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Togo Akpé kaka1

RÉCITS CROISÉS ENTRE LE TOGO ET LA BELGIQUE

Un projet de volontariat au Togo, ça ne se fait pas seul·e ! Il y a toujours une personne prête à accompagner un·e yovho (blanc·he) au marché, en excursion ou tout simplement au bout de la rue pour prendre l’apéro. Donc une co-rédaction pour partager cette expérience de volontariat, ça coulait de source ! Et puis, ça donne l’occasion à chacun·e de donner son avis sur une même expérience.

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Le projet « Initiation à l’informatique et cinédébat » a démarré le lundi 22 août à 8h30 et tous les enfants du quartier de Zomayi à Kpalimé étaient au rendez-vous ! Donc, en bon·nes Togolais·es qui se respectent, la moitié des volontaires nationaux·ales ont débarqué à 18h30 ! De l’autre côté, les volontaires internationaux·ales, bien ponctuel·les, se sont retrouvé·es totalement désorienté·es par cette plongée directe dans le projet ! Oui, certains clichés ont la vie dure… Heureusement, parmi les volontaires togolais·es, plusieurs n’en étaient pas à leur première expérience interculturelle, et ils et elles ont su mettre les autres à l’aise : une musique de fond, des discussions, des blagues, quelques bières, un bon plat (pas trop pimenté) et c’était parti !

Nous étions un groupe de 9 volontaires, 7 nationaux·ales et 2 internationaux·ales, et au niveau du genre c’était tout aussi déséquilibré : 7 hommes et 2 femmes ! L’ambiance était-elle alors exclusivement à la togolaise et masculine ? Non, absolument pas ! On a tout fait ensemble pendant 3 semaines : répartition par équipe pour les corvées (vaisselle, cuisine, ménage, etc.), animation des enfants, préparation des cours, sorties, amusement… D’ailleurs, en matière de réjouissances, certaines soirées entre volontaires resteront gravées dans les annales d’Astovot2 ! L’une des plus mémorables fut la soirée « Delta rencontre Karo3 ». Au-delà du fait que nous avons acquis une meilleure compréhension du rapport à l’autre, de l’importance des valeurs, du sens du compromis pour atteindre un objectif commun, il nous a aussi été difficile de ne pas éclater de rire ! Les grimaces des un·es pour partager un mécontentement et l’incapacité de communiquer par la parole des autres ont rendu l’activité très comique. Les soirées jeux dans un bar ou au centre de l’association nous ont aussi donné mal aux joues. Ne défiez pas un·e togolais·e à un jeu de devinettes, iels observent tellement bien qu’iels sont imbattables !

Parmi les moments mémorables du projet, on ne peut pas passer à côté de la relation tissée avec les enfants. Nous avions une quarantaine d’élèves âgé·es de 11 à 19 ans, tous les matins motivé·es à ce que Word, Excel, Paint et tous les autres programmes n’aient plus de secret pour elles et eux. Nous avons également tenté de les sensibiliser aux dangers liés au virtuel et aux outils numériques. Et nous avons réalisé, avec leur complicité, un court métrage dont ils et elles étaient les acteurs et actrices. C’était exaltant de les voir apprendre à jouer un rôle, passer un casting, répéter leurs scènes, et « ACTION » !

Dikkeneks aux pensées humbles

Il faut l’avouer, ce n’était pas une expérience sans difficultés ! Le rapport à l’argent est différent entre le Togo et la Belgique. Et, pour une occidentale, ce n’est pas toujours évident de trouver l’équilibre entre ne pas toujours tout payer à tout le monde et profiter de ces expériences uniques. En plus, quand les prix ne sont pas fixes, il faut négocier ! On se demande si on paye le juste prix, on peut se permettre de payer un certain montant et ça ne nous semble pas nécessaire de négocier, etc. Ensuite, on discute entre nous et on se rend compte que, pour les mêmes activités, on n’a pas toujours payé tous et toutes le même tarif… Bref, accepter la fluctuation des prix et que ça n’a rien de personnel, ça permet de passer un meilleur séjour.

Du côté togolais, les échanges interculturels ne sont pas toujours faciles non plus. On fait face à des clichés occidentaux sur les Africain·es. Certains sont pénibles (comme la surprise que des débats intellectuels soient possibles), d’autres sont plus cocasses (il y a des quiproquos quand on essaye d’éviter des problèmes aux volontaires internationaux·ales et qu’on oublie de leur expliquer ce qu’il se passe). Ensuite, les codes sociaux ne sont pas toujours les mêmes, et ça peut être assez surprenant de voir, par exemple, la facilité qu’ont les personnes occidentales à fumer en public. Bien que les volontaires occidentaux·ales soient formé·es avant de commencer un projet, certains propos peuvent choquer. Par exemple, quand après avoir passé quelques semaines sur un projet avec des enfants, certain·es s’enorgueillissent de les avoir sorti·es de la précarité…

Eyizandé, à tantôt !

La clé d’un projet interculturel réussi, c’est d’arriver à faire des compromis. On ne peut pas rester dans son fonctionnement rigide quand on travaille avec des gens qui viennent d’horizons différents. Il faut s’adapter et faire en fonction du contexte. Au centre d’Astovot, les espaces sont partagés entre plusieurs projets avec des objectifs, des publics, des besoins et des temporalités différentes. L’adaptation, ça passe aussi par les horaires. Par exemple, au Togo toute la maisonnée est réveillée à 6h du matin : la mama est en train de ranger sa vaisselle, le coq a déjà chanté 3 fois et les enfants jouent dans la cour. La grasse matinée, ça se négocie, même quand on rentre après une soirée festive.

Devoir se lever à l’heure des poules n’a pas été la seule surprise de cet échange interculturel. Du côté togolais comme belge, on a été fasciné·es par la manière des un·es et des autres de faire la fête. Voir pour la première fois un groupe de togolais·es prendre des djembés, une bouteille en verre vide, créer de la musique, danser et chanter des comptines d’enfance avec un enjaillement puissant, c’est impressionnant ! De l’autre côté, voir une belge enchaîner les bières, danser jusqu’au bout de la nuit, entraîner tout un groupe à la suivre et être opérationnelle le lendemain matin pour donner un cours d’informatique, c’est étonnant ! Mais pas aussi surprenant que de voir la capacité d’adaptation des internationaux·ales à préparer des plats européens avec les ustensiles rudimentaires d’un camp-chantier et des ingrédients togolais.

Dans le fond, on a eu beaucoup de chance avec notre groupe de volontaires. On a pu apprendre des cultures des un·es et des autres, avoir des discussions communes sur les relations sentimentales, sexuelles mais aussi sur des sujets plus durs comme la violence dans l’éducation des enfants. Les Togolais·es adorent parler de leur vision de l’amour, l’engagement et la valorisation de l’autre étant des éléments forts du couple. Cette vision est rafraîchissante quand on a l’habitude d’entendre parler de l’importance de l’indépendance et de la liberté individuelle…

Mais avec tout ça, au niveau personnel, qu’estce que cet échange culturel nous a apporté ?

L’avantage, c’est que nous n’étions pas à nos premiers contacts avec une autre culture, ni en manque de curiosité d’en savoir encore plus. Le travail de déconstruction des clichés avait déjà bien maturé dans nos esprits et nous n’avons pas été surpris·es qu’une fois de plus, toutes les qualités et les défauts de la palette des êtres humains se retrouvaient chez l’un·e comme chez l’autre. Avec le recul, cet échange culturel a surtout fait émergé une grande amitié, avec du soutien mutuel, des échanges continus, de la complicité et des liens forts, car ils sont nés dans des valeurs communes et dans un respect l’un·e de l’autre.

Au Togo, j’y reviendrai…

Ce genre d’expérience permet de relativiser sur ce qui est pris pour acquis par les personnes occidentales. Le choc culturel a d’ailleurs plutôt eu lieu au retour en Belgique. Revenir à un fonctionnement occidental basé sur l’efficience et la rentabilité, c’est rude après un mois en Afrique de l’Ouest. Au Togo, on prend les choses comme elles viennent : parfois il y a des moments de vide, et puis d’un coup tout se met en place rapidement. On s’adapte, on ne se victimise pas et on continue à avancer avec force. Parmi les violences du retour, on ne peut pas non plus passer à côté du choc entre un système individualiste et un système communautaire. Attention, cela n’implique pas systématiquement le cliché d’un fonctionnement africain comme empreint de « plus de générosité et de gentillesse ». Mais là-bas, quand on est à la recherche de contacts humains plus impliqués, au moins on est servi. La contrepartie étant qu’il peut parfois être difficile de trouver un peu de solitude et d’indépendance.

Vivre ce genre d’expérience donne l’occasion de réaliser que le monde va bien au-delà de notre imagination et que ce qu’on pense être une vérité absolue n’est en quelque sorte que notre vérité à nous. Entre les apprentissages et les personnes qui arrivent sur notre chemin, ces interactions culturelles nous permettent parfois de tracer un trajet de vie. Ces projets, ces échanges, restent des moments suspendus. On rencontre des personnes qui nous font sortir le meilleur de nous-mêmes, et puis on se dit au revoir et, tout à coup, chacun·e est de nouveau sur un continent différent.

Pour la Belgique : Émilie Lavender

Volontaire au SCI

Pour le Togo : Francis Bongo

Volontaire chez Astovot

J’aime croire que parmi toute les aventures de volontariat qui ont pu exister et existeront un jour, la mienne fut l’une des plus belles. En tout cas elle est unique et j’espère que vous apprécierez la lire autant que je l’ai vécue.

« Les voyages forment la jeunesse ». Quelle phrase ! Si horrible, au départ. On me l’avait tellement répétée durant les semaines qui précédaient mon voyage que je ne pouvais plus l’entendre. Vous voyez, ce genre de citations qui semblent avoir été inventées expressément pour meubler dans certaines situations où l’on n’a rien à dire ? Ce genre de phrase apprises par cœur, que l’on nous ressert à la moindre occasion, mais qui, au final, sonne chaque fois un peu plus faux et un peu plus dénué de sens, un peu comme « toutes les bonnes choses ont une fin » ou « une de perdue, 10 de retrouvées ». Eh bien c’est précisément dans cette catégorie que je rangeais « les voyages forment la jeunesse ». Et pourtant, après 3 mois passés sur une île et dans la forêt thaïlandaise, j’ai été forcé de constater que Montaigne avait raison.

Une sorte de Robinson Crusoé qui a échoué là

Après un début d’année un peu chaotique, j’ai finalement réussi à convaincre mes parents que c’était en Thaïlande que j’allais trouver ce que je cherchais, une autre façon de vivre. Et voilà qu’après quelques semaines, je me retrouve dans un avion direction Phuket avec pour seul contact local Alex, le co-fondateur de Dalaa, l’association au sein de laquelle j’allais passer les 3 prochains mois. Alex est français, il vit en Thaïlande depuis plus de 20 ans, dans une hutte au milieu de nulle part. C’est une sorte de Robinson Crusoé (comme l’a surnommé ma maman à cause de sa longue barbe et de son apparence joliment négligée) qui est arrivé là-bas afin de « comprendre et remplir la mission pour laquelle je suis sur terre », comme il le dit si bien lui-même.

Cette mission, justement, c’est celle de rassembler. Rassembler les langues et les cultures, rassembler les visions du monde et les religions, rassembler les hommes et les femmes autour d’une tâche commune et ensuite (et c’est le plus important) autour d’un bon repas. Assis par terre, évidemment. A l’image de Dalaa, dont le slogan est « living, learning, working together », pour lui ce n’est pas le travail réalisé qui compte, mais le moment partagé à le faire, ensemble.

J’ai compris avec lui toute l’importance du volontariat, et ce que ça voulait réellement dire. J’aime beaucoup sa façon de penser : c’est sans doute la personne la plus éloignée de notre société que j’aie pu rencontrer. Tout d’abord, il faut savoir qu’Alex est une personne très spirituelle : il médite au moins une fois par jour et a un rapport particulier à la nature. Pour lui, c’est littéralement une énorme source d’énergie. Au début de mon séjour, une des premières choses qu’il m’a dites, lors d’une des longues soirées que nous avons passées ensemble, c’est qu’il faut apprendre à tout déconstruire. Selon lui, tout ce qui nous entoure est énergie. Une sorte de transcendance qui compose toute chose et qui peut se transférer d’un corps à un autre. Evidemment, cette vision n’est pas unique, mais c’était la première fois que je rencontrais quelqu’un qui pensait de cette façon.

Au début, c’était assez difficile à croire, et je dois avouer que je n’ai pas tout de suite pris au sérieux ce qu’il tentait de m’expliquer. Mais lors de nos séances de méditations, il m’a appris à ressentir et à faire circuler cette énergie en moi. On a même fait des séances de Reiki1, pratique aujourd’hui de plus en plus populaire en Belgique. Le truc, avec Alex, c’est qu’il me paraissait tout savoir. La méditation lui permettait de s’analyser intérieurement et de relativiser par rapport à tout ce qu’il vivait. « S’élever et prendre beaucoup de distance », disait-il. Il trouvait une solution à tout, en évitant toujours de se prendre la tête. Je dois dire que ça m’a bien changé de mon quotidien. Ce qui m’a permis d’aborder tout ce que j’appelais des « problèmes » d’une meilleure façon. À l’instar d’un jeu vidéo, j’ai eu l’impression d’avoir eu accès à un « cheat code » de la vie pendant plusieurs semaines. Finalement, je crois que pour ma part c’est plutôt « Alex qui forme la jeunesse ».

« Farang »

La Thaïlande est un pays magnifique, comme ses habitant.es, d’ailleurs. Elle se situe entre traditions et modernité. Il y a, d’un côté, l’ancienne génération, très attachée aux traditions ancestrales, et de l’autre la nouvelle, qui s’ouvre beaucoup plus au monde mais qui est fortement influencée par le soft power Occidental. La plupart des jeunes que j’ai rencontré·es rêvent des Etats-Unis ou de l’Europe et sont obsédé·es par le fait d’avoir la peau plus blanche, là-bas synonyme de beauté et de richesse. Comme certain·es blanc·hes veulent s’embellir par à un détour au soleil ou un séjour au solarium, certain·es thaïlandais·es s’enduisent de crème blanche(issante) sur le visage ou se couvrent le corps avec des pulls et des jeans, et ce même sous 40 degrés.

J’ai été vraiment frappé par cette fascination omniprésente pour l’Occident, qui nous mettaient, moi et les autres volontaires à la peau blanche, au centre de l’attention chaque fois que nous arrivions dans un nouvel endroit. J’ai d’ailleurs très vite arrêté de faire attention à tous les « farang » (terme thaï caractéristique de mon voyage, qui signifie « occidentaux·ales » et englobe toutes les personnes à la peau blanche) qui fusaient de tous côtés lorsque nous étions dans l’espace public. Bien qu’il soit compréhensible que certain·es locaux·ales n’aient pas souvent vu d’étranger·ères, puisque l’extrême-sud de la Thaïlande est assez peu touristique, je n’étais pas toujours très à l’aise avec ça : ce sentiment de n’être adulé pour rien d’autre que pour la couleur de sa peau pouvait s’avérer fort dérangeant. Une sorte de racisme inversé, finalement.

Quand on sait ce que des personnes blanches ont pu commettre, et commettent encore, dans certains pays aujourd’hui décolonisés, j’ai parfois du mal à adhérer à tout cet engouement. Bien que le pays soit l’un des rares à n’avoir jamais été colonisé (et c’est une fierté nationale !), c’est dans ce genre de moment que toute la tristesse du colonialisme blanc ressortait le plus pour moi. Ce genre de moments qui me rattachaient à un passé indissociable de mon présent, dans lequel je vis plus que confortablement, grâce à une exploitation à laquelle je n’ai jamais participé mais dont je profite quotidiennement, et qui se reflète dans tout ce qui m’entoure.

Ma Tak me manque…

Malgré une précarité financière, la plupart des gens que j’ai rencontrés étaient d’une richesse infinie. Ils étaient riches de bonheur, de simplicité, d’amour et de bienveillance. Après avoir passé 1 mois et demi dans ma hutte forestière, je suis allé 3 semaines sur une île (toujours au milieu de nulle part, mais cette fois un peu plus à l’ouest), où j’ai fait la rencontre de Ma Tak et de sa famille (« Ma » veut dire Maman en Thaï). Ma Tak est exactement comme je viens de le dire, d’une richesse infinie. Une personne comme on en rencontre peu dans sa vie.

C’est la coordinatrice d’un des projets de Dalaa et elle accueille, dans sa propre maison, des volontaires étranger·ères 365 jours par an, et ce depuis près de 10 ans. Elle sacrifie sa vie privée, dans le seul but de faire tourner l’économie de l’île grâce aux volontaires qui consomment localement, ce qui contribue, même très peu, à l’amélioration de la vie des habitant·es. Une sacrée claque, pour quelqu’un comme moi qui a bien besoin de son espace personnel. Bien qu’elle ne parle que 10 mots d’anglais à tout casser, son sourire et ses gestes suffisaient pour se faire comprendre.

Elle dégage quelque chose de tellement bienveillant que même à 10.000 km de ma maison, chez Ma Tak je me sentais chez moi. D’ailleurs, ce qui était censé n’être qu’une petite visite de projet pendant une semaine s’est littéralement transformé en un squat de près d’un mois, tellement l’ambiance et le lieu étaient incroyables. Pour moi qui cherchais du dépaysement, c’est vraiment ici, à Koh Sukkorn, que j’ai été le plus servi (c’est sûr que comparé à Bangkok, qui est aussi moderne que New York, le lieu semble faire partie d’un autre monde).

C’est une île d’à peine quelques centaines d’habitant·es, vivant presque en auto-suffisance grâce à la pêche et l’agriculture. Ces gens qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, n’ont eu accès à l’électricité que 5 ans plus tôt, semblent vivre sans se soucier du temps. Jamais pressés, ils vivent au rythme du soleil et des moments calmes de la mer.

C’est étrange comment des gens possédant peu semblent bien plus heureux que d’autres possédant tout. C’est étrange comme on s’entête à continuer à s’enfoncer dans cette spirale de la consommation excessive, qui finalement ne semble satisfaire pleinement personne. Au final, la solution ne serait-elle pas de se perdre dans la forêt ou sur une île isolée et d’y vivre pour le restant de ses jours ? Pour ma part, mon choix est fait ! D’ailleurs, si cet article vous a donné envie de rencontrer le « barbu allumé » ou la « petite maman souriante » (et plein d’autres gens tout aussi géniaux dont je n’ai pas eu l’occasion de parler, dédicace à P.A. et Joe), n’hésitez pas une seconde et foncez (et dites leur bonjour de ma part, évidemment) ! Ils vous le rendront en souvenirs inoubliables.

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