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Le retour des unités disséminées en Europe

Le retour des unités disséminées en Europe

Des centaines de bateaux français se retrouvent une peu partout en Europe. Voici quelques exemples retrouvés dans les archives de V.N.F. qui sont plutôt représentatifs de la situation d’alors.

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De Scandinavie

Plusieurs bateaux de navigation sont retrouvés fort loin du réseau navigable européen puis qu’un certain nombre se retrouvent en Scandinavie, Danemark, Norvège et Suède, au lendemain de la guerre.

Courrier sur les bateaux français se trouvant en Norvège. – Coll. V.N.F.

C’est par l’intermédiaire des autorités néerlandaises qui paieront le carburant qu’ils reviendront en France en passant par Hambourg. Avant cela les forces d’occupation Britannique en charge du nord de l’Allemagne après 1945, doivent délivrer une sorte de relaxe des bateaux français qu’ils ne veulent pas garder pour leur usage propre. Plusieurs courriers émanant de l’Office traitent des indemnités de gardiennage destinées aux personnels français qui sont restés longtemps à Hambourg, dans l’attente d’un rapatriement. Il y a aussi des courriers au sujet des versements des rations qui leur sont destinées.387

Courrier pour le remboursement des frais engagés par les Néerlandais pour le rapatriement des bateaux français depuis la Norvège. – Coll. V.N.F.

387 Archives V.N.F.

Courrier au sujet des bateaux en Norvège. On peut voir que les bateaux citernes étaient Le grand sujet. – Coll. V.N.F.

D’Allemagne Orientale

En septembre 1946, près d’un an et demi après la capitulation du Reich, la France recherche et tente de faire revenir plusieurs bateaux se trouvant dans la zone d’occupation soviétique de l’Allemagne.388

Courrier sur les bateaux se trouvant en Allemagne dans la zone soviétique. - Coll. V.N.F.

388 Archives V.N.F.

Une courte note du 14 novembre 1946 au sujet de la récupération des bateaux en Italie trouvée dans les archives montre que qu’il y avait un nombre important de bateaux fluviaux partis en Italie. Renfloués A Renflouer Condamnés Citerne M.G. Citernes M.G. Citernes M.G. Gènes 43 22 18 20 8 17 Rome 0 0 2 8 5 12 Naples 1 0 0 1 0 4 Total 44 22 20 29 13 33 M.G. = Marchandises Générales / Rome n’est pas un port de mer ! Soit en tout 161 bateaux dont 115 récupérables et 46 condamnés. Sur un total d’environ 175 bateaux qui sont présumés avoir été abandonnés par les Allemands en Italie, il n’est pas impossible qu’au cours des renflouements, quelques nouveaux bateaux soient encore réparés. Un tel résultat se passe de commentaires, puisqu’en définitive 95% environ des bateaux emmenés auront pu être identifiés. Il vient couronner les efforts considérables déployés par la Mission Française et, tout particulièrement, l’esprit d’initiative et la volonté d’aboutir du Lieutenant de Vaisseau Chaize qui, dans son secteur, a retrouvé 128 bateaux dont une centaine à peu près paraissent devoir être récupérables.389

Note sur les bateaux se trouvant en Italie à la fin de la guerre. – Coll. V.N.F.

389 Archives V.N.F.

D’Allemagne Occidentale

Plusieurs histoires se trouvent dans les archives avec des bateaux réquisitionnés ou simplement loués et bloqués outre Rhin. Il y a par exemple l’aventure dite « l’affaire des 17 bateaux français », en mai 1944, acheminés d’office en Allemagne se retrouve dans plusieurs documents de l’O.N.N. Elles sont désignées comme étant une « réquisition commerciale ». En octobre 1943, 17 bateaux, dont 5 appartenant à des armements et 12 à des artisans, qui se trouvaient à Strasbourg, ont fait l’objet de la part des autorités allemandes d’une véritable « réquisition commerciale » pour leur utilisation sur le Rhin. Le fait d’accoler les mots « réquisition » et « commerciale » met en évidence l’irrégularité de l’opération au point de vue des règles internationales et des clauses de la Convention d’Armistice.

M. Brousse, directeur de l’Office, rappelle que les acheminements d’office ne peuvent qu’être effectués que sur ordre de l’O.N.N. sinon cela relève d’une intervention arbitraire d’un service allemand.

Il demande également que les réparations faites sur deux de ces bateaux incombent à l’entreprise allemande et non au propriétaire des bateaux par la firme Haniel de Duissbourg qui effectue un trafic de matériaux de construction au nord de Liège. Il est demandé pour ces 17 péniches alsaciennes utilisées par les Armements allemands sur le Rhin ce qui a été fait à la conférence de Fribourg pour les bateaux en provenance de la Seine et du Rhin. Des conventions sur ordres gouvernementaux concernant les bateaux français utilisés en dehors des frontières françaises existent. Les compagnies allemandes louent les bateaux et les équipages. Au final les 17 bateaux reviendront en France à la fin de la guerre. Combien d’entre eux ? Nous l’ignorons.390

390 Archives V.N.F. - Note de service au sujet des 17 péniches utilisées sur le Rhin par les autorités allemandes – 10 mai 1944

Note sur les chalands et péniches se trouvant en Allemagne en zone d’occupation anglaise. –Coll. V.N.F.

Lettre d’Hambourg de novembre 1945 sur la situation d’Henri Pihet et de son bateau Deus Rei bloqué en zone anglaise. – Coll. V.N.F.

Note sur la relaxe de trois bateaux de la zone anglaise. – Coll. V.N.F.

Courrier en anglais sur la libération du Terral. – Coll. V.N.F.

Courrier d’avril 1946 sur la recherche de bateaux français en Allemagne dans la région d’Hambourg. – Coll. V.N.F.

Courrier sur le coût des rations distribuées aux mariniers français bloqués en Allemagne en attente de rapatriement avec leur bateau. – Coll. V.N.F.

La Conférence de Fribourg qui réglera les questions des répartitions des charges pour l’entretien des bateaux loués ou réquisitionnés. – Coll. V.N.F.

Lettre de la compagnie Esso sur le sort des bateaux citernes en Allemagne en novembre 1945. –Coll. V.N.F.

Liste de bateaux citernes en Allemagne établie par la Commission Interalliés des Voies Navigables. Mayence, octobre 1945. – Coll. V.N.F.

Depuis le traité de Paris de 1856 qui solda la guerre de Crimée, une flotte marchande française circule sur le Danube en l’ouvrant à la libre circulation des Nations. La France n’est pas riveraine du fleuve mails il n’empêche que dans les années 1930, la S.F.N.D., Société Française de Navigation Danubienne, développe d’importantes activités de transports de marchandises et sa flotte compte à la veille de la seconde guerre mondiale : 37 barges de type Haut-Danube, 17 barges de type Bas-Danube, 15 barges de transport pétrolier, 14 remorqueurs, 3 chaloupes et 1 ponton, soit 7% de la flotte totale qui circule sur le fleuve en 1939 et c’est la première parmi les pays non riverains. A la déclaration de la seconde guerre, l’ensemble de cette flotte sera confisqué par les Allemands peut-on croire. En fait, un bateau, le remorqueur l’Amiral Lacaze construit en 1938 à Ratisbonne, à la demande de la Société Française de Navigation Danubienne par les chantiers navals Ruthof connaitra des aventures dignes d’un film. Il mesure 45, 75 m de longueur, 7,75 m de largeur et a un tirant d’eau de 1, 5 m. Son moteur est d’une puissance de 2 x 500 ch. Comme tous les bateaux de la S.F.N.D., L’Amiral Lacaze a son port d’attache en France. Il est d’abord affecté au parcours RatisbonneBudapest. Il échappe en 1939 aux troupes allemandes et descend le Danube jusqu’à la mer Noire. Il passe le détroit du Bosphore et rejoint la Grèce où il sert de transport du courrier entre les îles de Chios et de Mytilène. Au moment de l’invasion de la Grèce par l’armée allemande en 1941, le bateau appareille pour Izmir en Turquie, pays neutre, puis pour Chypre. L’aventure n’est pourtant pas terminée. Bombardé, réparé, il reprend la mer jusqu’à Port Saïd en Égypte où il est incorporé à la Royal Navy et navigue alors sur le Nil. Il revient sur le Danube, après la fin de la seconde guerre mondiale. Le bateau est ensuite réaffecté à la flotte de la S.F.N.D. puis est vendu à la B.R.P., Compagnie Bulgare de Navigation, au début de 1968 et rebaptisé Filip Totü.391

Nous n’avons pas trouvé de statistiques concernant les bateaux français ayant été sur le Danube et en Mer Noire. Cela ne veut pas dire qu’elles n’existent pas. Hélas, de nombreux cartons d’archives de la guerre comprennent des éléments qui ne sont pas à leur bonne place de classement.

391 http://www.danube-culture.org/la-navigation-francaise-sur-le-danube-et-lodyssee-de-lamiral-lacaze/

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