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L’apprentissage Montessori, au pied des montagnes

Je suis Agathe Danon, j’ai 26 ans et je suis volontaire depuis septembre et pour un an à l’École Créative à Benqué-Molère (Midi-Pyrénees) en France, dans le cadre du Corps Européen de Solidarité1.

1. Programme de volontariat financé par la commission européenne, dont le SCI est organisme d’accueil et d’envoi.

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À la fin de l'année dernière, je me suis rendu compte que j'aimerais faire quelque chose de différent de ma vie. En tant que jeune femme de classe moyenne d'une vingtaine d'années, je faisais les choses comme prévu : j’ai fait des études et été diplômée, je suis passée d'un emploi temporaire à un autre avant d'être finalement employée sous contrat permanent. Je vivais avec des ami·es à Gand, qui étaient toustes au début de leur carrière professionnelle, et j’avais des plans pour aller vivre avec mon amoureux. La "vraie" vie d'adulte me souriait, mais je voulais découvrir d'autres choses qu’elle avait encore à m’offrir.

J'avais envie de voyager en m'investissant dans un projet, alors j'ai commencé à chercher et, par le biais du site du Corps Européen de Solidarité, j'ai trouvé le projet d'École Créative. C'est une école alternative au pied des Pyrénées, dans un tout petit village (Benqué-Molère).

L’équipe pédagogique travaille selon les idées de Montessori, Freinet et Steiner. Il s'agit d'une école tournée vers la nature, qui organise des excursions en forêt et où les enfants apprennent beaucoup sur la terre, les animaux et les plantes. En tant que volontaires, nous aidons un peu partout dans la vie scolaire, par exemple dans des tâches pratiques telles que la vidange des toilettes sèches, la préparation du déjeuner, la gestion de l'Instagram de l'école, etc.

Apprendre autrement, entourée de nature

Les moments que j’aime le plus, ce sont les matins où j’ai la chance de contribuer à soutenir les activités Montessori. Ici, les enfants apprennent de manière indépendante et autonome. J'aime beaucoup pouvoir les suivre jour après jour, voir de près comment fonctionne un processus d'apprentissage et constater les différences entre les enfants. L'approche de l'école est très individuelle, les élèves ont vraiment leur mot à dire et l'accent est mis sur la motivation plutôt que sur les résultats. Un système scolaire que je soutiens et dont j'apprends beaucoup !

D’une part, je trouve le contenu du projet intéressant et ça me plait d’aller à l'école tous les jours, de l’autre j'aime beaucoup le cadre environnant. L'école est située dans un petit village au pied des Pyrénées. Avec l'autre volontaire, je vis dans un village voisin, à environ deux kilomètres de l'école. Dans notre vie de tous les jours, nous sommes entourées de nature, loin de la grande ville, loin du bruit et des foules. Pour aller à l'école, on va généralement à pied. La promenade dure environ une demi-heure et nous conduit à travers une forêt, le long de prairies, de moutons et de vaches, avec la vue sur les hautes montagnes des Pyrénées au loin. Ça m’émerveille encore chaque jour.

Cette vie dans un village me permet de ralentir. Il n’y a pas grand-chose à faire, alors j’ai beaucoup de temps pour lire et vivre lentement. C’est beau de voir qu’il existe plus d’amitiés intergénérationnelles dans le coin, que les gens sont moins pressés que dans les villes. J'ai aussi l'impression qu'en général, les gens ici sont plus authentiques et qu'ils accordent beaucoup moins d'importance aux apparences extérieures. Et ça, c’est très libérateur ! De plus, j’ai déjà bien appris à m’organiser. Vu que tout est loin, on ne peut pas aller faire des courses en vitesse en rentrant de l’école ou commander quelque chose à manger si on n’a pas envie de cuisiner. Pour aller au cours de violon, ou partir visiter quelque chose, il faut trouver quelqu’un qui veuille bien nous prêter sa voiture. La vie en isolation dans la nature est belle est romantique, mais pas toujours facile.

La cohabitation, aussi source d’enseignements

Habiter avec une autre volontaire est parfois un défi. Nous vivons ensemble dans un petit gîte où on partage une chambre. Bien que j’ai vécu en cohabitation toute ma vie et que nous nous entendons bien, vivre si près l’une de l’autre représente un gros challenge. Nous partageons actuellement la quasi-totalité de nos vies et, même dans notre temps libre, il n’y a pas beaucoup de possibilités pour se faire d’autres ami·es. De plus, le concept de barrière linguistique n’a jamais été aussi concret pour moi. Ma colocataire est espagnole et ne parle pas (encore) beaucoup français ni anglais. Et moi, je ne parle pas du tout espagnol.

C’est intéressant d’expérimenter deux choses : le sentiment de ne pas pouvoir s’exprimer complètement comme on veut et la prise en compte de l’importance de la langue dans la vie de tous les jours. Même si, parfois, cette manière de vivre ensemble est difficile, je crois que cela m’apprend beaucoup de choses. C’est quand même beau de constater comment, toutes les deux, on essaye de respecter les habitudes de l'autre et de trouver un terrain d'entente.

J'espère passer une belle année ici, apprendre beaucoup de choses sur les plantes, les animaux, l'école, le comportement des enfants, passer de beaux moments, voir comment la nature change à chaque saison, faire des randonnées en montagne et, bien sûr, améliorer mon français !

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