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L'attente de la fin

Les Résistants F.F.I. ont marqué leur passage à l’écluse de Maurecourt. - Coll. Guillaume Kiffer

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L'attente de la fin

Pour notre dernier voyage de la guerre, nous avions pris un transport de laitier à charger à Louvroil près de Hautemont (59) pour Beuvry près de Béthune. Ce voyage a duré du 17 mars 1944 au 8 janvier 1945, en gros 10 mois ! Nous voyagions deux jours, puis arrêt de quatre jours, pour revoyager cinq jours, pour finir enfin plusieurs mois d'arrêt. Il fallut attendre plusieurs mois pour remettre les canaux démolis en état de marche pour nous permettre de continuer notre voyage. 354

Des tracteurs de la C.G.T.V.N. viennent à deux pour tirer les bateaux. Mon père refuse et « La Dunette » part seul. Le lendemain, mon père se rend compte de son erreur et nous demande de prendre la bricole pour déplacer le bateau chargé. Le bateau n'a que 215 tonnes de charge c'est un avantage. Il y a 6 kilomètres Il y a la peur d'une attaque aérienne surtout dans la ligne droite de 3 kilomètres. Et le niveau

354 Eliane Droissart Bourdon - Marinière, ma vie, ma profession - n° 26 – 1990

du canal commence à baisser. A l'écluse, quelques jours plus tôt, le bateau Je le préfère, chargé de paille, avait été mitraillé et brûlé entièrement, sa coque étant en bois. La fille des mariniers, Edwige, une jolie petite copine, avait été légèrement blessée à une jambe. Nous resterons amarrés plus de trois mois à ces mêmes pieux. Camouflé par des pommiers couverts de nids de guêpes « Surtout ne les chassez pas, elles vont s'habituer à vous », disent les villageois. Je ne me souviens pas d'avoir été piqué.355

Comment repasser le front entre Allemands et Américains ? Sitôt vide l'Artisan prend la direction de la haute-Seine, chercher un endroit abrité surtout pas sur le fleuve, un trou ? Assez loin de Paris, à la sablière de Saintry. Près de Corbeil, ils seront trois bateaux à avoir la même idée. L'emplacement est idéal c'est un hautfond, il y a à peu près 1m80 en dessous. Les établissements Loury avait aménagé cet endroit pour laisser « rembourdir » leurs bateaux, c'est à dire ceux-ci, en bois, étaient laissés là, ils coulaient parce que trop « éclit » quelques jours après pompé et amerrie à Corbeil. Cette « fouille » aurait permis que le bateau ne coule pas trop. Robert avait bien préparé son bateau, le plancher de cale entièrement démonté et mis en pile sur les équerres de bordais, constitué une réserve de broches et broquettes pour boucher les éventuels trous des balles. A terre un abri avait été confectionné. On imagine l'angoisse de l'attente du choc. Notre voisin, le Julot avait craqué et voulait évacuer le bateau, on l'a raisonné en lui disant « qu’on n’allait pas repartir avec eux » - les Allemands-. Il avait plusieurs fois échappé à la réquisition parce que la motorisation était trop faible avec un Kromhout de 60 cv. 356

355 Martial Chantre - La péniche, ma vie batelier de père en fils - n° 48 – 2002 356 Raymond Carpentier – 2020 - en 1944

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