Technique Agricole Suisse 01/2024

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Janvier | 2024

L’IRRIGATION Arrosage en mode durable Des moyens pour irriguer sans pertes Des LED oui, mais sous contrôle Quels transports avec des remorques de travail?


Les résolutions de la nouvelle année : commence avec des semences de maïs KWS

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EAU

NOUV


Janvier 2024 | Sommaire • Editorial

Actualité 4

Editorial

En bref Les 100 ans de Technique Agricole Suisse

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Lancement de l’année des cent ans Historique de l’évolution des tracteurs Frise chronologique des avancées du machinisme agricole Histoire des tests de tracteurs Mot de bienvenue de Christian Hofer, directeur de l’OFAG

Roman Engeler J’espère, chères lectrices et chers

Focus 16

lecteurs, que vous avez bien abordé

Le marché du bois fléchit Marché

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cette nouvelle année. Nous, l’équipe au complet de Technique Agricole

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Suisse, vous présentons nos vœux les meilleurs. Qu’ils vous accompagnent

Trimble: «La joint-venture avec Agco renforce la position sur le marché» Agrar propose de nouvelles citernes à lisier

dans vos foyers, vos fermes, vos familles! Vous l’aurez remarqué: la forme de

Thème principal: l’irrigation 24 28 30 34 38

Si la pluie se fait désirer... L’irrigation génère des coûts L’eau prisée par les plantes Des systèmes d’irrigation efficaces Une utilisation durable de l’eau

votre magazine a un peu changé, ceci à l’occasion des 100 ans de l’association que nous fêtons cette année. Peu avant Noël, l’assemblée des délé-

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gués (page 60) a approuvé un changement de nom. Désormais, l’association et la revue s’appellent toutes

Management 41 42

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L’histoire du machinisme agricole va

Transports possibles avec les remorques de travail Les clignotants à LED sont-ils autorisés? Impression

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deux «Technique Agricole Suisse». être retracée sous forme d’une série spéciale anniversaire dans les onze numéros de ce millésime. Les étapes marquantes de l’association se ver-

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ront aussi illustrées par une «frise

La double lame étête les adventices Le «Ridemax» de BKT pour des cas lourds

chronologique» (page 9 et suivantes). Pour le reste, nous restons fidèles

Plate-forme

au contenu habituel de la revue.

Sitevi: les cultures spécialisées à l’honneur Le «Geoseed» examiné au peigne fin Pépinière Girod dans le Chablais

ces mois même ont été trop arrosés

Ces derniers jours, ces semaines et en bien des lieux. Peu de gens pensent actuellement à l’irrigation. C’est néanmoins le sujet de notre

Passion 58

thème principal. La prochaine période

Le JCB «Fastrac 1125» ménage ses pneus

de sécheresse ne manquera pas de survenir. Dans le château d’eau de

Technique Agricole Suisse 21 60 65 66

l’Europe qu’est la Suisse, l’arrosage est l’objet d’une préoccupation crois-

Nouveau concours: «Trouvez le détail!» Assemblée des délégués extraordinaire Compte-rendu de l’assemblées de la section SG AR AI GL Simon Baechler: l’envie de produire

sante. Ce n’est pas tant le manque de pluie que l’irrégularité des précipitations qui pose problème aux exploitantes et exploitants dans bien des cultures. Les techniques et matériels d’irrigation existent et sont en constante évolution. En parallèle, le

Couverture: Avec le changement climatique, les besoins en irrigation augmentent dans l’agriculture. Une gestion avisée des ressources en eau est requise. Photo: Heinz Röthlisberger

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www.youtube.com/ @techniqueagricole 6252

potentiel de conflits autour de l’utilisation de l’eau entre les groupes d’intérêts augmente. Il y a donc matière à accorder à l’irrigation la place qu’elle mérite dans ce numéro, un dossier à

www.facebook.com/ Technique.Agricole

découvrir aux pages 24 et suivantes.

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Actualité

En bref Le motoriste Deutz va reprendre l’activité des moteurs hors route jusqu’à 480 kW de Rolls-Royce. Au cours de l’exercice écoulé 2022/2023, Claas a pu augmenter son chiffre d’affaires de 25 % à 6,1 milliards d’euros, plus que tripler son résultat avant impôts et porter le bénéfice à 347 millions d’euros. Roger Stirnimann, enseignant en machinisme agricole à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) de la Haute école spécialisée bernoise à Zollikofen (BE), s’est vu décerner par la DLG la médaille commémorative Max-Eyth en argent récompensant ses mérites pour les essais dans le domaine des tracteurs et des véhicules.

Transporter électrique Aebi à 6510 m d’altitude Les trois Suisses David Koller, Patrik Koller et David Pröschel, initiateurs du projet «Peak Evolution», ont atteint l’altitude de 6510 m avec leur transporter «Terren» (un Aebi «VT 450 Vario» transformé en véhicule électrique), établissant ainsi un record. «Nous avons pu dépasser de 500 m le précédent record du monde de véhicules électriques, établi par une moto, et de près de 1000 m le record pour les véhicules électriques à quatre roues», selon un post Facebook du 8 décembre. La course en altitude a eu lieu sur les flancs du volcan chilien Ojos del Salado (6893 m d’altitude). Leur transporter électrique est entièrement

autonome et se recharge grâce à une installation solaire mobile qu’ils ont emportée avec eux. Les trois Suisses ont renoncé à s’attaquer au record absolu d’altitude pour un véhicule automobile, qui est de 6734 m, établi la veille par une autre équipe avec une Porsche de rallye transformée (avec moteur boxer 6 cylindres de 3 litres et 450 ch). Les Suisses auraient alors dû rouler sur un terrain escarpé et utiliser un treuil, bien trop risqué. Ils veulent avant tout ramener leur transporter Aebi à la maison en bon état. «Nous sommes une start-up, pas une entreprise qui vaut des milliards de dollars», ont-ils écrit sur Facebook.

Roger Künzli, jusque-là directeur du site Winkler (accessoires pour poids lourds) d’Egerkingen (SO), a repris ce 1er janvier la direction d’Agro Räder à Ruswil (LU). Il remplace Martin Gärtner, qui reste au service de l’entreprise pour des fonctions de conseil. Pour la saison d’entretien des prairies à venir, Saphir Maschinenbau a entrepris de réviser la herse de prairie bien connue «Perfekt S4». Avec la gamme «R500», Massey Ferguson lance pour le marché nord-américain un pulvérisateur automoteur. Forêt Suisse a un nouveau directeur en la personne de Christoph Niederberger. Cet ingénieur forestier entrera en fonction le 1er août 2024. Oxbo, constructeur de machines de récolte spécialisées, a racheté l’entreprise américaine Westside Equipment et entend ainsi développer ses compétences dans les domaines de la récolte des tomates, des pistaches, des fruits ou encore des vendangeuses. Trois semaines après l’ouverture du portail d’inscription, 700 exposants italiens et 300 exposants étrangers se sont déjà inscrits pour la prochaine Eima de Bologne qui aura lieu en novembre 2024. Fliegl propose la «TMK 386», une nouvelle remorque monocoque tridem de 34 tonnes munie de pneus de dimensions 710/50 R 30,5.

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Nouveaux chargeurs frontaux «FL C» Claas remplace ses anciens chargeurs frontaux «FL C» à parallélogramme mécanique intégré par une nouvelle génération au design rénové avec une meilleure visibilité. Le double angle des bras de levage permet d’abaisser le point de ro­ tation du parallélogramme de plus de 20 cm. Le conducteur dispose ainsi d’une meilleure vue sur le châssis et l’outil, d’au-

tant plus que la traverse avant a été abaissée de 10 cm. Le système d’attelage mécanique Fitlock éprouvé des chargeurs frontaux «FL» et «FL C» est conservé. Le chargeur frontal «FL C» est conçu pour les séries «Elios», «Axos» et «Arion». Le système hydraulique «Fastlock» est disponible en option, pour verrouiller confor­ tablement l’outil depuis la cabine. Des phares à LED sont également disponibles en option. Les six nouveaux modèles «FL 40 C» à «FL 140 C» couvrent une plage de 940 à 2490 kg de capacité de levage ainsi que 1820 à 3120 kg de force d’arrachement. Selon Claas, les hauteurs de levage maximales au point de rotation du godet vont de 3,50 à 4,50 m suivant le modèle. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


Actualité

Brosse oscillante DeLaval annonce l’élargissement de son offre de brosses à vaches rotatives et oscillantes avec le nouveau modèle «SBB» pour bovins à l’engraissement. La nouvelle brosse pour bovins «SBB» («Swinging Beef Brush») a été développée spécialement pour les bovins d’engraissement munis de cornes et/ou de longs poils. Cette nouvelle brosse dispose ainsi

d’une protection renforcée des câbles et davantage d’éléments en acier inoxydable. «Cela en fait notre brosse la plus robuste de tous les temps», explique William Eriksson, market area development manager chez DeLaval. La brosse se met à tourner dès que le bovin la touche. Elle se balance alors librement dans toutes les directions.

Agenda SwissExpo, 17 au 20 janvier 2024 au parc des expositions Palexpo à Genève, présentation internationale de bovins. Show hivernal avec équipements pour le déneigement, 23 janvier 2024 à la Schwägalp (AR), et 25 janvier 2024 au Col-des-Mosses (VD), à partir de 11 h. Agrovina, 23 au 25 janvier 2024 à Martigny (VS), salon professionnel pour les cultures fruitières et viticoles. Tier&Technik, 22 au 25 février 2024 à Saint-Gall, salon professionnel pour l’élevage, les cultures spécialisées et les machines agricoles. Agrimesse, 29 février au 3 mars 2024 à Thoune (BE), salon professionnel pour l’agriculture et la sylviculture. «Machines agricoles en zone alpine», 3 et 4 avril 2024 à Feldkirch (Autriche), congrès spécialisé pour les machines agricoles de montagne. Forst-live, 12 au 14 avril 2024 à Offenbourg (D), salon professionnel.

L’ordonnance sur l’imposition des huiles minérales évolue Le Conseil fédéral a modifié l’ordonnance sur l’imposition des huiles minérales au 1er janvier 2024 et en particulier son article 48. Les demandes de remboursement de cet impôt doivent désormais être présentées dans les six mois suivant la fin de l’exercice comptable durant lequel le carburant a été consommé. En cas de dépôt tardif d’une demande, le remboursement n’est plus possible, de même que les paiements rétroactifs effectués jusqu’alors pour les deux années calendaires précédentes. Les exploitations avec paiements directs utiliseront le formulaire 46.20a. Les données nécessaires pour le calcul de la consommation selon les normes seront reprises des relevés des données relatives aux exploitations agricoles par l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF). Les exploitations sans paiements directs utiliseront le formulaire

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46.20b. Début décembre 2023, l’OFDF a directement remis les formulaires cor­ respondants aux actuels bénéficiaires du remboursement. Pour un traitement ef­ ficace, ils doivent être renvoyés dans les plus brefs délais et au plus tard le 30 juin 2024. Ils peuvent aussi être ob­ tenus par téléphone ou par courriel: 058 462 65 47; la@bazg.admin.ch

Davantage de capacité pour le «Discovery» Avec le lancement du Lely «Discovery Collector C2», Lely va élargir son offre dans le domaine des robots de nettoyage pour les surfaces de marche planes. Ce «Discovery» est particulièrement adapté aux exploitations comptant plus d’un robot de traite, selon Lely. D’après le fabricant, l’utilisation d’une batterie lithium-ion performante et d’une possibilité de chargement par induction permet au robot de nettoyage d’atteindre une plus grande capacité de déplacement. Dans le cas du «Collector C2», l’eau est conservée indépendamment dans deux réserves d’eau. Le volume des réserves d’eau diminue au fur et à mesure que la citerne à lisier se remplit. L’espace ainsi mis à disposition sert à charger encore davantage de lisier.

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Actualité

Pulvérisation «spot» en test

Partenariat prolongé Au cours des trois prochaines années, le célèbre lutteur Joel Strebel continuera à officier comme ambassadeur de la marque de tracteurs Hürlimann. Comme le fait savoir l’entreprise Same Deutz-Fahr, Joel Strebel n’est pas seulement un lutteur de talent et un passionné de tracteurs, mais aussi un ami de longue date de la marque Hürlimann. Un communiqué de presse fait état de ce partenariat renouvelé: «Joel Strebel accompagne notre marque depuis son enfance et a grandi avec les tracteurs Hürlimann. En tant qu’horticulteur, il travaille depuis des années avec son père dans l’entreprise commune qui mise sur les tracteurs Hürlimann. Le lien étroit qu’il entretient avec nos tracteurs et notre marque est très particulier. Sa passion pour l’agriculture et sa compréhension de nos produits se reflètent dans son travail et son dévouement.» Photo: Andres Graf (à g.), CEO de Same Deutz-Fahr (Suisse), et Joel Strebel.

L’appareil de pulvérisation localisée (spot spraying) «Ara», de l’entreprise suisse Ecorobotix, assure le traitement automatique plante par plante notamment du rumex à larges feuilles sur prairies. Par rapport à un pulvérisateur standard, ce système devrait permettre une réduction d’herbicides de plus de 90 %. Une étude d’Agroscope Tänikon visait à vérifier la précision de la reconnaissance des plantes et de la pulvérisation. Les résultats prometteurs ont été publiés dans la revue scientifique en libre accès «Landtechnik» (n° 78). Ils montrent que plus de 90 % des rumex ont été correctement détectés. Les mesures par traceur fluorescent dans la bouillie ont montré que 89 % de la surface des feuilles de rumex ont été pulvérisées, tandis que 11 % de la surface des feuilles n’a pas été touchée. Les résultats prouvent que ces technologies sont désormais prêtes à être utilisées en agriculture, selon l’étude.

Les buses «RowFan» améliorées La dernière génération de désherbineuses comprend une buse qui dépose avec précision de petites quantités de produits phytosanitaires sur la bande. Les buses «RowFan 40-01» et «RowFan 40-02» d’Agrotop permettent, selon le fabricant, un mouillage parfaitement régulier de toute la bande de traitement et donc des mauvaises herbes dans le rang de culture grâce à leur géométrie rectangulaire sophistiquée. Le fabricant de buses a maintenant poussé le principe du «RowFan» plus loin: ses buses spéciales avec angle de jet de 40 degrés permettent désormais de pulvériser sur le rang précisément avec des rampes en hauteur. Il est ainsi possible de décou-

pler la pulvérisation et le binage selon les conditions météorologiques et le sol, afin de profiter du moment optimal pour chaque travail. Ces buses sont reconnues par l’Institut allemand Julius Kühne, la taille «40-02» offrant déjà une réduction de 90 % de la dérive. La variante «40-01» est attendue au printemps, selon Agrotop.

Double patin «DoubleFlow» La société Vogelsang a présenté son prototype de double patin «DoubleFlow» à l’Agritechnica. Dans le cas d’une rampe avec option «DoubleFlow», le tuyau d’évacuation se divise en deux sorties grâce à une pièce en Y. Ainsi, l’espacement des rangs de lisier lors de l’épandage passe de 25 à 12,5 cm. Une bande de lisier plus étroite est déposée. Pour maintenir le poids de l’épandeur en Y au niveau du patin standard, Vogelsang mise sur un concept de construction légère avec matière plastique spéciale résistante à l’usure, combinée à une lame en acier Hardox. Pour le sabot «DoubleFlow», Vogelsang exploite la douille «PrecisionFlow» caractéristique de la rampe «BlackBird» et optimisée pour l’écoulement. L’option «DoubleFlow» peut facilement être montée ultérieurement et sera disponible pour les rampes à patins «UniSpread» et «BlackBird» dès mai 2024.

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Actualité

Les «Schibli-Brothers» à l’honneur Un nombre record de visiteurs a fait le déplacement pour la 53e exposition de machines agricoles chez Mäder AG à Niederwil (AG), à la fin décembre 2023: «Nous avons enregistré des pics de fréquentation pour chacun des cinq jours de cette exposition de Noël», a résumé le directeur de la maison, Rolf Mäder (au centre de l’image). Comme prévu, un grand nombre de matériels étaient visibles. Sur le parcours habituel, des centaines de visiteurs ont défilé parmi environ 350 machines agricoles, des tracteurs New Holland, Steyr et Case-IH aux petits appareils des marques Sabo, AL-KO, Solo, Stihl, Rapid et Kärcher, en passant par les machines Iseki, Weidemann, Ott, Pöttinger et Strautmann, ainsi que des véhicules électriques tout-terrain. «Dans notre exposition, nous avons mis l’accent sur le désherbage mécanique», explique Rolf Mäder. Le point culminant de l’événement a sans doute été l’hommage rendu à deux partenaires commerciaux de Mäder AG, les chefs de vente régionaux Thomas Schibli (Case Steyr Center Suisse, à g. sur la photo) et Kurt Schibli (Pöttinger AG Suisse, à d. sur la photo), qui ont respectivement vendu avec succès leurs produits aux concessionnaires et agriculteurs pendant 32 et 33 ans. Tous deux atteindront l’âge de la retraite à la mi-2024. Surnommés «Schibli-Brothers» par Rolf Mäder, les jumeaux ont reçu de nombreux éloges pour leur engagement

infatigable. Ils n’ont pas ménagé leurs efforts lors de démonstrations et de négociations commerciales, selon d’anciens et d’actuels responsables d’entreprise, de concessionnaires et de collaborateurs. Parmi eux figuraient des représentants de Rapid et de Pöttinger, qui avaient fait le déplacement pour l’occasion et qui ont ainsi témoigné leur reconnaissance aux Schibli. Ces derniers leur ont raconté des histoires et des anecdotes à propos de leur longue vie professionnelle.

Krampe élargit son catalogue La remorque monocoque «ProBody 760», caractérisée par une caisse entièrement soudée d’une hauteur de deux mètres, est le produit à volume optimisé que le constructeur Krampe a développé avec la devise «Penser plus loin la benne basculante». La stabilité de la caisse de 2 mètres de haut est obtenue grâce à un pliage des tôles latérales protégé par un modèle d’utilité et à des supports de caisse entièrement retravaillés en profilés à bords laser. Ces avancées en matière de construction permettent également de réduire le poids à vide du véhicule, qui pèse 8060 kg avec les pneus standard 650/55 R26,5. De plus, la benne est optimisée pour les soudures robotisées. Grâce à sa paroi frontale inclinée orientée vers l’avant avec une grande fenêtre de contrôle, et à sa construction optimisée, la remorque «ProBody» offre un plus grand volume de transport pour un poids propre moindre. Avec un volume de base de 34,3 m³, qui peut être augmenté jusqu’à 40 m³ avec des rehausses d’ensilage supplémentaires de 30 cm, la remorque dispose d’une capacité de chargement conséquente.

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100 ans de Technique Agricole Suisse

Notre série anniversaire: «100 ans de Technique Agricole Suisse» Voici 100 ans, le 16 décembre 1924, tous les propriétaires de tracteurs et de motoculteurs de Suisse étaient invités au Bürgerhaus de Berne pour fonder une association. Comme l’a mentionné le comité d’initiative d’alors dans son appel, l’utilisation de tracteurs et d’autres machines agricoles automotrices prenait à cette époque une importance croissante. «Avec cette évolution, les besoins en termes de connaissances professionnelles, de tests de machines et de maintenance périodique vont aussi croissant. Il en va de même pour la fourniture de carburants, de lubrifiants et de pièces à moindre coût», précisait l’appel. Le souhait était aussi de défendre les intérêts des «tractoristes» face aux inspections de la voirie, aux autorités et aux compagnies d’assurances. Quelques mois auparavant, les conducteurs de tracteurs de tout le pays s’étaient déjà rencontrés pour une réunion sur l’introduction à venir de fortes taxes pour les tracteurs agricoles. La réduction significative de ces impôts dans de nombreux cantons constitua un premier succès pour les sections et l’association. Celle-ci obtint même que le tracteur soit doté d’un statut légal particulier dans la loi fédérale sur les véhicules à moteur.

Au fil du temps, l’«Association suisse des Propriétaires de Tracteurs» a vu son nom changer en «Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture, ASETA» (1971) jusqu’à l’introduction de la dénomination «Technique Agricole Suisse» pour ses 100 ans. Mais les devoirs et préoccupations fondamentaux de l’association sont demeurés identiques au fil des ans: Technique Agricole Suisse représente les intérêts de l’agriculture suisse pour tout ce qui concerne le machinisme agricole, offre, propose des possibilités de formations initiale et continue orientées vers la pratique et informe à propos du développement général du machinisme agricole via les canaux médias les plus divers. Dans cette édition de Technique Agricole Suisse, nous débutons une série sur cet anniversaire. Dans chacune des onze éditions de ce journal et sous la coordination de Dominik Senn, l’équipe de rédaction éclaire l’histoire du développement de certains domaines du machinisme, se focalise sur un thème particulier et présente brièvement un épisode de l’histoire désormais séculaire de l’association. Un mot de bienvenue d’une institution agricole ou du machinisme agricole importante complète cette série anniversaire.

Le conseiller aux Etats Werner Salzmann, président de l’association Technique Agricole Suisse Technique Agricole Suisse   1 | 2024

Cette série a notamment pour but de montrer la grande valeur du machinisme agricole pour l’alimentation et la sécurité alimentaire. En premier lieu, le machinisme agricole a permis que l’agriculture devienne aussi efficace et puisse aujourd’hui nourrir des milliards de personnes dans le monde, avec moins de force de travail, tout en faisant preuve d’un niveau élevé en termes de durabilité. Le développement de l’agromachinisme ne va pas s’arrêter. De nouveaux équipements (drones, robots...) arrivent, les machines conventionnelles travaillent toujours plus en interconnexion et l’intelligence artificielle embarque. En résumé: l’hydraulique et la mécanique sont de plus en plus complétées par des systèmes électroniques. L’agriculteur est ainsi soulagé. Mais la branche doit satisfaire à des revendications face à ses «clients». Elle doit rester efficace, voire gagner en efficience, produire des denrées fraîches et saines et demeurer en phase avec les exigences dans le domaine de la durabilité. Technique Agricole Suisse peut contempler avec fierté le résultat de ces 100 premières années d’activités passionnantes et entamer avec joie et sérénité son deuxième siècle d’existence.

Roman Engeler, directeur de l’association Technique Agricole Suisse

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100 ans de Technique Agricole Suisse

100 ans de Technique Agricole Suisse

L’évolution des tracteurs Le tracteur a révolutionné l’agriculture. La Suisse a aussi excellé dans la construction de ce genre de véhicules. A la fin du XXe siècle, la production mondiale a connu une «concentration des ressources» à une échelle jamais vue. Ruedi Hunger

L’origine du tracteur remonte à la machine à vapeur qui a conquis l’agriculture en Europe, en Amérique et en Russie dès le milieu du XIXe siècle. Les «locomobiles à vapeur» ont d’abord servi à l’entraînement de batteuses stationnaires. A partir de 1862, elles devinrent automotrices. Le succès fut cependant limité par leur poids excessif. Pesant environ 7,5 t, soit presque 1 t par cheval, elles délivraient une puissance de 8 ch sous une pression de vapeur de 5 bar. La charrue à vapeur de Fowler (système à deux machines) introduite en 1869 rencontra par contre un franc succès. 10

Les précurseurs de la construction de tracteurs Après l’Angleterre, l’Europe centrale s’équipa dès 1860 de charrues à vapeur à treuil, capables de labourer des surfaces étendues. Avec 175 ch à 350 tr/min et une pression de vapeur de 13 bars, ces systèmes à deux machines étaient véritablement performants. Pour un débit de chantier de 14 ha/jour, la machine consommait 4 t de charbon et environ 10 000 litres d’eau. En 1914, la Prusse comptait 746 de ces charrues à vapeur. Aux Etats-Unis, les premiers tracteurs,

conçus pour entraîner des machines stationnaires, étaient généralement lourds et encombrants. Les premiers tracteurs sur roues entraînés par une machine à vapeur firent leur apparition vers 1860. Ultérieurement, la machine à vapeur sera remplacée par un moteur à combustion. Aux Etats-Unis, le premier tracteur est généralement attribué à la société Charter Gas Engine Company, dans l’Etat de l’Illinois, en 1889. En 1892, la société J. I. Case Threshing Machine, dans l’Etat du Wisconsin, réalisa un premier prototype. Ces tracteurs furent d’abord affectés à des

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100 ans de Technique Agricole Suisse

tâches d’entraînement à poste fixe. Des problèmes d’allumage et d’alimentation en carburant amenèrent Case à renoncer au moteur à combustion au profit d’une solution éprouvée, la bonne vieille machine à vapeur. Ce n’est que 20 ans plus tard que Case put mener son projet à terme. Toujours en 1892, John Froelich construisit son premier tracteur. En même temps il fonda la société Waterloo Gasoline Traction Engine, dans l’Etat de l’Iowa. Vingt-cinq ans plus tard, cette usine fut reprise par la société Deere & Company. C’est ainsi que le tracteur Froelich de 1892 fait figure de précurseur de la marque John Deere. En Russie, les premiers tracteurs à vapeur chenillés firent leur apparition en 1900. Là aussi, le moteur à combustion finit par prendre le relais de la machine à vapeur. En 1896, en Hongrie, une première fraiseuse agricole fut équipée d’un moteur à combustion.

Ce tracteur Bucher tire une remorque à prise de force pour un transport de bois. Photos: Archives de Technique Agricole Suisse

Les tracteurs à partir de 1900 De 1907 jusqu’au milieu des années 1920, les charrues à moteur furent fabriquées en grand nombre. Ces pionniers s’appelaient Borsig, Hanomag, MAN, Pöhl et surtout Stock. Malgré un premier tracteur construit par la Gasmotorenfabrik Deutz AG en 1907, les tracteurs sur roues ne percèrent qu’en 1922 grâce au moteur diesel, puis en 1931 avec l’arrivée des pneumatiques (Continental). En 1917, Ford changea la donne en faisant assembler son tracteur «Fordson» (20 ch, 1360 kg) en blocs modulaires légers à la chaîne. A la fin des années 1920, Deutz, Hanomag et Lanz enta-

mèrent la production en série. Les EtatsUnis n’ont commencé à recourir au diesel pour leurs tracteurs qu’à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Peu avant 1930, Harry Ferguson fit breveter son tracteur à «relevage 3 points hydraulique». Dans la seconde moitié des années 1930, Ferguson et plus tard John Deere lancèrent la production des premiers relevages hydrauliques. Après 1947, la Suisse comptait de plus en plus de tracteurs étrangers. De par leur prise de force normalisée et grâce à l’attelage trois-points, lui aussi normalisé (système Ferguson), ils étaient largement

La fondation Trieur et la vulgarisation en machinisme La fondation Trieur a été créée en 1924 par l’Union suisse des paysans. Son nom vaut vocation de «séparer le bon grain de l’ivraie», ou très concrètement les graines d’adventices des céréales; elle anime un centre de conseil et d’essais à Brugg (AG). Elle a des antennes à la Rütti de Zollikofen (BE) et au Strickhof de Zurich, et des liens avec la Station d’essais de machines agricoles de l’école cantonale d’agriculture de Marcelin, à Morges (VD). La fondation Trieur est destinée à tester des équipements et à publier les résultats. Un de ses autres buts est de renforcer la prévention contre les accidents avec des

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machines. Parallèlement, elle met en place et développe des activités de vulgarisation en machinisme agricole. En 1939 est créé en complément la Forschungs- und Beratungsstelle für Landtechnik (FBL), soit Station de recherches et de vulgarisation en machinisme. En 1947 naît à Brugg (AG) l’Institut pour le machinisme et la rationalisation du travail en l’agriculture (IMA) qui reprend notamment les missions du FBL et de Trieur. En 1969, la Station fédérale de recherches en économie et technologie agricoles (FAT) est créée à Tänikon (TG).

supérieurs aux tracteurs alors produits en Suisse. En 1953 et en 1956, une normalisation étendue de l’attelage trois-points mit fin à la phase «anarchique» de l’attelage d’outils portés.

La prise de force comme interface de puissance En 1918, aux Etats-Unis, des tracteurs commencèrent à être équipés d’un système de «Power Take Off (PTO)», autrement dit d’une prise de force qui s’avéra très efficace pour entraîner des outils portés, contrairement à l’entraînement par friction contre le sol, qui s’accompagne de fortes pertes. La première, asservie à la transmission, fut suivie dans les années 1950 par une autre, asservie au moteur. La troisième variante fut proportionnelle à l’avancement du tracteur. Une première tentative de normalisation eut lieu en 1927 aux Etats-Unis. Trois ans plus tard, les tracteurs Oliver furent les premiers équipés d’une prise de force indépendante de l’avancement. En Europe, le premier tracteur à en être muni fut le Dieselross F18 de Fendt. La première norme applicable aux prises de force, inspirée de la norme DIN 9611, fut définie en 1940 et révisée en 1979.

Les paysans suisses se mécanisent En Suisse aussi, la charrue à vapeur a fait office de précurseur des tracteurs. Une première machine de ce type fut mise en service en 1875 dans le Seeland bernois. Pendant la Première Guerre mondiale, l’Ad11


100 ans de Technique Agricole Suisse

ministration fédérale des blés fit importer un certain nombre de tracteurs, principalement en provenance des Etats-Unis. Durant les années 1920, les grandes exploitations agricoles achetaient leurs tracteurs surtout aux Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre ou en France. En février 1918, un premier essai a été réalisé sur une «motocharrue» au domaine de Witzwil (BE). D’autres suivirent à KlotenBülach (ZH) et au domaine de la Colonie de Ia plaine de l’Orbe (VD). Ces essais révélèrent des lacunes dans les compétences des tractoristes, au point que des stages de formation pour conducteurs de motocharrues durent être organisés en 1919 à Berne et à Yverdon (VD). Entre 1913 et 1923, les tracteurs utilisés en Suisse venaient des américains Caterpillar (à chenilles), Mogul, Moline, Globe, Titan, Avery, Gray, Case, Cletrac (à chenilles), Fordson et International. Mais il en venait aussi d’Allemagne (Lanz-Bulldog), de France (Austin et Renault), d’Italie (Fiat) et de Suède (Avanc). Dans la même période, les tracteurs Liechti, Berna, Loki-Winterthur, Saurer, Greif, Stella, Blanc-Paiche, Scheuchzer (à chenilles) et F. B.W étaient fabriqués en Suisse. Le concept des minitracteurs rencontra un écho plutôt favorable face aux tracteurs majoritairement d’origine étrangère. Ces succès et l’appel de la Confédération (1915) à l’industrie des machines pour qu’elle contribue au développement de tracteurs indigènes, fut rapidement entendu par une soixantaine d’entreprises suisses qui se lancèrent dans cette production.

Les tracteurs suisses Petit saut en arrière: la population agricole représente en 1929 encore largement plus de 20 % du total des habitants. La surface agricole utile est de 4,91 ha par exploitation et la surface moyenne des parcelles de 46 ares. Le hasard voulut que cette année-là, deux futurs grands constructeurs, le mécanicien et fabricant d’outils Fritz Bührer et le mécanicien Hans Hürlimann, présentent leurs premières machines de traction au public. En 1928/29, Fritz Bührer réalisa une vingtaine de prototypes. Hans Hürlimann fit construire son premier tracteur monocylindre, le «1 K 8», en 1929 dans son usine à Wil (SG). En 1930, on en était déjà à 169 exemplaires. Au début des années 1930, Hans Hürlimann et Fritz Bührer lancèrent la production en série de leurs tracteurs. Leur objectif était de créer un «substitut du cheval», qui ne passerait pas l’hiver dans une écurie à manger le précieux fourrage des vaches laitières. Bührer et Hürlimann se livrèrent d’emblée une concurrence féroce. En 1936, les Ateliers de construction mécanique de Vevey (ACMV) construisirent leur Vevey «V2», premier tracteur suisse à recevoir un moteur diesel, un 2-temps à contrepiston. Vevey a innové dans de nombreux domaines. En 1954, profitant d’une exposition à Lucerne, Bucher-Guyer présenta au public trois modèles de tracteurs Bucher. Après avoir produit 4948 tracteurs, Bucher mit fin à sa production en 1973. Quant à Bührer, il avait fabriqué un total de 22 624 tracteurs avant d’arrêter à son tour

en 1978. Après plus de 24 000 exemplaires produits, ce fut au tour de l’usine Hürlimann à Wil de mettre la clé sous la porte, en 1983. Auparavant, la société SameLamborghini avait repris la totalité de son capital social pour délocaliser la production à Treviglio (I).

Des restrictions à l’importation Les contingents d’importation, en vigueur entre 1931 et 1946, limitaient les importations à 100 tracteurs par an. La demande de tracteurs suisses avait été stimulée par la fermeture des frontières, qui rendait les importations quasi impossibles, et par la bataille des champs, le fameux Plan Wahlen

Cet agriculteur est au volant d’une faucheuse automobile Aebi de 1915.

Chronique du machinisme agricole 1867

Nikolaus Otto et Eugen Langen inventent le moteur à explosion à quatre temps. Ils fonderont plus tard la future société Deutz.

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La première charrue à vapeur est mise en service dans le Seeland bernois.

1890

1875

De grandes batteuses entraînées par des locomobiles sont déplacées de ferme en ferme.

Johann Ulrich Aebi, à Berthoud (BE), procède à la première fabrication en série de faucheuses en Europe.

1895

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de la Seconde Guerre mondiale. Le nombre de tracteurs est passé de 8000 en 1939, à 18 000 en 1950 (autotracteurs inclus). A la fin des années 1950, la part des machines fabriquées à l’étranger avoisinait les 25 %. Après qu’en 1947 le contingentement des importations a été porté à 1000 tracteurs par an, avant d’être totalement aboli en 1958, la situation évolua rapidement. La concurrence écrasante des entreprises étrangères ébranla de nombreux constructeurs suisses. Dans la première moitié des années 1960, des marques réputées comme Alpina, Bucher, Köpfli, Meili ou Vevey arrêtèrent la fabrication de tracteurs et/ ou préférèrent commercialiser des tracteurs d’importation. Bucher-Guyer prit les devants en devenant concessionnaire général des tracteurs Fiat en 1962. Le nom de Hürlimann fut conservé et une gamme de SameDeutz-Fahr le porte aujourd’hui encore.

Des approches innovantes En Suisse, la construction de tracteurs est jalonnée d’innovations, notamment dans le domaine des moteurs et des transmissions. En raison de la guerre, il était difficile pour Bührer de s’approvisionner en moteurs auprès de Ford, Chevrolet ou Buick (ceux que Bührer avait l’habitude d’intégrer dans ses tracteurs). En 1943 Bührer décida donc de fabriquer un moteur maison, le «D2». La motorisation par Bührer culmina en 1957 avec une série restreinte de moteurs V6. Hürlimann équipa ses tracteurs de ses propres moteurs dès 1937. En 1939, avant le début de la guerre, Hürlimann développa un

1897

Le premier moteur à injection avec combustion interne (diesel) est mis au point. Il sera utilisé dans l’industrie automobiles dans les années 1920 seulement.

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

moteur diesel à injection directe (sous licence Saurer). Dès 1955, les types D60 et D80 furent équipés d’une suralimentation mécanique à l’aide d’un compresseur Roots. Le nom du concepteur en chef, Ariste Liengme, est étroitement associé à la construction de moteurs Hürlimann. En 1954, Bührer présenta sa transmission «Triplex», qui permettait d’alterner facilement entre deux vitesses. Dès 1957, les tracteurs Bührer furent disponibles en option avec une prise de force avant. En 1964, Bührer présenta sa transmission «Tractospeed», qualifiée alors d’invention révolutionnaire. Ce système breveté fut monté en série jusqu’à la fin de la production en 1978. Dès 1965, Hürlimann commercialisa le «D100A», le premier tracteur à direction intégrale (essieu ZF). A la fin des années 1960, l’usine de Wil expérimenta une transmission synchronisée, et en 1974 la boîte de vitesses fut remplacée par une transmission hydrostatique (15 unités). En 1960, trois ans avant d’arrêter la production, Vevey tenta d’innover dans le domaine des transmissions. Le prototype «Rhône 62» muni d’une transmission électrohydraulique fut présenté au public en 1962. Un an plus tard, Ford a fait de même avec sa transmission automatique, «inspirée» du «Rhône 62», sous la dénomination «Select-o-Speed».

Un hommage critique En Suisse, sur le marché des tracteurs, les fabricants étaient légion. Plus de cent so-

Henry Ford construit le premier tracteur à quatre roues doté d’un moteur à combustion interne, produit en série à partir de 1917.

1907

ciétés et ateliers s’étaient en effet lancés dans la construction de tracteurs, pour parfois y renoncer peu de temps après. Le regrettable déclin de cette production indigène avait des causes inhérentes à la Suisse. Les leaders du marché, parfois peu enclins au compromis, n’ont pas su trouver le chemin de la collaboration. Vers la fin du XXe siècle, la production mondiale de tracteurs expérimentait une «concentration des ressources» à nulle autre pareille. Au XXI e siècle, des marques autrefois prestigieuses ne sont plus que des partenaires au sein d’une poignée de grands groupes.

Prospective Dire que la fabrication de tracteurs suisses appartient au passé n’est pas entièrement vrai! Parmi les différentes sociétés qui produisent des véhicules spéciaux, l’entreprise Rigitrac de Sepp Knüsel excelle particulièrement. Une fois de plus, une société suisse accède à la notoriété mondiale. Le «SKE 50» électrique à batterie a permis à Rigitrac de coiffer au poteau de gros constructeurs, même présents au niveau mondial. Sources: Dr. Karl Theodor Renius, Traktoren und ihre Anwendung; Michael Williams, Traktoren seit 1889; Armin Bauer, Veteranen der Scholle; Edwin Stadler, Technique Agricole N° 12/2018; Gallus Steiner, 100 Jahre St. Galler Bauer; Franz Morgenegg, Vevey Traktoren/Tracteurs Vevey; Gerold Röthlin, Bührer. Eine Faszinierende Firmengeschichte; Schweizer Traktorenbau, tome 3.

1909

L’Administration des blés du Département fédéral de l’économie importe des tracteurs agricoles, principalement des Etats-Unis.

Konrad von Meyenburg développe le motoculteur et le fait breveter dans le monde entier.

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100 ans de Technique Agricole Suisse

Histoire des tests de tracteurs L’achat d’un nouveau tracteur était et reste une démarche coûteuse pour une exploitation. Elle soulève tout un lot de questions techniques. Jusqu’en 2017, des tracteurs étaient testés en Suisse dans le but de faciliter la prise de décisions lors d’une acquisition. Dominik Senn

Un nouveau banc d’essais fut installé en 1977 à Tänikon (TG). Photos: Archives Technique Agricole Suisse

1918

Des essais portant sur des charrues sont menés avec différents tracteurs produits en Suisse.

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Charles Boudry, ingénieur mécanicien EPFZ, fut le premier directeur de l’école d’agriculture et de la station d’essais de machines de Marcelin-sur-Morges (VD), fondée en 1922. En matière de technique agricole, la rentabilité de l’utilisation des machines et la normalisation de la liaison entre tracteurs et outils retinrent particulièrement son attention. Il gagna le soutien de l’Association suisse des propriétaires de tracteurs de l’époque, ancêtre de Technique Agricole Suisse, qui exigeait une uniformisation du montage des outils portés et une normalisation des prises de force. Ces revendications ne suscitèrent pratiquement aucun écho auprès des constructeurs indigènes. En 1947, les contingents d’importation passèrent à 1000 unités par an malgré leurs protestations. Des tracteurs en nombre croissant arrivèrent des EtatsUnis et d’Angleterre, qui étaient plus avancés en termes de normalisation (avec, par exemple, l’attelage trois-points du système «Harry-Ferguson»). Le lent

Des tracteurs à motorisation plus moderne sont importés des Etats-Unis, d’Allemagne, de France et d’Angleterre. Les concessionnaires des marques de Caterpillar (à chenilles), Liechti, Mogul, Moline, Globe, Titan, Avery, Berna, Winterthur, Gray, Avance, Saurer, Greif, Stella (rouleau), Case, Cletrac, BlancPaiche, Scheuchzer (à chenilles), Fordson, International, Austin, F. B. W., Fiat, Renault et Bulldog travaillent en Suisse.

1920

1921

La société Heinrich Lanz AG construit à Mannheim (D) le premier tracteur «Bulldog» à moteur à tête incandescente. Elle l’a dévoilé au public à l’exposition de la DLG (Société allemande d’agriculture) à Leipzig.

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100 ans de Technique Agricole Suisse

déclin de la construction suisse de tracteurs était amorcé. Charles Boudry était le seul ingénieur mécanicien parmi les membres de la fondation suisse «Trieur», absorbée en 1947 par le nouvel Institut pour le machinisme et la rationalisation du travail en l’agriculture (IMA) à Brugg (AG). En 1957, grâce à la pression insistante de l’Association suisse des propriétaires de tracteurs, au soutien financier de la Confédération, de l’Union suisse des paysans, de l’Association suisse des fabricants et commerçants de machines agricoles et du canton de Zurich, un banc d’essai pour tracteurs fut mis en service au Strickhof, à Zurich, sous la direction de l’IMA. En 1969, ce banc d’essai fut transféré à Tänikon (TG), dans la nouvelle station fédérale consacrée à

l’économie et à la technologie agricoles (FAT, aujourd’hui ART, Agroscope Tänikon). Dès lors, les tests de tracteurs furent intégrés au cahier des charges de la FAT. En 1977, un nouveau banc fut mis en service à Tänikon et le programme des essais fut adapté aux nouvelles exigences de la pratique et aux méthodes de mesure internationales de l’OCDE. Les rapports de tests, très remarqués, fournissaient de précieuses données comparatives facilitant les décisions d’achat. Une vingtaine de tests étaient réalisés chaque année à Tänikon. La participation était volontaire pour les constructeurs, mais les résultats étaient obligatoirement publiés. Pour des raisons de coûts, le banc d’essai de tracteurs de Tänikon, unique en Suisse, a été fermé en 2017.

Les résultats des tests facilitaient les décisions d’acquisition.

L’Union suisse des paysans crée la fondation Trieur (voir p. 11) et propose un centre de conseils et d’essais de machines à Brugg (AG), avec des antennes à Marcelin-sur-Morges (VD), à la Rütti de Zollikofen (BE) et au Strickhof de Zurich. Le nom «Trieur» évoque la machine à séparer le blé des graines d’adventices.

1922

1924

23.7: des possesseurs de tracteurs de toute la Suisse se réunissent à Brugg pour parler de l’introduction d’une forte «taxe sur les tracteurs agricoles». 16.12: fondation de l’«Association suisse des Propriétaires de Tracteurs» à Berne par 50 personnes (sur un total d’environ 200 propriétaires). Ses buts sont: 1. l’assistance technique à l’utilisation du tracteur; 2. la mobilisation contre des mesures économiques décidées par les autorités.

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Mot de bienvenue L’agriculture et le machinisme ont vécu une profonde mutation ces 100 dernières années. Si les travaux à la main étaient encore monnaie courante il y a un siècle, quasi Directeur de l’Office fédéral de l’agriculture tous les do(OFAG) maines de l’exploitation sont aujourd’hui entièrement mécanisés, des cultures jusqu’à l’élevage. La prochaine étape révolutionnaire de la technique agricole est déjà en cours avec la numérisation et les robots autonomes, aux champs comme à l’étable. Ce développement se poursuit à grands pas. Les technologies innovantes comme les robots des champs rendent possible une exploitation précise et efficiente des parcelles. C’est ainsi que l’usage de produits phytosanitaires et d’engrais peut être réduit de façon ciblée, par des applications en fonction exacte des besoins. Cela soulage l’environnement mais augmente aussi la productivité et la rentabilité de l’agriculture. C’est pourquoi, dès 2025 et jusqu’à fin 2035, l’Office fédéral de l’agriculture encouragera davantage, par des contributions à fonds perdu, les acquisitions de robots des champs, de motofaucheuses et de tracteurs n’utilisant pas de carburants fossiles. Renoncer aux carburants d’origine fossile diminue les émissions de CO2 mais aussi les nuisances sonores. Motofaucheuses et tracteurs électriques sont silencieux et respectueux du milieu; ils contribuent à le protéger et à améliorer les conditions de travail. Le secteur de la technique agricole est un ambassadeur important, militant pour des équipements modernes qui nous aident à relever les défis auxquels l’agriculture est confrontée et à poursuivre l’évolution de cette dernière. Nous pouvons ensemble concevoir un avenir productif et plus respectueux de l’environnement. Dans cette perspective, je me réjouis de voir l’association poursuivre sur la voie de l’engagement qui a été le sien ces 100 années passées. Je la félicite pour ce bel anniversaire.

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Focus

Il est possible d’éviter de saturer le marché en anticipant avec la récolte de feuillus ou les coupes difficiles, à faible rendement, écrit le groupe d’experts techniques de la branche forestière suisse (Groupe d’échange d’expériences, ERFA). Photo: Heinz Röthlisberger

Le marché du bois fléchit Le taux de change face à l’euro et les prix bas dans les pays voisins ont des répercussions sur la demande de bois suisse. Comparés aux années précédentes, les prix à la production des bois ronds repartent à la baisse. Heinz Röthlisberger

Le marché suisse des bois ronds subit actuellement un net ralentissement. «L’inflation et la récession économique ont fait que les prix des bois ronds sont à nouveau en baisse depuis la fin de l’été», dit Paolo Camin, directeur ad interim de ForêtSuisse. Et ce, après deux années exceptionnellement bonnes. Au début de 2021, les prix ont sensiblement augmenté sous l’effet d’une forte demande dans de nombreux pays, notamment aux EtatsUnis, phénomène qui a provoqué des goulets d’étranglement dans les livraisons», explique Paolo Camin. Ensuite, dès la fin de 2021, les prix se sont stabilisés. Aujourd’hui, ils sont redescendus, tant pour les assortiments d’épicéa que pour ceux de sapin. Cela s’explique par la baisse de la demande de bois suisse. «La raison en est la valeur élevée du franc par 16

rapport à l’euro, conjuguée à la faiblesse des prix du bois à l’étranger», poursuit Paolo Camin. En Allemagne, on évoque même une crise en bonne et due forme du marché du bois.

Ne pas saturer le marché «Vu le cours élevé du franc face à l’euro, les négociants en bois importent davantage de produits de sciage des pays à l’entour», écrit le Groupe d’échange d’expériences (ERFA) «Economie forestière» dans sa récente évaluation. Cette entité est un groupe d’experts techniques issus du secteur forestier qui analyse deux fois par an la situation du marché du bois en Suisse et dans les pays limitrophes; ForêtSuisse en fait partie. Comme il faut s’attendre à ce que les prix regagnent leur niveau d’il y a deux

ans, les propriétaires de forêts doivent plancher sur de nouvelles stratégies pour pouvoir continuer à obtenir des prix à la production satisfaisants. Il s’agit de ne pas saturer le marché avec des bois de résineux. Une mesure, discutée au sein du groupe d’experts, serait que les scieries et

Vente directe de bois de feu Des prix indicatifs pour le bois de feu figurent sur le site de l’Union suisse des paysans (www.sbv-usp.ch), rubrique «Prix» -› «Vente directe» -› «Bois de cheminée». Un indice des prix des plaquettes et pellets est publié, lui, sur www.energie-bois.ch -› «Thèmes spécialisés» -› «Indice des prix des plaquettes et des pellets».

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Focus

Des différences entre régions

109.90 86.25

19 .1 9 D éc .1 M 9 ar s2 Ju 0 in S e 20 pt .2 0 D éc .2 M 0 ar s2 Ju 1 in Se 21 pt .2 1 D éc .2 M 1 ar s2 Ju 2 in Se 22 pt .2 2 D éc .2 M 2 ar s2 3 Se J u i pt n 2 .- O 3 ct .2 3 pt

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61.52

Ju

La frontière entre livrer trop de bois ou ne pas en fournir suffisamment est ténue. Il convient de garder le facteur temps à l’esprit pour autoriser une planification aussi complète que possible des étapes de production et de transformation, tant du côté de la récolte en forêt que de celui des acheteurs. Les experts de l’ERFA recommandent d’éviter de créer une offre excédentaire, ceci en réalisant d’abord les coupes de feuillus ou les coupes coûteuses, générant un faible rendement, par exemple. Les propriétaires de forêts doivent faire preuve de doigté et évaluer l’approche correcte à adopter.

130 120 110 100 90 80 70 60 50 40 30

CHF/m3p

Jouer sur le facteur temps

Prix moyen par assortiments d’épicéa

M

l’industrie de transformation reçoivent le bois à hauteur de leurs besoin. Mais le sens concret d’une telle mesure peut varier d’une région à l’autre.

—B

dance». Les prix bas du bois dans les pays proches exerceraient aussi une influence, mais moins que l’euro. «Le marché suisse

« Malheureusement, le bois

«Le hêtre est demandé»

Beaucoup de précipitations, presque pas de coupes de bois

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

—D

Ce graphique montre l’évolution des prix moyens en CHF par mètre cube plein (m3p) des assortiments B, C et D d’épicéa jusqu’à octobre 2023. Source: ForêtSuisse

Des facteurs différents interviennent dans l’offre et la demande selon les régions. Cela signifie que les marchés du bois du Valais, de la Suisse romande ou de la partie argovienne du Plateau ne peuvent être directement comparés à celui de la Suisse orientale. Il est important que les fournisseurs, les entreprises de construction et les scieries entrent en contact assez tôt et échangent des informations sur les qualités, les quantités et les prix..

Technique Agricole Suisse a demandé à deux organisations régionales de commercialisation du bois quelle était la situation chez elles. «La demande de grumes de résineux devrait être plus faible en raison de la baisse d’activité des scieries», déclare Didier Adatte, directeur de ProForêt à Porrentruy (JU), évoquant la situation dans la région du Jura. Selon lui, il est toutefois difficile d’estimer la baisse attendue, car les incertitudes sur le marché sont importantes. «Pour les feuillus, notamment le hêtre, la demande est bonne, soutenue notamment par les exportations vers l’Asie», explique Didier Adatte. «Jusqu’à présent, on assiste à une forte baisse des coupes de bois. Compte tenu des incertitudes sur les marchés et de la baisse des prix, il est probable que les propriétaires n’exploiteront pas leur volume total», prévoit le directeur de ProForêt. Selon lui, les prix accusent des baisses plus ou moins fortes selon les assortiments. «Le taux de change avec l’euro influence considérablement cette ten-

—C

suisse est à nouveau entraîné dans la tourmente de la baisse des prix des sciages. Heinz Engler

»

est davantage sous pression en raison du taux de change», relate Didier Adatte.

Les abondantes précipitations de l’automne et du début de l’hiver ont aussi eu un impact sur l’offre de bois. «La période de pluies qui s’est installée depuis la mi-octobre a eu pour conséquence que de nombreuses coupes de bois n’ont pas pu être réalisées», explique Heinz Engler, di-

recteur de l’organisation Holzmarkt Ostschweiz, une entreprise des propriétaires de forêts de Suisse orientale. En de nombreux endroits, les chemins et les sols forestiers sont détrempés et impraticables, ce qui aurait conduit les propriétaires de forêts à réduire leur offre. «Il s’agit maintenant d’attendre des jours meilleurs et de gérer les quantités en fonction de la demande», recommande Heinz Engler. Il espère que la demande de bois ronds reprendra cet hiver. Cependant, il considère lui aussi comme problématiques pour l’économie suisse du bois les offres avantageuses de l’étranger. «Les entreprises de construction sont à nouveau toujours plus nombreuses à se tourner vers la marchandise de l’étranger. C’est l’industrie suisse de transformation du bois et les propriétaires de forêts qui pâtissent de ce phénomène», déclare Heinz Engler. Puis il ajoute: «Malheureusement, le bois suisse est à nouveau entraîné dans la tourmente de la baisse des prix des sciages.»

Vers un retour prochain des prix indicatifs pour les bois bruts? Le 31 août 2023, dans le cadre de l’initiative parlementaire «Faire des recommandations de prix également pour le bois de forêts suisses», la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil des Etats a accepté un avant-projet de modification de la loi sur les forêts (LFo). Il fait l’objet d’une consultation auprès des cantons. La proposition vise à modifier la LFo pour autoriser la publication par la branche de prix indicatifs pour les bois bruts, comme c’est le cas pour les produits agricoles.

De tels prix indicatifs pour le bois de forêt suisse sont particulièrement importants pour les propriétaires de forêts privés, qui ne sont pas rattachés à des organisations commerciales professionnelles (il y a en Suisse, pour rappel, quelque 250 000 propriétaires de forêts). Ces informations sur le marché du bois et sur les prix usuels pratiqués les aident à planifier les interventions sylvicoles et la récolte de leurs bois et, par ce biais, à financer la gestion des forêts. La procédure de consultation court jusqu’à ce 11 janvier 2024.

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Marché | Interview

Trimble collabore avec de nombreux constructeurs de machines agricoles. De par le monde, la maison entretient plus d’une centaine de partenariats OEM («original equipment manufacturer», soit fournisseur d’équipement d’origine), souligne Frank Buschmeier. Photos: Roman Engeler

La joint-venture avec Agco renforce la position sur le marché Lors de l’Agritechnica, Technique Agricole Suisse s’est entretenue avec Frank Buschmeier, de Trimble, au sujet de son partenariat avec Agco et de ses effets, ainsi que des évolutions futures de la technologie agricole numérique. Roman Engeler

Technique Agricole Suisse: Le nom de «Trimble» est associé aux systèmes de guidage de précision et par trace. Dans quels autres domaines l’entreprise est-elle spécialisée? Frank Buschmeier: Trimble a considérablement élargi ses activités en matière de technique de positionnement et opère certes dans le secteur agricole, mais aussi 18

dans les domaines de la mensuration, de la construction et des transports. Son approche consiste presque toujours à créer un lien entre univers conventionnel et numérique, dans le but de faciliter et rationaliser les travaux les plus divers. Où se trouve le siège principal de Trim­ble, combien de collaborateurs

l’entreprise compte-t-elle et où estelle présente? Le siège principal de cette entreprise fondée en 1978 par Charles Trimble se trouve aujourd’hui à Westminster, dans l’Etat du Colorado, aux USA. Elle emploie quelque 12 000 collaborateurs. Nous sommes présents à l’échelle mondiale, dans presque tous les pays de la planète. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


Interview | Marché

Comment Trimble est-il organisé en Europe, en particulier en Suisse? Trimble possède des succursales dans plusieurs pays européens et assure la distribution de ses produits principalement via le réseau commercial de Vantage et les revendeurs de Trimble. C’est aussi le cas dans votre pays, où Vantage Suisse commercialise des solutions de Trimble en collaboration avec des partenaires régionaux de distribution et de services. Quels produits ou services concrets Trimble propose-t-il à l’agriculture? Trimble s’est fait connaître par ses systèmes de guidage et ses récepteurs GNSS, c’est-à-dire qui utilisent le système mondial de navigation par satellites. Voici quelque temps, la société s’est lancée dans les systèmes de gestion agricole incarnés par la «Connected Farm». Entretemps, ce produit est bien implanté sur le marché mondial et nous pouvons ainsi proposer une interface idéale entre le monde des données et les matériels agricoles. A relever que «Connected Farm» est une solution qui convient aussi bien aux grandes exploitations qu’aux petites. Grâce à l’acquisition de Müller-Elektronik et de Bilberry, Trimble est également très actif dans le domaine des systèmes Isobus et des solutions intelligentes pour équipements attelés tels que pulvérisateurs (pulvérisation ciblée, reconnaissance des adventices) et semoirs, ainsi que dans le segment de la gestion de l’eau. Quels sont les produits qui rencontrent le plus de succès dans le secteur agricole? Les produits qui ont le plus de succès sont les systèmes de guidage et les récepteurs GNSS avec les écrans. En outre, grâce à Müller-Elektronik, Trimble est aussi l’un des principaux fournisseurs de

Frank Buschmeier Frank Buschmeier (44 ans) a exercé diverses fonctions chez Müller-Elektronik, dont son père était l’un des fondateurs. Après le rachat de la société par Trimble, il a repris dans un premier temps la direction de la filiale WTK-Elektronik. Aujourd’hui, il est responsable du marketing stratégique pour les partenaires fabricants d’équipements d’origine (OEM) du secteur agricole.

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

Frank Buschmeier: «Dans le secteur agricole, Trimble s’est fait connaître par ses systèmes de guidage et ses récepteurs GNSS, il offre aujourd’hui une grande gamme de solutions numériques.»

solutions Isobus et d’automatisation d’équipements attelés en agriculture. Avec quelles marques de machines Trimble collabore-t-il étroitement? Trimble collabore entre autres avec Agco et Claas, en partie sur la base de partenariats stratégiques. S’agissant des spécialistes d’outils portés, on peut mentionner en particulier Amazone, Horsch et Kuhn, parmi bien d’autres. Mais je tiens à souligner que nous collaborons avec pratiquement tous les grands constructeurs, Trim­ ble compte plus de 100 partenariats OEM à l’échelle mondiale. On a récemment appris qu’Agco avait repris 85 % du secteur agricole de Trim­ble. Comment est-on parvenu à cet accord? Cet accord est en fait une joint-venture. Les deux sociétés disposent d’une gamme de produits solide et d’un réseau de distribution bien établi. Ce partenariat vise à renforcer la position sur le marché des deux partenaires, en particulier dans le domaine des solutions d’agriculture de précision pour parcs de machines mixtes. Il est désormais possible d’obtenir d’un seul et même prestataire des offres couvrant l’ensemble du cycle de récolte, depuis le guidage intelligent de machines jusqu’aux solutions autonomes. Je pourrais presque qualifier cet accord de modèle révolutionnaire pour le secteur. Mais en fait, une participation de 85 % s’apparente davantage à une reprise qu’à une joint-venture…

…15 % restent tout de même dans les mains de Trimble, ce n’est donc pas une reprise. Je peux vous assurer que l’«ADN Trimble» continuera de vivre dans cette collaboration. Qu’en est-il des autres marques et constructeurs avec lesquels Trimble collaborait jusqu’ici et qui vendaient des produits de Trimble pratiquement départ usine? La stratégie de Trimble est inchangée: nous voulons collaborer avec tous nos partenaires et continuer de nous développer ainsi. En recourant à des solutions indépendantes des marques qui couvrent l’ensemble du parc de machines mixte, les agriculteurs ont plus facilement accès à leurs données et peuvent les utiliser euxmêmes en temps réel pour accroître leur efficacité. Les autres constructeurs partagent-ils votre point de vue et souhaitent-ils collaborer encore avec Trimble maintenant que la société fait partie d’Agco? Nous avons eu de premiers entretiens positifs à ce sujet avec les fabricants et partons du principe que la collaboration se poursuivra. Aujourd’hui, Agco collabore lui aussi avec d’autres fabricants pour des produits de precision-planting. Je tiens à souligner qu’il existe déjà de nombreux exemples de coopérations entre entreprises concurrentes sur le marché, en particulier dans le machinisme agricole. Chez Trimble, nous ferons tout notre possible pour continuer de proposer des solutions à tous nos clients anciens et nouveaux. 19


Marché | Interview

En 2022, Trimble a repris l’entreprise Bilberry. Quelles sont les domaines de compétence de cette société? Trimble a repris Bilberry afin de compléter sa gamme de produits avec des solutions de désherbage de précision intelligent. Bilberry est à l’origine une entreprise française spécialisée dans l’intelligence artificielle. Son système de reconnaissance «Green-on-Green», ou identification des adventices dans les cultures, vient compléter notre solution «Green-on-Brown», soit identification des adventices sur sol nu, appelée «WeedSeeker 2». Les agriculteurs peuvent ainsi réduire massivement l’utilisation d’herbicides et apporter une précieuse contribution à la protection de la nature et de l’environnement. Vous testez actuellement un pulvérisateur autonome avec le concours de Horsch. Comment cette collaboration a-t-elle vu le jour? Cela fait plus de 20 ans que Müller-Elektronik a engagé un partenariat avec Horsch, et celui-ci s’est poursuivi après sa reprise par Trimble. Les deux entreprises sont très intéressées par des solutions autonomes, et il était donc naturel que l’on continue ensemble sur cette voie. Chez Trimble, une équipe travaille depuis longtemps sur des systèmes autonomes dans les secteurs de l’agriculture et de la construction. Le projet avec Horsch en est l’une des premières applications. Où en êtes-vous actuellement avec ces tests? Le lancement sur le marché est-il pour bientôt? En 2023, nous avons testé la version bêta en Slovaquie et en Angleterre, avec des résultats très prometteurs. La présérie suivra ce printemps, et l’on peut donc s’attendre ensuite à un lancement en série. A-t-on fait appel ici à la technologie que Trimble a acquise en reprenant l’entreprise française Bilberry? Pas dans le domaine de l’autonomie, où nous sommes déjà spécialisés avec Trimble. Le projet avec Horsch porte avant tout sur l’automatisation de planifications complexes, sur le guidage de machines et sur les défis logistiques auxquels les utilisateurs de pulvérisateurs sont confrontés. L’objectif est de standardiser et optimiser la performance des machines tout en réduisant les erreurs opérationnelles, afin que même un conducteur peu qualifié puisse atteindre le même résultat qu’un utilisateur expérimenté. Le conducteur 20

«Chez Trimble, une équipe travaille sur des systèmes autonomes. Elle mène notamment un projet avec Horsch qui est actuellement en phase de mise en œuvre», confie Frank Buschmeier dans une interview accordée à Technique Agricole Suisse.

n’a plus qu’à lancer la mission sur la parcelle, la machine s’occupe du reste. Le projet va donc au-delà du guidage autonome de machines comme les pulvérisateurs automoteurs pour la protection phytosanitaire, et englobe l’automatisation de tous les flux de tâches, du bureau jusqu’au champ. Existe-t-il d’autres coopérations de ce genre dans le domaine de la technologie agricole autonome? Oui, il en existe, aussi bien dans l’agriculture que dans le secteur de la construction. Quelques-unes sont publiques, comme celle avec le constructeur de machines de chantier Dynapac. Et il y en a d’autres, avec des constructeurs renommés, que nous ne pouvons pas encore mentionner publiquement. A côté du guidage par trace, les matériels agricoles autonomes font également appel à la technique des capteurs de reconnaissance de l’environnement. Trimble a-t-il aussi des solutions pour cela dans sa gamme de produits? Notre gamme de composants inclut des systèmes de caméras et des capteurs LiDAR, radar ou à ultrasons qui sont aussi utilisés pour différentes applications, après avoir été adaptés en conséquence. S’agissant des véhicules autonomes, on sait qu’au-delà de la technologie, il y a aussi le législateur. Comment évaluez-vous la situation actuelle, le

législateur donnera-t-il un jour son feu vert à l’utilisation de machines agricoles entièrement autonomes? Le point que vous évoquez constitue certainement le plus gros défi. Il reste en effet de nombreuses questions à clarifier. Outre la sécurité, il s’agit surtout de la problématique de la responsabilité. Chez Trimble, nous essayons nous aussi de trouver des solutions avec des associations et d’autres constructeurs du secteur, mais nous ne pouvons pas directement influer sur le processus législatif. Je constate toutefois qu’il y a dans ce monde certains pays ou certaines régions où l’on se montre un peu plus ouvert aux solutions autonomes. En Europe, il faudra sans doute un certain temps avant de voir circuler des véhicules entièrement autonomes. Vous avez récemment annoncé que Trimble mettait gracieusement à disposition le signal RTX «CenterPoint» pendant la première année. De quelle sorte de signal s’agit-il et où sa réception sera-t-elle gratuite? Ce signal se distingue en ce qu’il permet une correction et précision au centimètre près et qu’il est en outre transmis par satellite sans qu’une station de base ne soit nécessaire. Cela permet de réduire le temps de préparation pour le travail sur le terrain et de limiter les durées d’interruption. Il est disponible partout dans le monde et, comme vous l’avez laissé entendre, sera proposé gratuitement pendant la première année si l’on a acheté le contrôleur de guidage «NAV-900». 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


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Marché | Nouveautés

En route en livrée de camouflage: la nouvelle génération de citernes à lisier d’Agrar a été repensée de fond en comble. Photos: Roman Engeler

Agrar propose de nouvelles citernes à lisier L’automne dernier, les habitants des environs du site de production d’Agrar Landtechnik AG, à Baltersdorf (TG) ont été surpris de voir une citerne à lisier en livrée de camouflage. Roman Engeler Agrar Landtechnik AG a une longue tradition de technologies d’épandage de lisier mais mise aussi sur leur avenir. Début 2023, elle a intégré la société suisse Hadorns Gülletechnik, productrice de matériels d’épandage de lisier et importatrice des produits Zunhammer. L’entreprise thurgovienne a ainsi pu mettre fin à sa fabrication de citernes en plastique et s’assurer l’accès aux compétences nécessaires dans ce secteur.

Phase de tests intensive Agrar Landtechnik continue à produire des citernes métalliques sous sa marque «Agrar». Elle a réfléchi au développement d’une nouvelle génération de machines. Dans cette optique, elle s’est prononcée en faveur d’un constructeur et fournisseur de citernes métalliques de haute qualité. Le résultat est une ligne de produits, dotée de technologies innovantes dans les domaines de la chaudronnerie et du soudage. Par ailleurs, un système modulaire sophistiqué a été mis au point, dont le premier exemplaire en livrée de camouflage sert à éprouver le concept. Les techniques de fabrication de pointe imposent de refaire les calculs et de renouveler les tests, surtout ceux concernant les processus de remplissage et de vidange, ainsi que les contraintes dyna22

miques inhérentes aux trajets routiers. Lors de ces tests, des centaines de kilomètres ont été parcourus pour simuler les contraintes intermittentes de pression et de dépression au remplissage et à la vidange. Ces essais ont révélé un certain nombre de faiblesses, qui ont pu être corrigées aussitôt.

Nombre de variantes ramené à 25 Parmi les 65 variantes du corps de citerne conçues au début, Agrar Landtechnik en a retenu 25. Les ébauches ont désormais des utilisations plus variées: le gabarit de perçage nécessaire pour usiner les trous traversants au droit des fixations sur le châssis porte-citerne offre davantage de souplesse pour le montage de structures annexes, compte tenu des éléments ajoutés ultérieurement, par exemple un bras d’aspiration latéral. Par ailleurs, les consoles supportant les essieux ne sont plus soudées, mais vissées. Cela offre l’avantage de simplifier l’équilibrage de la citerne en fonction de la rampe d’épandage montée. Une autre nouveauté est l’évacuation légèrement abaissée à l’arrière pour améliorer la vidange. Les points de fixation des trois ou quatre rampes d’épandage peuvent être ajustés par un gabarit de perçage et sont généralement rapprochés de la citerne, une solution fa-

La jauge de niveau aura désormais des utilisations multifonctionnelles.

vorable sur le plan du centre de gravité. La citerne est désormais coiffée d’un troisième dôme, contenant une soupape de sécurité plombée, tarée à 0,5 bar.

Jauge de niveau polyvalente Une nouveauté intéressante est la jauge de niveau polyvalente, dans laquelle il sera possible d’intégrer, par exemple, un compteur de voyages, des capteurs de niveau analogiques ou numériques, ainsi qu’un régulateur de force de freinage asservi à la charge. Agrar Landtechnik prévoit d’adapter progressivement au nouveau concept sa gamme de citernes métalliques en volumes de 4000 à 6500 litres et de passer à leur commercialisation. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


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La Suisse a longtemps été le château d’eau de l’Europe. Disposant de 6 % des réserves d’eau douce du continent, elle reste un pays bien doté, disent les spécialistes. Le potentiel de conflits en lien avec l’utilisation de cette ressource ne cesse pourtant de croître.

Ruedi Hunger

Photo: Ruedi Hunger

Si la pluie se fait désirer, on panique ou on irrigue?


L’IRRIGATION

En 2020, quelque 49 410 hectares de la surface agricole utile (SAU) étaient irri­ guées en Suisse. Cela correspond à près de 4,7 % de cette SAU. Cette part irri­ guée varie d’un canton à l’autre montre l’enquête «Datenerfassung zur land­ wirtschaftlichen Bewässerung in der Schweiz» (collecte de données sur l’irriga­ tion agricole en Suisse). Elle a été menée en 2023 par la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) dans le cadre du projet «Swiss Irrigation Info» (voir enca­ dré). Le besoin en eau de l’agriculture se monte à 20 % de l’ensemble des secteurs. Des études estiment qu’en l’absence de mesures efficaces de protection du cli­ mat, il pourrait augmenter d’environ 40 % d’ici la fin du siècle, alors que les débits des cours d’eau diminuent. Par ail­ leurs, la température moyenne en Suisse a progressé de deux degrés depuis 1864 sous l’effet du changement climatique, ce qui, souligne le rapport final du projet «Swiss Irrigation Info» («Modul 1»), en­ traîne une hausse des taux d’évaporation pendant les mois d’été. A cela s’ajoutent les débits des cours d’eau décalés en hi­ ver en raison du manque d’eau de fonte pendant la saison estivale. Une gestion prévoyante des ressources hydriques se révèle de plus en plus nécessaire compte tenu de l’accroissement de la densité d’exploitation.

La situation actuelle L’agriculture souffre tout particulièrement des conséquences de la hausse des tem­ pératures et de la diminution des précipi­ tations. En même temps, elle a besoin de volumes d’eau suffisants pour maintenir ses rendements. Une analyse d’Agros­

Pourcents de surface agricole utile (SAU) irrigués et SAU totale par canton Canton

Part de SAU irriguée en %

SAU/ha

Valais

25,7 %

37 149 ha

Genève

5,6 %

11 265 ha

Grisons

4,7 %

55 179 ha

Vaud

4,7 %

108 981 ha

Thurgovie

4,5 %

49 703 ha

Fribourg

4,5 %

75 596 ha

(les surfaces sont inférieures à 4 % dans les autres cantons) Ensemble de la Suisse

4,7 %

Italie

20,0 %

France

5,0 %

Allemagne

2,7 %

Autriche

1,4 %

Source: Swiss Irrigation Info

cope montre que les «dépenses relatives à l’eau» ont plus que doublé entre 1990 et 2019. Si le surcroît de consommation d’eau dû à la sécheresse croissante et à la pénurie d’eau en est une cause, cette hausse des dépenses est aussi une consé­ quence de la réduction des possibilités de prélèvement dans des sources d’eau natu­ relles locales. L’utilisation d’eau potable à des fins d’irrigation peut avoir un impact considérable sur le coût du fait des quan­ tités importantes et du prix élevé de l’eau.

Une infrastructure existante Une grande partie des exploitations agri­ coles en Suisse n’ont pas la possibilité d’irriguer leur SAU à large échelle. L’arro­ sage est réservé à des cultures à haute va­ leur ajoutée, dont en particulier les lé­ gumes de plein champ, les petits fruits, les fruits et les pommes de terre. Un tiers des surfaces irriguées sont des herbages

Les cours d’eau se prêtent au prélèvement d’eau, mais cette utilisation peut être soumise à des restrictions. Photo: Ruedi Hunger

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

(prairies permanentes et artificielles) si­ tués dans les vallées sèches interalpines. Seules 13,2 % des exploitations dis­ posent de l’infrastructure nécessaire à l’ir­ rigation. Des enquêtes menées en 2010, 2013, 2016 et 2020 montrent que ce chiffre est resté relativement stable, oscil­ lant entre 12 et 13 %. C’est en Valais que la part d’exploitations ayant recours à l’ir­ rigation est la plus élevée (59 %).

L’état de la mécanisation Comme il n’existe pas vraiment de vue d’ensemble des techniques d’irrigation uti­ lisées dans l’agriculture suisse, Agroscope a réalisé en 2018 une enquête écrite consa­ crée au «progrès technique» auprès d’agri­ cultrices et agriculteurs de différents sec­ teurs des productions végétale et animale. En 2018, 76 % des exploitations de grandes cultures interrogées utilisaient des sys­ tèmes d’irrigation à enrouleur (du genre «Rollomat»), et 20 % l’arrosage au goutte à goutte. Les enrouleurs avec rampe et les installations à tuyaux étaient encore ra­ rement employés (12 %). Les enrouleurs constituaient aussi la technique de distribu­ tion la plus courante dans les exploitations fourragères, 20 % de ces dernières s’appro­ visionnant à une borne hydrante. L’irrigation complémentaire est une pratique courante dans les cultures de pe­ tits fruits et de légumes. L’arrosage par aspersion se rencontre fréquemment en maraîchage. En ce qui concerne les petits fruits, en 2018, 67 % des exploitations in­ terrogées distribuaient l’eau par goutte à goutte, 33 % utilisaient des installations à tuyaux, 25 % un enrouleur avec canon à eau, et 10 % un enrouleur avec rampe. 25


L’IRRIGATION

portent en général à des installations mobiles, les concessions à des installations fixes. Les débits de concession, contrairement à ceux d’une autorisation, ne peuvent pas être limités, car ils constituent un droit de prélèvement d’eau. Comme l’ont montré les dernières années de sécheresse, les restrictions toucheront probablement surtout les cours d’eau de petite et de moyenne grandeur, qui représentent 80 % des eaux courantes.

Des données pour une planification plus fiable Utilisation combinée d’eau potable et d’irrigation d’un nouveau captage d’eau souterraine dans la vallée du Rhin aux Grisons. Photo: Ruedi Hunger

Les arbustes à petits fruits, eux, sont principalement arrosés par goutte à goutte.

La provenance de l’eau Les sources d’approvisionnement sont les eaux de surface et souterraines, mais aussi les bornes hydrantes alimentées en eau potable. Les prélèvements d’eau souterraine ont reculé par rapport à de précédentes enquêtes (2010, 2016). Il en va de même des prélèvements du réseau public. Les lacs et rivières restent les principales sources d’eau destinée à l’irrigation, même si les possibilités d’utilisation varient selon les cantons. Les aquifères constituent le plus grand et le plus important réservoir d’eau de Suisse et la principale source d’eau potable. Celle-ci provient en effet à environ 80 % du sous-sol. Dans les cantons de Zoug, Bâle-Campagne, Lucerne et Schaff­ house, l’utilisation d’eau souterraine à des fins d’irrigation est interdite ou autorisée uniquement dans des cas particuliers (BL) ou dans une région (LU). Dans d’autres cantons (GR, SO), les prélèvements dans les aquifères se concentrent

sur certaines régions. Les cantons de Zurich et de Fribourg traitent de façon restrictive les demandes de prélèvement d’eau souterraine à des fins d’irrigation. Au Tessin, l’irrigation se fait principalement à partir de réservoirs aquifères. Dans le sud du canton, des dérogations peuvent être accordées pour des prélèvements dans les eaux superficielles.

Autorisation ou concession Les eaux superficielles sont ainsi des lieux d’approvisionnement importants pour l’irrigation. Bien des cours d’eau s’étendent sur plusieurs cantons. Pour planifier à grande échelle les ressources, il est donc nécessaire de disposer d’estimations des besoins par canton bien sûr, mais aussi par espace hydrographique. Des interdictions de prélèvements d’eau de surface à des fins d’irrigation sont de plus en plus souvent prononcées. La principale raison est le maintien du débit résiduel, déterminé par les cantons pour les différents cours d’eau. Il convient de faire ici une distinction entre autorisation et concession. Les autorisations se rap-

Projet «Swiss Irrigation Info» Le projet «Swiss Irrigation Info» vise à créer une vue d’ensemble des bases de données cantonales sur l’irrigation agricole en Suisse, et à en déduire des propositions pour les futures collectes de données. Le besoin en eau est estimé en fonction de la saison et de la culture à partir de données, de modélisations et de données satellitaires. Les tendances et prévisions permettent une planification des ressources prévoyante et adaptée au site. Le projet est réalisé par Agroscope avec la Haute école spécialisée

26

bernoise (Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires, HAFL), sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Le rapport final «Modul 1» «Datengrundlage und künftige Datenerfassung zur landwirtschaftlichen Bewässerung in der Schweiz» («Base et collecte de données sur l’irrigation agricole en Suisse», en allemand seulement), établi par la HAFL est paru au début de l’été 2023. Il peut être téléchargé sur le site reseaudirrigation.ch sous la rubrique «Publications».

Dans tous les cantons, on connaît les régions importantes du point de vue de l’irrigation, mais sans avoir toujours prévu ou élaboré une stratégie d’octroi de droits d’utilisation. On est aussi au courant du nombre d’interdictions de prélèvement prononcées entre 2017 et 2022. Sauf quelques exceptions, les sites de prélèvement (autorisations/concessions) sont géoréférencés. En revanche, la plupart des cantons ne disposent ni de données ni de renseignements sur les volumes d’eau effectivement prélevés (en m3). Les informations relatives au périmètre irrigué (en ha) sont encore plus rares. Même si l’irrigation concerne principalement des cultures spéciales telles que légumes de plein champ, petits fruits ou cultures fruitières ainsi que pommes de terre et autres grandes cultures ayant besoin d’être arrosées, les données cantonales relevées ne permettent pas de déterminer l’importance de ces cultures pour l’irrigation agricole. Aucun des cantons interrogés (17) ne relève des informations au niveau des cultures. Dans certains d’entre eux (GR, VS), des formes d’irrigation traditionnelles jouent un rôle important dans la production fourragère.

Conclusion Moins de 5 % de la surface agricole utile en Suisse est irriguée. Pourtant, l’agriculture consomme 20 % des besoins en eau de l’ensemble des secteurs consommateurs. La hausse des températures s’accompagne d’une augmentation des taux d’évaporation des cultures. En outre, les débits des cours d’eau se décalent en hiver en raison de l’absence d’eau de fonte pendant la saison estivale. Suivant la situation, le canton ou la région, les autorisations ou concessions d’utilisation d’eau sont délivrées de façon restrictive. Dans l’ensemble, une planification plus fiable et une utilisation (plus) efficace de l’eau dans l’agriculture s’avèrent nécessaires. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


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L’IRRIGATION

L’irrigation génère des coûts Après des jours de canicule et des semaines de sécheresse, les cultures souffrent de stress hydrique. Ne serait-il pas dès lors sensé d’investir dans du matériel d’irrigation? Ruedi Hunger

Il est souvent difficile de déterminer à quel moment un investissement dans un système d’irrigation s’impose sur le plan agronomique, et à quel moment cela se justifie du point de vue économique. En matière d’irrigation, jamais la notion de «besoin» et celle de «nécessité» n’ont été d’une aussi brûlante actualité.

Une affaire de coûts Aussi bien un matériel d’arrosage qu’une installation à tuyaux et asperseurs occasionnent des coûts fixes et des coûts variables. Les coûts fixes s’imposent que le matériel soit utilisé ou pas; les prix d’acquisition en sont le facteur déterminant. A l’inverse, les coûts variables n’apparaissent que lorsque le matériel est utilisé. L’ensemble des coûts d’un équipement d’irrigation influence le résultat d’exploitation; il convient de ne pas le sous-estimer. Pour déterminer s’il est économiquement judicieux d’engager des dépenses pour irriguer, il faut absolument garder à l’esprit que le seul besoin en eau ne suffit pas à justifier une mesure d’irrigation. Il faut que le rendement supplémentaire obtenu dépasse substantiellement les frais engagés en termes de travail, de coûts d’installation et d’exploitation générés par cet apport hydrique. C’est alors, et seulement là, que les cultures peuvent être considérées comme nécessitant une irrigation. Plus la valeur du produit récolté est élevée, plus le rendement supplémentaire obtenu en irrigant garantit un bénéfice supérieur aux dépenses.

Dilemme coûts fixes et variables La problématique des «coûts cachés», étudiée dans le rapport ART 728 d’Agro­ scope, paru en 2010 et intitulé Quand l’achat de machines est-il rentable? Comment réduire les coûts de machines? s’applique aussi à l’irrigation. Lors d’un achat au comptant, les coûts fixes (coûts d’acquisition) sont souvent considérés comme des coûts cachés. C’est le cas une fois l’achat conclu et l’argent dépensé 28

Au vu des importants coûts engendrés, chaque millimètre d’eau est à utiliser de la manière la plus profitable possible. Photo: Lukas Keller

puisqu’il ne reste en apparence plus que des coûts variables. Cependant, les coûts variables sont surestimés tandis que les coûts fixes sont largement négligés. Une fois qu’un système d’irrigation ou tout autre matériel est acquis, il ne reste plus qu’un potentiel limité de réduction des coûts qui ne peut intervenir que sur les coûts variables. Certes, moins un matériel est employé et moins il génère de coûts annuels, mais il reste à déterminer dans quelle mesure ses coûts fixes peuvent être couverts. Si la vente de produits ne contrebalance pas les coûts d’achat, le propriétaire du matériel ne peut en général remédier à ce déficit qu’en travaillant pour des tiers ou en louant son matériel.

Toutefois, dans le secteur de l’irrigation, ni l’entrepreneuriat ni la location ne sont pratiques courantes. Elles sont tout au plus des exceptions.

Taux d’utilisation fluctuant Toute personne souhaitant investir dans du matériel d’irrigation sur son exploitation doit donc réfléchir à son taux d’utilisation. On se sert d’un tracteur, d’une faucheuse ou d’un outil de travail du sol à un degré (taux d’utilisation) peut-être variable mais néanmoins chaque année. Alors qu’en fonction de la météo et de la rotation des cultures, les systèmes d’irrigation ne seront pas forcément utiles chaque année. Sur le plan de la technique 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


L’IRRIGATION

de travail, c’est un point positif. Mais si un matériel d’irrigation reste souvent ou la plupart du temps au repos, il n’en génère pas moins des coûts fixes élevés par unité de travail (hectare, heure, mètre cube), même si ceux-ci sont «cachés» par le propriétaire et demeurent imperceptibles. Il en va de même d’un système d’irrigation à enrouleur engagé régulièrement mais doté d’un tuyau de 500 mètres sur un domaine où la longueur des champs ne dépasse pas 250 mètres. Son utilisation n’est pas optimale. Si l’on entend souvent dire «j’espérais pouvoir louer plus de terres», mieux vaut se souvenir que l’espoir est le dernier à mourir sur le champ de bataille! Economiquement parlant, l’achat de matériels «pour le cas où» ne se justifie que très rarement. La question qui se pose est comment augmenter le taux d’utilisation d’un ma-

tériel. Arroser davantage à seule fin d’augmenter ce taux n’est guère judicieux. Il est plus pertinent de louer plutôt que d’acheter, ou alors de se tourner vers un achat en commun. Prendre en location peut s’avérer difficile, car le matériel d’irrigation adéquat ne se trouve pas forcément chez tous les fournisseurs. En outre, en période de sécheresse, ces équipements peuvent soudainement être requis par plusieurs personnes simultanément. Reste qu’il peut être intéressant d’essayer quand même. L’utilisation collective de matériels d’irrigation dépend beaucoup de la structure de l’exploitation, des cultures en place et de la tolérance mutuelle entre co-utilisateurs et co-utilisatrices. Celui ou celle qui veut irriguer ses champs doit cependant compter avec une charge de travail supplémentaire, supposant une flexibilité élevée si le matériel est

employé en commun sur des exploitations similaires. «Ne jamais dire jamais», dit toutefois l’adage.

Seuil d’achat Il convient ici d’évoquer le «seuil d’achat». Il correspond au niveau de taux d’utilisation où les coûts de location et d’achat sont équivalents. Dans le cas d’un matériel d’irrigation de taille moyenne équipé d’un tuyau de 350 mètres de long et d’un canon, ce seuil d’achat correspond à environ 30 unités de travail (heures), pour un prix d’acquisition de 25 000 francs et 250 heures d’utilisation annuelle. Si l’on se réfère uniquement au matériel, une exploitation qui n’irrigue effectivement que durant 30 heures/an s’en sort mieux avec la location. Acheter n’est donc rentable qu’à partir d’une trentaine d’heures d’irrigation effective par an.

Tableau 1: calcul des coûts pour un système d’irrigation à 37 asperseurs/hectare Système à asperseurs

Investissement Amortissement Taux d’utilisation Coûts fixes Coûts variables (CHF) (CHF/an) (h/an) (CHF/an) par UT** par h

Tracteur 50 kW

79 000

5267

600

Pompe d’arrosage électrique 22/30kW

17 500

656

250

* 20 000

750

250

7561

1 arrosage 2 arrosages 6 arrosages

20.00

41.48

20.74

41.48

124.44

938

1.05

5.28

31.68

63.36

190.05

1058

1.20

6.03

36.18

72.36

217.08

5.98

35.88

71.76

215.28

Conso. électrique Instal. d’arrosage, 37 arroseurs, 600 m

12 500

625

250

984

2.13

11.66

66.51

133.02

399.06

*14 000

700

250

1075

2.38

13.03

76.92

153.84

461.52

MOh ***/passage

2,5 h

30.00

30.00

75.00

150.00

450.00

Variante 1, coûts totaux pour 1, 2, 6 arrosages)

229.81

459.62

1378.86

* Variante 2, coûts totaux pour 1, 2 ou 6 arrosages)

244.72

489.44

1468.32

Coûts par m³ (250 m³ pour un prix de revient de l’eau de 0.50 CHF/m³)

~ 1.40

Selon le programme de calcul «TractoScope 2023» et le cours Agridea «09.463»; * variante 2 calculée avec des coûts d’investissement plus élevés; ** UT = unité de travail; *** MOh = heure de main d’œuvre

Tableau 2: calcul des coûts pour un système d’irrigation à canon et tuyau de 350 mètres Enrouleur 350 m avec canon

Investissement Amortissement Taux d’utilisation Coûts fixes Coûts variables (CHF) (CHF/an) (h/an) (CHF/an) par UT ** par h

1 arrosage

2 arrosages 6 arrosages

Tracteur 50 kW

79 000

5267

600

7561

20.00

41.48

20.74

41.48

124.44

Pompe d’arrosage électrique 22/30 kW

17 500

656

250

938

1.05

5.28

31.68

63.36

190.05

* 20 000

750

250

1058

1.20

6.03

36.18

72.36

217.08

5.98

35.88

71.76

215.28

12.63

75.78

151.56

454.68

3.85

17.68

106.08

212.16

636.48

30.00

30.00

15.00

30.00

90.00

Variante 1, coûts totaux pour 1, 2 ou 6 arrosages

179.08

358.16

1074.48

* Variante 2, coûts totaux pour 1, 2 ou 6 arrosages

198.88

397.76

1193.28

Conso. électrique Matériel d’arrosage

MOh ***/ passage

25 000

1563

250

2183

* 35 000

2188

250

2913

0,5 h

Coûts par m³ (250 m³ pour un prix de revient de l’eau de 0.50 CHF/m³)

2.75

~ 1.22

D’après le programme de calcul «TractoScope 2023» et le cours Agridea «09.463»; * variante 2 calculée avec des coûts d’investissement plus élevés; ** UT = unité de travail; *** MOh = heure de main d’œuvre

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L’IRRIGATION

Pendant la floraison, les pois protéagineux sont très sensibles au stress hydrique. Photos: Ruedi Hunger

L’eau prisée par les plantes Parfois on rêve d’un monde où, méthodes modernes d’amélioration végétale aidant, les cultures pourraient se passer d’apports en eau. Les choses ne sont bien sûr pas aussi simples, car c’est lorsque l’eau manque que certaines cultures exigent une irrigation ciblée. Ruedi Hunger

Dans les stations souffrant d’une pénurie d’eau chronique, l’obtention de rendements élevés et stables est impensable sans irrigation de complément. Ces apports d’eau, destinés à sécuriser les rendements et la qualité, verront leur rôle se renforcer à l’avenir. Les climatologues annoncent une poursuite du réchauffement et un décalage des pluies de l’été vers l’hiver. Chaque culture a besoin d’apports en eau spécifiques. Les aspects les plus significatifs sont examinés ci-dessous.

Céréales: «prendre la température» Le potentiel de rendement de l’arrosage des céréales est apprécié selon des critères variés. En phase végétative, une bonne alimentation en eau est primordiale car c’est d’elle que dépend le stoc30

kage intermédiaire des assimilats dans les tiges, les feuilles et les gaines foliaires. En cas de sécheresse en phase générative, la plante pourra faire appel à ces réserves pour assurer le remplissage des grains. La transpiration d’H2O et l’assimilation du CO2 sont régulées à travers des ouvertures, appelées stomates. Lorsque l’alimentation en eau est suffisante, les stomates s’ouvrent, permettant à la plante d’absorber le dioxyde de carbone nécessaire à la photosynthèse. Cette phase s’accompagne inévitablement d’émissions de vapeur d’eau, qui interviennent dans la régulation de température. Lorsque l’alimentation en eau n’est plus assurée, les stomates se ferment et les émissions de vapeur se raréfient, voire cessent totalement. La perte de l’effet rafraîchissant

due à l’absence de vapeur d’eau fait monter la température dans les feuilles. En conséquence, la température du peuplement franchit un seuil détectable par des capteurs à infrarouges, par exemple pour piloter l’arrosage. Les chercheurs ont constaté dans les peuplements de plantes stressées une température dépassant d’environ 3 degrés celle de plantes bénéficiant d’un arrosage contrôlé. Ils ont aussi établi une corrélation entre la température du peuplement et le rendement en grains et en paille. Autrement dit: plus la température du peuplement est basse, meilleur sera le rendement en grains. Ils ont par ailleurs constaté que 20 à 90 % du rendement en grains provenaient d’assimilats stockés dans des éléments végétatifs tels que les tiges, feuilles et gaines fo1 | 2024   Technique Agricole Suisse


L’IRRIGATION

liaires. Contrairement aux autres pro­ cessus physiologiques, la migration des assimilats est relativement peu affectée par le stress hydrique. Ultérieurement, en fin de phase de remplissage des grains, une séquence d’arrosage peut retarder le flétrissement.

Pommes de terre: sécuriser rendement et qualité Parmi les grandes cultures, ce sont les pommes de terre qui, après les légumes de plein champ, ont le plus à gagner de l’arro­ sage. Parallèlement à la sécurité classique des rendements, la qualité des tubercules est un critère décisif. La tubérisation est déterminée par la température et la dispo­ nibilité de fertilisants et d’eau. Les consé­ quences peuvent se faire sentir jusque dans le tri ultérieur des récoltes. Les ca­ rences en eau et en nutriments entraînent une tubérisation d’emblée réduite, ou une réduction ultérieure des tubercules. Les problèmes ne s’arrêtent pas là, car la tubé­ risation réduite fait grossir les tubercules individuels, parfois au-delà des critères de tri convenus. En outre, l’alimentation en eau a une influence sur la formation de la tavelure commune. La composition des bactéries et des champignons varie avec l’hygromé­ trie du sol. Souvent les bactéries «strep­ tomyces ssp.» responsables de la forma­ tion de tavelure voient leur capacité concurrentielle, et donc le risque d’infec­ tion, diminuer. Ce fait plaide en faveur d’une irrigation précoce, dès le stade de la tubérisation.

Pommes de terre: ombre, rafraîchissement, évaporation Les températures parfois extrêmes de l’été dernier ont été fort préjudiciables aux cultures de pommes de terre, à tel point que certains peuplements se sont littéralement effondrés. Après plusieurs jours de canicule portant la température

Dans le cas du blé, la migration des assimilats est relativement peu affectée par le stress hydrique, contrairement aux autres processus physiologiques.

des tubercules dans les buttes à plus de 27 degrés, des phénomènes de crois­ sance secondaire anormale ont été ob­ servées. Une température supérieure à 30 degrés est susceptible de perturber durablement le développement des tu­ bercules. Pour y remédier on dispose des mesures du rafraîchissement de l’appareil foliaire par évaporation d’eau et de l’om­ brage des buttes. Evaporation: l’eau absorbée par les ra­ cines est principalement éliminée à tra­ vers les stomates sur la face inférieure des feuilles. L’évaporation de cette eau sou­ tire de la chaleur à l’environnement, re­ froidissant ainsi les plantes. Ombre: les peuplements de pommes de terre reçoivent d’importantes quanti­ tés d’énergie thermique, transmises par le

rayonnement solaire. Seule une faible partie de cette énergie peut être stockée sous forme d’assimilats produits par pho­ tosynthèse. En supposant environ 20 % du rayonnement directement réfléchi par la surface des feuilles, la plus grande par­ tie est emmagasinée dans le peuplement sous forme de chaleur. La canopée qui se développe neutralise une partie de la cha­ leur par évaporation. Elle empêche aussi le rayonnement d’atteindre la butte. La combinaison des deux phénomènes pré­ vient tout échauffement excessif des tu­ bercules. Pour assurer une irrigation cor­ recte des peuplements de pommes de terre, les cultivateurs disposent d’outils d’aide à la décision, par exemple des ap­ plis de gestion de l’irrigation, en complé­ ment de leur expérience.

Tableau 1: données phénologiques du maïs calculées en degrés-jours 2023: calcul simplifié sur la base d’une température de 6 degrés

Stades phénologiques

Température (degrés/jours)

Dates d’occurrence moyennes (de 1981 à 2010)

Date d’occurrence, semis du 20.04.2023

Date d’occurrence, semis du 01.05.2023

Levée

100

~ 18 mai

~ 5 mai

~ 14 mai

Début de la floraison

800

~ 24 juillet

~ 7 juillet

~ 18 juillet

Fin de la floraison

1100

~ 15 août

~ 30 juillet

~ 8 août

Maturité

1600

~ 11 octobre

~ 4 septembre

~ 14 septembre

Source: périodique Recherche Agronomique Suisse 6/2015; Agrometeo (Landquart)

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

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L’IRRIGATION

Maïs: cinq semaines d’arrosage intense Comme pour d’autres cultures, l’irrigation du maïs offre un potentiel de rendement lorsque les surcoûts qu’elle engendre sont couverts par les surplus de rendement espérés. Au début de la phase de croissance, le maïs a besoin de beaucoup de chaleur. Pendant la phase de développement juvénile, généralement plutôt fraîche, l’évapotranspiration1) quotidienne est de l’ordre

de 2,5 mm (ou l/m2). Entre la montaison et l’épiaison, lorsque la demande en eau est maximale, elle se situe entre 7 et 10 mm. La consommation d’eau totale du maïs est pour moitié imputable à la période de végétation de cinq semaines qui s’étend entre les stades «fin de la montaison», «épiaison» et «floraison». Dans les expositions critiques il est recommandé de s’adapter d’emblée aux ressources en eau disponibles en réduisant la densité des

semis (c’est-à-dire la densité du futur peu­ ple­ ment). Tout accroissement de 1000 plantes/ha de la densité du peuplement exige 20 mm d’eau supplémentaire2). En cas d’arrosage extensif, cela signifie un apport d’eau de 115 mm pendant les phases critiques du développement à 30 % de capacité au champ utile. Par arrosage optimal, on entend un apport d’eau supplémentaire de 160 mm à partir de 45 % de capacité au champ utile. Se-

Tableau 2: les principales phases de développement propices à l’irrigation Culture

Phases principales Début du développement végétatif au stade BBCH 20

Céréales (blé)

Pendant la montaison, au stade BBCH 30 Après la floraison au stade BBCH 71

Effets des apports d’eau… Après des précipitations hivernales insuffisantes, l’irrigation peut être recommandée pour favoriser le tallage, à condition que le temps se soit suffisamment réchauffé (10 degrés). Un ou plusieurs apports d’eau pendant la montaison peuvent fournir un supplément de rendement appréciable. Un apport d’eau tardif aura surtout pour effet d’augmenter le poids des grains.

Une irrigation inappropriée à un moment défavorable peut provoquer ou favoriser des maladies fongiques. Céréales (orge)

Début du développement végétatif Au moment de la montaison Maïs succédant à une culture dérobée semée à l’automne Développement foliaire, jusqu’au stade BBCH 30

Maïs

Juste avant et pendant l’épiaison, au stade BBCH 39 De la floraison à la maturité laiteuse, stades BBCH 60 à 75 Avant/après le semis

Betteraves sucrières

Début de la fermeture du peuplement, du stade BBCH 30… Fermeture du peuplement à 80/90 %, … au BBCH 38 Irrigation tardive… Formation de stolons

Pommes de terre

Arboriculture fruitière (pommiers)

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Les apports d’eau ne servent à rien jusqu’à une température moyenne de 5 degrés. Le potentiel de rendement est amélioré, surtout celui de l’orge de printemps. Le maïs comme seconde culture est plus rapidement exposé au stress hydrique en cas d’humidité insuffisante dans le sol. L’irrigation n’est pas très indiquée car les besoins en eau sont encore faibles. Période d’irrigation la plus importante. Le rendement est réduit de 22 % après deux jours sans pluie, avec une humidité du sol proche du point de flétrissement, et divisé par deux après huit jours sans pluie. Une carence en eau peut entraver la formation des épis, affectant surtout le nombre de grains par épi (le poids des grains dans une moindre mesure). L’humidité hivernale est présente en quantité suffisante. L’irrigation risquerait de favoriser la formation d’une croûte de battance. La capacité au champ utile doit rester au-dessus de 50 %. L’irrigation devient nécessaire lorsque 70 à 80 % de la capacité au champ utile ont été utilisés à 90 cm de profondeur. Les apports d’eau tardifs après un épisode sec prolongé améliorent le rendement global, y compris la masse foliaire, mais diminuent la teneur en sucre, surtout dans les sols lourds. La sécheresse entrave la formation de stolons, donc la tubérisation.

Tubérisation et début de floraison, stade BBCH 40-45 Croissance des tubercules, stade BBCH 46-50

Une humidité suffisante pendant cette phase de croissance garantit le bénéfice de tout le potentiel de rendement génétique. Un approvisionnement en eau insuffisant a pour effet d’entraver la croissance des tubercules et d’en réduire la taille, donc le rendement. Dans les régions sèches, un ou deux apports d’eau sont recommanAvant la floraison dés en cas d’insuffisance des précipitations, pour favoriser la constitution d’une réserve d’eau dans le sol. Une tension de succion jusqu’à 0,13 bar dans le sol favorise le développement des feuilles et des pousses. Au-delà de 0,3 bar, lorsqu’elle Jusqu’à trois semaines après la floraison atteint 0,8 bar, la croissance des pousses tombe à 75 % et à 50 %. Sauf conditions météorologiques exceptionnelles, les précipitations naturelles suffisent pour couvrir les besoins en eau. Dans les régions Développement des fruits jusqu’à la récolte sèches cependant, une irrigation appropriée est indispensable pendant la phase de développement des fruits.

1 | 2024   Technique Agricole Suisse


L’IRRIGATION

lon les scénarios d’Agroscope (2015), au fur et à mesure de la progression du réchauffement climatique, les surfaces propices aux cultures de maïs s’étendent aux régions situées en altitude, pour diminuer dans celles aux altitudes moins élevées. Dans différentes expositions, et durant les années extrêmes, le stress thermique et le développement accéléré des plantes ont pour effet de restreindre les cultures de maïs. Compte tenu de la disponibilité réduite en eau durant les années sèches, l’aménagement de réserves d’eau doit être envisagé pour garantir l’irrigation.

Betteraves sucrières: recommandations contradictoires Jusque dans les années 1980-1990, on entendait des recommandations contradictoires concernant le moment, la périodicité et le volume des apports d’eau prodigués aux betteraves sucrières. Les expériences dans le domaine de l’arrosage des betteraves, recueillies dans les différents bassins de production d’Europe centrale, font apparaître comme inutiles, voire préjudiciables aux rendements, les apports d’eau au printemps jusqu’à environ 80 jours après la levée des semis. Dans les régions de production des Etats-Unis en revanche, l’arrosage a toujours été considéré comme déterminant pour les rendements. La température minimale de germination des betteraves est de 5 degrés, et s’avère optimale jusqu’à 25 degrés. Plus la température est proche de la valeur optimale, plus vite intervient la germination et le développement de la plante, à condition toutefois de disposer d’une humidité suffisante. Si l’humidité du sol est réduite, voire totalement absente au printemps, la constatation ci-dessus, selon laquelle l’arrosage des betteraves serait inutile, voire préjudiciable au rendement, est évidemment caduque. L’arrosage des betteraves sucrières tout au long de la période végétative demande de l’expérience et du doigté, car il a une influence positive ou négative sur le rendement global et sur la masse foliaire, dont dépend la teneur en sucre.

Prairies: préserver une couche herbeuse performante Du point de vue de la rentabilité, l’opportunité d’arroser les prairies s’évalue plus difficilement que dans les grandes cultures ou le maraîchage. En montagne, les terrains pentus peu profonds seraient sans doute demandeurs, mais l’opportunité de les arroser n’est guère établie. On Technique Agricole Suisse   1 | 2024

Dans le cas du maïs, 50 % de la consommation d’eau totale sont imputables à la période de 5 semaines «fin de montaison-épiaison-floraison».

L’opportunité d’arroser les pommes de terre est généralement indiscutable. Un système d’irrigation goutte-à-goutte performant est représenté sur cette photo.

peut néanmoins envisager des mesures d’irrigation pour assurer ses propres réserves de fourrage et surtout préserver une couche herbeuse intacte, capable de retrouver ses capacités de production. En réalisant des essais sur les effets de la sécheresse au pied sud de l’arc jurassien, Agroscope (Meisser et al. 2013) a constaté que les peuplements végétaux trop fréquemment exploités souffraient davantage des effets de la sécheresse. En même temps, les spécialistes affirment avoir constaté que les apports d’eau les plus efficaces étaient ceux prodigués aux prairies artificielles. Dans les régions sèches intra-alpines, l’irrigation des prairies risque de modifier la composition des peuplements. L’irrigation influence la bio-

diversité spécifique de chaque site, faisant augmenter ou au contraire diminuer le nombre d’espèces. Ce sont particulièrement les plantes tolérantes à la sécheresse qui risquent de pâtir de l’irrigation. L’agriculture de montagne est responsable de l’exploitation des prairies à forte valeur écologique. Elle doit faire preuve de vigilance lorsqu’elle irrigue ses prairies et éviter ainsi une intensification (involontaire) de l’exploitation. 1) L’évapotranspiration désigne la quantité potentielle d’eau émise dans l’atmosphère sous forme de vapeur d’eau par un peuplement végétal bénéficiant d’apports suffisants en eau et en fertilisants. 2) Extrait de la publication de Wolfram Achtnich intitulée Bewässerungslandbau.

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L’IRRIGATION

Des systèmes d’irrigation efficaces Les systèmes utilisés aujourd’hui ne répondent pas toujours aux exigences d’une irrigation efficace. Les besoins énergétiques et la précision de distribution de l’eau laissent souvent à désirer. Au final, tout est question de gestion et de coûts. Ruedi Hunger

Avec l’importance croissante qu’ils revêtent pour les cultures agricoles et maraîchères, les systèmes d’irrigation font l’objet de plus en plus de recherches et des surfaces qui en étaient jusqu’alors dépourvues en sont équipées. Dans ce contexte, l’utilisation efficace de l’eau revêt une importance croissante, d’autant plus que cette ressource n’est plus inépuisable. Outre la gestion, la technologie est décisive pour l’efficacité et la rentabilité. Il vaut donc la peine d’examiner les systèmes d’irrigation existants (chez nous). Les dispositifs linéaires et circulaires ne sont pas pris en compte dans cette étude.

Des pertes d’efficacité Le vent exerce un effet dans tous les systèmes d’irrigation, à l’exception du goutte-à-goutte. Son influence est négative sur l’efficacité et la répartition. Outre le vent, la température et l’humidité de l’air au moment de l’arrosage déterminent l’efficacité de la distribution d’eau. L’évaporation lors de la chute des gouttes sur la surface des feuilles mouillées et au sol provoque des pertes d’eau. En plus des facteurs météorologiques, les

conditions de fonctionnement (ouverture des buses, pression, perturbation du jet) agissent également sur l’efficacité. Les pertes augmentent encore avec l’élévation de la température, les forts courants d’air, une pression de service élevée et les contraintes directes sur le jet. Elles diminuent avec l’augmentation de l’humidité relative de l’air et l’agrandissement de l’ouverture des buses. L’influence du vent peut être atténuée par un jet plus doux, la diminution des perturbations du jet et la réduction de la fréquence du levier oscillant. En adaptant la pression de service, il est possible d’améliorer la résistance au vent du jet d’eau (pression plus élevée) et des gouttes (pression plus basse). A l’inverse, la pression de service influence la rentabilité et l’augmentation du spectre des gouttes peut exercer des effets secondaires négatifs sur le sol et les plantes.

La structure des installations En principe, les installations d’irrigation sont toujours conçues de la même manière (tableau 1). Il faut une «réserve d’eau» sous forme de pompage d’eau

souterraine, de pompage mobile sur un cours d’eau ou un bassin de stockage ainsi que de réservoir ou de source situé en hauteur. Des conduites dans le sol ou mobile en surface sont nécessaires pour le transport de l’eau. De surcroît, le relevé des quantités au moyen d’un compteur d’eau est aujourd’hui indispensable comme, en dernier lieu, une technologie de distribution appropriée.

Irrigation par asperseurs Les arrosages par asperseurs avec tuyaux (tableau 2) ont des utilisations très variables et servent pour de nombreuses cultures. Il est également possible d’arroser les cultures sensibles (nouveaux semis) avec de petites quantités d’eau. De même, ce type d’arrosage s’utilise volontiers en cas de cultures de courte durée et de rotations rapides de cultures en raison de leur mobilité (tuyaux à raccords rapides). La précision de répartition de l’eau est bonne lorsque la pression au niveau de l’arroseur, le raccord, le type d’arroseur et le diamètre des buses sont adaptés les uns aux autres. L’arrosage pour la lutte contre le gel n’est possible que par aspersion. De

Tableau 1: les éléments principaux des systèmes d’irrigation agricoles Principaux éléments des systèmes d’irrigation

Approvisionnement en eau

Conduite d’eau

Mesure des volumes

Répartition de l’eau

Crédit photos: Fastenholt, L. Keller, Ruedi Hunger, ALB

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1 | 2024   Technique Agricole Suisse


L’IRRIGATION

nos jours, l’accent est mis sur une utilisation efficiente de l’eau, l’arrosage par asperseurs avec tuyaux ne s’y prête pas toujours de façon satisfaisante. Selon diverses études allemandes, l’efficacité de l’irrigation aérienne se situe entre 65 et 75 %, alors que celle de la micro-irrigation est estimée à 90 %. Le principal inconvénient de l’irrigation par tuyaux est qu’elle nécessite beaucoup de travail de montage, démontage et déplacement. Les durées d’arrosage et les pertes par évaporation sont d’autant plus faibles que l’eau est répartie uniformément sur la surface. Pour évaluer la précision de répartition, des pluviomètres doivent être installés à intervalles réguliers de manière à déterminer la densité de l’irrigation pour une surface représentative. Après une durée d’une heure par exemple, tous les pluviomètres doivent être relevés individuellement et la quantité d’eau notée. La fiche conseil intitulée Genauigkeit der Wasserverteilung bei Rohrberegnung, ou «Précision de la répartition de l’eau pour l’irrigation par tuyaux», publiée (uniquement en allemand) par la société bavaroise ALBBayern en juin 2023, se révèle très utile pour évaluer avec précision la répartition de l’eau de l’arrosage par asperseurs.

Irrigation goutte-à-goutte ou micro-irrigation Le procédé d’irrigation goutte-à-goutte, ou de micro-irrigation (tableau 3), se caractérise par sa gestion efficace de l’utilisation de l’eau. En parallèle, ce procédé permet d’économiser de l’énergie et convient aux cultures. Comme son nom l’indique, l’eau n’est pas distribuée sous forme de jet, mais seulement au goutteà-goutte. En cas d’irrigation goutte-àgoutte, seules les zones situées sous les goutteurs sont arrosées. Plus le sol devient lourd, plus les forces d’aspiration latérales augmentent et l’eau se répand alors horizontalement. Les goutteurs sont fixés à l’intérieur des tuyaux à intervalles réguliers de 30 à 80 cm, ce qui garantit une répartition régulière de l’eau jusqu’à une longueur de 750 mètres. Les systèmes d’irrigation goutte-à-goutte s’avèrent très exigeants en matière de propreté de l’eau. A défaut, des particules de saleté peuvent obstruer les points d’égouttage. Des systèmes de filtration sont donc généralement installés en amont. Selon la culture, du nombre de goutteurs par mètre et de la quantité d’eau souhaitée, différents types de goutteurs sont utilisés. Le spéTechnique Agricole Suisse   1 | 2024

cialiste en irrigation Netafim cite en exemple les dispositifs suivants: • Goutteurs autofermants à compensation de pression assurant un débit d’eau constant entre 1,0 et 3,5 bars. Les éventuelles différences de pression dans le système sont compensées. Ces goutteurs conviennent bien aux grandes sections d’irrigation. Le terme «autofermant» signifie que les goutteurs se ferment lorsque l’installation est arrêtée et que la pression diminue ce qui maintient la conduite pleine. • Goutteurs à labyrinthe disposant d’un passage large muni de dentures qui

créent des tourbillons dans l’eau. Cela fait baisser la pression tout en maintenant l’eau en mouvement dans le goutteur, diminuant le risque d’obturation. • Système par capillarité. Il s’agit d’un tuyau en polyéthylène avec des ouvertures fines. Le débit d’eau d’un tel système dépend du rapport entre le diamètre intérieur, la longueur du tuyau et la pression dans le tuyau principal. L’écoulement est doux et l’eau presque immobile sur la paroi du tuyau. Le principal inconvénient de l’irrigation goutte-à-goutte est le coût élevé du ma-

Tableau 2: l’irrigation par asperseurs La disposition spatiale des asperseurs circulaires avec tuyaux est appelée «groupe d’arrosage». On distingue les arrosages en carré / en triangle. Le triangle n’offre pas de répartition plus précise. Les dimensions habituelles sont 12 × 12 m, 12 × 18 m, 18 × 18 m et 18 × 24 m. Le premier chiffre indique la distance entre deux asperseurs circulaires sur un même tuyau et le second renseigne sur la distance entre les tuyaux. La densité et l’intensité d’irrigation se réfèrent au volume appliqué par surface et unité de temps (mm/h ou l/m²/h). Elle se calcule ainsi: débit de l’arroseur circulaire/ (distance entre les arroseurs circulaires sur le tuyau × distance entre les tuyaux)

Tableau 3: l’irrigation goutte-à-goutte ou la micro-irrigation Un goutte-à-goutte comporte: une unité de tête: composée de la robinetterie, des régulateurs de pression, des éléments filtrants et du compteur d’eau; des conduites d’alimentation: constituées de la conduite principale, des conduites de distribution et des raccords; un dispositif goutte-à-goutte: formé de lignes ou de tuyaux de goutte-à-goutte ou de goutteurs individuels. On distingue les systèmes suspendus en l’air, posés sur le sol (butte) et enterrés. Différents systèmes: Dans le cas d’une irrigation goutte-à-goutte en surface (pommes de terre), les tuyaux sont posés sur le sommet des buttes ou dans les intervalles entre buttes. Les tuyaux enterrés sont posés en profondeur (pour les cultures pérennes) ou à la surface (cultures annuelles). Les tuyaux enterrés n’entravent ni les traitements phytosanitaires de surface, ni la régulation mécanique des adventices.

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L’IRRIGATION

tériel et de l’installation. L’efficacité élevée (plus de 90 %) constitue en revanche son grand avantage.

Les installations d’irrigation puissantes Les installations d’irrigation pour grande surface (tableau 4) restent les plus répandues en Suisse. Elles sont notamment très fréquentes dans le maraîchage de plein champ ou industriel, ainsi que dans les grandes cultures, en particulier les pommes de terre. Ces installations s’utilisent également pour les cultures fourragères. Leur flexibilité est élevée, mais en raison des grandes distances de projection et des pertes de pression non négligeables dans les tuyaux en polyéthylène enroulés, elles nécessitent une grande quantité d’énergie. La répartition de l’eau est bonne, mais ces systèmes restent sensibles à la dérive et aux pertes par évaporation en cas de vent et de température de l’air élevée. Une utilisation efficace implique de préférence des champs d’une longueur de 250 à 500 mètres. Composants: l’installation est montée sur un châssis à un essieu (et jusqu’à 3 essieux). Une tourelle assure l’orientation optimale de la bobine pour faciliter le déroulement et l’enroulement. Un tuyau en polyéthylène «enroulable» de 40, 50, 75, 90, 110 ou 120 mm de diamètre est enroulé sur le tambour. Un système d’animation actionné par l’eau en mouvement entraîne et guide le tuyau à une vitesse constante. L’épaisseur de la paroi du tuyau doit être adaptée à la longueur du tuyau pour garantir la résistance à la traction. L’enroulement se fait grâce à un moteur hydraulique ou un moteur thermique monté séparément et relié à un entraînement. Le canon grande surface est monté sur un chariot (trépied) ou un châssis, ce dernier étant de plus en plus apprécié. Le principal inconvénient de ce système est sa grande sensibilité au vent. Son avantage principal: la flexibilité.

Canon grande surface ou rampe Avec cet arroseur pour grande surface, la distribution de l’eau se fait encore souvent avec une buse puissante de grand diamètre (21 à 40 mm) ou moyen (15 à 20 mm) sur les systèmes à enrouleur. Pour que les deux extrémités du champ ne soient ni trop, ni insuffisamment arrosées, les durées d’irrigation sont régulées par ordinateur. Pour de grandes largeurs de travail, la buse doit être soumise à des 36

pressions élevées (4 à 5 bars pour l’arroseur, 7 à 8 bars pour l’hydrant). Plus l’ouverture de la buse est grande, plus les gouttes sont grosses. Cela engendre un risque de formation de boue lorsque le sol est dépourvu de végétation. La taille des gouttes peut être réduite grâce à des «perturbateurs de jet d’eau» qui réduisent bien sûr la portée du jet et augmentent la sensibilité au vent. La quantité d’eau souhaitée s’obtient par la taille de la buse, la pression au niveau de la buse

et la vitesse d’alimentation. Cette dernière se règle au moyen d’appareils de commande à batterie. Les avantages des arroseurs grande surface sont les coûts d’aménagement de la surface modérés, la grande souplesse et la mobilité, le rapport coût d’achat/ rendement à la surface et durée d’utilisation, les faibles coûts de montage, l’arrêt automatique, la faible exigence quant à la qualité de l’eau et la bonne précision de distribution en l’absence de vent.

Tableau 4: le système d’irrigation par enrouleurs Le système «canon-enrouleur» est déposé en bord de champ. L’opérateur tracte ensuite le canon à l’autre extrémité du champ et déroule ainsi le tuyau d’alimentation. Les systèmes d’irrigation mobiles sont déclinés pour des longueurs de champ ou de tuyau de 50 à 1000 mètres, en diamètres de 50 à 125 mm. Le dispositif et la commande sont optimisés en permanence, de même que les distributeurs. Le déplacement nécessite un véhicule de traction (tracteur). Les petits appareils se déplacent manuellement. Avec un système automoteur, l’enrouleur monté sur deux essieux se déplace lui-même le long du tuyau en polyéthylène préalablement déployé. Il est également possible d’effectuer de larges courbes. Le déplacement est assuré par les grandes roues arrière entraînées par un moteur hydraulique. La machine se dirige au moyen d’un timon qui suit le tuyau. Ce système est peu répandu dans nos contrées.

Tableau 5: le canon pour grande surface ou la rampe La largeur de travail (un passage) dépend de l’ouverture de la buse et de la pression. Elle correspond à environ 85 % du double de la portée. Afin d’assurer une répartition régulière et de maintenir la voie de passage sèche, l’arroseur doit être réglé sur un secteur de quelque 220 degrés. Ce dernier ne doit pas être limité si une largeur de travail plus faible est nécessaire. Il faut opter pour un autre type de buse et un réglage différent de la pression. Les rampes d’irrigation ont été développées pour améliorer la répartition de l’eau et l’utilisation de l’énergie dans les machines d’arrosage mobiles. Leurs buses nécessitent une pression de seulement 1,5 à 2,0 bars. L’eau est utilisée plus efficacement qu’avec les arroseurs puissants. Il existe d’ores et déjà des largeurs supérieures à 70 m. Pour augmenter la largeur de travail, un arroseur de faible puissance est généralement placé à l’extrémité de la rampe.

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L’IRRIGATION

Tableau 6: intensité maximale d’arrosage selon la pente et le type de sol Intensité maximale d’arrosage Limon sableux Sable limoneux

Pente

Couverture du sol

Jusqu’à 4 %

Faible Bonne

8 à 18 mm/h 10 à 25 mm/h

13 à 25 mm/h 18 à 35 mm/h

18 à 35 mm/h 25 à 60 mm/h

25 à 50 mm/h 35 à 75 mm/h

4 à 8%

Faible Bonne

5 à 13 mm/h 8 à 18 mm/h

10 à 18 mm/h 15 à 25 mm/h

16 à 25 mm/h 25 à 35 mm/h

18 à 35 mm/h 25 à 60 mm/h

Au-dessus de 8 %

Faible Bonne

4 à 8 mm/h 6 à 10 mm/h

8 à 13 mm/h 10 à 18 mm/h

10 à 18 mm/h 15 à 25 mm/h

13 à 25 mm/h 15 à 35 mm/h

Limon

Sable

Source: ALB

On peut citer parmi leurs inconvénients la consommation d’énergie élevée lorsque la section du tuyau est insuffisante, la sensibilité au vent, l’évaporation accrue en cas de hautes températures ou de rayonnement solaire, le risque de formation de boue en présence de gouttes de grandes dimensions, l’arrosage contre le gel impossible, la répartition irrégulière dans la parcelle et une distance minimale à respecter avec les lignes électriques. Dans le cas des rampes d’irrigation, ces installations mobiles avec buses se distinguent uniquement par leur système de distribution. La répartition de l’eau s’effectue au moyen d’un bras repliable hydrauliquement ou manuellement (analogue à un pulvérisateur phytosanitaire). Des largeurs de travail de plus de 70 mètres sont aujourd’hui possibles. Pour les augmenter, un arroseur de faible puissance avec angle d’attaque du jet modéré

peut être monté en bout de flèche. Cette dernière est suspendue par un système pendulaire. La répartition de l’eau sur la parcelle se révèle peu sensible au vent.

« L’irrigation demande, outre

un investissement important, un temps de travail conséquent à ne pas sous-estimer.

»

Comme la pression de l’eau est de l’ordre de 1,5 à 2,0 bars, la consommation d’énergie est inférieure. La taille réduite des gouttes ménage le sol et les plantes. Une personne seule peut piloter une rampe d’irrigation. Cependant, le travail de déplacement et d’installation s’avère

plus important qu’avec un canon pour grande surface.

Quintessence L’eau d’irrigation est l’un des intrants les plus onéreux de l’agriculture. C’est pourquoi l’irrigation doit être bien ciblée et efficace. Mais le besoin en financement n’est pas seul à s’avérer conséquent et le temps de travail nécessaire ne doit, lui non plus, pas être sous-estimé. L’irrigation au goutte-à-goutte est le système d’irrigation par excellence pour les cultures de baies, de légumes, de fruits et de pommes de terre. Le système par asperseurs et par arrosage est également adapté aux pommes de terre (modérément), aux légumes et aux fruits. En effet, c’est le seul procédé qui convient à l’arrosage contre le gel. Les machines d’irrigation mobiles sont de plus en plus souvent équipées de rampes à buses.

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L’IRRIGATION

Avec le «Raindancer», on peut gérer l’irrigation des champs depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur de bureau. Photo: Ruedi Hunger

Une utilisation durable de l’eau Le constat est connu: l’eau est de plus en plus rare. Pourtant, on estime qu’au niveau mondial, 60 % de l’eau est perdue à cause d’une irrigation inappropriée. Une gestion, une surveillance et une documentation efficaces sont dès lors nécessaires pour mener à bien cette opération. Ruedi Hunger

Le changement climatique modifie les besoins en irrigation de l’agriculture. Alors que les précipitations hivernales ont tendance à augmenter, la baisse des réserves estivales peut entraîner une pénurie d’eau dans certaines régions voire sur l’ensemble du territoire. Cela engendre des pertes de rendement et de qualité. 38

La qualité fait la différence Lorsque l’on parle d’irrigation, on pense trop souvent à l’augmentation des rendements. C’est loin d’être le cas. En effet, lors de l’irrigation des cultures agricoles et maraîchères, il s’agit certes d’assurer le rendement, mais aussi et surtout de préserver la qualité de la récolte. Il va de soi

Un défi de taille D’ici 2050, on estime que près de dix milliards d’habitants vivront sur la planète. Un défi quand on sait qu’aujourd’hui, environ 70 % de l’eau potable est déjà utilisée pour l’irrigation et que 60 % de cette eau est gaspillée par une irrigation excessive.

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L’IRRIGATION

que l’irrigation permet de compenser les variations de rendement, mais même dans ce cas, il s’agit de qualités inégales. L’assurance de préserver la qualité grâce à l’irrigation est importante pour toutes les étapes de transformation qui suivent, du commerce jusqu’au consommateur.

Planifier, calculer, documenter Une irrigation ciblée au bon moment influence la croissance de la culture et montre que les producteurs utilisent de manière parcimonieuse ce bien aujourd’hui si précieux. La gestion intelligente et moderne de l’irrigation conçue de nos jours passe par un outil décisionnel basé sur le web. Que signifie le terme «outil décisionnel»? L’application ALB, par exemple, est un outil de planification, de calcul et de documentation des mesures d’irrigation. L’utilisation parcimonieuse de la ressource «eau» en demeure toujours la priorité absolue.

Gérer la consommation d’eau Les plantes sont de plus en plus stressées pour trouver l’eau nécessaire lorsque, en raison de l’assèchement croissant des sols, les forces de rétention de l’eau résiduelle du sol augmentent. La diminution de l’absorption provoque une baisse de l’évapotranspiration et réduit la croissance, raison pour laquelle une gestion moderne de l’irrigation commence par la prise en compte des données pédologiques. A ce titre, le seuil d’irrigation, soit le seuil à partir duquel on décide d’irriguer, représente une notion importante.

L’irrigation peut être gérée de manière ciblée avec des sondes tensiométriques. Photo: HAFL

Plus celui-ci est bas, plus l’effort d’irrigation est réduit. Le seuil le plus judicieux pour une culture donnée est déterminé en premier lieu par la culture elle-même, mais aussi par la technique utilisée et enfin par les ressources en eau disponibles et les exigences de qualité.

Pas d’infiltration sans utilisation Il ne va pas de soi que, sur des sols sableux très légers, des sols peu profonds ou lorsque les racines sont peu profondes, les sols puissent absorber un apport d’eau entièrement disponible pour les plantes au niveau de l’espace racinaire. S’il existe, ce seuil d’irrigation est

très difficile à définir sans outil et nécessite une certaine expérience. Par exemple, dans les conditions mentionnées, des apports standard de 30 mm ne peuvent souvent pas être entièrement absorbés par l’espace racinaire du sol. Cela a pour conséquence que l’eau excédentaire s’infiltre inutilement. En raison de la faible profondeur d’enracinement, de précieux éléments fertilisants sont également lessivés, en particulier au stade juvénile des plantes. Avec un outil d’aide à la décision en ligne, les préférences des utilisateurs concernant la quantité d’eau à apporter sont comparées aux capacités de stockage libres du sol au moment de l’arro-

Les applications d’irrigation aident à la planification et au développement d’un concept d’irrigation spécifique à l’exploitation. Photo: ALB

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L’IRRIGATION

sage. Si nécessaire, les apports d’eau individuels sont réduits en fonction des recommandations concrètes du modèle.

L’irrigation intuitive n’est pas une option L’exploitation, à savoir la rotation des cultures et le travail du sol, est un aspect central des questions liées à l’irrigation. Pour une utilisation durable de cette ressource naturelle qu’est l’eau, une meilleure efficacité doit être un objectif principal. Les sondes tensiométriques, entre autres, sont utilisées à cette fin. Grâce à des mesures continues et intraparcellaires de l’eau disponible dans le sol, de la profondeur d’enracinement et de l’absorption d’eau par les plantes, il est possible de déterminer le moment opportun et la quantité optimale d’eau à apporter. L’expérience montre qu’avec la sonde de sol, l’arrosage a lieu à temps, voire parfois jusqu’à deux semaines plus tard qu’à l’accoutumée. On peut ainsi réaliser des économies d’eau et de coûts considérables. Parfois, la quantité d’eau n’est pas réduite mais mieux répartie. Globalement, l’utilisation de techniques d’irrigation efficaces permet une utilisation plus durable de l’eau. L’objectif est de sensibiliser le monde agricole aux mesures d’optimisation à long terme de cette ressource.

Systèmes de gestion disparates L’accès à un boîtier de commande et à ses fonctions est personnalisable et protégé par des mots de passe personnels. Les applications basées sur le cloud sont accessibles à partir de n’importe quel point d’accès à Internet. Un téléchargement et une installation de logiciel (Netafim) ne sont pas nécessaires. Le «Raindancer» est un système de gestion GPS assurant la surveillance et la gestion du système d’irrigation à partir d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordinateur de bureau. Les prérequis indispensables, une balise GPS autonome alimentée par l’énergie solaire et un capteur de pression sont installés sur le chariot d’arrosage. Les limites du champ ou de la parcelle et les données de base sont mémorisées provisoirement dans le système

Références et liens https://reseaudirrigation.ch/ www.raindancer.com www.netafim.fr/Agriculture-digitale/

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La technologie satellitaire rendra possible à l’avenir une utilisation durable de l’eau en agriculture. Photo: Institut Fraunhofer

ou dans le cloud. Durant l’arrosage, la position effective de l’enrouleur et la pression de l’eau sont transmises en temps réel au logiciel. D’autres données (pression, angle d’aspersion, longueur enroulée, progression effective, temps restant et changement de parcelle à venir) sont affichées sur le smartphone de l’utilisateur. Les cycles d’irrigation saisis de manière automatique s’affichent sous forme graphique. L’utilisateur dispose à tout moment d’une vue d’ensemble. Le «Raindancer» peut en principe être monté sur tous les systèmes d’irrigation, également en post-équipement. Il s’agit toutefois d’un outil purement «technique» qui ne tient pas compte de paramètres décisionnels tels que les données du sol ou le seuil d’irrigation.

Economiser l’eau grâce à la technologie satellitaire La recherche se poursuit également dans le domaine des techniques et de la gestion de l’irrigation. Ainsi, l’année dernière, une nouvelle technologie satellitaire a été testée à bord de la Station spatiale internationale (ISS) sous la forme d’un prototype baptisé «LisR». Elle permettra à l’avenir d’irriguer les cultures en fonction de leurs besoins et d’assurer par là même une gestion durable de cette ressource vitale. Inspirés par les défis futurs, les chercheurs de l’Institut Fraunhofer ont développé la caméra infrarouge «LisR» («Longwave infrared sensing demonstratoR»). On pourrait, en utilisant cette caméra, économiser 180 milliards

de tonnes d’eau et 94 millions de tonnes de CO2 par an dans le monde à l’horizon 2026. Mais comment est-ce possible? Depuis un satellite, la caméra garde un œil sur la surface de la terre et détecte son rayonnement infrarouge (rayonnement thermique). Alors que d’autres développements se contentent de modéliser la température de la surface terrestre, cette caméra mesure directement la température du feuillage ou de la surface terrestre. Ainsi, il est possible de procéder à une évaluation précise de la disponibilité en eau par rapport aux besoins. Le stress hydrique peut ainsi être détecté plus tôt que jamais auparavant. Si les plantes sont insuffisamment approvisionnées en eau, l’évapotranspiration foliaire diminue et la température augmente. Des zones de la parcelle plus chaudes que d’autres peuvent donner à l’exploitant une indication directe sur les endroits où l’irrigation est nécessaire et ceux où elle ne l’est pas. Les chercheurs de l’Institut Fraunhofer utilisent à cet effet une méthode de mesure brevetée qui permet de déterminer la température précise de la surface à partir des images prises par la caméra.

Conclusion Lorsqu’il est question d’irrigation des cultures agricoles et maraîchères, le maître mot est «efficacité». La mise en place d’une irrigation efficace n’est pas chose facile. Heureusement, de plus en plus d’outils numériques et de systèmes de gestion sont proposés pour accompagner ce développement. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


Espace juridique | Management

Les remorques de travail pourront servir à des transports Le Conseil fédéral a adapté deux ordonnances relatives au trafic et à la circulation routière. Les transports avec des remorques de travail seront désormais plus largement possibles. Roman Engeler

Le Conseil fédéral a adapté les prescriptions et les critères de classification relatifs aux véhicules de travail comme les camions-grues, les pulvérisateurs, les semoirs ou les abatteuses forestières à l’évolution actuelle. Ces engins peuvent désormais, sous certaines conditions, transporter des substances du processus de travail, du matériel de consommation ou des moyens auxiliaires indispensables.

Définition reformulée Ces adaptations sont notamment en lien avec l’article 22 de l’Ordonnance concernant les exigences techniques requises pour les véhicules routiers (OETV), et avec l’Ordonnance sur les règles de la circulation routière (OCR). La définition des remorques de travail a été reformulée dans l’OETV, tout en incluant les remorques déjà autorisées jusqu’à présent. La délimitation de ces remorques de transport exprime désormais le fait que cette classification est une «lex specialis», soit une disposition particulière dérogeant aux dispositions générales. Si les critères de définition ne sont pas en­­ tièrement remplis, une remorque se voit donc automatiquement classée comme remorque de transport. Reste que les remorques de travail visées à l’alinéa 1 de

l’article 22 de l’OETV continueront à ne se voir attribuer une charge utile que pour les besoins immédiats en matériels pour l’exploitation de la machine tractée. Dans un souci d’harmonisation avec le droit européen, la notion de «matériel consommable» est ajoutée aux «pièces, outils et fournitures». Les espaces sans affectation précise et ceux destinés au transport d’outils de travail mobiles et universels sont toujours considérés comme des espaces pour le transport de choses. L’alinéa 2 énumère comme jusqu’à présent les remorques assimilées aux remorques de travail qui ne peuvent pas répondre entièrement à la définition de l’alinéa 1. La règle stipulant que des marchandises produites, ou nécessaires aux processus de travail, peuvent être transportées, est maintenue. Demeure aussi la règle que la charge utile nécessaire ne doit pas dépasser les deux tiers du poids sur les essieux. Cette limitation s’applique déjà à ce type de remorques de travail depuis le 1er février 2019; elle a été reprise de la réglementation européenne. La formulation actuelle pour le calcul du poids, qui reposait sur la définition du poids garanti (somme des charges par essieu = poids

garanti), est désormais reprise et adaptée aux autres remorques.

Les choses transportées doivent être liées à la machine Pour le transport de choses non spécifiquement définies, la condition demeure que ces marchandises doivent être directement indispensables au processus de travail de la machine, ou en résulter. Si des espaces utiles sont prévus, alors la classification comme remorque de transport s’applique. Cette formulation modifiée permet de classer comme remorques de travail, par exemple, les épandeurs à fumier avec système d’épandage, les tonnes à lisier avec des tuyaux, les pulvérisateurs ou les machines avec chaudière pour de l’asphalte. Ne sont toutefois pas incluses les autochargeuses agricoles dont le but est de ramasser de l’herbe ou du foin. En outre, les remorques qui n’ont pas de fonction de travail autonome, mais qui complètent celle du véhicule tracteur, peuvent désormais être admises comme remorques de travail. Ceci est conditionné à la présence de raccords, de commandes ou d’entraînements qui ne sont utiles qu’avec l’usage du véhicule tracteur (par exemple remorque de collecte d’herbe avec tuyau d’aspiration sur le tracteur, réservoir d’eau avec pompe pour le nettoyage de chaussées, remorque de signalisation avec ou sans atténuateur d’impact).

Conclusion

A partir du 1er avril de cette année, on pourra rouler sur la voie publique, le plus légalement du monde, avec des pulvérisateurs tractés contenant de la bouillie. Photo: Roman Engeler

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Les modifications au 1er avril prochain signifient concrètement que les pulvérisateurs et les semoirs attelés sont autorisés à transporter les intrants correspondants (bouillie, semences). Les presses à balles sont autorisées à transporter des balles ou des restes de balles. 41


Management | Question de lecteur

Des phares arrière et clignotants à LED sont désormais montés sur un grand nombre de nouvelles remorques. Par rapport à leurs équivalents conventionnels, ils offrent plusieurs avantages, en particulier leur longue durée de vie. Ces feux à LED peuvent aussi être installés a posteriori sur des remorques plus anciennes. Photo: Roman Engeler

Les clignotants à LED sont-ils autorisés? Certains problèmes peuvent être évités sur les remorques agricoles équipées d’éclairages à LED. Ces feux sont admis à condition de respecter les directives légales. Natanael Burgherr

«Je trouve fâcheux que, régulièrement, les phares arrière et le clignotant de mon ancienne remorque ne s’allument pas, à cause d’ampoules défectueuses ou de faux contacts. Puis-je les remplacer par un système à LED?» Les feux à LED n’ont cessé d’évoluer ces dernières années. Ils se déclinent en un grand nombre de formes et de combinaisons. Ces feux ont le grand avantage de consommer peu d’électricité. La consommation joue toutefois un rôle mineur pour les remorques agricoles. Un point bien plus important est la durée de vie beau42

coup plus longue des feux à LED, due à la protection des composantes électroniques. Leur construction leur assure une meilleure résistance aux vibrations et aux secousses. L’électronique est nécessaire pour alimenter de manière constante les LED en courant. Le temps de réaction plus court constitue un autre atout majeur des feux à LED, en particulier pour les feux stop.

Des voyants lumineux pour les clignotants L’Ordonnance concernant les exigences techniques requises pour les véhicules rou-

tiers (OETV), article 79, alinéa 3, exige qu’un témoin de contrôle indique quand les clignotants de direction sont activés. Ce témoin de contrôle mesure depuis le

Où est-ce que le bât blesse? Dans la rubrique «Question de lecteur», Technique Agricole Suisse traite de questions pratiques posées régulièrement au service technique. Contact: tél. 056 462 32 00 courriel zs@agrartechnik.ch

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Question de lecteur | Management

On trouve des phares à LED avec contrôle des clignotants dans les commerces spécialisés. Seuls les feux portant la mention E sont autorisés. Photo: ldd

tracteur si l’ampoule du clignotant, le plus souvent 12 V / 21 W à incandescence, est allumée. Les clignotants à LED nécessitent une puissance bien moindre, de seulement 2 à 3 W, ce qui a pour conséquence que le témoin de contrôle ne fonctionne pas ou affiche une erreur. Les feux arrière à LED sont apparus entretemps dans le commerce; ils intègrent des simulations de charge électroniques et peuvent dès lors être utilisés en toute sécurité.

A quoi faut-il veiller lors du montage? Les points suivants sont à prendre en compte lors du remplacement des phares conventionnels par des feux à LED: • Les feux arrière et les clignotants montés sur le véhicule doivent être autorisés. Un numéro de contrôle gravé l’atteste. Les phares vendus et montés dans les commerces et ateliers spécialisés remplissent ces exigences. • Si les fonctions de l’éclairage sont surveillées par un ordinateur de bord, des

Un contrôle visuel renforce la sécurité et incite au nettoyage, qu’il s’agisse d’un éclairage conventionnel ou à LED. Ainsi peut-on en outre remplacer les feux défectueux à temps. Photo: Natanael Burgherr

problèmes peuvent survenir. Ainsi que l’exemple du clignotant de direction le montre, la faible consommation de courant des LED peut induire un diagnostic erroné. Il arrive que l’ordinateur

« Les feux arrière à LED sont

entretemps apparus dans le commerce; ils intègrent des simulations de charge électroniques et peuvent dès lors être utilisés en toute sécurité.

»

de bord signale une «lampe à incandescence» défectueuse parce que le véhicule tracteur ne «reconnaît» pas la remorque pourtant correctement branchée. Autre dysfonctionnement: le

Sécurité Sécuritéet etrespect respect sur surla laroute route

clignotement devient trop rapide. Ce problème se règle en général au moyen de feux à LED spéciaux ou de contrôleurs intermédiaires. • En dépit de leur solide construction, les feux à LED ne sont pas indestructibles. Le remplacement de ce type de phares, le plus souvent à l’unité, est aussi cher que celui de verres de lampes. On s’efforcera autant que possible, lors d’un post-équipement, de monter les feux à des emplacements protégés, qui ne présentent pas de danger. • Bien que la luminosité les feux à LED soit supérieure à celle des feux classiques, l’obligation de nettoyage demeure. Il est facile et autorisé de remplacer les phares arrière et le clignoteur de sa remorque par un éclairage actuel à LED à la condition que les directives susmentionnées soient respectées. Votre atelier professionnel vous assistera sûrement lors de cette conversion.

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Impression | Prise en main

La barre de coupe «BioCut» de DHM coupe les adventices dépassant les cultures. Photos: Lukas Weninger

La double lame étête les adventices Couper l’extrémité des adventices au-dessus des cultures: c’est ce dont est capable l’écimeuse «BioCut 620» de DHM Engineering. Lukas Weninger*

Les adventices concurrencent les plantes cultivées pour l’eau, la lumière et les fertilisants. Si elles ne rencontrent pas de résistance, elles peuvent dépasser le peuplement végétal. La dernière mesure corrective mécanique consiste alors à couper «la partie qui dépasse», idéalement avant la maturité des graines. Les plantes cultivées peuvent alors reprendre le dessus. Cela facilite la récolte tout en réduisant les pertes de qualité et les coûts consécutifs. En outre, le stock de graines d’adventices dans le sol est ainsi diminué. Ces dernières années, des dispositifs de

*Lukas Weninger est rédacteur spécialiste en machinisme de la revue autrichienne Landwirt.

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coupe ont été développés dans ce but. Entraînés souvent hydrauliquement et montés sur le relevage avant, ils opèrent sur une largeur allant jusqu’à 12 mètres, combinant ainsi rendement de surface élevé et puissance requise limitée.

Davantage d’adventices problématiques L’entreprise autrichienne Karl Deschberger fabrique ce type de matériels. Voici plus de dix ans, ce concessionnaire autrichien a développé une barre de coupe de 12 mètres de large pour un agriculteur bio afin de faucher des chardons. L’entreprise n’en a ensuite produit que quelques exemplaires. Mais le secteur agricole a changé depuis: la part des surfaces bio

augmente constamment et les adventices problématiques se propagent toujours plus y compris en production conventionnelle. La demande en machines alternatives a augmenté. Le jeune entrepreneur Christoph Desch­berger a exploré cette thématique en collaboration avec deux partenaires et fondé l’entreprise DHM Engineering. Le premier matériel de la nouvelle société a été présenté en 2022. Il s’agissait du dispositif conçu pour étêter les adventices «BioCut 620», de 6,20 mètres de largeur, aussi proposé 9,20 et 12,20 mètres. Alors que la plupart des systèmes de coupe commercialisés jusqu’à maintenant comportent des lames rotatives, DHM a misé sur la double lame. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


Prise en main | Impression

La hauteur de coupe se règle au moyen du relevage frontal. L’inclinaison est ajustée via le bras de relevage hydraulique.

Non adaptée à la fauche des prairies L’écimeuse «BioCut» est conçue pour cou­ per l’extrémité des graminées et adven­ tices dans les céréales, les légumineuses, les cultures sarclées et les cultures inter­ médiaires qu’elle peut aussi raccourcir. Elle a servi à faucher l’ambroisie et les roseaux qui avaient envahi une culture de soja. Selon DHM, la «BioCut» ne remplace pas une faucheuse. Le poids du châssis néces­ saire pour une hauteur de coupe exacte malmènerait le sol. A contrario, une barre de coupe à lames conventionnelle, dont le châssis fin doit être guidé au sol, n’est pas conçue pour la coupe autoportée. DHM évoque une vitesse de travail de 3 à 8 km/h.

L’entraînement est hydraulique. Pour ce faire, le tracteur devrait disposer d’un dis­ tributeur hydraulique et d’un retour libre. La puissance d’entraînement requise s’élève à 70 chevaux. Un débit d’huile d’environ 30 l/min à 180 bar suffit. Avant le début du travail, le chauffeur déplie les bras jusqu’à la butée et les laisse sous pression. Une soupape séquentielle est alors automatiquement activée afin de mettre en marche les moteurs hydrau­ liques. Une échelle graduée apposée sur chacun des deux bras indique s’ils sont po­ sitionnés à 180 degrés. Une fois que les butées de fin de course ont été réglées (ou définies en usine), un réajustement n’est toutefois pas nécessaire.

Montage aussi sur chargeur frontal La barre de coupe est divisée en deux ou quatre parties, selon la largeur de travail. Des boulons de cisaillement font office de sécurité pour les bras. Une demande de brevet a été déposée pour la barre de coupe à double lame avec entraînement

norm entre la «BioCut» et le relevage avant. La «BioCut» peut alors aussi être utilisée avec un chargeur frontal.

Rabatteur pour un meilleur flux La «BioCut» mise à disposition était équi­ pée d’un rabatteur optionnel favorisant le flux de récolte dans les cultures hautes, longues ou denses, pour que la double lame reste libre. Ce rabatteur se compose d’une brosse à deux rangées de poils en plastique. Entraîné hydrauliquement, il est guidé juste au-dessus de la double lame et transfère la matière végétale cou­ pée vers l’arrière. Grâce à sa construction modulaire, il peut aussi être monté en post-équipement. Le chauffeur n’a ce­ pendant pas besoin de modifier sa vitesse de rotation ni la fréquence de coupe du couteau, réglées en usine. Un compteur d’heures de service est disponible en option. Il sert à documenter les heures dans les communautés de ma­ chines. La «BioCut» est thermolaquée. Le prix correspond à l’utilisation inter­ entreprises évoquée plus haut. Selon DHM, la «BioCut 620» de 6,20 mètres de largeur de travail coûte 19 447 euros dans sa version de base et s’élève à 26 689 eu­ ros avec un rabatteur.

Légère et compacte L’écimeuse «BioCut» est fixée sur le rele­ vage avant de catégorie 2. DHM souligne la construction modulaire rendant la per­ sonnalisation possible. Le châssis est identique pour les trois largeurs de tra­ vail, hormis les bras des modèles à 9,20 et 12,20 mètres qui se replient encore une fois. En position repliée, les 2,60 mètres de largeur et 3,10 mètres de hauteur de transport hors tout restent les mêmes. La «BioCut» remisée ne prend pas trop de place grâce à deux béquilles. Selon DHM, la construction de la «BioCut» est aussi légère et compacte que possible. Le mo­ dèle de 6,20 mètres pèse environ 450 kg et celui de 12,20 mètres affiche 590 kg seulement. Les machines similaires pèsent en général au moins une tonne.

Il s’agit d’un matériel à la fois simple, compact et léger.

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

Le rabatteur disponible en option doit améliorer le flux de récolte.

hydraulique par levier oscillant. Le conduc­ teur règle la hauteur de coupe à l’aide du relevage avant et, dans l’idéal, l’inclinaison à l’aide d’un bras d’attelage supérieur hy­ draulique. Ce dernier implique toutefois la présence d’un second distributeur à l’avant. Dans le cas contraire, il faut tirer des conduites depuis l’arrière du tracteur. Selon le tracteur et les pneus, on peut obtenir une hauteur de coupe maximale d’environ 1,20 mètre. Cela a été un fac­ teur limitant dans les cultures de soja bien développées. En option, DHM propose un châssis de levage à parallélogramme per­ mettant une hauteur de coupe de 1,60 mètre. Avec la commande par joy­ stick optionnelle, on peut régler avec pré­ cision la hauteur et l’inclinaison de la barre de coupe. La hauteur de coupe et l’incli­ naison sont alors totalement flexibles. Il s’agit d’un élément important, sachant que les agriculteurs utilisent souvent cette machine à plusieurs. Il est aussi possible d’installer une interface trois points Euro­

La «BioCut» se replie en deux parties et à la verticale.

L’écimeuse DHM «BioCut 620» en chiffres Largeur de travail: 6,20 m Système de coupe: double lame avec levier oscillant Distributeurs hydrauliques: 1x SE/DE + retour libre Entraînement: hydraulique, dès 30 l/min à 180 bars Besoins en puissance: 51 kW / 70 ch Attelage trois-points: avant, cat. 2 (atte­ lage Euro possible avec adaptateur) Poids à vide (avec rabatteur): dès 450 kg Largeur / hauteur de transport: 2,60 m / 3,10 m Prix: à partir de 19 447 euros Données du constructeur

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Impression | Rapport de test

En raison de la direction sur les quatre roues et de l’essieu arrière suspendu, il a fallu procéder à des mesures précises pour les nouveaux pneus BKT «Ridemax FL 693M 500/45R22.5» car ces pneus prennent beaucoup d’espace. Photos: Martin Abderhalden

Pneu «Ridemax» pour les cas lourds Les pneumatiques sont un thème important en agriculture, y compris pour les véhicules de manutention. Technique Agricole Suisse a équipé une chargeuse sur roues avec des pneus «Ridemax» de BKT et l’a soumise à un test de longue durée. Martin Abderhalden*

Pour les pneus également, le développement ne s’arrête jamais et cet assortiment de produits est continuellement optimisé. En partenariat avec la représentation suisse du groupe allemand Bohnenkamp, actif à l’international, Technique Agricole Suisse a équipé une chargeuse Kramer «418/2» déjà en service de nouveaux pneumatiques. Le but était de mettre en lumière les points importants dans le

*Martin Abderhalden est agriculteur. Il teste régulièrement des machines et des installations pour le compte de Technique Agricole Suisse.

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choix d’un pneumatique adapté à un véhicule. Le montage des pneus «Ridemax» de dernière génération du constructeur indien BKT sur ce type d’engin était une première.

De fortes charges et des surfaces différentes L’exploitation où s’est déroulé l’essai utilise quotidiennement une chargeuse avec direction sur les quatre roues, entre autres pour des travaux lourds. Avec un poids à vide de 4,8 tonnes et une force de levage de 3 tonnes, les pneus sont soumis à des contraintes importantes. Il en dé-

coule que le pneu doit répondre à de nombreuses exigences. Dans un premier temps, ces dernières ont été formulées avec un expert de Bohnenkamp Suisse afin de pouvoir choisir le pneu le mieux adapté. Les surfaces sont diverses, allant de l’asphalte aux prairies en passant par le gravier. En outre, les pneus doivent pouvoir faire face aux fortes charges et aux changements perpétuels de la charge. On ajoute que la durée d’utilisation constitue le premier critère. Ce paramètre est décisif en présence d’une direction sur les quatre roues et d’une transmission adaptée. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


Rapport de test | Impression

Le pneu «RideMax» en chiffres BKT «Ridemax FL 693M 500/45R22.5» sur jante «AG 16.00×22.5H2» Largeur du pneu: 50,3 cm Profondeur du profil: 21 mm Charge autorisée: roue complète à 40 km/h 4,7 bars: 4500 kg; jante à 40 km/h: 7250 kg Poids du jeu de roues (4 pièces): 520 kg Prix: sur demande auprès d’un distrributeur de machines agricoles régional Données du constructeur

On peut comparer le pneu d’origine, à gauche, à la nouvelle variante, à droite.

La monte de série usée ne convenait plus que sous certaines conditions pour les déplacements dans les descentes. Sa largeur posait ici aussi des soucis. En raison de la construction de la chargeuse, la circonférence de roulement était donnée. Seule la largeur de pneus offrait des possibilités de variations.

Des pneus à carcasse métallique La prise en compte de toutes ces exigences a conduit au choix du «Ridemax FL 693M 500/45R22.5» de BKT. Ce pneu à ceinture métallique est monté sur une jante de type «AG 16.00×22.5H2». Il s’agit ici d’un pneu sans chambre à air développé pour des utilisations diversifiées sur différents véhicules et remorques agricoles, ainsi que pour les transports routiers. Le montage de ces pneus sur une chargeuse était une première. La principale caractéristique de ce pneu de 50,3 cm de large est sa grande capacité de charge de 4080 kg à 40 km/h, avec une homologation jusqu’à 65 km/h. Le talon renforcé du pneu évite son glissement sur la jante et le protège d’éventuels dégâts. Un profil moderne à sculpture directionnelle avec un bon autonettoyage assure une bonne accroche. La faible résistance au roulement permet des économies de carburant malgré l’importante surface de contact. Technique Agricole Suisse   1 | 2024

Des critères bien précis pour les jantes également Il reste à trouver une jante adaptée à des pneus aussi volumineux. Une évaluation préalable sérieuse et un conseil sont indispensables et évitent de nombreux énervements. Pour les spécifications particulières, il est nécessaire d’examiner le véhicule et ses caractéristiques, particulièrement dans notre cas ou le nouveau pneu est presque deux fois plus large que

l’ancien. Il s’agit d’utiliser de manière optimale les angles de braquage et de débattement pendulaire des essieux. On doit s’assurer que le pneu ne touchera pas l’engin. Ce paramètre est délicat sur les essieux arrière pendulaires comme celui des chargeuses Kramer. Une légère correction des butées de direction et d’oscillation a rendu possible l’utilisation de jantes standards pour atteindre un résultat optimal. Comme la roue est montée le plus près possible du véhicule, la largeur totale de ce dernier n’augmente que de 20 cm malgré un quasi doublement de la largeur des pneus. Sa largeur totale affiche maintenant 195 cm.

Meilleure tenue, mais confort de suspension moindre Dès le premier essai, on remarque la baisse de la résistance au roulement. Avec une pression de gonflage de 4,2 bar, les pneus sont durs comme de la pierre et ne s’aplatissent que lorsqu’ils

Les nouveaux pneus améliorent la stabilité de l’engin.

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Impression | Rapport de test

sont bien surchargés. Ceci donne aussi un ressenti de patinage des pneus large plus important lors des braquages. L’équipe de test n’a toutefois constaté aucune différence sur des sols durs. Mais le conducteur ressent la baisse du confort de suspension dès la première inégalité du sol. Le moindre cahot est perceptible comme avec le châssis d’une voiture sportive. La présence d’une fonction «Softdrive» sur le bras de levage est alors un avantage. L’amélioration conséquente de la stabilité de la machine est formidable. Grâce à ses appuis plus larges et plus durs, la chargeuse reste sûre même avec une charge maximale à bout de bras et avec la direction en butée. Les corrections de direction se font sans les balancements que l’on rencontrait avec les anciens pneus. On remarque aussi une nette amélioration de la capacité de l’engin à évoluer sur le ter-

« Pour la première fois,

une chargeuse sur roues a été équipée des pneus ‹Ridemax›, conçus pour des remorques.

Dans la neige aussi, l’autonettoyage et l’adhérence des pneus ont donné satisfaction.

sion au sol est clairement réduite, ce qui préserve le couvert végétal ainsi que les autres revêtements.

»

rain. Auparavant, l’exploitant évitait autant que faire se peut de rouler dans une prairie en raison de l’étroitesse des pneus. Grâce à sa surface de contact plus importante et à ses flancs arrondis, le «Ridemax» ménage vraiment le sol et présente une bonne adhérence. La pres-

L’autonettoyage dans la neige et dans la boue L’autonettoyage du profil de 21 mm de profondeur est étonnamment bon. Si les espaces entre les crampons se remplissent de boue, ils se vident rapidement avec l’augmentation du régime de rotation de la roue. Ces pneus ont été testés dans une couche de neige de 20 cm. Grâce au poids à vide élevé de la chargeuse et de l’appui important sur les roues, le dénei-

Dès que le régime de rotation de la roue augmente, le profil se nettoie rapidement.

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gement avec un godet de 1,5 mètre cube n’a pas nécessité l’utilisation de chaînes à neige. Qu’il s’agisse de neige humide ou de poudreuse par - 9,5 degrés, l’adhérence était toujours très bonne. Dans ces conditions aussi, les crampons se nettoyaient très bien. Dans les montées raides sur chemin de campagne, la surface meuble du sol a induit un patinage de l’engin. Plus la charge sur les pneus augmente, plus le véhicule accroche. Ceci a été prouvé lors du déplacement de balles d’ensilage!

Conclusion Le pack complet proposé par Bohnen­ kamp Suisse avec le BKT «Ridemax FL 693M 500/45R22.5» a surpris d’autant plus agréablement pendant son utilisation que ce pneu n’était à l’origine pas prévu pour des essieux moteurs. L’autonettoyage et le profil sont adaptés. Le pneu stable et large affiche une faible résistance au roulement et permet une évolution remarquable sans surcharger la direction. Le seul bémol constaté vient de la baisse du confort de suspension. Celui-ci peut toutefois être compensé par un style de conduite adapté et par la suspension du bras de levage. Cette nouvelle monte de pneus a nettement étendu le champ d’action de la chargeuse. La stabilité clairement améliorée, le meilleur comportement dans le terrain et la faible résistance au roulement confirment une variante de pneus idéale. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


A LONG WAY

TOGETHER

RIDEMAX FL 693 M Quelles que soient vos exigences, le RIDEMAX FL 693 M est votre meilleur allié pour les tâches de travail avec des remorques et des camions-citernes. La construction radiale, les excellentes propriétés d’auto-nettoyage, la faible résistance au roulement et les classes d’indices de vitesse D/E font du RIDEMAX FL 693 M le pneu idéal pour le transport routier (jusqu’à 75 % d’utilisation). Son talon et ses ceintures en acier renforcés assurent une durabilité accrue. Le RIDEMAX FL 693 M est la réponse de BKT en matière d’applications de transport, principalement sur asphalte, dans le secteur agricole.

IMPORTATEUR POUR LA SUISSE

Bohnenkamp Suisse AG Ribistraβe 26 - 4466 Ormalingen Tel: +41 (0)61 981 68 90 Tel: +41 (0)61 981 68 91 www.bohnenkamp-suisse.ch


Plate-forme | Salon

Sitevi: les cultures spécialisées à l’honneur Rendez-vous biennal des professionnels des filières viticole, vinicole, arboricole et oléicole, le salon Sitevi aurait rassemblé fin novembre à Montpellier (France) 1000 exposants et 54 700 visiteurs. Voici une sélection de machines inédites ou récentes présentées à cette occasion. Matthieu Schubnel

Robot grande autonomie Pellenc a dévoilé son robot hybride «RX20». L’appareil autonome loge un moteur thermique de 25 ch entraînant une génératrice et une batterie au lithium. Deux moteurs électriques animent les chenilles. Avec son réservoir de carburant de 50 l, l’autonomie atteint 13 à 22 heures de travail selon le constructeur. Avec son relevage arrière de 400 kg de capacité, l’appareil peut être combiné à un outil arrière porté ou semi-porté, animé au besoin par une prise électrique de 15 kW ou hydraulique de 26 l/min à 200 bar. Il se repère grâce à deux antennes GPS RTK et détecte des obstacles avec deux scanners. L’automate peut être surveillé à distance via quatre caméras périphériques. Cette machine compacte de 72, 90 ou 130 cm de large pesant 1,2 tonne peut être embarquée dans un véhicule utilitaire une fois l’antenne repliée. Les livraisons sont prévues pour fin 2025.

Nouveau venu en enjambeurs Avec son «TE 6.150 N», New Holland veut conquérir le marché des tracteurs enjambeurs. Ce porte-outils à voie variable pesant six tonnes à vide et d’une charge utile de 3,5 tonnes dispose de trois zones indépendantes d’outils. Il est animé par un moteur diesel FPT de 117 ou 143 ch et sa transmission le mène jusqu’à 40 km/h. Son circuit hydraulique IntelliFlow permet 50

grâce à l’application Wingspan AI, travailler de façon autonome, en solo ou en mode «follow me». Cette technologie a d’ailleurs été déclinée sur les versions électriques des tracteurs Case «Farmall» et New Holland «T4» lancés lors de l’Agritechnica. Le «MK-V» est disponible depuis cette année outre-Atlantique, sera livré en Europe dès 2024 au prix de 109 000 €. de gérer le débit et pression de chaque fonction et de garder ainsi les outils attelés sans avoir à les démonter. Proposé en hauteurs de châssis de 1452 ou 1602 mm, l’enjambeur polyvalent dédié à la vigne étroite intègre la gestion automatique des séquences de fourrières, la télémétrie via l’application MyNH et la cartographie ou encore la gestion des tâches via la plateforme MyPLMConnect. Sa commercialisation a débuté en septembre 2023.

Paré pour travailler en autonomie Le tracteur 100 % électrique Monarch «MK-V» produit aux USA dans l’Ohio loge un moteur électrique de 40 ch (jusqu’à 70 ch en boost pendant 5 minutes). Il adopte à l’arrière un relevage 3 points, une prise de force 540 tr/min délivrant 40 ch et trois distributeurs hydraulique. L’autonomie annoncée est de 14 heures et le temps de recharge de la batterie de 100 kWh est de 5 heures. Son toit loge six ordinateurs en réseau et dix caméras périphériques dont deux stéréo. Il peut être piloté comme un tracteur conventionnel ou,

Traitement phyto par UV-C

Maschio Gaspardo exposait sur son stand du Sitevi le robot de traitement «Icaro X4» de la start-up italienne Free Green Nature qu’il a rachetée en novembre 2022. L’automate traiterait les maladies courantes telles que le mildiou ou l’oïdium. Ses deux ailes diffusent des rayons UV-C afin de réduire le recours aux produits phytosanitaires. Le robot hybride loge un moteur thermique de 15 kW entraînant une génératrice et chargeant une batterie de 10 kWh. Ses quatre roues motrices sont entraînées par des moteurs roues d’un total de 13 kW de puissance. L’«Icaro X4» circule à l’allure de 1 km/h et s’oriente tout seul en évoluant en permanence dans des interrangs d’au moins 1,80 m de large. Il devrait être commercialisé dans le réseau à partir de 2024.

Epargner les mains Infaco lance le «DSES ContactLess», un équipement de protection individuelle de la main des opérateurs viticoles ou arbori1 | 2024   Technique Agricole Suisse


Salon | Plate-forme

Tracteur viticole 100 % électrique

coles travaillant avec un sécateur électrique. Dépourvu de fil, il comprend d’une part un sécateur électrique modèle F3020 équipé d’une antenne intégrée et d’autre part un émetteur rechargeable logé dans une mitaine sur le dos de la main libre. Faisant appel à la technologie basse fréquence RFID, le système désactive automatiquement la coupe lorsqu’une main (la sienne ou celle de son collègue) équipée d’un émetteur se trouve trop près du sécateur. Un système analogue a été lancé par la société Mage Application, avec un bracelet sur la main libre.

BCS a choisi le Sitevi pour présenter le tracteur 100 % électrique «e-Valiant 60», une alternative à son tracteur à moteur thermique de 49 ch. Ce prototype abrite sous son capot moteur une batterie rechargeable de 40 kWh de capacité. Elle alimente un moteur de 25 kW dédié à la traction et un second moteur de 16 kW pour les fonctions hydrauliques. Le fabricant a pu conserver le poste réversible. BCS prévoit une commercialisation à partir de fin 2024. Les produits BCS sont distribués en Suisse par le Tessinois Snopex SA.

Automatiser le chai

L’«YV01» gagne en polyvalence Développé pour les vignes étroites jusqu’à 1,30 m de hauteur, le robot enjambeur autonome «YV01» de Yanmar lancé l’an passé gagne en polyvalence: équipé d’origine d’une cuve de pulvérisation de 200 litres, il peut désormais embarquer des outils de travail du sol. Le constructeur vient de développer avec la société Boisselet un chariot pour déposer aisément la rampe quelle que soit la marque. Le chenillard est capable d’évoluer dans des pentes de 40 % et des dévers jusqu’à 20 %. Il intervient de façon autonome dans l’interceps du rang enjambé, et/ou opère sur deux interrangs simultanément. Il est animé par un moteur essence Honda de 800 cm³. Son autonomie est d’envi-

ron 4 heures. Ses deux relevages arrière soulèvent jusqu’à 120 kg chacun. Evoluant jusqu’à 4 km/h, l’«YV01» dispose de trois sécurités à l’avancement: un Lidar en partie supérieure, des sonars ainsi qu’un bumper mécanique devant chaque chenille. Pesant moins d’une tonne et demi, il peut être chargé dans un utilitaire ou sur une remorque. Yanmar recherche un importateur à moyen terme en Suisse. Technique Agricole Suisse   1 | 2024

rière, est conçu pour la destruction de la végétation de l’interrrang telle qu’une légumineuse. Ses 110 dents en acier Hardox sont réversibles et remplaçables facilement car boulonnées et non soudées. Le rouleau peut être lesté à l’eau ou au sable afin d’augmenter la pression au sol. Le «Bio Roll», ici de 1,60 m de large, sera disponible en largeurs de 1 à 2 mètres

Enjambeur écologique Le tracteur enjambeur «Concept bioéthanol» de Tecnoma est conçu sur la base d’un modèle «S-140 HVV». Cette machine vise à développer l’économie circulaire: elle fonctionne au bioéthanol, obte-

nu par distillation de marc de raisin. Malgré sa surconsommation, elle réduit ainsi l’empreinte carbone de plus de 65 % selon le fabricant. Son bloc moteur diesel a ainsi été modifié au niveau de l’injection par Tecnoma et ses partenaires pour en faire un moteur à essence, avec un système de dépollution largement simplifié, en témoigne ce petit pot d’échappement. En 2024, quatre unités devraient être réparties dans les principaux vignobles français pour tester le marché.

Rouleau Faca pour cultures spécialisées Orizzonti lance une série complète de rouleaux Faca dénommée «Bio Roll» d’un diamètre de 50 cm. L’outil pouvant être installé indifféremment à l’avant ou à l’ar-

Dans un contexte de tendance à l’automatisation des chais, le Suisse Bucher Vaslin veut devenir un acteur reconnu sur le marché de la supervision de cave et se lance dans cette activité. Il a ainsi codéveloppé un projet complexe avec le client corse Terra Vecchia qui vinifie annuellement 28 000 hectolitres: réception maîtrisée de la récolte, refroidissement mieux suivi, choix du pressoir, automatisation du choix et incorporation de produits œnologiques, sélection des jus et choix de la cuve en sortie de pressoir ou encore gestion contrôlée des marcs. La solution vise à mieux maîtriser les process et gagner du temps pour les tâches répétitives et rester plus attentif, mais aussi améliorer le débit de récolte. Bucher Vaslin a aussi mis au point l’interface de pilotage de la cave.

Pulvérisation modulée en tournière La marque Nicolas propose «Azimut», un nouveau système de coupure automatique de la pulvérisation lors des demi-tours d’un pulvérisateur de cultures en rangs, basé sur l’angle entre la direction des rangs et celle du déplacement du pulvérisateur. Avec cette option, la quantité de produit pulvérisée par l’atomiseur est modulée sur chaque côté en bout de 51


Plate-forme | Salon

champ, selon la direction de l’outil par rapport au rang. Le système «Azimut» fonctionne grâce à un capteur à ultrasons intégré à l’avant de part et d’autre de l’atomiseur.

ment, cette lame est disponible pour les principaux modèles de la marque. Le prix est d’environ 4 francs plus élevé que celui d’une lame classique. Un premier modèle devrait bientôt être équipé de série de la lame «Black F-Tech».

Pulvérisation confinée chez Berthoud

Pesée sur les distributeurs d’engrais viticoles En septembre, Kuhn a ajouté à son tarif les distributeurs d’engrais viticoles avec pesée «MDS 8.2 W» et «MDS 14.2 W», respectivement avec trémie de 800 et 1400 litres de capacité maximale avec rehausse. Tous deux sont équipés d’un

Berthoud repense son approche de la pulvérisation en viticulture. Le constructeur dévoilait au Sitevi son pulvérisateur traîné viticole inédit «Katch», au travers d’une vidéo. Doté d’une animation hydraulique intégrale, cet appareil à deux essieux se caractérise par son système de pulvérisation confinée visant à récupérer toute gout-

telette non déposée sur la plante, afin de prendre soin de la vigne, de l’environnement et de l’opérateur. Il intègre le système X’Pulse assurant l’autonettoyage des panneaux récupérateurs par soufflage. cadre peseur, grâce auquel l’opérateur peut connaître précisément la quantité de produit restant dans la trémie. Compte tenu des faibles doses d’engrais apportées en viticulture, la pesée doit avoir lieu périodiquement à l’arrêt, mais elle permet d’améliorer la précision des apports lors de l’épandage.

Friction moindre, performance accrue Felco a présenté la lame de sécateur haute performance «Black F-Tech» avec revêtement en nanopolymère sur base aqueuse. Avec ce traitement, le fabricant suisse annonce une réduction de l’effort de friction d’environ 30 %. Cette innovation commercialisée depuis septembre augmente la productivité et réduit le risque de tendinite. Proposée pour le moment en pièce de rechange exclusive52

Diffuseurs tangentiels animés électriquement Weber anticipe la demande du marché en outils animés électriquement: sur son pulvérisateur viticole/arboricole traîné à flux tangentiels multirang déjà au catalogue, Weber exposait un prototype avec animation électrique des diffuseurs tangentiels. La tension nécessaire est de 48 V et la puissance requise d’environ 1 kW pour atteindre le régime de 2000 tr/min. L’alimentation pourra être fournie par un tracteur électrique ou une génératrice. L’acquéreur pourra désormais choisir parmi les deux variantes d’entraînement (hydraulique ou électrique) et trois configu-

rations de diffuseurs: individuelle, double série ou double parallèle. La commercialisation devrait débuter en 2024.

Bakus cartographie l’emplacement des ceps Vitibot, fabricant du robot viticole Bakus, présentait avec «Mapping interceps» une fonctionnalité de cartographie automatique de l’ensemble des pieds de vigne de la parcelle. Cette innovation vise à maximiser la précision des machines autonomes afin de travailler au plus près du ceps tout en le préservant au mieux. Elle est proposée sur les machines équipées d’interceps électriques. Les palpeurs désignent la position exacte de chaque pied. Bakus génère la cartographie lors de son premier passage. Le constructeur annonce proposer dès février 2024 un kit de calibrage permettant aux propriétaires de robots déjà en service d’accéder à cette fonctionnalité en rétrofit. Vitibot recherche par ailleurs un distributeur en Suisse.

Nouvelle rogneuse viticole signée Naotec Un an après avoir lancé une rogneuse électrique, Naotec récidive avec la présentation d’un prototype de rogneuse hydraulique deux rangs «RV 200» voué à remplacer le modèle actuel «Naotec RF». Destiné aux vignes de deux à trois mètres de largeur d’interrang, elle se déclinera en variantes «RV 200L» pour des interrangs larges de 1,8 à 3,3 m (modèle pré-

senté), ou «RV 200E» pour 1,3 à 2,50 m d’écartement entre rangs. Le client pourra choisir entre les versions ½ rang ou rang complet. Pesant 800 kg, la rogneuse «RV200» est attelée à l’avant d’un tracteur fruitier ou d’un gros modèle vigneron, soit sur le relevage 3 points, soit directement sur le châssis. Sa commercialisation est annoncée pour 2025. Naotec est distribué en Suisse par le Vaudois Kufferagri. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


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Semis sur six rangs de maïs grain au semoir monograine «Optima V», et installation des parcelles. Photos: Innovationsfarm

Le système «Geoseed» examiné au peigne fin La ferme d’innovation autrichienne «Innovationsfarm» a analysé le «Geoseed», un système de gestion des semis monograine de Kverneland. Il permet d’effectuer des semis de précision en carrés et en quinconce pour obtenir une répartition optimale des plants dans l’espace. Michael Himmelfreundpointner*

L’exploitation des sols dans le respect des règles de durabilité va occuper une place de plus en plus essentielle. Les événements météorologiques extrêmes placent l’agriculture face à des défis grandissants. Il faut à la fois ménager le sol et sécuriser leur potentiel de rendement à long terme. En plus d’une rotation équilibrée des cultures et d’une fertilisation ciblée et adaptée aux besoins des plantes, la couverture du sol sur une durée aussi élevée que possible joue un rôle important. Dans les régions

*Michael Himmelfreundpointner est chercheur à l’«Innovationsfarm», sur le site de Wieselburg (A).

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

sèches, cette couverture est même l’objectif numéro 1 pour réduire au maximum les pertes d’eau par évaporation.

Le changement climatique, incitation à l’innovation Dans la perspective de périodes de sécheresse prolongées pendant les mois d’été, l’utilisation efficace des eaux apportées par les précipitations régionales, d’une part, et d’autre part la mobilisation des champs disponibles revêtent une importance croissante. S’y ajoute l’utilisation efficace des éléments fertilisants afin d’offrir aux cultures une base de démarrage homogène. Sur le plan technique, la force

d’innovation est plus que jamais nécessaire à la fois pour garantir une exploitation économique et durable face aux défis qui s’accumulent, et aussi pour fournir des solutions adaptées.

Plusieurs modèles différents à disposition L’éventail des possibles s’étend du semis de précision et de la fertilisation localisée à l’usage optimal de l’espace disponible, ceci grâce à une dépose ciblée des semences. Le semis de précision est dans une phase de plein essor. Avec le semis monograine, le but est avant tout d’assurer des valeurs 53


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constantes en termes de profondeur, de régularité des lignes et d’éviter les lacunes. Un critère supplémentaire émerge clairement et fait l’objet de développements qui vont au-delà de l’espacement sur la ligne. Il s’agit de l’alignement transversal des graines pour leur positionnement en quinconce. Plusieurs constructeurs sont déjà présents sur le marché avec de tels produits: Pöttinger avec son «PCS Duplex Seed», Lemken et son système «Delta Row», Monosem avec le «Twin-Row-Sync-Row» ou encore Great Plains avec le «Twin-Row». Kverneland s’est aussi penchée sur le sujet. La marque a lancé «Geoseed», un système qui met en œuvre de manière idéale ce concept de répartition dans l’espace bidimensionnel du sol. Le brevet a été déposé en 2015. Depuis lors, il est possible d’installer «Geoseed» sur de nombreux semoirs monograine du constructeur. Avec lui, les graines sont déposées en double alignement, de sorte à obtenir une répartition régulière des plants en quinconce. Il est possible aussi de générer un semis en blocs, ce qui permet de former des rangées dans les sens longitudinal et transversal. Grâce à ces variantes de mise en place, les plantes doivent occuper le sol de manière optimale; les ressources disponibles – lumière, eau, éléments fertilisants – doivent être utilisées de manière optimale aussi, dans l’objectif de garantir les rendements escomptés. Kverneland propose deux niveaux d’équipement: «Geoseed Level One» permet une dépose en quinconce ou en blocs de la largeur de travail. Les ex­ ploitants souhaitant sarcler leur culture en travers des rangs adopteront le «Geoseed Level Two», qui travaille sur plusieurs largeurs de travail. En association avec «Geocontrol», il est possible d’activer jusqu’à 110 tronçons transversaux, ce qui permet d’enclencher ou de couper automatiquement tous les rangs en bout de champ. Nous avons travaillé avec un semoir «Optima V» en version 6-rangs, avec laquelle on obtient, en interlignes de 75 cm, une largeur de 4,5 mètres.

L’essai Concrètement, pour l’essai de placement en quinconce, nous nous sommes focalisés sur la précision de la dépose, la facilité d’utilisation et les effets possibles sur le rendement du maïs-grain et des betteraves sucrières. 54

Comparaison d’une disposition de maïs en quinconce (à g.) et en carrés.

Dans la culture de betteraves, l’intéerrang choisi était de 45 cm et dans la culture de maïs grain, l’espacement entre rangs atteignait 50 cm. Une parcelle de maïs-grain a été aménagée avec 3 répétitions et un interrang conventionnel de 75 cm pour servir de surface témoin. Ce changement de largeur de travail s’opère sans peine grâce au réglage hydraulique de la largeur de travail. Les conducteurs se sont dit satisfaits de l’utilisation de l’appareil et sont parvenus rapidement à en maîtriser l’usage. Après une phase d’apprentissage et quelques difficultés de départ, le travail au champ a commencé et les parcelles ont été aménagées. Pour chaque variante, au moins trois répétitions ont été créées et les parcelles ont été jalonnées en conséquence. Dans le peuplement de maïs grain, les parcelles ont été aménagées en bandes de 12 mètres sur toute la longueur du champ; dans les betteraves sucrières, on a opté pour une largeur de parcelle de 5,4 mètres. Concernant les variantes, une différenciation a été faite entre la variante «Geoseed» et une variante standard. Dans la variante «Geoseed», les plantes ont été semées en quinconce et en carrés dans la variante standard.

Précision convaincante de la dépose Après la levée du maïs grain et des betteraves sucrières, des examens de la levée du champ ont été effectués manuellement sur les parcelles d’essai afin d’évaluer la précision du semis. Les plantes ont fait l’objet d’un comptage et les distances par rapport aux plantes voisines sur le rang ont été mesurées. Il convient de noter que la levée du champ est une source d’erreur: les vides et lacunes peuvent,

entre autres, être attribués à ce facteur. Par points de consigne, on entend toutes les valeurs de distance supérieures à la moitié de la distance de consigne et inférieures à 1,5 fois la valeur de consigne. Toutes les valeurs mesurées en dehors de ces points de consigne sont attribuées aux points manquants ou aux doublons. Une lacune correspond à un endroit où une plante est censée se trouver, mais où l’on n’en trouve effectivement aucune. On parle de doublon lorsque deux plantes se partagent la place d’une plante souhaitée. Lors de l’évaluation de l’écart-type et du coefficient de variation, toutes les distances qui entrent dans la part des emplacements souhaités ont été incluses. Les résultats de l’implantation se sont révélés très satisfaisants: avec des coefficients de variation inférieurs à 20, on parle d’une très bonne précision d’implantation; cette valeur a été atteinte dans l’ensemble des cas. Aucune différence entre les variantes de semis n’a été décelée. On peut donc dire que les attentes ont été satisfaites.

Chaque pourcent de couverture du sol compte Lors des relevés optiques de la précision de semis, le modèle du quinconce était déjà très bien reconnaissable et visible. Tant les peuplements de betteraves que ceux de maïs-grain se sont très bien établis. Lors des évaluations avec l’application logicielle «Soil-Cover», il est apparu que les peuplements cultivés en quinconce étaient un peu plus avancés en termes de couverture du sol. Pour obtenir ce relevé, des images ont été générées dans toutes les parcelles à différents moments, avant d’être analysées au moyen du logiciel. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


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Stade de développement précoce dans la disposition en quinconces des betteraves, avec interligne de 45 cm et distance entre plantes sur le rang de 20,2 cm.

Si l’on compare entre elles les différentes densités de semis, on perçoit bien la tendance à des degrés de couverture du sol plus élevés lorsque la densité de semis augmente, ceci même si les différences sont modérées et que les plantes semées à des densités moindres peuvent aussi rattraper ce taux de couverture du sol au fur et à mesure qu’elles grandissent. En raison des écarts-types élevés, il n’est toutefois pas possible de mettre en évidence une différence statistique entre la variante «Geoseed» et la variante standard. Une image similaire a aussi été observée pour les betteraves. Elle renforce la supposition voulant que les peuplements semés en quinconce bénéficient d’un certain avantage par rapport aux peuplements semés en mode traditionnel.

sols relativement plus lourds. De grandes différences ont donc été observées lors de la récolte. En conséquence de quoi, dans cet essai, il a été impossible de mettre en évidence des différences significatives entre les variantes. Ainsi a-t-on pu obtenir un rendement aussi élevé dans la variante standard que dans les dispositions en quinconce. En moyenne, les variantes «Geoseed» ont fourni un rendement légèrement plus élevé. Toutefois, dans cet essai, la densité de semis joue un plus grand rôle et les densités de semis plus élevées ont permis d’obtenir un meilleur rendement. Reste toutefois ouverte la question de la rentabilité économique et donc de savoir si ce rendement supérieur peut compenser le surcoût imputable aux semences supplémentaires. Cette question n’a pas été prise en compte dans cet essai; elle ne faisait pas partie de l’étude.

« Les résultats de la mise en

Le résultat en betteraves sucrières

Conclusion

Le résultat est similaire pour la betterave sucrière en raison des performances de compensation élevées de cette culture. Grâce à un bon approvisionnement en eau tout au long de la période de végétation, aucune différence statistiquement significative n’a pu être mise en évidence. Les betteraves se sont très bien développées et de bons rendements ont ainsi pu être obtenus. Cependant, en raison du mode de culture biologique, la pression des adven-

Lors de cet essai, le système «Geoseed» n’a pas permis d’augmenter les rendements de façon significative, ni de parvenir à une meilleure couverture du sol qui soit démontrable sur l’ensemble des essais. En moyenne, les variantes avec dispositions en quinconce ont cependant toujours été légèrement meilleures. Le coût raisonnable du «Geoseed Level One» par rapport au coût total d’un semoir monograine neuf justifie en tout cas le recours à cette technique.

tices a joué un rôle essentiel. Dans un tel contexte, technique et matériels jouent un rôle clé pour la réussite de la culture. Grâce aux dispositions en quinconce et en carrés, il est possible de passer la sarcleuse en diagonale ou perpendiculairement aux lignes d’origine, ce qui permet d’économiser de la main-d’œuvre. Le

place étaient convaincants.

»

«Geoseed Level Two» se révèle ici indispensable pour que la disposition des plantes s’étende à l’ensemble du champ, en large et en travers, autorisant des interventions dans plusieurs directions avec la sarcleuse.

Le rendement en maïs-grain Grâce à des précipitations suffisantes pendant la phase principale de développement de la biomasse, les plants de maïs ont pu former un bon système racinaire. Les plantes ont ainsi été en mesure de bien exploiter leur potentiel et de compenser la différence entre les variantes de semis. Lors de la phase suivante de production de maïs grain, il n’y a pas eu de précipitations et les propriétés du sol se sont pleinement exprimées. Dans les endroits au sol léger, la situation était critique pour les plantes, et leur maturation a été plus précoce que dans les zones aux Technique Agricole Suisse   1 | 2024

La disposition en quinconce bien visible dans les betteraves sucrières.

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Plate-forme | Portrait d’entreprise

La jardinerie des pépinières Girod, dont voici l’une des surfaces de vente, propose tous types de plantes produites sur l’exploitation aux horticulteurs, paysagistes, communes, agriculteurs et particuliers. Photos: Matthieu Schubnel

«La localisation de nos parcelles est l’une des meilleures qui soient pour des pépinières», estime Urbain Girod, à la tête des Pépinières Girod SA avec sa fille Audrey.

«Se remettre en question en permanence» L’exploitation Girod se distingue par ses activités agricoles spéciales de pépinière, dont les plantes cultivées exigent l’usage de machines particulières aux principaux stades de développement. Matthieu Schubnel

Au cœur du Chablais vaudois, l’agriculteur Urbain Girod s’est spécialisé dans la production d’arbres, arbustes et autres plantes. Au sein de Pépinières Girod SA, il a en charge le suivi des cultures en pleine terre et des chantiers. Depuis l’arrivée

La pépinière Girod en chiffres • 3 sites de production vaudois: Saint-Triphon (siège), Bex et Aigle • Une vingtaine de salariés • Un chiffre d’affaires non communiqué • 60 ha de cultures répartis en 23 parcelles, dont 10 ha hors-sol • 20 000 arbres fruitiers et 30 000 à 40 000 jeunes plants vendus par an • Un cycle de production des arbres et arbustes de 4 à 5 ans • Clients à 50 % particuliers et à 50 % professionnels • 10 ha de production de pommes à cidre bio

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d’Audrey, sa fille de 35 ans, la 4 e génération s’implique elle aussi dans les affaires dont l’origine remonte aux années 1930. Elle gère tout l’administratif, la préparation des commandes, la logistique ou encore le personnel. La structure emploie une vingtaine d’ouvriers à l’année. Les pépinières Girod exploitent 60 ha de cultures réparties sur trois sites distants de quelques kilomètres seulement dans le canton de Vaud, dont 10 ha hors-sol avec près de 2 ha de serres. Etabli à Saint-Triphon, le siège compte des serres, des cultures hors-sols et la jardinerie. Les jeunes plants sous serre, eux, sont cultivés à Bex, commune limitrophe où se trouvent également les 10 ha de pommiers à cidre de l’exploitation. Ce domaine bio racheté voici vingt ans et agrandi depuis comprend 1,8 ha de serres non chauffées. Enfin, le site d’Aigle regroupe d’autres cultures de pleine terre et les cultures hors-sol.

Avantages climatiques «La localisation de nos parcelles est l’une des meilleures qui soient pour des pépinières: le lac Léman tempère un peu le climat et les plantes bénéficient du soleil du Valais», témoigne l’agriculteur. Toutes les parcelles sont irriguées en puisant dans la nappe phréatique ou depuis des rivières. Deux des domaines sont d’ailleurs équipés d’une rampe pivot. Le catalogue des pépinières Girod compte une offre variétale et d’espèces pléthorique: 101 types d’arbres et arbustes dont certains atteignent 8 à 10 mètres de hauteur, 48 conifères différents, 18 sortes de plantes à haies, 12 plantes tapissantes, 11 plantes grimpantes, 3 types de bambous, 15 variétés de graminées, 38 vivaces et pas moins de 75 arbustes fruitiers de variétés exclusivement régionales et locales. Autant dire que le client a du choix! C’est l’une des raisons pour lesquelles l’entrepreneur s’est 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


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lancé dans des prestations de renaturation des milieux naturel exigeant des espèces végétales indigènes (voir encadré). Afin d’exploiter le moindre recoin du parcellaire, les Girod ont également mis sur pied une activité de production de sapins de Noël, dont un volume non négligeable est écoulé en fin d’année. En outre, l’exploitation compte 10 ha de pommes à cidre cultivées en bio.

Une jardinerie pour vendre en direct Le cycle de culture des arbres fruitiers destinés à la revente dure de quatre à cinq ans et immobilise des fonds sur cette période. Leur plantation doit par conséquent toujours être raisonnée 4 à 5 ans avant leur commercialisation. La zone de chalandise des pépinières Girod s’étend sur toute la Suisse romande. L’essentiel de l’activité est enregistré du printemps à l’automne. Urbain Girod a construit en 2005 une jardinerie sur une surface de 15 000 m² où se côtoient vivaces, plantes d’ornement, grands arbres, arbres fruitiers, fleurs indigènes et exotiques ainsi que des produits de boutique. Une partie limitée de la production est également vendue en garden center. La pépinière fournit essentiellement des horticulteurs. Les plantes d’ornement se destinent surtout aux paysagistes et dans une moindre mesure aux communes et aux particuliers. Les agriculteurs achètent principalement des hautes tiges, dont les ventes se composent à 30 % de pommier, 30 % de poirier et le reste en pêcher, abricotier et autres essences proposées. Compte tenu de sa taille l’entreprise n’a pas souhaité produire des variétés de fruitiers sous licence. Les ventes ont ainsi régressé, passant de 50 à 60 000 arbres fruitiers par an et trois variétés, à 20 000 arbres fruitiers.

Biolnat: activité complémentaire de génie biologique En parallèle de son domaine de pépinière et de production de pommes à cidre, Urbain Girod a débuté voici cinq ans des prestations de renaturation de milieux naturels et de génie biologique, dans le cadre de corrections du Rhône et de renforcement de digue. Ce domaine d’avenir, pour lequel l’Etat et la Confédération montrent une réelle volonté politique, exige de nombreuses connaissances et de formation.

Equipements spéciaux Actuellement, la tendance est aux plantes indigènes. Les plantes ne sont déterrées que sur commande car elles ne se conservent en l’état que 2 à 3 jours. «Nous sommes bien équipés en machines et le délai de livraison est généralement de 24 à 48 h», précise l’agriculteur. Par le passé, les livraisons étaient assurées avec une semi-remorque, mais le coût de détention est devenu trop élevé. Les pépinières Girod se sont donc équipées des grandes remorques légères mais capables d’emporter des végétaux volumineux. Les ventes départ jardinerie sont néanmoins préférées par le responsable. Le chariot télescopique Merlo assure tous les travaux de manutention. En matière de production, Urbain Girod utilise un gros tracteur Fendt Vario 936 avec une bêcheuse, une machine à planter ou au transport. Le parc compte également six arracheuses d’arbres, une déligneuse Bärtschi, une planteuse spéciale pour pépinière, des arracheuses automotrices pour petites mottes, des robots de tonte légers ou encore une machine à planter des gros arbres, d’origine néerlandaise. Quatre enjambeurs complètent le tableau:

Les cultures spéciales de cette structure agricole exigent de nombreux automoteurs de configurations diverses pour s’adapter aux spécificités des différentes productions.

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

Trois à quatre employés des pépinières sont détachés pour cette activité qui se déroule de la mi-juin à fin novembre, lors du creux d’activité. Ayant lieu sur les cours d’eau, les étangs, les marais, les zones humides, les interventions consistent à planter des végétaux écotype du Chablais. Ce travail de renaturalisation est souvent réalisé en collaboration avec des entreprises de génie civil et génère une part conséquente du chiffre d’affaires.

le premier est équipé pour cercler les racines, un autre du constructeur bourguignon GRV sert au sarclage des cultures, un troisième Bobard est conçu spécialement pour désherber mécaniquement les pépinières avec des brosses et un «Axiss» d’OVTract à voie variable âgé de quelques années seulement est équipé de tondeuses. Les traitements sont désormais réalisés au drone.

La retraite en ligne de mire A 60 ans, Urbain Girod pense à se retirer peu à peu. Outre sa fille de 35 ans, il est aussi père de deux jeunes enfants. Il a déjà transmis son patrimoine à sa descendance et sa préoccupation actuelle est de trouver son remplaçant. «En production, il faut une vision des plants de culture, des traitements, savoir utiliser les machines et se remettre en question en permanence. Notre personnel est capable de s’autogérer. Mais pour le moment nous n’avons pas la compétence en interne pour me remplacer sur le plan technique.» Des essais ont pourtant eu lieu, mais ça n’a pas fonctionné. Il faut aussi pouvoir le payer. Urbain Girod est décidé à poursuivre son activité tant qu’il le peut.

Urbain Girod et son équipe utilisent de multiples outils spéciaux (au premier plan une arracheuse hydraulique) pour la culture des plantes et arbustes du domaine.

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Passion | Youngtimer

Konrad Hermann, infatigable agriculteur et entrepreneur, sur son JCB «Fastrac 1125». Photo: Dominik Senn

Il boit peu et ménage ses pneus A Maienfeld (GR), Konrad Hermann est à la fois agriculteur et agro-entrepreneur. Il apprécie de longue date la sobriété de son JCB «Fastrac 1125». A ce premier modèle, l’exploitant du domaine «Bündte» a ajouté deux autres tracteurs de la même marque. Dominik Senn

«Je ne sais pas rester inactif, il faut toujours que je fasse quelque chose», explique Konrad Hermann, agriculteur et agro-entrepreneur à Maienfeld (GR). Né en 1955, il est donc en retraite. Hyperactive. Cet «intranquille» doit avoir hérité ce caractère de son père. Ce dernier fut professeur secondaire avant d’embrasser le métier d’agriculteur et de transmettre son enthousiasme à toute la famille. Urs-Leonard, frère de Konrad, est viticulteur-encaveur et son voisin direct, à la tête d’un vignoble de 8 hectares. Sa nièce Angelika est viticultrice et son neveu Conradin est agriculteur. Cette année, les liens de propriété ont changé. Conradin est désormais propriétaire et exploitant, Konrad se 58

retrouvant associé à l’exploitation viticole d’Urs-Leonard et Angelika. Chacune et chacun s’entraide pour surmonter les pics saisonniers d’activité.

Les débuts d’agro-entrepreneur «J’ai terminé l’école d’agriculture du Strickhof à 21 ans puis rejoint l’exploitation laitière familiale de 24 hectares. Cette même année, mon père m’a acheté un semoir Odette 4-rangs. Ce fut la première machine de mon entreprise qui, aujourd’hui, détient un semoir 6-rangs avec fertilisation localisée et une sarcleuse 6-rangs avec pulvérisation sur le rang. Depuis 1981, je propose une prestation de récolte d’ensilage de maïs avec auto-

motrice Mengele 4-rangs», raconte Konrad Hermann. «Désormais, nous récoltons environ 120 hectares de maïs avec une Claas ‹Jaguar 960› 10-rangs ainsi qu’une trentaine d’hectares d’autres plantes entières et de l’herbe. Je suis fier de pouvoir compter sur une équipe formidable, dont fait partie ma fille Seraina.» La production laitière a laissé place à des taurillons. Aux 80 places d’engraissement s’ajoutent deux douzaines pour des veaux. Les terres ouvertes comptent quelque 6 hectares de maïs, cinq de carottes, deux de blé d’hiver, autant d’orge et d’épeautre, plus 1 hectare de pommes de terre. Le reste du domaine est constitué de prairies artificielles et naturelles. 1 | 2024   Technique Agricole Suisse


Youngtimer | Passion

Le «Fastrac 1125» Sur le domaine «Bündte» l’ère des tracteurs JCB commença en 1997. Konrad Hermann importa directement un «Fastrac 1125» jaune affichant environ 500 heures. Ce modèle est doté de freins pneumatiques. Il est entraîné par un moteur Perkins «1000-6HR2» 6-cylindres turbo de 6 litres développant 135 chevaux. Il est muni d’attelages trois-points et de prises de force à l’avant et à l’arrière. Ces relevages ont une capacité de 5,5 tonnes à l’arrière et de 2,5 tonnes à l’avant. La transmission à 36 rapports avant et 12 rapports arrière propose deux vitesses enclenchables sous charge. Le moteur atteint son régime nominal à 2300 tr/min, et son couple maximal de 583 Nm à 1400 t/min. Le régime de prise de force (enclenchable sous charge) est indépendant de celui du moteur. Le débit hydraulique est de 74 l/min. Il permet de fournir une force de relevage jusqu’à 6300 kg à l’arrière et de 2500 kg devant. L’équipement standard comprend la direction assistée, la traction intégrale et quatre freins à disques hydrauliques. Le poids à vide est de 5500 kg; le véhicule est chaussé de pneus 480/70 R28. En 2007, un deuxième JCB suivait, un «Fastrac 55 T 65» gris d’occasion de 1997 développant 174 chevaux. Il sert à tracter la charrue à 4 socs et la remorque à ensilage Kaweco de 40 m³. Plus tard, un «Fastrac 185 T 65» rouge de 185 chevaux de 1995 vint rejoindre les deux premiers tracteurs. Il est utilisé pour ensiler et pour des transports, entre autres, avec une remorque à fond poussant Fliegl servant aux plaquettes de bois. Les deux derniers tracteurs cités ont en commun de servir entre 300 et 400 heures par an et de totaliser chacun 6200 heures. Dénomina-

JCB et ses premiers «Fastrac» Selon le lexique en ligne «Tractorbook.de», J. C. Bamford Excavators Ltd, abrégé JCB, est un constructeur d’équipements pour la construction, le génie civil, la voirie et l’agriculture. Il est basé à Rocester dans le Straffordshire en Grande-Bretagne. Quand, en 1987, JCB a lancé la fabrication d’un prototype de tracteur, il a dû fonder la société JCB-Landpower Ltd; ce tracteur était en effet assemblé dans une usine en propre, à Cheadle. La production en série du JCB «Fastrac» fut lancée en 1991. Le programme actuel de JCB comprend des chargeurs télescopiques, des chargeurs sur roues, des chariots élévateurs, des bennes, des pelleteuses. Entre autres. Mis à part ses 4 roues égales, le «Fastrac» présente les particularités suivantes: cabine en position centrale, allure jusqu’à 80 km/h, suspension intégrale, freins à disques extérieurs pour un refroi-

teur commun aux trois tracteurs JCB: il n’a fallu remplacer qu’une seule fois leur monte de pneumatiques.

Le «1125», ses atouts et ses défauts Le compteur du «Fastrac 1125» affiche environ 10 000 heures. Depuis l’achat des deux autres JCB, il est surtout attelé au semoir combiné pour les besoins propres de l’exploitation. Son atout principal? Aux yeux de Konrad Hermann, c’est sa sobriété. «Pour semer, je tourne à 1100 tr/min, pas plus.» Deuxième atout selon Konrad Hermann: une conduite reposante, car ce tracteur est équipé d’une suspension intégrale et la position médiane de la cabine contribue à amortir les chocs. La répartition 60/40 de la masse permet au conducteur de profiter d’un

Le «Fastrac 1125» tractant l’Amazone «Drill-Star» et poussant un rouleau packer. A l’arrière-plan, le massif du Falknis.

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

dissement efficace et une sécurité élevée. L’architecture à châssis, comme celle d’un camion, est prévue pour offrir stabilité, rigidité et charge élevées. La suspension intégrale est dotée d’un régulateur d’assiette à l’arrière et de ressorts à spirales à l’avant. Le «Fastrac» peut servir tant aux transports que dans les champs. La série «1000» a été produite de 1995 à 1998; le «Fastrac 1115» a remplacé le modèle «125» en 1995. C’est en 1998 que les tracteurs de la gamme «2000» se sont substitués à ceux de la gamme «1000».A leur direction sur les quatre roues, dont la réputation n’est plus à faire, pouvait s’ajouter une marche en crabe en option. L’importateur des machines JCB, JCB Agri Schweiz, a son siège à Oberbipp (BE). Ses six centres régionaux et leurs spécialistes s’occupent de l’entretien et des réparations des engins de la marque.

confort accru, d’augmenter la productivité, tout en évitant un lestage encombrant. Grâce aux 4 roues de même dimensions, le tracteur parvient à ménager les sols. Konrad Hermann cite aussi la capacité élevée des relevages et le fait que depuis son achat, ce tracteur n’a exigé aucune grosse réparation. Parmi les défauts, Konrad Hermann évoque l’indolence du moteur: «Ce 125 chevaux manque de répondant, il n’est pas nerveux». Comme deuxième inconvénient, l’angle de braquage est limité, ce qui gêne notamment pour semer. Ce n’est malheureusement pas possible d’augmenter cet angle à cause de la direction assistée entièrement hydraulique sur les 4 roues de taille identique et de la conception du châssis.

Les «Fastrac 185 T 65» et «Fastrac 155 T 65» sont surtout employés dans l’agro-entreprise. Photos: Konrad Hermann

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Association | Assemblées

Les délégués ont approuvé à l’unanimité le nouveau nom «Technique Agricole Suisse». Photos: Matthieu Schubnel et Heinz Röthlisberger

Les délégués disent oui au nom «Technique Agricole Suisse» Lors d’une assemblée extraordinaire, les délégués ont décidé de changer le nom «Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture (ASETA)» en «Technique Agricole Suisse», d’adapter les statuts et de lancer l’année des cent ans en 2024. Roman Engeler

L’Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture – en abrégé ASETA – fête ses cent ans en 2024. En prévision de cet anniversaire, les responsables se sont penchés depuis un certain temps déjà sur la réorientation stratégique des activités de l’association et sur

son image. Les représentants des 23 sections et association spécialisée ont ainsi décidé, à l’occasion d’une assemblée extraordinaire qui s’est tenue aux Geneveys-sur-Coffrane, dans le canton de Neuchâtel, de changer le nom de l’association en «Technique Agricole Suisse».

«Cette dénomination plus courte a été choisie pour répondre à l’esprit du temps», a souligné Werner Salzmann, président de l’association et conseiller aux Etats, en abordant ce point essentiel de l’ordre du jour. L’ASETA s’appelle désormais «Landtechnik Schweiz» en al-

Les délégués de Technique Agricole Suisse se sont réunis en assemblée extraordinaire le 15 décembre aux Geneveys-sur-Coffrane (NE).

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Assemblées | Association

lemand, «Tecnica Agricola Svizzera» en italien et «Tecnica Agricula Svizra» en romanche.

La revue se nomme elle aussi «Technique Agricole Suisse» Autre changement de nom: la revue mensuelle Technique Agricole publiée par l’association est rebaptisée «Technique Agricole Suisse», et «Landtechnik Schweiz» en allemand. Sa mise en page est quelque peu rafraîchie, ainsi que les lecteurs de ce magazine peuvent le constater.

L’adaptation des statuts Tous ces changements ont entraîné la nécessité de modifier les statuts de l’association, ce que les délégués ont approuvé à l’unanimité. Le directeur de l’association, Roman Engeler, a ensuite fourni des informations sur les activités prévues pour le jubilé, dont le point culminant sera l’Assemblée des délégués des 31 mai et 1er juin 2024 à Brougg, avec la participation du conseiller fédéral Guy Parmelin. Après la partie officielle,

L’orateur Martin Rufer, directeur de l’USP, pose entre Werner Salzmann, conseiller aux Etats, (à d) et Roman Engeler, respectivement président et directeur de Technique Agricole Suisse.

c’était au tour de Martin Rufer, directeur de l’Union suisse des paysans (USP), de présenter, au travers de son exposé intitulé «Implication dans les dossiers en cours de politique agricole», les objectifs

de l’USP dans le développement de la politique agricole nationale, tout en invitant chacun à soutenir activement ce processus dans le sens d’une agriculture productrice.

Werner Salzmann, président, dirige l’assemblée.

Roman Engeler, directeur de l’association, présente le nouveau logo.

Werner Seiler, président de la section neuchâteloise, reçoit un cadeau en remerciement de l’organisation de l’assemblée.

Nadja Vogelsang, de Technique Agricole Suisse, accueille les délégués et leur remet un bulletin de vote.

Technique Agricole Suisse   1 | 2024

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Association | Sections

Assemblées générales ZH Samedi 13 janvier 2024, 9 h 15 Forum Strickhof, Lindau

TG Mardi 16 janvier 2024, 20 h Auberge Krone, Pfyn

ZG Jeudi 25 janvier 2024, 19 h 45 Restaurant Schnitz und Gwunder, Steinhausen Deuxième partie de la conférence de Huber Silobau & Kunststoffwerke AG intitulée «Technik & Verfahren beim Hochsilo»

GE Mercredi 31 janvier 2024, 10 h Satigny

GR Mercredi 7 février 2024

VD Jeudi 8 février 2024, 10 h 15  Grande salle communale, Bioley-Orjulaz

FR Mercredi 21 février 2024

NW Mardi 27 février 2024

TI Lundi 4 mars 2024

NE Vendredi 8 mars 2024

Agro-entrepreneurs Suisse Vendredi 8 mars 2024 Robert Aebi Landtechnik AG, Regensdorf

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Communications LU Offre de cours actuel

Examen théorique de cyclomoteur ou de tracteur: les cours préparatoires à l’examen théorique des permis de conduire de cyclomoteur ou de tracteur ont lieu le mercredi après-midi. Tarif des cours incluant la plate-forme d’apprentissage en ligne (24 cartes de théorie): CHF 70.– pour les membres et CHF 90.– pour les non-membres. Dates des prochains cours: Mercredi 31 janvier, au BBZN de Sursee, de 13 h 15 à 17 h 30 Mercredi 13 mars, au BBZN de Sursee, de 13 h 15 à 17 h 30 Mercredi 24 avril, au BBZN de Hohenrain, de 13 h 15 à 17 h 30 Cours G40 organisé par Technique Agricole Suisse: sur les sites de Hohenrain, Willisau, Schüpfheim et Sursee (site www.agrartechnik.ch: Fahrkurs-G40). Examen théor. scooter ou voiture: préparation en ligne pour CHF 24.–. Cours de base scooter ou moto: à Büron et à Sursee. Prix du cours en trois parties: CHF 450.– pour les membres et CHF 480.– pour les nonmembres. Prochain cours: n° 630 1re partie: samedi 20 avril, de 8 à 12 h 2e partie: samedi 27 avril, de 8 à 12 h 3e partie: samedi 4 mai, de 8 à 12 h Cours de théorie sur le trafic routier: à Sursee. Prix: CHF 220.– pour les membres, CHF 240.– pour les non-membres. Date des prochains cours Les prochains cours de théorie sur le trafic routier prévus en avrilmai 2024 sont en train d’être planifiés. Ils seront publiés sur le site www.lvlt.ch et n’auront lieu que si le nombre de participants est suffisant. Informations et inscription: (sous réserve de changements de lieux, de contenu, de prix ou de durée de cours): auto-école de la LVLT, Sennweidstrasse 35, 6276 Hohenrain, tél. 041 555 90 00, fax 041 460 49 01, info@lvlt.ch Dates des tests de pulvérisateurs 2024 Les tests de pulvérisateurs auront lieu du 11 au 27 mars sur différents sites. Pour des informations plus précises, consulter le site www.lvlt.ch. Les détenteurs de pulvérisateurs qui ont déjà fait contrôler leur pulvérisateur chez nous reçoivent tous les trois ans à la fin janvier une invitation. Les agriculteurs qui ont de nouveaux pulvérisateurs à faire tester sont priés de nous contacter (info@lvlt.ch ou 041 555 90 00).

ZH Matinée de l’assemblée générale consacrée à la numérisation L’assemblée générale de la section zurichoise de Technique Agricole Suisse se tiendra le samedi 13 janvier au Strickhof à Lindau. La matinée sera consacrée au thème de la numérisation. Bernhard Streit, titulaire d’un doctorat et enseignant à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) donnera une conférence sur ce thème. Ensuite, le gestionnaire d’exploitation numérique «Barto», l’autonomie croissante des tracteurs et l’informatisation du Strickhof feront l’objet de brèves présentations. La matinée se conclura par un apéritif et une collation offerts par Technique Agricole Suisse et des sponsors.

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Sections | Association

TG Cure thermale à Bad Birnbach La section thurgovienne organise une cure thermale à Bad Birnbach, en Basse-Bavière. Trois différentes dates sont proposées à la fin janvier 2024. Prestations comprises: trajets incluant le buffet du petit-déjeuner à l’aller et le goûter au retour, 7 nuitées dans l’hôtel 4 étoiles wellness Chrysantihof avec demi-pension (repas à quatre plats, buffet de salades et plateau de fromages), 8 cartes journalières donnant accès à toutes les infrastructures des thermes Rottal avec sauna (bains possible les jours d’arrivée et de départ) et une excursion à Passau. Prix: CHF 1350.– la chambre standard, CHF 120.– de supplément pour chambre individuelle. Renseignements: site ww.tvlt.ch Inscription: au plus vite auprès de Markus Koller, Weierhofstrasse 9, 9542 Münchwilen, 071 966 22 43, info@tvlt.ch

Approvisionnement en batteries et en fournitures Il est possible de s’approvisionner en fournitures auprès de la gérance de la section thurgovienne, Markus Koller, Weierhofstrasse 9, Münch­wilen, 071 966 22 43 ou 079 643 90 71. Lors de vos achats de carburants et de lubrifiant, vous pouvez vous adresser de préférence aux partenaires et aux fournisseurs qui soutiennent la section par des contributions financières. C’est le cas du MR Ostschweiz, de Wängi et C. Tanner Söhne AG, à Frauenfeld, de Bosshard AG, à Frauenfeld, d’Agrola et Lang Energie AG, à Kreuzlingen, de LGG Handels AG, à Güttingen ainsi qu’Osterwalder, à St-Gall.

Cours théoriques 2024 pour le permis M/G Les formulaires d’inscription à l’examen théorique en vue des permis de cyclomoteur de catégorie M et de tracteur de catégorie G (jusqu’à 30 km/h) peuvent être obtenu auprès de n’importe quel poste de police. On peut aussi se les procurer à l’office de la circulation routière à Frauenfeld, Amriswil ou à Kreuzlingen, lieux de l’examen. Prix: CHF 70.– CHF 70.– pour les enfants de membres de la section et CHF 90.– pour les non-membres, accès à une plate-forme didactique avec questions officielles d’examens inclus (code à demander à l’ASA). Les taxes d’examen de l’office de la circulation routière seront facturées séparément. Envoyer le talon dûment rempli à VTL/Landtechnik, Markus Koller, Weierhofstrasse 9, 9542 Münchwilen ou info@tvlt.ch.

Cours M/G N°

Lieu

8 h 30 à 11 h 30

AG Travailler avec un cheval Les 8, 9, 10, 11 et 12 avril Centre agricole de Liebegg, à Gränichen Le centre agricole de Liebegg, à Gränichen, et Arbeitspferde Schweiz organisent un cours pour les passionnés de chevaux. Durant cinq jours, les participants pourront s’exercer à effectuer du débardage, des transports et des travaux dans les cultures fourragères et les grandes cultures. Au programme des soirées (facultatives), théorie sur la détention et l’affouragement des chevaux, films et moments conviviaux. Il est aussi possible de ne suivre les cours que certains jours. Renseignements: auprès d’Ernst Rytz, IG président de l’association Arbeits­pferde, au 079 522 34 84, me.rytz@teleport.ch et de Luisa Achermann, centre agricole de Liebegg, 062 855 86 09, luisa.achermann@ag.ch Inscriptions: jusqu’au 4 mars au 062 855 86 15 ou sur www.liebegg.ch/ weiterbildung

Cours M/G 8 h 30 à 11 h 30 mercredi: 13 h 30 à 16 h 30

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Alterswilen

Samedi 10.02.2024

Mercredi 21.02.2024

2

Münchwilen

Samedi 09.03.2024

Samedi 23.03.2024

3

Bürglen 1

Samedi 27.04.2024

Samedi 04.05.2024

4

Müllheim

Samedi 25.05.2024

Samedi 08.06.2024

5

Bürglen 2

Samedi 24.08.2024

Samedi 31.08.2024

6

Amriswil

Samedi 26.10.2024

Samedi 09.11.2024

7

Friltschen

Samedi 23.11.2024

Samedi 30.11.2024

Excursion printanière de la section TG Jeudi 15 février, dès 6 h 45 Mine de fer Gonzen, à Sargans, et exploitation Nüesch, à Widnau Les membres de la section thurgovienne visitent la mine de fer Gonzen à Sargans et l’exploitation agricole Nüesch à Widnau. La mine de Gonzen est constituée d’un labyrinthe de galeries de près de 90 kilomètres de

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long. Les derniers mineurs ont cessé de l’exploiter en 1966 et les visiteurs peuvent la visiter depuis 1983. L’exploitation Nüesch sera visitée après le repas de midi qui se déroulera au restaurant Berg­werk. Elle comporte, outre un élevage conséquent, des cultures et une entreprise de travaux agricoles, une grande installation de production de biogaz. Une pause culinaire est prévue lors du trajet de retour. Lieux de départ possibles: Amriswil à 6 h 10, Sulgen à 6 h 25, Weinfelden à 6 h 35 et Frauenfeld à 7 heures. Prix: CHF 130.– (trajets, visites, en-cas et repas inclus) Inscription: jusqu’au vendredi 26 janvier ou le plus rapidement possible (nombre de participants restreint) à l’adresse suivante: Geschäftsstelle VTL/Landtechnik, Markus Koller, Weierhofstrasse 9, 9542 Münchwilen, 071 966 22 43, info@tvlt.ch

ZG Dates des tests de pulvérisateurs 2024 Tests de pulvérisateurs de cultures fruitières: mardi 2 et mercredi 3 avril Tests de pulvérisateurs de grandes cultures: jeudi 4 et vendredi 5 avril Lieu: Schluechthof Cham Renseignements et inscription: www.natuerlich-zug.ch/ landwirtschaftliches-weiterbildungsangebot ou 079 771 65 90, beatbet@bluewin.ch

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Association | Sections

SG

AR

AI

GL

Formation sur les transports d’animaux Mercredi 17 janvier, mardi 13 février et mercredi 13 mars, de 8 h 00 à 16 h 30 (y compris 1 h pour le repas et les pauses) Ecole professionnelle de Ziegelbrücke Formation non reconnue OACP La formation non reconnue OACP doit impérativement avoir été suivie (et est à renouveler tous les trois ans) dès que l’on effectue un transport de bétail pour des tiers pour satisfaire à la loi fédérale sur la protection des animaux. Elle est valable avec des véhicules d’un poids total inférieur à 3,5 tonnes. Elle s’adresse aux personnes au bénéfice d’une formation spé­ cifique indépendante ou d’une formation professionnelle. L’attestation de cette formation est nécessaire pour effectuer des transports d’animaux avec une Jeep tractant une remorque ou des véhicules de livraison. Un permis de conduire de catégorie B ou BE est requis. Prix: CHF 270.– (attestation et repas de midi inclus) pour les membres de la VLT-SG et CHF 300.– pour les non-membres. Formation reconnue OACP La formation reconnue OACP est nécessaire pour effectuer des trans­ ports d’animaux avec un camion. Un permis de conduire de catégorie C ou CE est requis. Prix: CHF 360.– (attestation et repas de midi inclus) pour les membres de la VLT-SG et CHF 390.– pour les non-membres. Inscription: VLT-SG, Eliane Müller, Riethof 1, 9478 Azmoos info@vlt-sg.ch, 081 783 11 84; consulter le site www.vlt-sg.ch pour de plus amples informations.

Permis de catégorie G pour la conduite de véhicules agricoles Avec le permis de catégorie G, vous avez le droit de conduire des cyclomoteurs et vous n’avez pas besoin de repasser l’examen théorique pour obtenir le permis de la catégorie F. En hiver 2024, la section glaronaise de Technique Agricole Suisse propo­ sera à nouveau des cours de formation en vue de l’obtention du permis de catégorie G, suivis des examens théoriques mis sur pied par l’office cantonal de la circulation routière. Les jeunes filles et les jeunes gens qui auront 14 ans au cours de l’année 2024 (nés en 2010 ou auparavant) peuvent les suivre. Les participants plus jeunes ne seront pas admis. Si les inscriptions sont assez nombreuses, les cours seront organisés à Schwanden. Le troisième demi-jour, avec les examens, est fixe pour tous les participants à l’office cantonal de la circulation routière, à Schwanden. La durée du cours (examens inclus) est de trois demi-jours (environ 3¾ h). Prix: CHF 60.– (documents de théorie et clé USB didactique inclus) pour les membres de la section glaronaise (CHF 85.– pour les non-membres), encaissé le premier jour de cours par le responsable. Les frais de dossier, d’examens et de permis (non compris dans le prix du cours) s’élevant res­ pectivement à CHF 25.–, CHF 30.– et à CHF 55.– sont facturés par l’office cantonal de la circulation routière. Renseignements: site www.vlt-sg.ch, Strassenverkehrs­amt des Kantons Glarus, Mühleareal 17, 8762 Schwanden. Cours 1 (groupe nord) Schwanden StVA Schwanden StVA Schwanden StVA

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13.01.2024 10.02.2024 09.03.2024

de 8 h 15 à 12 h 00 de 8 h 15 à 12 h 00 de 13 h 30 à 17 h 15

Cours 2 (groupe sud) Schwanden StVA Schwanden StVA Schwanden StVA

13.01.2024 10.02.2024 09.03.2024

de 13 h 30 à 17 h 15 de 13 h 30 à 17 h 15 de 8 h 15 à 12 h 00

Cours et examens théoriques de permis de tracteur Dans les cantons de Saint-Gall et d’Appenzell, l’examen en vue de l’obten­ tion du permis de conduire des véhicules agricoles peut être passé au plus tôt, respectivement un mois et trois mois avant le 14 e anniversaire, tandis que tous les natifs de l’année 2010 (ou des années précédentes) peuvent s’y présenter dans le canton de Glaris. Prix: CHF 70.– pour les membres; CHF 95.– pour les non-membres, CD didactique avec des questions d’examen et des fiches de travail inclus. Renseignements et inscription: auprès du responsable du cours Hans Popp, Karrersholz 963, 9323 Steinach, 071 845 12 40 ou hanspopp@bluewin.ch 2e jour + Lieu 1er jour examen Après-midi Mercredi après-midi St. Peterzell, Schulhaus Me 24.01.2024 SG-Winkeln, kath. Pfarreiheim, Winkeln / StVA 21.02.2024 Neu St. Johann, Klostergebäude Me 31.01.2024 Kaltbrunn Rest. Löwen / StVA Kaltbrunn 06.03.2024 Niederbüren, Schulh. Probelokal Me 07.02.2024 SG-Winkeln, kath. Pfarreiheim, Winkeln / StVA 13.03.2024 Wangs, Parkhotel Sa 17.02.2024 Wangs, Parkhotel / StVA Mels 20.03.2024 Trogen Me 28.02.2024 Trogen / Trogen StVA Trogen 27.03.2024 Widnau, Rest. Rosengarten Sa 23.03.2024 Rorschach, Aula Schulh. Burghalde / StVA 17.04.2024 Kaltbrunn, Rest. Löwen Me 03.04.2024 Kaltbrunn, Rest. Löwen / StVA Kaltbrunn 24.04.2024 Mosnang, Oberstufenzentrum Sa 20.04.2024 SG-Winkeln, kath. Pfarreiheim, Winkeln / StVA 15.05.2024 St. Peterzell, Schulhaus Sa 04.05.2024 SG-Winkeln, kath. Pfarreiheim, Winkeln / StVA 29.05.2024 Wittenbach, Oberstufenzentrum Me 08.05.2024 Rorschach, Aula Schulh. Burghalde / StVA 12.06.2024 Wangs, Parkhotel Sa 11.05.2024 Wangs, Parkhotel / StVA Mels 05.06.2024 Widnau, Rest. Rosengarten Sa 18.05.2024 Rorschach, Aula Schulh. Burghalde / StVA

19. 06.2024

Niederbüren, Schulh. Probelokal Sa 15.06.2024 SG-Winkeln, kath. Pfarreiheim, Winkeln / StVA 10.07.2024 Kaltbrunn, Rest. Löwen Me 03.07.2024 Kaltbrunn, Rest. Löwen / StVA Kaltbrunn 07.08.2024 Wangs, Parkhotel Sa 10.08.2024 Wangs, Parkhotel / StVA Mels 04.09.2024 Trogen Me 14.08.2024 Trogen / Trogen StVA Trogen 11.09.2024 Mosnang, Oberstufenzentrum Sa 24.08.2024 SG-Winkeln, Kath. Pfarreiheim, Winkeln / StVA 25.09.2024 Wittenbach, Oberstufenzentrum Me 28.08.2024 Rorschach, Aula Schulh. Burghalde / StVA 18.09.2024

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Sections | Association

Formation pour le permis F/G

Les jeunes filles et jeunes gens doivent suivre des cours de théorie en vue de l’obtention du permis de conduire de catégorie F/G. L’examen réussi donne le droit de conduire, sur la voie publique, des véhicules à moteur agricoles dont la vitesse maximale est de 30 km/h. Pour plus d’informations, consultez le site www.fahrkurse.ch. AG Contact: Yvonne Vögeli, Strohegg 9, 5103 Wildegg, 062 893 20 41, sektion.ag@agrartechnik.ch (possibilité d’inscriptions à court terme) BL, BS Contact: Marcel Itin, 076 416 27 13, marcelitin@gmx.ch

SG

AR

AI

GL

De la récolte à la table d’affouragement L’assemblée a élu un membre au comité et accepté une augmentation de cotisation. Puis elle a assisté à un intéressant exposé sur la récolte et la distribution des fourrages. Roman Engeler

BE Contact: Peter Gerber, 031 879 17 45, Hardhof 633, 3054 Schüpfen, www.bvlt.ch FR Contact: AFETA, Samuel Reinhard, Route de Grangeneuve 31, 1725 Posieux, samuel.reinhard@fr.ch, 026 305 58 49 GR Contact: Gianni Largiadèr, 081 322 26 43, 7302 Landquart, foehn@ilnet.ch, www.svlt-gr.ch NE Contact: Bernard Tschanz, chemin du Biolet, 2042 Valangin, bernardtschanz@net2000.ch GL Contact: Hans Popp, 071 845 12 40, Karrersholz 963, 9323 Steinach, hanspopp@bluewin.ch SH Contact: VLT-SH, Geschäftsstelle, Adrian Hug, Schüppelstrasse 16, 8263 Buch, 079 395 41 17, www.vlt-sh.ch SO Contact: Beat Ochsenbein, 032 614 44 57, ochsebeis@bluewin.ch SZ, UR Contact: Florian Kälin, Geschäftsstelle VLT Schwyz und Uri, 055 412 68 63, 079 689 81 87, info@glarnernbeef.ch TG Contact: VTL/Landtechnik, Markus Koller, 071 966 22 43, Weierhofstrasse 9, 9542 Münchwilen VD Contact: ASETA – Section vaudoise, Natacha Buffat, chemin des Alpes 12, 1418 Vuarrens, nat@zestsolutions.ch ZG Contact: Beat Betschart, 041 755 11 10, beatbet@bluewin.ch ZH Contact: SVLT ZH, 058 105 98 22, Eschikon 21, Postfach, 8315 Lindau, www.svlt-zh.ch

La 85e assemblée générale de la section Saint-Gall, Appenzell et Glaris s’est déroulée au restaurant Krone, à Ennetbühl (SG). Le président, Christian Giger, a prononcé son allocution de bienvenue devant une salle comble. «Malgré quelques départs, l’effectif s’est maintenu au niveau de l’année précédente grâce à 15 nouveaux adhérents», a mentionné Eliane Müller, la gérante, dans son rapport annuel. Le président a fait la rétrospective des principaux événements de 2023. Il a remercié les différents services officiels et autorités pour leur bonne collaboration. Fabian Höhener, de Gais (AI), a été élu au comité. Il occupe un siège qui était vacant. Felix Tschumper complètera l’équipe de l’organe de révision. Hans Popp a présenté les comptes qui se soldent par un chiffre d’affaire de plus de 250 000 francs et un bénéfice de 1350 francs. Pour avoir davantage de marge de manœuvre financière, le comité a demandé de faire passer la cotisation de 80 à 90 francs. L’assemblée a accepté cette proposition à une large majorité. Felix Düring, membre d’honneur et «Père du contrôle des installations électriques», s’est vu récompensé d’un présent en remerciement de son engagement de longue date dans ce domaine d’activité. La section met sur pied un colloque qui se tiendra le 10 février. Les sujets de cette journée seront «Circuler en toute sécurité» et «Numérisation». En collaboration avec l’agence de voyage Rattin Reisen, la section organisera l’été prochain un voyage à destination de la péninsule ibérique. «La production fourragère constitue la base d’une alimentation saine d’un cheptel», a rappelé Thyas Künzle, de la station production bovine du Centre agricole cantonal saint-gallois, à Flawil. Il ouvrait ainsi un captivant exposé intitulé «De la récolte à la table d’affouragement». A côté d’aspects relatifs à la production et à la nutrition, il a abordé des points touchant au machinisme agricole. Il a parlé de la réduction des teneurs en cendres brutes obtenues par un nivellement régulier des prairies, de la hauteur optimale de coupe et de l’importance d’équiper les barres de lames bien acérées. L’orateur a ensuite énoncé les conditions d’un bon ensilage pour éviter des fermentations secondaires. La propreté dans l’étable avec des sols antidérapant pour les personnes et les bêtes contribue aussi au succès d’un troupeau, a conclu l’orateur.

Suivez le machinisme agricole sur le web

www.agrartechnik.ch www.agrartechnik.ch/fr Technique Agricole Suisse   1 | 2024

Le président, Christian Giger (à g.), souhaite la bienvenue à Fabian Höhener, nouveau membre du comité de la section Saint-Gall, Appenzell et Glaris. Photo: Roman Engeler

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Association | Portrait

L’envie de produire L’automne tire à sa fin et Simon Baechler, jeune agriculteur de 33 ans est serein: il a pris soin d’arracher très tôt ses pommes de terre et ses betteraves pour terminer les semis vers le 10 octobre, avant les pluies incessantes qui ont suivi. Armé d’un apprentissage agricole, d’un brevet et d’une maîtrise, il reprend l’exploitation familiale en 2021 à Vallon (FR). Cadet d’une fratrie de trois enfants, il perpétue le travail des sept générations qui l’ont précédé. Le domaine s’est agrandi récemment de près de 30 % et compte désormais 70 ha de surfaces irriguées avec l’eau du lac de Neuchâtel. L’assolement comprend céréales, pommes de terre et betteraves sucrières. Le jeune chef d’exploitation peut compter sur son père José, âgé de 63 ans et toujours actif, sa mère Marie-Luce en charge de la comptabilité, Dylan, son employé polyvalent, ainsi qu’un apprenti qu’il aime former. Sa femme Carolane prépare les repas, s’occupe des petits animaux et aide sur l’exploitation. Simon Baechler embauche aussi des saisonniers à l’automne pour le tri des tubercules. Les 25 ha de pommes de terre sont arrachés, triés puis stockés à la ferme. La surface de betteraves sucrières a été réduite en 2019 de 15 à 3,5 ha, en raison de l’arrêt du transport par voie ferrée et du SBR (syndrome des basses richesses) à l’origine des chutes du taux de sucre à 15 % et du tonnage. Sur les 20 à 30 ha de céréales à paille, la récolte de blé fourrager et d’orge est autoconsommée tandis que l’excédent est vendu au moulin. Les 10 ha de maïs grain, auxquels s’ajoutent 10 ha de maïs acheté sur pied, sont récoltés puis conservés sous forme humide puis distribués aux monogastriques.

Priorité au rendement La ferme Baechler élève en effet des porcs à l’engrais depuis 1998. La construction d’un second bâtiment d’engraissement a porté le nombre de places à 900 et la production à 2700 à 3000 porcs par an sous label IP Suisse. Dès 2005, Simon et son père ont décidé ensemble d’arrêter l’engraissement de veaux au profit d’un atelier porcin de mises-bas de 15 places. De 1200 à 1300 porcelets naissent ainsi chaque année sur place, mais les inséminations et les gestations des truies ont lieu dans une ferme bernoise membre d’un ring. Adepte de l’agriculture de précision, Simon Baechler dispose de matériels assez récents et accède aux nombreuses machines de la Cauma de Saint-Aubin (FR). Il est aussi propriétaire d’une série de tracteurs New Holland achetés auprès de son oncle concessionnaire (Christan SA à Chandon FR), dont il est satisfait du service. L’exploitant veut du rendement, sans compromis sur la qualité. Il dénonce les soutiens conditionnés qui ne garantissent pas intégralement un même rendement, pour un écart in fine à sa charge. Simon Baechler est par ailleurs engagé dans divers collectifs territoriaux ainsi qu’aux comités romand IP Suisse et de l’interprofession charcutière AOP. Il a abandonné l’enseignement de la gymnastique mais tire encore à la carabine à 300 m. Se définissant luimême comme jeune dynamique et souriant, il aime emmener avec lui sur l’exploitation ses trois enfants de sept, cinq et deux ans et demi. Propos recueillis par Matthieu Schubnel

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