5 minute read

Dans la zone « libre »

Laissez-passer en français et en allemand - Noter la somme des informations qui doivent y figure. - Coll. Stephane Fournier

Advertisement

Après la fin des combats en juin 40, une grande précarité économique attend les bateliers qui s'y trouvent où s'y réfugient. Certains cours d'eau comme la Saône servent de ligne de démarcation entre les deux principales zones. La limite des zones n’entrave pas trop les voyages. On passait parce que l'on avait des marchandises. 251

La navigation sur les canaux du Midi pendant la deuxième guerre s'effectue presque entièrement en zone libre. La ligne de démarcation qui suit la côte passe à Langon à une soixantaine de kilomètres de Bordeaux. Mais comme le bateau voyage du côté de la Méditerranée, il n'a pas à la franchir. 252

Sur les deux versants du canal du midi, les bateaux sont pris dans la tourmente de l’organisation Todt chargée de la fortification des façades maritimes du pays. Le transport de sables est gravier va devenir florissant dans l'Hérault. A Bordeaux c'est pour la construction de la base sous-marine que les bateaux travaillent. Réquisitionnés. En plus du transport de gravier, des bateaux de canal étaient sollicité pour d'autres activités comme faire office de bac pour les ouvriers qui traversent la Garonne entre la base sous-marine et les chantiers navals. 253

Dans le Midi, même si un immense espoir est né, des semaines sont nécessaires pour que le trafic fluvial redémarre. Pour tout le monde le ravitaillement reste le problème n°1. 254

Le 14 juin, les Allemands entrent dans Paris. Le 20, ils occupent Nantes, Vichy et Lyon. En juillet le bateau descend le Rhône, fleuve qui leur est inconnu. A la première occasion, le pilote qu'ils avaient engagé prend la fuite. Ils vont devoir faire route avec d'autres bateaux ? Tout au long de leur parcours, dans les villes les plus importantes, Valence, Avignon, etc. ils essaient en vain de prendre contact avec les sociétés Carbenzol ou Lille-Bonnières. En arrivant à Beaucaire, le bateau est toujours encombré de sa cargaison est dirigé par les Ponts et Chaussées vers le port de Saint-Gilles dans le canal du Rhône à Sète, aux portes de la Camargue. Il reçoit un courrier de la Société Lille-Bonnières repliée à Limoges. Le 1er août ils reçoivent les instructions pour décharger à La Peyrade à Sète pour le compte de la poudrerie de Saint-Chamas. Ils devront attendre décembre pour toucher le règlement de ce transport. Sitôt le bateau vide, Xavier et Charles proposent leurs services aux différentes entreprises et raffineries de la région. Ils sont en zone libre et comptent bien y rester. Notre témoin parle de l’espoir par De Gaulle à la T.S.F. …Nous savons maintenant que très peu de gens l’on entendu. Il y a une limite dans les récits d’enfance écris à l’âge adulte. Les souvenirs sont

251 Roland Langlin – 2019 252 André Miquel et sa famille - Des barquiers du midi - n°69 – 2013 253 André Miquel et sa famille - Des barquiers du midi - n°69 – 2013 254 André Miquel et sa famille - Des barquiers du midi - n°69 – 2013

souvent réinventés et deviennent La version de l’Histoire personnelle. Après leurs recherches, ils ont obtenu plusieurs voyages de Berre à Sète avec du fuel domestique. Très vite, le commerce se tarit faute de matière première confisquée au profit de l'économie allemande. « Nous n'avons pas d'emploi pour votre unité en zone libre, vous devez revenir dans la région parisienne. Le 6 novembre, Carbenzol écrit « Nous avons l'honneur de vous informer que nous serions susceptibles d'utiliser à nouveau votre chaland pour les transports de benzol du nord de paris. » Prudents ils se renseignent sur l'emploi des bateaux et des transports en zone occupée. Le délégué S.I.P.P. du département maritime du Pool des Pétroles, M. Duprat, a une phrase les rend perplexes : « d'autre part, étant artisan, vous devez considérer votre unité comme appartenant à un transport public ». Autrement dit l’artisan est assimilé à un contremaître et touche un salaire. Là ils ne sont pas d'accord. Jusqu'à nouvel ordre ils resteront dans le Midi. Ils vont découvrir les produits locaux : l'olive et son huile, les aubergines, melons, sardines et pastis ! Le jour où la mairie a reçu un stock de choucroute dont personne ne savait quoi faire de ce « manger de boches », Fernande va leur apprendre à préparer ce nouveau plat. 255

Les dimensions et le manque de puissance du moteur du bateau lui interdisent de naviguer sur le Rhône. Ils sont embauchés pour plusieurs voyages de flegme (liquide obtenu par la première distillation d'un produit de fermentation alcoolique) de Marseille à Saint-Gilles ou dans l'autre sens du fuel domestique. Tout cela est ponctué par de très longues attentes qui impose des séjours prolongés dans le port de Marseille. Imaginiez, un 38 mètres parmi les bateaux du Rhône, les remorqueurs et les navires, qui plus est encombré de cages à poules et de lapins, de linge qui sèche montrant qu'il y a des petits enfants, attire forcément l'attention dans cet univers de marins. 256

La précarité de la situation fait que les mariniers se résolvent à remonter vers le nord. Carbenzol lui cherche un fret de retour pour Lyon avant Paris et en même temps l'assurer contre les risques de guerre. Le 26 décembre 1941, la compagnie lui conseille de ne pas prendre de risque et de rester dans le Sud. La remontée du Rhône est reportée. En avril 42 ils sont partis de Beaucaire à Lyon à vide. Arrivé à Mâcon, Carbenzol, surpris de les voir revenir et de ne pas avoir tenu compte des ordres lui conseillent de rester sur place jusqu'à nouvel ordre. Ils quittent Mâcon pour Saint-Romain-des-Îles, entre Mâcon et Villefranche-surSaône. Ne pouvant rembourser les échéances de prêts ils envisagent de vendre le Flèche d'Or.

Ils vont faire une longue attente là où ils sont. L'herbe est abondante et verte pour les poules et les lapins. Charles trouve un travail dans une tuilerie et Xavier est employé pour garder les ponts. Ils logent sur le bateau mais la journée ils font du

255 Lydia Carnec-Branchet - Une saga batelière de 1850 à 1980 - n° 64 –2010 256 Lydia Carnec-Branchet - Une saga batelière de 1850 à 1980 - n° 64 –2010

This article is from: