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MURS À HISTOIRES

FIBRES GÉOMÉTRIQUES

PAGE DE GAUCHE Autour de la table, chaises chinées, grande tapisserie constructiviste en laine, provenant de chez Martial Giraudo, et suspension, Ikea, ancien modèle, composent le coin repas encadré par deux portes donnant sur le couloir. Tapis marocain.

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PAGE DE DROITE Ariane Dalle, directrice artistique de la maison Élitis, devant un tapis en jute, années 1970, chiné en Espagne.

Comme sur une page blanche, Ariane Dalle, directrice artistique d’Élitis, transpose sur les murs de son appartement sa passion pour la fibre et les rencontres créatives. Matières sensibles, ses œuvres textiles et tactiles mixent un inventaire aux accents folk art. Le bois, le grès, la céramique, la corde et la laine tissent la trame nature de camaïeux couleur sable. Un retour à la terre comme une invitation au voyage.

PAR Caroline Clavier PHOTOS Nicolas Millet

NATURE INTÉRIEURE

PAGE DE GAUCHE Dans l’angle, textile ancien à motif d’arbre, de Don Freedman chiné aux États-Unis, à côté d’une tapisserie vintage d’Eva Nemeth chinée en Hongrie. À l’arrière, canapé en osier et coussins recouverts de tissus Élitis, décor de volets XVIIIe chinés, devant, une table basse en céramique de Roger Capron, et un contenant en bois constructiviste. Fauteuil « Emmanuelle » en osier, Hétéroclite, et un philodendron.

PAGE DE DROITE Tableau chiné, associé à une collection de pots et vases en grès, agrémentés de fleurs séchées.

MATIÈRES COMPOSÉES

Dans la pièce principale un pêle-mêle de tapisseries murales habille les murs. Parmi elles, des pièces d’Eva Nemeth, des « makihuans » péruviens en laine et des pièces des années 1970. Autour de la cheminée, lampes, Carstens, et une paire de lampes en céramique de Nicole Fichot, partout, des meubles et des étagères chinés accueillent des collections de pots achetés notamment dans le quartier de Williamsburg à Brooklyn. Devant la table basse de Roger Capron, deux fauteuils de style italien, 1950, chinés. Sur le canapé, coussins, Élitis.

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Faire de ses murs un récit, celle de la vie, entre voyages et rencontres, correspond à un élan vital. Un écran ouvert sur le monde. Chez Ariane Dalle, directrice artistique de la maison d’édition textile Élitis, pas une parcelle de blanc n’échappe à l’envie de raconter, partager. Comme on le disait à propos de l’artiste Arman, la formule de « montreuse d’objets » lui va bien. À ceux qui choisissent l’épure et le vide pour gagner en espace, elle préfère pousser les murs par l’imaginaire. Des objets, des tableaux, des tapisseries, ouvrent de nouveaux horizons dans un pêle-mêle composé de strates. Mémoire vive, d’hier et de demain, l’inventaire d’Ariane Dalle, enrichi au fil des jours, raconte ses racines, celles de son enfance entre Nîmes et Arles, de virées bucoliques, celui de l’art de chiner transmis par sa grand-mère, des voyages et de sa passion pour la matière naturelle. La fibre, une histoire de famille, partagée entre les empilements de lin brut d’un grand-père, tisserand dans le Nord, et la vitalité des indiennes colorées de Nîmes, où elle vit à l’époque. Sur des airs de Joan Baez et Rickie Lee Jones, nourrie aux chevauchées des westerns spaghettis – seule dérogation à l’interdit posé par ses parents contre l’usage de l’écran –, la jeune Ariane collectionne déjà les bandanas et peaufine son cursus outre-Atlantique. New York, un long passage à Williamsburg à Brooklyn, puis en Pennsylvanie où elle retrouve la terre au cœur du pays amish, et enfin l’Inde, Bruxelles, étoffent ce goût pour la vérité de la matière, le grès, la céramique, le bois, mais aussi la laine, le tissage, l’art textile du XXe qu’elle collectionne comme les branchages qu’elle cueille au bout du monde. Traversé par les cultures, entre folk art, influences américaines et bohème anglo-saxonne, son espace pensé comme un bout de campagne à Paris, se compose d’un mobilier essentiellement chiné. L’art contemporain et le design qui la passionnent et l’inspirent, pour autant n’ont pas altéré sa volonté de recycler, de vivre au centre d’objets anciens du quotidien. Ici, les arts populaires, dans la veine Arts & Crafts, laissent le geste et la main de l’artisan visible. Chevelure blonde en cascade, un bandana noué autour du cou, la silhouette folk d’Ariane se fond dans le décor. Des camaïeux de beiges et d’ocres se juxtaposent, la couleur de la terre patine les volumes intimistes de cet haussmannien dans la ville, infusent la corde des tapis, le rotin du canapé, le grès des colonies de pots, les branches d’arbres. Des références de nature qu’elle cultive et affine depuis des années chez les grands éditeurs de tissus. Après Larsen, Manuel Canovas, Pierre Frey, aujourd’hui la directrice artistique Ariane Dalle transpose cette culture des strates, des histoires et la vitalité de la matière au cœur de la fibre de la maison Élitis.

EN SYMÉTRIE

PAGE DE GAUCHE 1. Sur la table de Roger Capron, pièce en bois brutaliste, l’ensemble chiné. Tapis « Penny Lane », Élitis. 2. Sur la commode ancienne, lampadaire en corde tressée, chaîne Hi-Fi japonaise, 1970, Martial Giraudo. Canapé et tabouret en rotin, chinés.

PAGE DE DROITE Autour de la cheminée, plusieurs tapisseries. En haut, à gauche, une pièce d’Eva Nemeth, à droite, un travail de Don Freedman. et de part et d’autre, deux « makihuans » péruviens, 1970. Devant, fauteuil italien 1950, chiné, Martial Giraudo. À droite, lampe brutaliste avec abat-jour en cordage tressé, chinée, associée à des vases, miroirs et objets trouvés dans diverses brocantes.

ACCUMULATIONS

PAGE DE GAUCHE Dans la cuisine, une série d’étagères rassemblent une multitude de contenants, Habitat ou chinés aux Puces de Vanves, de planches, achetées à la Brocante de La Bruyère, d’ustensiles anciens, et de pots en grès collectionnés depuis l’enfance.

PAGE DE DROITE Le mur de la cuisine, côté coin repas, est entièrement recouvert de photos, de croix de Camargue en métal, de dessins, d’un panneau de bois chiné sur la route amish de Pennsylvanie, de plaques de voitures américaines et de cadres anciens rapportés d’Inde ou certains de la boutique Rickshaw à Paris. Devant, table en bois, Hétéroclite.

ESPRIT DE COLLECTION

PAGE DE GAUCHE Miroirs en bois, chinés à l’île de Ré et aux Puces de Vanves, et boîte à pain, trouvée à Londres, sur un meuble en bois, @brocetdeuche. Devant, sur la table, série de céramiques de Vallauris, Robert Picault. Lettres, Kidimo de Nicolas Flachot, croix de Camargue en blé de Luce Monier, créatrice d’Arles. PAGE DE DROITE 1. Échappée en lumière douce sur la chambre. 2. Dans la cuisine, accumulations de pots en grès, chinés, et planches en bois anciennes. 3. Le couloir poursuit l’esprit de collection avec une bibliothèque sur toute sa longueur. 4. Dans la chambre, tableau Lignes de vie et toile noire du peintre russe allemand Michael Romanenko. Suspension en papier, Amélie Pick. Dessus de lit africain, Amit Zadok. Au sol, petits sacs en tissu, H&M, accueillant des bandanas chinés aux États-Unis. Coussins faits main à partir d’anciennes toiles à matelas provenant des Puces de Vanves et de toiles de jute.

LES ADRESSES D’ARIANE DALLE

Pour ses objets et accessoires

vintage, Hétéroclite.

Pour son travail sur la matière et la force de ses œuvres,

le peintre Michael Romanenko.

Pour son esprit cabinet d’art

contemporain, la galerie Tourette.

Pour ses objets insolites anciens

provenant d’Inde, Rickshaw. Pour ses tableaux, l’artiste Renaud Gilles.

Pour ses lampes en

céramique, Nicole Fichot. —

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