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Concilier éducation, volontariat, culture et protection de l’oasis de Chenini : l’engagement de Naïm
J’ai rencontré Naïm lors de l’Exchange Plateforme Meeting (EPM) de 2022, organisé par le SCI Belgique. Le but de l’EPM est d’offrir un espace d’échanges entre les membres du mouvement SCI, à savoir les branches et les partenaires du monde entier. C’est également un lieu d’inspiration et de créativité autour de nos valeurs communes.
Bonjour Naïm. Peux-tu te présenter ?
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Je m’appelle Naïm et je suis président de Volontariat sans Frontières (VSF), une association de volontariat tunisienne. Je suis aussi le directeur exécutif de l’ASOC (Association de Sauvegarde de l’Oasis Chenini) et l’ancien directeur du festival de Chenini, un festival sur le henné. Je fais de la coordination de projets par rapport à des problématiques liées à l’écologie.
Quel est ton lien avec le SCI ?
VSF propose du volontariat à des jeunes et accueille des volontaires qui viennent grâce au service civique et au SCI. Notre but, c’est de concilier volontariat et environnement et d’essayer de susciter l’intérêt des gens envers la protection de l’écosystème oasien. Notre association se trouve à Chenini, une petite oasis dans le sud-est de la Tunisie, dans l’ouest du gouvernorat de Gabès. On y retrouve un écosystème unique : une oasis maritime. En effet, c’est l’une des rares oasis dans le monde qui se trouve au bord de la mer !
C’est quoi, une oasis ?
Une oasis est caractérisée par la superposition de 3 étages :
• La strate arborée avec le palmier dattier qui culmine de 15 à 30 m et dont les feuilles filtrent les rayons du soleil (la tête au soleil, les pieds dans l’eau), évitant une trop forte évapotranspiration liée aux fortes chaleurs et à l'air très sec.
• La strate arbustive où l’on retrouve des vignes accrochées aux palmiers et des arbres fruitiers (comme des pommiers, orangers, abricotiers, pêchers…)
• La strate herbacée avec des plantes basses et du maraîchage.
C’est donc un écosystème autonome où l’on trouve de tout, des fruits et légumes aux palmiers.
Quelles sont les activités que vous organisez avec ton association ?
On travaille sur le thème du développement durable de l’Oasis, ce qui inclut la valorisation des produits de notre territoire, mais aussi l’employabilité des femmes rurales et jeunes. Dans ce sens, on vise à renforcer les activités vertes, c’est-à-dire l’artisanat, le tressage, le travail de roseau et l’élevage de produits oasiens, entre autres. Ce sont des activités traditionnelles de notre écosystème que l’on veut mettre en avant.
On a un partenariat avec l’Association de Sauvegarde de l’Oasis de Chenini pour travailler le compost et les déchets des palmiers, dans le but de préserver la propreté de l’Oasis. On ne veut pas brûler les déchets, on a un objectif « zéro déchet ». On participe aussi à la création de parcelles de biodiversité qui rassemblent en majorité des palmiers et des arbres fruitiers menacés de disparaître. Ces lieux sont des fermes touristiques écologiques et des jardins pédagogiques qui permettent d’apprendre aux jeunes la variété, la diversité et le fonctionnement de l’Oasis. Enfin, on a créé un livre de bonnes pratiques oasiennes, disponible sur le site de la FAO
Quelle est l’importance de l’oasis de Chenini dans la région ?
Chenini est caractérisée par la présence de palmiers dattiers, de grenadiers, de henné naturel. C’est une oasis riche en ressources et donc une source économique, productrice de légumes et de fruits, qui finance toute la région de Gabès, et même les environs. La production de légumes de la région est assurée par Chenini. En plus de ça, à Chenini sont produites des semences autochtones, qui sont très importantes afin de conserver le savoir ancestral et pour ne pas perdre cette partie de notre héritage culturel.
Que font les volontaires qui viennent chez vous ?
Le thème principal de leur volontariat est bien évidemment l’environnement. Les volontaires apprennent le fonctionnement des stations de compostage, du recyclage. Ils et elles travaillent dans les parcelles et participent à l’activité agricole. Il y a aussi la participation aux stratégies qui visent à intégrer les associations de travail artisanal, en incluant les femmes rurales.
Le dernier aspect est plutôt culturel et linguistique, car les volontaires participent à des ateliers de cuisine locale et peuvent apprendre la langue arabe, selon leur volonté. Il y a aussi la possibilité d’être intégré·e dans les programmes éducatifs des jeunes, pour les aider à apprendre la langue française. À Chenini, presque toutes les associations travaillent ensemble, c’est pour cela que les volontaires peuvent être intégré·es dans les activités culturelles qu’ils ou elles souhaitent.