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Les destructions à la fin de la guerre
Pont Morand à Lyon en 1944. - Coll. A.A.M.B.
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Il y a eu 3 origines principales dans ces destructions. - En 1943 – 44 par les avions alliés, - En 1944 lors du reflux des Allemands,
- En 1944 de par les actes de la Résistance.
Il y a donc de nouveaux dommages subis par les voies navigables qui sont suivis par des travaux de déblaiement et de remise en état. A partir de l'année 1943 puis surtout 1944, une nouvelle phase de destructions survient. Les bombardements de l'aviation alliée et les sabotages de la Résistance gagnent en intensité. La navigation est interrompue en 10 points en octobre 1943 et en 22 en décembre de la même année. En mai 1944 ce sont 30 points, le 1er juillet 1944, 58 et 95 points le 1er août 1944.367 Les bombardements sont particulièrement violents et répétés sur la Seine et la Loire. Sur l'Oise, se sont Terguier et Creil qui sont fortement visés. La Résistance va pratiquement arrêter le trafic sur le canal du Centre à la fin 1943. De même sur le canal du Nivernais, le canal de l'Oise à l'Aisne, le canal de la Marne au Rhin et le canal de l'Est aux environs de Nancy sont coupés momentanément et partiellement. Enfin, à partir dès août 1944, lors de leur retraite vers l'Allemagne, les
367 Source : Statistiques de la navigation intérieure – O.N.N. – 1945
troupes du Reich pratiquent des destructions systématiques des installations comme lors du retrait de 1918. Avant de s'enfuir en 1944, les Allemands décident d'anéantir la flotte fluviale française. Dans certaines régions, ils entreprennent le minage systématique des bateaux. À Saint-Mammès et à Samois, beaucoup de bateaux ont sauté à cause de ce procédé. Les équipages étaient avertis du minage de leur bateau et avaient le temps de partir, certains réussissent même à procéder au déminage dès que les Allemands avaient le dos tourné.368
Au 1er octobre 1944, sur toutes les voies importantes de la partie libérée du territoire la navigation était pratiquement impossible. On ne pouvait utiliser que de brefs tronçons du réseau sans grand intérêt du fait de leurs faibles longueurs. Seuls le Canal du Midi, le canal latéral à la Garonne et la Garonne permettaient une navigation complète. Sur la Seine le trafic était impossible entre Le Havre et Rouen et Paris. De même sur le canal de Saint-Quentin, le canal latéral à l'Oise et l'Oise entre le bassin minier du Nord et Paris. A cette date toutes les voies de l'Est se trouvaient encore dans les zones des opérations militaires. La navigation était interrompue sur près de 8.250 km, 4.000 km de canaux et plus de 4.250 km de fleuves et rivières.
Les destructions sont plus importantes que lors de la Bataille de France du printemps 1940. 1.531 ouvrages entravent la navigation au mois d'août 1944.369
Paradoxalement, dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais les destructions étaient moins nombreuses qu'en 1940 à l'inverse de sur l'Oise, la Seine, la Marne, les canaux de la région de l'Est, le Rhône et la Saône. Sur la Seine, de Paris à Rouen près de 73 % des ouvrages étaient détruits ou gravement avariés. Les destructions étaient de 70% sur l'Oise, 100% sur le Rhône et 72% sur la Saône. Au lendemain de la guerre, les voies navigables françaises offrent un spectacle apocalyptique : rivières et canaux sont encombrés d'une multitude d'épaves et d'éboulis qui rendent la circulation des bateaux difficile, voire impossible.370
Plus encore que la quantité des destructions c'est l'ampleur de celles-ci qu'il faut remarquer à la fin de la guerre. En 1940, les destructions entreprises par l'armée française en retraite visaient comme en 1914 à retarder l'avance ennemie en fessant sauter une ou deux travées des ponts sur les voies navigables. En 1944, soit à cause des bombardements alliés, soit par les Allemands, de nombreux ouvrages sont détruits sur toute leur longueur. En 1940, les écluses et les barrages avaient été peu touchés. En 1944, ce sont Poses sur la Seine, sur l'Oise les barrages de Venette, de Verberie,
Josette Colin, La vie des mariniers - Plon 1990 et France Culture Source O.N.N. – 1945 - 941 ponts routiers, 213 ponts ferroviaires, 11 ponts-canaux, 43 barrages et 90 ouvrages divers. Josette Colin, La vie des mariniers - Plon 1990 et France Culture
Les services de la navigation ont eu le plus grand mal à faire les travaux de déblaiement et de remise en état provisoire à cause de nombreuses difficultés d'accès au site, de trouver du personnel, du matériel ou des machines. Les troupes du génie, françaises ou alliées, ont visées plus particulièrement à rétablir rapidement les liaisons routières et ferroviaires qu’exige la motorisation des armées. Cela s'est fait souvent au détriment de la navigation fluviale par des ouvrages aux caractéristiques insuffisantes au passage des bateaux. Dès que les circonstances l'ont permis, il a fallu modifier les ouvrages hâtivement construits par d'autres, encore provisoire, afin de rétablir une passe navigable sur les 38 ponts de Saint-Denis près de Paris à la mer. Peu de temps après la libération de Paris d'août 1994, en octobre 44, la Seine est de nouveau utilisable tant pour le ravitaillement des Armées que pour les besoins civils, populations et industries, avec les ports de Rouen, du Havre et ParisGennevilliers. Les travaux furent rapides. La navigation dès la mi-octobre est rétablie entre le bassin minier et Saint-Quentin, puis jusqu'à Creil le 30 octobre et le 14 novembre jusqu'à Paris. En province, la circulation revient sur le canal latéral à la Loire fin octobre et début décembre entre Montceau-les-Mines et Paris. C'est aussi le cas sur le Rhône mi-octobre 44 entre Lyon et la mer. Au 1er janvier 1945, alors que la guerre va encore durer un peu plus de 4 mois, la navigation est possible sur toutes les voies du réseau français à l'exception surtout des voies encore situées dans la zone des combats et de celles non déblayées. Il faut remarquer que la priorité est les transports sur la Seine, la liaison avec le bassin charbonnier du Nord et le Rhône. De ce fait la liste des voies ne permettant pas encore la circulation des bateaux est longue : Lys, canal de la Colme, canal de Bourbourg, canal de Furnes, canal de la Somme, canal de l'Oise à l'Aisne, canal de l'Oise à l'Aisne, Haute-Seine en amont de Montereau et canal de la Haute-Seine, canal du Havre à Tancarville, canal de la Marne au Rhin, Moselle et canal des Mines de fer de la Moselle, canal des Houillères de la Sarre, canal du Rhône au Rhin, Rhin, canal de la Marne à la Saône, canal de l'Est, canal d'Orléans, canal du Rhône à Sète, canal d'Arles à Bouc, canal de Nantes à Brest.
Au cours de l'année 1945 se seront plus particulièrement les voies de la région Est qui vont être l'objet de déblaiements et reconstructions provisoires. Sur la Rhin, redevenu la frontière française, ce n'est qu'au début de novembre 1945 que le port de Strasbourg a pu reprendre son activité rhénane car le fleuve était entravé par tous les ponts de Bâle à Rotterdam, les bateaux coulés dans le chenal
371 Ainsi que les écluses de Notre-Dame de la Garenne sur la Seine, de Creil sur l'Oise, de Troussey sur le canal de l'Est, de Pinon sur le canal de l'Oise à l'Aisne. – Rapport O.N.N. - 1945