solidité particulièrement utile aux plongeur·euse·s et nageur· euse·s de combat. Autre particularité : une lunette tournante bidirectionnelle, parfaitement adaptée à la navigation sous-marine. Devant une telle excellence technologique, il apparaissait évident pour le challenger suisse de s’allier à Tudor pour la création de sa propre montre : la Tudor Pelagos FXD Alinghi Red Bull Racing Edition.

Ce partenariat, qui constitue pour l’horloger helvétique la première intrusion dans le monde de la régate, a donné naissance à deux modèles : une montre et un chronographe – le premier chrono-

Agenda
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Acier

Le dos du boîtier de la montre, les pales de l’hydroptère et les fixations

graphe auquel Tudor a d’ailleurs ajouté ses barrettes fxes.

La lunette bidirectionnelle, dotée de marqueurs allant de 60 à 0, est en titane ; le dos du boîtier est en acier inoxydable, et le boîtier lui-même est constitué d’un composite de carbone exclusif et de haute technologie – un matériau composé de fbres de carbone et d’autres éléments que l’horloger « garde secrets ». Il est à noter que ces trois mêmes matériaux sont largement utilisés dans l’AC75 elle-même. « Dans ce sport, la victoire passe par la fusion d’un esprit humain résolument audacieux et de la technologie la plus pointue, explique Tudor. En combinant un composite de carbone de haute technologie avec du titane et de l’acier inoxydable – une première pour Tudor –les montres célèbrent un partenariat né de cette philosophie. »

Afn de souligner encore mieux cet hommage à l’univers maritime, Tudor a utilisé, pour le modèle Alinghi Red Bull Team Blue », ses braceletsrubans de 22 millimètres – fabriqués sur métiers à tisser français du XIXe siècle afn d’offrir un niveau de robustesse et de confort sans précédent. Dotés d’une » en titane et d’un système d’attache auto-grippant, ces bracelets sont d’une fabilité à toute épreuve. Les couleurs du cadran – ainsi que le petit motif placé entre les chiffres 10 et 2 –rappellent celles de l’AC75 utilisé par le Team suisse.

Finesse et précision

Pour la marque horlogère, le partenariat avec Alinghi Red Bull Racing s’inscrit dans une même volonté d’excellence : En plus d’être 100 % suisse, cette alliance illustre surtout la même vision des choses quand il s’agit de pousser un projet à sa perfection. La série Pelagos est, d’un point de vue technologique, la plus poussée des montres de plongée chez : c’est donc en toute logique que nous l’avons sélectionnée pour développer un modèle qui convienne parfaitement à la plus prestigieuse course nautique de tous les temps. »

Une chose est sûre : l’année prochaine, les dernières secondes avant le coup d’envoi de l’America’s Cup s’égrèneront sur les montres Tudor Pelagos FXD Alinghi Red Bull Racing Edition, fxées aux poignets de quelques-uns des plus grands marins au monde.

tudorwatch.com

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Le mât et la coque de l’AC 75 sont en fibre de carbone, le boîtier de la montre est en matériau composite à base de ce même élément.
La montre Le modèle Tudor Pelagos FXD Alinghi Red Bull Racing Edition existe en version Chrono (photo) et Time Only. Titane
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Carbone

Wings for Life

Gregor Demblin dans un exosquelette qui lui permet de marcher malgré sa paralysie.

Deux pas de géant

Un premier pas : rendre le marché du travail adapté aux personnes handicapées. Second pas : un événement mondial pour faire avancer la recherche sur la moelle épinière.

l’âge de 18 ans, Gregor Demblin est victime d’un accident de natation en Grèce. Transport d’urgence à l’hôpital général de Vienne. Plusieurs opérations avant le verdict : paraplégie. Sans réelle chance de guérison. Depuis, Gregor Demblin, aujourd’hui âgé de 45 ans, se déplace en fauteuil roulant. Au cours des premiers mois, le Viennois s’est découragé, est devenu dépressif, refusait d’accepter sa nouvelle vie. Il ne savait pas ce qu’il allait devenir. Ni dans quel but. Jusqu’à ce qu’il trouve un nouveau sens à sa vie : se battre pour celles et ceux qui partagent un destin similaire. Grâce à plusieurs initiatives, ce père de trois enfants a déjà aidé des milliers de personnes handicapées à trouver un emploi. Il a aussi collaboré avec de

nombreuses grandes entreprises afn de créer un climat de sensibilisation en leur sein : les chemins de fer fédéraux autrichiens (ÖBB), la poste autrichienne, la banque Erste, entre autres.

Parallèlement, ce philosophe de formation n’a rien laissé passer pour pouvoir lui-même marcher de nouveau. Après deux ans de physiothérapie intensive, cet objectif est toutefois resté hors de portée. Mais en 2017, Gregor Demblin a testé un exosquelette qui a changé la donne. Il s’agit d’une machine complexe de type robotique qui permet aux para-

Né en 1977, il est devenu paraplégique à la suite d’un accident. Ce Viennois est l’un des entrepreneurs sociaux les plus connus de l’espace germanophone. Ses entreprises Career Moves et myAbility établissent de nouvelles normes dans le domaine de l’accessibilité. Demblin a reçu de nombreuses récompenses pour son travail.

À
Gregor Demblin
90 INNOVATOR ACHIM BIENIEK, PHIL GALE FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN, EKSO BIONICS GUNTHER MÜLLER

Cette année, la course mondiale Wings for Life a rassemblé 7 500  personnes au départ en Suisse, et 206 728 au total à travers le monde !

plégiques qui les portent de se tenir debout et même de marcher. Il pouvait enfn à nouveau communiquer avec les autres d’égal à égal. Et c’est précisément ce sentiment qu’il voulait offrir à d’autres paralysé·e·s médullaires. Il a lancé le projet tech2people. Basé dans certains hôpitaux de la capitale autrichienne pendant plusieurs années, il aura désormais un site fxe à Aspern, un quartier de Vienne, à partir de l’automne 2023. Là, les personnes handicapées pourront non seulement se familiariser avec cette machine très complexe, mais bénéfcieront également des offres les plus modernes dans les domaines de la neurothérapie, de la physiothérapie et de l’ergothérapie. De plus, grâce à un nouveau logiciel, les moindres succès en physiothérapie seront davantage quantifables.

Wings for Life Foundation

Toutes les infos en avant-première sur la course 2024 : wingsforlife.com

La course de l’espoir

Donner une nouvelle perspective aux personnes en fauteuil roulant, c’est aussi l’objectif de la course mondiale Wings for Life. L’idée est la suivante : des personnes du monde entier participent simultanément à une course dont les recettes sont exclusivement destinées à la recherche sur la moelle épinière. La dernière édition de la Wings for Life World Run s’est déroulée en mai 2023 et a connu un énorme succès. Il y a eu 206 728 participant·e·s inscrit·e·s dans le monde entier, dont plus de 7 500 en Suisse, et la somme des dons récoltés s’est élevée à plus de cinq millions d’euros.

La prochaine course aura lieu le 5 mai 2024, départ à 13 heures précises. Les inscriptions ne sont pas encore ouvertes, mais des informations préliminaires sont déjà disponibles en ligne.

Un exosquelette soutient le corps et permet de se tenir debout et de marcher en toute sécurité grâce à des moteurs électriques. Le travail des muscles est partiellement ou totalement remplacé.

Tout le monde peut participer à la course mondiale Wings for Life, que ce soit en marchant, en courant ou en fauteuil roulant. La durée de la course peut également être déterminée individuellement, car chacun·e franchit la ligne d’arrivée dès que la catcher car l’a rattrapé·e. Il reste encore suffsamment de temps jusqu’en mai 2024 pour se mettre en forme en vue de cet événement. Et les raisons de participer ne manquent pas. En effet, 100 % des frais d’inscription sont reversés à la fondation Wings for Life qui a pour objectif de trouver des remèdes biologiques pour les personnes souffrant de lésions de la moelle épinière. Il en va aussi de sa propre santé. Voilà un grand pas pour l’humanité.

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Insights innovants

novembre 2023

Em:powering Impactful Change – tel est le slogan du Swiss Impact Forum cette année. Des repésentant·e·s de diverses firmes, de Ricola à L’Occitane en passant par Farmy, viendront partager leurs connaissances et expériences. L’événement promet des conférences passionnantes, des best practice, des panels de discussions et des sessions deep dive. fr.blab-switzerland.ch/ swiss-impact-forum-2023

2 et 3 novembre

Pour les (futur·e·s) créateur· rice·s d’entreprise, les Startup Nights dans les Eulachhallen, à Winterthour, sont un must. Avec plus de 1 200 start-ups et plus de 8 000 visiteur·euse·s, il s’agit probablement de l’événement le plus important de l’écosystème suisse des start-ups. Plus de quarante ateliers sont au programme incluant une compétition de pitching, des panels de discussion et des keynote speakers comme Roland Brack (brack.ch), Carsten Koerl (Sportsradar), Janette Wiget (Merantix) et Léa Miggiano (Carvolution).

au 29 octobre 2023

Artificial Realities est le thème du Festival international des cultures numériques de cette année. Les nouvelles réalités virtuelles des médias numériques seront au centre de l’attention. Il s’agira notamment de savoir si les NFT et le métavers sont plus que des terrains de jeu pour crypto-parieur·euse·s ou de nouvelles portes dans le domaine artistique. Pour sa quatrième édition, le DA Z –

Digital Art Zürich présente les œuvres et les performances d’artistes exceptionnel·le·s et visionnaires de tous les continents. Pendant dix jours, des expos et performances sont présentées dans différents sites du centre-ville de Zurich en plus d’un vaste programme de panels de discussions, d’ateliers et de visites guidées. L’art numérique ne s’arrête pas aux smartphones et peut être vécu dans les rues. da-z.net

startup-nights.ch

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Comment créer ta start-up, trouver des personnes partageant tes idées et des mécènes, sauver le climat ou découvrir de nouvelles formes d’art.
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Save the date
L’art numérique s’affiche fièrement à Zurich. Startup Nights 2022
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Fireside Chat avec David Heinemeier Hansson
MORITZ
SCHMID, SPORTSFILE, JESSICA BAUMGARTNER ET NOEMI AESCHLIMANN, SANDRA BLASER

novembre 2023

Impulsions pour penser différemment, repenser et collaborer : sans doute la conférence la plus importante de Suisse sur le thème de l’innovation. Depuis 2006, la Swiss Innovation a pour objectif de réunir l’économie et la science. Esprits visionnaires et décideurs, têtes chercheuses et innovatrices se rencontrent au Congress Center Basel. Une zone d’expérience invite au réseautage intersectoriel et offre aux start-ups motivées la possibilité de rencontrer des sources d’investissement intéressées. En outre, les Swiss Technology Awards, les prix tech les plus importants du pays, y seront décernés et ce, dans trois catégories : inventeur· rice·s, start-up (rising stars) et innovation industrielle. swiss-innovation.com

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octobre 2023

Le Startup Forum de St-Gall @OLMA est un lieu de rencontre pour les gens intéressés par la création d’entreprise ainsi que pour les entrepreneur·euse·s établi·e·s. Il se déroule dans le cadre de la foire grand public la plus importante et la plus populaire de Suisse, l’OLMA. On pourra jeter un coup d’œil dans les coulisses de Greenteg et de la brasserie Locher, en apprendre plus sur le concept d’onlinedoktor.ch et sur l’histoire de la création d’ON Running. Le déjeuner est l’occasion de nouer de précieux contacts.

ifj.ch/olma

7décembre 2023

L’innovation et l’entrepreneuriat sont au cœur de la deuxième édition du Talent Pitch. Neuf hautes écoles, neuf équipes de fondateur·rice·s. Celles-ci présenteront leurs idées à la Volkshaus de Zurich. L’objectif : mettre en réseau les hautes écoles et les étudiant·e·s avec les entreprises. Le public décide (à 30 %) qui recevra un coup de pouce financier, avec le jury. talent-pitch.org

et 25 novembre 2023

Pendant deux jours, 250 passionné·e·s de technologie de toute la Suisse se réuniront pour le Hackaton #herHACK 20.23 sur le campus FHNW Brugg/Windisch. Le hackaton se concentre sur les objectifs de développement durable des Nations Unies, en particulier la durabilité. En petites équipes, il s’agit de trouver des solutions créatives à de grandes questions, de concevoir des prototypes et de les présenter aux membres du jury et au public. Tout le monde peut participer. La date limite d’inscription est le 16 novembre.

herhack.ch

au 16 novembre 2023

Le New York Times qualifie le Web Summit de conclave de l’industrie technologique. Les grands esprits et les entreprises importantes de la branche tech s’y réunissent pour discuter de l’avenir de la planète. L’humoriste Amy Poehler, le vice-chancelier allemand Robert Habeck ainsi que le vice-président de Microsoft, Brad Smith, seront de la partie. websummit.com

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La légende du motocross Mat Rebeaud (sujet de couverture de ce numéro) au Swiss Innovation Forum 2022.
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Opening Night des Web Summit 2022 in der Altice Arena in Lissabon.

Vous allez aimer voir rouge !

Le biohackeur professionnel

Andreas Breitfeld présente ce gadget censé améliorer la vie. Comment recharger ses batteries internes grâce à la lumière rouge.

Prêt à porter : il suffit d’attacher cet appareil sur n’importe quelle partie du corps.

L’idée que la lumière a un profond impact sur notre vie ne date pas d’hier : l’Égypte antique tirait déjà judicieusement proft des bienfaits naturels du soleil. Quelques milliers d’études plus tard, nous savons désormais précisément quel effet chaque partie du spectre lumineux a sur notre corps, en particulier la lumière rouge dont nous comble la nature lors du lever et du coucher du soleil. Parmi ses bienfaits reconnus : une meil-

Gadget-o-mètre pour tout le monde pour les freaks science ésotérisme

leure cicatrisation des blessures, un soulagement des problèmes intestinaux et du syndrome prémenstruel, une régénération accrue après le sport, une réduction des infammations et des douleurs, et j’en passe. Même l’Université d’Oxford s’est mise à la lumière rouge pour améliorer la vision des personnes âgées. Moi-même, j’utilise dans mon labo une sorte de grand caisson transparent à taille humaine qui me permet de profter de deux fréquences extrêmement bénéfques (630 et 815 nm). Et à la maison ou lors de mes déplacements, je me sers, comme beaucoup de mes client·e·s, d’un un système ingénieux : le Flexbeam, un appareil simple d’utilisation et pratique qui se fxe à l’endroit du corps souhaité. env. 470 CHF ; recharge.health

Andreas Breitfeld est un biohackeur allemand professionnel qui prend sa santé en main et teste des gadgets dans son laboratoire. Pour The Red Bulletin, il teste et évalue les gadgets les plus divers.

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La force qui naît de la pensée

Le pouvoir des rêves façonne nos idées, affirme le conférencier et fondateur de start-up Ali Mahlodji. Car ce que nous pouvons penser, nous pouvons aussi le créer.

Il y a une grande différence entre nous, les êtres humains, et les animaux. Non pas le fait que nous avons constamment notre téléphone portable à la main, mais plutôt que nous pouvons penser à l’avenir. Dans une situation d’urgence, les animaux fuient, et lorsque le danger est écarté, ils retournent en mode détente. Ils ne se préoccupent pas, comme nous, d’autres soucis éventuels, mais font ce que font les animaux : manger, dormir et se reproduire. C’est ce que nous, êtres humains, devrions faire en premier lieu, s’il n’y avait notre cerveau. Nous avons en effet le don incroyable de peindre l’avenir en noir, même si la plupart de nos craintes ne s’avèrent jamais fondées. Cette capacité, vue sous un autre angle, est la meilleure preuve de notre créativité : construire à partir de rien des châteaux en Espagne auxquels nous croyons, avec toutes les émotions qui vont avec, même si elles n’ont jamais eu d’ancrage dans le réel.

Ali Mahlodji

est un maître du changement : du décrocheur scolaire au fondateur de start-up et conseiller en entreprise, de l’enfant réfugié iranien à l’un des meilleurs conférenciers de l’espace germanophone basé en Autriche. À 42 ans, il est ambassadeur de l’UE pour la jeunesse, podcasteur, auteur, et désormais aussi chroniqueur.

Celui ou celle qui pense ne pas être créatif·ve se voile la face et oublie que nos soucis ne sont rien d’autre qu’une idée de l’avenir, et que si nous utilisons cela de manière positive, nous pouvons rêver de choses plus belles encore et les apporter au monde sous forme d’idées.

Au cours des vingt dernières années de mon travail avec des personnes hautement performantes, j’ai vu un schéma se répéter sans cesse, à la virgule près, qui m’a permis de réaliser toutes mes entreprises et tous mes rêves. À savoir le don de visualisation, qui devient ensuite réalité grâce à nos actions. Le point commun de toutes les personnes qui réussissent, c’est la conviction de pouvoir réaliser ce qu’on imagine. Les idées et les rêves ne sont pas de la poudre aux yeux, mais la base de tout ce qui nous entoure dans ce monde.

Les rêves, la base de tout

On a demandé un jour à Arnold Schwarzenegger quelle était l’essence de son succès en un mot. Sa réponse : “Dreams!”, les rêves ! Une manière joliment formulée de décrire une idée qui nous inspire toutes et tous intérieurement. Ce qui est intéressant, c’est que tout ce qui nous entoure dans le monde moderne a d’abord été une idée dans la tête d’une personne. Un tee-shirt, un ordinateur portable, une chaussure, une voiture, une canette de boisson. Chacune de ces choses a d’abord été une pensée qui s’est ensuite transformée en idée et qui joue désormais un rôle important dans nos vies en tant que matière réelle. Mais les idées ont une limite, celle de l’imagination. Les idées seraient illimitées si nous, les êtres humains, ne nous fxions pas de limites.

De par mon travail, je sais que ces limites sont souvent dues aux peurs qui s’installent dans les esprits qui ne peuvent penser qu’à ce qu’ils ont déjà vécu. Nous ne connaissons que ce que notre esprit a vécu. C’est pourquoi les idées doivent être pensées à grande échelle afn d’élargir automatiquement notre champ d’action. Une règle générale consiste tout simplement à penser dix fois plus grand. Non pas par folie des grandeurs, mais parce que le chemin vers la réalisation d’une idée est pavé d’obsta-

Chronique 96 INNOVATOR MATO JOHANNIK

cles, de coupures et de compromis. C’est pourquoi il est bon de penser au grand coup porté par une idée et, sur le chemin de la réalisation, de conserver son noyau de base à chaque modifcation.

Apprendre des échecs

En tant qu’êtres humains, nous sommes des individus créateurs de pensées et d’idées, et ce que nous pouvons imaginer, nous le créons. Pour le meilleur et pour le pire, et c’est pourquoi je ne m’inquiète pas de la question du climat ou d’autres défs de la société. Ce dont nous avons plus que jamais besoin dans le monde, ce sont de grandes idées qui génèrent un impact. N’oublions pas qu’il y a tout juste septante ans, l’Europe de l’après-guerre était en ruines et que ce sont les idées des générations d’alors qui, en quelques décennies, ont conduit à la prospérité et à la construction du continent. Les idées sont ce que nous avons de plus puissant en tant qu’êtres humains et celles d’aujourd’hui marqueront les générations futures. C’est pourquoi il est si important de ne pas minimiser nos propres idées ainsi que celles des autres, mais de leur donner l’espace dont elles ont besoin : l’espace pour les essayer, peu importe le nombre de fois où nous pourrions échouer. Lorsque j’ai créé ma première entreprise, Whatchado, j’ai dû la relancer quatre fois avant qu’elle ne prenne une ampleur internationale sous ma direction en tant que PDG. Puis est arrivé le jour où j’ai transmis ma start-up à mon successeur. L’heure était venue de me consacrer à de nouvelles idées. Et j’avais appris une leçon : il est nécessaire d’être prêt·e à échouer et à apprendre de ses erreurs pour qu’une idée puisse se concrétiser. Ce n’est qu’en tirant les leçons de ces échecs et en persévérant qu’une idée devient quelque chose de solide. C’est là que le bon grain se sépare de l’ivraie, autrement dit, que les personnes qui vivent de leurs idées se distinguent de celles qui attendent le moment parfait. Ce que le premier groupe a compris, c’est qu’il n’y a pas de moment parfait pour une idée, mais que commencer maintenant est la mère de toutes les mises en œuvre et que les idées peuvent évoluer au cours de leur réalisation.

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Le trait de la fin

Notre illustratrice La Razzia, et son regard sur le monde de demain

La Razzia

Doris Schamp est illustratrice et caricaturiste. Elle a remporté, en 2013, le Prix international de la bande dessinée d’Aix-la-Chapelle (Allemagne). Doris Schamp, 40 ans, explore les abîmes de l’humour et de Los Angeles, où elle a vécu, et autrefois développé des images animées pour Red Bull. Quand elle ne fait pas de planche à voile, elle dessine et évolue entre la campagne et la capitale autrichienne.

Humour 98 INNOVATOR LA RAZZIA/DORIS SCHAMP
“My greatest strength is my drive.” Explore what you're naturally good at and get the tools and coaching to be even better.
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Jason Paul, Professional Freerunner

Ce sont les petites choses qui comptent le plus.

La nouvelle Volvo EX30 complètement électrique. Notre plus petit SUV impressionne par son intérieur haut de gamme en matériaux recyclés, sa faible empreinte CO₂ et ses systèmes d’assistance innovants. Ce sont souvent dans les plus petites choses que réside la grandeur.

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Volvo EX30, E60 Twin, Electric, 428 ch/315 kW. Consommation moyenne d’électricité: 16.3 kWh/100 km, Emissions de CO₂: 0 g /km. Catégorie d’efficacité énergétique: A. A B C D E F G A

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