Janvier 2023 Désherbage: la voie mécanique Ménager les sols forestiers Les services RTK gratuits? 5G contre les adventices LA NUMÉRISATION
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Actualité 4 En bref Focus 10
Aménagement du territoire: «L’initiative paysage n’est pas une solution»
Marché 12 «La nouvelle normalité sera renouvelable» 16 Désherbage: la voie mécanique 19 De l’énergie qui sort du bois
Thème principal: la numérisation 20 Technologie intelligente pour exploitations numériques 24 La 5G pour désherber 27 Applications pour smartphones et guidages prisées 28 Automatisation de la porcherie 30 Aide numérique dans les champs 32 Correction RTK: du nouveau en Suisse Impression 34 L’alimentation des vaches-mères confiée au robot Management 36 Loisirs et véhicules agricoles: quelles sont les courses autorisées? Plate-forme 38 Ménager les sols forestiers 42 Envol avec le «Bird View»? 44 «Swiss2e»: solution-miracle ou miroir aux alouettes? 46 Noix bio: la recette du succès Passion 49 Jeu-concours de mots croisés 50 90 brebis laitières. Et 1 Lindner ASETA 52 Bächtold Landtechnik est le gagnant du «Swiss Innovation Award» 55 Communications des sections 58 Martin Müller: sécurité alimentaire 59 Les cours et l’impressum
Couverture: Les agriculteurs attendent avant tout de la numérisation qu’elle les aide et simplifie leur quotidien. Elle n’y parvient pas toujours (p. 20 à 33).
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Travailler sur une base de données est devenu courant dans l’agriculture depuis longtemps, ceci bien avant que le mot «numérisation» entre en scène.
Voici des années déjà que les exploitations sont contraintes de saisir des données sur une multitude de formulaires. Certaines de ces données ou de ces documents servent à la gestion de l’exploitation elle-même et sont utilisés à des fins de planification.
Cependant, la plupart de ces faits et chiffres sont exigés par les autorités pour des visées statistiques et, surtout, pour l’octroi de moyens financiers.
Avec l’avènement de la numérisation, travailler sur une base de données a pris une toute nouvelle dimension.
La technologie moderne permet de collecter, stocker et analyser automatiquement une grande quantité de données et de les employer pour des applications futures.
Si leur saisie et leur stockage ne posent plus de gros problèmes aujourd’hui, leur exploitation pour en faire un usage correct sur le plan agronomique demeure un défi.
En effet, le but ultime avec les données ne consiste pas à simplement occuper de l’espace de stockage. L’objectif est d’améliorer, d’une manière ou d’une autre, l’efficacité de la production au champ ou à l’étable.
La numérisation est et reste un champ de tensions intéressant qui continuera à nous accompagner tout au long de 2023, au-delà du thème principal de ce numéro.
En ce début d’année, l’équipe de l’ASETA et de Technique Agricole vous transmet, chères lectrices et chers lecteurs, ses vœux de bonne santé et de réussite dans vos foyers comme dans vos fermes!
L’édition n° 2 paraîtra le 9 février 2023
Janvier 2023 | Editorial • Sommaire
01 2023 Technique Agricole 3
Editorial Roman Engeler
Photo:
10 52 38
En bref
Claas annonce un chiffre d’affaires record pour l’exercice 2021/2022 à 4,9 milliards d’euros, mais doit essuyer un net recul de son bénéfice avant impôts en raison de la guerre en Ukraine, avec 166,3 milllions d’euros contre 357,1 millions d’euros sur l’exercice précédent.
Trelleborg a été une nouvelle fois désigné «Meilleur pneu agricole» lors de la cérémonie Visão Agro Brasil Award 2022.
JCB a produit fin 2022 sa 1000 e minipelle à entraînement électrique.
Pour la première fois en 2022, plus de 10 000 tracteurs sont sortis de l’usine CNH de St. Valentin en Autriche.
Avec le Kioti «HX 1201», le Sud-Coréen Daedong lance un nouveau modèle haut de gamme de 115 chevaux sur le marché.
Le tracteur spécialisé compact «LX 351» de Kubota est maintenant commercialisé.
JCB complète son offre de chariots télescopiques compacts avec l’introduction du modèle «514-40».
Avec un convoi de 60 «tracteurs de Noël» décorés de façon festive, les agriculteurs ont remercié une fois de plus la population fin 2022 à Soleure.
Manitou a repris 82 % des parts de la société EasyLi, qui s’est spécialisée dans la construction de batteries lithium-ion.
Le «programme pour chargeurs agricoles électriques» de la fondation «Klik» soutient l’utilisation de valets de ferme entraînés électriquement par batteries en Suisse. Demande de subventions: hoflader.klik.ch.
Avec son site securitealaferme.ch, le SPAA lance un autocontrôle de sécurité à utiliser par les agriculteurs sur leur propre exploitation.
Le Conseil national est contre l’assouplissement de l’obligation des pendillards. Il a rejeté deux motions lors de la session de décembre.
Sur la chaîne YouTube «Landtechnik Tutorials» figurent trois nouvelles vidéos sur le thème de «Conduite économe».
Après avoir renouvelé l’identité de sa marque, l’entreprise Farmtech soigne sa présence sur le web avec l’arrivée de son nouveau site farmtech.eu.
La remorque forestière «S-Line» de Pfanzelt est pensée pour une utilisation individuelle. Avec sa grue de 6,70 m de portée, elle charge jusqu’à 6 t en forêt.
Pièces de rechange Fischer toujours disponibles
Dans l’édition de décembre 2022 de Technique Agricole, il était indiqué en page 12 que la société Fischer Nouvelle Sarl, constructeur suisse de pulvérisateurs et d’atomiseurs de Collombey-Muraz (VS), avait été dissoute et radiée du registre du commerce au 30 septembre 2022. Des concessionnaires régionaux ont précisé que la suppression de la marque n’avait aucune incidence sur la disponibilité en pièces de rechange. L’approvisionnement en pièces pour les appareils Fischer destinés à l’agriculture et aux cultures fruitières est garanti sur le long terme chez les distributeurs habituels.
Enfouisseur à lisier Holmer
Avec son expérience de plus de 25 ans dans l’incorporation de lisier, Holmer a été amené à développer son propre enfouisseur de lisier «SecatFlex SL». L’outil a été développé pour l’utilisation avec son automoteur «Terra Variant 435» et pour l’épandage dans des parcelles de maïs cultivé, mais également avec d’autres automoteurs. L’enfouisseur est conçu pour les cultures en rangs avec écartement de 75 cm. Il dispose de dix éléments de binage. Dix rangs peuvent ainsi être travaillés de façon efficiente. Une attention a été portée sur la construction compacte pour limiter les forces de levier sur le vé -
hicule tracteur. Le corps compact garantit également une bonne stabilité directionnelle y compris à vitesse d’avancement élevée. La pression au sol peut être réglée individuellement selon trois niveaux grâce à des ressorts précontraints, similaires au système éprouvé des matériels betteraviers. Afin de limiter le risque de blessures des feuilles en fourrière, un vérin spécifique de contrôle de section avec géométrie de levage spéciale est intégré pour un dégagement maximal. Le châssis, dont la hauteur affiche pratiquement 80 cm, est également conçu pour des interventions tardives.
Actualité 4 Technique Agricole 01 2023
AMAROLA S 200 / G 200 www.kws-suisse.ch Variété de qualité supérieure au succès international Teneur en amidon très élevée Bonne digestibilité du reste de la plante NOUVEAU Le sprinteur arrive tôt à destination.
Télescopique avec moteur à hydrogène
Manitou a dévoilé récemment sa feuille de route en matière de recherche et développement de chariots télescopiques entraînés par hydrogène et a présenté un premier prototype. Manitou s’était fixé comme objectif de réduire de 34 % ses émissions de gaz à effet de serre. Parallèlement au chariot télescopique électrique déjà présenté, Manitou dispose ainsi désormais d’un prototype avec pile à combustible, qui devrait être produit en série à partir de 2026.
Broyeur sur chenilles en forêt
L’entrepreneur de Wilchingen (SH) Werner Gysel Agro Dienstleistungen utilise un broyeur sur chenilles spécial, qui peut également assurer des travaux variés de broyage sur des terrains forestiers exigeants tout en préservant les sols. La machine peut ainsi remettre en état des surfaces dégarnies par les dégâts de tempête et de bostryche avec de nombreux branchages, des souches hautes et de grosses ronces, pour que des travaux de soins et de plantation puissent y être menés. Concrètement, les souches de cette parcelle de forêt ont été broyées à ras le sol, en premier lieu à proximité des pistes de débardage tout comme les restes et branchages tombés lors des coupes de bois, qui ont été réduits. Pendant qu’un tracteur de 360 chevaux intervient sur les surfaces plutôt plates avec un outil de broyage de 2,5 m de largeur attelé à l’arrière, l’entrepreneur de Wilchingen a mis en place en complément depuis quelques semaines ce véhicule sur chenilles bien plus petit de 200 chevaux. Un broyeur de 2 m de large est attelé à l’avant de l’appareil manœuvrable et préservant les sols.
Agenda
Göweil Schweiz, journées portes ouvertes, 21 et 22 janvier 2023 à Rohrbach (BE)
Congrès «Land.Technik für Profis» («Machines pour les pros»), 14 et 15 février 2023, chez Pöttinger à Grieskirchen (Autriche)
Tier&Technik , du 23 au 26 février 2023 à Saint-Gall
Agrimesse, du 2 au 5 mars 2023 à Thoune 75 ans de tracteurs Lindner, le 18 octobre 2023 à Kundl (Autriche)
Agritechnica, du 12 au 18 novembre 2023 à Hanovre (Allemagne)
Un moteur, différentes sources d’énergie
Lors d’une exposition à Shanghai (Chine), le motoriste FPT a dévoilé le concept d’entraînement du futur. Le «Cursor X Concept» a ainsi été présenté, entre autres. Ce concept de moteur et la stratégie qui l’accompagne sont décrits au travers de quatre «M»: «Modulaire», «Multi-application»,«Mindful» et «Multi-Energie». «Modulaire» se rapporte à la flexibilité et les différentes exigences d’utilisation, «Multi-application» à son utilisation dans différents secteurs et «Mindful» (conscient)
évoque la possibilité intégrée d’interagir avec d’autres systèmes reliés en réseau, pour adapter la puissance et prédire l’entretien. Quant au terme «Multi-Energy» – particulièrement excitant –, il se réfère à la capacité du nouvel entraînement à utiliser de multiples sources d’énergie. Le «Cursor X Concept» devrait pouvoir se débrouiller avec du diesel, GNC, biogaz, hydrogène et électricité, afin que le client atteingne les performances les plus élevées possible avec un impact environnemental minimal.
Actualité 6 Technique Agricole 01 2023
Des microcars au musée
Au Pantheon de Bâle, situé Hofackerstrasse 72 à Muttenz (BL) et qui accueille le forum pour véhicules oldtimer et plus grand centre oldtimer de Suisse, des microcars du monde entier sont présentés jusqu’en avril. Sept des 53 modèles exposés proviennent de Suisse. L’un d’entre eux est la «Voiturette R» de Rapid, développeur et constructeur de la première motofaucheuse automotrice au monde. Ce cabriolet a été construit en 1946, intègre un monocylindre de 350 cm³ de cylindrée fonctionnant parfaitement et a été mis à disposition par le Musée suisse des transports pour cette exposition temporaire «Alles beginnt klein» (traduisible par «Tout commence petit») ouverte quotidiennement jusqu’au 16 avril 2023. Les autres microcars suisses sont une «Geissmann Cabrio» de 1946 (monocylindre de 350 cm³ de cylindrée), une «Strübi Einspurauto» de 1950 (2 cyl., 250 cm³), une
«Belcar» tricycle à trois places de 1956 (1 cyl., 191 cm³), une «ZBR Diavolino» de 1985 (2 cyl., 250 cm³), une «Soletta» de 1956 (2 cyl.,748 cm³) et une «Microlino» de 2021 à moteur électrique. En parallèle, le Pantheon héberge le musée de
la mobilité avec des centaines de pièces exposées, un Classic Garage comprenant notamment réparation de sellerie et de radiateurs, contrôle des véhicules à moteur, service de conseil/achat/vente ou encore restaurant.
«Tech Day» de CNH
Lors de sa journée «Tech Day», début décembre, CNH Industrial a dévoilé différentes solutions. Sous les couleurs New Holland, le constructeur a présenté le «T4 Electric Power» (photo), qui constituerait le premier prototype de tracteur compact entièrement électrique et doté de fonctions autonomes. Le moteur électrique atteint une puissance maximale de 120 ch et un couple maximal de
440 Nm. Le tracteur dispose de prises de courants pour brancher des outils électriques externes. Cependant, des outils conventionnels mécaniques, hydrauliques et entraînés par prise de force peuvent également être attelés. Le tracteur sur batteries «T4 Electric Power» de première génération devrait entrer en production fin 2023 et être décliné sous les couleurs «Case IH». Par ailleurs, le
New Holland «T7 Methane Power GNL», premier tracteur au monde animé par gaz naturel liquéfié, a été présenté. En comparaison du modèle «T6 Methane Power GNC» avec gaz naturel comprimé déjà disponible sur le marché, le nouveau tracteur GNL quadruple selon CNH sa capacité de carburant. Ceci s’explique par la densité énergétique plus élevée du GNL en comparaison du GNC. Enfin, les solutions les plus récentes d’automatisation et d’autonomie étaient présentées, telles que les solutions «Driver Assist Harvest» développées par CNH et Raven, qui maintiennent tracteur et moissonneuse-batteuse synchronisés lors du déchargement de la récolte. Le système offre une solution de guidage coordonné, qui rend possible un système de récolte d’assistance au guidage, pour indiquer le tracé et la vitesse de l’ensemble tracteur-remorque et évoluant à proximité d’une moissonneuse-batteuse, au cours d’un processus de transbordement «en cours de route».
Actualité 01 2023 Technique Agricole 7
Trémie frontale «Amico F» de Pöttinger
La nouvelle trémie frontale «Amico F» de Pöttinger offre, en association avec les déchaumeurs à dents «Terria», la possibilité d’épandre de l’engrais et des semences de cultures intermédiaires. La trémie de 1700 ou 2400 l de capacité et dont le volume peut être compartimenté à 6040, elle est disponible avec un ou deux dosieurs pour l’épandage de différents intrants. La répartition est ainsi assurée via une procédure SingleShoot avec un système de pressurisation de la trémie. Les unités de dosage sont capables d’assurer une modulation de doses, aussi bien pour un seul que pour deux doseurs. Ceux-c sont accessibles depuis l’avant, pour un changement des rouleaux doseurs plus rapide, selon le constructeur. La trémie frontale intègre d’office un réseau Isobus.
Fusion
Le Néerlandais SVgroup, propriétaire des marques Schuitemaker et Veenhuis, a repris au 1er janvier 2023 la société Jan Veenhuis Machinefabriek B. V. de Raalte. Jan Veenhuis développe, construit et produit des remorques basculantes et porte-caisson. Au-delà des bennes agricoles, d’ensilage et de transport de sable, le constructeur produit aussi des re -
morques sur mesure basculantes, pour bois déchiqueté ou avec grue. Schuitemaker et Veenhuis avaient déjà fusionné en 2019 au sein de l’entité SVgroup.
La reprise de Jan Veenhuis complète non seulement le catalogue produit de SVgroup, mais rassemble également l’entreprise familiale originelle Veenhuis après 27 ans. Les deux entreprises travaillaient en effet séparément depuis 1996.
Nouveaux répartiteurs de lisier à patins
Pour la saison à venir, Farmtech élargit son offre dans le domaine des répartiteurs de lisier à patins avec les gammes «Hawk» (photo) et «Eagle», qui s’adressent avant tout aux petites exploitations tributaires de dimensions compactes, mais qui souhaitent malgré cela prétendre à des matériels d’épandage professionnels. Les équipements des deux gammes sont entièrement galvanisés et autorisent un déploiement rapide et durable du système en position de travail ou un repliage en configuration transport. Les leviers de repliage peuvent être pilotés manuellement ou hydrauliquement. Les répartiteurs des types «Hawk» et «Eagle» sont disponibles en quatre configurations, avec des largeurs de 4 à 6 m pour les premiers et de 6 à 12 m pour les seconds.
Actualité 8 Technique Agricole 01 2023
Voyage professionnel en Pays-Bas 04 - 06 avril 2023
Dans le cadre d'un voyage professionnel de trois jours, du 04 au 06 avril 2023, nous proposons aux agriculteurs intéressés de découvrir des aspects passionnants de la production laitière hollandaise avec différentes stratégies d'exploitation.
Les derniers développements de LELY sont au centre de ce voyage. Nous visiterons des exploitations avec l'Astronaut A5, le nouveau Vector, le nouveau Juno et le Discovery Collector 120. Découvrez en Pays-Bas différentes stratégies d'exploitation (bio-dynamique, haute performance
LELY CENTER Härkingen 032 531 53 53 / info@sui.lelycenter.com www.lely.com/haerkingen
et croisement PROCROSS).
Le programme culturel n'est pas en reste non plus. Nous visiterons donc le parc de tulipes Keukenhof et ferons un tour en bateau à Rotterdam. (Changements de programme possibles)
Moments clés :
• Visite de l’usine de fabrication à Maassluis
• Découverte des derniers développements LELY
• Aperçu du croisement de 3 races (PROCROSS)
• Visite du parc des tulipes de Keukenhof et tour en bateau
Coûts :
CHF 890.- (vol SWISS, hôtel et repas inclus) Inscris-toi dès maintenant, nous nous réjouissons d'accueillir de nombreux participants.
Nombre de participants limité. Délai d‘inscription: 06 mars 2023 par notre site internet www.lely.com/ch/fr/voyage/, par email ou téléphone
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Pas d’agriculture moderne sans bâtiments modernes
L’USP appelle à rejeter l’initiative paysage et demande un contre-projet indirect adéquat. La révision de la loi sur l’aménagement du territoire doit être considérée comme une chance, pour que l’agriculture puisse être innovante et entreprenante.
Heinz Röthlisberger
Que peut et que doit construire l’agriculture aujourd’hui et demain? Cette question prend de l’ampleur et pas uniquement en raison de l’initiative populaire intitulée «Contre le bétonnage de notre paysage» lancée en 2019 et actuellement âprement discutée au niveau politique. Son but est de figer les surfaces construites en dehors de la zone à bâtir. «Cette initiative va trop loin», a indiqué Markus Ritter, président de l’Union suisse des paysans (USP), lors de la conférence de presse de début d’année sur les thèmes de l’aménagement du territoire et de la construction hors zone à bâtir. «L’initiative menace l’innovation et le développement du bâti de l’agriculture et nous craignons que les agriculteurs ne puissent plus poursuivre leurs activités économiques.» Sans bâti
ments modernes, l’agriculture moderne n’existe pas. Tout le monde profite d’une agriculture moderne: les animaux, qui vivent dans de grandes étables avec davantage de lumière et d’air ainsi que d’espace pour se mouvoirr; les familles paysannes, grâce à des travaux plus efficients et des revenus supérieurs; la population, qui bénéficie d’une alimentation à des prix raisonnables. «En même temps, le rejet de l’initiative et la mise sur pied d’un contreprojet indirect adéquat sont nécessaires», exige Markus Ritter.
«Quelques ajustements requis»
Un contre projet indirect à l’initiative paysage est actuellement en cours d’élaboration au Parlement. La contre proposition a été adoptée par le Conseil des Etats et va
être soumise au Conseil national. «Pour que ce contre projet améliore réellement les conditions cadres pour l’agriculture, quelques adaptations sont encore nécessaires», a souligné Beat Röösli, spécialiste de l’aménagement du territoire à l’USP. «La pierre angulaire du contre projet consiste en une approche de stabilisation flexible comme alternative à l’approche trop rigide de l’initiative paysage. La stabilisation doit cependant se concentrer sur le vrai problème: les autorisations exceptionnelles pour les constructions hors zone à bâtir. Les constructions agricoles conformes à l’affectation de la zone doivent être exclues de l’objectif de stabilisation. L’agriculture doit par ailleurs disposer d’une priorité dans la zone agricole, ce
10 Technique Agricole 01 2023
Il faut que les exploitations agricoles puissent être en mesure de poursuivre le développement de leurs bâtiments à des fins entrepreneuriales et d’innovation. Photo: Heinz Röthlisberger
qui est important compte tenu des conflits d’utilisation croissants.» Pour les constructions agricoles, il faudrait, selon Beat Röösli, quelques petites adaptations à la loi. Ainsi, concernant la production horssol par exemple, un nombre incalculable de bâtiments d’élevage seraient, selon une décision du Tribunal fédéral, devenus non conformes à l’affectation de la zone. «Lorsque l’exploitation est par exemple délocalisée hors du village, elle doit être autorisée à construire des habitations sur le nouveau site pour contribuer au bienêtre animal.» Aujourd’hui, cela serait possible uniquement dans le cas de vaches laitières et de truies-mères car, selon un arrêt du Tribunal fédéral, ces élevages seraient les seuls à nécessiter une surveillance constante. Ceci devrait être corrigé, la surveillance régulière de vaches-mères, de veaux ou de poulets étant tout aussi importante. «Pour que les exploitations agricoles se développent de façon dynamique et puissent répondre aux défis du marché et sociétaux, elles requièrent une loi d’aménagement du territoire fiable.»
Biogaz: simplification exigée
«Une simplification est aussi nécessaire dans le cas des installations de biogaz», demande l’expert de l’aménagement du territoire Beat Röösli. L’agriculture pourrait alors enfin aussi apporter une contribution non négligeable à l’approvisionnement énergétique et à la protection du
climat, si une grande quantité de lisier et de fumier transitent par des installations de biogaz, (aujourd’hui seulement 5 % des effluents). Le potentiel pour l’utilisation énergétique de lisier et fumier est élevé, mais les exigences imposées par l’aménagement du territoire pour ces installations le sont aussi. «C’est pourquoi nous souhaitons que le Parlement renforce la conformité à l’affectation de zones d’installations de biogaz et qu’il les affranchisse d’un processus de construction complexe», déclare Beat Röösli. La production photovoltaïque sur les surfaces de toits agricoles jouit aussi d’un potentiel considérable. La vente directe et les offres d’agrotourisme sont également concernées par l’aménagement du territoire.
Occupation parcimonieuse du sol
«La terre est un bien rare en Suisse. La population augmentant depuis des années, la pression sur les surfaces s’accentue. Chaque seconde, environ 0,7 m2 de terre cultivable est bétonné ou perdu d’une autre manière», explique le directeur de l’USP, Martin Rufer. «L’agriculture est consciente qu’elle participe, par ses constructions, à la perte de terres cultivables. Cependant, elle ne peut construire qu’en dehors de la zone à bâtir, donc en zone agricole. En raison des émissions d’odeur ou de bruit, il n’est ni juridiquement possible, ni pertinent de se situe près
L’exploitation Balsiger à Gerzensee (BE)
«Il est essentiel pour l’agriculture de pouvoir adapter ses bâtiments à des fins entrepreneuriales, selon les demandes du marché et les conditions environnementales ou d’élevage des animaux», a expliqué Markus Ritter. «Cela était nécessaire ici chez les Balsiger.» L’USP a en effet tenu sa conférence de presse annuelle à Gerzensee (BE) sur la communauté d’exploitation de Fritz Balsiger et de son fils Michael. Les Balsiger ont ainsi mis en service en novembre une nouvelle stabulation libre à logettes avec robot de traite et robot racleur de lisier pour 40 vaches de races red holstein et holstein. Leurs vaches étaient auparavant logées dans une étable entravée. La nouvelle étable, intégrée dans le bâtiment existant, n’a nécessité que peu de surface supplémentaire. Les associés remplissent désormais toutes les exigences environnementales et de protection des animaux. De plus, la nouvelle étable apporte des avantages
fonctionnels à la famille. Cette exploitation, située à 650 m d’altitude en zone de montagne 1, comprend aussi un poulailler de 8500 places de poulets de chair, ainsi que 26,4 ha de surface agricole utile. Le projet d’installation de méthanisation devrait un jour fournir de l’énergie au poulailler.
«Mission impossible»
«Pour le poulailler de la famille Balsiger, considéré comme développement interne, l’aménagement territorial pose de sérieuses difficultés», explique Markus Ritter. La Suisse a néanmoins un intérêt à sécuriser sa propre production. Pour les oeufs et le poulet en particulier, la production est plutôt limitée et le potentiel de gain attractif pour les familles paysannes. Le bien-être en sort aussi gagnant, les standards suisses étant en pole position au niveau mondial. «Je peux vous dire par expérience que la construction en agriculture est de plus en
Bâtiments modernes en agriculture: de quoi s’agit-il?
Par bâtiments modernes, l’USP entend toutes les infrastructures indispensables à la production de denrées alimentaires, mission essentielle de l’agriculture: bâtiments d’élevage, qui vont satisfaire les demandes en croissance, par exemple en lien avec l’espace disponible par animal et qui permettent un travail plus efficient. Il est aussi question de bâtiments abritant les machines nécessaires à la production agricole. En outre, l’exploitant devrait pouvoir être réactif face aux évolutions de la demande et par exemple se reconvertir aux cultures de baies, de fruits ou de légumes. Ces orientations soulèvent alors les questions de protection contre les intempéries, de serres, d’installations de lavage, de conditionnement ou de stockage. Pour le développement économique interne de la structure, la production de denrées très demandées, telles que viande de poulet ou œufs suisses, doit aussi être possible en zone agricole.
de la zone à bâtir et donc de la zone d’habitation. Les bâtiments agricoles ont leur place près des cultures et des animaux. Néanmoins, l’agriculture fait des efforts pour limiter l’emprise de ses bâtiments sur les terres cultivables. «Sur les exploitations aussi, la terre est un bien rare et précieux», souligne Martin Rufer.
plus une mission impossible», poursuit-il. «Ceci en raison des nombreuses conditions relatives à l’aménagement du territoire et d’autres conditions législatives, mais aussi parce que les coûts ont tellement augmenté que nous, familles de paysans, ne pouvons pratiquement plus nous permettre la construction de nouveaux bâtiments.»
Focus 01 2023 Technique Agricole 11
Fritz (à g.) et Michael Balsiger, agriculteurs à Gerzensee (BE).
La nouvelle normalité sera renouvelable
Pour aborder l’alimentation en énergie des tracteurs et les formes d’énergie utilisables, Technique Agricole a rencontré Christian Bach, responsable des systèmes de propulsion à l’institut de recherche Empa à Dübendorf (ZH) et président du «Forum d’études Suisse pour les systèmes d’entraînement mobiles» (SSM).
Ruedi Hunger
«La nouvelle normalité doit devenir renouvelable, même en agriculture, si nous voulons respecter nos objectifs de réduction du CO2», dit Christian Bach, chef du domaine des systèmes de propulsion à l’Empa. Photos: Ruedi Hunger
Technique Agricole: Le dernier colloque du «Studienforum Schweiz für mobile Antriebssysteme» (SSM) était intitulé «Systèmes d’énergie pour la mobilité: quelle sera la nouvelle normalité?». Dans les discussions sur les systèmes d’énergie des voitures et des camions, les tracteurs se voient cantonnés dans une position de niche. Pourra-t-on bientôt évoquer la nouvelle normalité en parlant aussi des tracteurs?
Christian Bach: A mes yeux, les choses ne sont guère différentes en agriculture que dans les autres secteurs. La nouvelle normalité doit être «renouvelable» si nous voulons atteindre nos objectifs en matière de CO2. Si «renouvelable» fait partie de la nouvelle normalité, plusieurs approches sont envisageables. L’énergie renouvelable peut se présenter sous forme d’électricité, d’hydrogène, de carburants de synthèse ou de carburants biogènes. Chacune de ces formes d’énergie a des avantages et inconvénients spécifiques. Ce qui compte est d’utiliser la forme d’énergie adaptée à la situation en employant des solutions techniques appropriées. Dans le domaine des voitures, l’électromobilité est assurée de gagner d’importantes parts de marché. Ce type d’entraînement convient parfaitement pour l’utilisation des voitures, qui est souvent de moins d’une heure par jour. Il n’en va pas de même en agriculture, avec des machines différentes et hautement spécialisées. Je n’imagine pas les constructeurs choisir la même approche technique que pour les voitures.
Les tracteurs sont souvent fabriqués en plusieurs séries réunissant une grande variété de types, mais aussi en nombre d’exemplaires réduit. Le moteur diesel répond parfaitement aux différentes exigences en matière de propulsion. Les systèmes de propulsion alternatifs sont-ils à même d’offrir les mêmes avantages?
Tout est possible techniquement, à condition d’adopter des solutions économiques sensées, à même d’atteindre les objectifs en matière d’émissions de CO2. Toute machine agricole peut être dotée d’une propulsion électrique; elles finiront assurément par exister. En revanche, si nous nous limitons aux machines responsables de la plupart des émissions de CO2, la propulsion électrique n’est pas près de prendre la relève. La véritable question n’est pas de savoir s’il sera possible d’élec-
Marché | Interview 12 Technique Agricole 01 2023
trifier les machines agricoles, mais comment les rendre aptes à passer aux énergies renouvelables. On confond hélas souvent objectifs et étapes de réalisation.
En ce qui concerne les systèmes de propulsion électriques, on fera une distinction entre ceux dont le courant est fourni par une prise (systèmes à batteries) et ceux dont le courant est produit sur le véhicule (piles à combustible). A votre avis, laquelle de ces solutions sera la plus efficace?
Les systèmes à batteries l’emportent clairement, mais ils ne sont pas utilisables partout. Le critère décisif est la puissance nécessaire et l’autonomie de la batterie. L’idée que certaines machines agricoles puissent être électrifiables ne me semble pas aberrante. N’oublions pas que les agriculteurs disposent souvent d’importantes surfaces de toiture, couvertes de panneaux photovoltaïques capables de produire plus de courant que le paysan ne peut en consommer. Il sera cependant difficile d’injecter ce courant sur le réseau si l’infrastructure est sous-dimensionnée.
Les agriculteurs ont donc intérêt à se renseigner sur la possibilité d’électrifier certaines machines agricoles.
hybride est inapproprié, même s’il est techniquement réalisable. On peut en dire autant de nombreuses applications agricoles typiques. Des projets hybrides existent depuis des années dans le domaine des grosses machines, mais leur bienfondé est souvent douteux.
Personnellement, je considère que le moteur diesel classique restera prédominant au cours des décennies à venir dans le domaine des grosses machines agricoles. Cela est dû entre autres au fait que le marché est trop réduit pour permettre une vraie diversification. Il va de soi que les principaux constructeurs présenteront tous des tracteurs électriques ou des modèles à hydrogène. Il s’agit probablement de projets destinés à rassurer les actionnaires et à montrer au public que l’on est capable de détecter les tendances du moment. Ceci dit, je ne m’attends pas à une percée dans le domaine des machines agricoles.
blèmes posés par le climat et l’environnement, mais cela leur permet de ne pas en assumer la responsabilité.
Dès lors qu’il s’agit de grosses machines, ou de machines utilisées seulement en hiver, il serait vain d’utiliser du courant électrique, car c’est en hiver, et non pas en été, que nous aurons des problèmes d’alimentation électrique. Il faudra donc envisager des approches différentes.
Quelles sont vos attentes à l’égard des projets de recherche portant sur les moteurs hybrides pour tracteurs?
Les moteurs hybrides sont un sujet souvent débattu, notamment dans le domaine des camions, proche du secteur des machines de chantier et des machines agricoles. L’approche hybride ne sera envisageable que si la machine doit manipuler des charges très variables. Tant que la machine est utilisée avec des charges un tant soit peu constantes, l’entraînement
Au laboratoire de recherche du motoriste FPT à Arbon (TG), on n’envisage plus le moteur à combustion «que» pour les machines lourdes au long parcours. Partagez-vous leur avis? Oui, dans les grandes lignes, mais il existe de nombreuses applications pour lesquelles c’est également le cas, comme les machines agricoles. Les motoristes et les constructeurs automobiles sont contraints de raisonner en ces termes, à cause des fortes amendes qu’ils encourent en cas de non-respect des limites d’émission de CO2. Comme la législation sur les émissions de CO2 ne fait pas de distinction entre carburants fossiles et carburants renouvelables, les motoristes et les constructeurs de véhicules ne sont nullement incités à passer aux carburants renouvelables. C’est d’autant plus vrai que le CO2 émis lors de la fabrication du véhicule et les émissions inhérentes à l’électricité produite ne sont pas pris en compte. Il semble donc logique que les constructeurs privilégient les systèmes de propulsion à batteries. Ce faisant, ils ne contribuent en rien à résoudre les pro -
Que cela signifie-t-il pour l’agriculture et les machines agricoles? Il faut appréhender la problématique d’un point de vue global et ne pas se limiter aux seules technologies de propulsion. Les exploitations agricoles sont souvent entourées de sources d’énergie renouvelables. La production d’énergie est appelée à devenir une activité importante pour les agriculteurs. Les fermes disposent souvent de vastes toitures et il y aura peut-être la possibilité d’installer des panneaux photovoltaïques sur certaines surfaces libres. N’oublions pas les éventuelles installations de biogaz. Il n’est pas aberrant de penser que l’agriculture puisse compléter la production de nourriture par la production d’énergie. Comme le lisier et les cosubstrats destinés à la production de biogaz sont dans une certaine mesure stockables, il devrait être possible de reporter la production de biogaz à la saison froide. Cette mesure serait d’autant plus rentable qu’on peut s’attendre à un prix de l’électricité sensiblement supérieur en hiver. Il n’y a guère d’autres possibilités de compléter la production d’électricité photovoltaïque en hiver.
Quels sont selon vous les principaux obstacles à l’e-mobilité?
L’infrastructure de chargement figure parmi les principaux goulots d’étrangle -
Interview | Marché 01 2023 Technique Agricole 13
«Le moteur diesel classique restera prédominant au cours des décennies à venir pour les grosses machines agricoles.»
Christian Bach: «On n’échappe pas à la nécessité de disposer d’un carburant renouvelable ressemblant au diesel.»
ment. Selon certaines études, la Suisse devra investir entre 10 et 30 milliards de francs dans les réseaux de distribution électrique pour préparer l’avènement du photovoltaïque, des pompes à chaleur et de l’électromobilité. Cette extension du réseau sera décisive pour l’électrification du chauffage par transfert de chaleur et de la mobilité. La Suisse est bien placée car elle dispose déjà d’un excellent réseau de distribution. Ce n’est pas le cas de tous les pays européens, et encore moins de nombreux pays ailleurs dans le monde.
Quel est l’avenir prévisible de la technologie des batteries?
La technologie des batteries a considérablement évolué ces dernières années. L’évolution se poursuit en direction d’une sécurité renforcée. La densité énergétique, la capacité de stockage et la durée de vie ont d’ores et déjà atteint un bon niveau. D’importants progrès sont attendus dans le domaine de la sécurité et de la durabilité. Les électrolytes inflammables seront délaissés en faveur des électrolytes solides. En même temps, la densité énergétique devrait doubler. Dans ce contexte on assiste à une évolution peu réjouissante, à savoir que les véhicules achetés sont de plus en plus gros et sont à leur tour dotés de grosses batteries. Il suffit de penser à la situation critique sur le marché des matières premières et à la dépendance à la Chine.
Refaire le plein d’hydrogène va bien plus vite que de recharger des batteries. S’agit-il là d’un avantage décisif pour équiper les tracteurs?
L’hydrogène est appelé à un bel avenir, surtout dans le domaine des camions. Les stations-service fournissant de l’hydrogène sont coûteuses et doivent être dimensionnées pour accueillir régulièrement au moins une dizaine de camions ou 500-600 voitures. Personne n’aurait l’idée d’aménager sur son exploitation une station-service à H2 juste pour faire le plein d’une petite flotte de véhicules agricoles. C’est pourquoi je n’imagine pas que l’hydrogène puisse jouer un rôle important en agriculture. Par ailleurs, les réservoirs d’hydrogène sont naturellement volumineux, ce qui ne manquera pas de poser problème lorsqu’il faudra en équiper les machines agricoles. A mon avis, ces machines devront être «décarbonées» en passant au diesel renouvelable.
conjointement avec la Suva et sommes en mesure de détecter, de manière parfaitement fiable, toute fuite, même générée artificiellement, aussi minime soit elle. La sécurité technique est donc assurée. Le sentiment d’insécurité du public est un autre problème. Ce sentiment évoluera avec le temps, lorsque le sentiment de sécurité se sera généralisé.
«Personne n’aurait l’idée d’aménager sur son exploitation une station-service à H2 juste pour faire le plein d’une petite flotte de véhicules agricoles.»
Des carburants alternatifs, tels que le méthane sous forme de GNC ou de GNL, sont également évoqués.
Que pensez- vous de ce système de propulsion en général et pour les machines agricoles en particulier?
Quel avenir pour l’hydrogène dans les moteurs à combustion?
Nous avons également des projets allant dans ce sens. Comme les moteurs à combustion sont sensiblement moins coûteux que les systèmes de propulsion basés sur une pile à combustible, cette technologie peut être intéressante pour certaines applications, d’autant plus que les rendements sont sensiblement les mêmes. Dans le domaine des machines agricoles en revanche, ils sont inappropriés à cause des difficultés de stockage et de remplissage du réservoir.
Quelle sécurité avec l’hydrogène?
Les véhicules à hydrogène sont absolument sûrs! Les mesures de sécurité nécessaires sont aujourd’hui bien maîtrisées. Le principal risque réside dans l’existence de fuites. L’hydrogène étant incolore et inodore, le contrôle de l’étanchéité fait appel à des moyens techniques. Dans les stations-service, les fuites sont détectées en amont du remplissage du réservoir. Le secteur de l’hydrogène est parvenu à mettre au point un protocole mondial unique qui réglemente les contrôles d’étanchéité avant le remplissage du réservoir. Nous avons examiné ce concept
Si le méthane est du gaz naturel d’origine fossile, je ne donne pas cher pour son avenir. En revanche, s’il provient d’une source renouvelable, il sera très intéressant, sur les plans économique et de réduction des émissions de CO2. Je conduis moi-même une voiture à biogaz. Je trouve absolument fascinante l’idée qu’on puisse se déplacer en brûlant du carburant produit avec du lisier et des déchets verts. N’oublions pas cependant que les carburants gazeux sont globalement inappropriés en agriculture à cause du volume excessif du réservoir. Même si le problème est un peu moins aigu dans le cas du méthane que dans le cas de l’hydrogène, les grosses machines devront quand même loger d’importants réservoirs de gaz comprimé. Le biogaz liquéfié (Bio-GNL) peut se contenter d’un réservoir moins volumineux, mais au prix d’une complexité accrue. Les installations doivent être utilisées régulièrement et avec un débit constant pour éviter les purges de Bio-GNL évaporé. Le gaz liquéfié est stocké dans le réservoir à environ –140° C. Une petite quantité de gaz est couramment évaporée, ce qui augmente la pression dans le réservoir de GNL. Dès que cette pression atteint un seuil donné, il faudrait libérer du gaz pour éviter une explosion du réservoir. C’est pourquoi je ne crois pas non plus que le GNL soit utilisé en agriculture.
Pour revenir à l’agriculture, c’est l’infrastructure supplémentaire de chargement des batteries et de remplissage du résevoir qui pose problème.
Marché | Interview 14 Technique Agricole 01 2023
«L’essentiel est de pouvoir nous passer des énergies fossiles», affirme Christian Bach au cours de son entretien avec Technique Agricole
Certaines formes d’énergie ne sontelles pas de fait écartées d’emblée?
Bien sûr. Comme expliqué plus haut, on n’échappe pas à la nécessité de disposer d’un carburant renouvelable ressemblant au diesel. C’est le fond du dilemme. Pour les machines agricoles, je ne vois aucune alternative. On peut en dire autant du trafic aérien et du transport de marchandises sur de longues distances. L’Office fédéral de l’énergie estime les besoins en carburants de synthèse et biogènes pour la circulation routière à environ 20 terrawatt-heures (Twh) d’ici à 2050. Il en faudra au moins autant pour le trafic aérien. Jusqu’en 2050, nous aurons donc besoin d’environ 4 milliards de litres de diesel et de kérosène renouvelables.
Tout indique que nous nous acheminons vers une multitude de systèmes de propulsion destinés à assurer la relève des moteurs thermiques (essence/diesel) actuels. Est-ce que je me trompe?
Pour les véhicules dans leur ensemble vous avez sans doute raison, mais certains secteurs finiront par développer des technologies spécifiques. Dans le domaine des machines agricoles, le moteur diesel n’est pas près de disparaître. Le diesel biogène renouvelable est facile à fabriquer du point de vue technique, mais ne pourra pas être produit dans les quantités requises. Nous avons donc besoin d’un diesel artificiel, de synthèse. Ce dernier se fabrique à partir d’électricité et de CO2. Les procédés techniques sont connus et déjà en partie mis en œuvre. Pour vous faire une idée, imaginez de gigantesques panneaux solaires installés en plein désert pour produire l’électricité nécessaire à fabiquer de l’hydrogène. Au cours d’un processus cataly-
tique, l’hydrogène, associé au CO2 extrait de l’atmosphère, est utilisé pour synthétiser du diesel brut, qui sera ensuite fractionné en diesel et en kérosène dans une raffinerie. Ce diesel de synthèse est mélangeable avec du diesel d’origine fossile et utilisable dans les moteurs diesel classiques. Le premier diesel de synthèse produit sera probablement six à dix fois plus cher que le diesel d’origine fossile. Le diesel de synthèse sera d’abord réservé aux applications dans lesquelles la part du coût de l’énergie est faible et la réduction requise des émissions de CO2, élevée.
Y aura-t-il un recentrage sur un ou deux systèmes à plus ou moins long terme?
Je pense que les discussions sur la pluralité des systèmes d’énergie vont se poursuivre encore longtemps. Elles seront dif-
«Tout est possible du point de vue technique, à condition d’adopter des solutions économiques sensées, à même d’atteindre les objectifs en matière d’émissions de CO2», conclut Christian Bach.
Les voitures, les machines et les véhicules ont tous une durée de vie prévisible de 15 à 30 ans. L’an 2050, à partir duquel il ne devrait plus y avoir aucune émission de CO2, est presque à nos portes.
férentes d’un domaine d’applications à l’autre et dépendront davantage de l’infrastructure d’acheminement de l’énergie que des technologies de propulsion ou des véhicules eux-mêmes. Partout où un réseau électrique performant est disponible, le moteur électrique a de bonnes chances de l’emporter. Ailleurs il faudra miser sur les carburants renouvelables. Du point de vue du CO2, utiliser du courant renouvelable ou des carburants re nouvelables a le même impact.
En fin de compte, nous assistons à une course entre technologies, dont la lauréate finira tôt ou tard par être connue. J’ai l’impression qu’en agriculture le moteur à combustion n’a pas dit son dernier mot.
C’est également mon avis, mais le carburant sera du diesel renouvelable. Je pense que l’agriculture devrait davantage se préoccuper du marché de l’énergie. Certaines exploitations n’y arriveront sans doute pas. Il faudra alors former des alliances pour mettre l’agriculture à niveau. Une chose est sûre: l’ancienne normalité avec son diesel défiscalisé a bel et bien vécu.
Interview | Marché
«Je pense que l’agriculture devrait davantage se préoccuper du marché de l’énergie.»
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70 % d’enfouissement, 30 % d’arrachage
Le centre spécialisé dans l’énergie et la technique agricole de Triesdorf, en Allemagne, a organisé une journée dédiée au contrôle mécanique des adventices. Des exposés et une vaste exposition de machines ont donné un bon aperçu et de nouvelles perspectives dans ce domaine.
Jan-Hinrich Löken*
La première partie de la journée a été consacrée à l’utilisation correcte des différentes techniques en fonction des cultures et du moment. Un champ propre au début de la phase de croissance de la culture ainsi qu’une préparation correcte du lit de semences sont les éléments clés d’un désherbage mécanique réussi. Il
* Jan-Hinrich Löken est rédacteur spécialisé indépendant de la revue allemande Eilbote qui a publié le présent article dans son édition 43/2022. Il travaille parallèlement en tant que constructeur et responsable de la qualité dans le secteur du machinisme agricole.
convient de tenir compte de certains points, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la herse étrille avant et pendant la première phase de croissance. L’effet des passages de herse étrille dits «à l’aveugle» avant la levée de la culture peut lui conférer une avance substantielle par rapport aux adventices. Une attention particulière a été portée à la compréhension du mode de fonctionnement d’une herse étrille. Celui-ci consiste à 70 % en un enfouissement et à 30 % seulement en un arrachage effectif des adventices au stade précoce. Mais il n’y a pas que le sol et les conditions mé -
téorologiques qui doivent convenir (il doit faire chaud et sec autant que possible), mais également le stade de croissance de la culture. Idéalement, après le passage de la herse étrille, le temps devrait encore rester sec un certain temps afin que les adventices mises à nu se dessèchent sans risque de repousser.
Tout commence au battage
Les expériences et les stratégies en matière de lutte mécanique et autonome contre les adventices ont également été abordées. La planification de l’utilisation correcte du matériel de hersage et d’étril -
16 Technique Agricole 01 2023 Marché | Aperçu
La journée consacrée aux sarcleuses et herses étrilles, à Triesdorf (D), a suscité un grand intérêt. Photos: Jan-Hinrich Löken et LLA Triesdorf
lage commence dès le battage et la répartition correcte des balles et de la paille sur le champ qui en découle. Les étapes de travail suivantes doivent également être pensées en fonction de l’utilisation de l’outil de sarclage. L’accent a été mis sur l’importance de travailler perpendiculairement au sens du battage lors du déchaumage.
Des conseils ont été dispensés pour l’entretien autonome des parcelles. L’année précédente, l’établissement d’enseignement avait déjà fait l’acquisition d’un modèle de la société Farmdroid et l’avait testé dans un semis de moutarde. Il est im -
portant de se familiariser avec la machine avant de pouvoir l’utiliser efficacement.
Le réglage correct ainsi que la manipulation nécessitent du savoir et une certaine pratique. Il est ainsi recommandé de tester la machine en automne en semant une culture intermédiaire, afin d’éviter au maximum les erreurs lors du semis de la culture principale.
Un autre intervenant a présenté les stratégies en matière de lutte contre les adventices et la gestion des fertilisants dans l’assolement biologique. Il s’est penché plus en détail sur la récupération des fertilisants dans les exploitations biologiques
sans élevage. Les légumineuses à graines ne se substituant pas intégralement aux légumineuses fourragères, une stratégie d’utilisation alternative de ces dernières a été initiée l’année passée dans les exploitations sans bétail. L’un des projets s’intitule «cut and blow», en référence au concept bien connu de «cut and carry». Il s’agit de cultiver des légumineuses fourragères, par exemple du trèfle, en culture pluriannuelle et d’en fraiser des bandes après la première année. On y cultive ensuite du maïs ou des pommes de terre. L’année suivante, la plante fourragère est hachée et répartie directement dans la
01 2023 Technique Agricole 17 Aperçu | Marché
Démonstration de la fonction «coupure de section» sur une sarcleuse à commande hydraulique de Garford.
Le désherbeur de Klünder se distingue par son aspect visuel et son mode de fonctionnement. Sur le «VarioChop» de Samo, la largeur de travail des éléments peut être modifiée en un tournemain.
culture de pommes de terre ou de maïs comme couche de paillage. Cette dernière est censée diminuer la levée des adventices, mieux alimenter la culture en substances nutritives et freiner l’érosion. En outre, l’humidité du sol étant préservée, cette mesure devrait également permettre de limiter la présence des taupins dans les pommes de terre. Il n’a pas encore été possible d’en apporter la preuve après la première année, mais cela devrait être possible ultérieurement.
Choix de l’écartement approprié Négligés en temps normal, les aspects techniques concernant le réglage des machines ont également été développés, à l’exemple de l’influence de l’angle des dents de la herse sur le travail à effectuer. La position d’attelage des machines au
tracteur et les efforts nécessaires pour une commande précise sont également importants. Dans ce contexte, différents systèmes de caméras, et même un outil permettant d’accéder directement au pilotage des tracteurs RTK lors de l’utilisation d’outils frontaux, ont été présentés. Le choix du bon écartement a également été abordé. En effet, lors de l’achat d’une sarcleuse, il peut arriver, surtout pour les grandes largeurs de travail, que les charnières de la machine se trouvent exactement à l’endroit où devrait se trouver un élément de sarclage. Ce fait n’est souvent pas pris en compte lors de la planification et de l’achat, mais il entraîne des problèmes qui ne sont détectés que lors de l’utilisation. C’est pourquoi il peut être judicieux d’équiper la sarcleuse de manière asymétrique afin de la contourner. Cela
nécessite toutefois un autre tracé susceptible de créer une nouvelle zone de compactage. Lors d’une conversion au désherbage mécanique, il convient donc de prendre en considération l’ensemble du parc de machines de l’exploitation.
Présentation de machines
La journée comprenait également une présentation d’un grand choix de machines. Outre les grands noms de la branche comme Treffler, Einböck ou Schmotzer, de petites entreprises aux concepts innovants étaient également de la partie. On peut citer notamment l’entreprise autrichienne Samo. Celle-ci a montré une sarcleuse frontale asymétrique, dont la largeur de travail des différents éléments peut être modifiée en un clin d’œil grâce à des balanciers.
Un autre appareil s’est distingué par son mode de fonctionnement et par son apparence: l’arracheuse d’adventices de la société Klünder se compose d’un châssis formé de deux tubes qui se relèvent à la verticale pour le transport. Des pneus en caoutchouc sont montés côte à côte sur ces tubes, de sorte que leurs surfaces de roulement se touchent. Entraînés hydrauliquement, ils servent à arracher les végétaux, telle l’arroche, dont la hauteur de croissance est supérieure à celle de la culture, et à les déposer pour qu’elles se dessèchent. Contrairement à d’autres systèmes où les adventices dépassant la culture sont simplement écimées, l’ensemble du potentiel grainier est ici détruit.
La société Feldklasse a fait la démonstration de couteaux sarcleurs commandés par caméra sur le rang. L’entreprise Garford, elle, a montré le fonctionnement de son système coupure de section sur une sarcleuse à commande hydraulique.
18 Technique Agricole 01 2023 Marché | Aperçu
Les pièces travaillantes rotatives de Cavalleretti fonctionnent également sur le rang.
Lors du sarclage, il est important d’obtenir une coupe nette. C’est pourquoi de nombreux socs ont un angle de travail très plat.
Feldklasse fait la démonstration du fonctionnement des couteaux sarcleurs commandés par caméra à l’aide de jetons de poker.
De l’énergie qui sort du bois
En ces temps marqués par d’importants changements sur le marché de l’énergie, le bois regagne du terrain comme combustible. Les constructeurs de matériels de préparation du bois et d’installations de chauffage réagissent en innovant.
Carsten Brüggemann*
On observe, dans le secteur de la préparation du bois de feu, des répercussions croissantes de la norme de sécurité «DIN EN 609-1» modifiée en 2017 sur le développement des fendeuses verticales et horizontales. Posch met en avant sa petite fendeuse horizontale «Polly» munie d’un lève-bûche hydraulique pour charger la table. Du côté des scies-fendeuses combinées, Binderberger («SSPX 800»), Einsiedler («Hakki Pilke 55 Pro»), Krpan («CSKZ 4218»), Oehler («OL 4100H»), Posch («Spaltfix K700 Vario») et Uniforest («Titan 53/40 Premium») sortent de nouvelles machines à usage professionnel. Unterreiner présente la scie-fendeuse «Tajfun RCA 500 pro»; munie d’un moniteur, elle ouvre la porte à la numérisation et à une solution logicielle dans le segment des petites combinées. Cet équipement permet la saisie des quantités de bois et d’afficher les intervalles de maintenance.
Posch présente une nouveauté, le «Log Pack», système de conditionnement pour bûches. Sur une table rotative et réglable en hauteur, trois opératrices ou opérateurs peuvent emballer des bûches et des bûchettes dans des filets ou des cartons. Scheifele a mis au point l’«Urban TR 70». C’est un broyeur à prise de force pour transformer restes de bois, branchages et dosses de scieries en bois d’allumage ou en bûches pour chaudières.
Du côté des chaudières
Les chaudières pour les combustibles comme les bûches, les plaquettes et les pellets sont tellement demandées que des fabricants sont déjà en rupture de stock pour cette année. La priorité en termes de développement est de réduire autant que possible les émissions de particules fines par des mesures techniques au stade de la combustion, ou par des filtres électrostatiques, de sorte à respec-
*Carsten Brüggemann est conseiller en énergie à la Chambre d’agriculture de Basse-Saxe (D).
ter les valeurs limites d’émission de particules fines.
Des constructeurs comme Eta, Fröling, Hargassner, HDG et Heizomat lancent des installations à plaquettes dont les blocs chaudières intègrent un filtre électrostatique. Les particules fines collectées arrivent directement dans le bac à cendres et sont évacuées avec ces dernières. Les gammes plus anciennes peuvent être post-équipées de filtres externes. Les autres nouveautés concernent principalement les télécommandes et la télésurveillance des chaudières, ou la possibilité d’entretenir les installations à distance.
01 2023 Technique Agricole 19 Nouveautés | Marché
Chaudière à plaquettes HDG avec filtre électrostatique intégré (à d.). Photos: Carsten Brüggemann
Table de conditionnement Posch «Log Pack».
Technologie intelligente pour exploitations numériques
La numérisation revient comme un fil rouge dans les conférences et les publications de spécialistes de la recherche agricole, de l’industrie et des milieux scientifiques. Les utilisateurs finaux réagissent, quant à eux, de manière prudente et nuancée.
Ruedi Hunger
Photo: Ruedi Hunger
La numérisation n’est depuis longtemps plus une nouveauté dans l’agriculture. Elle trouve aujourd’hui de multiples utilisations dans les exploitations. Du robot d’affouragement et de traite au drone phytosanitaire en passant par l’application sur le smartphone basée sur les données d’exploitation, la palette est vaste. Mais de grandes différences existent entre ce qui se déroule de manière numérique plutôt qu’analogique, et les objectifs ainsi poursuivis. Selon les spécialistes, la tendance dominante à l’heure actuelle est la numérisation de technologies traditionnelles. L’objectif recherché est d’utiliser plus efficacement le parc de machines et de réduire des risques connus, comme ceux liés à l’emploi de produits phytosanitaires. Mais d’une manière générale, ces applications sont loin d’exploiter tout le potentiel des nouvelles technologies.
Faux espoirs ou chance
Avec un peu de recul, on constate que le développement des technologies analogiques dans l’agriculture (2.0 et 3.0) a eu tendance à entraîner une standardisation de la «nature», comprise ici comme les terres cultivées, les herbages, mais aussi les animaux de rente. Cette nature a été adaptée aux possibilités limitées de la technologie. Déjà très tôt, la numérisation a laissé espérer qu’elle allait tout changer pour le meilleur. Mais jusqu’à présent, les résultats ont souvent été mitigés. Les attentes sont toutefois peut-être excessives. Car les systèmes intelligents offrent bel et bien une chance d’adapter les méthodes culturales aux besoins de la nature. Et ce serait déjà un grand progrès si la nature n’était pas simplement transformée comme par le passé en une installation de production industrielle. En même temps, il convient d’associer également les consommateurs. Car il n’est pas sûr qu’ils puissent reconnaître les opportunités qu’une agriculture numérisée offre par rapport à une agriculture industrielle.
Agriculture écologique
Les partisans d’une agriculture paysanne écologique se montrent plutôt réservés face à la numérisation. Cela notamment parce que le secteur agricole en sera profondément transformé. On craint surtout que l’agriculture paysanne, qui misait déjà sur une utilisation économe, respec-
tueuse et efficace des ressources, ne retire que peu d’avantages de la numérisation. Il est normal que de nombreuses exploitations paysannes soient peu enclines à remplacer le travail par des machines nécessitant des investissements élevés. La peur de s’endetter encore plus, mais aussi de se sacrifier soi-même sur l’autel de la rationalisation est trop grande.
Un nouveau rapport entre l’être humain et la technique
L’histoire de l’agriculture nous apprend que le sens de l’observation et la capacité de décision des paysans ont été des facteurs de succès déterminants. Les connaissances empiriques revêtent aujourd’hui encore une grande importance pour les soins aux animaux, la culture des champs ou les investissements. Les craintes de voir le sens de l’observation et le savoir empirique disparaître en raison du développement de la numérisation ne sont donc pas infondées. Si l’on pousse jusqu’au bout la réflexion sur le potentiel des systèmes numériques (pour autant que cela soit possible), on constate que les compétences décisionnelles des agriculteurs sont aussi influencées. Il y a des craintes que les technologies numériques ne se limitent pas à la collecte d’informa -
L’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle (IA) est un programme informatique, aussi nommé algorithme numérique, qui reproduit des facultés intellectuelles de l’être humain. Son processus d’apprentissage est qualifié de «machine learning», ou apprentissage automatique. Elle traite de grandes quantités de données avec lesquelles elle exerce ses algorithmes d’apprentissage jusqu’à ce qu’elle puisse reconnaître des corrélations déterminantes. Transposée au domaine agricole, l’IA sait quand une vache doit être traite, localise les plantes dans le champ, et détermine la quantité et le type d’aliments dont le bovin a besoin à un moment donné.
tions, et que de nombreuses décisions soient déléguées à l’intelligence artificielle (IA, voir encadré ci-dessus).
Réflexion durable et mise en œuvre numérique
Dans bien des exploitations, le robot permet aux vaches de décider elles-mêmes du moment de la traite. Des capteurs placés dans l’étable et sur l’animal enregistrent ses mouvements, vérifient s’il se nourrit suffisamment et mesurent le temps de rumination ou encore la température corporelle, contribuant ainsi à son bien-être. Il en résulte d’importants volumes de données collectées automatiquement et analysées très rapidement par l’intelligence artificielle. Les sceptiques objecteront, à juste titre, qu’un éleveur expérimenté et exercé peut faire de même. C’est exact, mais la situation de-vient problématique lorsque les cheptels sont importants et que les rotations de personnel se multiplient. En outre, les capteurs relèvent des paramètres (fréquence respiratoire, température corporelle) avant que l’animal ne présente des signes de stress identifiables par l’être humain. L’objectif est d’intervenir le plus rapidement possible avec des mesures adéquates.
Un processus
d’apprentissage permanent
L’apprentissage continu est certes valable pour l’être humain, mais aussi pour l’intelligence artificielle. Cet apprentissage automatique est continuellement optimisé au moyen d’importants volumes de données et de la
01 2023 Technique Agricole 21 LA NUMÉRISATION
La numérisation de la technologie agricole peut très bien commencer modestement. Photo: Ruedi Hunger
reconnaissance de corrélations. Ainsi peutelle avec le temps faire des prévisions de plus en plus précises. Elle permet également d’identifier des interactions complexes entre l’élevage et l’animal vivant, la finalité étant d’améliorer les conditions de garde. Le temps consacré auparavant aux contrôles manuels de l’étable et des animaux reste pratiquement identique, mais le travail est déplacé au bureau devant le moniteur ou sur l’écran de la tablette ou du smartphone. Le grand avantage de ces données saisies et enregistrées est que les contrôles peuvent aussi être effectués ultérieurement depuis différents endroits.
Plus de durabilité?
L’intelligence artificielle améliore la protection de l’environnement et du climat sur le terrain. Les promesses du monde numérique semblent souvent presque illimitées. Elle permet par exemple d’identifier précocement le stress hydrique dans une culture à partir de photos prises par des drones. Ou de reconnaître des attaques ponctuelles de maladies ou de ravageurs avant qu’elles ne s’étendent sur toute la surface. Et si l’on parle beaucoup aujourd’hui de robots capables d’arroser, de fertiliser, de désherber ou d’épandre ponctuellement des produits phytosanitaires, c’est grâce à l’intelligence artificielle. Les plus clairvoyants considèrent qu’il ne s’agit plus de visions d’avenir éloignées et partent du principe que le futur a déjà commencé ici et maintenant.
Régional et saisonnier
L’intelligence artificielle accompagne aussi les consommateurs dans le choix de leurs denrées alimentaires. Le lieu et le mode de production d’un aliment ainsi que la norme de label appliquée et le canal de livraison jusqu’à l’utilisateur sont de plus en plus transparents. A l’avenir, les assistants d’achat numériques présenteront aux consommateurs toutes les informations utiles via une application sur le smartphone. Il sera ainsi possible de faire un choix durable lors des achats, pour autant que l’on sache évaluer en quoi consiste réellement la durabilité et quelles sont les conséquences d’une action durable.
Risques environnementaux
Les risques environnementaux dans l’agriculture sont avant tout associés à des substances potentiellement polluantes, comme les produits phytosanitaires ou les engrais. Pour ces derniers, la numérisation présente effectivement un potentiel
de réduction. Cependant, un examen plus attentif montre que la production d’énormes volumes de données nécessite une grande quantité d’énergie. Tant que cette énergie ne provient pas de sources renouvelables, cela pose un réel problème en perspective d’une agriculture climatiquement neutre. Parmi les risques environnementaux figurent aussi l’extraction des matières premières entrant dans la fabrication des appareils électroniques, et bien sûr la gestion des déchets électroniques générés. Rien qu’aux Etats-Unis, la production de ce type de déchets s’élève à 28 kilos par an et par habitant.
Numérisation et transformation structurelle
La technologie numérisée est une composante d’une agriculture dans laquelle le capital occupe une place plus importante, alors que celle du travail est censée diminuer. Les exploitations paysannes à bas coûts et à faibles intrants ne pourront pas ou difficilement s’offrir cette technologie coûteuse. En effet, s’orienter vers une agriculture encore plus axée sur les investissements ne vaut la peine que si celle-ci fait partie intégrante de la filière alimentaire. Or cette conception ne correspond pas à une agriculture paysanne écolo -
22 Technique Agricole 01 2023
NUMÉRISATION
LA
Le semis sans chevauchement avec la coupure de section est possible avec la numérisation.
Les risques environnementaux liés à la fumure et à la protection phytosanitaire sont réduits grâce à la numérisation. Photos: Bögballe/zvg
gique et économe en ressources, comme celle qui prédomine en Suisse. D’où évidemment de nouvelles craintes de voir les exploitations de plus en plus souvent condamnées à croître ou à disparaître. Une telle évolution dépend bien sûr aussi d’autres facteurs spécifiques à l’agriculture suisse. La numérisation pourrait néanmoins avoir tendance à entraîner un recul des emplois. D’un autre côté, elle constitue aussi une chance et offre, en particulier aux exploitations agricoles à temps partiel, des possibilités de réorganiser de manière raisonnable leurs techniques de travail.
Le numérique en discussion ...
… à l’échelle européenne. Peu avant que la guerre éclate en Ukraine, la question de savoir comment la numérisation transformera l’agriculture et la politique agricole a été discutée au niveau européen avec la participation notamment d’Agroscope, de l’Office fédéral de l’agriculture et de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Au vu de la progression de la numérisation dans l’alimentation et de l’agriculture, différents scénarios ont été esquissés pour l’année 2030. L’objectif était d’établir les lacunes susceptibles d’apparaître dans la réalisation des objectifs de la politique agricole. Quatre scénarios ont ainsi été développés, qui se distinguent principalement par des environnements plus ou moins favorables à l’utilisation des technologies numériques. Pour améliorer l’infrastructure numérique et les compétences requises dans les sec-
teurs alimentaire et agricole, différentes stratégies de base ont été analysées en vue de localiser les futures lacunes sus-mentionnées. Il serait intéressant de savoir dans ce contexte si ces discussions se seraient déroulées de la même manière six mois plus tard, sous l’influence de la guerre et de ses conséquences. En effet, même à l’ère du numérique, l’être humain reste un facteur imprévisible, et des stratégies et objectifs fixés antérieurement peuvent être totalement remis en question en quelques semaines ou quelques mois. Et contre cela, il n’existe pas encore de «remède numérique».
Conclusion
Voilà plus de vingt ans que la numérisation fait parler d’elle! Des représentants de l’industrie, du terrain et du monde scientifique la considèrent comme une chance. Les exploitants portent un jugement plus nuancé, en particulier sur les conséquences d’une agriculture numérisée. L’heure n’est pas encore à l’euphorie, trop de promesses faites par le passé n’ont pas été tenues. Tôt ou tard, la numérisation s’établira certainement dans les exploitations suisses. Mais sans précipitation, conformément à la devise: «Tout vient à point à qui sait attendre».
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Sans systèmes numériques, le sursemis modulé d’herbages serait impensable. Photo: Düvelsdorf
La numérisation poussée au plus haut point: véhicule autonome avec un outil de désherbage autonome. Photo: AgXeed
La 5G pour désherber
L’industrie 4.0 dépendra toujours plus de la technologie 5G. Cette tendance affectera aussi des entreprises artisanales, notamment dans les régions périphériques. L’agriculture elle-même devra s’y mettre pour atteindre le standard 4.0. Ironie du sort, c’est justement les opposants aux herbicides qui n’échapperont pas à la 5G.
Ruedi Hunger
Notre titre «La 5G pour désherber» est-il provocateur ou réaliste? Nous aurions intitulé l’article «Le Gesaprim pour désherber!» voici plus de 60 ans. La matière active atrazine rendait possible une large utilisation de cet herbicide à action systémique, en particulier dans les cultures de maïs. Des décennies plus tard, l’atrazine pouvant encore être détectée dans les eaux souterraines, la recommandation se transforma alors en «Le glyphosate pour désherber!». L’herbicide a été synthétisé pour la première fois en 1950 et finalement breveté en 1974. Nous savons aujourd’hui que ces deux herbicides (parmi d’autres) ont plus ou moins échoué et que la lutte chimique contre les adventices menace de conduire dans le mur.
La radiofréquence en tant que «matière active» Maintenant, la 5G (définition dans l’encadré de la page 26) devrait s’en charger. Il est improbable qu’elle soit détectée dans les eaux souterraines. Alors, où se situe le problème? Il est dû à la fréquence (les Mbit/s) qui n’est pas tangible. On comprend certes que la portée et le débit de données de la norme de téléphonie mobile numérique ont été augmentés, mais on ne sait pas (encore) si cela a des conséquences pour l’homme et l’animal et si tel est le cas, lesquelles. Les opposants à cette norme considèrent que la santé en sera affectée, car les cellules humaines communiquent pratiquement sur la même bande de fréquences de 3400 à 3800 MHz. C’est pourquoi ils considèrent la 5G comme un danger méconnu qu’il convient d’éviter. Les partisans de la 5G estiment qu’elle assure des téléchargements de données beaucoup plus importants que la 4G. L’agriculture risque-t-elle de voir son image à nouveau ternie par l’utilisation de la technologie 5G, par exemple pour le désherbage?
Le débit de données est au premier plan Il convient de préciser ici que la 5G n’a pas été créée en premier lieu pour l’agriculture. Cette technologie permet une transmission de données beaucoup plus rapide et importante, du téléphone portable aux véhicules autonomes et dans bien d’autres domaines d’application. L’agriculture sera au mieux un «co-utilisateur». Après les calamités causées par la protection chimique
La dernière génération de téléphonie mobile 5G permet de connecter les zones isolées au haut débit et, dans l’agriculture, d’utiliser des appareils et des machines autonomes.
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Photo: Heinz Röthlisberger
des plantes, il semble évident qu’une alternative doit être trouvée. Que ceux qui misent sur le sarclage manuel lèvent la main. Ils constateront assez vite que le succès et le rendement à l’hectare demeurent très limités. De même, il est inconcevable qu’un pays démocratique mise à l’avenir sur des «brigades de désherbeurs» comme par le passé ou comme on les trouve dans certains états totalitaires. Il reste donc le désherbage mécanique à l’aide de sarcleuses. Cette technique a fait des progrès remarquables ces dernières années. Néanmoins, elle n’atteint presque jamais le rendement d’un désherbage chimique.
Manque de personnel
Remettre en question et optimiser les procédés est dans la nature même de l’homme. C’est notamment le cas en agriculture où le nombre de collaborateurs est limité sur les fermes. Selon le rapport agricole 2022, environ 150 000 employés (femmes, hommes, employés à temps partiel) travaillaient en 2021 sur 48 864 exploitations. Cela représente environ trois personnes par exploitation. Cependant, comme 75 % des femmes travaillent à temps partiel et que «seuls» 56 % des hommes travaillent à temps plein sur l’exploitation, il y a bien moins de trois per-
De la 2G à la 5G
Fréquence, portée et débit
Bande de fréquence 0,8 GHz1 2 GHz 3,6 GHz
Norme 2G 3G et 4G 5G
Portée De 1 à 10 km De 0,5 à 5 km De 0,3 à 3 km
Débit de téléchargement De 20 à 75 Mbit/s De 40 à 150 Mbit/s De 200 à 1000 Mbit/s Débit de chargement De 10 à 25 Mbit/s De 20 à 50 Mbit/s De 100 à 200 Mbit/s
1 N’a plus de signification car désactivé
Source: Smart Farming Spezial 2021/Bitkom
sonnes par exploitation pour les travaux exigeants en main d’œuvre en période de végétation, notamment le désherbage.
La 5G a une vitesse de transmission plus de 6,5 fois supérieure à celle des 3G et 4G et assure ainsi une communication quasiment en temps réel.
S’ajoute à cela le fait qu’une personne ne peut se concentrer que quelques heures de suite sur le maniement précis d’une sarcleuse, et non durant plusieurs jours.
Plus rapide que la vitesse de l’éclair C’est ici que la 5G entre en jeu pour la première fois. Il est frappant et fascinant de voir la qualité de construction atteinte par les sarcleuses modernes. Selon la culture, les adventices peuvent être éliminées à quelques centimètres seulement de la plante cultivée, et ce même sur le rang. Grâce aux progrès réalisés dans la reconnaissance des plantes, il est possible d’utiliser ces machines de manière semi-autonome voire complètement autonome. Les commandes électroniques nécessaires à cet effet et les énormes quantités de données requises dans le domaine de la reconnaissance des plantes ne sont maîtrisables qu’avec la technologie 5G. Les machines ou véhicules semi-autonomes et autonomes ont en outre besoin d’un réseau très stable
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La norme de téléphonie mobile 5G peut intégrer des matériels agricoles futuristes. Le robot «Exos» de Lely de récolte et de distribution autonomes de l’herbe fraîche est un exemple parmi d’autres de systèmes qui dépendent de cette technologie. Photo: Lely
pour la transmission simultanée de grandes quantités de données. La cinquième génération a une vitesse de transmission plus de 6,5 fois supérieure à celle des 3G et 4G, et assure ainsi une communication quasiment en temps réel. Cela offre à l’agriculture la possibilité d’enrichir en temps réel des bases de données en ligne avec des images prises au champ. Avec l’aide de l’intelligence artificielle, des algorithmes peuvent analyser les données saisies, calculer des paramètres de réglage et les renvoyer à la machine, le tout en temps réel bien entendu. On comprend maintenant comment les plantes peuvent être identifiées et pourquoi un sarclage à deux centimètres des cultures est possible.
En quoi la 5G est-elle différente?
La technologie 5G est basée sur la norme 4G, standard jusqu’à présent, à la seule différence que les cellules radio doivent être beaucoup plus proches les unes des autres. Cela signifie que la 5G ne couvrira peut-être pas tout à fait l’ensemble du territoire et qu’elle ne sera pas déployée partout avec une qualité optimale. La raison réside dans sa portée. En effet, la portée (en km) et le débit de données (Mbit/s) se comportent en principe de manière opposée. Cela signifie que si le débit de données est doublé, la portée diminue (voir le tableau de la page précédente intitulé «De la 2G à la 5G»). C’est également une question de coûts, car un déploiement à maillage serré requiert davantage d’antennes, chacune nécessitant une source d’énergie entraînant ainsi des frais supplémentaires. Dans les régions périphériques, il faudra savoir si la technologie est utilisée par des exploitations, des coopérations ou des entreprises de plus grande taille et si celles-ci en tirent des avantages grâce à un degré d’automatisation élevé.
Mise en réseau des données
Contrairement aux normes actuelles, les cellules radio de la technologie 5G émettent un signal concentré et ciblé vers le terminal, qu’il s’agisse d’un robot agricole ou d’un capteur sur une vache. Cette transmission directe des données sera également importante et décisive à l’avenir, lorsque des capteurs dans le sol saisiront à petite échelle la teneur en nutriments, l’humidité du sol ou la température. Dans ce cas, l’accent sera plutôt mis sur une communication et une mise en réseau sûres et rapides de centaines de
points de mesures et non sur la présence de grandes quantités de données.
Conclusion
La 5G améliore incontestablement le transfert de données mobiles. Elle rend possible l’utilisation d’appareils et de machines autonomes. Mais elle suscite également la controverse. Tant que l’extension du réseau n’est pas explicitement demandée par l’agriculture, celle-ci ne risque pas d’être à nouveau clouée au pilori par une polémique de style «La 5G pour désherber».
En bref
• «5G» est l’acronyme donné à la cinquième génération de norme de téléphonie mobile numérique.
• Avec la 5G, la transmission de données se fait presque en temps réel.
• La 5G constitue la base de l’automatisation et de la conduite autonome.
• Le déploiement de la 5G nécessite un réseau de cellules radio très dense.
• La 5G utilise la bande de fréquences de 3400 à 3700 MHz qui est presque identique à celle des cellules humaines.
Les machines autonomes et semi-autonomes nécessitent de grandes quantités de données, mais les tracteurs en produisent et en transmettent également beaucoup. Photo: Ruedi Hunger
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Les appareils semi-autonomes de désherbage dépendent d’un traitement rapide et à grande échelle des données que seule la 5G peut fournir. Photo: Ruedi Hunger
Smartphones, guidages et robots
L’enquête de Technique Agricole révèle que les applications pour smartphone et les systèmes de guidages sont très prisés des agriculteurs suisses. Selon les sondés, c’est la documentation numérique et la robotique qui prendront le plus d’ampleur à l’avenir.
Bernhard Streit*
«Quelles applications de la numérisation utilisez-vous déjà en agriculture?» Technique Agricole a posé cette question à ses lecteurs lors d’une enquête récente (voir l’édition de novembre 2022). La rédaction désirait savoir comment ils se servaient du numérique dans leur quotidien. Les personnes interrogées avaient le choix entre huit applications et avaient la possibilité d’en cocher plusieurs. Avec une vingtaine de réponses seulement, ce sondage n’est certes pas représentatif pour l’agriculture. Il révèle toutefois quelques grandes tendances. La majorité de ces personnes (84 %) disent utiliser le plus souvent pour leur exploitation les «applications pour smartphone»,
* Bernhard Streit est enseignant au HAFL à Zollikofen (BE) et conseiller en numérisation à l’ASETA.
notamment de météo, de médias sociaux et de vidéos. Les agriculteurs et entrepreneurs suisses ayant participé apprécient les «systèmes de guidages». Ils sont 74 % à avoir cliqué sur cette proposition qui occupe la deuxième position. Parmi les sondés, 58 % ont fréquemment recours au «carnet de champs électronique». La «planification-gestion du troupeau» obtient 21 % des suffrages, suivie par les «systèmes de sarclage automatiques» et les «applications robotisées», avec 16 % chacun, ainsi que, enfin, les «cartes de rendement» et les «applications pour drones», avec 11 % chacun.
Quelles sont les applications qui s’imposeront?
Les participants à l’enquête pouvaient choisir entre neuf applications pour répondre à la deuxième question ainsi formulée: «A votre avis, quel domaine d’uti -
lisation va prioritairement gagner en importance à l’avenir?». La plupart d’entre eux estiment que «la documentation pluriannuelle» (61 %) et l’«utilisation de robots pour la protection des plantes» sont très prometteuses et pourraient devenir les standards de demain. 39 % des sondés voient un potentiel dans l’«utilisation de robots en élevage» et dans les «interventions plante par plante», alors que 34 % misent sur l’«épandage d’intrants au moyen de drones». Les «systèmes autonomes de travail du sol, de semis ou de plantation» et les «systèmes de prévisions» recueillent, quant à eux, 28 % des voix.
Les personnes interrogées se sont montrées plus réticentes sur l’avenir de la «télédétection», soit l’analyse basée sur des photos aériennes (prises par satellites), et des «systèmes autonomes de récolte». Elles ne leur ont attribué respectivement que 17 % et 6 % des voix.
Les applications pour smartphone sont largement utilisées dans l’agriculture.
Les solutions de guidage sont appréciés des agriculteurs et des entrepreneurs suisses.
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La majorité des participants à l’enquête pensent que «l’utilisation des robots en production végétale» gagnera encore en importance à l’avenir. Photos: Heinz Röthlisberger
Porcherie à boudins gonflables
Dans sa porcherie, Peter Schmitz mise beaucoup sur l’automatisation et la numérisation en utilisant les nouvelles technologies. Ceci permet à l’agriculteur d’Untersteckholz (BE) de se concentrer sur le cœur de son activité: la saillie des truies. En outre, ses coûts d’énergie et de personnel sont réduits grâce au concept d’étable à basse consommation.
Renate Hodel, LID
L’exploitation de Peter Schmitz fait partie d’un cercle RTPP (acronyme de répartition de travail pour la production de porcelets). Un tel cercle se compose en général de plusieurs exploitations, l’une de saillie et d’attente et les autres de mise bas et d’élevage. Peter Schmitz s’occupe de la saillie des truies du cercle et de leur gestation, jusqu’à la seizième semaine. A cette date, les truies sont transportées vers les exploitations de mise bas. Elles y resteront durant la naissance et l’allaitement, puis reviendront à leur porcherie de départ.
La chance de la spécialisation
Voici quatre ans, Peter Schmitz à Untersteckholz (BE) gérait encore une exploitation de mise bas. Il a décidé de reprendre la saillie et la gestation des truies, lorsque l’exploitation qui en était responsable jusque là a cessé son activité. Cette décision nécessita une réorganisation et un agrandissement de son exploitation. «Dans le cercle, chaque agriculteur a sa spécialité et dispose d’une infrastructure adaptée aux tâches et aux besoins des animaux qu’il détient», explique Peter Schmitz. Afin de répondre à ces nouvelles
tâches, une extension de la porcherie a été nécessaire.
Ventilation naturelle pour un bon climat
Peter Schmitz a opté pour un concept «ATX Low Energy» avec des fenêtres à boudins gonflables. Il avait déjà fait de bonnes expériences avec un système similaire pour sa porcherie de post sevrage construite précédemment. «Nous n’avions encore jamais construit d’étable à truies de cette dimension. Nous ne savions donc pas ce qui nous attendait»,
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La ventilation naturelle associée à la basse consommation: la porcherie de gestation avec centre de saillie de Peter Schmitz à Untersteckholz (BE) pose de nouveaux jalons en matière de dimensions, d’efficacité énergétique, de bien-être animal et de productivité.
Photos: Renate Hodel, LID
confie Patrick Bucher, directeur d’ATX Suisse GmbH. On remarque immédiatement les fenêtres à boudins, qui ressemblent à des coussins d’air, qui assurent une ventilation naturelle. «Nous aérons la porcherie comme un appartement, peu de temps, mais intensément», indique-t-il. Grâce à l’ascendance thermique, on peut changer une grande quantité d’air en utilisant peu d’énergie.
Porcherie froide énergétiquement plus efficace
Du printemps à l’automne, Peter Schmitz n’a presque plus de frais énergétiques. Comme le climat intérieur est plus frais en hiver, cette méthode demande cependant de l’expérience dans la gestion. «Au lieu d’une température constante à 25 degrés dans toute la porcherie, la température à l’extérieur de la zone de couchage avoisine les 15 degrés», explique l’agriculteur, convaincu qu’une porcherie froide représente l’avenir de la production porcine. Il
étaye son propos en évoquant l’évolution des constructions d’étables pour bovins.
Technique et détails
Patrick Bucher explique qu’il visait à obtenir un taux d’automatisation élevé, en plus du système de ventilation naturelle. Il a ainsi consenti à des investissements plus grands. «Le but majeur était de gérer un important élevage de porcs de la manière la plus simple, la plus rationnelle et la plus économique possible.» L’affouragement, l’évacuation du fumier et la litière fonctionnent quasiment sur simple pression d’un bouton. «Pour nous aussi, cela représentait un défi», ajoute-t-il. C’est ainsi que trois systèmes différents d’ouverture automatique des couvercles des logettes ont été testés avant d’obtenir un résultat satisfaisant. «C’est toujours dans les détails que le bât blesse», ironise Peter Schmitz. Des modifications ultérieures du robot d’évacuation du fumier ont ainsi dû être entreprises pour obtenir un fonctionnement optimal.
Déroulement structuré
Les structures claires de cette porcherie sont bien visibles. Les 300 truies taries du grand groupe disposent de 90 aires de couchage leur laissant suffisamment de possibilités de se retirer. Lors de l’intégration hebdomadaire d’une quarantaine de truies fraîchement saillies, les luttes de hiérarchies ne durent pas longtemps. Détenir un grand élevage est un avantage sur ce point. La sélection des truies est automatique: celles qui se présentent souvent devant la fenêtre du verrat sont automatiquement détectées grâce à une puce et marquées avant d’être dirigées vers la salle des saillies. «Grâce à cette automatisation, nous pouvons nous concentrer sur la saillie et l’observation des animaux», explique Peter Schmitz. Une personne peut gérer seule les saillies avec un taxi à verrat automatique. Les truies ont pris leurs quartiers dans la nouvelle porcherie depuis plus d’un an et les expériences sont jusqu’à présent positives.
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Les bâtiments destinés au post-sevrage et aux truies sont tous deux équipés de systèmes de ventilation à boudins gonflables.
La porcherie de gestation avec centre de saillie qui adopte le concept «ATX-Low-Energy» a été terminée en 2021.
Le verrat arrive dans un taxi: l’approche automatique réduit la rivalité et la stimulation régulière augmente le taux de succès de l’insémination.
L’agriculteur Peter Schmitz (g.) est ici en compagnie de Patrick Bucher, directeur d’ATX.
Aide numérique dans les champs
Les systèmes d’automatisation et de robotique se situent à un stade de développement déjà bien avancé. Selon les spécialistes, les caméras et les capteurs nécessaires à la conduite autonome feront bientôt partie intégrante de l’équipement standard d’un tracteur moderne.
Ruedi Hunger
En toute honnêteté, nous ne sommes actuellement pas si loin des systèmes complètement autonomes. Le conducteur du tracteur peut aujourd’hui déjà lâcher le volant, la trajectoire étant maintenue au centimètre près. Le guidage GPS et les nouvelles possibilités techniques facilitent le travail, améliorent sa précision et soulagent le conducteur. Malgré les progrès actuels, il convient de garder à l’esprit que la numérisation ne devrait pas être une fin en soi, mais servir à optimiser les moyens de production, le confort et la documentation. Par ailleurs, les effets de la durabilité, ainsi qu’une gestion respectueuse de l’environnement devraient re
vêtir une importance accrue. Les aspects économiques doivent cependant être pris en compte. Les investissements sont parfois considérables pour se procurer les équipements munis des technologies nécessaires permettant d’exploiter rationnellement le potentiel de la numérisation.
Intervenir dans du matériau vivant C’est bien connu, le sol constitue le facteur le plus important de la production végétale. Ceci nonobstant, sa préparation se caractérise souvent par des interventions invasives justifiées notamment par la sécurité de rendement. Mais les inter
ventions intensives augmentent également la consommation de carburant et l’usure des matériels. Un travail du sol intensif avec incorporation des résidus de récolte et de déchaumage peut aggraver l’érosion due au vent et aux fortes précipitations. Il s’agit donc d’adapter les méthodes aux exigences de la production végétale, par exemple varier la profondeur de travail variable en fonction des besoins des végétaux. Plus un sol est travaillé superficiellement, plus le maintien d’une profondeur de travail régulière s’avère difficile. C’est alors que les capteurs et autres systèmes numériques offrent une aide précieuse. Ils saisissent
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Le capteur de sol TSM («Soilxplorer») compatible Isobus s’utilise pour contrôler la profondeur de travail ou pour le semis modulé de la parcelle en temps réel. Photo: CNH
sur toute la parcelle des valeurs qui peuvent être converties via Isobus en paramètres de commande. Ainsi la profondeur peut-elle être modulée selon les besoins en temps réel.
Localiser les différences du sol avec des capteurs
On le sait, les sols sont très hétérogènes et leur structure est variable. Ils se réchauffent plus ou moins rapidement au printemps selon leur type. En outre, ils libèrent et/ou stockent l’eau de pluie plus ou moins rapidement en fonction de la proportion de pores grossiers et moyens. Dans les champs de grandes dimensions, des différences parfois considérables de types de sols s’observent, avec des conséquences sur la croissance des plantes. Grâce à des méthodes de mesure géophysiques, il est aujourd’hui possible d’obtenir davantage d’informations sur ces différences. Le sol peut par exemple, être analysé jusqu’à une profondeur d’un mètre en une seule opération par induction électromagnétique. L’objectif consiste à localiser les différentes natures de sols, les compactages et la saturation en eau afin de cartographier le terrain. L’appareil fonctionne sans contact et indépendamment de la météo et de la végétation. Le logiciel de valorisation intégré peut établir des cartes des sols en 3D certes, mais également télépiloter les outils de préparation du sol (voir photos). La profondeur de travail est dès lors réduite ou adaptée de manière ciblée. Des essais sur le terrain1 ont montré que la consommation d’énergie (carburant) diminuait de quelque 45 % lorsque la réduction de la profondeur de travail était réduite de 18 à 10 cm. Comme le patinage a baissé
de moitié, les performances à la surface ont augmenté d’environ 20 %.
Nouvelle approche: l’entité autonome
Même s’il ne s’agit que d’un prototype, l’«entité technique de travail» VTE (acronyme de Verfahrenstechnische Einheit ) de Lemken/Krone a suscité l’intérêt voici près d’un an. Sa particularité est l’entité autonome formée par le véhicule d’entraînement et l’outil porté. L’objectif des constructeurs Lemken et Krone consiste à obtenir le meilleur résultat de travail possible dans toutes les conditions. Il est atteint grâce au fait que l’outil porté commande l’unité d’entraînement en agissant comme un «système intelligent et homogène». Ces constructeurs s’appuient sur leur longue expérience avec Isobus et TIM. TIM, acronyme du terme anglais tractor implement management, soit gestion d’équipement du tracteur, consiste en une gestion des outils du tracteur selon le principe «l’outil contrôle le tracteur». Dans cette communication bidirectionnelle, les données sont transmises par Isobus 2
Du petit «Xaver» au grand tracteur Cela fait déjà quelques années qu’Agco, au travers du renommé constructeur de tracteurs Fendt, a lancé le projet «Xaver». Il s’agit d’un robot de terrain se pilotant depuis une tablette via FendtONE3. Bien qu’il paraisse minuscule par rapport aux véhicules standard, il peut également travailler avec des tracteurs traditionnels (Fendt). Sa taille provisoire reste parfaitement logique, car même à l’ère du numérique, rien ne tombe du ciel. Avec le «Xaver», les aspects importants d’un robot
pour la pratique sont préalablement testés (dans les champs) en Bavière, y compris la communication avec d’autres robots, la coordination en groupes et la navigation. Les petites machines permettent d’évaluer ces aspects plus aisément et plus efficacement. Lorsque la technique sera au point, ce dont personne ne doute, elle pourra être transférée sans problème sur d’autres unités de plus grande taille. Le «Xaver» atteindra un jour sa maturité car, au fond, un logiciel ne se soucie pas de savoir s’il commande un petit «Xaver» ou un «1000 Vario». D’ailleurs, Fendt ne considère pas (encore) les robots agricoles comme les futurs maîtres et seigneurs dans les champs et il est juste prévu pour l’instant qu’ils assistent les tracteurs traditionnels.
Conclusion
Il est ici question de nouvelles solutions systémiques, en particulier pour les machines autonomes. Celles-ci s’appuient encore sur bon nombre d’hypothèses. C’est pourquoi, la rentabilité économique et la compétitivité de ces nouveaux concepts doivent encore être confirmées. Quant à savoir si la numérisation et, à terme, les systèmes autonomes sont utiles non seulement pour le travail du sol, mais aussi de manière générale, une seule réponse s’impose: ils le sont lorsque l’automatisation simplifie le travail tout en augmentant la rentabilité et la durabilité de la production agricole.
1 CNH Industrial.
2 Définition Agricultural Industry Electronics Foundation AEF.
3 Système de commande avec approche globale de l’utilisateur.
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Dans l’étude du concept «Combined Powers», l’unité d’entraînement et l’accessoire forment une entité autonome. Photo: VTE
Avec le «Xaver», les principaux aspects d’un robot sont testés sur le terrain. Photo: Fendt
Correction RTK: du nouveau en Suisse
Bien que la mise en libre accès du signal de correction RTK fédéral «Swipos» n’ait pas été approuvée lors d’un vote parlementaire, les choses bougent dans ce domaine.
Bernhard Streit*
Dans l’agriculture moderne, de nombreuses applications ne fonctionnent plus sans guidage par satellites. Pour cette utilisation, le principe de mesure est toujours le même: le temps de parcours d’un signal électromagnétique est mesuré entre un satellite et un récepteur sur la Terre, puis multiplié par la vitesse de la lumière afin de calculer la distance qui les sépare. En prenant en compte la position actuelle connue du satellite, la localisation sur Terre peut être déterminée précisément à quelques mètres près. Cette déviation est principalement causée par les perturbations de l’atmosphère, mais aussi par l’imprécision des heures et des don -
* Dr. Bernhard Streit est maître de conférences en génie des procédés pour la production végétale à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires, et conseiller de l’ASETA en matière de numérisation.
nées orbitales ainsi que par d’autres influences à proximité immédiate du récepteur. Lorsque des localisations plus précises sont nécessaires, les imprécisions actuelles doivent être corrigées à l’aide de systèmes de référence. La position actuelle est ainsi mesurée simultanément avec deux systèmes différents, pour lesquels les positions sur la Terre de ces systèmes de référence est connue et avec lesquels l’imprécision entre les positions effective et théorique peut être calculée. Les systèmes de correction avec une imprécision en décimètres jusqu’au mètre près («Egnos» à l’échelle européenne) sont fréquemment intégrés directement dans les récepteurs et les signaux peuvent ainsi être captés sans frais via des satellites géostationnaires, sans que l’on ne s’en aperçoive réellement (et dont on ne remarque pas non plus souvent les interruptions de réception).
Attentes croissantes
Les attentes vis-à-vis de la qualité de travail au champ augmentent avec les avancées de la technique. Ainsi, une plus grande précision n’est plus seulement exigée pour les travaux de semis, mais également pour la protection des plantes et la lutte mécanique contre les adventices. Pour une précision de l’ordre de quelques centimètres, les référentiels doivent être implantés localement. Les balises individuelles doivent se trouver à proximité et l’échange de données a aujourd’hui lieu via Internet au travers du réseau de téléphonie mobile. L’imprécision actuelle entre les positions mesurée et effective en temps réel (Real Time Kinematik = RTK) est ainsi envoyée aux balises mobiles individuelles. Il existe des systèmes avec connexion aux balises individuelles et d’autres systèmes pour lesquels les données de correction optimisées sont calcu -
32 Technique Agricole 01 2023 LA NUMÉRISATION
Autoconstruction d’une station de référence RTK (https://www.ardusimple.com) avec son antenne (à d.) et sa platine électronique (à g., normalement intégrée dans un boîtier résistant aux intempéries). Photo: Julian Zingerli
lées à partir de plusieurs stations de référence environnantes (au minimum 3) sur le lieu des récepteurs mobiles (VRS ou stations de référence virtuelles). Un seul récepteur de signaux satellites n’est donc plus suffisant: des outils additionnels sont requis pour le transfert de données ainsi que pour le calcul de la position effective du récepteur mobile.
Services commerciaux
En Suisse, il existe différents signaux de correction RTK commerciaux. Les licences individuelles coûtent toutes entre 600 et 800 francs par an. Le réseau de correction le plus dense et le plus complexe est exploité par l’Office fédéral de topographie (Swisstopo). Les licences peuvent être retirées auprès de revendeurs. Parallèlement, d’autres fournisseurs ont aussi mis en place des réseaux pays. Pour l’ensemble de ces réseaux, les frais annuels comprennent, au-delà des licences proprement dites, également la prise en charge technique pour l’installation et l’exploitation. En complément, les fournisseurs sont obligés de veiller à conserver une précision absolue et constante dans le temps. Il est ainsi garanti que les mesures (en théorie) sont constantes au fil des ans et que les lignes de guidage et les limites de parcelles sont réutilisables année après année.
Pas de libre accès pour l’agriculture
Le Conseil des Etats a confirmé le caractère payant du signal «Swipos», au travers du rejet de la motion «Pour la suppression des obstacles qui se dressent devant les agriculteurs novateurs» déposée par la conseillère nationale Meret Schneider. Une exemption de frais, comme cela a été mis en application en Allemagne dans de nombreux Länder pour le système fédé -
raux «Sapos», aurait contribué à abaisser les barrières à l’entrée pour l’utilisation d’applications de précision en agriculture. En comparaison de coûts globaux annuels d’environ 4000 francs pour des systèmes de guidage neufs et simples d’utilisation, cet avantage ne réduit tout au plus la facture que de 20 % et, d’un point de vue économique, influence assez peu la décision de principe d’investir.
Les exploitations, pour lesquelles le savoir technique nécessaire est disponible et enclines à renoncer à une aide technique extérieure, peuvent également choisir depuis peu des services de correction RTK en libre accès. Le service allemand de correction RTK «Sapos» (https://gpps-web. sapos-bw.de/), également accessible aux exploitations suisses de la zone frontalière avec l’Allemagne pour un coût unique de 150 euros, en fait partie. Quoi qu’il en soit, il n’existe pas de garantie pour une précision absolue, mais la zone au nord de la ligne Muttenz-St. Gallen devrait se trouver dans un secteur avec un niveau acceptable. Le support technique pour les récepteurs mobiles fait lui aussi défaut.
L’open source en alternative Enfin, il existe depuis peu des plateformes Internet gratuites et libres d’accès, où des bénévoles mettent à disposition des utilisateurs leurs propres stations de référence. Cet équipement open source sera déjà employé pour les systèmes de guidage autoconstruits (AgopenGPS). Ceci est rendu possible au travers du développement fulgurant sur les outils de navigation par satellites et en particulier la disponibilité de systèmes de réception accessibles pour moins de 500 francs. Les signaux de correction RTK des stations de référence individuelles
peuvent être intégrés via le réseau de téléphonie mobile, comme dans le cas des services commerciaux. Dans le cas de la plate-forme «Centipede» (https://centipede.fr/), l’utilisateur s’assure par un minimum de contrôle de la qualité de la correction. Sur la plate-forme «rtk2go» (http://rtk2go.com/), ces contrôles sont inexistants. La correction n’est pas absolument fiable dans aucun de ces deux cas, et il manque également toute l’assistance pour l’exploitation sur place.
Position de l’ASETA
L’Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture (ASETA) s’est positionnée depuis un certain temps déjà pour un libre accès au signal RTK fédéral «Swipos» pour les applications agricoles. L’association a cependant pris une autre voie que celle de la motion évoquée dans l’article et rejetée par le Parlement: elle se concentre désormais sur l’accompagnement de ses membres dans l’utilisation de solutions open source du marché.
L’ASETA continue néanmoins à soutenir toutes les mesures encourageant l’utilisation de matériels modernes en agriculture. L’accès à un service de correction RTK bon marché et durable en fait aussi partie. L’association est consciente de l’hétérogénéité des besoins de ses membres en ce qui concerne une assistance sur place. Par conséquent, elle s’efforce de trouver des solutions aussi bien pour les simples utilisateurs sans expérience technique et avec de gros besoins de support externe, que pour les utilisateurs experts techniques sans besoin d’accompagnement. Les cours pour l’auto-construction d’un système de guidage «AgopenGPS» sont un exemple pour ce genre d’activités.
Système
Fonction
Fournisseur
Service payant, contrôle qualité dans l’intérêt du fournisseur, support technique garanti
Pas de frais de licence, pas de contrôles qualité, pas de support technique.
Système VRS comme Swipos via des revendeurs/GVSNet
Bases individuelles commerciales
SAPOS Baden-Wurtemberg
Bases individuelles open source
Fourniture à travers toute la Suisse via serveur (station de référence virtuelle VRS, la correction est calculée individuellement pour chaque utilisateur), qualité constante du signal sur un territoire donné (par ex. la Suisse) échange bidirectionnel permanent de données nécessaire.
Accès aux données de correction d’une base individuelle, changement de station partiellement automatisé.
Réseau de correction allemand en libre accès, VRS, précision garantie au nord d’une ligne Muttenz–St. Gallen, Frais d’installation uniques de 150 euros.
Accès aux données de corrections d’une base individuelle. Pas de coût ni de frais d’activation.
Entre autres: Robert Aebi AG, Alphatec, Lenzberg Precision Farming, GVS Agrar
Entre autres: Agronav, RB Hightech AG, Bucher Landtechnik, Lenzberg Precision Farming
https://gpps-web.sapos-bw.de/
https://centipede.fr/ http://rtk2go.com/
Aperçu de différents systèmes de correction RTK disponibles actuellement en Suisse. La transmission des données est assurée dans tous les cas via internet au travers du réseau de téléphonie mobile.
01 2023 Technique Agricole 33 LA NUMÉRISATION
L’alimentation des vaches-mères confiée au robot
Pour se dégager du temps et optimiser l’affourragement de ses différents lots de bovins, l’éleveur Christophe Chappuis a investi dans un robot Lely «Vector», en service depuis l’automne dernier.
Matthieu Schubnel
Voilà plus d’un an que Christophe Chappuis a confié la préparation et la distribution des rations à un robot d’alimentation Lely «Vector». Installé à Vulliens (VD), dans le Jorat, sur une ferme de 67 ha de surface agricole utile, le bâtiment de 60 m de long et 35 m de large abrite un total de 150 têtes de bétail, le stock de fourrages secs et la paille. L’éleveur loge des animaux groupés en lots distincts: une quarantaine de vaches-mères aubrac et wagyu avec leur progéniture, les génisses d’élevage, les vaches en finition, les bœufs aubrac et les bœufs wagyu à l’engraissement. L’intégration de l’automate a été prévue dès la construction. «Avec le ‹Vector›, le temps pour soigner l’ensemble du cheptel ne me prend pas plus d’une heure et demi par jour, à laquelle s’ajoute une demi-heure tous les quatre jours pour approvisionner la cuisine», calcule l’exploitant, parfois
aidé par son apprenti. Les aliments issus pour la plupart de l’exploitation sont regroupés autour de la cuisine. L’herbe enrubannée et le foin conditionné en balles rondes sont disposés dans des zones précises de la cuisine, tout comme la pulpe de betteraves réservée aux boeufs wagyu. D’une surface de 6 × 12 m elle contient jusqu’à quatre balles enrubannées et deux balles de foin. Une clôture escamotable de six cordons électrifiés empêche tout accès. Le grappin préleveur se déplace sur un pont roulant selon deux axes. Il intègre des pesons pour évaluer la quantité de chaque composant de la ration et respecte les proportions chargées préalablement fixées par l’éleveur pour chacune des rations. L’ensilage de maïs est stocké dans un silotour de 400 m3 de capacité acquis d’occasion pour 20 000 francs puis réhabilité. Ce système de désilage du maïs fourrage ap -
provisionne le «Vector» par un conduit, tout comme les silos de mélange fermier et les minéraux. Le bol stationné à proximité de la cuisine, équipé de pesons et monté sur roues, assure le mélange puis la distribution. «Avec les caméras de vêlage qui équipent ma stabulation, je pourrais très bien décider de ne pas venir à la stabulation le dimanche.»
Six rations différentes
L’exploitant a défini six rations complètes différentes pour adapter les apports nutritionnels aux besoins de ses six lots de bovins. «Le mélange permet d’éviter le tri. Pour chaque zone, je n’ai qu’à définir les proportions des ingrédients à charger dans le bol et la hauteur minimale de l’andain à l’auge.» Depuis l’entrée des animaux en hivernage, le «Vector» prépare entre 15 et 20 mélanges pesant au maxi -
Impression | Rapport d’expérience 34 Technique Agricole 01 2023
«Le robot d’alimentation Lely «Vector» a représenté un investissement de 184 000 francs», indique Christophe Chappuis. Photos: Matthieu Schubnel
Via l’interface Lely Control, l’éleveur interagit à distance avec le «Vector».
mum 250 kg, soit environ trois distributions quotidiennes pour chaque lot. Avec une ration complète distribuée plus fréquemment, il en résulte une très faible quantité de refus: «l’équivalent d’une brouette seulement toutes les trois semaines», estime Christophe Chappuis. Seule la mélasse est déversée manuellement à l’auge avec un arrosoir sur la ration des bœufs wagyu, en raison d’un choix de l’éleveur.
Le robot ne se contente pas de préparer et distribuer la ration: il repousse l’andain toutes les heures en scannant systématiquement l’andain de la table d’alimentation à pour en évaluer la hauteur à l’aide d’un laser (l’éleveur a fixé la valeur consigne à 50 mm pour l’ensemble de ses boxes). «Si les vaches restent couchées lorsque le robot démarre une distribution, c’est que le robot est bien réglé. Lorsque j’introduis des animaux dans un lot, je peux lancer manuellement une distribution. Mais si la mangeoire tarde à être vidée, je peux désactiver temporairement la distribution d’un seul clic.»
Paramétrage à la carte
L’opérateur surveille et interagit avec le robot par PC, tablette ou natel grâce à des programmes faciles à prendre en main. Avec l’interface «Lely Control» accessible sur appareil mobile, il gère le bol, le grappin, la cuisine et le contrôleur intelligent. En se servant du logiciel T4C connecté, il paramètre plus finement l’alimentation de chacun des dix boxes définis sur l’ordinateur. Il attribue par exemple un type d’aliment à chacune des zones de la cuisine. Il peut aussi définir, pour chaque zone, l’emplacement précis où le grappin débutera son chargement, ceci afin de liquider en priorité les stocks les plus anciens de la
table d’alimentation. Enfin, il paramètre si nécessaire un temps de mélange supplémentaire pour certaines rations. L’éleveur a par ailleurs désactivé les distributions entre 22 h et 6 h, afin de limiter les passages répétés des mères sur l’aire paillée pour contourner le box à veaux central. Au moindre dysfonctionnement, le robot émet une alarme critique ou non critique selon la gravité de la panne. Par exemple, une collision du «Vector» avec un corps étranger ou le blocage du grappin sont des événements critiques qui sont délivrés à l’opérateur de jour comme de nuit (au choix par appel vocal ou SMS). L’opérateur gère ces alertes et la manière de les recevoir via le mode alarme.
5 CHF d’énergie par jour
«Le coût d’investissement de ce robot d’alimentation s’élève à 184 000 francs, indique Christophe Chappuis. Je pense rentabiliser cet investissement en trois ans. Cette somme est à comparer avec la dépense nécessaire pour l’achat d’un tracteur et d’une mélangeuse, coûtant au bas mot 50 000 francs chacun. L’absence de désagréments sonores dans l’étable et le faible coût de fonctionnement ont aussi séduit l’éleveur. «Pour 120 à 130 bêtes, le besoin en énergie électrique de ce système ne dépasse pas 0,02 kw/UGB/jour, soit environ 5 francs par jour pour l’ensemble du troupeau à compter de 2023», précise Grégoire Duboux, responsable commercial Lely en Suisse romande, qui vante également les gains d’efficience alimentaire. Pour garder l’esprit tranquille, l’éleveur a souscrit le service d’entretien optionnel qui prévoit une intervention deux fois par an. «J’aiguise moi-même les couteaux tous les trois mois et dispose d’un jeu de réserve», explique-t-il. En cas
«Vector» et vaches-mères font bon ménage
Près du tiers des robots «Vector» installés en Suisse le sont dans des élevages non laitiers. En Suisse romande, cette proportion est encore supérieure. Grégoire Duboux, responsable commercial au Lely Center Härkingen, fait le point sur le parc de robots d’alimentation Lely Vector installés dans notre pays:
«A fin 2022, 64 ‹Vector› sont en fonctionnement dans des élevages bovins à travers toute la Suisse. Parmi eux, 43 unités sont utilisées en élevage laitier, 11 dans des ateliers d’engraissement de taurillons, 9 dans des élevages de vaches-mères et un robot alimente des génisses à l’engraissement.»
de panne, le contrat de service du concessionnaire prévoit une maintenance dans les deux heures suivant l’appel du client. Le polyculteur-éleveur de vaches-mères, est lui aussi davantage occupé dans les champs durant la belle saison et apprécie alors de déléguer l’alimentation du troupeau au robot. L’objectif initial d’automatiser le plus possible les tâches pour réduire le besoin en main d’œuvre a été atteint.
Rapport d’expérience | Impression 01 2023 Technique Agricole 35
Les six rations complètes sont préparées lorsque le robot est connecté à sa borne de charge, près des silos et de la cuisine, dans lesquels sont stockés les différents ingrédients.
Les balles, prédécoupées dès la récolte, sont sectionnées en deux lors du désilage avec une pince de manutention spéciale, pour faciliter le travail du grappin.
Un tiers des robots d’alimentation Lely installés en Suisse le sont dans des élevages non laitiers.
Loisirs et véhicules agricoles: quelles sont les courses autorisées?
Les tracteurs et les transporters servent souvent à d’autres fins qu’aux travaux purement agricoles. On peut citer la collecte de vieux papier, les cortèges des fêtes de village ou de carnaval. Juridiquement, la situation diffère selon les utilisations.
Aldo Rui
L’utilisation de véhicules agricoles pour les cortèges, les courses pour des associations ou encore la collecte de papier est soumise à différentes dispositions. Voici les règles qui s’appliquent à ces trajets.
Un trajet privé peut-il être effectué avec une plaque verte?
Avec la plaque de contrôle verte, il est permis d’effectuer des courses agricoles, des courses assimilées à des courses agricoles ainsi que des trajets bénéficiant d’une autorisation. Tout le reste est illégal. Par exemple, ne sont pas considérées comme courses agricoles les trajets pour se rendre à une compétition de tractor
pullling, les trajets pour des mariages, les cortèges de carnaval, les trajets pour aller à l’école et autres courses similaires.
Puis-je effectuer des courses avec un tracteur de collection?
Les courses de véhicules anciens («oldtimers») sont assimilées à des courses agricoles; elles sont donc autorisées si le véhicule est immatriculé en vétéran (voir encadré «Explications»). Le transport de personnes est donc envisageable par analogie. Toutefois, pour des raisons de sécurité, les milieux des collectionneurs déconseillent clairement de transporter des personnes, surtout dans une remorque.
Les courses à caractère associatif ou festif sont-elles autorisées? Pour carnaval, pour des cortèges ou des enterrements de vie de jeune fille ou de garçon, entre autres exemples?
Ces courses ne sont en principe pas autorisées. Il y a des exceptions: les cortèges de carnaval ou de fête se déroulant dans une rayon fermé à la circulation, ou lorsqu’un véhicule immatriculé en vétéran est utilisé et qu’une autorisation a été délivrée par le service cantonal des autos. L’autorité cantonale peut permettre l’emploi de véhicules agricoles pour des cortèges et des manifestations similaires. Elle ordonne au besoin des mesures de sécurité.
Management | Question de lecteur 36 Technique Agricole 01 2023
Les trajets avec des véhicules anciens («oldtimers») sont assimilés à des courses à caractère agricole lorsque le véhicule est immatriculé comme vétéran (avec l’inscription correspondante sur son permis de circulation). Photo: Heinz Röthlisberger
En principe, les courses à caractère festif ou associatif ne sont pas permises. Elles sont soumises à la délivrance d’une autorisation spéciale. Photo: ldd
Qu’advient-il lorsqu’un tracteur est employé pour collecter du vieux papier?
Des véhicules agricoles ont de tout temps servi à collecter le vieux papier. C’est autorisé car les courses gratuites à des fins d’utilité publique sont assimilées à des courses agricoles (Ordonnance sur les règles de la circulation routière, OCR, art. 87, al. 3f). Lors de la collecte, dans un rayon local, des personnes peuvent être transportées sur le pont ou sur le chargement de la remorque si une protection adéquate est assurée et si les places autorisées ne suffisent pas (art. 61 al. 3 OCR).
Explications
Transport de personnes: l’ordonnance sur les règles de la circulation routière (OCR) stipule que des personnes ne peuvent être transportées sur le pont de charge ou sur le chargement que dans le cadre du travail sur l’exploitation entre la ferme et les champs,
et pour autant qu’une protection suffisante soit assurée. C’est le cas sur des remorques équipées de ridelles ou de places assises ou debout aménagées. Les enfants jusqu’à 7 ans doivent être surveillés ou assis dans un siège pour enfant.
Où est-ce que le bât blesse?
Dans cette rubrique «Question de lecteur», Technique Agricole traite des questions pratiques posées régulièrement à l’ASETA par ses membres.
Contact: tél. + 41 56 462 32 00; courriel: zs@agrartechnik.ch
Plaques de contrôle blanches ou vertes?
Plaque blanche, plaque verte: qu’est ce qui est permis ou défendu? Vous en saurez plus en consultant les éditions 11/2022 («Plaques vertes: quelles courses autorisées et quels trajets interdits?») et 12/2022 («Plaques blanches: quelles courses autorisées et quels trajets interdits?») de Technique Agricole
Véhicules vétérans: ils doivent avoir plus de 30 ans. Leur aspect extérieur, de même que leur état technique doivent être impeccables. De petites traces d’usage sont admises. Ils ne doivent pas être utilisés régulièrement ni dans un but lucratif. Selon l’Astra, leur utilisation est limitée à 50 60 heures par an. Les modifications techniques des véhicules vétérans ne sont autorisées que si elles remontent à l’époque de leur fabrication. L’intervalle entre expertises des vétérans est de six ans.
La plaque interchangeable verte est délivrée pour deux tracteurs au plus. Mais le possesseur de véhicules inscrits comme vétérans sur leur permis de circulation peut obtenir une plaque interchangeable pour plusieurs véhicules. Les tracteurs industriels dont la vitesse est de 40 km/h ne peuvent pas être immatriculés avec une plaque verte.
Question de lecteur | Management 01 2023 Technique Agricole 37
La collecte de vieux papier avec des véhicules agricoles est admise car les courses gratuites qui visent des buts d’utilité publique sont assimilées à des courses agricoles. Photo: ldd
Des personnes peuvent être transportées sur une remorque entre la ferme et le champ mais uniquement dans le cadre du travail sur l’exploitation. Photo: Heinz Röthlisberger
Ménager les sols forestiers
En forêt, le sol peut souffrir du passage de machines dans des conditions incorrectes. Cet article propose des conseils sur la manière d’améliorer les choses en matière de protection des sols forestiers.
Peter Lüscher, Fritz Frutig et Marco Walser*
Les engins provoquent des dérangements durables dans la zone des ornières sur beaucoup de types de sols forestiers et perturbent leurs fonctions. La réduction du volume des pores et de leur continuité limite l’aptitude des sols à transporter l’eau et l’air, deux éléments clés pour leur fertilité, et donc pour leur potentiel de production de bois. Sont aussi menacées les prestations de la forêt qui intéressent la collectivité (préservation du climat, fil
tration de l’eau potable, etc.). Le défi pour les propriétaires de forêts consiste ainsi à ménager la ressource «sol forestier» tout en préservant la capacité concurrentielle de la production de bois.
Des sols sensibles
La sensibilité au compactage et à la déformation d’un sol dépend de son état d’humidité et donc de la météo. Jouent aussi un rôle: la granulométrie, la teneur en pierres, la présence de caractéristiques d’hydromorphie, le taux de matière organique (MO) et la pente. Plus la teneur en eau d’un sol augmente et plus les forces de frottement entre ses particules diminuent, réduisant ainsi sa portance. En principe, il faut, sur des sols perméables
(p. ex. sols sablonneux), trois jours sans pluie après des précipitations moyennes pour circuler à nouveau avec des engins. Des sols à granulométrie grossière et/ou à teneur élevée en pierres et à faible taux de MO dans les horizons supérieurs sont peu ou pas sensibles. A l’inverse, des sols à granulométrie fine et/ou peu pierreux, dont les horizons supérieurs sont riches en MO, sont plus vulnérables. La sensibilité augmente aussi avec la pente. Les sols gelés sont moins sensibles au passage d’engins. La capacité d’un sol dans un état donné à supporter le passage des engins dépend aussi des caractéristiques de ces derniers (poids, pneumatiques, etc.). Les effets des engins se font sentir non seulement sur les horizons supé
Plate-forme | Recherche 38 Technique Agricole 01 2023
En zone forestière aussi, la circulation sur les sols doit faire l’objet d’une attention particulière, à défaut de quoi elle peut entraîner des dégâts irréversibles.
Photos: agrarfoto.com, Fritz Frutig et Marco Walser
* Peter Lüscher et Fritz Frutig étaient, et Marco Walser est, collaborateurs de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Cet article s’appuye sur la Notice pour le praticien du WSL N o 4 «Protection physique des sols en forêt».
rieurs, mais aussi en profondeur. La compaction du sous-sol est surtout provoquée par la charge sur les roues.
Planifier la desserte de détail
Il faut planifier la desserte de détail (layons de débardage, pistes pour les engins et lignes de câble) pour chaque unité de desserte et pas juste pour une coupe de bois. Le principe pour délimiter le périmètre d’une unité de desserte fine veut qu’aucun bois ne doive en franchir les limites lors du débardage. Ces limites sont souvent des routes forestières, mais elles peuvent aussi suivre un cours ou un plan d’eau, des rochers ou des lisières forestières. Une unité de desserte de détail convenablement planifiée contribue à limiter au maximum la part de la surface où passent les engins et à circonscrire le risque de dommages au sol aux tracés de circulation. Les layons dessinés sur une carte et signalés sur le terrain sont faciles à retrouver lors d’interventions ultérieures
Sensibilité des sols aux engins
Afin de pouvoir tenir compte de leur sensibilité au passage des engins, il faut établir une classification correspondante des sols forestiers. Elle constitue la base pour choisir les machines et les processus de travail et pour planifier les coupes de bois. Fondamentalement, les coupes sur des sols très sensibles au passage de véhicules devraient être effectuées quand les conditions sont favorables, par exemple pendant les périodes de gel et par temps sec. Les coupes sur des sols moins sensibles à la circulation laissent plus de flexibilité aux acteurs.
Dispositions concernant la protection des sols
Il est recommandé de fixer des dispositions contraignantes relatives à la protection des sols dans les contrats avec les entreprises forestières et dans les consignes données au personnel. Il serait pertinent, par exemple, d’imposer de ne circuler que sur les layons de débardage et d’interrompre les travaux lorsque le sol est très humide.
Réduire la pression sur la surface de contact
La pression moyenne théorique de la surface de contact d’une roue se calcule à partir de la charge sur la roue et de l’aire de contact du pneu. Mais la pression effective sur la surface de contact peut être trois fois plus forte, parce que des forces dynamiques s’exercent sur le layon lorsque les engins opèrent: accélérations,
Les passages sont perturbants
Une typologie des ornières a été élaborée en Suisse pour la mise en pratique de la protection physique des sols en forêt (voir graphique page 41). Le type d’ornière 1 est caractérisé par une pression exercée sur les horizons humifères, lesquels prennent la forme des empreintes de roues, et par une profondeur de l’ornière inférieure à 10 cm. Le type d’ornière 2 se situe dans le domaine de la déformation plastique; il présente une profondeur plus importante, généralement inférieure à 10 cm atteignant l’horizon A (foncé, mélange organo-minéral). Bourrelets latéraux naissants issus des horizons A possibles. Le type d’ornière 3 est défini par trois caractéristiques qui doivent toutes être remplies: profondeur de l’ornière le plus souvent supérieure à 10 cm atteignant les horizons du sous-sol et présence marquée de bourrelets latéraux. Le type d’ornière 3 a des répercussions plus profondes que les ornières 1 et 2, mais aussi des effets plus marqués latéralement.
ralentissements, vibrations, effets de levier résultant des mouvements de la grue ou du passage d’obstacles. Ce sont les roues produisant la plus forte pression qui déterminent la charge exercée sur le sol, raison pour laquelle il faut s’efforcer de répartir aussi uniformément que possible les masses de la machine entre les essieux avant et arrière. C’est particulièrement difficile à obtenir sur les véhicules de débardage dont le chargement est très variable. Lorsqu’ils sont chargés, 60 à 70 % de leur masse repose sur leur essieu arrière. Il y a principalement deux voies pour abaisser la pression sur la surface de
Recherche | Plate-forme 01 2023 Technique Agricole 39
Le passage d’engins en forêt provoque des compactions et des déformations du sol.
Ornière avec caractéristiques d’hydromorphie. Les couleurs de réduction (gris-bleu) et les taches de couleur rouille indiquent une aération restreinte du sol. Le passage d’engins est à l’origine de la réduction du volume des pores.
contact: réduire la charge par roue et augmenter l’aire de contact. Une faible charge maximale par roue et une pression de gonflage moindre des pneus, associées à des pneus larges, sont les mesures les plus efficaces pour abaisser la pression sur la surface de contact.
Chenilles ou semi-chenilles
En acier ou en matière synthétique, les semi -chenilles pour boggies se montent sur les roues d’un essieu tandem; elles servaient à l’origine à améliorer la traction et
Qu’est-ce qu’un sol?
Les sols forment la couche superficielle de la croûte terrestre, dont l’épaisseur va de la surface du sol jusqu’à la roche-mère. Le sol est le résultat d’une altération des roches et d’une transformation de la matière organique par les nombreux êtres vivants. Il est composé de constituants solides, minéraux et organiques, aux propriétés spécifiques et de vides ou pores occupés par de l’eau et de l’air. Les pores remplis d’air et d’eau permettent un échange de matières et d’énergie entre les constituants solides, la rochemère, l’atmosphère, l’hydrosphère ainsi que les êtres vivants du sol et les plantes. Les sols servent de lieu de croissance aux plantes offrant des possibilités d’enracinement et un approvisionnement en eau et en éléments nutritifs. La fertilité est par conséquent la caractéristique la plus significative d’un sol, dans la mesure où la végétation doit s’adapter aux conditions naturelles du milieu. Le
la sécurité sur des terrains en pente. Par la suite, un nouveau type de semichenilles, dites «portantes», a été développé dans le but de préserver les sols. Elles sont prévues pour les interventions sur les sols dont la portance est mauvaise, en terrains plats ou légèrement pentus. Ces semi-chenilles portantes permettent d’étendre les possibilités d’intervention des engins et, en réduisant la dépendance face à la météo, d’augmenter leur nombre de jours d’utilisation dans l’année. Mais elles ne sont pas sans inconvénients.
Les châssis sur chenilles équipent surtout les récolteuses pour les interventions dans des pentes, afin d’améliorer la praticabilité du terrain et plus particulièrement pour les déplacements en montée. Tant que ces chenilles restent en contact avec le sol, cette surface de contact est considérablement plus grande que dans le cas d’engins comparables à roues; la pression en zone de contact est donc plus faible. Mais les layons de débardage présentant souvent un relief accidenté, des chenilles longues et rigides n’auront qu’un contact partiel avec le sol, ce qui peut causer ponctuellement des pressions très élevées dans les zones de contact. Des trains roulants munis de galets mobiles verticalement assurent un meilleur contact de la chenille avec les sols accidentés. Visant un but identique, une autre solution consiste à recourir à une machine articulée montée sur quatre chenilles à suspensions indépendantes.
Réduire le patinage
sol représente enfin la base de la production dans la foresterie comme dans l’agriculture.
Les sols possèdent un fort pouvoir tampon contre l’acidification et forment de surcroît un filtre efficace contre les substances indésirables qui peuvent polluer la nappe phréatique et porter atteinte à la qualité de l’eau potable. Cette capacité de filtration permet à nombre de ces substances, comme les métaux lourds, d’être stockées à long terme dans le sol et de revenir ensuite dans la biosphère à travers le cycle des éléments nutritifs. Les sols constituent un habitat pour de nombreux organismes vivants comme les bactéries, les acariens, les insectes, les nématodes, les vers, les champignons, etc. Tous ces organismes forment une chaîne de décomposeurs, au sein de laquelle ils occupent d’importantes fonctions dans la décomposition, la transformation et la réorganisation de la matière organique.
Les forces de cisaillement générées dans le sol par les pneus d’un engin en déplacement brisent les connections entre les pores. L’effet des roues motrices qui patinent est particulièrement préjudiciable. Des mesures techniques (recours à une transmission intégrale, propulsion hydrostatique, répartition la plus équilibrée possible des poids), ainsi qu’une pression basse de gonflage des pneumatiques permettent de diminuer le patinage. Lors de débardage en pente, les trajets en charge devraient avoir lieu en descendant et, lorsque la portance du sol devient critique, mieux vaudrait effectuer les trajets à vide en montant, en empruntant les routes forestières. Enfin, il est possible d’éviter presque complètement le patinage des roues en utilisant un treuil auxiliaire de halage, dont la vitesse d’enroulement est synchronisée avec la traction.
Rester sur les layons
Les engins ne doivent pas quitter les layons. Le risque est élevé avec les tracteurs équipés d’une grue de débardage; avec eux, la tentation est de s’enfoncer dans le peuplement pour atteindre du bois plus éloigné.
Tapis de branchages
Les tapis de branches sur les layons permettent de répartir les forces de manière plus homogène et ainsi de diminuer leurs répercussions dans le sol (compaction). Cependant, l’efficacité des tapis de branches
Plate-forme | Recherche 40 Technique Agricole 01 2023
Une planification systématique de la desserte de détail est la condition préalable à une protection efficace des sols en forêt.
dépend surtout de leur qualité, ceux de branches de feuillus étant moins efficaces que ceux composés de branches de résineux. Une action très positive est la protection de surface contre les dégâts dus aux forces de traction des roues.
Débardage avec charge réduite
Dans certain cas, le fait de réduire la charge des engins et de multiplier les trajets peut être une bonne mesure, par exemple en fin de chantier, alors que la pluie a augmenté l’humidité du sol et qu’il ne reste que peu de bois à sortir. Mais réduire la charge augmente les coûts.
qui doivent toutes être remplies: profondeur de l’ornière le plus souvent supérieure à 10 cm, atteignant les horizons du sous-sol et présence marquée de bourrelets latéraux. A noter que le type d’ornière 3 a non seulement des répercussions plus profondes que les types 1 et 2, mais également des répercussions plus importantes latéralement.
Le relevé des types d’ornière le long des layons de la desserte de détail permet de juger de la qualité du travail et, le cas échéant, de prendre les mesures qui s’imposent (voir également fig. 11).
Interrompre les opérations
Sensibilité des sols au passage d’engins
La sensibilité d’un sol à la compaction et à la déformation dépend de sa teneur actuelle en eau au moment du passage et par conséquent de l’évolution des conditions climatiques. D’autres facteurs jouent également un rôle: la composition granulométrique, la fraction grossière (teneur en matériaux pierreux), la présence de caractéristiques d’hydromorphie (voir fig. 3), le taux de matière organique et la pente. Plus la teneur en eau du sol augmente et plus les forces de frottement entre les particules du sol diminuent, réduisant ainsi sa portance. En règle générale, il est nécessaire sur des sols perméables (par ex. sols sablonneux), d’attendre trois
Si, au cours d’une coupe, le type d’ornière 3 (schéma) se forme dans un layon, l’humidité du sol est excessive pour y circuler avec l’engin en question. Il y a alors plusieurs possibilités de réagir: – diminuer la pression en zone de contact par des mesures techniques (abaisser la pression des pneus, débarder à charges réduites, monter des semi-chenilles);
jours sans pluie après des précipitations d’intensité moyenne pour pouvoir circuler à nouveau avec des engins tout en préservant les sols. Des sols à granulométrie grossière (avec des pores larges) et/ou à teneur élevée en matériaux pierreux présentant un faible taux de matière organique dans les horizons supérieurs sont peu sensibles ou ne le sont pas du tout. Des sols à granulométrie fine et/ou à faible teneur en matériaux pierreux
A des fins de démonstration, ce porteur a été équipé de deux types de semi-chenilles: à g. des semi-chenilles de traction destinées à améliorer les performances en montée et la sécurité en pente, à droite des semi-chenilles portantes permettant de préserver les sols à faible portance, sur terrains plats ou légèrement inclinés.
avec un taux élevé en matière organique dans les horizons supérieurs présentent, quant à eux, un risque potentiellement plus élevé. La sensibilité des sols s’accentue également avec l’augmentation de la pente, tandis que des sols gelés seront peu sensibles au passage d’engins. La figure 8 montre de quelle manière différentes caractéristiques des sols influencent leur sensibilité à la compaction.
présence partielle de bourrelets latéraux dus aux pressions latérales
humifères
sol de surface sous-sol
présence de bourrelets latéraux provoqués par la fluidification du sol
horizons humifères
horizons humifères sol de surface sous-sol sol de surface sous-sol
– interrompre les travaux et ne les reprendre qu’une fois le sol assez sec; – interrompre les opérations et engager les engins sur une surface de réserve. Cette dernière doit être praticable aux véhicules et permettre une intervention en préservant les sols (autre structure du sol, humidité du sol différente).
Pour en savoir plus sur le sujet, consultez la Notice pour le praticien «Protection physique des sols en forêt» du WSL.
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Recherche | Plate-forme
Typologie visuelle des ornières en fonction des modifications causées dans le sol.
Not. prat. 45 (2019)
Fig. 6. Typologie visuelle des ornières en fonction des modifications causées dans le sol.
Avant le passage d’engins Après le passage d’engins
Affaissement Cisaillement Pétrissage, malaxage Fig. 5. Le passage d’engins provoque des modifications dans le sol. L’affaissement du sol entraîne une réduction du volume des pores larges. Les pores du sol sont, dans le cas d’un cisaillement, décalés les uns par rapport aux autres et ne communiquent plus entre eux. Pétrissage/malaxage signifie que la
structure du sol est complètement détruite (Source: Tobias et al. 1999, modifié).
à 10 cm Teneur en eau des sols … inférieure ou égale à la limite de plasticité … entre la limite de plasticité et la limite de liquidité … supérieure ou égale à la limite de liquidité
horizons
Type d’ornière 1 Type d’ornière 2 Type d’ornière 3 profondeur inférieure à 10 cm profondeur le plus souvent inférieure à 10 cm profondeur supérieure
BETRIEBSSICHER –Z UVERLÄSSI G–W IRTSCHAFTLICH ISO9001 -2000 Doppelwirkende, liegende Ölbad-Zweikolbenpumpe, Baureihe Typ H-303-0 SG2 Tel.++41(0)627564477 Fax++41(0)627564360 info@meierag.ch HansMeierAG CH-4246Altishofen www.meierag.ch 8 AGRAMA 2012Halle3.2/StandB005 Sy èmed q l é f Pompe à deux pistons, double effet, axe horizontal et bain d’huile, série et type H-303-0 SG2 SÛR – FIABLE – ÉCONOMIQUE Nº rég. 14455-01 Hans Meier AG CH-6246 Altishofen www.meierag.ch Tél. ++41 (0)62 756 44 77 Fax ++41 (0)62 756 43 60 info@meierag.ch www.waelchli-ag.ch 062 745 20 40 Technique de traitement du lisier Pourquoi en acheter deux, quand un seul peut tout faire?
Envol avec le «Bird View»?
La société W. Blaser AG, sise à Berthoud (BE), commercialise le «Bird View», un système de caméra à 360 degrés avec reconnaissance des personnes et des objets (en option), sous forme de kit de mise à jour. Technique Agricole l’a appris lors d’une visite de l’entreprise et il s’agit d’une première pour l’agriculture suisse.
Dominik Senn
La société W. Blaser AG produit depuis 75 ans des systèmes de rétroviseurs et de caméras, des feux arrière et des équipements de signalisation pour les véhicules agricoles, de voirie, de chantier, spéciaux et utilitaires. Basée à Berthoud (ou Burgdorf en allemand, BE), elle compte une petite dizaine de collaborateurs. Elle appartient à Lukas Graf, électromécanicien et électrotechnicien ES né en 1976, qui la dirige depuis 2017. Elle a été fondée par Walter Blaser, à la fois créateur-inventeur et constructeur, d’origine emmentaloise, qui s’est installé à Berthoud en 1927. Ce dernier a ouvert un atelier de carrosserie pour les tracteurs et camions (notamment Saurer et Berna), étendu plus tard aux automobiles. Il s’est fait connaître par la fabrication de capotes de cabriolets et de plafonniers encastrés d’autobus. Il est surtout le premier constructeur suisse de rétroviseurs, de miroirs concaves et de
feux arrière pour véhicules, notamment pour l’armée. Depuis 1965, l’entreprise construit à Berthoud pour le marché suisse du mobilier médical, entre autres des fauteuils pourvus de roulettes et d’un dossier réglable en continu et passant aisément de la position assise à allongée.
Systèmes de caméras
L’unité «BlaserVisio», devenue l’activité principale de la société W. Blaser SA, produit l’ensemble des systèmes qui, couplés à des caméras, permettent de visualiser tous les mouvements des véhicules et des machines, du point de vue de la sécurité des personnes présentes. L’entreprise est le seul fabricant suisse de systèmes de caméra-moniteur avec lesquels des véhicules spéciaux tels que les abatteuses forestières et les chargeurs avec un porte-à-faux frontal de 5 à 9 mètres peuvent être homologués. Les systèmes des concurrents ne
sont homologués que jusqu’à 5 mètres. La société W. Blaser SA commercialise des caméras destinées à la zone de travail immédiate afin de mieux contrôler un certain nombre de processus (chargement, déchargement, pressage, binage, battage…). Elle vend aussi des caméras montées sur les tuyères, ou goulottes d’éjection, qui facilitent le déchargement de la marchandise par le chauffeur.
Vision panoramique
L’entreprise W. Blaser SA importe et commercialise en exclusivité le «Bird View» (soit «vue d’oiseau»), un nouveau système de caméras à 360 degrés comprenant un moniteur doté d’une intelligence artificielle pouvant être installé sur tous les véhicules. Ce système convient particulièrement aux grands véhicules, notamment agricoles. Il se compose de quatre caméras, d’une commande, d’un moni -
Plate-forme | Reportage 42 Technique Agricole 01 2023
La photo de gauche représente le système de caméras à 360 degrés «Bird View», avec détection de personnes, monté sur un tracteur. À droite, Lukas Graf, propriétaire et dirigeant de W. Blaser AG, avec un panneau de calibration des caméras panoramiques. Photos: Dominik Senn
teur et de câbles de connexion. Il assure une vision panoramique et latérale lors des changements de direction et d’autres opérations. Par exemple, si l’on clignote vers la droite, le moniteur affiche certes la vision panoramique, mais aussi l’image du côté droit. Ainsi, même si l’angle d’entrée dans une rue est plat, il est possible de voir simultanément la vision panoramique et une vue latérale, avant ou arrière. Cette fonction permet d’embrasser d’un coup d’œil la situation. Il en résulte une bien meilleure vision d’ensemble qu’avec un rétroviseur grand angle.
Alertes clignotantes
L’intelligence artificielle du système «Bird View» de Blaser rend possible l’analyse des images des caméras, soit la détection et la représentation dynamique des obstacles mobiles et immobiles (personnes, animaux et objets) et d’avertir le conducteur de tout danger aux alentours immédiats du véhicule par des alertes clignotantes à l’écran. Muni d’une caméra de chaque côté, le système peut calculer et générer une vue en 2D (uniquement par le haut) ou en 3D du véhicule et de son environnement. Même les capteurs de radars, optionnels peuvent être représentés sur l’image. «Les données ne sont pas enregistrées, il s’agit d’une évaluation en temps réel des points de l’image», explique Lukas Graf.
Le «Bird View» ne peut pas détecter des piétons et des objets sans son moniteur et son système de caméras. D’autres caméras remplissant cette fonction peuvent
être connectées aux moniteurs existants, de remplacement ou mis à niveau ultérieurement. Pour les applications spéciales, il existe des versions disposant de caméras optiques et thermiques dans un même boîtier avec lesquelles on peut détecter des personnes ou des animaux même dans l’obscurité totale ou en cas d’éblouissement (par exemple par des véhicules arrivant en sens inverse avec les phares allumés).
«Nous nous demandons si cette caméra peut repérer les animaux sauvages lors du fauchage, confie Lukas Graf. Nous effectuerons des tests pour le savoir lors de la prochaine campagne de fenaison.»
Efficacité et sécurité au travail «L’efficacité et l’augmentation de la sécurité au travail sont les principaux critères de décision pour l’installation de ces systèmes, indique Lukas Graf. «Ils contribuent à réduire les dommages matériels et corporels et à améliorer l’ergonomie.»
Un kit de mise à jour est disponible à partir d’environ 2500 francs, un prix comprenant le nécessaire calibrage initial du système. En revanche, le montage par un atelier de machines agricoles de confiance est en sus.
L’entreprise W. Blaser AG vient de remporter un appel d’offres avec son système de caméra à 360 degrés. Ces cinq prochaines années, le plus grand propriétaire de parc de véhicules de Suisse équipera ses camionnettes de livraison du «Bird View». Lukas Graf l’assure: «Nous par-
Pas de vente directe
Lukas Graf précise que les particuliers ne peuvent pas s’approvisionner directement auprès de W. Blaser AG, à Berthoud. L’entreprise ne fournit que des grossistes, des fabricants et importateurs de véhicules. Les clients privés sont redirigés vers un concessionnaire de machines agricoles de confiance.
tons du principe qu’une économie d’environ 30 pour cent sur les coûts des sinistres peut être réalisée sans problème, en particulier dans le domaine des véhicules de livraison.»
Remplacement des rétroviseurs extérieurs
Les rétroviseurs de tracteurs, en V et latéraux ainsi que leurs supports, aussi fabriqués par W. Blaser AG à Berthoud, sont conçus pour les véhicules agricoles, de voirie, de construction, spéciaux et utilitaires. Il existe déjà des solutions de remplacement qui, selon Lukas Graf, devraient bientôt conquérir le secteur agricole. Des caméras doubles à grand angle seront probablement installées à l’avenir sur les tracteurs, après l’avoir été sur les camions, à la place des rétroviseurs extérieurs saillants. Ces caméras doubles disposent bien sûr d’une amplification de la lumière résiduelle, mais aussi de LED infrarouges pour la vision nocturne. L’image est projetée sur l’écran installé sur le montant avant droit de la cabine.
Les autres secteurs clés de l’entreprise sont la fabrication de systèmes de marquage et d’éclairage, de roues jumelées, de barres lumineuses à LED esthétiques avec clignotants dynamiques et – tradition oblige –de pièces d’origine (feux arrière, de freinage, clignotants, de position et systèmes complets de rétroviseurs) pour les véhicules utilitaires Mowag, Saurer, Jeep, Steyr-Puch, Pinzgauer et Haflinger… La fabrication de séries allant jusqu’à 100 pièces se fait en principe en interne. Des entreprises partenaires basées dans les régions de Herzogenbuchsee, Sumiswald, Thoune et Berne sont mandatées pour des productions plus importantes.
Reportage | Plate-forme 01 2023 Technique Agricole 43
Le nouveau système de caméras doubles à grand angle remplacera-t-il les rétroviseurs dans l’agriculture?
La société Blaser est également réputée pour ses feux. Le collaborateur Roland Niederhauser est en train de réaliser un montage dans l’atelier.
Solution-miracle ou miroir aux alouettes?
Avec la forte dépendance de nos sociétés aux hydrocarbures, des kits limitant la consommation et les rejets dans l’environnement ont fleuri sur le marché. Exemple ici avec la société Swiss Energy Efficiency.
Matthieu Schubnel
Augmenter l’efficience énergétique d’un moteur thermique? Additifs, traitements de toute nature…, nombreuses sont les tentatives d’améliorer le rendement du moteur de tracteur, qui bien souvent ne dépasse pas 20 à 25 %. Cet objectif est recherché depuis des décennies, et plus encore depuis la montée en flèche des cours des carburants causée par les événements géopolitiques récents. La socié -
té jurassienne Swiss Energy Efficiency Sàrl fondée par l’ingénieur Christophe Royer propose depuis une dizaine d’années ses services de conseil en efficacité énergétique, en vantant gains économiques et respect de l’environnement. Elle installe ses solutions d’économie d’énergie «Swiss2e» sur tout équipement de production d’énergie ou de chaleur brûlant un hydrocarbure: chaudières, fours de
cuisson, séchoirs, incinérateurs, turbines à gaz, groupes électrogènes mais aussi l’ensemble des moteurs thermiques des véhicules terrestres, aquatiques ou aériens. Autant dire que le marché ciblé est considérable. Avec sa solution, l’entreprise annonce un «retour sur investissement en moins d’un an», une «espérance de vie [du moteur] rehaussée a minima de l’ordre d’un tiers» un «résultat minimal
Plate-forme | Contexte 44 Technique Agricole 01 2023
Selon son concepteur, la solution d’économie d’énergie «Swiss2e», adaptable sur tout tracteur agricole, ne remet en question ni la qualité ni le bon fonctionnement des équipements sur lesquels elle est installée. Photo: Agrarfoto.com (image symbolique)
d’économie [de carburant] de 6 %». Cerise sur le gâteau, Swiss Energy Efficiency va jusqu’à garantir ce niveau de réduction de consommation au travers d’un contrat. Charge toutefois au client de prouver que l’économie est inférieure à ce niveau espéré. La documentation commerciale, elle, promet des économies de diesel supérieures à 10 % dans le cas des engins agricoles. Mais de quelle solution-miracle s’agirait-il donc précisément?
Traitement magnétique
Sur son site Internet, Swiss Energy Efficiency explique le principe de fonctionnement de son procédé «Swiss2e». Le dispositif consiste à polariser le carburant avant sa combustion au moyen de puissants aimants permanents. Cette idée a d’ailleurs fait l’objet de dépôts de brevets, notamment aux Etats-Unis et en Allemagne au début des années 2000. Savamment qualifiés d’«Eco-Modules» et estampillées «Supertherm», les pièces magnétiques proposées par l’entreprise jurassienne sont installées de part et d’autre du conduit d’alimentation en carburant du moteur, afin d’optimiser la qualité du mélange hydrocarbure-oxygène et ainsi obtenir la meilleure combustion possible. Elles délivrent un champ magnétique agissant sur les molécules pour une réactivité supérieure. A la lecture de ces lignes, une question taraude probablement le lecteur: mais pourquoi cette solution ne fait-elle pas l’objet d’un programme de soutien de l’Office fédéral de l’énergie ou de l’environnement? Chacun pourra se faire sa propre idée sur la question.
L’avis de l’expert
Maître de conférences à la Haute école spécialisée bernoise en technique et informatique, le professeur Danilo Engelmann reste très prudent lorsqu’il est interrogé sur l’efficacité des solutions de réduction de la consommation de carburant disponibles sur le marché: «Nous recevons régulièrement des questions sur l’efficacité de ces systèmes, pour savoir par exemple si un traitement magnétique a un effet. Selon nous, à l’échelle macroscopique, ces solutions-miracles ne fonctionnent pas. Il ne s’agit pas réellement d’une solution pour l’agriculture. Les pages web décrivant ces systèmes ne présentent pas de vraie alternative. Le procédé souffre également d’une faute logique: on améliore le carburant mais l’ECU (electronic control unit pilotant le moteur) ne dispose d’aucune information sur les modifications apportées à ce carburant. Le fonctionnement d’une voiture avec un indice d’octane 95 en est un exemple: par rapport à de l’essence ordinaire, la
Le professeur Danilo Engelmann, du département Technique et informatique à la Haute école spécialisée bernoise, se montre sceptique quant aux technologies du marché promettant une baisse des besoins en carburant.
puissance délivrée par le moteur reste la même car l’ECU se comporte de façon indifférenciée avec l’un ou l’autre carburant qui alimente le bloc. Dans certains cas, il existe des résultats de tests menés en Afrique, en Asie… Mais nous ne disposons pas de références externes solides pour affirmer que ces traitements sur le carburant sont efficaces ou non.»
Innocuité probable des kits d’optimisation
Technique Agricole a sollicité un tractoriste pour connaître son avis sur les dommages éventuels causés par ces kits d’optimisation sur les moteurs. Yoann Gaillez, responsable du service Garanties pour l’Europe et le Moyen-Orient chez AGCO (marques Massey Ferguson, Fendt et Valtra notamment), indique ne pas avoir eu à ce jour de retour en garantie de tels systèmes montés sur les tracteurs. Selon cet interlocuteur, cette
absence de remontées n’est pas surprenante car ces kits ne sont pas proposés d’origine. Il est toutefois raisonnable de penser qu’une incidence négative de tels dispositifs sur le fonctionnement de moteurs de tracteurs couverts par la garantie constructeur serait à coup sûr remonté jusqu’aux oreilles du responsable. Nicolas Noël, engine module manager chez Massey Ferguson, n’était quant à lui pas disponible.
Contexte | Plate-forme 01 2023 Technique Agricole 45
Photo: BFH
Les aimants permanents (ici visibles sur cette vue en coupe) sont positionnés de part et d’autre du conduit de carburant approvisionnant le moteur. Photo: Christophe Royer
La solution «Swiss2e» comprend des aimants polarisant le carburant en amont de l’admission, un traitement censé améliorer sa combustion (ici un moteur euro 5). Photo: Christophe Royer
Noix bio: la recette du succès
Cela fait une bonne dizaine d’années que Johannes Janggen, de Malans (GR), a planté ses premiers noyers. Sa noyeraie compte aujourd’hui plus de 1200 arbres. Dans un entretien accordé à Technique Agricole, le président de la coopérative Swissnuss évoque les défis auxquels les nuciculteurs sont confrontés.
Ruedi Hunger
Johannes Janggen a fait des noix sa passion. Il n’en a pas toujours été ainsi. En 1992, notre maître agriculteur de Malans, dans la Seigneurie grisonne, a repris l’exploitation agricole de ses parents. Avec sa femme Maja et son fils cadet, qui vient de terminer son apprentissage d’agriculteur, il cultive en bio les 30 hectares de la ferme «Neuberg». Ces 30 dernières années, la ferme a beaucoup évolué, passant de la culture avec élevage laitier à la culture avec élevage de vaches allaitantes. Entretemps, des bœufs bio de pâturage ont pris la place des vaches allai
tantes. Plus de 1200 noyers ont été plantés au cours de cette décennie. La nuciculture est ainsi appelée à devenir une activité prépondérante. Le fils, Andres, fort de sa formation professionnelle, travaille déjà à la ferme, ce qui permet à Johannes Janggen de s’adonner entièrement à sa passion.
Technique Agricole : Qu’est ce qui vous a décidé à vous lancer dans la nuciculture?
Johannes Janggen: Je réfléchis depuis longtemps à une alternative à l’élevage.
Nous avons planté les premiers noyers en 2011, sans trop de connaissances préalables. J’ai donc dû me familiariser rapidement avec la nuciculture. Depuis lors, les choses vont bon train. Après avoir étudié les débouchés, nous avons dû organiser la récolte et la transformation. Comme chaque fois qu’on se lance dans une nouvelle branche, nous avons commencé par planter quelques arbres. Constatant que les débouchés ne manquaient pas, nous avons rapidement étendu les plantations. A ce jour, plus de 1200 noyers ont été plantés sur cinq hectares.
Plate-forme | Reportage 46 Technique Agricole 01 2023
Johannes Janggen a été photographié en octobre dernier au volant de sa récolteuse lors du ramassage des noix. Cette machine est spécialement configurée à cet effet. Photos: Ruedi Hunger
C’est en vain qu’on chercherait les vieux noyers aux larges couronnes, si caractéristiques du paysage autour des fermes et le long des chemins de desserte. Ils ont pour la plupart disparu.
En effet. Pour nous, la nuciculture n’est pas un simple passe-temps, mais une filière à part entière, dont nous devons assurer la rentabilité. Cette nouvelle activité n’a plus rien d’une production de niche. Il s’agit clairement d’une culture intensive. Jusqu’à une période récente, plus de 98 % des noix consommées en Suisse étaient importées. La situation est fondamentalement restée la même, la production indigène couvrant à peine 10 % des besoins. Il faut savoir que nous subissons la concurrence du marché mondial de plein fouet et ne sommes pas protégés
par nos frontières. Sans label bio et sans la bienveillance des consommateurs qui préfèrent les noix provenant de noyeraies régionales, même si en l’occurrence la «région» englobe la quasi-totalité du pays, la nuciculture a peu de chances d’atteindre le seuil de rentabilité. Pour revenir à votre question, nous avons opté pour la forme la plus basse des arbres haute tige. Ce choix a pour effet positif que les plus petits noyers sont aussi les premiers à produire.
A quel âge les noyers commencent-ils à produire et quand atteignent-ils leur production maximale?
Les noyers donnent un petit nombre de noix dès la première année. Nous préférons cependant les éliminer au cours des trois premières années, afin de favoriser
Prix Bio Grischun
pour sa capacité d’anticipation. Il a surtout été distingué pour ses mérites, ses idées audacieuses et ses efforts incessants en faveur de la noix bio des Grisons. En effet, l’octroi en septembre du label «Bourgeon Bio Gourmet» pour le «produit bio de l’année» 2022 a été un résultat indirect de ses efforts. Le vainqueur était en fait la tourte aux noix bio des Grisons de la boulangerie-pâtisserie «Meierbeck» à Santa Maria dans le Val Müstair. Depuis 2019, cet établissement s’approvisionne en noix chez Johannes Janggen.
le développement du bois. Il faut que l’arbre grossisse rapidement en volume. A partir de la dixième année, la production devrait être maximale. Je table sur un rendement compris entre 3,5 et 4,5 tonnes de noix par hectare.
Revenons à la noix et à la nuciculture. Quels sont les sols, le climat et l’altitude de prédilection du noyer?
Le noyer a approximativement les mêmes exigences climatiques que la vigne. A l’égard du sol, le noyer sera ce -
Reportage | Plate-forme 01 2023 Technique Agricole 47
La récolte de cette année se chiffre à 1,5 à 2 tonnes par hectare. Le rendement maximal est d’environ 9 tonnes par hectare.
L’emballage constitue la dernière étape durant laquelle les cerneaux sont mis sous vide. Auparavant, nous vérifions soigneusement que tous les morceaux de coques ont été enlevés.
Cette décortiqueuse achetée par Johannes Janggen aux USA est la plus grosse de ce type en service en Suisse. Les cerneaux sont séparés des résidus de coque et triés selon la taille.
Début février 2022, l’agriculteur Johannes Janggen de Malans s’est vu décerner le prix Bio Grischun (soit bio des Grisons)
pendant plus exigeant, notamment en ce qui concerne la profondeur de l’horizon de surface. Au sud des Alpes, les noyers se rencontrent au-delà de 1000 mètres d’altitude, par exemple dans le val Poschiavo.
Y a-t-il des différences de sensibilité au gel, de maturation ou de qualité des noix entre les variétés?
C’est effectivement le cas. Entre variétés précoces et tardives, l’écart peut atteindre trois semaines, un temps qui risque d’être décisif en cas de gel printanier. La variété tardive, qui est notre variété principale, n’a encore jamais subi de dommages à cause du gel. On ne peut pas en dire autant de la variété précoce. Les variétés tardives sont aussi celles qui arrivent à maturité en dernier, au point qu’entre les travaux de récolte, de transformation et d’emballage, nous avons du mal à suivre le rythme en automne. La qualité des noix dépend moins de la variété que de la récolte, du lavage et du séchage.
La coopérative «Swissnuss», dont le siège se trouve à Malans, a été fondée en 2018. Qui sont ses sociétaires? Assez parlé de notre nuciculture. Passons à la coopérative: Swissnuss a été fondée conjointement par des producteurs de notre région, du val Poschiavo, de la vallée saint-galloise du Rhin et du canton de Lucerne. L’objectif déclaré était de regrouper l’offre. La forme de la coopérative permet de concentrer la création de valeur entre les mains des producteurs de
«Nous tablons sur une production régionale proche de la nature et des distances de transport réduites.
noix et de leurs clients. En même temps, il a été question de créer un centre de transformation, à même de garantir la qualité des noix par des méthodes de travail véritablement professionnelles. En tant que président de la coopérative c’est aussi à moi qu’il appartient de diriger la production.
La récolte des noix est mécanisée. La récolteuse est-elle une machine standard?
Les noix ne devraient pas être laissées au sol plus de trois jours, sous peine de pertes qualitatives. Nous les ramassons avec une récolteuse conçue par un constructeur français. La machine de base peut aussi récolter d’autres fruits. En l’occurrence, elle est spécialement configurée pour la récolte des noix. Nous l’utilisons en commun avec des producteurs de la vallée saint-galloise du Rhin. Après la récolte, les noix sont lavées, nettoyées, puis séchées. Elles peuvent ensuite être stockées en attendant leur transformation.
Votre exploitation de Malans héberge à la fois le centre de compétences de Swissnuss et celui de transformation de noix. Comment avezvous procédé?
Ce n’est pas parti d’une intention, c’est arrivé comme ça. Je suis fier d’annoncer que nous avons actuellement la décortiqueuse de noix la plus moderne de Suisse. La machine provient de Californie, autrefois un haut lieu de la nuciculture. La décortiqueuse proprement dite est un composant relativement petit, mais néanmoins important, de toute l’installation. Selon le produit reçu, elle doit être adaptée au calibre à traiter. La séparation des cerneaux de la coque a lieu en plusieurs étapes. Les débris de coque sont éliminés à l’aide d’un séparateur photo-optique, grâce à un procédé pneumatique. Une inspection manuelle est indispensable avant l’emballage. Nous
nous faisons un point d’honneur de ne jamais emballer de débris de coque avec les cerneaux.
Quel est le tonnage de noix transformées annuellement dans l’installation, et à qui sont destinées les noix? Cette année, nous avons traité environ 35 tonnes, mais l’année prochaine nous espérons arriver à 50 tonnes, si tout va bien. Nous fournissons principalement des boulangeries-pâtisseries ou des clients utilisant les noix pour une activité annexe. Notre objectif est naturellement de produire un maximum de noix indigènes pour la fabrication de spécialités telles que la tourte aux noix des Grisons. La tâche s’annonce ardue. Surtout avec la grande distribution, il peut être difficile de trouver un terrain d’entente. En effet, le prix mondial se situe entre 11 et 17 francs par kilo, tandis que nos produits sont quatre ou cinq fois plus chers. Notre principal argument commercial ne sera donc pas le prix, mais plutôt une production régionale proche de la nature et des distances de transport réduites.
Une dernière question: vous est-il arrivé de douter de la réussite de votre entreprise?
Je n’irais pas jusqu’à parler de doute, mais les phases difficiles n’ont pas manqué [il rit].. Ne dit-on pas que les difficultés sont là pour être surmontées?
Plate-forme | Reportage 48 Technique Agricole 01 2023
Le dispositif d’ensachage des coques de noix est au premier plan, devant le bâtiment qui abrite le centre de transformation de la coopérative Swissnuss.
Mots croisés
Gagnez ce sac à dos ainsi que son contenu, d’une valeur globale de CHF 80.–
Définitions
Horizontalement
1 Répartition non uniforme des intrants dans la parcelle 2 La mienne 3 Pouvant être labouré 4 Rame 5 Envie de vomir 6 Arachnide minuscule 7 Unité pour quantifier le bétail 8 Qui exprime la gaieté 9 Abri des Indiens d’Amérique 10 Justicier masqué à cheval 11 Meilleur ami de l’Homme 12 Là 13 Composante du cycle de l’azote assimilable par les plantes 14 Gros rongeur 15 Poisson d’eau douce courant 16 Utile pour une énigme 17 De même conformation 18 Interjection pour interpeller 19 Equipement servant à abaisser la température 20 Suite d’actions ordonnées répétées régulièrement 21 Cri de dérision poussé par un groupe de personnes 22 Unité de mesure de superficie 23 Monnaie communautaire 24 Alimenter les cultures en eau 25 Ancienne station fédérale de recherches agricoles
Verticalement
Notion décrivant le déplacement de charges
Phénomène météo craint lors de la récolte
Alcool de cerise
Recette de bœuf mariné 30 Pronom personnel sujet de la 2e personne du singulier
Elle au masculin
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Le mot à découvrir en décembre était: HYDROGÈNE
Le gagnant est: Jean Christen, Les Petites-Crosettes 9, 2300 La Chaux-de-Fonds (NE)
33 Rendre pur 34 Défavorisé 35 Composant de la matière
Expulser d’un seul coup
Appenzell Rhodes-Intérieures
Maladie neurodégénérative
Intelligence artificielle 40 Rythme de déplacement à allure constante 41 Lieu de production d’ovules 42 Technologie exploitant les rayons du proche infrarouge 43 Copie de l’ADN matrice 44 Publier et mettre en vente 45 Pissoir 46 Unité de formation 47 Célèbre marque de champagne 48 Masquera 49 Prénom d’une déportée juive auteure d’un journal 50 Petit papillon capable d’endommager des vêtements 51 Récompense d’une loterie
A gagner:
• Un sac à dos Motorex «Lifestyle Collection»
• Un spray universel de graissage et de protection contre la corrosion «Intact MX 50» (500 ml)
• Un spray d’imprégnation pour textiles et cuir «Protex» (500 ml)
Grille élaborée par Matthieu Schubnel
36
37
38
39
A 3 34 4 B 5 36638 40 C 7 8 43 D 9 33 10 50 K 28 11 12 48 E 13 30 35 4414 E 15 16 F 17 18 19 31 20 51 21 2237 23 46 GH 24 25 J Mot-mystère ABCDEFGHJK
26
27
28
29
31
32 Grande
126272932 3941 42 4524749
90 brebis laitières. Et 1 Lindner
Pour Martin Furrer, de Pfeffikon (LU), l’élevage de brebis laitières est une production de niche assortie à son exploitation relativement petite de la zone préalpine des collines. Le Lindner «Geotrac 70» lui sied de même.
Dominik Senn
Le domaine de Martin Furrer, au lieu-dit Eichbühl à Pfeffikon (LU), se trouve en zone préalpine des collines. Ses parcelles sont morcelées. Une grande partie des 23,5 hectares de surface agricole utile est très accidentée, et les terres ouvertes ne représentent que quelque 6 hectares. Il y fait pousser du maïs, de l’épeautre pur, du colza et des pommes de terre pour la vente directe.
La production laitière assurée par quelques vaches tournait au ralenti. Le trac-
teur principal pour les travaux des champs et des cultures fourragères était un Landini «6500 DT» de 1980. Un Fiat «45-66 DT» neuf l’a rejoint quelques années plus tard. «Dès le moment où j’ai repris l’exploitation, j’ai eu conscience que je devais la modifier, améliorer sa rentabilité pour nourrir ma famille», confie l’homme de 55 ans marié à Sibylle, née Rohrer. Né en 2001, Tobias est le plus âgé des quatre enfants du couple. Il a effectué un apprentissage de mécanicien en machines
agricoles; pour l’heure, il a repris une formation pour devenir agriculteur. Ce sera son deuxième métier.
Converti à l’élevage d’ovins laitiers Les Furrer ont trouvé un peu par hasard la solution pour assurer leur avenir, les brebis laitières. Ils ont commencé en 2008 avec quelques bêtes sur litière profonde dans un hangar, traitées à la main. «Du volume de lait écoulé dépendait le nombre de têtes que nous gardions.» Lorsque l’acheteur se mit à demander des quantités plus élevées, l’investissement dans une bergerie s’imposa. Les brebis ont pris possession de ces lieux en 2012; elles sont maintenant 90 qui produisent chacune en moyenne 400 litres par an. Cet effectif est complété par des jeunes bêtes et des agneaux à l’engrais. La «Fläcke-Chäsi GmbH», une fromagerie en sàrl à Beromünster (LU), est une fidèle cliente. «Cette production de niche convient mieux à notre ferme que les vaches laitières», explique Martin Furrer. En plus des grandes cultures, le bois de feu, préparé avec des billes achetées à port de camion, apporte un complément de revenu, tout comme le service hivernal que la famille Furrer assure depuis plus de 50 ans pour la commune lucernoise.
De Landini à Lindner
Martin et Tobias Furrer font eux-mêmes les travaux pour la production des céréales et du fourrage, sauf le battage et l’ensilage. Pour remplacer le Landini, l’occasion se présenta d’acheter un Lindner «Geotrac 70» de démonstration avec relevage et prise de force avant. Vinrent ensuite s’y ajouter une faucheuse frontale de 3 mètres et un conditionneur arrière. Les Furrer étaient dès lors en mesure de faucher eux-mêmes leurs prairies. Pourquoi avoir changé de marque de tracteur? Pour une raison toute simple: l’atelier de réparation de machines agricoles Sebastian Müller AG à Rickenbach (LU), le village voisin, venait aussi de changer de marque. Et Martin Furrer d’expliquer qu’il ne voulait pour rien au monde renoncer à ses prestations et à son service de piquet. Depuis 2002, le Lindner s’attelle à tous les travaux lourds: labours, hersage, pressage de petites bottes, fenaison, épandage du fumier. C’est un «valet» de toute confiance, qui travaille de 400 à 450 heures par an sur l’exploitation de l’Eichbühl. Il roule de nombreuses heures sur la route, car certaines parcelles sont très éloignées de la ferme. Ce tracteur totalise un peu moins
Passion | Youngtimer 50 Technique Agricole 01 2023
Tobias et Martin Furrer posent à côté du Lindner «Geotrac 70» sur leur exploitation de l’Eichbühl, à Pfeffikon (LU). Photo: Dominik Senn
de 8000 heures au compteur. Le Fiat, lui, est affecté à la herse, à l’andaineur, au pulvérisateur, au semoir, à l’épandeur d’engrais. Avec sa pelle frontale, c’est un tracteur de ferme formidable.
Agile, puissant, mais petit porteur Martin et Tobias Furrer apprécient surtout la maniabilité du Lindner «Geotrac 70», tout comme son aptitude à circuler dans les pentes, qu’il doit à son centre de gravité proche du sol et aux pneumatiques bien dimensionnés, confirment nos deux hôtes à l’unisson. Le passage des vitesses de la transmission 16AV/8AR est aisé et on a bien en main le levier en croix pour piloter la lame à neige. Les deux conducteurs abordent aussi les points négatifs. La charge utile d’1 tonne (3,5 tonnes à vide et 4,5 tonnes de poids total) leur paraît trop faible. Avec la faucheuse frontale et le conditionneur arrière, cette charge maximale est déjà atteinte. De plus, la course du relevage arrière est un peu juste.
Déclencheur 4 × 4 fait maison
Le fait que Tobias, mécanicien en machines agricoles, soit débrouillard est plus qu’appréciable. Il entretient et répare presque en totalité les machines du parc. En apprentissage, il a conçu et construit avec un camarade un déclencheur automatique agissant sur la commande électrique de la transmission intégrale. Ce dispositif est venu équiper le Lindner. Des capteurs mesurent le degré de braquage de l’essieu avant. Au-delà d’un angle prédéfini, un relais est actionné qui désactive l’entraînement du pont avant pour ne pas endommager la couche herbeuse. On peut aussi verrouiller cette désactivation. Le père, Martin Furrer, ne manque pas de talents manuels non plus. Il l’a montré en fabriquant un lest frontal de 300 kilos arborant le logo Lindner; il rend de bons services notamment lors des transports et des travaux aux champs.
La gamme «Geotrac»
A Kundl, le constructeur autrichien Lindner, une entreprise familiale, fabrique depuis 1948 des tracteurs et des engins de transport pour l’agriculture de montagne et la production fourragère, ainsi que des véhicules à usages communal et forestier. En 1996, il a commercialisé ses modèles «Geotrac 50», «60», «70» et «80».
Ils offraient une visibilité bien dégagée qui leur servait en quelque sorte d’étendard. Ils réservaient aussi des surprises sous leurs capots. En effet, ils étaient dotés de moteurs Perkins de la série «1000»; le «Geotrac 70» s’offrait ainsi un 4-cylindres de 4 litres développant 74 chevaux et un couple de 274 Nm. En 1999 fut lancé le «Geotrac 100» de 98 chevaux. Les «Geotrac 60», «70» et «80» ont fait place en 2001 aux «Geotrac 65», «75» et «85» revus et complétés. Les «Geotrac 83» et «93» ont été mis sur le
marché en 2002. Ils étaient équipés d’une nouvelle transmission ZF à rapports enclenchables sous charge. La maison présenta en 2003 le modèle «Geotrac 73 A». Au printemps 2004, ce fut le «Geotrac 63 Alpin». En 2007 arrivait la gamme «Geotrac 4», fournissant de 106 à 126 chevaux. En 2009, l’entreprise dévoila, avec le «Geotrac 94», le premier modèle «Geotrac» de la gamme «4 Alpin». Elle s’enrichit en 2010 des modèles «Geotrac 64», «74» et «84». Lindner a sorti, en 2012 avec le «84ep Geotrac», le premier des «Geotrac-ep».
Le nouveau «Lintrac 110» est sorti d’usine en 2017, suivi par d’autres «Lintrac» («80», «100», «130», «75 LS», «95 LS» et «115 LS»).
Les modèles «Lintrac LS» avec transmission à rapports enclenchables sous charge sont les successeurs de la gamme «Geotrac» dont la fabrication a cessé en 2021.
Youngtimer | Passion 01 2023 Technique Agricole 51
Le capteur en butée des roues avant, que Tobias Furrer a lui-même installé, désactive automatiquement la transmission intégrale.
Les Furrer assurent le service hivernal de la commune de Pfeffikon depuis plus de 50 ans. Ici, au moyen d’une lame à neige Hunziker. Photo: Tobias Furrer
Le «Geotrac 70» et la remorque doseuse de FH Hüsler AG, de Rickenbach (LU). Photo: Tobias Furrer
Le «Swiss Innovation Award» attribué à une griffe à fourrage
Près de 7000 lecteurs de Technique Agricole et visiteurs de l’Agrama l’ont décidé: la griffe à fourrage autonome mise au point par Bächtold Landtechnik a décroché le «Swiss Innovation Award 2022».
Roman Engeler
Pour la troisième fois déjà, les constructeurs participant à l’édition 2022 de l’Agrama ont été invités par Technique Agricole à inscrire les nouveautés qu’ils exposeraient au concours «Swiss Innovation Award». La condition indispensable énonçait que le produit devait être à la fois inédit (jamais exposé auparavant) mais aussi conçu, développé et fabriqué en Suisse.
Le jury a opéré une sélection parmi les 25 dossiers reçus et nominé sept innovations. Ces dernières ont été présentées en détail dans l’édition de novembre 2022 de Technique Agricole. La rédaction a convié ses lecteurs et les visiteurs du salon à élire leur favori. En votant, ils participaient automatiquement au concours et avaient une chance de gagner l’un des trois prix exclusifs.
Bächtold Landtechnik se hisse à la première place
Plus de 7000 personnes ont pris part à cette édition, contre 4000 en 2018. Le dépouillement des talons n’a dès lors pas été une mince affaire pour l’équipe chargée de ce travail. Les innovations nominées se sont livrées à une bataille au coude-à-coude pour le podium. Le suspense a duré jusqu’à la toute fin du
52 Technique Agricole 01 2023 ASETA | Agrama
Le diplôme du «Swiss Innovation Award» est remis à Andreas Wittwer et Philipp Loosli, les propriétaires et directeurs de l’entreprise Bächtold Landtechnik AG. Photos: Roman Engeler et Heinz Röthlisberger
comptage des votes. En définitive, la griffe à fourrage de Bächtold Landtechnik, de Menznau (LU), a arraché la première place d’une courte tête, devant la rampe d’épandage de lisier «Schleppfix» de Brunner Spezialwerkstatt, de Schwarzenbach (SG) et la faucheuse automotrice «Cutaro», développée par ARB-Tec, de Sempach (LU). La quatrième position est occupée par la faucheuse à deux essieux «SKH 60» de Rigitrac qui se laisse quelque peu distancer. Viennent ensuite la barre de coupe «Rubin» de Rapid Technic, la remorque autochargeuse «Swiss Master +» de Lüönd et le monoaxe électrique autonome «Amea» d’Altatek. Les propriétaires de Bächtold Landtechnik ont reçu le diplôme du «Swiss Innovation Award» peu avant Noël.
La griffe à fourrage autonome Bächtold a développé la première griffe à fourrage de Suisse capable d’exécuter ses fonctions sans l’aide d’un opérateur. Dès que l’agriculteur a quitté la zone de sécurité et confirmé auprès du centre de commandes la possibilité de débuter le travail, la griffe commence en toute autonomie à saisir le foin et à le transporter jusque dans la cellule de stockage. La préhension des quantités récoltées est faite automatiquement et implémentée dans le processus. Le pilotage définit un déroulement optimisé et le positionnement de la grue. Afin de ne pas effectuer de trajets superflus, le degré de remplissage de la griffe est surveillé et éventuellement complété d’une seconde prise dans la zone de déchargement.
Trois prix pour trois gagnants
En votant pour le «Swiss Innovation Award», on pouvait gagner l’un des prix suivants, indépendamment du choix opéré.
Tronçonneuse Stihl «MSA 300» à batterie, avec chargeur Josef Brun, de Schüpfheim (LU), a remporté la tronçonneuse à batterie «MSA 300» de Stihl. C’est actuellement la plus puissante du marché. Des performances élevées alliées à trois modes de fonctionnement autorisent sûrement un travail d’abattage, d’ébranchage ou de sciage optimal. La construction élancée et la maniabilité de l’appareil, l’excellent équilibre et le système anti-vibrations offrent une excellente ergonomie, même en utilisation prolongée. Cette tronçonneuse est munie d’un panneau de commandes et d’information intuitif avec affichage LED. Elle possède un filtre à air de refroidissement intégré ainsi qu’un écrou imperdable sur le cache du pignon d’entraînement de la chaîne.
Kärcher «HD 13/18-4 SX Plus» Josiane Michaud d’Orbe (VD) a gagné un nettoyeur haute pression à eau froide Kärcher «HD 13/18-4 SX Plus». Cet appareil puissant et mobile est doté d’un moteur triphasé et du réglage «Servo Control». Il convainc par ses performances impressionnantes et sa souplesse d’utilisation. Avec sa pression de service de 180 bar pour un débit de 1300 l/h, le «HD 13/18-4 SX Plus» répond au large éventail d’applications dans l’agriculture. L’enrouleur bilatéral facilite le maniement du flexible. Le constructeur promet un travail sans fatigue avec le pistolet haute pression «Easy!Force». Des économies d’énergie et de temps devraient être réalisées en ayant recours aux attaches rapides «Easy!Lock».
Lot de quatre outils à batterie de Milwaukee/Winkler
Un lot de quatre outils comprenant une meuleuse d’angle, une perceuse-visseuse et deux boulonneuses avec trois accumulateurs de Milwaukee/Winkler était destiné au troisième gagnant. David Andrey, de Liebistorf (FR), a lui aussi été désigné par la main innocente de Corinne Wölfli, responsable de la comptabilité et de la gestion des membres à l’ASETA.
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Marcel Sutter (Kärcher Suisse, à g.) et Roman Engeler, directeur de l’ASETA, remettent à Josiane Michaud le nettoyeur à haute pression «HD 13/18-4 SX Plus».
Un objet très recherché sur le stand de l’ASETA: l’urne recueillant les votes pour désigner le «Swiss Innovation Award».
David Andrey (à d.) reçoit le coffre contenant le lot d’outils à batterie des mains de Heinz Röthlisberger, rédacteur à Technique Agricole
Urs Basler (chef régional des ventes de la marque Stihl, à g.) indique à Josef Brun comment fonctionne la tronçonneuse à batterie «MSA 300».
Corinne Wölfli a eu l’honneur de tirer au sort les trois gagnants parmi les 7000 bulletins retournés.
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Assemblées générales
SH
Jeudi 12 janvier 2023, 20 h Restaurant «zum alten Schützenhaus», Schaffhouse
SO
Mardi 24 janvier 2023, 10 h 30
GE
Mercredi 25 janvier 2023, 10 h 30 Salle communale, Jussy
ZG
Jeudi 26 janvier 2023, 19 h 45 Restaurant «Schnitz und Gwunder», Steinhausen
VD
Vendredi 3 février 2023, 10 h 15 Bioley-Orgulaz
GR
Mercredi 8 février 2023, 20 h Plantahof, Landquart
FR
Jeudi 16 février 2023, 9 h 30 Auberge du Lion d’Or, Siviriez
NW
Mardi 28 février 2023, 20 h
Agro-entrepreneurs Suisse
Vendredi 3 mars 2023 Bucher Landtechnik AG, Niederweningen
JU JB
Samedi 4 mars 2023, 10 h Glovelier
SZ UR
Jeudi 9 mars 2023, 20 h Markthalle, Rothenturm
Communications
ZH
Contrôle des installations électriques, offre avantageuse pour les membres de l’ASETA
Les installations électriques à basse tension sont soumises à un contrôle lors de la transformation ou de la construction d’un bâtiment. Un contrôle des installations doit en outre être effectué à intervalles réguliers: tous les dix ans dans les étables et les granges ainsi que tous les vingt ans dans les bâtiments d’habitations. Vous pouvez choisir vousmême l’organe de contrôle. C’est pourquoi la section zurichoise de l’ASETA a élaboré conjointement avec la société IBG une offre très intéressante pour ses membres.
Renseignements et inscription: www.strickhof.ch
GL
Permis de catégorie G
Durant l’hiver 2023, la section glaronaise de l’Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture (ASETA) proposera à nouveau des cours de formation en vue de l’obtention du permis de catégorie G (qui permet aussi de conduire des cyclomoteurs), suivis des examens théoriques organisés par l’office cantonal de la circulation routière. Les jeunes gens qui auront 14 ans en 2023 (nés en 2009 ou auparavant) peuvent les suivre. Les participants plus jeunes ne seront pas admis. Si les inscriptions sont assez nombreuses, les cours seront organisés à Schwanden.
Prix: CHF 70.– (documents de théorie et clé USB didactique inclus) pour les membres de la section glaronaise (CHF 95.– pour les non-membres), encaissés le premier jour de cours par le responsable. Les frais de dossier, d’examens et de permis (non compris dans le prix du cours) s’élevant respectivement à CHF 30.–, CHF 30.– et CHF 65.– sont facturés par l’office cantonal de la circulation routière.
Renseignements et inscription: demander les formulaires blancs à Hans Popp, Karrersholz 963, 9323 Steinach, 071 845 12 40, hanspopp@ bluewin.ch). S’inscrire et les envoyer dûment remplis jusqu’au 10 janvier à l’adresse Stras senverkehrsamt Glarus, Mühlestr. 17, 8762 Schwanden.
Cours 1 (groupe nord)
Schwanden StVA 14.01.2023 de 8 h 15 à 12 h Schwanden StVA 11.02.2023 de 8 h 15 à 12 h Schwanden StVA 11.03.2023 de 13 h 30 à 17 h 15
Cours 1 (groupe sud)
Schwanden StVA 14.01.2023 de 13 h 30 à 17 h 15
Schwanden StVA 11.02.2023 de 13 h 30 à 17 h 15 Schwanden StVA 11.03.2023 de 8 h 15 à 12 h
LU
Offre de cours actuelle
E xamen théorique de cyclomoteur ou de tracteur: les cours de préparation à l’examen théorique des permis de conduire de cyclomoteur ou de tracteur ont lieu le mercredi après-midi. Tarif des cours incluant la plateforme d’apprentissage en ligne (24 cartes de théorie): CHF 70.–pour les membres et CHF 90.– pour les non-membres.
Dates des prochains cours:
Mercredi 25 janvier, au BBZN d e Sursee, de 13 h 15 à 17 h 30; Mercredi 1er mars, au BBZN de Sursee, de 13 h 15 à 17 h 30.
Sections | ASETA 01 2023 Technique Agricole 55
Cours G40 organisé par l’ASETA sur les sites de Hohenrain, Willisau, Schüpfheim et Sursee (site www.agrartechnik.ch: Fahrkurs-G40)
Examen théor. scooter ou voiture: préparation en ligne pour CHF 24.–
Cours de base scooter ou moto: à Büron et à Sursee. Prix du cours en trois parties: CHF 450.– pour les membres et CHF 480.– pour les nonmembres. Les prochains cours auront lieu en avril 2023 et sont en cours de planification. Ils seront publiés sur le site www.lvlt.ch.
Cours de théorie sur le trafic routier: à Sursee. Prix: CHF 220.– pour les membres, CHF 240.– pour les non-membres. Les prochains cours auront lieu en mai 2023. Ils seront publiés sur le site www.lvlt.ch et n’auront lieu que si le nombre de participants est suffisant.
Informations et inscription: (sous réserve de changements de lieux, de contenu, de prix ou de durée de cours): auto-école de la LVLT, Sennweidstrasse 35, 6276 Hohenrain, tél. 041 467 39 02, fax 041 460 49 01, info@lvlt.ch.
SG AR AI GL
Formation sur les transports d’animaux
Mardi 24 janvier et mercredi 15 février, de 8 h à 16 h 30 Ecole professionnelle de Ziegelbrücke
La formation non reconnue OACP doit impérativement avoir été suivie (et est à renouveler tous les trois ans) dès que l’on effectue un transport de bétail pour des tiers pour satisfaire à la loi fédérale sur la protection des animaux. Elle est valable avec des véhicules d’un poids total inférieur à 3,5 tonnes. Elle s’adresse aux personnes au bénéfice d’une formation spécifique indépendante d’une formation professionnelle.
L’attestation de cette formation est nécessaire pour effectuer des transports d’animaux avec une Jeep tractant une remorque ou des véhicules de livraison. Un permis de conduire de catégorie B ou BE est requis.
Prix: CHF 270.– (attestation et repas de midi inclus) pour les membres de la VLT-SG et CHF 300.– pour les non-membres.
La formation reconnue OACP est nécessaire pour effectuer des transports d’animaux avec un camion. Un permis de conduire de catégorie C ou CE est requis.
Prix: CHF 360.– (attestation et repas de midi inclus) pour les membres de la VLT-SG et CHF 390.– pour les non-membres.
Les cours n’ont lieu que si le nombre d’inscriptions est suffisant. Si l’un d’entre eux devait être annulé, les participants seraient répartis dans d’autres cours. S’ils rencontrent un succès dépassant les prévisions, d’autres dates seront ajoutées. Chaque participant recevra la liste des personnes qui suivent le cours, accompagnée de la facture au moins une semaine avant le début du cours. En cas d’annulation après la réception de la confirmation, entre sept et un jours avant le début du cours, des frais de dossier de CHF 100.– seront perçus. En cas d’absence non justifiée, le montant total du cours sera facturé. Seules les annulations parvenues à la VLT-SG par écrit seront prises en compte.
Inscription: préciser s’il s’agit d’une formation reconnue OACP ou non, et indiquer le n° de la «FAK» à 12 positions, auprès de la VLT-SG, Eliane Müller, Riethof 1, 9478 Azmoos, info@vlt-sg.ch, 081 783 11 84; consulter le site www.vlt-sg.ch pour de plus amples informations.
Cours et examens théoriques de permis de tracteur
Dans les cantons de Saint-Gall et d’Appenzell, l’examen en vue de l’obtention du permis de conduire des véhicules agricoles peut être passé au plus tôt, respectivement un mois et trois mois avant le 14 e anniversaire, tandis que tous les natifs de l’année 2008 (ou des années précédentes) peuvent s’y présenter dans le canton de Glaris.
Prix: CHF 70.– pour les membres; CHF 95.– pour les non-membres, CD didactique avec des questions d’examen et des fiches de travail inclus. Renseignements et inscription: auprès du responsable du cours Hans Popp, Karrersholz 963, 9323 Steinach, 071 845 12 40 ou hanspopp@bluewin.ch
Lieu
1er jour 2e jour + examen Après-midi Après-midi
Wittenbach, Oberstufenzentrum Me 11.01.2023 Rorschach, Aula Schulh. Burghalde/StVA 15.02.2023 St. Peterzell, Schulhaus Me 25.01.2023 SG-Winkeln, Kath. Pfarreiheim, Winkeln/StVA 22.02.2023
Neu St. Johann, Klostergebäude Sa 04.02.2023 Kaltbrunn Rest. Löwen/StVA Kaltbrunn 08.03.2023
Niederbüren, Schulh. Probelokal Me 08.02.2023 SG-Winkeln, Kath. Pfarreiheim, Winkeln/StVA 15.03.2023
TG
Cure thermale à Bad Birnbach
Du samedi 14 au samedi 21 janvier 2023
Du samedi 21 au samedi 28 janvier 2023
Du samedi 28 janvier au samedi 4 février 2023
Bad Birnbach (Allemagne) se trouve à 45 km de Passau. La station propose 31 différents établissements thermaux, où la température de l’eau oscille entre 24 et 40° C. L’hôtel de première classe offre des chambres spacieuses et confortables, un accès chauffé aux bains, un cabinet de physiothérapie, un espace bien-être, un salon-bar et un restaurant. Prestations comprises: trajets incluant le buffet du petit-déjeuner à l’aller et le goûter au retour, 7 nuitées dans l’hôtel 4 étoiles wellness Chrysantihof avec demi-pension (repas à quatre plats, buffet de salades et plateau de fromages), 8 cartes journalières donnant accès à toutes les infrastructures des thermes Rottal avec sauna (bain possible les jours d’arrivée et de départ) et une excursion.
Prix de 7 nuitées en demi-pension: CHF 1350.– la chambre standard au rez-de-chaussée / galerie; CHF 1050.– la semaine supplémentaire, CHF 120.– de supplément pour chambre individuelle. L’assurance est à la charge des participants. En cas d’annulation, les frais seront facturés. Inscription: avec l’indication des dates du séjour, du type de chambre, du nombre de personnes et du lieu de départ souhaité à l’adresse VTL/ Landtechnik, Weierhofstrasse 9, 9542 Münchwilen, 071 966 22 43, info@tvlt.ch.
Excursion printanière de la section TG
Mardi 14 février, dès 6 h 10 visite de l’«Aemme Shrimp» et de la société Wyss, à Ittigen (BE) Après le trajet en car et une pause-café, les participants se rendront le matin à l’«Aemme Shrimp» de la famille Kunz à Berthoud (BE). L’exploitation a été convertie à la production de crevettes. L’après-midi sera consacré à la visite de la société Wyss à Ittingen, sise au bord de l’autoroute, peu avant la ville de Berne. Celle-ci inclut un élevage, une installation de biogaz, une grande entreprise et fait partie d’une communauté d’ensilage avec le domaine de l’Inforama Rütti, à Zollikofen. Une pause culinaire est encore prévue lors du trajet de retour. Lieux de départ possibles: Amriswil à 6 h 10, Sulgen à 6 h 25, Weinfelden à 6 h 35 et Frauenfeld à 7 heures.
Prix: CHF 130.–, (trajets, visites, en-cas et repas inclus)
Inscription: le plus rapidement possible, le nombre de participants étant restreint, dernier délai le vendredi 27 janvier en précisant le nombre de personnes et le lieu de départ à l’adresse suivante: Geschäftsstelle VTL/ Landtechnik, Markus Koller, Weierhofstrasse 9, 9542 Münchwilen, 071 966 22 43, info@tvlt.ch.
ASETA | Sections 56 Technique Agricole 01 2023
Formation pour le permis F/G
Les jeunes filles et jeunes gens doivent suivre des cours de théorie en vue de l’obtention du permis de conduire de catégorie F/G. L’examen réussi donne le droit de conduire, sur la voie publique, des véhicules à moteur agricoles dont la vitesse maximale est de 30 km/h. Pour plus d’informations, consultez le site www.fahrkurse.ch.
AG
Contact: Yvonne Vögeli, Strohegg 9, 5103 Wildegg, 062 893 20 41, sektion.ag@agrartechnik.ch (possibilité d’inscriptions à court terme)
BL, BS
Contact: Marcel Itin, 076 416 27 13, marcelitin@gmx.ch
BE Contact: Peter Gerber, 031 879 17 45, Hardhof 633, 3054 Schüpfen, www.bvlt.ch
FR Contact: AFETA, Samuel Reinhard, route de Grangeneuve 31, 1725 Posieux, samuel.reinhard@fr.ch, 026 305 58 49
GR
Contact: Gianni Largiadèr, 081 322 26 43, 7302 Landquart, foehn@ilnet.ch, www.svlt-gr.ch
NE Contact: Bernard Tschanz, chemin du Biolet, 2042 Valangin, bernardtschanz@net2000.ch
GL
Contact: Hans Popp, 071 845 12 40, Karrersholz 963, 9323 Steinach, hanspopp@bluewin.ch
SH Contact: VLT-SH, Geschäftsstelle, Adrian Hug, Schüppelstrasse 16, 8263 Buch, 079 395 41 17, www.vlt-sh.ch
SO
Contact: Beat Ochsenbein, 032 614 44 57, ochsebeis@bluewin.ch
SZ, UR
Contact: Floriana Kälin, Geschäftsstelle VLT Schwyz und Uri, 055 412 68 63, 079 689 81 87, info@glarnernbeef.ch
TG
Contact: VTL/Landtechnik, Markus Koller, 071 966 22 43, Weierhofstrasse 9, 9542 Münchwilen
VD
Lieu de cours: Oulens-sous-Échallens
Contact: ASETA – Section vaudoise, Virginie Bugnon, chemin de Bon-Boccard, 1162 Saint-Prex, v.bugnon@bluewin.ch
ZG
Contact: Beat Betschart, 041 755 11 10, beatbet@bluewin.ch
ZH
Contact: SVLT ZH, 058 105 98 22, Eschikon 21, Postfach, 8315 Lindau, www.svlt-zh.ch Cours de préparation au permis de tracteur (de 8 à 14 h):
– 25 mars 2023
– 24 juin 2023 – 25 novembre 2023
– Ces cours peuvent être suivis 4 à 6 mois avant le 14 e anniversaire (des attestations de cours secourisme et de sensibilisation au trafic routier ne sont pas encore nécessaires).
Prix: CHF 110.– pour les membres de l’ASETA Zurich, CHF 80.– pour les non-membres.
Le dossier de cours et le repas de midi sont compris dans le prix. Le cours se déroule au Strickhof, Eschikon 21, à Lindau.
Renseignements et inscription: en ligne sur www.fahrkurse.ch ou
SVLT Zürich, Eschikon 21, 8315 Lindau, Tel. 058 105 99 52
Conditions de participation
www.agrartechnik.ch be strong, be KUHN • KUHN Charrues • KUHN Déchaumeurs à dents • KUHN Déchaumeurs à disques • KUHN Herses et fraises rotatives • KUHN Semoir • KUHN Semoir monograine • KUHN Pulvérisation KUHN Center Schweiz 8166 Niederweningen Tél +41 44 857 28 00 Fax +41 44 857 28 08 www.kuhncenter.ch Responsable Suisse Romande: Jacques-Alain Pfister Tél: 079 928 38 97 LE MEILLEUR INVESTISSEMENT POUR MON AVENIR KUHN Spécialiste pour les cultures
Sécurité alimentaire
La ferme de Martin Müller, à Kirchdorf (AG), se situe le long de la route cantonale en direction de Baden. Il s’agit d’une exploitation mixte de grandes cultures avec un troupeau de bétail laitier. Des légumes pour l’industrie agro-alimentaire (pois, haricots, épinards), du colza, de l’orge, du blé IP Suisse, des betteraves sucrières et du maïs sont cultivés sur une trentaine des 40 hectares de surface agricole utile. La stabulation libre a été construite voici 20 ans. Martin Müller y abrite son troupeau de bétail laitier, composé actuellement de 17 vaches et de bêtes de remonte. Depuis un an, le jeune agriculteur produit du «Lait des prés» IP Suisse. Il possède en outre un demi-hectare de vignes, dont la production est vinifiée en Kirchdorfer blanc de noir, en pinot noir et en rosé vendus à la ferme et livrés à des restaurants des alentours. Ce sont surtout les parents de Martin, «passionnés de viticulture» dit-il, qui travaillent la vigne. Né en 1986, notre hôte a repris la ferme familiale début 2020. Il poursuit dans la ligne de ses parents. «Hormis quelques investissements dans des machines et la transformation de l’habitation, il n’y avait pas lieu de modifier l’exploitation», confie-t-il. Notre interlocuteur a convenu avec son père de reprendre le domaine sans passer par l’étape d’une communauté intergénérationnelle, et de procéder à la modernisation du parc de machines vieillissant.
Déjà nanti d’un solide bagage de connaissances et d’expériences, Martin Müller savait ce qu’il voulait. Après son apprentissage à Marly (FR) et à Kleinbösingen (FR), il a été conducteur d’ensileuses, de presses à balles et de moissonneuses. Le jeune homme a aussi été chef de récoltes durant sept saisons pour l’entreprise agro-alimentaire Hilcona AG, sans oublier un séjour de neuf mois au Canada sur une exploitation laitière. Martin est, en outre, titulaire de la maîtrise fédérale agricole. Son premier investissement, il l’a consacré à un tracteur de 160 chevaux avec une charrue quadrisocs. Ont suivi une remorque mélangeuse, un pulvérisateur avec rampe de 15 mètres et un semoir combiné de trois mètres acquis ce printemps. Il s’agit d’occasions avantageuses. Martin effectue des traitements phytosanitaires pour des tiers.
Célibataire, Martin Müller aime skier. Ce jeune agriculteur sociable se rend utile comme officier sapeur-pompier, à la société de gymnastique et à la commission d’agriculture d’Obersiggenthal (AG). Il bénéficie encore de temps libre grâce à ses parents qui habitent à 150 mètres à vol d’oiseau de chez lui et qui le dépannent volontiers le week-end ou pour des vacances.
Martin Müller souligne qu’il est ouvert à une production labellisée respectueuse de la nature. Il s’est par exemple engagé récemment dans un contrat de réseau pour favoriser la biodiversité. «Cependant, vu la situation mondiale actuelle, je privilégie clairement la sécurité de l’approvisionnement alimentaire à l’écologisation de l’agriculture», conclut-il.
Propos recueillis par Dominik Senn
ASETA | Portrait 58 Technique Agricole 01 2023
Les cours proposés par l’ASETA
Cours de conduite «G40»
Tout titulaire d’un permis de catégorie G qui a participé au cours de conduite «G40» est autorisé à conduire des tracteurs et des véhicules spéciaux agricoles ainsi que des tracteurs immatriculés en tant que véhicules industriels à une vitesse de 40 km/h au maximum, pour des cours agricoles. Le cours de conduite «G40» de l’ASETA est reconnu par l’Office fédéral des routes (OFROU) et sera inscrit sur le permis de conduire.
Inscription: sur les sites www.agrartechnik.ch et www.fahrkurse.ch, vous trouverez les formulaires d’inscription et toutes les informations utiles sur les cours (dates, lieux…).
Formation continue OACP
Lieu: Riniken (AG)
Formation obligatoire pour conducteurs de poids lourds. Inscription: sur les sites www.agrartechnik.ch et www.fahrkurse.ch, vous trouverez toutes les informations utiles sur les cours (uniquement en allemand).
Cours de conduite
Conduite économique de véhicules agricoles. Inscription: www.agrartechnik.ch ou www.fahrkurse.ch.
Cours de pilotage de drones
Inscription: vous trouverez toutes les informations utiles sur les cours sur les sites Internet www.agrartechnik.ch et www.fahrkurse.ch.
Cours de soudure
Lieu: centre de formation d’Aarberg (BE)
Ces cours s’adressent aux débutants désireux de connaître les techniques de base de soudure et aux pratiquants confirmés souhaitant actualiser et approfondir leur savoir-faire, qu’ils soient amateurs ou professionnels.
Inscription: l’ASETA n’organise plus ces cours elle-même et invite les personnes intéressées à consulter le programme de cours d’AM Suisse sur le site Internet www.amsuisse.ch.
Cours agriLIFT
Les modules de base R1 (chariot élévateur à contrepoids) et R4 (chariot télescopique) sont traités en deux jours en séquences théoriques et pratiques, selon la directive CFST 6508.
Inscription: sur le site www.bul.ch, vous trouverez les formulaires d’inscription et toutes les informations utiles sur les cours (dates, lieux…).
De plus amples informations sur les cours sont disponibles sur les sites www.agrartechnik.ch ou www.fahrkurse.ch, contact: +41 56 462 32 00 ou zs@agrartechnik.ch
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85 e année www.agrartechnik.ch
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Thème principal: «Matériels de traite»
Ces dernières années, les exploitations suisses ont investi massivement dans les équipements de traite de pointe. En tête de la demande figurent les robots et les salles de traite.
L’édition 2/2023 paraîtra le 9 février 2023. Clôture de la rédaction et des annonces: le 27 janvier 2023
Cours | ASETA 01 2023 Technique Agricole 59
Caramba® Terpal® Adexar® Top Prodax ® La Performance au juste prix Produits fiables et très efficaces Protéger vos cultures toute la saison Facilité d’emploi Récoltes à succès. Revenu sécurisé. Utilisez les produits phytosanitaires avec précaution. Avant toute utilisation, lisez toujours l’étiquette et les informations sur le produit. Tenez compte des avertissements et des symboles de mise en garde. Stomp® Aqua Avacco® BASF Schweiz AG · Protection des plantes · Klybeckstrasse 141 · 4057 Basel · phone 061 636 8002 · agro-ch@basf.com · www.agro.basf.ch/fr