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Dans la zone occupée
Dans la zone occupée
Pendant Vichy avant novembre 1942 Notre premier voyage de retour est un transport de poussier pour la cimenterie de Cormeilles-en-Parisis. Mais à Chauny, nous sommes bloqués par les glaces, en amont de l'écluse, avec trois autres péniches amarrées à une sorte d'estacade en bois qu'on appelle « patte d’oie ». Le canal sert de démarcation entre les deux zones.
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A Janville, les péniches amarrées 5 par 5 de front attendent la décrue. Départ à deux par remorqueur. Les difficultés sont telles, qu'à Verberie et Pontoise, un remorqueur reste en permanence pour pouvoir passer une seule péniche à la fois. La menace de couler est toujours bien réelle à chaque pont provisoire et passe navigable étroite. 247
Quand nous pouvons échapper aux « prise d'office », il nous est possible de s'affréter librement. En 1942, nous chargeons dans les mines du Pas-de-Calais pour Dombasle en Meurthe-et-Moselle. 248 A Dombasle nous sommes de nouveau réquisitionnés pour charger à Frouard des tuyaux d'un mètre de diamètre pour Rouen. Nous n'en chargeons que 54 tonnes. Il n'y a pas à s'étonner qu'on soit si vite agrippé à Dombasle, obligé de prendre d'office. Le directeur du bureau d’affrètement préfère choisir un inconnu qui tombe à pic plutôt qu'un habitué ou un ami. 249
A 24 ans, je reviens à la batellerie de mon enfance. Pour les bateaux, le parc est réduit à cause des dégâts de la guerre. Les prisonniers revenus sont repris leur place dans la mesure du possible et la reconstruction fluviale n'a pas encore démarré.
Papa et parrain ont toujours essayé de trouver des voyages pour que nous ne soyons pas séparés. Quand les allemands réquisitionnaient les péniches et obligeaient les mariniers de prendre un transport de marchandises pour tel endroit, on disait : « Voyage d'office » ou « Prix d'office » pour servir les allemands. Nous étions toujours ensemble pour aller dans la même direction. 250
247 Martial Chantre - La péniche, ma vie batelier de père en fils - n° 48 – 2002 248 Martial Chantre - La péniche, ma vie batelier de père en fils - n° 48 – 2002 249 Martial Chantre - La péniche, ma vie batelier de père en fils - n° 48 – 2002 250 Eliane Droissart Bourdon - Marinière, ma vie, ma profession - n° 26 – 1990
Déclaration de libre entrée en français et en allemand – document servant sortir d’une zone à l’autre. - Coll. Roland Langlin