5 minute read

ESPACES SUPERPOSÉS

Next Article
HABITER LE CIEL

HABITER LE CIEL

PALMES ET BAMBOUS

Sur la terrasse du triplex, une haie de jasmins, de bambous et de yuccas, forme un écrin sauvage conçu comme un jardin spontané autour de tables chinées en bois brut et d’une banquette, AM.PM, ancien modèle.

Advertisement

L’architecte Chadi Abou Jaoude revitalise l’architecture des années quatre-vingt de ce triplex composé d’une terrasse-jardin foisonnante, d’une cuisine en rooftop panoramique et d’un espace à vivre en béton à la radicalité affirmée. Élément structurant, la ligne noire d’un escalier métallique traverse les étages et réunit l’ensemble.

PAR Caroline Clavier PHOTOS Nicolas Millet

BÉTON BRUT

Dans le séjour, les murs et le plafond ont été grattés pour laisser la dalle de béton apparente. Sur la console, un établi chiné aux Puces de Saint-Ouen, lampe en laiton, design Pool, éditée par CVL, Espace Lumière, suspension « Work Lamp » de Form Us With Love, Design House Stockholm. Chaise « DSW » de Charles Eames, Vitra, photo Arthur à l’aise de Marc Martin, cœur « Heart » en applique, Marcantonio Raimondi Malerba pour Seletti. Canapé modulable « Duo », Pianca, et sur la table basse conçue à partir de palettes, chinée, vase et chandelier, par Elena Salmistraro, La Manufacture.

CUISINE ROOFTOP

PAGE DE GAUCHE Sur la terrasse au dernier étage, la verrière équipée d’huisseries en aluminium accueille la cuisine-salle à manger. Tables basses et carafe chinées, coupe en vannerie, Habitat, banquette, AM.PM.

PAGE DE DROITE 1. Pour donner une sensation plus aérienne à l’escalier, la main courante a été déplacée sur le mur, afin de laisser flotter les marches dans l’espace. 2. Dans la cuisine, une table dessinée par l’architecte, et un cheval d’arçons chiné fait office de banc. Meubles de cuisine, Ikea, équipés d’un plan de travail en granit Nero Assoluto Zimbabwe. Lampe « Costanzina » de Paolo Rizzatto, Luceplan, et vase en céramique chiné.

1. 2.

L’immeuble est marqué par la fantaisie des années quatre-vingt. Le mix des couleurs beige rosé et du bleu ciel, une façade carrelée et des fenêtres en avancées cubiques projetées vers l’extérieur dans une version bow-window contemporain, l’édifice revendique clairement sa différence. En ovni architectural, son esprit ne plaît pas à tout le monde mais dans cette période qui remet au goût du jour les marqueurs des années Memphis, on l’envisage comme un clin d’œil, une curiosité. Dans tous les cas, il fait aujourd’hui l’unanimité de ses habitants, en passe de le faire classer. Après avoir traversé le labyrinthe de couloirs rappelant les parties communes des immeubles des stations de ski de l’époque, les coulisses du bâtiment révèlent l’ingéniosité d’espaces de vie conçus en escaliers abritant des terrasses. Un élément qui a retenu l’attention de l’architecte Chadi Abou Jaoude. Lorsqu’il visite cet appartement, les volumes répartis sur trois niveaux sont reliés par un escalier pointé vers le ciel ouvert sur une terrasse prometteuse. Certes le volume n’est pas grand, mais sa répartition en trois séquences favorise la perspective d’une superficie augmentée et optimisée. Fidèles à l’époque de sa construction, les volumes sont morcelés et s’apparentent à des boîtes blanches anonymes, sans caractère. Partir des éléments constitutifs de la structure est une règle pour l’architecte. Il procédera ici comme à chaque fois, attentif à tout ce qui peut enrichir un lieu. En grattant la surface des murs, la dalle de béton existante laissée apparente devient une signature forte. La surface lisse et monochrome fait place à la texture de la matière, apporte la patine du vécu, créant une rupture visuelle. L’intention se transforme en fil rouge structurant qui se déploie sur l’ensemble des étages. Le séjour positionné au centre occupe désormais l’intégralité du plateau. À la manière d’un mini-loft industriel, il joue avec la ligne d’un escalier métallique réinterprété. En déplaçant la main courante d’origine sur le mur opposé, la dynamique s’impose, les marches semblent flotter et ce dessin simplifié exprime à lui seul une ligne ascendante comme une invitation à gagner l’étage supérieur pour y prendre l’air. Et plus encore… car ici les repas se prennent sur les hauteurs du triplex. La cuisine-salle à manger en rooftop s’est installée dans une bulle de verre s’offrant un horizon panoramique. En vis-à-vis, le reste de la terrasse foisonne d’une nature protectrice, rythmée d’échappées sur l’architecture urbaine environnante. Si la volonté d’épure signe la sélection du mobilier et du design, celles des lignes tendues de béton des espaces à vivre intérieurs, comme ceux de la salle de bain et de la chambre en sous-sol, l’extérieur en revanche affiche une nature non paysagée où de multiples buissons mêlent différentes essences librement associées. L’idée principale était d’offrir à cette terrasse, une allure de jardin sauvage permettant de profiter pleinement de cette échappée verte plantée au cœur du béton, et en donnant à cet appartement à étages, l’esprit d’une petite maison de ville.

GRAND LARGE

Le séjour occupe l’étage central. Adossé à l’escalier noir en métal, canapé « Duo », Pianca, bibliothèque suspendue customisée par l’architecte à partir d’un ancien modèle, AM.PM, et meuble composé à partir du modèle « Eket », Ikea. Lampadaire « Parentesi » d’Achille Castiglioni, Flos, fauteuil et ottoman « Grand Repos » d’Antonio Citterio, Vitra, table d’appoint « Yakisugi » de Noé Duchaufour-Lawrance, collection 02, La Manufacture. Parquet en chêne massif. Stores californiens à ailettes achetés sur internet. Appliques et plafonnier, série Box WE, Wever & Ducré, Espace Lumière.

BÉTON À L’UNISSON

PAGE DE GAUCHE L’escalier traverse le séjour, il dessert la terrasse à l’étage et la chambre en soussol. Sur le mur du fond, une lithographie de New York par Christo est associée à une accumulation de dessins et d’objets chinés. Lampadaire, « Darja », AM.PM. PAGE DE DROITE 1. L’architecte Chadi Abou Jaoude a réactualisé l’espace de cet appartement en révélant le béton des murs. 2. Pour gommer l’effet boîte blanche de la chambre en sous-sol, un miroir occupe le mur. Couvre-lit, Habitat. 3. Les murs en béton de la salle de bain sont rétroéclairés, le plan vasque « Program », Hidrobox, est équipé d’une robinetterie « Mare », Fantini, et d’une paroi de douche, Samo, rangement en métal grillagé, AM.PM. 4. L’escalier revisité par l’architecte dynamise l’espace en faisant le lien avec les trois plateaux. Table basse chinée, pièces en céramique, La Manufacture. Appliques noires, série Box WE, Wever & Ducré, Espace Lumière.

LES ADRESSES DE CHADI ABOU JAOUDE Pour ses collections de design et son espace imaginé par le designer Luca Nichetto, La Manufacture. Pour ses croquis urbains des toits et des rues de Paris, l’architecte Clément Gy. Pour sa sélection de luminaires, Espace Lumière. Pour ses escaliers métalliques, Frédéric Laffont. Pour son œuvre photographique forte et engagée, Marc Martin. Adresses page 180

1.

3. 2.

4.

This article is from: