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ARCHITECTURES FLOTTANTES
L’INSTANT
Conçues par des professionnels ou imaginées par des étudiants, de curieuses constructions ouvrent la voie à des solutions dépolluantes, nourricières, éducatives, salvatrices. « Et vogue l’architecture ! », à la Cité de l’architecture et du patrimoine, invite à embarquer sur des architectures visionnaires et pétries d’intelligence.
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TEXTE Virginie Bertrand
RADEAUX VISIONNAIRES
PAGE DE GAUCHE Radiolaire de Mathieu Gourbeyre, Alban Magd et Élisabeth Verrat, élèves des Beaux-Arts de Marseille, lauréats du concours Mini Maousse 8. Ce projet constitue un point d’observation. Sa part immergée accueille coquillages et poissons. À terme, entraîné dans les fonds marins, il sera un refuge à l’image des récifs coralliens.
PAGE DE DROITE Walden Raft d’Elise Morin et Florent Albinet, sur le lac de Gayme, en Auvergne, est une cabane-radeau, composée de bois et de verre acrylique. Elle est un lieu de retraite, au rythme des éléments et des jeux de lumière.
ET VOGUE L’ARCHITECTURE !
— Projets flottants à l’ère du changement climatique, sous la direction de Fiona Meadows, éditions Alternatives.
CONSTRUCTIONS MILITANTES
PAGE DE GAUCHE Pont trampoline des Ateliers Zündel Cristea (AZC), à Paris. L’agence a imaginé un pont gonflable offrant aux promeneurs une parenthèse sensorielle. Un prototype a été réalisé sur l’étang de Banyoles, en Espagne. PAGE DE DROITE Manchester Ship Canal de Rémi Morisset, École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand, projet lauréat du concours Mini Maousse 8. Plateforme flottante et objet militant pour le climat, symbole d’une reconquête de l’espace fluvial contre la surindustrialisation.
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INNOVATIONS AQUATIQUES
PAGE DE GAUCHE 1. Tekasa’i, habitats pour zones inondables, de Loïs Tavernier, Prix Architecture et Problématique de la Montée du niveau des Océans 2018 de la Fondation JacquesRougerie. Face aux chiffres annoncés par l’ONU de 250 millions de réfugiés climatiques d’ici 2050, la créatrice imagine un nid humain en bambou, protégé d’une structure circulaire dédiée à l’agriculture verticale. 2. Piscine écologique flottante du Collectif Base, posée sur la Seine. Elle purifie l’eau, assainit l’air et végétalise la ville.
PAGE DE DROITE Le Petit Bain, équipement culturel flottant des architectes Encore Heureux, avec la salle de concert et le restaurant de l’équipe La Guingette Pirate.
Sur l’eau, l’avenir semble plus limpide. Une école initiée à Lagos, Nigeria,
par NLÉ Architects afin de lutter contre les inondations se duplique à Venise, Bruges et Chengdu en Chine. Une université dédiée aux enjeux climatiques se déploie au sein du bassin de rétention d’eau près de l’aéroport de Tempelhof, à Berlin. Des serres modulaires Jellyfish Barge du collectif PNAT, autosuffisantes en eau désalinisée et énergie solaire poussent en Italie quand Base s’imagine en piscine écologique assainissant air et eau et végétalisant Paris… Quarante-neuf réalisations ont été choisies à travers le monde par Fiona Meadows, architecte, responsable d’expositions à la Cité de l’architecture et initiatrice de cet évènement- manifeste. « La maison brûle, jetons-nous à l’eau ». Ces exemples concrets traitent de la montée des océans annoncée entre 60 et 110 centimètres d’ici à 2100, des pénuries en eau potable, des sécheresses exponentielles, des flux migratoires, de la disparition de la faune et de la flore. Elle vient compléter des projets de trente étudiants sélectionnés sur trois-cent-vingt répondant à l’appel du 8e concours Mini Maousse, dont l’objectif est « de concevoir une petite architecture qui fasse le maximum en répondant à des enjeux sociétaux ». « Pour cette édition, il s’agit de questionner le changement climatique par un objet militant portant des valeurs écologiques, une aquabane entre deux rives. » À mi-chemin entre l’élément aquatique et la cabane, chacune est surprenante d’ingéniosité, d’humanité. « Je voulais cette multitude de propositions. L’idée est de montrer au public et aux élus un catalogue de références, de donner envie à des décideurs de faire des choses avec des créateurs, et que celles-ci n’ont pas besoin d’être surdimensionnées ». À eux de pêcher le projet à concrétiser, entre Noé , îlot artificiel et réserve d’oiseaux naturelle, le Radiolaire, structure d’observation et refuge pour les organismes marins, le chai d’eau en pleine mer transformant l’eau de mer en eau potable ou encore l’arbre-fontaine à partir du palétuvier. Tous parlent de l’élément eau à protéger et non plus comme d’une ressource à exploiter ou d’un territoire à conquérir. « Et vogue l’architecture ! Projets flottants à l’ère du changement climatique », 8e édition de Mini Maousse, jusqu’au 11 juillet. Cité de l’architecture et du patrimoine. 1, place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75116. Tél. 01 58 51 52 00 et citedelarchitecture.fr