Technique Agricole 12/2020

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Décembre 2020

ROBOTIQUE Les ouvriers agricoles de demain Qui profite des machines autonomes ? Rencontres « dangereuses » avec des animaux Faire inscrire le système de télégonflage


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Décembre 2020 | Éditorial • Sommaire

Actualité 4

Éditorial

En bref

Marché 8 12 14 15 16 20 22 24 26 30

Société Rauch : « La fertilisation de précision est très demandée » EuroTier : médaille d’or pour des toilettes à vaches JCB vise le zéro émission Mise des mélangeuses au courant chez Kurmann

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Thème principal : robotique Juste une question de temps Qui profite des machines agricoles autonomes ? Et si Dolly avait un traceur… Gerhard Aebi : « Le mouvement est en marche » Les ouvriers agricoles de demain Moissonneuse-batteuse autonome des Pays-Bas

Management 33 34

Service hivernal : tarifs en légère baisse Une procédure pénale étrange

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Impression 36 38 40 42 44

Essai du robot agricole « Agbot » Un grand Manitou nouveau-né En savoir plus Temps morts et temps d’attente des robots agricoles Circuits électroniques sortis de l’imprimante « Jumeaux digitaux » : pour un échange étendu de données

Plate-forme 48 50 52

Entretien des surfaces vertes le long des autoroutes Wälchli AG : « Plusieurs milliers de brasseurs produits » Des rizières progressent sur le Plateau suisse

Sécurité 55

Faire inscrire les installations de télégonflage dans le permis de circulation

55

Passion 56

Des tracteurs Deutz depuis des générations

ASETA 58 59 62 63

Informations du comité et du secrétariat Communications des sections Silvia et Fabian Pfyl : sur l’Urwängi Les cours et l’impressum

Page de couverture Le développement des robots agricoles est très rapide, à coups d’investissements colossaux. Mais l’interaction de l’homme demeure indispensable.

www.youtube.com/­ agrartechnikCH

www.facebook.com/­ CHLandtechnik

Roman Engeler

On prête un grand avenir aux robots ou aux machines à fonctions autonomes dans l’agriculture – et peut-être même surtout là. D’ores et déjà, des robots sèment, sarclent, pulvérisent, récoltent, quoiqu’ils ne soient pas encore mûrs pour être construits en série, ni qu’on puisse en attendre une marche vraiment autonome et efficace au quotidien. La photo de couverture de ce numéro l’illustre bien : les robots de terrain existent et ils sont appelés à se multiplier. Pour l’heure cependant, ils ne sauraient se passer de la coopération, du potentiel de réflexion et d’un copilotage de l’agriculteur. Maints facteurs concourent au développement de la robotique : manque de main d’œuvre, tendance à augmenter les opérations mécaniques (à l’exemple du sarclage) dans les cultures, recours à des machines plus légères, nécessité d’une disponibilité opérationnelle 24/24-7/7. Mais tous ces appareils et dispositifs ont un coût, et la valeur ajoutée qu’ils génèrent reste aléatoire, sans parler de leur fiabilité encore à la peine. En outre, une foule d’aspects relatifs aux questions de responsabilité n’ont pas encore été clarifiés. Toutefois, l’avancée de la numérisation et celle des capteurs de reconnaissance des plantes, associées au traitement en temps réel des données par ordinateur, accéléreront cette évolution. Elles contribueront, au bout du compte, à rendre ces systèmes plus abordables. Vous tenez en main le dernier Technique Agricole de cet an 2020. L’équipe de la revue et les collaboratrices et collaborateurs de l’Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture vous souhaitent de bonnes fêtes et, espèrent-ils pour vous, un peu de repos et de détente avant d’entamer la nouvelle année. L’édition no 1 paraîtra le 14 janvier 2021.

Photo : Ruedi Hunger

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Actualité

En bref Il y a 25 ans, Claas présentait pour la première fois le concept de battage alors inédit « APS Hybrid ». Il y a 70 ans, Daimler-Benz faisait l’acquisition de l’« Unimog ». La maison a conduit ce véhicule vers un avenir prospère. Il a été vendu à plus de 380 000 exemplaires. Pour la troisième fois consécutive, Fendt occupe la troisième place dans l’indice de satisfaction des concessionnaires européens de machines agricoles. Chez Kubota, Shingo Hanada, manager expérimenté, prend la présidence de Kubota Holding Europe et du groupe Kverneland. Il remplace Kazunari Shimokova, qui retourne au siège du groupe au Japon. L’Américain Scott W. Wine sera le nouveau directeur de CNH Industrial. Il est le quatrième à ce poste en très peu de temps. John Deere a réalisé un bénéfice net de 2,8 milliards de dollars US (–15 %), pour des ventes de 35,5 milliards de dollars US (–9 % par rapport à 2019) au cours de l’exercice 2020, clos le 1er novembre. Fribourg devient canton pilote en « Agriculture 4.0 ». Avec l’Office fédéral de l’agriculture, il introduit un échange numérique de données administratives entre les agri­culteurs et les autorités. La 44e édition de l’Eima à Bologne (I) se tiendra du 19 au 23 octobre 2021. Pöttinger a reçu le prix « Agrarfuchs 2020 » du salon Agraria pour son andaineur avec système « Flowtast ». Thierry Krier, PDG de Kuhn, est le nouveau président des fabricants européens de machines agricoles (Cema). Il succède à Anthony van der Ley, de chez Lemken. New Holland a construit sa 30 000e presse à grandes balles parallélépipédiques dans son usine belge de Zedelgem. En reconnaissance de ses services pour le développement technique des véhicules de manutention, l’Université de Turin (I) a élevé Amilcaro Merlo au titre de docteur honoris causa. Joskin a mis en service une nouvelle ligne de galvanisation à chaud dans son usine polonaise. Changement à la tête de Wacker Neuson : le PDG Martin Lehner et le directeur financier Wilfried Trepels se retirent ; ils sont remplacés ad interim par Kurt Helletzgruber, membre du conseil de surveillance.

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Autochargeuse à essieu extensible Cela fait plus de 60 ans que Lüönd, à Unteriberg (SZ), est présent sur le marché de la machine agricole ; ce constructeur est connu pour ses réalisations de haute qualité, notamment pour l’agriculture de montagne. Ses autochargeuses portées pour transporters sont réputées. Lüönd présente pour la première fois une autochargeuse sur remorque. Cette « Swiss Master » intègre aussi un nouveau développement encore inexistant jusqu’ici sur le marché : un essieu extensible breveté « Expander  ». Cet essieu reste en position étroite pour les trajets sur route. Une fois sur la prairie, la largeur de voie peut alors être augmentée hydrauliquement jusqu’à 3350 mm et le centre de gravité s’abaisse ainsi de 180 mm. Cette double manœuvre vise à garantir une stabilité maximale de la remorque.

en largeurs de 1900 ou 2120 mm. Le système tandem à quatre rouleaux est repris des autochargeuses à ramassage par l’arrière. Sur le « Swiss Master », ces composants sont associés à un timon articulé automatique, conçu pour assurer une collecte propre du fourrage. L’alimentation sans entretien à quatre bras oscillants est un standard Lüönd ; une alimentation par rotor est disponible sur demande. L’autochargeuse a une capa­ cité de 31 ou 35 m3. Elle se vide facilement grâce à ses parois droites, à son tapis et à sa trappe avec bâche.

Le pick-up sans cames est équipé de cinq rangées de dents. Il est disponible

Sarcleuse à étrille La sarcleuse Kverneland « Turbo » existe désormais en version « Bio Turbo » de 3 mètres, comportant 15 socs répartis en quatre rangées. Avec l’étrille arrière, cet instrument demande une capacité de relevage de 2,4 tonnes. Même lorsque l’effort de traction est élevé, les socs doivent effectuer un rabotage de profondeur régulière. Avec des socs standard, on peut atteindre une profondeur d’intervention de 20 cm. Avec les socs à ailettes, le chevauchement atteint 126 %, si bien que la surface intégrale du terrain est travaillée,

y compris dans les courbes. La profondeur d’intervention est ajustable au moyen de deux roues. Deux roues de jauge supplémentaires peuvent être montées à l’arrière pour optimiser le suivi du terrain. Une étrille à trois rangées de dents de 16 mm de diamètre contribue à déterrer et faire remonter les morceaux de racines et les adventices en surface. La hauteur de l’étrille se règle hydrauliquement, son angle d’attaque s’ajuste par un dispositif mécanique.


Actualité

Universelle et légère

Économie et efficacité Claas a fait tester un tracteur « Axion 870 » doté du système d’assistance « Cemos » et d’une transmission à variation conti­ nue au centre d’essais de la Société allemande d’agriculture (DLG). Dix conducteurs expérimentés de quatre pays ont conduit ce tracteur avec et sans « Cemos » sur le terrain et avec deux cultivateurs. On été mesurées la consommation de car­ burant et le rendement surfacique. Résultat : « Cemos » réduit la conso de 16,8 % et améliore de 16,3 % le rendement. C’est un système inter­ actif et «  auto­ didacte » d’assis­ tance à la conduite et d’optimisation des machines que Claas propose en option sur certains tracteurs « Arion » et « Axion ».

Premier semoir mécanique Horsch a « phosphoré » sur le mécanisme de dosage à entraînement électrique de son nouveau semoir mécanique « Versa » de 3 mètres. Chaque unité de dosage est reliée individuellement à l’arbre par des roues dentées. La distribution s’appuie sur un système à cannelures volumétrique, in­ sensible aux vibrations. Cela signifie qu’en désactivant les doseurs (sans outils), le ja­ lonnage peut être modifié individuelle­ ment et que différents écartements de rangs tels que 15, 30 ou 45 cm sont pos­ sibles. En fonction de la semence, le nou­ veau Horsch « Versa » permet d’ajuster la dose semée par le biais de la trappe guil­ lotine. La machine est montée sur la herse rotative « Kredo » déjà utilisée avec le se­ moir pneumatique « Express ». Le nou­ veau semoir mécanique est doté d’une trémie en acier de 900 l, qui peut être agrandie avec une extension optionnelle.

Avec son modèle compact « UniSpread », Vogelsang présente une puissante rampe pour épandre le lisier près du sol et avec de faibles émissions. De faible poids, elle se monte en post­ équipement, avec des largeurs d’épandage de 6 à 9 mètres, tout en offrant une précision et une force de frappe iden­ tiques aux systèmes montés de série. Elle peut être équipée de pendillards ou de sabots traînés.

Des affichages encore jamais vus Toutes les fonctions pertinentes sont déjà intégrées dans les écrans de ca­ bine Topcon séries « XD » et « XD+ » et peuvent être activées selon les besoins. Plus nécessaire d’utiliser des consoles séparées pour des fonctions indivi­ duelles. Les utilisateurs des nouveaux écrans bénéficient ainsi de l’interface utilisateur « Horizon 5 » améliorée et de l’intégration dans la plateforme Topcon Agriculture. Les coûts ne sont facturés que pour les fonctions effecti­ vement utilisées. Ces affichages offrent une vue d’ensemble et dégagent de l’espace dans la cabine des machines.

Les agriculteurs bénéficient directe­ ment des commandes simples et des fonctions standard étendues. Les nou­ velles consoles sont adaptées à toutes les applications, de la préparation du sol à la récolte, en passant par les se­ mis, les façons culturales, la pesée ou encore le traitement de données.

Feuilles de signature Ce numéro de Technique Agricole est ac­ compagné d’une feuille de signature du comité référendaire contre la loi sur le CO2. Lors de sa dernière séance, le comité de l’ASETA a donné son feu vert à cette collecte, mais sans encore s’exprimer sur cette loi. Le comité tient plutôt à ce que la population puisse voter sur ce texte. Le secteur agricole pourrait être particulière­ ment affecté, notamment en ce qui concerne l’augmentation du prix du die­ sel car on ne sait pas actuellement com­ ment va évoluer le remboursement des

taxes qui a déjà été remis en questions maintes fois par certains milieux.

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Actualité

Semoir sans outils de préparation à l’avant Les semoirs traînés « Terrasem » s’enrichissent d’une version « Classic » qui est dépourvue d’outils de préparation du sol, ce qui la rend nettement moins gourmande en force de traction. Ces machines « Classic » sont proposées en largeurs de travail de 4 à 9 mètres. La faible puissance de traction requise permet de réduire considérablement le coût du travail à l’hectare. Les trémies de série offrent un volume de 3000 litres pour les « Terrasem Classic » jusqu’à 6 mètres (rehausses en option pour atteindre 3950 litres). Pour les modèles de 8 et 9 mètres et pour les « Terrasem Fertilizer Classic » (de 4 à 9 mètres, avec disques à engrais), le volume de la trémie est de 4000 litres, voire 5100 litres avec rehausses.

Pesée intelligente même en pente Pour un réglage sans palier, qui inclut donc aussi les intervalles de contrôle de 25 kilos du système de pesée, les épandeurs portés Amazone « ZA-TS » et traînés « ZG-TS 01 » sont désormais proposés avec le nouveau système de pesée intelligent « ProfisPro ». « ProfisPro » intègre l’interaction de la technologie de pesage « Profis » avec le nouveau système de mesure du couple « FlowControl ». Ici, ce « FlowControl » dispose d’un capteur par disque d’épandage, qui détermine les couples de chaque disque. En outre, Amazone peut équiper en option tous les pesons de capteurs d’inclinaison qui peuvent contribuer à corriger l’influence de la pente sur la mesure du poids.

Joint-venture numérique Bosch et BASF créent une entreprise commune, une joint-­ venture, consacrée aux technologies numériques. Une première solution de « pulvérisation intelligente » doit être testée en 2021. Bosch apporte son expertise en matière de matériel, de logiciels et de numérique, tandis que BASF propose son « Xarvio Digital

Farming Solutions », un système d’aide à la décision en temps réel, automatisé et spécifique à la zone de culture, pour la gestion des mauvaises herbes. Les premiers produits issus de cette coopération seront des solutions pour le semis et la fertilisation et pour les traitements phytosanitaires.


Actualité

Un film venu du recyclage Trioplast commercialise un film pour balles d’ensilage fabriqué avec plus de 30 % de plastique recyclé. Le produit, appelé « Triowrap loop », a été testé sur le terrain pendant la saison 2020. Il a pu faire ses preuves de manière convaincante dans toutes sortes de conditions et sur une variété de machines très diverses. En Suisse, ce film est distribué par Aemisegger Agro-Bedarf à Lutzenberg (AR). L’automne dernier, les premières balles ont également été emballées en Suisse par les entrepreneurs Haffa et Aemisegger eux-mêmes.

Concours SMS En partenariat avec un commerçant en machines agricoles, Technique Agricole vous propose de gagner chaque mois un superbe modèle de tracteur.

Plus de trémie pour plus d’autonomie Pour lui offrir plus d’autonomie, Ropa équipera sa « Keiler II Classic » d’une trémie « XL » dès la saison à venir. Ce compartiment porte à plus de 8 tonnes la capacité de stockage de l’arracheuse. De nouvelles fonctions viennent en outre étoffer la liste d’équipements standard ou en option, comme un contrôleur d’effort du premier tapis à tétines. Cette fonction optionnelle modifiera instantanément le régime du séparateur en cas de surcharge et évitera ainsi tout risque de blocage ou de bourrage. Un dispositif de pesée sera aussi proposé en option dès cette année sur la plupart des machines.

Dans cette édition, vous pouvez gagner un New Holland « T7.315 » avec frontal à l’échelle 1 :16.

Un SMS et gagnez avec : Gloor Landtechnik AG Hauptstrasse 8 5053 Staffelbach (AG)

Tirer pour bien étriller Düvelsdorf a élargi sa gamme de herses à prairie. Le constructeur propose désormais un élément étrilleur pour sa herse à prairie de 6 mètres. Il peut être installé en tout temps et rapidement, élargissant le champ d’utilisation de la herse de prairie. En un seul passage, elle nivelle les taupinières, aplatit les irrégularités, tandis que l’élément étrilleur enlève la mousse et les mauvaises herbes et aère les sols croûtés.

Envoyez un SMS ( coût 1 fr. ) avec la mention SVLT, votre nom et votre adresse au numéro 880, et avec un peu de chance, vous remporterez ce modèle New Holland « T7.315 » avec frontal. Ueli Thierstein, de Zollikofen (BE), est l’heureux gagnant du modèle de Fendt « 1050 Vario » avec son mécanicien, mis en jeu dans l’édition de novembre de Technique Agricole.

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Marché | Interview

Selon Hermann Rauch (à d.) et Wilfried Müller, l’électronique et la numérisation permettent de plus en plus de connecter entre eux des appareils provenant de différents fabricants, ce qui remet en question la popularité des « fournisseurs complets ». Photos : Roman Engeler

« Nous opérons constamment des améliorations » La société Rauch existe depuis 99 ans et fait partie des leaders du marché en matière d’équipements de fertilisation et de semoirs. Technique Agricole s’est entretenue avec ses directeurs Hermann Rauch et Wilfried Müller, au sujet des défis actuels et à venir. Roman Engeler

Technique Agricole : Il y a 3 ans, la société Rauch a rajeuni et agrandi sa direc­tion. On retrouve aujourd’hui la quatrième et la cinquième génération à la tête de l’entreprise, avec des membres de la famille et des responsables extérieurs. Comment se passe la collaboration ? Hermann Rauch : La collaboration se passe très bien pour ma part. Beaucoup de choses ont changé depuis la fondation de la société voici presque 100 ans, mais nos 8

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valeurs sont restées les mêmes. Dans ma famille, nous accordons une grande importance à travailler avec des personnes qui partagent nos valeurs et qui s’identifient à notre culture d’entreprise. Trois ans après la réorganisation de la direction, je peux dire aujourd’hui que toutes les pièces s’emboîtent parfaitement. Wilfried Müller et Volker Stöcklin sont deux dirigeants extérieurs à la famille qui incarnent parfaitement notre philosophie. Je le pense, ainsi que mes cousins Norbert et Joachim Rauch.

Wilfried Müller : J’ai eu une bonne impression dès le début de nos échanges, justement à propos de la mentalité d’entreprise dépeinte par la famille Rauch. L’association de l’expérience familiale et du vent nouveau que nous pouvons insuffler en tant qu’« externes » est très positive. La direction se réunit une fois par mois pour discuter de différents sujets. Nous bénéficions d’une grande liberté de mouvement, mais bien sûr, le dialogue et la concertation sont indispensables pour accomplir un travail de qualité.


Interview | Marché

Existe-t-il des statistiques actuelles avec le chiffre d’affaires, le taux de production et le taux d’exportation ? Wilfried Müller : Notre année fiscale, qui court du 1er août ou 31 juillet, s’est terminée en pleine première vague de la pandémie de coronavirus. Avec 75 millions d’euros, nous avons enregistré un chiffre d’affaires en légère baisse par rapport aux 80 millions d’euros de l’année précédente. Dans l’ensemble, les chiffres de l’année sont toutefois très satisfaisants. Nous enregistrons un taux d’exportation de 73 % et fournissons 43 marchés à travers le monde, dont une partie de façon indirecte par l’intermédiaire de notre partenaire Kuhn. Notre capacité de fabrication annuelle est de 16 000 machines, mais nous n’atteignons pas complètement ce chiffre actuel­lement. Comment est réparti ce chiffre d’affaires ? Wilfried Müller : Le segment des distributeurs d’engrais, de la fertilisation donc, représente 60 %, l’entretien hivernal dans les communes à peine 10 % et les semoirs 15 %. Le reste provient du marché des pièces de rechange. Qu’en est-il des délais de livraison ? Wilfried Müller : Cela dépend de la saison. Dans le secteur des distributeurs d’engrais, une commande enregistrée en janvier peut n’être livrée qu’à la fin mars. Nous mettons tout en œuvre pour respecter au mieux les délais souhaités par les clients. Nous nous efforçons continuellement d’optimiser notre production. Nous fabriquons souvent des produits semi-­finis que nous terminons ensuite rapidement selon les besoins du client. Hermann Rauch : Au fil du temps, nous avons développé un système de production judicieux qui prévoit d’aborder la saison avec un taux de préproduction élevé pour une finition ultérieure. Nous pouvons ainsi profiter au maximum de la flexibilité d’une entreprise moyenne. Comment la société Rauch a-t-elle fait face à la pandémie que nous connaissons actuellement ? Wilfried Müller  : Ça a été la totale  ! D’abord, l’Alsace a été considérée comme une région à risque, or nous employons près de 90 Alsaciens, ensuite il y a eu les mesures de protection, et enfin les ratés dans l’approvisionnement. Hermann Rauch : Nous n’avons déploré aucun cas de coronavirus au printemps,

Hermann Rauch est le directeur responsable des finances, du personnel et de la production.

mais nous avons été contraints de mettre la production à l’arrêt pendant quatre semaines car beaucoup de collaborateurs ne pouvaient plus travailler et il y avait une pénurie de matériel provenant de nos fournisseurs. À la suite de ces dysfonctionnements, prévoyez-vous des changements de fournisseurs ? Hermann Rauch  : Pas vraiment. Nous sommes fortement axés sur l’Allemagne et voulons nous approvisionner au maximum à proximité immédiate. Nous en­ tretenons souvent des rapports privilégiés avec ces partenaires. Bon nombre d’entre eux ont dû recourir au chômage partiel, ce qui a engendré des retards. Nous avons sollicité d’autres prestataires, mais ils étaient dans la même situation. Quels sont les produits les plus et les moins demandés pour le moment ? Wilfried Müller : Les équipements de fertilisation se vendent très bien en ce moment. Nous avons beaucoup investi dans la numérisation, la mise en réseau et l’amélioration de nos produits dans ce domaine. Les semoirs se portent bien aussi. Nous avons mis l’accent sur la mise en place précise des semences. Étant donné que l’hiver a été doux, le secteur des saleuses stagne. Quels sont les marchés les plus et les moins demandeurs ? Wilfried Müller : Ça change chaque année. Nos principaux marchés sont l’Allemagne et la France. Ce dernier se porte très bien pour l’instant, tandis que le marché allemand un peu moins. La Scan-

dinavie, l’Espagne, la Pologne et la Russie sont prospères aussi. On sent une légère incertitude sur le marché anglais. Nous ne savons pas encore exactement quels seront les impacts du Brexit. Hermann Rauch : Le marché est très volatil, mais grâce à notre large représentation dans 43 pays, l’équilibre se maintient. Qu’en est-il du marché suisse ? Wilfried Müller : La Suisse s’est bien développée ces dernières années et dé­ cennies. Cependant, il y a toujours l’une ou l’autre année où les chiffres sont moins bons, comme l’année dernière, par exemple. Mais dans l’ensemble, nous sommes très satisfaits de nos performances sur le marché helvétique. Il est bien connu que votre partenaire de distribution suisse propose également des machines de concurrents. Cela vous pose-t-il problème ? Wilfried Müller : Le client et la façon dont notre partenaire de distribution peut l’aider sont au centre de nos préoccupations. Dans ce contexte, avec son centre Rauch, la société Ott Landmaschinen représente un bon partenaire local. Si un distributeur peut profiter de synergies en interne avec des produits de nos concurrents, nous ne nous y opposons pas tant que les performances de vente de nos machines suivent. Bucher possède une part de votre société. Comment cela s’est-il réalisé ? Hermann Rauch : La collaboration avec Kuhn, une filiale entièrement détenue par Bucher, remonte à 1967. Durant les 53 années de ce partenariat, nous avons pu 12

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Marché | Interview

Wilfried Müller est le directeur responsable de la vente, du marketing et du service client.

faire passer notre chiffre d’affaires de 4 millions à plus de 75 millions d’euros. Je dirais que nous avons eu la chance de trouver un excellent partenaire avec Kuhn, et Kuhn a eu la chance de trouver un four­ nisseur innovant et de qualité avec Rauch. Une participation de 24,24 % a été concé­ dée à Kuhn par Rauch il y a dix ans. Cela s’explique principalement par le fait que nous voulions garantir ce partenariat es­ sentiel indépendamment de toutes les modifications de personnel que pour­ raient connaître les deux sociétés. Comment se passe votre collaboration avec Kuhn ? Wilfried Müller : Rauch est un partenaire de développement de Kuhn. Kuhn est aussi impliqué dans nos nouveaux déve­ loppements, vu qu’il représente certains marchés en notre nom. Nous développons princi­ palement pour Kuhn les semoirs pneu­ matiques, car nous disposons d’un vaste savoir-faire dans ce domaine grâce à nos distri­ buteurs d’engrais pneuma­ tiques. Nous sommes satisfaits de l’apport de Kuhn pour les équipements de fertili­ sation sur les marchés où il nous repré­ sente. Ce partenariat crée également des synergies dans les achats : nous avons les mêmes fournisseurs et pouvons ainsi com­ mander de plus grandes quantités. Et comme déjà évoqué, Kuhn se charge de la vente sur plusieurs marchés pour nous. Les entreprises familiales aiment généralement être indépendantes, c’est d’ailleurs ce qui fait leur force. Comment cela se passe-t-il à ce sujet avec l’engagement de Kuhn ? 10

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Hermann Rauch : Cet engagement ne nous freine aucunement dans notre dé­ veloppement si tel était le sens de votre question. Nous nous sommes bien évi­ demment fait cette réflexion parce que la participation concédée n’est pas né­ gligeable pour Rauch. Nous sommes toute­fois arrivés à la conclusion que les avantages l’emportaient largement sur les inconvénients. Les avantages com­ prennent le développement de Rauch et l’établissement de nos produits sur des marchés auxquels nous n’avions aucun accès précédemment, comme l’Australie. En tant que « single liner », vous avez certainement été approchés par de grands constructeurs de matériels agricoles désireux de s’établir comme fournisseur de gamme longue. Comment vous positionnez-vous face à eux ? Hermann Rauch : Nous avons certes eu quelques discussions en ce sens ces derniè­res années. Mais nous ne sommes pas intéressés. Nous profitons des nom­ breux avantages de notre partenariat avec Kuhn, et nous ne voyons pas l’inté­ rêt de nous rattacher à un fournisseur de gamme complète. En clair : nous avons déjà été approchés en ce sens, mais ça n’a jamais été plus loin. Comment envisagez-vous vos perspectives d’avenir en tant que « single liner  » face aux fournisseurs de gammes complètes qui sont très exclu­ sifs avec leurs partenaires de distribution ? Hermann Rauch : Nous réexaminons ré­ gulièrement cette question. Les clients

apprécient certes de pouvoir s’approvi­ sionner auprès d’un seul et même four­ nisseur, mais cela comporte aussi des in­ convénients. En tant que « single liner » ou spécialiste, nous n’avons pas d’autre choix que de faire partie des meilleurs sur le marché. Si ce n’est pas le cas, les « full liner » ne s’intéresseront pas non plus à nous. Nous travaillons du matin au soir sur la fertilisation des plantes et sur nos distributeurs d’engrais de sorte que nos machines offrent toujours une plus-value à nos clients. Wilfried Müller  : La numérisation et la technologie Isobus avec ses nombreuses commandes permettant de connecter des appareils de différents fabricants montrent que les « fournisseurs complets » n’ont plus vraiment de raison d’être et que l’ac­ cent est à présent mis sur la qualité et la facilité d’utilisation. Rauch est considéré comme un constructeur innovant. Plusieurs récompenses internationales témoignent de cette force d’innovation. Quel est votre secret ? Wilfried Müller : Nous avons de bonnes idées, nous suivons l’évolution du sec­ teur, nous faisons preuve d’innovation dans la construction de nos machines, nous disposons de bons électroniciens et comptons en outre des agriculteurs dans nos rangs qui comprennent le domaine et les besoins des clients. Rauch investit 7 à 8 % de son chiffre d’affaires dans le développement. Hermann Rauch : Permettez-moi d’ajou­ ter que mon cousin Norbert, et avant lui mon oncle Gerhard, sont des vision­ naires. Ils ont choisi d’adopter une ap­ proche écologique et ont toujours travail­ lé sur des développements innovants dans le domaine des distributeurs d’en­ grais. Volker Stöcklin, notre responsable actuel du développement, continuera en ce sens. Est-il encore possible d’améliorer le distributeur centrifuge ? Si oui, comment ? Quels autres développements sont encore en cours ? Wilfried Müller : La réponse est oui. Nous améliorons constamment nos produits. Nos machines peuvent maintenant épandre à gauche et à droite de façon indépendante ou à une distance de 1 mètre. Elles peuvent gérer les tournières de manière à éviter les chevauchements et le maniement a été simplifié. Nous voulons développer encore l’épandage de matières organiques. La


Interview | Marché

compensation de dévers a été ajoutée à nos distributeurs d’engrais. Nous développons actuellement la gestion automatique des tronçons de notre distributeur pneumatique qui sortira au printemps. Hermann Rauch : Nous prévoyons de proposer des machines qui insèrent l’engrais dans le sol sous forme de dépôt. Nous étudions également des moyens d’augmenter l’efficacité des fertilisants. En résumé : notre gamme de produits existante sera améliorée et nous proposerons de nouveaux types de machines. Wilfried Müller : Le but est de réinjecter dans le sol ce que les plantes ont absorbé, ni plus ni moins. Ces dernières années, nous avons réalisé plusieurs tests qui laissent entrevoir qu’avec des équipements adéquats, il serait possible d’augmenter le rendement de 20 % tout en réduisant de 20 % l’utilisation d’engrais. Il existe aussi l’option de la fertilisation par voie aérienne. Qu’en est-il des drones « Agronator » ? Hermann Rauch : Nous continuons leur développement, en particulier la capacité de charge et les possibilités d’épandage. Wilfried Müller : Outre les défis agronomiques, nous devons faire face aux dispositions léga­ les. Notamment l’ordonnance sur le trafic aérien. Il faudra plus de temps que prévu avant que la fertilisation par drones soit mise en pratique. L’année prochaine, Rauch fêtera son 100 e anniversaire. Qu’avez-vous prévu pour l’occasion ? Hermann Rauch : Nous espérons évidemment pouvoir fêter ce double jubilé avec nos collaborateurs, partenaires et d’autres parties impliquées. Hélas, cela semble plutôt compromis pour l’instant.

Technique de traitement du lisier

« Pour Rauch, la collaboration avec Kuhn est une situation gagnant-gagnant », expliquent Hermann Rauch (à d.) et Wilfried Müller lors de l’interview avec Technique Agricole.

Wilfried Müller  : Nous prévoyons certaines actions en milieu d’année. Ensuite, le salon Agritechnica se tiendra au mois de novembre 2021 et nous aimerions y présenter un véritable feu d’artifice de produits. Outre la protection des plantes, la fertilisation minérale fait de plus en plus débat dans l’opinion publique. Est-ce que vous le ressentez ? Comment vous positionnez-vous vis-àvis de cela ? Vous mêlez-vous à ce débat ? Hermann Rauch : C’est un sujet qui nous concerne largement. Nous avons toujours accordé une grande importance à proposer des produits modernes le moins polluants possible pour le sol et l’eau. Nous cherchons sans cesse le bon équilibre entre maximisation du rendement et pro-

tection de l’environnement. Nous sommes sur la bonne voie avec les nouveaux produits précédemment évoqués. Nous serons certainement amenés à investir davantage dans la sensibilisation. J’aimerais que notre secteur fasse sa part du travail dans ce domaine et intensifie la collaboration avec les associations d’agriculteurs. La critique est principalement due à un manque de connaissance. Wilfried Müller : Je pense aussi que le travail d’information et de sensibilisation doit être amélioré. Nous devons montrer ce que nos machines sont capables de faire et la manière dont elles le font. Une étude danoise de 2008 a montré que sans engrais minéraux, 48 % de la population mondiale n’aurait pas de quoi se nourrir. Cela fait partie des faits qui doivent mieux être portés aux oreilles des consommateurs.

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Marché | Nouveautés

L’EuroTier décerne une médaille d’or et sept d’argent Une commission d’experts neutre, nommée par la DLG (Deutsche LandwirtschaftsGesellschaft ou Société allemande d’agriculture en français), a sélectionné les gagnants du concours d’innovation de l’EuroTier 2021 (Innovation Awards Eurotier) parmi un total de 81 inscriptions validées. Le jury a décerné une médaille d’or et sept médailles d’argent. Heinz Röthlisberger

Médaille d’or pour des toilettes à vaches La seule médaille d’or EuroTier va à l’entreprise néerlandaise Hanskamp pour ses toilettes à vaches « CowToilet ». Selon le jury, c’est un produit innovant parce qu’il réduit les émissions de l’élevage bovin en collectant l’urine des vaches. Dans de nombreux pays, la production laitière est tenue de chercher des solutions concrètes pour réduire les émissions, d’ammoniac par exemple. De l’ammoniac se dégage en grandes quantités des 15 à 20 litres quotidiens d’urine d’une vache. C’est alors qu’intervient la « CowToilet ». Ce dispositif comporte une station d’affouragement et un système de collecte des

urines. Après l’ingestion de la ration, un stimulus externe déclenche le réflexe d’excrétion. La « CowToilet » de Hanskamp peut alors collecter directement cette urine, sans contrainte sur l’animal, de manière innovante, intelligente et inédite. La séparation précoce des excréments et de l’urine réduit la formation d’ammoniac dans les aires de promenade des stabulations libres. Cette amélioration de la propreté exerce un effet positif sur la santé des onglons et la qualité de l’air de l’étable. En outre, les déjections solides et liquides collectées et stockées séparément peuvent s’utiliser de manière plus ciblée.

Modèle d’étable avec séparation rapide et efficace des déjections solides et liquides Une séparation précoce des excréments et de l’urine permet de réduire la formation d’ammoniac des aires de promenade des stabulations libres. La société française Bioret a amélioré notablement son « Delta X Pack », un produit qui permet une collecte automatique, rapide et facile des excréments et de l’urine. Celle-ci se réalise séparément sur les aires de promenade des étables à vaches laitières, les excréments étant envoyés dans des installations de stockage séparées. Pour ce faire, un système de convoyeur à contre-rotation a été intégré au sein des tapis en caoutchouc présentant une pente de 3 %. Cela permet de conduire l’urine recueillie dans la rigole centrale vers le stockage liquide, et les excréments vers le stockage solide. La séparation rapide et efficace des excréments et de l’urine s’avère d’une grande importance pour garder les aires de promenade propres, promouvoir la santé animale et améliorer le climat à l’intérieur de l’étable tout en minimisant les effets des installations d’élevage sur l’environnement.

Rampe d’épandage légère avec un tuyau plastique porteur L’une des sept médailles d’argent a été décernée à l’entreprise allemande Möscha, d’Oberroth, pour sa rampe d’épandage munie d’un tuyau en plastique qui sert de support au pendillard. Selon le jury, cette rampe d’épandage se distingue par sa conception simple et extrêmement

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légère. Möscha parvient à réduire le poids de la rampe en utilisant des tuyaux en plastique renforcés plutôt qu’une construction entièrement métallique. La rampe repliable et relevable pèse bien moins lourd grâce au recours à des matériaux plus légers. Elle peut ainsi être montée sur une citerne moins pesante, avec des exigences de puissance de traction inférieures, et être utilisée dans de plus fortes pentes.


Nouveautés | Marché Réduction des germes dans l’aire d’affouragement des veaux

Système de détection précoce des maladies des veaux

Capteur de réglage automatique des abreuvoirs pour veaux

Selon le jury d’EuroTier, l’« Alma Pro Hygiene Set » de la société Urban GmbH, de Wüsting (D), constitue une utilisation innovante du traitement aux rayons ultraviolets C (UV-C) pour la réduction des germes dans l’alimentation des veaux. Grâce à une irradiation UV-C ciblée de l’automate d’affouragement, des améliorations significatives sont obtenues par rapport aux systèmes précédents de réduction des germes. Outre la désinfection aux rayons UV-C de l’eau de la chaudière, garantissant une hygiène parfaite pour le mélange des aliments, l’irradiation complémentaire et contrôlée de la tétine constitue une nette amélioration. Pendant les courts intervalles entre l’affouragement des veaux, la tétine et les surfaces de contact voisines sont irradiées, ce qui permet d’éliminer un grand nombre de germes.

Le « Calf Monitoring System » de la société Futuro Farming GmbH de Regensburg (D) est un système de capteurs précis, économe en énergie et non invasif servant à la détection précoce des affections chez les veaux. Grâce à un capteur infrarouge passif, le comportement des veaux est évalué en temps réel par l’intelligence artificielle. Les informations sont mises directement à la disposition de l’éleveur via une application et une plateforme en ligne, ce qui permet un suivi sanitaire permanent des animaux. Cela ne remplace pas la vérification quotidienne effectuée par l’éleveur, mais apporte un soutien précieux grâce à une surveillance continue et à un retour d’information très rapide. Cette surveillance améliorée du troupeau permet de détecter les maladies dès leur apparition et de les traiter immédiatement.

Le contrôle et l’adaptation permanente du réglage de base des distributeurs automatiques sont souvent cruciaux dans l’élevage des veaux. Faute de temps, cette activité importante se voit parfois négligée. Le « Brix-TS Sensor » de Holm & Laue GmbH, de Westerrönfeld (D), couronné d’une médaille d’argent, offre ici une aide bienvenue. Il s’agit d’un capteur réfractomètre électronique intégré au bol mélangeur du distributeur automatique « Calf Expert ». Il mesure et contrôle en continu la teneur en matière sèche du lait fraîchement mélangé. Lorsque des écarts sont constatés, le distributeur adapte la concentration du lait d’affouragement. La concentration en matière sèche du lait affouragé, dans le cas de lait entier, peut également être stabilisée en ajoutant de la poudre de lait au besoin.

Le tri des œufs minimise les dégâts aux coquilles

aucun espace vide. Selon le jury, ce dispositif réduit considérablement la probabilité de dégâts aux coquilles des œufs et automatise le processus de remplissage des couvoirs.

L’EuroTier sera numérique Compte tenu de la situation internationale toujours incertaine liée à la pandémie de coronavirus, l’EuroTier aura lieu en version numérique du 9 au 12 février 2021. Il n’y aura donc pas d’exposition à Hanovre (D).

Sexage in ovo rapide et entièrement automatique des œufs à couver La mise à mort des poussins mâles d’un jour doit être interdite dès que possible, telle est la volonté sociétale et politique. La détermination in ovo du sexe est considérée comme une solution à ce problème. Le système « Seleggt Circulus » de la société Respeggt GmbH, de Cologne (D), distingué d’une médaille d’argent, représente une évolution significative du système précédent « Seleggt Acus ». Il fonctionne de manière entière-

L’« On Tray Orderly Egg System », présenté par la société Nectra SAS, de Plouvorn (F), permet le transfert des œufs des bandes de transport sur les unités de stockage individuelles (nommées « eggs moving cups ») qui se déplacent librement sur un convoyeur. Les œufs sont ainsi triés automatiquement et individuellement en fonction de leur qualité et de leur poids. Ils peuvent aussi être retournés s’ils sont mal positionnés. Les porte-œufs individuels occupés sont bloqués pour être transférés sur les plateaux d’éclosion, tandis que les porte-œufs libres sont automatiquement retirés. Le système assure ainsi que les plateaux d’éclosion n’ont

ment automatique et le prélèvement du liquide allantoïdien se fait désormais sans contact. Il n’est donc pas nécessaire de nettoyer l’aiguille de prélèvement et le temps nécessaire pour l’opération se limite à une seconde par œuf. Moyennant un fonctionnement en trois équipes durant 20 heures par jour, une unité de collecte des œufs « Seleggt Circulus » permet de sélectionner plus de 360 000 œufs par semaine, ce qui correspond à une production de 150 000 à 180 000 poussines. L’augmentation de la production par rapport au système précédent s’avère conséquente.

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Marché | Nouveautés

Avec son « 525-60E Loadall », JCB étend son offre de produits électriques aux chargeurs télescopiques. Photo : JCB

Objectif zéro émission JCB veut réduire les émissions dans les secteurs de la construction et de l’agriculture. La marque britannique démarre la commercialisation de plusieurs machines électriques. Roman Engeler

Lors d’une conférence de presse virtuelle, le constructeur britannique JCB a présenté ses avancées en matière de réduction des émissions nocives. Cet été déjà, il avait fait sensation en dévoilant un prototype d’excavatrice tournant à l’hydrogène. JCB entend poursuivre sur cette lancée « zéro émission » mais « sans compromis sur les performances », tant avec ses équipements statiques qu’avec les engins mobiles. Le concept « E-Tech » a été lancé avec une mini-pelle offrant une autonomie d’une journée complète et qui se recharge en deux heures et demie seulement. JCB a aussi en catalogue un mini-­ tombereau automoteur (« dumper »), doté d’un moteur électrique, de chenilles et pouvant emporter 500 kilos. Le dumper classique d’une tonne de JCB à quatre roues et châssis articulé est désormais décliné en variante électrique, de même que cinq modèles de chargeurs téle­ scopiques à fourche de type « Teletruk ». 14

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Premier chargeur télescopique électrique Le constructeur met maintenant sur le marché son premier chargeur télescopique électrique, le « 525-60E Loadall ». La marque assure qu’il a été conçu pour offrir les mêmes performances que le chargeur à moteur diesel. Le « 525-60E » est pourvu de deux moteurs électriques, l’un pour la transmission et l’autre pour le système hydraulique. Le moteur de traction de 17 kW entraîne les essieux en mode traction intégrale permanente. Un second moteur de 22 kW est couplé à une pompe à engrenages à cylindrée fixe débitant 80 litres/minute. Les moteurs électriques affichent un rendement de 80 %, bien supérieur aux 45 % des diesels. La batterie lithium-ions de 96 V est suffisante pour assurer une journée complète d’autonomie. Ce moteur est doté d’un système de freinage à récupération, qui prend le relais de freins

conventionnel et recharge ainsi la batterie. Le système hydraulique est aussi à récupération, régénérant l’énergie libérée lors de l’abaissement de la flèche. Ce dispositif réduit la puissance requise et prolonge l’autonomie du véhicule. La fonction de récupération du freinage s’arrête automatiquement lorsque la batterie est complètement chargée. La cabine ROPS/FOPS, assurant donc une protection en cas de retournement ou de choc, est entièrement vitrée. Elle est équipée d’un chauffage de 2,2 kW ; ses vitres avant, arrière et latérales sont à dégivrage/ désembuage rapide. Le siège pneumatique peut être chauffé sans que les performances du chargeur pâtissent. Les dimensions sont inchangées par rapport au modèle diesel. Le rayon de braquage extérieur est de 3,7 mètres. La capa­ cité de levage maximale est de 2,5 tonnes, et encore de 2 tonnes à 6 mètres de hauteur.


Nouveautés | Marché

L’« Agilo 2-S » de Kurmann permet d’entraîner des mélangeuses BvL à double vis à l’électricité. Photo : Roman Engeler

Chez Kurmann, on met les mélangeuses au courant La demande pour les mélangeuses électriques croît, en raison de leurs faibles niveaux d’émissions. Mais pas seulement : il y a aussi des raisons économiques. Kurmann Technik lance deux nouvelles machines dans ce créneau. Roman Engeler

Etablie à Ruswil (LU), Kurmann Technik s’est forgée une solide expérience dans la mélangeuse à entraînement électrique. Des émissions de gaz très faibles et l’absence de bruit de moteur, auxquelles viennent s’ajouter des arguments économiques lorsqu’on intègre l’ensemble des coûts  : la conversion au courant ne manque pas d’atouts et la société lucernoise étend son assortiment en conséquence.

« Agilo 2-S » Commençons par la tête d’entraînement électrique « Agilo 2-S ». Le constructeur BvL fabrique en exclusivité pour Kurmann les nouvelles trémies de 10 à 15 m3 à double vis. Elles sont prévues en priorité pour des troupeaux jusqu’à 50 laitières détenues dans des bâtiments de relativement petite taille et bas de plafond. Chez

Kurmann, ces trémies sont montées sur un châssis spécialement conçu avec un train de roulement et une motorisation électrique. Le reste de la configuration est défini pour chaque client. La mélangeuse fait 2,11 mètres de haut et presque 2 mètres de large pour un volume de 10 m³ et une capacité de charge de 2,5 tonnes. Le câble d’alimentation, enroulé sur un tambour à bord de la machine, est guidé par une poulie de renvoi mobile. Il doit être branché à une prise de 40 ampères. La chaîne cinématique mécanique est mue par un moteur électrique à convertisseur de fréquence ; son rendement dépasse 90%. Au démarrage, le moteur de 18 kW fournit 180% de son couple nominal. Pour les démarrage difficiles ou pour démêler des fourrages récalcitrants, un dispositif hydraulique apporte un complément de puissance. Avec lui, le

couple à bas régime gagne encore 350%. La vis sans fin est à trois vitesses, plus un régime rapide de déchargement qui assure la vidange complète de la trémie. Pour optimiser la préparation des rations riches en foin, un brumisateur peut être ajouté, avec une commande à minuterie. Une autre minuterie, en option, sert à stopper la mélangeuse une fois le temps de préparation atteint. Les fonctions hydrauliques d’entraînement, de direction, du démarrage sous charge élevée, de l’ouverture du volet à glissière et du convoyeur latéral sont commandées par des leviers. L’unité de pilotage est montée sur un rail pour être déportée vers le côté de la distribution. L’opérateur peut donc facilement se déplacer de part et d’autre de la plateforme sécurisée et toujours garder la zone de travail à l’un œil. Les fonctions électriques sont contrôlées par de gros boutons sur le boîtier de commandes. De nombreuses variantes de déchargement sont proposées, comme un convoyeur arqué pour remplir des crèches jusqu’à 85 cm de haut, à gauche et à droite.

Solution hybride Le Kurmann « Hybrid » est une autre innovation de la maison. Il s’agit d’une unité d’entraînement électrique pour les mélangeuses BvL jusqu’à 15 m³. Ce module permet de faire tourner la mélangeuse à l’électricité ou avec la prise de force du tracteur. Kurmann prévoit que ce module puisse être utilisé sur les exploitations disposant de leur propre courant solaire, quand le fourrage doit être préparé dans des bâtiments fermés ou des environnements sensibles au bruit. L’« Hybrid » peut aussi être employé en mode stationnaire avec le bloc hydraulique embarqué en option par exemple pour l’affourragement en hiver. Cette combinaison peut aussi faire sens dans le cadre d’une utilisation sur plusieurs exploitations avec des sources d’énergies différentes. Les composants électriques, avec leurs moteurs et leurs unités de commande sont modulaires ; ils peuvent s’installer sur des mélangeuses neuves ou postéquiper des modèles déjà en service. L’« Hybrid » peut être doté en option d’un démarreur progressif et d’un convertisseur de fréquence ou de vitesse pour trois régimes de vis. D’autres options, comme l’unité hydraulique d’aide au démarrage, le brumisateur à minuterie, la minuterie pour le mélange, la télécommande par câble ou par radio sont aussi disponibles. 12

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ROBOTIQUE

Juste une question de temps ! La robotique et l’intelligence artificielle vont entraîner un changement de fond et transformer le monde agricole dans les prochaines décennies. Outre les analystes de tendances, de nombreux constructeurs de machines agricoles en sont convaincus. Roman Engeler

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ROBOTIQUE

La question n’est pas de savoir si des ro­ bots, des véhicules autonomes et l’intelli­ gence artificielle en général assisteront un jour l’agriculteur, ou prendront en charge des tâches importantes, mais quand. Telle est la conclusion d’une étude réalisée par IDTechEx, une société inter­ nationale anglaise qui réalise des études de marché indépendantes sur les nou­ velles technologies et met les résultats à la disposition des entreprises. Selon une enquête du magazine professionnel alle­ mand «  Agrarheute  », 82  % des agri­ culteurs pensent que les machines travail­ leront un jour dans les champs de ma­ nière autonome. Le chemin est cependant encore long et ardu entre la conception, les premiers prototypes, puis la mise sur le marché. Des obstacles juridiques doivent être sur­ montés préalablement, sans oublier ni la complexité générale des systèmes biolo­ giques ni la question des coûts.

quasiment robotisé entre les productions animale et végétale. Dans le domaine des cultures, la robotique n’en est qu’à ses prémices, bien que le potentiel soit encore bien plus important que dans l’élevage.

Éléments moteurs Depuis 2003, des démonstrations de ro­ bots, appelées « Field Robot Events », ont lieu régulièrement en Allemagne lors des journées des champs de la Société alle­ mande d’agriculture (DLG). Des jeunes étudiants ingénieurs et leurs assistants

d’instituts de hautes écoles participent gé­ néralement à ces joutes et se livrent à une compétition pacifique dans des domaines tels que la conduite autonome, la détec­ tion ou le contrôle des adventices. On constate que la précision de détection et d’analyse des situations des capteurs et des caméras se perfectionne au fil des an­ nées. De surcroît, le logiciel traite les don­ nées plus rapidement et envoie des ordres plus pertinents aux éléments d’exécution. Ces compétitions mises à part, la numéri­ sation croissante ainsi que le manque chronique de main-d’œuvre jouent égale­

Réalité en production animale La robotisation est déjà bien établie en production laitière. Les premiers systèmes de traite automatique sont arrivés dans notre pays voici un peu plus de 20 ans. Le scepticisme général qui les a d’abord en­ tourés a disparu de manière étonnam­ ment rapide. Sont actuellement en ser­ vice en Suisse un bon millier de robots de traite auxquels s’ajoute une centaine d’unités chaque année. Aujourd’hui, une variante robotisée est envisagée presque chaque fois qu’une étable laitière se construit ou se transforme. Outre les robots de traite, les robots d’évacuation du fumier et d’alimentation sont de plus en plus fréquents dans les étables. Plusieurs constructeurs sont dé­ sormais familiarisés avec ces technologies et à même d’offrir aux éleveurs des équi­ pements aussi performants que fiables. Les opérateurs bénéficient ainsi de jour­ nées de travail plus flexibles et apprécient l’amélioration de la vie de famille. La charge de travail ne s’est pas réduite aus­ si drastiquement qu’on ne l’imaginait. Ce­ pendant, elle évolue et se concentre da­ vantage sur le contrôle, qu’il s’agisse d’observation à l’étable ou sur des écrans d’ordinateur. Lely, un, si ce n’est LE promoteur de la technologie automatisée à la ferme, a ré­ cemment présenté le système « Exos », un concept de véhicule électrique qui fauche l’herbe en mode autonome, la charge puis la distribue à l’étable. L’entre­ prise néerlandaise crée de la sorte un lien

Le robot « Sweeper » est capable de cueillir les poivrons de manière autonome dans les serres grâce à une caméra 3D. Son « taux de réussite » avoisine actuellement les 62 %. Photo : ldd

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gence artificielle ou les algorithmes de détection en profondeur (deep learning) élimineront également ces faiblesses bien connues à l’avenir. C’est ainsi que, par exemple, l’application de produits phyto­ sanitaires précise et adaptée aux besoins sera bientôt possible.

… et récolter

En Suisse orientale et occidentale, on a recouru au printemps 2020 à un robot Farmdroid « FD 20 » pour le semis et le hersage (en plusieurs passages) d’une poignée de champs de betteraves sucrières. Photo : Roman Engeler

ment un rôle moteur, de sorte que de nombreux systèmes robotiques seront mis sur le marché incessamment. Certains d’entre eux sont d’ailleurs déjà disponibles.

Semer et herser De nos jours, le déplacement dans un champ guidé par GPS, avec une précision inférieure à +/–2 cm, ne constitue plus un défi majeur pour un attelage « clas­ sique » avec tracteur et machine. Pas da­ vantage pour un robot qui, muni des in­ formations appropriées sur la parcelle, peut semer automatiquement et mémo­ riser la position des semences pour les soins ultérieurs. Le robot danois Farm­ droid « FD 20 » a servi cette année aux premiers essais pour le semis de bette­ raves sucrières. Grâce à des capteurs ultra­sons et lidar ou à des systèmes d’ar­ rêt d’urgence mécaniques, les obstacles peuvent également être détectés, le redé­ marrage nécessitant généralement une intervention humaine sur place. Le hersage se révèle un peu plus difficile. Dans la lutte contre les adventices sans produits chimiques, plusieurs passages sont généralement nécessaires. Aucune déviation du système de coordonnées virtuel­les n’est autorisée, faute de quoi la culture sera endommagée et non seule­ ment les mauvaises herbes.

C’est d’autant plus important lorsqu’une caméra doit remplacer l’œil expert d’un agriculteur pour distinguer, par exemple, une plante cultivée d’une adventice, dé­ tecter une maladie fongique sur une plante ou évaluer une attaque d’insectes et mener la lutte qui s’impose. Même en laboratoire, de telles tâches ne sont pas une sinécure. Elles se complexi­ fient encore dans la nature, car des condi­ tions de lumière défavorables ou des plantes qui ont poussé de façon atypique en raison de maladies ou du manque de nutriments et d’eau peuvent altérer l’in­ terprétation par une caméra. L’intelli­

Une autre étape de la robotique agricole est la récolte de fruits. Dans les serres néerlandaises, le « Sweeper » cueille déjà sans relâche les poivrons. En Belgique, le « Rubion » cherche des fraises fraîches et mûres, et, dans les vergers de Nouvelle-­ Zélande, des robots placent pommes et poires dans des caisses préalablement dis­ posées au sol. Le principal défi n’est pas de détecter ces dernières, mais bien de recon­ naître et de distinguer les fruits mûrs, ma­ lades ou sains, ainsi que leur position exacte afin qu’une pince puisse les saisir et les placer délicatement dans leur caisse. Les développeurs annoncent presque tous une percée de cette technologie dans les prochaines années, de sorte que le pro­ blème de la main-d’œuvre, rare et parfois peu motivée, appartiendra bientôt au pas­ sé. Au final, un robot cueilleur sera beau­ coup plus efficace qu’un être humain, car il n’a pas à s’occuper d’heures de travail fixes et il n’est jamais fatigué.

Gros ou petit ? Contrairement aux puissants tracteurs et machines de récoltes performantes, les

Détecter… Élément essentiel des robots complexes, les systèmes de caméras deviennent de plus en plus précis et intelligents. Les ca­ méras peuvent, dans l’exemple ci-dessus, fournir une correction appropriée lorsque les coordonnées virtuelles sont décalées. 18

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Le robot de sarclage « Anatis » de Carré est piloté par caméra et par GPS. Il fonctionne avec une batterie au lithium qui offre huit à dix heures d’autonomie et qui se recharge en trois heures. Photo : Carré


ROBOTIQUE

Les robots sont déjà très présents en production laitière. Les robots de traite, d’évacuation du fumier et d’alimentation (photo) y sont devenus monnaie courante. Photo : Roman Engeler

robots actuels, sous forme de concepts, proto­types ou premiers appareils produits en série, sont petits et légers. Le thème du « compactage des sols » n’est donc pas pré­ pondérant. Toutefois, ces petites machines entraînent des pertes de performances, no­ tamment pour les semis et la protection des cultures, où une intervention rapide et la mise à profit de fenêtres de temps limitées s’avèrent essentielles. Avec le système « Xa­ ver », sur lequel Fendt travaille depuis des années, l’entreprise tente d’éliminer cette lacune avec un essaim de robots, ce qui im­ plique cependant la multiplication d’une électronique coûteuse.

Le porte-outils « Flunick » de Semesis AG est un appareil suisse prêt maintenant à conquérir les vignobles, les cultures maraîchères et les pépinières du monde entier. Photo : Ruedi Burkhalter

Et la sécurité ? Dans le cas des véhicules autonomes plus que dans celui des robots, les déve­ loppeurs affirment que la technologie né­ cessaire est déjà disponible, mais que le législateur ne maîtrise pas encore tous les tenants et aboutissants de la probléma­ tique. En fin de compte, il s’agit de la res­ ponsabilité que quelqu’un doit assumer si des dysfonctionnements surviennent et que des dommages sont commis pendant le processus. Il existe différents niveaux de sécurité. La « cybersécurité » s’ajoute aux sécurités mé­ canique, électrique et fonctionnelle. Les robots sont des appareils électroniques en

réseau, connectés par radio, susceptibles de subir des attaques de hackers.

Conclusion L’homme a toujours profité du progrès technique pour faciliter sa vie et son tra­ vail. Cela se poursuivra aussi à l’avenir. La robotique et l’autonomie continueront à s’implanter dans l’agriculture, éliminant d’anciens problèmes mais en engendrant d’autres. Toute médaille a son revers, c’est bien connu. La question de savoir si et à quelle vitesse les nouvelles technologies prendront place sur le marché se résoudra lorsque la supériorité des avantages pon­ dérés l’emportera sur les inconvénients.

Performances autonomes Case IH travaille ses applications d’agri­ culture de précision « AFS » en mettant plus l’accent sur l’autonomie que sur la ro­ botique. Avec son concept de véhicule auto­nome « AVC » présenté il y a plusieurs années déjà, le constructeur d’équipe­ ments agricoles souligne que l’agriculture de précision et les technologies autonomes prendront toujours davantage d’impor­ tance dans l’agriculture au quotidien. Les guidages, les processus coordonnés de machines et de transport des récoltes ou les combinaisons de machines comman­ dées à distance par une machine de tête sont un début. Case IH envisage égale­ ment l’utilisation future, en autonomie su­ pervisée, voire en autonomie complète, d’un ou de plusieurs véhicules qui se rendent indépendamment à leur destina­ tion et prennent les mesures appropriées. Ces concepts se basent encore sur la tech­ nologie conventionnelle à hautes perfor­ mances, mais ils réduisent considérable­ ment la fonction de contrôle de l’homme.

Grâce à un radar, un lidar et des caméras vidéo à bord, ce « Magnum » de Case IH détecte les obstacles fixes et mobiles sur son chemin et s’arrête automatiquement. Des tâches préprogrammées peuvent être effectuées au moyen de l’interface de commande à distance. Photo : Case IH

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Équipement agricole autonome en action : le robot Farmdroid sème les betteraves à sucre. Photo : ldd

Qui profite des machines agricoles autonomes ? Les praticiens pensent généralement que les robots agricoles autonomes ne sont destinés qu’aux grandes exploitations. Les spécialistes estiment cependant qu’avec des concepts d’utilisation et de financement adaptés, de tels robots peuvent être intéressants pour les petites et moyennes exploitations. Ruedi Hunger

Les petites exploitations agricoles sont confrontées à une infinité de défis. Les ressources financières et humaines manquent souvent. Bien des exploitations de taille moyenne n’ont pas les moyens d’employer toute l’année du personnel à temps plein. Et ces ressources pourraient être utilisées autrement, notamment pour appliquer correctement les exigences et les réglementations environnementales toujours croissantes. Les machines autonomes trouveraient ainsi leur utilité, car elles permettraient à l’exploitant d’effectuer son 20

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travail dans les temps, sans être confronté au manque de main-d’œuvre.

Le coût, seuil déterminant Les machines et appareils autonomes ont leur coût et l’on doit se demander si, en particulier, les petites et moyennes exploitations ont les moyens de les acquérir. L’investissement initialement élevé est la raison majeure pour laquelle les grandes exploitations financièrement aisées se sont lancées en premier dans l’automatisation. Mais les avantages d’une machine

partiellement ou totalement autonome dans les cultures se calculent selon la surface, par exemple, en termes d’intrants auxiliaires économisés par hectare.

Applications principales : grandes cultures et maraîchage Une nouvelle tendance s’observe dans le développement de machines et d’appareils autonomes : un nombre croissant d’équipements agricoles sont utilisés en « intelligence collective ». Cela consiste en l’utilisation de plusieurs machines auto­


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nomes travaillant simultanément dans un champ. Les experts estiment que cette tendance profitera surtout aux petites ex­ ploitations, car les coûts d’achat peuvent se contrôler selon la taille du dispositif. Les avantages des machines autonomes dépendent fondamentalement du type d’exploitation. Toutes les formes de tra­ vail ne peuvent évidemment pas être remplacées par des innovations tech­ niques. Actuellement, le principal do­ maine d’application de la robotique reste les cultures, maraîchères en particulier. Les robots autonomes s’utilisent le plus fréquemment pour les semis ou le dés­ herbage. Le robot danois « Farmdroid », qui effectue de manière autonome les semis et le contrôle des adventices dans la culture de la betterave sucrière, consti­ tue un bel exemple de succès.

Robots plutôt que main d’œuvre Une forte pression sociale et politique re­ lative à l’utilisation des produits phyto­ sanitaires existe en Suisse, comme dans une grande partie de l’Europe. Des ro­ bots autonomes doivent être utilisés à terme pour atteindre l’objectif de ré­ duire de moitié au moins l’application de pes­ticides en Europe. La culture ma­ raîchère, en particulier, offre un grand potentiel pour l’utilisation de machines auto­nomes. La pandémie de la Covid-19 a mis en évidence la forte dépendance et les limites de la main d’œuvre sai­ sonnière.

Problème de dépendance Les modèles d’affaires mentionnés ci-des­ sus constituent une option réaliste pour les petites et moyennes exploitations éga­ lement. Cela accroît cependant leur dé­ pendance aux prestataires de services. Il n’est pas exclu que les nouvelles innova­ tions ainsi que la numérisation favorisent encore davantage l’évolution des struc­ tures. En effet, les exploitations financiè­ rement avantagées ont en fin de compte plus de chances de profiter de cette tech­ nologie. C’est l’une des explications (mais pas la seule) de cette tendance qui s’ob­ serve déjà dans les grandes structures.

Les aspects écologiques : une chance Si une plus grande attention devra être portée à l’avenir aux aspects écologiques dans l’agriculture, comme l’exigent les pressions sociales et politiques, cela de­ vrait favoriser les exploitations agricoles de taille inférieure. Des conditions-cadres po­ litiques et des mesures de soutien appro­ priées seront cependant à mettre en place pour ce type d’exploitations.

Développement Les concepts de base de l’autonomie pro­ viennent traditionnellement de la re­ cherche d’abord. Par ailleurs, les écoles techniques et les universités mettent ra­

pidement l’industrie à contribution, ne serait-ce que pour des raisons finan­ cières. Aujourd’hui, un nombre grandis­ sant de start-up et d’entreprises créa­ trices de logiciels hors de la branche entrent en jeu. Cette combinaison se ré­ vèle très flexible et adaptable. En même temps, ces nouveaux acteurs peuvent mettre en évidence les aspects technolo­ giques nécessaires à un comportement autonome. Un lien étroit existe avec la recherche dans le domaine des technolo­ gies les plus récentes de capteurs et de reconnaissance d’objets basée sur l’intel­ ligence artificielle. C’est ainsi que, finale­ ment, toutes les parties intéressées se trouvent impliquées dans ces projets nova­teurs.

Conclusion Les robots agricoles autonomes ne sont pas réservés qu’aux grandes exploita­ tions. Grâce à des modèles de finance­ ment et d’utilisation adaptés, les petites et moyennes exploitations de grandes cultures et de maraîchage peuvent égale­ ment bénéficier du progrès numérique.

* Les modèles d’affaires compatibles ouverts, ou open source, comprennent la dual licence, le logiciel en tant que service, la vente de support pour un produit gratuit ou le financement par des dons, ou crowdfunding.

Location ou achat ? Les coûts des robots agricoles auto­ nomes ou des machines semi-auto­ nomes dépendent beaucoup du nombre de machi­nes et de leur type. Le robot Farm­droid, déjà mentionné, coûte envi­ ron 70  000 euros, soit de 85  000 à 90 000 francs. Pour justifier un tel inves­ tissement, il est nécessaire de promou­ voir cette méthode de culture dans un sens de source ouverte et l’agriculture comme un modèle de services*. Cette approche peu coûteuse permet d’ac­ croître la confiance des utilisateurs dans cette technologie. À moyen ou long terme, les spécialistes estiment qu’une combinaison de location et d’achat s’avère probablement réaliste. La tech­ nologie autonome deviendra vraisembla­ blement moins chère avec le temps et de plus en plus d’agriculteurs pourront dès lors acquérir un robot privé pour autant qu’ils disposent d’une charge de travail suffisante.

Les robots agricoles deviennent lentement « adultes » : on voit sur la grande photo le premier Ecorobotix et en haut à gauche le nouveau « AVO » de la société Ecorobotix d’Yverdon-lesBains. Photos : Heinz Röthlisberger/ldd

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L’Alptracker est un nouvel outil de surveillance des troupeaux de moutons.

Photo : Alptracker

Et si Dolly avait un traceur… Les systèmes de surveillance et de gestion des troupeaux sont en vogue. Avec la fonction de géolocalisation, les moutons et les bovins peuvent être surveillés même dans les alpages. L’internet des objets et les technologies de transmission rendent cela possible. Ruedi Hunger

L’agrandissement des troupeaux de vaches explique l’essor des systèmes pour assurer leur surveillance. Les dangers auxquels les troupeaux de moutons sont exposés justifient également l’installation de tels systèmes dans les alpages. Lors de la conférence virtuelle « Technique agricole en région alpine » du 28 octobre dernier, Thorsten Bogner, de l’entreprise Tecsag GmbH sise à Wollerau, en Allemagne, a exposé les résultats et les perspectives de la surveillance des troupeaux avec l’Inter­ net des objets (voir l’encadré cicontre). Lors d’un test sur le terrain, l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) a équipé conjointement avec la société Tecsag GmbH un troupeau de moutons d’un système de suivi. Il s’agit maintenant pour Agroscope d’apporter son appui afin de poursuivre le développement de ce système. 22

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Localiser les animaux avec précision Les troupeaux de moutons comptent souvent plusieurs centaines de têtes. La bergère ou le berger peinent à maintenir les animaux ensemble lorsqu’ils se déplacent librement. En résulte des heures de recherche lorsque l’un d’entre eux disparaît. Dans ce contexte, les systèmes de surveillance sont bienvenus pour les localiser avec précision. Aucun système commercialisable n’était encore disponible sur le marché pour le repérage des animaux de ferme. Basés sur le système de localisation par satellite (GPS) et le réseau de téléphonie mobile, les dispositifs existants impliquent une consommation d’énergie trop élevée et des frais conséquents (en matériel et en abonnements de téléphonie mobile). La toute récente technologie radio LoRa liée à l’Internet des objets constitue une solution prometteuse.

Quel est le sens des acronymes LoRa et LoRaWAN ? Formé à partir du terme anglais long range qui signifie à longue distance, le sigle LoRa qualifie la technologie radio développée par Semtech. L’acronyme

Que signifient les sigles IoT et IdO ? « IdO » est l’acronyme du terme « Internet des objets », traduit de l’anglais Internet of Things (IoT). Il désigne l’ensemble des objets, des lieux et des environnements physiques connectés et les réseaux de télécommunication et les plateformes de traitement des informations collectées qui leur sont associés. Source : IATE


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d’une couverture LoRaWAN à l’échelle nationale. L’« Alptracker » – c’est le nom du traceur – a été étrenné sur un troupeau de moutons en pâturage dans les environs d’Andermatt (UR). Il peut s’utiliser sur une période d’alpage de 180 jours et offre une portée allant jusqu’à 15 kilomètres. Les responsables reçoivent des infor­mations sur la position et les déplacements des moutons et des chiens (s’ils sont équipés en conséquence). Il est prévu d’intégrer un capteur d’accélération dans le traceur afin de détecter tout compor­ tement anormal et déclencher l’alarme au besoin. Les données relatives aux mouvements donnent en outre des informations utiles sur l’état sanitaire des animaux. Le géo­repérage (voir l’encadré ci-dessous) peut également servir à limiter ou à exclure les zones dangereuses.

Coûts et taxes

Intéressé au renforcement de ma surveillance ? Les personnes responsables sont soulagées. Photo : Ruedi Hunger

LoRa­WAN abrège l’appellation anglaise long range wide area network, réseau à longue distance en français. Cette technologie radio économe en énergie permet, ainsi que son nom le laisse supposer, de transmettre des données sur de longues distances. Elle a été développée spécialement pour l’internet des objets et l’internet industriel des objets (IIoT) et se compose d’un capteur, d’une passerelle et d’un serveur LoRa. • Le capteur envoie des données LoRa à toutes les passerelles environnantes. Celles-ci les enregistrent et les transmettent au serveur. Dès ce moment, les données peuvent être traitées, visualisées et/ou stockées individuellement. • La passerelle constitue une interface entre la transmission radio LoRa à haute efficacité énergétique et la connexion haute performance au serveur. La technologie LoRa n’est utilisée qu’entre le capteur et la passerelle. LoRaWAN décrit l’ensemble de la structure du réseau et la communication des différents composants entre eux. Le protocole LoRaWAN permet de gérer plusieurs centaines de capteurs ainsi que leurs données au sein d’un réseau. Les capteurs peuvent fonctionner jusqu’à dix ans sans changement de bat­ terie, ce qui réduit bien évidemment les besoins en maintenance. Cette durée

maximale de fonctionnement dépend cependant de divers paramètres, dont la fréquence de transmission du capteur. Les inter­valles de transmission se situent généralement entre 15 minutes et 24 heures. La puissance de réception des capteurs éloignés de la passerelle influence également le temps de fonctionnement. Enfin, l’énergie nécessaire dépend aussi de la quantité de données. Rares sont les systèmes qui offrent les avantages d’une transmission à longue distance et à faible consommation d’énergie. Les réseaux WLAN et Bluetooth portent sur une distance limitée à 100 mètres dans des conditions optimales, et le premier nécessite environ trois fois plus d’électricité qu’un module LoRa.

Suivi des animaux de rente dans les Alpes Le titre, « Et si Dolly avait un traceur… », se réfère à une brebis portant un émetteur autour du cou. Cet émetteur communique avec une station de base spécifique et utilise la technologie radio LoRa. Les données de Dolly (position, etc.) sont envoyées à la station de base installée sur l’alpage, puis par internet au serveur. Elles sont ainsi transmises à faibles coûts et consommation, ce qui n’est pas le cas avec un réseau de téléphonie mobile. Après les Pays-Bas et la Corée du Sud, la Suisse est le troisième pays à disposer

Le traceur Alptracker n’est pas plus gratuit que les autres dispositifs de surveillance. Une taxe semestrielle ou annuelle est facturée pour l’émetteur, en plus d’un forfait annuel pour l’utilisation de la plateforme. De surcroît, l’émetteur, puissant, et l’antenne LoRaWAN sont aussi payants. Le kit comporte encore une passerelle étanche et une batterie de 12 volts avec un panneau solaire. Les coûts détaillés peuvent être calculés en consultant le site www.alptracker.com.

Conclusion La technologie prometteuse LoRaWAN pour la surveillance des troupeaux de bovins ou d’ovins arrive maintenant sur le marché. Elle a une portée beaucoup plus grande que le système GPS et ne nécessite qu’une fraction de l’énergie des équipements de surveillances utilisés jusqu’à présent. La sécurité, ou dans le cas des alpa­ges, la surveillance des troupeaux, se paie toujours. Il faut donc évaluer ces coûts au cas par cas.

Géorepérage Le géorepérage ou gardiennage virtuel (geofencing en anglais) est la fonction d’un logiciel de géolocalisation qui permet de surveiller à distance le déplacement de personnes, d’animaux ou d’objets mobiles dans un périmètre prédéfini et de prendre des mesures dès que la frontière virtuelle est franchie. Sources : Wikipédia et Futura Tech

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au robot et préfèrent laisser à la génération suivante le soin de l’expérimenter. D’autres se montrent impatients et cherchent d’ores et déjà à se familiariser avec lui. Le mouvement est en marche, mais selon les applications il nous faudra faire preuve d’un peu de patience. Qu’entendez-vous par là ? Les efforts de recherche et développement doivent être intensifiés ; les robots n’ont pas encore atteint le niveau d’intelligence requis. Nombre de machines qui nous sont présentées aujourd’hui sont des prototypes. Nous manquons de recul et de retours. Avant qu’un produit innovant de ce type puisse être commercialisé, il faut du temps, beaucoup de savoir-faire, de gros moyens et de la persévérance. Construire un robot qui avance en ligne droite dans le champ, ce n’est pas sorcier, mais en construire un qui travaille avec précision et dans le respect des règles de sécurité est une autre paire de manches.

« Construire un robot opérant avec précision et dans le respect des règles de sécurité est un défi de taille pour les entreprises », explique Gerhard Aebi, patron d’Aebi Suisse SA. Photos : Heinz Röthlisberger

« Le mouvement est en marche » Aebi Suisse SA, à Champion (BE), est depuis quatre ans l’importateur attitré des robots agricoles Naïo. Nous avons demandé à Gerhard Aebi, le patron, son avis sur les robots et pourquoi ils peinent à trouver leur place aux champs. Heinz Röthlisberger

Technique Agricole  : Les paysans suisses sont-ils prêts à s’équiper de robots agricoles ? Gerhard Aebi : Vu la rapidité avec laquelle les systèmes de guidage par GPS se sont imposés dans l’agriculture suisse, je reste 24

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persuadé que les agriculteurs suisses ne vont pas tarder à adopter les robots agricoles. Après tout, le GPS avait aussi reçu un accueil mitigé en son temps, avant de devenir incontournable. Il est donc normal que beaucoup soient réticents face

Quels sont les points forts du robot ? Le principal avantage d’un robot de binage, par exemple, est sa capacité à travailler 24 heures sur 24 de manière autonome. Généralement l’objectif est de réduire l’usage d’herbicides et d’économiser de la main d’œuvre. Un maraîcher peut rentabiliser son robot si ce dernier lui permet d’affecter moins de personnel au binage des salades. Le maraîchage requiert en effet beaucoup de main d’œuvre, dont le coût est sans cesse mis en cause. C’est dans ce secteur qu’un robot de binage a actuellement le plus de chance d’être rentable. L’autonomie totale du robot n’est pas sans inconvénient. C’est vrai. Il n’y a par exemple personne sur place pour contrôler et surveiller le travail. Avec une bineuse traditionnelle, le conducteur du tracteur voit immédiatement le résultat de son travail, il peut juger du résultat et, si nécessaire, intervenir pour régler l’outil en conséquence. Ça, les robots actuels n’en sont pas encore capables. Ils n’ont pas cette capacité de jugement et ne peuvent corriger une erreur sans intervention humaine. Un robot ne détecte pas si un soc est mal réglé et fonctionne de manière impropre. Votre société importe les robots de binage « Dino » et « Oz » du constructeur français Naïo Technologies depuis quelques années. Que pensez-vous de ces machines ?


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Nous avons surtout testé le petit robot « Oz » qui suscite beaucoup d’intérêt. Depuis cet automne, il est équipé d’une antenne GPS qui lui permet de suivre une trajectoire avec précision, même en l’absence de plantes. Auparavant, il n’était piloté que par une caméra et atteignait rapidement ses limites car il faut que les végétaux aient atteint un stade de développement assez avancé pour être détectés. Et c’est souvent trop tard pour les sarcler. La topographie de la Suisse est-elle propice au déploiement de robots ? La petite taille des parcelles suisses est un obstacle. Avant le travail, le robot doit être calibré et réglé en fonction de la topographie du champ. Sur des petites parcelles, quand le calibrage est au point, on a presque fini le travail. Il en va autrement dans de très grands champs, auxquels s’intéressent la plupart de nos concurrents. Naïo Technologies teste en ce moment son robot « Dino » sur le domaine d’un client d’Amérique qui cultive 1000 hectares de salades. À cette échelle, le recours au robot se justifie amplement. Les nombreux essais que nous avons réalisés en Suisse nous ont d’autre part montré les limi­tes que les pentes pouvaient poser à l’usage de robots.

Vous pouvez nous en dire plus ? Les constructeurs se désintéressent trop souvent des champs pentus. Les robots actuels sont conçus pour travailler des surfaces plates ; ils ne possèdent aucune correction de dévers. Les nouvelles antennes de l’« OZ » que nous avons mentionnées et que nous utiliserons en 2021 devraient permettre de combler cette lacune. De nouvelles caméras devraient améliorer la reconnaissance des lignes de toutes les cultures. On évolue vers un travail plus précis. La convivialité et l’ergonomie matérielles et logicielles s’améliorent constamment, même s’il reste beaucoup à faire car nous manquons d’expérience de longue durée. Quel bilan tirez-vous de votre collaboration avec Naïo ? Avec maintenant 70 collaboratrices et collaborateurs, Naïo a définitivement quitté le stade de start-up. Le succès lui sourit dans le monde entier. Naïo est en train de développer un robot pour le désherbage viticole. Nous y voyons un potentiel prometteur, car ces études auront immanquablement des retombées positives sur la correction de dévers. Globalement

« Oz » est le plus petit des robots de binage proposés par Naïo. Il est désormais équipé d’une antenne GPS qui lui permet de suivre des traces avec précision.

nous constatons que les investisseurs croient à l’avenir de la robotisation, qu’ils considèrent comme « mégatendance ». D’énormes sommes sont investies dans les robots agricoles. On n’imagine pas le nombre de sociétés à travers le monde qui en construisent. Combien de robots Naïo sont en service et combien coûtent-ils ? Le robot « Oz » a été livré à 140 exemplaires de par le monde, mais surtout en Europe. « Dino », son « grand frère », s’est vendu à 25 exemplaires. Mais pas encore en Suisse. Le grand robot coûte 100 000 francs, le petit entre 25 000 et 30 000 francs. Ces robots sont à l’heure actuelle les seuls à bé­ néficier d’un certificat de sécurité CE ; ils peuvent donc être commercialisés en toute conformité. Vous venez d’aborder le thème de la sécurité… … c’est une vaste question  ! Tout le monde parle de robots agricoles, mais tout se complique quand on aborde l’aspect sécuritaire. Prenons le « Dino » de Naïo. Il pèse une tonne. Imaginez les conséquences s’il vient à s’égarer sur une voie ferrée ou sur une route ! L’éventualité que des personnes puissent être blessées ou des biens endommagés doit pouvoir être exclue à 100 %. Tous les dangers doivent être envisagés pendant la phase de développement et cet aspect demande autant, sinon plus de temps et de moyens que tout le reste. Les robots doivent pouvoir être assurés. Il faut anticiper le cas où un robot cause des dommages, par exemple en massacrant le blé du champ du voisin. Tout ça doit être réglementé.

La réglementation relative aux produits phytosanitaires de plus en plus sévère et les initiatives sur la protection des eaux devraient favoriser le recours aux robots. C’est ce que nous avons observé. Certains de nos clients se montrent intéressés par nos robots. Mais en ce moment nous travail­lons d’arrache-pied sur le robot de binage attelé au tracteur, pour lequel le pilotage par caméra s’impose. Nous poursuivrons nos essais sur le « Dino », tandis que le robot « Oz » équipé de son antenne GPS est prêt à être commercialisé. Comment envisagez-vous l’avenir du robot ? L’avènement du robot est inéluctable, j’en suis persuadé. L’intelligence artificielle et les capteurs ne cessent de se perfectionner et bien des entreprises s’engagent dans le secteur. Les robots sont déjà couramment utilisés dans les pays avec de grandes surfaces agricoles. En Suisse, selon le type de robot, il faudra encore attendre les progrès techniques, mais le mouvement est en marche.

L’entreprise Aebi Suisse SA Le 1er janvier 2020 Gerhard Aebi et sa sœur Andrea se sont vu confier la gestion de la société Aebi Suisse SA par leur père Jakob Aebi, qui l’a fondée en 1974. Initialement spécialisée dans les équipements destinés aux grandes cultures et à l’irrigation, l’entreprise s’est fortement engagée dans l’agriculture biologique. Elle emploie 25 collaboratrices et collaborateurs sur ses deux sites d’Andelfingen (ZH) et de Champion (BE).

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Les robots des champs se distinguent des machines agricoles traditionnelles en ce qu’ils sont généralement conçus en vue de réaliser des tâches hautement spécialisées. Photo : EPFZ

Les ouvriers agricoles de demain Des machines commandées par capteurs exécutant de manière autonome les tâches qui leur sont assignées seront les ouvriers agricoles de demain. On peine à l’imaginer aujourd’hui, mais au cours des décennies à venir, les automates et autres robots vont devenir incontournables dans le sillage de la numérisation de l’agriculture. Ruedi Hunger

Les robots sont couramment qualifiés d’« autonomes » ou de « sans conducteur ». Or, un robot, terme dont l’usage est d’ailleurs assez largement galvaudé, n’est pas nécessairement caractérisé par sa mobilité autonome. Dans les normes en vigueur, il est défini comme étant un automate manipulateur dont les mouvements sont programmables et/ou commandés par des capteurs. C’est à juste titre que la « IC Weeder » de Steketee, une bineuse commandée par capteurs, est qualifiée de robot car, bien qu’attelée au tracteur, elle exécute ses tâches en parfaite autonomie. Il en va de même pour l’«  InRow Weeder  » de Garford. Toute machine agricole de précision travaillant de manière autonome peut ainsi être qualifiée de robot, même si elle ne se déplace pas sans conducteur. Il n’y a 26

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pas de délimitation claire entre robots semi-­autonomes et robots à autonomie totale.

La course au gigantisme n’est plus de mise La course effrénée au développement de machines réunissant une capacité unitaire de plus en plus grande finit par constituer une menace pour le sol, l’environnement et l’homme. Ces grosses machines sont désormais appelées à s’effacer au profit d’unités plus souples, sous forme de robots individuels ou d’essaims de robots, selon la taille du champ à travailler. La robotique est assurée de s’implanter dans certains secteurs de l’agriculture au cours des prochaines années, mais les experts mettent néanmoins en garde contre les attentes exagérées (prématurées) suscitées

à chaque innovation technologique importante. Plutôt que des performances de pointe, la robotique vise une meilleure utilisation des capacités existantes, un objectif parfaitement à la portée des machines autonomes, en théorie capables de travailler 24 heures sur 24. L’avènement de la robotique est inéluc­t able Les robots et autres appareils intelligents sont censés faciliter le travail dans certaines activités, voire automatiser des processus de production tout entiers, afin de rendre l’agriculture plus efficace et plus durable. Par une optimisation des conditions de croissance, il s’agit d’améliorer les rendements et la sécurité alimentaire, tout en favorisant une utilisation efficace des ressources. La difficulté réside dans la


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complexité des conditions de production qui prévalent dans le secteur agricole et sont souvent imprévisibles et inconstantes, contrairement à ce qu’on connaît dans l’industrie. L’avènement de la robotique est néanmoins inéluctable. Elle commencera par s’implanter dans le maraîchage, les cultures spéciales et l’agriculture écologique. L’agriculteur gardera son rôle de décideur, d’autant plus que l’automatisation promet de lui faire gagner un temps précieux qu’il pourra mettre à profit pour se concentrer « sur l’essentiel ». Mais qu’estce qui est « essentiel » ? Est-ce réduire la pénibilité du travail et le temps consacré à une tâche donnée (–30 %), ou pouvoir se concentrer sur les tâches de gestion tout en s’offrant quelques loisirs ? Ce sera sans doute une combinaison de ces facteurs, avec toutefois le risque de voir le stress psychique se substituer à la fatigue physique. Aux yeux de nombreux spécialistes, la numérisation n’est pas la panacée qui nous sortira à coup sûr du cercle infernal du travail dans lequel de nombreuses exploitations se sont laissées enfermer (voir l’étude de Matthias Schick à ce propos).

Automatisation et robotique La robotique est le stade suprême de l’automatisation. Comme il existe des robots et des machines autonomes de toutes tailles, les petites et moyennes exploitations agricoles y trouveront aussi leur bonheur. Une large acceptation de la robotique dans l’agriculture suppose une infrastructure numérique fiable, notamment un réseau 5G. Seule la 5G est à même de garantir l’intercommunication des machines et leur intégration dans le système informatique de l’entreprise. Les robots autonomes sont généralement de petite taille et à entraînement électrique, d’où un poids relativement modeste. Plus le coût d’acquisition est

bas, moins la faiblesse du rendement horaire est problématique. De nombreuses tâches de précision peuvent être confiées à un robot et exécutées avec une vitesse réduite, source d’économies d’énergie. Pour traiter une surface étendue avec le rendement horaire nécessaire, on mettra en œuvre un essaim de robots, c’est-àdire un grand nombre de robots semblables coopérant entre eux, au lieu d’augmenter la taille et le poids des machines. Renoncer aux grosses machines, conçues avec une largeur de travail importante pour travailler des surfaces étendues d’un seul tenant, offre un autre effet bénéfique, à savoir la possibilité de réintégrer des éléments traditionnels du paysage (arbres, haies, étangs, etc.), qui ne sont pas un obstacle au travail des machines autonomes de petite taille.

Systèmes agro-techniques • La mécanisation désigne la mise en œuvre d’outils et d’appareils capables d’augmenter la productivité et la qualité. La machine assiste l’homme dans son travail et l’aide à améliorer ce dernier. • L’automatisation (automation en anglais) désigne le processus par lequel le travail est délégué de l’homme aux automates par l’intermédiaire de machines. • Les robots et les machines autonomes (automatismes) sont des systèmes complexes, intelligents et souples, qui pourraient également être qualifiés d’assistants artificiels.

L’agriculture intelligente (ou smart farming), alliée à une progression rapide de la numérisation et de l’interconnexion en réseau, confère un important potentiel de développement à une technique agricole ouverte à l’innovation. L’agriculture bé­ néficie de multiples avancées technologiques réalisées dans d’autres secteurs : technologie des capteurs (GNSS, NIR, laser), transmission de données (5G, LoRa) et internet des objets (deep learning, cloud computing) pour n’en citer que quelques-unes. Le smartphone assume de plus en plus un rôle d’interface à la fois économique et attractive.

« processus de réflexion humaine ». L’intelligence artificielle relève avant tout de méthodes statistiques et non pas, comme on nous le fait croire encore trop souvent, d’une activité intellectuelle proprement dite. Cette dernière reste l’apanage de l’intelligence humaine. Selon les spécialistes, l’intelligence artificielle est avant tout une affaire de puissance de calcul, autrement dit de capacité à tester les options disponibles en un temps extrêmement court. Cela suppose une base de données étendue et de bonne qualité. Ce point déclenche souvent des discussions interminables au sujet de la maîtrise et de la sécurité des données. Et là, la réponse ne fait aucun doute : c’est l’exploitant agricole ou le propriétaire des machines qui détient les droits sur les données.

… et à l’intelligence artificielle

Des robots alliés à des drones

Pour certaines tâches telles que le désherbage des cultures agricoles et maraîchères, l’automatisation peut faire appel à l’intelligence artificielle (cognitive computing), qui procède par simulation des

Les robots des champs, même s’ils sont dits « autonomes », peuvent être mis en œuvre avec des équipements complémentaires. Dans le projet « Flourish » initié par l’Union européenne (UE) mais dont l’École poly-

La numérisation ouvre la voie à l’automatisation…

Le design quelque peu inhabituel de ce robot s’explique par l’objectif qui lui est assigné. Photo : Naio

Cet outil porté est également un robot – en l’occurrence un robot de binage. Photo : Ruedi Hunger

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La nouvelle intelligence en bref • Un essaim de robots est un ensemble de petites unités souples qui remplacent une grosse capacité unitaire. • La « cobotique » (robotique collaborative) est le domaine de la collaboration homme-robot. • L’intelligence artificielle est en premier lieu basée sur de grosses capacités de calcul. • Le travail du sol automatisé n’en est encore qu’à ses débuts. • La durabilité est le but ultime des essaims de robots, de la cobotique et de la numérisation. Différents projets de recherche mettent l’accent sur une plate-forme de robots universelle destinée à des applications variées. Schémas : Amazone

Le robot volant a pour tâche d’observer rapidement une surface relativement étendue pour identifier les zones ayant besoin d’une inspection approfondie, tandis que le robot des champs est chargé de compléter l’étude par une observation rapprochée de certaines zones et de réaliser les interventions telles que le désherbage mécanique, la pulvéri­sation sélective d’herbicide sur des plantes choisies ou le prélèvement d’échantillons de sol.

Conclusion

Plusieurs projets de recherche visent à créer une plate-forme universelle de robots destinés à différents usages.

technique de Zurich assure la coordination, l’interaction a été testée entre un drone et un robot au sein d’une « équipe de travail » un peu particulière, chargée de désherber

un champ de betteraves sucrières. L’idée de départ était de faire exécuter les travaux au champ par un tandem autonome réunissant un robot volant et un robot terrestre.

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«Plus de rendements dans l’agriculture grâce à une technologie moderne de pneumatiques» L’entreprise de travaux agricoles Kappeler a choisi les pneumatiques Bridgestone Premium pour leur stabilité sur la route et leur grande surface de contact au sol

De G à D : Lukas Zimmermann (chef de produit Pneus agricoles chez Bridgestone) et Bernhard Kappeler (directeur général de l’entreprise de travaux agricoles Kappeler)

De l’ensemencement à la récolte du maïs, en passant par la coupe des prairies, les exigences auxquelles sont soumises les machines de Kappeler, une entreprise familiale qui fournit des services pour les travaux agricoles et municipaux ainsi que pour la production et le commerce de technologies agricoles, sont divers. Les fortes pentes ont une influence considérable sur l’usure des routes, en particulier l’accélération et la puissance de freinage. Certaines des fermes locales s’étendent sur une zone de 20 kilomètres, avec de nombreuses petites exploitations dont la taille moyenne des parcelles est de 0,9 hectare. Pour l’entreprise Kappeler, un pneu doit donc à la fois ménager la couche végétale et avoir une résistance élevée en raison de la forte usure sur les terrains vallonnés. Tout comme Bridgestone, Kappeler se concentre également sur ses clients: «Pour offrir la meilleure protection possible des sols, nous nous appuyons sur les pneumatiques Bridgestone VT-Tractor avec technologie VF. Nous accordons une importance particulière à la protection des sols lors de l’ensemencement et essayons de ne semer qu’avec des pneumatiques en 900. Sur les terres arables,

«La confiance est le moyen de bien travailler ensemble». Bernhard Kappeler

Kappeler dispose d’un total de sept tracteurs John Deere montés de pneumatiques Bridgestone Premium.

nous bénéficions donc également d’une grande surface de contact au sol, ce qui est très important pour nous», explique Bernhard Kappeler. «Le pneumatique VT-Tractor VF en 900/50R42 nous offre une meilleure maniabilité avec des charges par essieu élevées et nous permet de rouler à 0,8 bar aussi bien lors du labourage que sur la route. Il n’y a pas de système de contrôle de la pression de l’air, il n’est donc pas nécessaire d’ajuster la pression de l’air entre la route et les champs. En conditions identiques, le produit concurrentiel doit être gonflé à 1,2 bar - soit donc à 0,4 bar de plus que le produit Bridgestone. Le VT-Tractor VF est donc le pneu idéal pour nos besoins quotidiens.» «Le VT-Tractor, le pneumatique phare de Bridgestone pour les tracteurs, permet un faible compactage du sol avec une grande surface de contact et offre une traction exceptionnelle avec une faible consommation de carburant», explique Christoph Frost, Director Commercial Products Bridgestone Central Europe. Les pneus Bridgestone sont montés sur sept tracteurs John Deere (de 115 à 210 ch) - et selon Bernhard Kappeler, il en restera ainsi. «Nous sommes très satisfaits. Nos machines continueront à être équipées de Bridgestone VT-Tractor notamment parce que les pneumatiques ménagent tout particulièrement la couche végétale et les sols.» La protection du sol et de la fertilité qui l’accompagne est essentielle pour que Kappeler et ses clients puissent obtenir des rendements fiables.

À propos de Kappeler

En tant qu’entreprise de travaux agricoles et municipaux ainsi que de production et de commerce de techniques agricoles, Kappeler propose des services tels que l’ensemencement, la coupe des prairies avec travail de pressage et la récolte du maïs avec chaîne de hachage. En 1994, l’entreprise, basée à Niedermuhlern (Suisse), a commencé avec sa première combinaison de presse à balles carrées et de semis et s’est développée en une entreprise de services moderne et performante dans le canton de Berne. L’entreprise familiale, qui compte sept employés, se caractérise par une grande flexibilité et dispose de son propre atelier de mécanique, où sont principalement développés et fabriqués des équipements de dosage du foin - le client est toujours au centre des préoccupations. La mission de l’entreprise est la suivante : plus de rendements dans l’agriculture grâce à une technologie moderne.

Cette finition s’inscrit également dans le cadre de la campagne Bridgestone Cashback, qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année 2020.


ROBOTIQUE

La moissonneuse-batteuse chenillée autonome avec sa barre de coupe de deux mètres et sa trémie à grains de 1000 litres.

Photo : Agrobotix

Nouveauté mondiale et étude d’un procédé de récolte robotisée En septembre dernier, aux Pays-Bas, le public a pu admirer en première mondiale une moissonneuse-batteuse autonome en action. Si cette nouveauté a fait sensation partout dans le monde, elle n’a pas trop surpris les initiés. En effet, un procédé de récolte robotisée avait déjà été présenté à l’occasion du récent colloque sur la science du travail à Tänikon. Ruedi Hunger

En 2020, un premier champ d’orge a été récolté aux Pays-Bas par une moissonneuse-batteuse autonome. Cette récolteuse autoguidée est issue d’un projet partagé entre deux sociétés néerlandaises, eFarmer, à Amstelveen, et Huizing Harvester, à Emmen. Les cinq membres de l’équipe eFarmer ont travaillé d’ar30

Technique Agricole 12 2020

rache-pied pendant deux mois pour rendre la machine apte à fonctionner sans conducteur. La machine a été réalisée à partir d’une moissonneuse-batteuse bas de gamme d’origine chinoise modifiée pour être autonome. On y a ajouté des capteurs et implanté le système d’auto-guidage

« FieldBee » ainsi que d’autres fonctions d’autopilotage. La récolteuse est ainsi apte à fonctionner en modes manuel et autopilotage. Dans ce dernier mode, elle est entièrement autonome et fonctionne sans intervention humaine, l’utilisateur pouvant passer aisément d’un mode à l’autre. La machine se pilote à partir d’une


Le système RTK «  FieldBee  » guide la moissonneuse-batteuse avec une précision extrême pour une jonction parfaite entre les passages. L’ordre des passages peut être configuré dans l’application « FieldBee ». Le mode autopilotage utilise un programme de navigation sous Androïd qui fait appel à une fonction d’autoguidage de l’application « FieldBee ». Pour la configuration des passages, l’agriculteur peut choisir un modèle parmi cinq propositions différentes. Arrivée en bout de champ, la machine exécute automatiquement les manœuvres de tournière nécessaires. Le système assure aussi le pilotage automatique des fonctions spéciales relatives au tablier de coupe et au battage (régime du tambour de battage, réglage du tablier de coupe, régime du rabatteur, etc.). Les données concernant la récolte sont consignées dans un tableur Excel, pour être visualisées sur un écran de smartphone ou d’ordinateur. Il est prévu d’équiper la moissonneuse-batteuse autonome d’un récepteur GNSS (système global de navigation par satellite) ainsi que de systèmes d’autoguidage « FieldBee », de production et de mesure de la qualité des récoltes.

Changement de décor La pression sur les coûts de production par hectare, jointe à la nécessité d’améliorer sans cesse les performances et les capacités, a amené les agriculteurs à s’équiper de machines agricoles et de tracteurs de plus en plus lourds, une évolution qui semble se poursuivre. Cette situation ne satisfait personne, mais la plupart s’y résignent faute d’autre solution. Le développement récent de robots agricoles de petite taille offre cependant une possibilité unique de réduire le poids des machines et d’alléger ainsi les contraintes infligées au sol.

Fonctionnement des robots agricoles Comparés aux récolteuses et tracteurs traditionnels, les robots agricoles sont petits et légers, ce qui constitue un net

Direction de travail de la récolteuse Voie de passage empruntée par les véhicules de transport

Navigation au champ grâce à « FieldBee »

Voie de passage empruntée par les véhicules de transport

tablette ou d’un smartphone. L’utilisateur dispose des commandes suivantes : • démarrage et arrêt du moteur • braquage des roues directrices • avance lente ou rapide et arrêt • marches avant et arrière • montée et descente de la barre de coupe.

Longueur du champ

ROBOTIQUE

La robotisation nous amène à modifier l’interface entre la récolteuse et les véhicules de transport. Photo : Journal du 22e colloque sur la science du travail

avantage du point de vue des contraintes infligées au sol. En revanche, les opérations de transbordement et de tournière augmentent, tout comme les temps morts qui les accompagnent. Le champ sera divisé en planches en fonction du minimum de travail de transport théoriquement nécessaire, ce qui implique une révision complète de l’organisation des passages. La longueur des planches est limitée par la charge à la roue du robot et par le temps mort maximal dû aux opérations de transbordement et de tournière, selon lesquelles les véhicules de transport empruntent les voies de passage aménagées dans le champ. Les récolteuses et les véhicules de transport ne travaillent donc plus en parallèle, mais perpendiculairement les uns par rapport aux autres.

Longueur des champs et contraintes infligées au sol L’allongement croissant des champs aggrave automatiquement les contraintes infligées au sol, pour la simple raison qu’une plus grande quantité de récolte doit être transportée sur un trajet plus long. En effet, le travail de transport augmente proportionnellement au carré de la longueur du champ selon Winfried Fechner de l’université de Halle (voir encadré « Robotique agricole dans les récoltes » à la page suivante). Un champ de 1000 mètres de long donne lieu ainsi à 25 fois plus de transports qu’un champ de 200 mètres. Il ne suffit pas de diminuer les charges transportées à chaque passage : si le champ est trop long, le

risque de compactage persiste en présence d’une forte humidité du sol, l’allègement étant compensé par une augmentation du nombre de trajets.

Équipements de récolte autonomes Un procédé associant des récolteuses autonomes légères et des véhicules de transport traditionnels nécessite une interface différente entre récolte et transport. Une organisation possible est la suivante : • L a direction de travail des récolteuses doit être perpendiculaire aux voies de passage empruntées par les véhicules de transport. Ainsi, les deux types d’engins parcourent des trajets différents. • Pour les robots de récolte, la longueur effective des planches résulte de l’espacement des voies de passage empruntées par les véhicules de transport. • Pour les véhicules de transport, la longueur du champ dépend de la taille et de la forme de la parcelle.

Application « FieldBee » L’application « FieldBee » a été développée par la société eFarmer B.V à Amstelveen (NL), spécialisée depuis plus de cinq ans dans les produits destinés à l’agriculture de précision. Plusieurs milliers d’agriculteurs dans plus de 50 pays l’utilisent couramment. Téléchargée plus de 300000 fois, elle figure parmi les applications agricoles les plus populaires : www.fieldbee.com

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Technique Agricole

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ROBOTIQUE

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Robotique agricole dans les récoltes Le projet « Procédés de récolte robotisée » a été présenté à l’occasion du 22e colloque sur la science du travail, qui a eu lieu en septembre 2020 à Tänikon. Pour plus de détails, vous pourrez consulter le journal du colloque (disponible en ligne). Le projet a été animé par Winfried Fechner et Norbert Uebe de l’université Martin Luther de Halle-Wittenberg, à Halle (Allemagne).

• L’utilisation par les véhicules de transport de voies de passage fixes permet de limiter les contraintes infligées au sol à une faible partie de la surface.

Charge à la roue des robots de récolte Une utilisation optimale des robots de récolte exige des planches configurées à la longueur maximale possible, longueur limitée seulement par la masse que peut emporter le robot. Une analyse du procédé préconise pour ces robots une charge à la roue maximale de 1,5 tonne. Les procédés de récolte traditionnels visaient avant tout à minimiser les temps morts liés aux opérations de transbordement et de tournière. Lorsque, pour les besoins de la récolte, le champ est divisé en planches plus courtes, cet objectif ne peut plus être respecté. Le volume de stockage nécessaire de la récolteuse est déterminé par la largeur de travail, la longueur des planches et le rendement de la récolte. Des calculs ont montré qu’il fallait quatre robots pour remplacer une moissonneuse-batteuse performante.

Conclusion Les coûts de moissonnage sont principalement déterminés par ceux des machines. Dans l’hypothèse d’une période de service annuelle identique, on peut raisonnablement penser que les performances de quatre robots de récolte sont équivalentes à celles d’une moissonneuse-batteuse traditionnelle, avec des coûts comparables. Pour pouvoir travailler efficacement sans infliger des contraintes excessives au sol, il faut que les voies de passage empruntées par les véhicules de évacuant la récolte soient perpendiculaires à la direction de travail des robots.

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Technique Agricole 12 2020


Économie d’entreprise | Management

Tarifs de service hivernal légèrement en baisse Les tarifs de déneigement sont un peu en recul par rapport à ceux de l’année dernière en raison de la baisse des taux d’intérêt et du prix du diesel. Heinz Röthlisberger

Indemnités à demander pour les travaux de déneigement Année 2019 2020/2021 (fourchette)¹ Tracteurs (plaques vertes), avec système hydraulique frontal De 30 à 36 kW (de 41 à 49 ch)

30 CHF/h

29 CHF/h (entre 26 et 34 CHF/h)

De 37 à 44 kW (de 50 à 60 ch)

36 CHF/h

35 CHF/h (entre 31 et 40 CHF/h)

De 45 à 54 kW (de 61 à 73 ch)

38 CHF/h

36 CHF/h (entre 32 et 42 CHF/h)

De 55 à 64 kW (de 74 à 87 ch)

43 CHF/h

41 CHF/h (entre 37 et 47 CHF/h)

De 65 à 74 kW (de 88 à 101 ch)

46 CHF/h

44 CHF/h (entre 40 et 51 CHF/h)

De 75 à 89 kW (de 102 à 121 ch)

51 CHF/h

49 CHF/h (entre 45 et 56 CHF/h)

De 90 à 104 kW (de 122 à 142 ch)

61 CHF/h

59 CHF/h (entre 54 et 68 CHF/h)

De 105 à 124 kW (de 143 à 169 ch)

69 CHF/h

69 CHF/h (jusqu’à 76 CHF/h )

De 125 à 149 kW (de 171 à 203 ch)

81 CHF/h

81 CHF/h (jusqu’à 89 CHF/h)

Filtres à particules en post-équipement

5 CHF/h

Les tarifs d’utilisation de saleuses ont également baissé par rapport à l’année passée. Photo : ldd

Chaînes à neige (aussi valable pour les pneus à clous) Paire de pneus avant 280-440 R 24

19 CHF/h

19 CHF/h (15 CHF/h)²

Paire de pneus arrière 420-540 R 34

22 CHF/h

22 CHF/h (18 CHF/h)²

Lame à neige pour tracteur Jusqu’à 59 kW (80 ch)

20 CHF/h

19 CHF/h (entre 17 et 23 CHF/h)

De 60 à 88 kW (de 80 à 120 ch)

28 CHF/h

26 CHF/h (entre 23 et 31 CHF/h)

À partir de 89 kW (dès 120 ch)

32 CHF/h

30 CHF/h (entre 26 et 36 CHF/h)

De 41 à 80 kW (de 56 à 109 ch)

40 CHF/h

40 CHF/h (entre 35 et 47 CHF/h)

À partir de 80 kW (dès 109 ch)

48 CHF/h

48 CHF/h (entre 41 et 59 CHF/h)

Fraise à neige pour tracteur³

Saleuse Saleuse centrifuge, attelage trois-points, 600 l

12 CHF/h

11 CHF/h (entre 10 et 14 CHF/h)

Saleuse-sableuse, attelage trois-points, 1400 l Saleuse-saumureuse, attelage trois-points, 1200

28 CHF/h

26 CHF/h (entre 22 et 33 CHF/h) 27 CHF/h (entre 22et 35 CHF/h)

Salaire du conducteur : prix moyen

65 CHF/h

65 CHF/h

Salaire du conducteur : variant de

59 CHF/h

59 CHF/h

…………………………..... à

71 CHF/h

70 CHF/h

Suppléments Travail de soir et de nuit (de 20 à 6 heures) dimanches et les jours fériés (non cumulable)

21 CHF/h

21 CHF/h

Estimation moyenne Travail de nuit et du dimanche compris

79 CHF/h

79 CHF/h

Par rapport à une utilisation annuelle estimée à 100 %, les fluctuations indiquées entre parenthèses vont de 75 % à 125 %. Cela signifie que la valeur indicative peut être réduite ou augmentée en fonction de la rigueur de l’hiver. 2 Par conditions favorables (peu d’abrasion). 3 L’indemnité pour le tracteur doit être augmentée d’au moins 15 % en raison de la consommation de carburant plus élevée. Service de piquet et installation des équipements : de 0 à 5000 francs par hiver selon la région. 1

La baisse, faible, des indemnités de déneigement de l’hiver à venir est notamment due aux taux d’intérêts qui restent bas. Agroscope a dû de ce fait réduire à nouveau les montants pour le calcul des coûts d’investissement de 2 à 1,5 %. Cette baisse s’explique aussi par le prix du diesel qui a fléchi de 13 centimes par litre en comparaison de l’année dernière, passant de 1,78 à 1,65 francs. Les montants indiqués pour le service hivernal sont repris du rapport Coûts-machines 2020/2021 d’Agroscope qui a été pré­ senté dans l’édition de septembre de Technique Agricole. En une année, les indemnités ont décru de un à deux francs. Elles restent inchangées pour les travaux effectués avec des tracteurs d’une puissance d’au moins 143 chevaux, l’utilisation des chaînes à neige et les salaires des conducteurs. La « saleuse-saumoureuse » fait son apparition dans la grille de tarifs. Les charges de réparation et de maintenance ont été majorées pour tenir compte de la corrosion survenue durant les travaux de déneigement. Toutes ces valeurs publiées n’ont pas de valeur juridique. Source : Christian Gazzarin, Agroscope Tänikon, www.maschinenkosten.ch

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Technique Agricole

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Management | Espace juridique

Tracteur contre cheval, ou plutôt conducteur de tracteur contre cavalière : une situation anodine conduit à des poursuites pénales. Les faits reprochés à l’agriculteur : grossière violation du code de la route par mise en danger d’une cavalière. Photo : Heinz Röthlisberger (scène reconstituée)

Une procédure pénale étrange Les rencontres avec des animaux peuvent être inoffensives, mais parfois aussi dangereuses. Qu’une rencontre entre un animal et un tracteur mène à une procédure pénale est cependant plutôt rare. Stephan Stulz*

La procédure judiciaire décrite ci-après pourrait aussi s’intituler «  Case IH  » contre « Ferrari ». « Case IH » est le tracteur auquel est attelée une charrue, qu’un agriculteur au-dessus de tout soupçon a amené sur un chemin de campagne. La « Ferrari » en question est, par allusion au célèbre emblème du constructeur automobile, en réalité un cheval qui, voyant le tracteur s’approcher, est censé s’être cabré avant de prendre la fuite. En dépit des nombreuses contradictions qui émaillent les propos des deux cavalières qui ont déposé plainte à la suite de cet in­ cident, le ministère public de Schaffhouse a mené une procédure pénale accompagnée de force auditions, avant de finale-

* Avocat, Stephan Stulz dispose de sa propre étude. Après un apprentissage de mécanicien en machines agricoles, il a fait des études d’ingénieur en machines, puis de droit. Contact : Étude Stulz, Hahnrainweg 4, case postale, 5400 Baden, (056 203 10 00, office@ stulz-recht.ch).

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Technique Agricole 12 2020

ment y mettre fin après presque une année en laissant l’agriculteur en être pour ses frais. Cette affaire a tout bonnement tourné à la catastrophe pour cet agriculteur ayant encore bon pied mais déjà retraité, dont les autorités en charge des poursuites pénales ont dès le départ fait leur bouc émissaire. Seule son excellente mémoire et une vaste documentation écrite lui a permis d’éviter une condamnation.

Les faits Par une belle journée d’automne, ledit agriculteur quitte sa ferme pour prendre la direction d’un champ au volant de son tracteur auquel est attelée une charrue. Il tourne ensuite pour emprunter un chemin de campagne au croisement duquel se trouve un fourré. Après avoir effectué son virage, l’agriculteur aperçoit deux cavalières, qui viennent dans sa direction et aperçoivent le tracteur déjà de loin. L’agriculteur ralentit son engin. Une cavalière ne dirige son cheval qu’à contrecœur sur le talus, tandis que l’autre lui barre la route

en contraignant l’agriculteur à stopper net. Par la suite, la seconde cavalière s’écarte tout même vers le côté droit avec sa monture en tirant vigoureusement la bride en arrière. Elle fait encore, en tenant les rênes avec une main, un doigt d’honneur à l’agriculteur qui passe devant elle. L’agriculteur s’est souvenu plus tard seulement que ces deux cavalières pouvaient aussi avoir galopé sans autorisation sur de belles prairies et qu’elles s’étaient déjà plaintes auprès du service vétérinaire d’avoir été prétendument attaquées par des chiens agressifs. L’agriculteur considère cet incident comme une impertinente provocation. Il cesse de se casser la tête à ce sujet et va labourer son champ avant de rentrer chez lui.

La (mauvaise) surprise Une semaine plus tard, l’agriculteur reçoit un appel de la police. L’agent lui expose qu’il mène une enquête pénale à son encontre. Les faits reprochés : grossière violation du code de la route par


Espace juridique | Management

mise en danger d’une cavalière en conduisant un tracteur agricole. L’agricul­ teur tombe des nues et croit d’abord à une mauvaise plaisanterie. Mais le po­ licier au bout du fil insiste et notre agri­ culteur est convoqué ensuite par écrit au commissariat pour y être auditionné. Une des cavalières a en effet déposé plainte contre l’agriculteur auprès de la po­ lice en faisant valoir qu’elle aurait, en com­ pagnie d’une amie, mené son cheval sur un chemin de campagne. Le tracteur se serait alors, sans ralentir sa course, dirigé droit sur elle, et sa monture se serait cabrée. Son amie, questionnée sur les faits, a confirmé l’accusation en ajoutant que l’agriculteur avait même intentionnellement omis de ra­ lentir sa course et se serait avancé vers les chevaux. Elle n’aurait jamais (en tant que cavalière expérimentée) vu une telle chose. L’agriculteur aurait conduit beaucoup trop vite en faisant courir de grands risques

à autrui. Elle a fait remarquer à la police que si une dame âgée avait été à sa place, l’agriculteur l’aurait sans doute tuée. Le ministère public prête foi à cette his­ toire et délivre une ordonnance pénale. L’agriculteur accusé se rend dès lors pas­ sible de poursuites en « ayant croisé des cavalières sans respecter une distance suffisante, si bien qu’un cheval a pris peur et s’est cabré ». Coûts : 900 francs.

La procédure pénale L’agriculteur n’envisage cependant pas un seul instant d’abandonner, bien que la procédure pénale puisse, en ce qui le concerne, entraîner un retrait de permis immédiat pendant plusieurs mois. L’agri­ culteur lit avec attention les déclarations de la cavalière, écoute attentivement pendant les auditions, prend des notes et expose en détail tout l’historique. Il s’aperçoit – en les interrogeant avec insis­

Aspects juridiques et recommandations Le présent cas montre la manière dont des situations anodines et quotidiennes peuvent dégénérer et conduire à des pour­ suites pénales. Dans la circulation routière, on doit se comporter de façon à ne pas gêner ou mettre en danger les autres, en conformité avec la loi. Les principes de prise en considération réciproque et de confiance atteignent cependant leurs limites dès que d’autres usagers les violent. Cela explique la fré­ quence des disputes verbales. Il est rare que de telles altercations soient fructueuses et garder la tête froide est préfé­ rable. Si on ne parvient pas à se mettre d’ac­ cord sur place, il faut prévenir la police. Ce qu’on appelle le «  compor­tement après l’acte », c’est-à-dire la manière dont quelqu’un réagit immédiatement après les faits, revêt donc une signification décisive. Le cas évoqué montre de façon exemplaire que c’est facile pour deux personnes de déposer plainte en même temps contre un tiers en racontant la même version, si erro­ née soit-elle. La personne accusée se voit alors contrainte de prouver son innocence, ce qui n’est pas toujours simple. On peut se trouver pris dans un inextricable réseau de justifications. Il est alors essentiel de se présenter de façon crédible et d’argumen­ ter factuellement. Une fois qu’on a perdu sa crédibilité, le combat est sans espoir. Ce qui est apparenté au « comportement après l’acte » et est éminemment important, ce sont les premières déclarations faites aux administrations chargées des poursuites pénales, généralement la police. Au moment

de la première audition, la personne accusée ignore tout de la plainte déposée, des indices existants et des dépositions faites. Elle ne sait de ce fait que de façon approximative ce qui lui est reproché. Il arrive que la personne accusée s’embrouille dans ses propres déclarations, voire témoigne inutilement à sa charge. Elle peut aussi, en croyant bien faire, attirer l’attention des administrations chargées des poursuites pénales par des déclarations qui finissent par se retourner contre elle, souvent par mécon­ naissance de la pratique des lois. C’est un fait aujourd’hui de plus en plus avéré en Suisse que toute personne accusée a davantage de chances si elle use de son droit de refuser de déposer. Cela vaut notamment dans les cas de droit pénal mineurs dans lesquels il ne faut pas s’attendre à des me­ sures de contrainte (c’est-à-dire une déten­ tion préventive). L’accusé aura le plus sou­ vent, après sa première audition, le droit de consulter les éléments portés au dossier. Il pourra alors réfléchir en toute quiétude à la pertinence des arguments avancés. Il est rare qu’un représentant légal interve­ nant plus tard dans l’affaire puisse obtenir que des déclarations versées au dossier ou des comportements adoptés soient consi­ dérés comme non advenus. Dans une procédure pénale, les positions pertinentes sont généralement définies d’emblée. Les personnalités impliquées jouent toujours un rôle important et sont donc appelées simultanément sur plusieurs fronts. Stephan Stulz

tance – que les deux cavalières qui sont de bonnes amies ne cessent de s’empê­ trer dans des contradictions et que leurs déclarations ne concordent pas sur des points importants.

La mise en évidence des contradictions Le ministère public est étonné qu’en dépit de son âge avancé, l’agriculteur accusé fasse des déclarations de plusieurs mi­ nutes avant même que des questions lui soient posées sur les faits, et fait ressortir précisément les contradictions. À savoir que son tracteur se serait renversé s’il avait roulé à la vitesse prétendue ou que la cavalière, en dépit de la soi-disant grande frayeur éprouvée, avait encore eu le temps de lui faire un doigt d’honneur. Le fourré serait en outre en retrait vers l’arrière, ce qui ne gênerait en rien la vue. Le fait que les deux cavalières ellesmêmes ne respectaient pas le code de la route n’avait pas été évoqué. Celui-ci im­ pose en effet que des cavalières ou ca­ valiers se mettent en file indienne lorsque d’autres usagers de la route viennent à leur encontre.

Un succès (partiel) Le soulagement est finalement venu une bonne année plus tard : clôture de la procé­ dure. Mais l’affaire n’était pas terminée pour autant, car le ministère public a tout de même refusé de prendre en charge les coûts de la défense, bien que le Code de procédure pénale suisse prévoie dans son article 429 qu’un accusé et son avocat ont droit à une indemnisation de l’État en cas d’abandon de poursuites. À cela s’ajoute le fait qu’il ne s’agit pas uni­ quement d’une question de principe. En effet, la procédure aurait touché économi­ quement l’agriculteur encore actif en cas de retrait de permis de conduire. En outre, les procédures pénales représentent sou­ vent une lourde charge pour les personnes accusées. Le ministère public a fait valoir qu’en dé­ pit de la ténacité dont il a fait preuve tout au long de l’affaire, le recours à un avocat n’aurait pas été nécessaire. Les faits re­ prochés n’auraient pas beaucoup pesé, le cas ne serait pas complexe et n’aurait de toute façon pas d’effets sur la situation professionnelle de l’agriculteur. Une nouvelle plainte est dès lors néces­ saire, laquelle est toujours pendante au tribunal. Ladite cavalière a tout de même été condamnée à une amende pour injure (doigt d’honneur). 12

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Technique Agricole

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Impression | Rapport d’expérience

Le robot agricole « Agbot » de la société néerlandaise « AgXeed » est ici en fonctionnement avec une machine à bêcher et un contrepoids sur le relevage avant. Photos : M. Nijenhius

Aspects sécuritaires La sécurité des véhicules fonctionnant de manière autonome est un point essentiel, même s’ils opèrent sur des parcelles bien délimitées. Divers composants étant intégrés dans l’« Agbot », il est possible d’intervenir dans son fonctionnement par un contrôle à distance. Il y a aussi l’arrêt d’urgence obligatoire. En mode autonome ou presque, des caméras ainsi que des capteurs à ultrasons et lidar détectent les obstacles éventuels puis arrêtent le véhicule. Si tel est le cas, le « conducteur » reçoit un message sur son smartphone. Une caméra fournit une image en temps réel afin que l’environnement immédiat puisse être visionné à distance puis, le cas échéant, que l’opérateur puisse donner l’ordre au véhicule de poursuivre son travail ou, sinon, que le robot agisse par lui-même.

Essai du robot agricole « Agbot » La start-up néerlandaise « AgXeed » a développé un robot agricole qu’elle a récemment présenté lors d’un essai pratique, en association avec une bêcheuse de la société Imants. Une machine que les exploitants de cultures spéciales, en particulier, attendent depuis longtemps. René Koerhuis* Peu de temps après la première officielle du robot, la start-up néerlandaise « Ag­ Xeed » a invité les médias à assister à une démonstration du modèle « Agbot », d’une puissance de 150 chevaux, associé à une bêcheuse électrique (intégrant une sous-soleuse) Imants de type « 38WX ». Le robot est doté d’un moteur Deutz à 4 cylindres à refroidissement à eau, monté en position centrale sous un capot. Voilà pour l’aspect conventionnel de ce robot de 6 tonnes, qui possède une transmission électrique avec un train de roulement à chenilles interchangeables ainsi qu’une prise de force électrique de 136 chevaux.

*René Koerhuis est un journaliste hollandais indépendant (Q-rious Marketing & Communication).

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Technique Agricole 12 2020

Machine adaptée Le robot est équipé d’une connexion Isobus certifiée AEF pour l’alimentation électrique des machines. En collaboration avec Imants, la bêcheuse a été modifiée pour permettre cet entraînement élec-

Dessin du robot avec un aperçu de l’essieu et du timon de transport. Photo : AgXeed


Rapport d’expérience | Impression

Vue sur le train de roulement à chenilles du robot, qui peut soulever cette bêcheuse modifiée avec son relevage trois-points.

trique. La prise de force et la transmission correspondante ne sont donc plus nécessaires. En lieu et place, un grand moteur électrique refroidi par liquide entraîne les arbres de la bêcheuse. Celle-ci est donc « silencieuse » lorsque les moteurs respectifs du robot et de la rotobêche fonctionnent simultané­ment.

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Une planification nécessaire L’« Agbot » est capable de trouver son chemin sur une parcelle par lui-même, mais il ne fonctionne pas encore de manière totalement autonome, et ce bien qu’il soit équipé de capteurs, d’un GPS, et prochainement d’un système de reconnaissance optique des rangées, entre autres. Le routage (limites de parcelles, ligne AB) d’une parcelle à travailler doit tout d’abord être saisi sur une plate-forme électronique, opération qui se fait directement sur le terrain. Lorsqu’on utilise l’« Agbot », cette plateforme en ligne est un élément essentiel. Une fois que les données de base d’un champ ont été saisies, un ordre est créé pour celui-ci. Les paramètres tels que la largeur et la profondeur de travail, les chevauchements ou la vitesse souhaités de la bêcheuse doivent être donnés au robot ; pour d’autres machines, cela pourrait être, par exemple, des dosages ou d’autres paramètres encore. La machine à bêcher est équipée d’une petite unité de contrôle pouvant traiter ces paramétrages Isobus de manière standardisée. La transmission de l’ordre au robot se fait via le WLAN ou le réseau mobile (3G, 4G).

Utilisation flexible L’accouplement de la machine au robot et la mise en route de ce dernier (réglage des chenilles selon la largeur des voies) sont encore effectuées manuellement. L’ « Agbot » peut être équipé de chenilles d’une largeur de 300, 400, 620, 760 ou 910 millimètres. La largeur des voies est réglable mécaniquement de 2,25 à 3,20 mètres. À l’avant, le relevage doit pouvoir soulever 3 tonnes, à l’arrière jusqu’à 8 tonnes.

Une solution de transport ingénieuse Les ingénieurs ont mis au point une solution de transport ingénieuse. Un essieu à deux roues et un timon sont reliés au robot par deux tubes centraux transversaux. Cela permet de tracter le robot quasiment comme une remorque avec un tracteur conventionnel. Dans l’année qui vient, dix de ces robots seront testés sur des exploitations agricoles sélectionnées dans toute l’Europe. La société « AgXeed » espère que son « Agbot » sera prêt à être produit en série d’ici 2022. Son prix approximatif devrait avoisiner les 250 000 euros. Ce robot sera disponible avec plusieurs motorisations de 75, 150 ou 210 chevaux. 12

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Technique Agricole

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Impression | Rapport de test

Le chargeur télescopique « MLA-T 533-145V+ » pèse 8,5 tonnes à vide, ce qui l’autorise à hisser des charges de 3 tonnes à 5 mètres de hauteur. Photos : Martin Abderhalden

Un grand Manitou nouveau-né Manitou propose une intéressante palette de chargeurs articulés, avec sa gamme « MLA » et « MLA-T ». Technique Agricole a pu essayer le modèle « MLA-T 533 », le nouveau vaisseau amiral de ce type d’engins. Martin Abderhalden*

De loin, le Manitou « MLA-T 533-145V+ », que l’importateur Agrar Landtechnik a mis à notre disposition pour un essai, apparaît compact et bien dessiné, bien qu’il affiche des dimensions appréciables. L’avant plutôt élancé, avec le bras, est contrebalancé par un arrière plus massif. Sous le capot ronronne un Deutz 4-cylindres de 4,1 litres, avec intercooler. Il est conforme à la phase 5  : les gaz passent par un catalyseur à oxydation diesel (DOC), un filtre à particules (FAP) et un traitement par réduction catalytique sélective (RCS). La régénération est gérée automatiquement. Le moteur n’a pas besoin de grimper dans les tours. Il *Martin Abderhalden est agriculteur et teste régulièrement des machines et des engins pour Technique Agricole.

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délivre son couple maximal à 1600 tr/min et sa puissance nominale maximale de 143 chevaux à 2200 tr/min.

tentiomètre permet de sélectionner la vite­ sse maximale. Utile pour éviter les coups d’accélération tout en gardant des mouvements fluides et efficaces.

Robuste châssis Les essieux « Spicer », fournis par Dana, la transmission « M-Vario Plus » et les différents modes de conduite autorisent un pilotage dynamique. En mode « route », un seul moteur hydraulique fait avancer la machine jusqu’à 40 km/h. Pour les allures de travail, plus lentes, deux moteurs hydrauliques entrent en jeu pour fournir une poussée plus élevée. Enfin, en mode économique, la transmission s’autorégule et maintient le régime moteur le plus bas possible. On l’a essayé pour empiler des balles rondes : à environ 1000 tr/min, presque au ralenti, le véhicule travaille rapide­ment. Une commande de type po-

Bonne vue tous azimuts Notre machine d’essai, version « Elite », possédait l’équipement le plus complet proposé. Aux deux entrées latérales de la

Bref descriptif + Stabilité élevée + Poste de conduite silencieux + Performances hydraulique et de levage _ Pas de caméra de recul (en option) _ Pas de fenêtres latérales ouvrantes ou coulissantes _ Accès réduit par les garde-boues


Rapport de test | Impression

Le Manitou « MLA-T 533-145 V+ » en chiffres

L’articulation est du genre solide-massif. Les points de graissage protégés sont aisément accessibles.

cabine, la présence du garde-boue arrière gêne un peu la liberté de mouvement, et les marche-pieds espacés rendent l’« ascension  » assez sportive. Le siège est à amortisseur pneumatique, les accoudoirs sont réglables en hauteur et longitudinalement. La vue vers l’arrière, par dessus le coffre volumineux, est assez dégagée : merci le capot incliné ! Les rétros latéraux et arrière réglables permettent de travailler en sécurité, mais une caméra de recul ne serait pas de trop. Elle est en option. Ergonomique, le joystick multifonctions « tombe sous la main ». Toutes les commandes, sauf le frein de stationnement, sont à droite. Sur le tableau de bord, un modeste écran affiche les informations sur la marche de la machine.

Stable et maniable Avec sa tare de quelque 8,5 tonnes, pelle incluse, ce chargeur chaussé de pneus 460 n’est pas un poids plume. Pour cir­ culer sur des prairies, il lui faudrait des pneus plus larges. Son essieu arrière oscille de 9,5°, ce qui lui assure une bonne tenue en tous terrains. Les freins multidisques humides sont bien à l’abri, logés dans les essieux. À l’avant, le différentiel autobloquant permet de se tirer de situations difficiles. La manœuvrabilité de ce véhicule de construction plutôt massive est parfaite, assurée par la solide articulation centrale s’ouvrant à 44°. On a testé l’équilibre de l’engin en empilant des balles de silo d’une tonne, bras complètement déployé à 5,2 mètres et direction en butée. Il a fallu solidement lester de gravier la grande pelle, mais l’engin assure.

Tous les éléments de commande des fonctions hydrauliques et de pilotage de l’avancement sont rassemblés sur l’accoudoir réglable et sur la console latérale, à droite du siège.

Hydraulique généreuse L’hydraulique est costaud. Débitant 158 l/min, la pompe principale alimente gé­néreusement le système à détection de charge («  load sensing  », LS). Une pompe secondaire fait rouler le chargeur. En plus des « gaz à main », du stabilisateur et des commutateurs, l’accoudoir accueille trois fonctions automatiques. La « Quick Lift » coordonne les mouvements d’extension et verticaux pour maintenir l’outil à la verticale. Le « Bucket Shaker » permet de vider rapidement la pelle et la secoue pour en faire tomber le contenu lorsqu’elle est complètement basculée. La fonction « Return to load » enregistre une position de l’outil, permettant par exemple de ramener le godet en position de chargement automatiquement en poussant le joystick à fond. Une option supplémentaire sert à abaisser le bras indépendamment du régime du moteur en mettant à profit la gravité, ce qui permet d’accélérer le mouvement et d’économiser du carburant. Le débit des deux dis­tributeurs auxiliaires est réglable ; de même, le dispositif d’avertissement et d’arrêt en cas de surcharge peut être calibré par l’opérateur.

Moteur : Deutz TCD 4,1 l, 4-cylindres turboL avec refroidissement des gaz d’admission, étape 5 (DOC, FAP, SCR), 105 kW/143 ch à 2200 tr/min Transmission : à variation continue « M-Vario Plus », 0-40 km/h Hydraulique : Pompe à plateau inclinable, débit 158 l/min sous 270 bar Pneus, empattement : Alliance 460/70R24, 250 cm Hauteur de levage : 520 cm Force de levage (bras rentré/déployé) : 3300 kg/1850 kg (porte-fourche standard) Poids à vide/total : 8550 kg/10 500 kg Dimensions (L×l×h) : 572 cm/229 cm/270 cm Charge utile/remorquable : 1950 kg/20 000 kg (avec frein 2 conduites) Prix : Fr. 135 000.– (TVA incluse) Données du constructeur

sa direction articulée, elle offre une excellente stabilité, qu’elle doit en partie à ses 8,5 tonnes de poids à vide, une masse qui n’obère pas la maniabilité de l’engin. Le puissant système hydraulique permet un travail rapide et précis. Les performances du moteur sont à la hauteur. La cabine aux commandes ergonomiques offre une bonne visibilité panoramique. Lors de notre essai, le chargeur nous a servi à manipuler divers matériaux. Seul le remplissage à ras bord du godet avec du gravier a poussé la machine dans ses retranchements. Son bras télescopique la rend polyvalente. La vue est dégagée de tous les côtés. Certes, il faut débourser 135 000 francs, mais on obtient un engin de pointe, capable de fournir un travail intensif, sans rechigner.

Conclusion Le chargeur articulé Manitou « MLA-T 533145 V+ » est une machine puissante pour les travaux lourds. Malgré

La vue vers l’avant est un peu gênée par le bras ; par contre tous les côtés sont bien dégagés.

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En savoir plus | Pratique

Petit ou grand ? Robot ou tracteur ? Dans un avenir peut-être pas si lointain, ces questions vont immanquablement se poser dans un certain nombre d’exploitations agricoles suisses. Photo : ldd

Temps morts et temps d’attente des robots agricoles L’utilisation des robots agricoles doit être bien planifiée et organisée si l’on veut obtenir le rendement supérieur espéré par rapport au tracteur. Dans le cas contraire, il en résulte des temps morts improductifs, tant pour le robot que pour son opérateur et surveillant. Ruedi Hunger

Dans l’industrie, les systèmes robotisés sont depuis longtemps la norme. Dans les cultures en revanche, les robots autonomes sont encore discrets. Pourtant, leurs avantages sautent aux yeux : ils travaillent jour et nuit, que le soleil luise ou que le ciel soit couvert. Les robots ne se fatiguent pas et les gestes simples et monotones ne les découragent pas. Ils sont conçus pour soulager les humains lorsque ceux-ci atteignent leurs limites d’endurance et de fiabilité, raison pour laquelle la robotique marque déjà de ses toutes premières empreintes l’agriculture suisse. 40

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Ces « travailleurs autonomes » y prennent pied lentement mais sûrement, surtout dans le domaine des cultures spéciales comme le maraîchage et en agriculture biologique.

Bons espoirs en plein champ Les robots ont fait leurs premiers pas en agriculture presque en même temps qu’en économie domestique, sans toutefois offrir à leurs utilisateurs du secteur primaire la même satisfaction qu’aux personnes chargées du ménage. Dans l’idée où ils remplacent les interventions hu-

maines pour les travaux monotones et physiquement exigeants, les robots agricoles sont pour l’instant « recommandés » surtout pour la régulation des adventices, qu’il s’agisse de désherbage mécanique ou de traitement chimique ciblé. Il peuvent être accouplés à un tracteur ou se présenter comme des véhicules autonomes plus sophistiqués. Jusqu’ici, les recherches en robotique se sont concentrées sur le guidage en ligne, mais de plus en plus de projets s’orientent vers la navigation autonomatique, l’algorithmique et les logiciels de reconnaissance d’images.


Pratique | En savoir plus

Les experts estiment qu’à partir de 2025 environ, les véhicules autonomes ou semi-autonomes ainsi que les machines complètement interconnectées façonneront de plus en plus les travaux agricoles. Ils vont plus loin : plusieurs unités flexibles et combinables seront utilisées au lieu d’une seule machine. Un tel « essaim » se compose de plusieurs unités automatisées et automotrices, selon la description qu’en donne Thomas Herlitzius, professeur à l’Université technique de Dresde, en Allemagne.

Bien penser l’utilisation Les robots agricoles sont efficaces lorsqu’ils peuvent travailler sans s’interrompre. En dehors des arrêts dus à la météo, ils interviennent de manière optimale lorsqu’ils peuvent accomplir leurs tâches sans attentes ni temps morts. C’est d’autant plus impératif que, pour une même opération, leurs largeurs de travail sont plus modestes que celles des outils pour tracteurs. Dans le contexte technique et de circulation actuel, laisser les robots se déplacer de manière autonome sur la voie publique pour aller d’un champ à l’autre est encore interdit. Ces appareils doivent donc être accouplés au trois-points d’un tracteur ou chargés sur un véhicule pour passer d’une parcelle à une autre. Ces transferts sont d’autant plus gourmands en main d’œuvre que les champs ne sont pas regroupés et que leurs surfaces ne dépassent pas un ou deux hectares.

largeur des champs, distance entre parcelles, éloignement de la ferme. Pour leur étude, les chercheurs ont choisi un rapport longueur/largeur de champs de 4:1. • Premier constat Les résultats de la simulation montrent que si plusieurs petits robots nécessitant un opérateur pour changer de parcelle, doivent remplacer une machine plus puissante mais tractée, alors le processus de transfert doit être rapide. Dans le cas contraire, le temps nécessaire à la fois pour l’opérateur et pour le robot est sensiblement plus élevé que celui requis par la variante traditionnelle avec un tracteur. C’est particulièrement manifeste sur les petites surfaces et pour des débits de chantier élevés (notamment le fauchage). • Deuxième constat Le temps de travail potentiel après le départ de l’opérateur est d’autant mieux exploité que le rendement surfacique est faible, la parcelle de grande taille, et qu’un seul robot y travaille. • Troisième constat Si plusieurs robots travaillent sur la même parcelle, le véhicule de transport doit être conçu de sorte qu’ils puissent, autant que possible, le quitter en même temps, sinon les temps d’attente réduisent le rendement des robots. Si plusieurs d’entre eux sont engagés simultanément mais sur des

surfaces différentes, le temps de déplacement, de préparation et de suivi de l’opérateur augmente. Le nombre de robots qu’une personne peut gérer est d’autant plus élevé que la surface des parcelles est importante et que le rendement surfacique est bas, comme dans le cas du binage par exemple. • Dernier constat C’est une fois la journée de travail de l’opérateur terminée (ou celle du conducteur de la variante mécanisée!) que les robots agricoles révèlent particulièrement leur avantage car ils poursuivent le travail jusqu’à ce que le champ soit terminé. Cet effet est, encore une fois, bien marqué sur les grandes parcelles et pour des travaux à faible rendement surfacique.

Conclusion La robotique s’invite dans l’actualité de certaines exploitations. Mais pour qu’ils ne déçoivent pas, il faut bien penser leur usage et ne pas en attendre des miracles. Trop de temps morts peuvent réduire à néant les avantages des robots, et rendre plus intéressantes les performances de la variante mécanisée traditionnelle, avec un « bon vieux » tracteur. L’étude exhaustive est publiée dans le compte-rendu du 22e colloque sur la science du travail d’Agroscope qui s’est tenu les 8 et 9 septembre 2020 à Tänikon (TG).

Temps morts passés à la loupe Des collaborateurs du Centre de formation et de recherche Francisco Josephinum de Wieselburg (A) se sont penchés sur la question des temps morts et d’attente liés aux processus d’utilisation des robots agricoles. Ils ont simulé le fonctionnement de plusieurs robots utilisés simultanément pendant une journée. Ils ont ensuite analysé de manière plus approfondie la charge de travail et les temps d’attente consécutifs aux transferts d’une parcelle à l’autre, ceci tant pour les robots que pour leurs opérateurs. Les scientifiques ont également passé à la loupe la période pendant laquelle les robots travaillent de manière autonome, une fois l’opérateur parti, sa journée terminée.

Résultats Tout comme dans le cas d’une mécanisation classique, les temps improductifs d’un robot agricole sont déterminés par la structure foncière: rapport longueur/

Les robots fascinent petits et grands. Beaucoup pensent qu’y recourir dans l’agriculture deviendra une évidence. Photo : Ruedi Hunger

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Au Coating Competence Center de l’Empa, les chercheurs utilisent des imprimantes de pointe capables de déposer les particules dissoutes dans l’encre sur les supports choisis. Photo : Empa

Circuits électroniques sortis de l’imprimante Des chercheurs de l’Empa travaillent à l’impression de composants électroniques. Nous assisterons à une vraie révolution le jour où il sera possible d’imprimer des circuits sur du papier. Ruedi Hunger

Depuis la fin des années 1980, le Laboratoire fédéral d’essais des matériaux et de recherche, abrégé « Empa », s’est toujours plus orienté vers la recherche interdisciplinaire. Outre cette tendance, on remarque aussi que ses trois sites de Dübendorf, Saint-Gall et Thoune ont fourni davantage de travaux de qualité. Imprimer des composants électroniques sur un support choisi n’est aujourd’hui plus une utopie. L’électronique imprimée, dont l’expression est formée à partir du terme anglais Printed Electronics, est une technologie émergeante qui permet de 42

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réaliser des circuits électroniques sur des supports divers. Ceci bien entendu en utilisant des encres et des imprimantes spéciales. Pour les profanes, la fabrication de l’électronique est un sujet complexe rendu possible par un équipement coûteux. Grâce à ce nouveau procédé, elle devrait devenir beaucoup plus simple. On peut imaginer de mettre des identifications par radiofréquence1 sur des emballages de produits. Il pourrait par exemple s’agir de capteurs posés sur les briques de lait et sur des emballages de surgelés qui in-

diquent quand le produit n’est plus consommable ou si la chaîne du froid a été rompue.

Comment est-ce possible ? Le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche qualifie ce procédé de nouvelle révolution. Le but du projet est de parvenir à imprimer des transistors à couche mince2 sur des films de papier et de PET. L’impression est adaptée à une utilisation industrielle. Elle se fait avec une encre dans laquelle sont dissoutes de minuscules particules d’oxydes métalliques.


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Cette encre est déposée sur la surfa­ce de l’objet en utilisant différentes techniques comme l’impression par contact ou même à jet d’encre. Avant de parvenir à imprimer un circuit électronique de manière fiable sur des surfaces flexibles, certains défis doivent prochainement être relevés : • Supports d’impression Souvent les supports d’impression, comme le papier ou les films synthétiques, sont souples et ne présentent pas de surface lisse comme celle des disques de silicium utilisés traditionnellement pour la fabrication de composants électroniques. Ceci rend très difficile l’atteinte de la précision nécessaire à la fabrication d’un circuit électronique. Pour cette raison, les constituants de l’électronique imprimée sont actuellement environ 1000 fois plus grands que les composants de microélectroniques usuels (ces derniers ont des tailles de l’ordre du micromètre). • Qualités requises des matériaux La création d’encres pouvant contenir les matériaux conducteurs, semi-conducteurs

et isolants nécessaires à la construction de circuits électroniques constitue un autre défi. Cette technologie est nécessaire afin de pouvoir maintenir constantes les qualités du support choisi après l’impression du circuit électronique. Une encre se compose de petites particules de matériaux fonctionnels et de solvants. Ces derniers doivent en outre s’évaporer d’eux-mêmes après leur application. Les couches imprimées doivent enfin être suffisamment stables pour garder leur conductivité, même si le matériel servant de support est plié ou tordu. Pour Jakob Heier, chercheur à l’Empa, quand ce défi sera relevé, l’impression de circuits électroniques sur du plastique ou du papier sera presque possible. Ceci évitera au moins le traitement des circuits à des températures élevées.

Encre scintillante La situation est différente pour les encres contenant des nanoparticules d’oxydes métalliques. Un procédé de frittage est nécessaire dans ce cas. Un traitement thermique de la couche imprimée est re-

quis pour que les particules dissoutes dans l’encre fusionnent afin d’obtenir une couche fonctionnelle. Comme le papier et le plastiques sont très sensibles à la température, les chercheurs travaillent sur la méthode de frittage flash, ou flash sintering en anglais. La couche imprimée est chauffée par des éclairs ultra-­courts. L’opération est si rapide que le matériel servant de support n’est pas chauffé. La technologie d’impression développée par le Coating Competence Center de l’Empa se base sur des outils déjà utilisés dans l’industrie. Cela permettra un transfert rapide des avancées scientifiques vers la production industrielle de nouveaux composants électroniques imprimés. ¹) L’identification par radiofréquence, ou RFID, acronyme du terme anglais radio frequency identification, désigne une technologie utilisant un système d’émetteur-récepteur permettant de reconnaître immédiatement et sans contact des objets au moyen d’ondes radio. ²) Un transistor à couche mince est un transistor à effet de champ à grille isolée. Source : Empa, Newsletter, Karin Weinmann

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Les jumeaux digitaux sont une nouvelle solution pour des échanges de données dans l’agriculture. Photo : JD

Les jumeaux digitaux En agriculture, les jumeaux ne sont pas chose très exceptionnelle. Mais lorsqu’il s’agit de « jumeaux digitaux », ils provoquent des foncements de sourcils et soulèvent bien des interrogations. Pourquoi parle-t-on maintenant de jumeaux digitaux alors que la toute simple numérisation occupe déjà passablement les esprits ? Ruedi Hunger

La science, un peu à son habitude (restons prudents !), nous présente les jumeaux digitaux comme la solution pour étendre les échanges de données et simplifier les procédés et procédures numériques. En agriculture, ces échanges constituent encore un défi. Les jumeaux digitaux ont été créés pour apporter une solution à cet obstacle. C’est un concept fondamentalement nouveau.

Que sont les jumeaux digitaux ? Selon la définition de l’Institut Fraunhofer d’ingénierie des systèmes et programmes informatiques (IESE) de Kaiserslautern (D), les jumeaux digitaux sont des répliques du monde réel, de type physique ou non 44

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physique. Cela signifie que les machines ou les installations complètes de production peuvent être représentées par un jumeau virtuel et que les procédés et les services peuvent aussi l’être. Comme des différences plus ou moins importantes apparaissent en fonction de l’environnement concret et selon le secteur, il n’existe aucune définition universelle des jumeaux digitaux. L’échange bidirectionnel de données entre le monde réel et la représentation virtuelle est une de leurs caractéristiques (voir encadré de la page suivante). Exemple : si l’objet réel subit une modification, cette dernière doit être reportée sur le jumeau digital. Les jumeaux digi-

taux sont utilisés depuis longtemps dans le secteur de la production industrielle. Ils sont un des constituants de l’industrie 4.0. Pour les chercheurs, il est intéressant de récupérer le concept établi des jumeaux digitaux utilisé dans l’industrie et de le transposer dans la production agricole. Même si les processus opérationnels et de travail ne sont pas identiques à cent pour cent, il peut être intéressant d’évaluer le potentiel de ce concept dans l’univers agricole. Dans le projet « Cognitive Agriculture » (abrégé Cognac)*, l’institut allemand Fraunhofer étudie si les jumeaux digitaux peuvent répondre aux mêmes attentes en agriculture que dans l’industrie 4.0.


Recherche | En savoir plus

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Son double digital

L’acquisition de données et leur exploitation dans un système d’information de gestion agricole (FMIS sur ce schéma). Schéma : Institut Fraunhofer

Parcelles jumelles digitales Sur une parcelle agricole, on pourrait imaginer le scénario d’utilisation d’un ju­ meau digital qui fusionne toutes les sources d’informations du champ réel. Ces informations sont collectées par les machines, en lien avec les processus de travail, tirées de logiciels, saisies en direct par des capteurs et ont bien d’autres ori­ gines encore. Ces données enregistrées dans le jumeau digital peuvent être utili­ sées tant par les agriculteurs que par des personnes externes. Le jumeau digital peut les utiliser pour créer un historique de la parcelle et créer une plateforme of­ frant un accès aux données actuelles de capteurs (images satellites, données mé­ téo, etc.). Dans ce scénario, la « parcelle jumelle  » peut être vue comme une plaque tournante présentant les informa­ tions liées à la parcelle. Ces informations sont ensuite accessibles par les acteurs et personnes choisies. Par exemple, un sys­ tème d’information de gestion agricole (FMIS, acronyme de farm management information system) pourrait compléter les données propres à la parcelle et accé­ der aux données de la parcelle jumelle.

Un blocage de cet accès est naturelle­ ment possible. Concrètement, un jumeau digital se com­ pose des principaux éléments suivants : • Représentation digitale claire. Le ju­ meau digital décrit une parcelle définie avec toutes les informations néces­ saires aux processus agricoles ou en aval. • Fusion de plusieurs sources de don­ nées. Les états historiques (données) stockés dans la mémoire numérique sont actualisés avec les dernières don­ nées saisies par les capteurs. • Accès centralisé grâce à une plate­ forme de données. Afin de permettre

Contenus des parcelles jumelles numériques ORGANISATION − Identité originelle − Identité du possesseur de la souve­ raineté des données − Directives d’utilisation des donnés SERVICES − Consultation et enregistrement des données − Demande de collecte de données

Les parcelles jumelles peuvent remplir différentes fonctions cognitives. Photo : Bosch

DONNÉES − Structure du domaine − Données géographiques − Données relatives au sol − Voies de circulation et lignes de plantes (d’un champ) − Végétaux − Capteurs

un échange étendu de données, la par­ celle jumelle digitale peut proposer une plateforme de données. • Interopérabilité entre les systèmes. La disponibilité étendue des jumeaux digi­ taux dans un écosystème numérique est un élément central pour l’interopé­ rabilité entre les systèmes. • Évolutivité. La gestion des données et les interfaces des jumeaux digitaux sont souples et évolutives. • Composition. Les jumeaux digitaux peuvent être constitués de plusieurs ju­ meaux digitaux. Il est ainsi possible de les fusionner pour former des plus grandes surfaces cultivées. • Souveraineté des données. Un cadre de sécurité (ou security framework) peut être intégré aux jumeaux digi­ taux. Il est ainsi possible de définir dif­ férents niveaux de protection des don­ nées et d’accorder une souveraineté des données au propriétaire ou à diffé­ rents utilisateurs autorisés.

Cas concrets Le point central pour l’utilisation en agri­ culture des jumeaux digitaux et des parcelles jumelles en particulier se situe bien au-delà de la simple sauvegarde de données. Un échantillon de possibilités spécifiques au milieu agricole sont décrites ci-dessous : • Grâce à la désolidarisation du stockage des données et des différents systèmes, les données d’une parcelle se retrouvent sur un composant central et univoque. Elles ne sont plus fragmentées entre plusieurs sys­ tèmes, mais regroupées en un seul lieu. • Grâce à des interfaces ouvertes et géné­ riques, les parcelles jumelles peuvent être utilisées par des logiciels populaires. Elles 12

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« Quand seras-tu bon à moissonner ? » « De combien d’engrais l’endroit où je me trouve a-t-il précisément besoin ? »

« Quel a été ton rendement en blé des quatre dernières campagnes ? »

010X X01X X X1X

Jumeau digital

« Où se trouvent les limites de la parcelle et les traces de passage ? »

« Montre-moi tes valeurs hygrométriques présentes et enregistre-les ! »

Les différentes fonctions cognitives d’une parcelle jumelle digitale. Schéma : Institut Fraunhofer

peuvent par exemple avoir accès aux technologies de capteurs déjà présentes sur l’exploitation. Il est aussi possible de récupérer ces données sur une autre inter­face sans devoir commander ou gé­ rer des capteurs. Cette indépendance permet aussi l’échange de données re­ cueillies par les différents types de cap­ teurs ou de machines, sans avoir à inter­ venir sur leurs logiciels individuels. • Les conseillers en production végétale peuvent accéder aux données actuelles

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des capteurs. Il est aussi possible de consulter l’historique des applications ou les données des récoltes. Leurs recom­ mandations sont ainsi basées sur des données concrètes fiables. • Les agricultrices et agriculteurs peuvent planifier leurs processus de travail plus simplement et plus précisément.

Conclusion Outre la mise à disposition de données par les jumeaux digitaux comme les parcelles

jumelles, la fonction cognitive apporte un énorme potentiel de simplification du proces­sus agricole. Un soutien numérique précis est aussi possible. En regard avec l’industrie 4.0, les jumeaux digitaux peu­ vent apporter une contribution notable à la numérisation de l’agriculture. * L’institut allemand Fraunhofer est spécialisé dans la recherche en sciences appliquées. Le lecteur trouvera davantage d’informations sur son projet « Cognitive Agriculture » sur le site internet www.cognitive-agriculture.de (en all. et en angl.).


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Plate-forme | Reportage

Depuis le début des années 1960, le groupe chargé de l’entretien des accotements et des aires de verdure d’autoroute à Berne utilise des machines Rapid. Photos : Dominik Senn

Le long des autoroutes avec Rapid et Cie Des machines Rapid sont utilisées depuis les années 1960 pour l’entretien des surfaces vertes le long des autoroutes de la région de Berne. S’y ajoute un tracteur Antonio Carraro « TTR 4400 », que nous avons vu en action sur l’aire de repos du Grauholz. Dominik Senn L’unité territoriale 1 (Berne) du réseau des routes nationales comprend quelque 240 kilomètres d’autoroutes. Quatre groupes assu­rent l’entretien des espaces verts, les inter­ventions lors d’accidents, le nettoyage et le drainage. Les 120 salariés sont répartis entre les centres de Berne, Spiez, et Lyss ainsi que les points d’appui de Loveresse et Interlaken. Ces hommes sont employés par l’Office cantonal des ponts et chaussées, service Routes nationales-Exploitation, mais reçoivent leurs mandats de l’Office fédéral des routes (Ofrou). Technique Agricole a accom­pagné René Hegi, responsable de groupe du centre d’entretien, et les voyers Adrian Blättler (27 ans d’ancienneté) et Urs Ackermann sur l’aire de repos du Grauholz. Depuis des décennies, les machines Rapid & Cie sont leurs auxiliaires au quotidien.

Sécurité garantie Au programme, le fauchage d’un vaste talus et de bandes herbeuses de l’aire de 48

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repos. En quelques minutes, l’attelage camionnette-remorque est prêt à emmener un monoaxe Rapid « Orbito », fourni par

la concession E. Weber de Rümligen (BE), et l’Antonio Carraro « TTR 4400 », livré par Sepp Knüsel de Küssnacht am Rigi

L’entretien des routes nationales En 2018, l’entretien courant des routes na­ tionales suisses effectué par environ 1300 employés avec quelque 1500 véhicules a occasionné des dépenses de 242 millions de francs, ce qui revient en moyenne à 90 000 francs par kilomètre. Ce montant inclut l’indemnisation pour le déblaiement des routes en hiver, le nettoyage, l’entretien des surfaces vertes, les équipements d’exploitation et de sécurité (alimentation en énergie, éclairage, ventilation, signalisation, communication, surveillance, systèmes de câbles), les services techniques et les frais généraux (administration, informatique, immobilier). Le réseau routier national est divisé en onze unités territoriales, l’unité territoriale 1 étant l’une des plus grandes. Ces unités

comportent en tout quelque 4000 hectares d’espaces verts, dont 2480 de surfaces de gazon (180 sur les bandes centrales). La longueur totale des haies atteint 1830 kilomètres. L’entretien des espaces verts revient à 32 millions de francs par an. Il comprend le fauchage de toutes les zones horizontales et inclinées situées dans le périmètre des routes nationales : prairies, bandes centrales, aires de repos et surfaces de compensation ainsi que haies, parterres et arbres haute-tige. Certaines de ces zones sont considérées comme des secteurs prioritaires pour la biodiversité et font l’objet de traitements spécifiques. Une contribution importante est ainsi apportée à la biodiversité.


Reportage | Plate-forme

(SZ). Ils sont chacun équipé d’une faucheuse à fléaux et bien arrimés pour le court trajet autoroutier. Aussitôt sur place, Adrian Blättler attaque les passages les plus raides du talus avec l’« Orbito ». Urs Acker­ mann va tondre les surfaces moins raides avec le Carraro. Adrian Blättler parcourt agilement la pente en long et en large aux manchons du monoaxe. L’allure – 3 km/h – n’est pas très élevée, la largeur de travail non plus – 1,2 mètre pour le Rapid et 1,4 mètre pour le Carraro –, mais la zone est rapidement traitée. « Les roues jumelées, voire des roues à ergots, limitent le risque de glissade ou de renversement de l’‹ Orbito ›. Si je lâche la poignée, la transmission hydrostatique s’arrête net. Je préfère sa direction à levier à celle à manchons, elle est plus précise », explique Adrian Blättler.

Sur l’aire du Grauholz Après cet échauffement, le trio gagne l’aire d’autoroute du Grauholz. En voyant travailler l’équipe, on comprend pourquoi le groupe utilise des Rapid depuis les années 1960 et un Antonio Carraro depuis 2013. L’aire de repos comporte plusieurs bandes herbeuses et des surfaces engazonnées bordées de glissières de sécurité, de clôtures à gibier, parsemées de réverbères et de supports à poubelles. Les bordures des raccordements autoroutiers ont souvent une forme pointue. « Avec le Rapid, la possibilité de régler hydrauliquement la hauteur de coupe est très pratique pour franchir les bordures. Et au moment de traverser les pistes de circula-

De g. à d., René Hegi, chef de groupe du centre d’entretien, et les voyers Urs Ackermann et Adrian Blättler posent à côté de la camionnette après leur intervention sur l’aire d’autoroute du Grauholz.

tion très fréquentées pour passer d’une bande à l’autre, le déport de l’essieu qui peut être actionné à tout instant permet de soulever sans peine les 178 kilos de la débroussailleuse », ajoute Adrian Blättler.

L’atout des fléaux allongés À l’instar du broyeur, les fléaux en Y ont été développés sur mesure par Rapid. «  Auparavant, l’arbre de la faucheuse heurtait les bordures et se déséquilibrait. Sur nos conseils, Rapid a monté des fléaux allongés et le problème est désormais ré­solu », raconte Adrian Blättler. L’équipe utilise souvent le poste inversé de l’Antonio Carraro, ainsi que la possibilité de déport latéral (jusqu’à 40 centimètres) de la faucheuse de 440 kilos. Les surfaces de gazon en pointe aux raccordements sont généralement fauchées avec le tracteur; sa tête de coupe est dotée de

Avec des fléaux allongés (petite photo) l’arbre de la faucheuse-débroussailleuse est plus élevé et n’entre plus en contact avec les bordures.

contre-lames qui broient finement l’herbe. Sepp Knüsel a doté le tracteur d’un vérin supplémentaire pour qu’il puisse relever une unité de fauchage plus large. L’an dernier, un taille-­haie Silent arrière a été acquis pour le tracteur. Il peut intervenir jusqu’à une hauteur de 4 mètres.

Plusieurs fauchages par an « Les souhaits des employés ont été pris en compte lors de l’achat des machines », explique René Hegi, une fois le fauchage terminé. « Ils travaillent avec des machines qu’ils apprécient et qu’ils manient bien. » C’est important parce que tous les raccordements autoroutiers doivent être fauchés deux fois par an, les passages de gibier, les clôtures et les chemins de campagne une fois, et les six aires de repos huit à neuf fois chacune. En quatre ans d’utilisation après son acquisition, le Rapid « Orbito » a tourné près de 1000 heures, ce qui, à une vitesse moyenne de 3 km/h représente près de 3000 kilomètres parcourus. Les fléaux du Rapid sont remplacés après chaque saison et ceux du Carraro tous les deux ans. « Nous remplissons chaque jour trois sacs de cent litres de déchets », ajoute Adrian Blättler. Les tessons de bouteille et les épines qui perforent souvent les pneus nous posent un vrai problème. En revanche, nous avons trouvé une solution pour limiter la fumée de diesel émise lors de la progression dans les dévers. Elle nous valait régulièrement des remarques et l’attention de la la police : le Rapid est entraîné par un moteur à essence économique, qui ne consomme que 3 à 4 litres par heure. 12

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Technique Agricole

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Plate-forme | Reportage

Beat Wälchli montre une de ses pompes à vis disponibles en plusieurs tailles et classes de performances.  Photos : Heinz. Röthlisberger et ldd

« Plusieurs milliers de brasseurs produits » L’entreprise Wälchli Maschinenfabrik AG est connue dans toute la Suisse pour ses équipements de traitement du lisier, les machines de cidrerie, les systèmes de traitement des eaux usées et la fabrication mécanique. Elle a débuté avec la fabrication de brasseurs. Heinz Röthlisberger Il ne faut pas regarder sans cesse en arrière. Mais on doit toujours savoir où sont nos racines. Cette maxime pourrait être celle de Beat Wälchli. « Penser de temps en temps au passé est nécessaire », nous confie le directeur de Wälchli Maschinenfabrik AG. Dans les années 1950 et 1960, son père, Andres Wälchli, parcourait les villages pour vendre ses brasseurs à purin et ses épandeurs à fumier pour monoaxe directement sur les places des villages. La nouvelle de son arrivée dans le village se répandait rapidement. Les paysans arrivaient et achetaient ce dont ils avaient besoin. Le soir, quand le camion était vide, son père rentrait à la maison. « Les brasseurs à lisier étaient les produits phares, explique Beat Wälchli. Ils permettaient enfin aux paysans de remuer effi50

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cacement leurs fosses à lisier. La plupart des fermes ne possédaient que de petites fosses et ils convenaient parfaitement. » Son père est le premier en Suisse à avoir construit de tels brasseurs électriques. « À cette époque, il en a produit plusieurs milliers », se souvient Beat Wälchli.

Fondée en 1953 comme commerce de vélo Andres Wälchli a fondé l’entreprise en 1953. Le jeune outilleur âgé de 22 ans faisait du commerce de vélo. Très tôt, il se lança dans la production de mélangeurs à aliments pour l’affouragement des porcs. Les brasseurs à lisier et les épandeurs à fumier conçus pour être installés sur des monoaxes sont arrivés plus tard. Andres Wälchli a rapidement connu le succès et s’est fait un nom

dans toute la Suisse en tant que spécialiste du traitement du lisier. Après le décès prématuré de son père, Beat a repris les rênes de l’entreprise en 1991. Il a lancé avec succès Wälchli Maschinentechnik vers son avenir. Aujourd’hui, l’entreprise est installée à la Bahnhofstrasse, à Brittnau (AG), où elle emploie 18 personnes. Son activité repose sur les quatre piliers « équipements de traitement du lisier », « appareils de cidrerie », « systèmes de pompage des eaux usées » et « fabrication mécanique ». « Le secteur agricole, avec le traitement du lisier, est notre plus grande activité », explique Beat Wälchli.

Brasser, pomper et épandre Alors que l’importante offre en presses à fruit et pompes pour les eaux usées sont des produits purement commerciaux,


Reportage | Plate-forme

Vue de l’atelier de Brittnau : un brasseur à moteur plongeur est justement en révision.

Wälchli fabrique de nombreux composants d’équipements de lisier dans ses propres ateliers. « À Brittnau, nous produisons les différents brasseurs, pompes et enrouleurs à tuyau – pour résumer, l’ensemble du matériel pour le brassage, le pompage et l’épandage du lisier au moyen de tuyaux », explique le directeur âgé de 57 ans. Ici, on ne s’occupe ni de véhicules ni de citerne à lisier. « Nous ne faisons absolument rien dans ce domaine. » Quels sont les brasseurs les plus demandés aujourd’hui ? Beat Wälchli répond que cela dépend naturellement du type de construction de la fosse à lisier. Les brasseurs axiaux ont de gros avantages dans les fosses longues et étroites fréquentes dans les stabulations libres pour vaches laitières. Dans ces configurations, avec les fosses équipées de murs de séparation, les brasseurs axiaux équipés d’une hélice flottante fournissent les meilleurs effets avec une performance de brassage maximale. On les utilise dans les grandes fosses jusqu’à des volumes de plus de 1000 mètres cubes. Les brasseurs à moteur immergés sont polyvalents. On les utilise dans les fosses rectangulaires, carrées ou rondes. « Souvent, ces brasseurs sont aussi utilisés dans les anciennes fosses. » Beat Wälchli propose des brasseurs à moteur immergés réalisés en fonte ou en acier inoxydable. Les modèles en inox sont particulièrement adaptés pour les lisiers agressifs ou dans les étables avec des problèmes de courants vagabonds.

Le pendillard équipé de la tête de répartition « ExaCut » de Vogelsang est une nouveauté de l’entreprise Wälchli.

heure. « Ces pompes sont entraînées électriquement ou à la prise de force et utilisées en mode stationnaire ou mobile. Certaines sont aussi installées sur des citernes à lisier », explique Beat Wälchli. Des pompes immergées (à couteaux) font aussi partie de l’offre.

Nouveau pendillard Des enrouleurs à tuyaux et des pendillards sont aussi produits sur place. L’entreprise présente justement un nouveau modèle équipé d’une tête de répartition « ExaCut » de Vogelsang. Le pendillard est proposé avec un attelage trois-points ou installé sur une citerne. « La tête de répar­ tition ‹ ExaCut › se caractérise par l’absence de bourrage, même avec une part de paille importante dans le lisier », confirme Beat Wälchli. L’offre comprend des largeurs de travail de 7 et 9 mètres.

Attentes pour 2022 Actuellement, les ventes de pendillards rencontrent une certaine réticence, liée

Cela continue toujours Beat Wälchli voit un avenir positif. Jusqu’ici, son entreprise a bien résisté au coronavirus et ses bases financières sont très solides. « Il y a longtemps que l’on dit que les temps durs arriveront. Finalement, je dois dire que le pire n’est encore jamais survenu. À l’inverse, la situation continue d’évoluer et elle est aujourd’hui encore meilleure qu’il y a 30 ans. » Il ajoute encore que « l’agriculture s’est toujours développée et s’est adaptée aux nouvelles réalités ». Avant de conclure que « de toute façon, personne ne peut dire ce qui nous attend dans 20 ans ».

Série « Entreprises suisses » Dans cette série, Technique Agricole présente épisodiquement des constructeurs et des distributeurs suisses d’équipements agricoles.

Pompes à vis à faibles vibrations Wälchli est connu pour ses pompes à vis à faible vibration produites depuis plus de 40 ans. L’assortiment comprend huit types de pompes différentes avec des pressions de travail atteignant 18 bars et un débit compris entre 30 et 85 mètres cubes par

à l’obligation des pendillards que l’Office fédéral de l’agriculture a annoncée pour 2022. Vu que des organisations et des politiques s’y opposent, personne ne peut dire actuellement comment elle sera appliquée et ce qui sera concrètement auto­risé. « Dans cette situation, les agri­ culteurs et les entrepreneurs hésitent bien sûr à investir dans un nouveau pendillard. En outre, ce marché est, d’une certaine manière, saturé. Avec un prix d’achat de 12 000 à 15 000 francs, ils constituent un investissement important que tous les agriculteurs ne sont pas prêts à faire. »

Un brasseur à moteur immergé est la solution idéale pour une utilisation dans plusieurs fosses à lisier.

Déjà publié dans Technique Agricole : Hans Meier AG, Altishofen (LU), Walter Marolf AG, Finsterhennen (BE), Jenni Lüftungen AG, Ruswil (LU), Wüst, Eggiwil (BE), et Karl Barth AG, Dättlikon (ZH).

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Plate-forme | Reportage

Le riz est moissonné à environ 2,5 km/h par l’entreprise de travaux agricoles Adrian Hauenstein. Photos : Dominik Senn

La riz se cultive et crée de la bonne humeur La culture de riz fait une entrée réussie en Suisse alémanique. Producteurs et agriculteurs sont heureux de produire un aliment de qualité. Les consommateurs – et Agroscope – apprécient l’augmentation de biodiversité que génère la culture inondée. Dominik Senn

Voici dix ans, Max Schwarz-Zurkinden, patron de l’entreprise de primeurs Max Schwarz AG à Villigen (AG), a proposé à son chef de culture maraîchère, Toni Suter, d’essayer de cultiver du riz dans des champs souvent inondés. « Ce qui est possible au Tessin doit l’être ici aussi » : telle était la devi­se de ce projet à la faveur de l’augmentation des températures moyennes. Max Schwarz a alors déposé la marque « Wasserschlossreis », qui signifie riz du Wasserschloss, le nom d’une zone alluviale près de Brougg, dans le canton d’Argovie. Le rendement de ces cultures annuelles expérimentales, pratiquées en plein champ et sous des serres tunnels, restait modeste. En 2018, Toni Suter entend parler d’un 52

Technique Agricole 12 2020

essai de riziculture inondée, réalisé par Hans Mühlheim en partenariat avec Agro­ scope dans le Seeland bernois. Lors d’une rencontre organisée avec une équipe de chercheurs de la station, décision est prise d’intégrer le site argovien dans le projet et de mettre à profit l’expérience de Hans Mühlheim.

Inondation à Lauffohr La rizière inondée occupe 2,5 hectares à Lauffohr (AG). Pour créer une surface aussi plane que possible, avec une tolérance de +/–2 cm, on procède à un nivelage de précision de la parcelle, dans le but d’obtenir un niveau d’eau le plus homogène possible. Sur un hectare, la varié-

té de riz Loto est implantée en semis direct avec un semoir Pöttinger, puis elle est inondée. Avec une repiqueuse à salade, 200 000 plantons de la variété Carnaroli, élevés en serre, sont mis en place sur un deuxième hectare. Celui-ci est ensuite inondé avec de l’eau de l’Aar entre fin avril et fin mai au moyen de trois pompes électriques. La hauteur de l’eau est ensuite maintenue entre 5 et 15 cm jusqu’à trois semaines avant la récolte.

Désherbage chronophage Les cultivateurs renoncent aux herbicides pour protéger les eaux et promouvoir la biodiversité. C’est sur les champs pilotes que la propagation du panic pied-de-coq


Reportage | Plate-forme

a posé les plus grands problèmes. Le désherbage s’est fait partout à la main. « Le désherbage à la main prend beaucoup de temps, explique Judith Meier, la responsable des cultures biologiques de l’entreprise Max Schwarz AG. Lorsque nous mettons des plantons en terre, nous pouvons inonder le champ plus tôt et la pousse des adventices est ainsi freinée. Dans la riziculture inondée, il y a en général moins d’adventices que dans les rizières à sec. » Le champ doit toujours être sous l’eau, à un niveau pas trop élevé, pour éviter que les plantes se noient. Les tiges doivent toujours émerger.

Récolte et vente La moisson a eu lieu vers la fin octobre, effectuée par l’entrepreneur de travaux agricoles Adrian Hauenstein de Rüfenach (AG). Il a utilisé une moissonneuse-batteuse Massey Ferguson « 7360 Pli » à traction intégrale. On peut en régler les grilles à lamelles pour le riz par simple pression d’un bouton dans la cabine. La fauche se fait à environ 2,5 km/h. Toni Suter estime satisfaisant le rendement en riz brut d’environ 5 tonnes sur l’hectare ensemencé par semis direct ; il correspond à peu près à celui de l’orge. D’autres essais ont donné des rendements entre 2 et 8 tonnes par hectare. Le riz décortiqué est vendu dans des sachets en tissus chez Schwarz à Villigen, à la jardinerie Weber à Kirchdorf (BE) et en directe par les agriculteurs partenaires.

Le projet d’Agroscope Agroscope accompagne le projet de riziculture depuis ses débuts. Le canton d’Argovie apporte un soutien financier, tout comme l’Office fédéral de l’environne-

Essais en cours depuis 2017 avec Agroscope Dans différents projets pilotes menés en coopération avec cinq exploitations agricoles, on a testé plusieurs techniques culturales pour six variétés de riz (Carnaroli, Loto, Manobi, Onice, Paty, Jasberry). Un projet pilote a été réalisé en 2017 dans la zone de la Witi, près de Granges (SO), sur une petite parcelle de 30 m2 en collaboration avec l’agriculteur Hans Mühlheim. Le test a obtenu le soutien financier de la division nature et paysage du service cantonal soleurois d’aménagement du territoire. On y a cultivé du riz semé et planté. Le test avec les plantons a été un succès avec un rendement estimé à 1,3 tonne par hectare. Du riz inondé a été cultivé sur une superficie un peu plus grande – 20 ares –, sur les rives de l’Aar près de Schwadernau (BE), toujours en coopération avec Hans Mühlheim. Le rendement atteignait environ 8 tonnes par hectare.

En 2019, en collaboration avec la Haute école en sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL), une phase pilote plus importante a eu lieu, financée notamment par les offices fédéraux de l’agriculture et de l’environnement et les cantons d’Argovie, de Berne et de Vaud. En coopération avec le Groupement d’intérêt (GI) Riz humide, plusieurs méthodes de culture et plusieurs variétés de riz ont été testées sur six champs, où l’on a observé l’influence sur la biodiversité. Les rizières ont été agrandies en 2020. Au printemps, grâce à la participation d’autres agriculteurs, du riz a été semé sur un total de neuf champs, mis ensuite en eau. La culture fait l’objet d’un suivi scientifique par la HAFL, la Station ornithologique de Sempach, Infofauna, Pro Natura et Agroscope. Elle est soutenue financièrement par les cantons de Vaud et d’Argovie.

ment (Ofev). Yvonne Fabian et Katja Jacot, d’Agro­scope, observent chaque mois l’évolution de la biodiversité. Dans la rizière, on a intentionnellement laissé des petites fenêtres sans culture pour créer un nouvel espace de vie pour la faune et la flore. Les collaborateurs de Max Schwarz AG ont eu le plaisir d’y redécouvrir des espèces animales et végétales spécifiques : grenouilles vertes, rainettes, coléoptères, oiseaux, libellules et autres espèces rares. « La biodiversité a augmenté avec la riziculture », résume Toni Suter.

au nouvel écosystème après des décennies de maraîchage intensif. Bien qu’inondé des mois durant, ce sol reste productif. Une petite surface inondée de l’année précédente est utilisée pour observer si une évolution inverse est possible. On y a aménagé un jardin expérimental en culture sèche. « Pour les agriculteurs, il est important de savoir s’ils pourront revenir à la culture de céréales classiques après quelques années de riziculture », explique Toni Suter.

Adaptation des sols

Pour davantage d’informations, consulter les sites www.agroscope.admin.ch, www.nassreis. ch et www.wasserschlossreis.ch (le dernier est uniquement en allemand).

Toni Suter est impressionné de constater la rapidité avec laquelle le sol s’est adapté

Le directeur de projet de la riziculture, Toni Suter, de la société Max Schwarz AG, est ravi de l’abondante récolte.

Sur la Massey Ferguson « 7360 Pli », on peut régler électriquement les grilles à lamelles pour les adapter au riz.

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Circulation | Sécurité

Si les dispositions relatives aux écarts par rapport aux bords du véhicule ou au flanc des pneus sont respectées et si l’installation est inscrite dans le permis de circulation, on peut rouler sur la voie publique avec des conduites dépassant les contours d’un tracteur. Photo : Roman Engeler

d’autres usagers de la route puissent s’y accrocher. Plus concrètement, cet espace entre les tuyaux et la partie la plus extérieure formée par le pneu ne doit pas dépasser 80 mm. Toutefois, si le plan du côté extérieur du pneu se trouve à plus de 80 mm à l’intérieur du point le plus large de l’essieu (par exemple en raison d’un moyeu de roue ou d’enjoliveurs saillants), cet écart de 80 mm peut également être dépassé. Un autre critère concerne la largeur horstout des véhicules équipés d’installations d’autogonflage. Le dépassement par des parties de celui-ci par rapport à la largeur du véhicule ne doit pas excéder 100 mm par côté. En outre, la largeur extérieure totale autorisée de véhicule, conduites et parties débordantes de l’installation incluses, est de : • 2,55 m, maximum autorisé par la loi (véhicules avec plaques industrielles) ; • 3,00 m pour les autres véhicules agricoles et forestiers admis comme véhicules de transport spéciaux ; • 3,50 m pour les véhicules de travail agricoles et forestiers spéciaux. D’autre part, jusqu’à 2 mètres de hauteur, les parties extérieures ne doivent pas présenter d’arêtes vives vers l’extérieur.

L’inscription est importante

Inscription dans le permis des installations de gonflage L’été dernier, l’Office fédéral des routes a publié un aidemémoire clarifiant les points à considérer pour les installations de télégonflage. L’inscription dans le permis de circulation du véhicule est importante. Roman Engeler

Les systèmes d’autogonflage avec des conduites dépassant les bords du véhicule ont alimenté bien des discussions. Aussi bons et utiles que soient ces systèmes – d’origine ou en postéquipement –, ils représentent un danger potentiel dans le trafic routier, du moins du point de vue des forces de l’ordre. L’ASETA est au courant d’un certain nombre de cas où la police a distribué des amendes ou dénoncé des conducteurs.

Dans un aide-mémoire (à télécharger sur le site agrartechnik.ch ou astra.admin.ch), l’Office fédéral des routes a édité l’été dernier un aide-mémoire reprenant les bases légales existantes et énumérant les points autorisés et les interdictions. Il stipule notamment que les espaces qui existent entre les tuyaux d’air qui débordent du véhicule et le pneu ou le garde-boue doivent être conçus de manière à réduire au minimum le risque que

La personne morale ou physique qui met le produit sur le marché doit attester par une auto-déclaration du montage correct de l’installation, de sa sécurité de fonctionnement en cas de chute de pression et documenter la méthode de production de pression (surtout en lien avec des freins pneumatiques) et la sécurité contre le surgonflage. Cette auto-déclaration est à joindre à l’annonce de la modification du véhicule auprès de l’autorité compétente pour inscription dans le permis de circulation. Une copie doit rester dans le véhicule. L’inscription dans le permis de circulation n’est pas une recommandation  ; elle fait suite à l’expertise obligatoire com­plémentaire du véhicule. L’obligation d’annonce à l’autorité repose sur l’Ordonnance concernant les exigences techniques requises pour les véhicules routiers (OETV, art. 34, al. 2). La notification du changement à l’autorité doit être accom­pagnée d’une attestation de montage, dont le contenu est spécifiquement décrit dans l’aide-mémoire de l’OFROU. L’autorité décide du type et de la portée de l’expertise complémentaire à passer. 12

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Passion | Youngtimer

Son Deutz « 62 06 » est indestructible : Hans Rüdisühli junior, à Grabs (SG). Photos : Dominik Senn

Des Deutz sur trois générations À Grabs (SG), la famille Rüdisühli est férue de mécanique de pères en fils. Les tracteurs Deutz sont leurs fétiches. Leur fiabilité constitue un de leurs traits les plus séduisants. Dominik Senn

En 1981, l’agriculteur Johann Rüdisühli a déménagé son exploitation agricole. De la petite ville saint-galloise de Buchs, il est allé s’établir à Grabs, au Riethof, un domaine qui offrait une plus grande surface cultivable. En 1990, son fils Hans a repris l’exploitation pour se concentrer sur la culture de betteraves sucrières et de maïs. Il s’est aussi mis, avec ses machines, à offrir des services de grutage et de terrassement ainsi que les premiers travaux agricoles à façon. Au fil du temps, ses trois fils ont aussi intégré l’exploitation. Il y a Hans junior, qui est électricien et agri­ culteur en deuxième formation, Andreas, mécanicien en machines agricoles et grutier, et Markus, constructeur de routes et 56

Technique Agricole 12 2020

conducteur de machines de chantier. En 2004, les Rüdisühli ont fondé une communauté intergénérationnelle et ont débuté avec un investissement impressionnant pour s’assurer son avenir. Ils ont d’abord acheté une ensileuse et plus tard une arracheuse à betteraves sucrières. Ils ont même repris une petite usine de la fabri­cation de matières plastiques.

Adaptation de l’exploitation « Comme nous effectuions de plus en plus de travaux agricoles pour tiers et qu’il fallait que nous gagnions en flexibilité, nous sommes passés à la production de viande avec des vaches allaitantes », explique Hans Rüdisühli junior. Après le

départ à la retraite du père, la communauté intergénérationnelle a été dissoute en 2017. Hans junior a repris l’exploita-

Le Deutz « D 62 06 » Le Deutz « D 62 06 » est un tracteur de la série « D-06 », construite de 1974 à 1980. Il était aussi proposé en version à quatre roues motrices. Ce « D 62 06 » a remplacé un véhicule presque identique, le « D 55 06 ». En 1977, le « D 62 06 » a été entièrement revu et mis à jour. Il a notamment bénéficié d’une augmentation de la puissance de son moteur et de son relevage hydraulique.


Youngtimer | Passion

tion et l’entreprise, Andreas le secteur grutage et Markus le secteur des terrassements. Hans s’est converti au bio. « Cela demande plus de travail manuel et à la machine, mais apporte aussi une meilleure valeur ajoutée  », explique-t-il. Il produit pour Migros du bœuf de pâturage bio ; en été, 70 têtes de bétail rejoignent quatre alpages. Douze hectares sont consacrés aux céréales – blés panifiable et fourrager et maïs – et à la betterave sucrière. Hans junior propose des travaux à façon pour la préparation du sol, les semis, les traitements phytosanitaires, la fertilisation, la récolte, le négoce de fourrage et les transports. S’y ajoutent des travaux forestiers, le concassage de pierres et du service hivernal sur 52 propriétés.

« Démarrage au quart de tour » Les Deutz sont partout présents à l’appel. « Mon père Hans est le plus intéressé par la construction métallique et les machines ; c’est un mordu des tracteurs Deutz », souligne Hans junior. Le premier tracteur neuf du père de Hans senior était déjà un Deutz, un « 62 06 Standard » de 58 chevaux de 1976. Il a longtemps été le seul tracteur de l’exploitation et devait venir à bout de tous les services et transports agricoles et commerciaux. Cela allait jusqu’au transport de bennes de gravier, et à celui des bêtes vers les alpages. La bétaillère pouvait emporter une dizaine de vaches et le Deutz peinait à monter à l’alpe. Très tôt, Hans senior a équipé lui-même ce tracteur d’une direction assistée, la sienne manquant d’efficacité, contrairement à celle du « 40 05 ». Il a aussi remplacé la cabine d’origine par une plus large de sa fabrication, et il a changé le pot d’échappement. Afin de ménager le frein à pied, il l’a équipé d’un frein moteur, « qui a fait ses preuves des milliers de fois », souligne-t-il.

Un tas de pièces à portée de main Ce qui lui plaît le plus dans le « 62 06 » ? Le démarrage facile ; même par –10 °C, il part au quart de tour. Le couple de ce 4-cylindres refroidi à air de 3,8 litres est excellent. « Il est puissant et a une belle sonori­té », résume Hans senior. Ce féru de machines apprécie aussi le système mo­ dulaire Deutz : « Chemises ou pistons, du mono­ c ylindre jusqu’au 6-cylindres, ces éléments sont interchangeables  », remarque-t-il. Notre hôte s’est constitué un stock impres­sionnant de pièces détachées. Le « 62 06 » affiche 14 000 heures et il

La cabine est une construction maison réalisée par Hans Rüdisühli senior.

L’échappement sort du même atelier, tout comme l’installation du vérin de direction.

reste fiable sans avoir nécessité de grosses réparations. Hans senior apprécie aussi la légèreté des Deutz, celui-ci pèse 2225 kilos. « Parfois, c’est presque trop peu. »

tion assistée et vitesses rampantes en prévision des travaux d’hiver et pour tirer l’arracheuse à pommes de terre. Moins de dix ans plus tard, il jetait son dévolu sur une occasion, un « Intrac 2004 » de 75 chevaux, avec relevage et prise de force frontaux pour la faucheuse. Son défaut : il manquait de couple. Au début des années 1990, un puissant Deutz-Fahr « 80 06 » d’occasion emmené par un 6-cylindres de type « 913 », robuste et nouveau pour l’époque, suivit, puis un « 45 06 » employé pour le sarclage et les façons culturales, puis un second « 40 05 » pour la fenaison et enfin, en 2013, un « 100 06 » muni d’un 6-cylindres de type « 912 » pour le transport du maïs. Ce dernier tracteur était tellement avantageux que notre passionné n’a pas pu résister à l’acquérir. Parallèlement Andreas s’est acheté en 2012 un « 120 06 », et Hans junior a fait l’acquisition en 2015 d’un « DX 6.50 » avec freins pneumatiques.

Le premier Deutz en appela d’autres Une pareille fiabilité se devait d’être récompensée : pour remplacer un ancien Bührer, Hans Rüdisühli père a acheté au début des années 1980 un Deutz « 52 07 » neuf de 50 chevaux avec direc-

Le groupe SDF L’histoire de SDF commence à Treviglio, dans la province italienne de Bergame, en 1942. Cette année est créée la « Società Accomandita Motori Endotermici », soit « Société en commandite de moteurs endothermiques », abrégée Same. En 1973, elle rachète les tracteurs Lamborghini au célèbre constructeur d’autos puis, en 1979, la marque suisse Hürlimann. En 1995, la division agricole Deutz-Fahr est acquise par Same au démantèlement de Klöckner-HumboldtDeutz AG (KHD). Dès 1995, le groupe devient Same Deutz-Fahr, qui deviendra « SDF Group » en 2015. SDF emploie 4200 personnes sur huit sites en Europe et en Asie, pour un chiffre d’affaires de 1,373 milliard d’euros (2018).

Un « 11 » trois-cylindres légendaire Tous les tracteurs du domaine ou presque sont en service. Quelques modèles plus anciens, en revanche, reposent dans le garage. Il y a là un légendaire « 11 » à 3 cylindres, un « D 25 », un « 45 06 » et un « Intrac 20 04 » servant de fournisseurs de pièces détachées. 12

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ASETA | Comité

a ouvert les négociations avec la commune de Riniken, après avoir reçu l’aval des cadres des sections lors de la visio­ conférence déjà évoquée. Une décision de principe sera soumise à la prochaine assemblée des délégués de l’ASETA. La commune de Riniken, de son côté, doit commencer par faire avaliser le crédit d’étude du projet de transformation par ces concitoyens puis, dans une phase ulté­ rieure, soumettre également l’achat proprement dit au verdict des urnes.

La conférence des cadres s’est déroulée en ligne, de même que plusieurs séances du comité et des commissions sectorielles. Photo : Roman Engeler

Informations du comité et du secrétariat Le comité de l’Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture (ASETA) a informé ses sections des affaires en cours par visio-conférence. Il a aussi tenu sa dernière séance de l’année à la mi-novembre. Roman Engeler

Finances Les comptes 2020 de l‘ASETA clôtureront sur un résultat meilleur que prévu grâce à quelques économies. Par conséquent, le comité a décidé de rembourser aux sections une partie de leur cotisation annuelle, à hauteur de 5 francs par membre. Ce remboursement sera effectué cette année encore, pour être pris en considération dans les comptes 2020. 58

Technique Agricole 12 2020

Bâtiment de l’ASETA La commune de Riniken, siège du secrétariat de l’ASETA, aimerait acquérir en propriété par étage le rez-de-chaussée du bâtiment de notre association à l‘Ausserdorfstrasse 31. Il s’agit de locaux sous-­ utilisés. Les autorités communales prévoient d’y transférer une partie de l’atelier communal et d’y aménager une surface pour un magasin. Le comité de l’ASETA

Cours Notre instructeur de longue date a donné son dernier cours de soudure ce mois de novembre. Il va déménager en Suisse romande et n’enseignera plus à Riniken. Les locaux ne seront plus disponibles pour cette activité une fois la vente du rez-dechaussée conclue. Le comité de l’association faîtière a malgré tout confié au secrétariat le mandat de chercher un nouvel instructeur. Ce dernier devrait dispenser des cours de soudure tant que les locaux resteront dans les mains de l’ASETA. En tout, 1139 futurs conductrices et conducteurs de tracteur ont suivi l’une des 241 sessions de cours « G40 ». Ces chiffres sont en forte augmentation par rapport à 2019, où 714 participantes et participants avaient fréquenté les 176 cours. Transports avec des tracteurs Ces derniers temps, les transports effectués avec des tracteurs ont de nouveau fait l’objet d’articles critiques dans des médias du secteur des transports. Dans la revue « Swiss Camion », par exemple, des agriculteurs sont présentés comme des « concurrents déloyaux ». L’ASETA s’efforce de réagir en conséquence et intervient dans la discussion avec l’objectivité qui convient, en attirant l’attention sur les marges de manœuvre et les exemptions que le législateur accorde à notre branche pour les transports à caractère agricole. Mais en même temps, chacune et chacun d’entre vous est invité à ne pas compro­ m ettre inutilement ces exceptions et ces exemptions. L’ASETA invite donc tous ses membres et tous les agri­ culteurs à respecter la réglementation en vigueur et à faire preuve de prévenance et d’intégrité dans le trafic routier. C’est un comportement indispensable pour maintenir des bonnes relations avec l’ensemble des catégories d’usagers de la voie publique.


Sections | ASETA

Assemblées générales

Communications  BL

ZH Il sera décidé ultérieurement si l’assemblée générale aura lieu en mode présentiel au début ou à la mi-janvier. Des informations plus précises suivront.

SH L’assemblée générale aura lieu par écrit. Les documents nécessaires à son déroulement seront envoyés avec le programme d’activité 2021.

ZG L’assemblée générale prévue pour le 28 janvier est annulée. Elle sera remplacée par un vote par écrit.

VD

Examen pour le permis de catégorie F/G La section des deux Bâles de l’ASETA organise les cours préparatoires en vue de l’obtention du permis de conduire de catégorie F/G pour les jeunes gens qui auront 14 ans en 2020 (nés en 2006) ou plus âgés. Lieu du cours : centre de formation d’Ebenrain, Sissach, Kurslokal 1 Lieu de l’examen : Motorfahrzeugprüfstation (MFP), Münchenstein Prix : CHF 40.– pour les membres (CD didactique de CHF 40.– non inclus), CHF 80.– pour les non-membres (CD didactique de CHF 40.– non inclus). Inscription : au plus tard 30 jours avant le début du cours auprès de Marcel Itin, Hof Leim 261, 4466 Ormalingen, 076 416 27 13, marcelitin@­gmx.ch ; merci d’indiquer les dates du cours et de naissance.

FR Campagne pour la sécurité routière 2020

L’assemblée générale est annulée. Les membres seront invités à voter par écrit (courrier postal ou courriel).

SO L’assemblée générale n’aura pas lieu cette année. Elle sera remplacée par un vote par écrit.

GE À moins d’être annulée, l’assemblée générale se tiendra le mercredi 10 février à partir de 10 heures dans la salle polyvalente de Dardagny.

FR Il sera décidé en janvier si l’assemblée générale aura lieu en mode présentiel ou si elle sera remplacée par un vote par écrit.

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L’assemblée générale prévue pour le début de l’année 2021 est annulée. Elle sera remplacée par un vote par écrit.

NE On ne sait pas encore si l´assemblée générale qui devrait se tenir à la fin février ou au début mars pourra avoir lieu.

www.agrartechnik.ch

Les tests des systèmes de freinage effectués sur les chars et remorques de tout genre, 30 ou 40 km/h, sont cofinancés par un montant de CHF 50.– par essieu. La liste des ateliers agréés peut être consultée sur www.agrotecsuisse.ch. Seuls les convois équipés de freins de service hydrauliques ou pneumatiques peuvent être testés. Nouvelles immatriculations 40 km/h : afin d’encourager les agriculteurs à immatriculer leurs chars et remorques à 40 km/h, nous soutenons toute nouvelle immatriculation avec un montant de CHF 50.– par essieu. Ceci est valable pour toutes les premières immatriculations. Nouveauté : installation de systèmes caméra frontale et moniteur. À la suite de l’introduction de la nouvelle réglementation de mai 2019 sur les porte-à-faux avant, nous offrons CHF 100.– pour chaque acquisition d’un système caméra frontale et moniteur homologué. Pour plus d’informations sur ces systèmes, la gérance de l’AFETA/FVLT se tient à disposition. Pour toutes ces demandes, il vous suffit d’envoyer une copie de la facture pour les tests et l’achat d’une caméra ainsi que pour les nouvelles immatriculations une copie du permis de circulation à l’adresse suivante : AFETA/FVLT, Samuel Reinhard, Rte de Grangeneuve 31, 1725 Posieux.

GL Permis de conduire de catégorie G pour la conduite de véhicules agricoles Le permis de catégorie G permet aussi de conduire des cyclomoteurs. La réussite des examens théoriques donne également accès au permis de catégorie F. La formation se base sur l’Ordonnance réglant l’admission à la circulation routière (OAC) du 27 octobre 1976. Depuis le 1er janvier 1977, tous les conducteurs de véhicules à moteur agricoles sont soumis à l’obligation de posséder un permis. Sur la voie publique, l’âge minimal requis pour conduire des véhicules automobiles agricoles (à une vitesse maximale de 40 km/h) est de 14 ans révolus. Les candidats de cet âge (ou plus âgés) doivent passer avec succès un examen théorique simplifié pour obtenir le permis les autorisant à le faire. En hiver 2021, la section glaronaise de l’Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture (ASETA) proposera à nouveau des cours de formation, suivis des examens théoriques mis sur pied par l’office cantonal de la circulation routière. Les jeunes filles et les jeunes gens qui auront 14 ans au cours de l’année 2021 (nés en 2007 ou auparavant)

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ASETA | Sections

peuvent les suivre, mais ne recevront le permis de conduire qu’après leur anniversaire (pour autant qu’ils réussissent les examens). Les participants plus jeunes ne seront pas admis. Si les inscriptions sont assez nombreuses, les cours seront organisés à Näfels et à Schwanden. Le troisième demi-jour, avec les examens, est fixe pour tous les participants à l’office cantonal de la circulation routière, à Schwanden. La durée du cours (examens inclus) est de trois demi- jours (environ 3 ¾ h). Prix : CHF 70.– (documents de théorie et CD didactique distribués au début du cours inclus) pour les membres de la section glaronaise (CHF 95.– pour les non-membres), encaissé le premier jour de cours par le responsable. Les frais d’examens et de permis (non compris dans le prix du cours) s’élevant respectivement à CHF 30.– et à CHF 65.– sont facturés par l’office cantonal de la circulation routière. Cours 1 : Näfels, Rest. Schützenhof, 16.01.2021, de 8 h 15 à 12 h 00 Näfels, Rest. Schützenhof, 13.02.2021, de 8 h 15 à 12 h 00 Schwanden StVA, 13.03.2021, de 13 h 30 à 17 h 15 Cours 2 : Schwanden StVA, 16.01.2021, de 13 h 30 à 17 h 15 Schwanden StVA, 13.02.2021, de 13 h 30 à 17 h 15 Schwanden StVA, 13.03.2021, de 8 h 15 à 12 h 00 Inscription : envoyer les formulaires blancs dûment remplis (voir info@vltsg.ch) dès à présent et jusqu’au 8 janvier 2021 au plus tard à l’adresse Strassenverkehrsamt des Kantons Glarus, Mühlestr. 17, 8762 Schwanden.

LU Offre de cours actuelle Examen théorique de cyclomoteur ou de tracteur : cours de préparation à l‘examen théorique du permis de conduire de cyclomoteurs ou de tracteurs ont lieu le mercredi après-midi. Tarif des cours incluant la plate-forme d’apprentissage en ligne (24 cartes de théorie) : CHF 70.– pour les membres et CHF 90.– pour les non-membres. Dates du prochain cours : Mercredi 27 janvier à Sursee, de 13 h 15 à 17 h 30 Examen théorique de scooter ou de voiture : préparation en ligne pour CHF 29.– Cours de base de scooter et moto : à Büron et à Sursee, CHF 300.– pour les membres et CHF 320.– pour les non-membres Prix du cours en trois parties : CHF 460.– pour les membres et CHF 480.– pour les non-membres. Prochain cours : n˚ 601, en deux ou en trois parties 1re partie : samedi 27 février 2021, de 12 à 16 heures 2e partie : samedi 6 mars 2021, de 12 à 16 heures 3e partie : samedi 13 mars 2021, de 12 à 16 heures Cours de théorie sur le trafic routier : à Sursee, Schüpfheim et Hoch­ dorf, CHF 220.– pour les membres et CHF 240.– pour les non-membres. Prochain cours : 1re partie : lundi 19 avril 2021, de 19 à 21 heures 2e partie : mardi 20 avril 2021, de 19 à 21 heures 3e partie : lundi 26 avril 2021, de 19 à 21 heures 4e partie : mardi 27 avril 2021, de 19 à 21 heures Les cours n’ont lieu que si le nombre de participants est suffisant. Formation des scootéristes et motocyclistes : des modifications importantes y seront apportées à partir du 1er janvier 2021. Les formations dont les cours de sensibilisation aux problèmes du trafic routier auront une durée de validité illimitée. L’âge minimum sera adapté à celui en vigueur dans l’Union européenne. Ainsi, les jeunes scootéristes et motocyclistes pourront chevaucher des petites cylindrées (max. 50 cm3/45 km/h) dès leur quinzième anniversaire, puis de motos de 125 cm3 à 16 ans. Vous trouverez des indications plus détaillées sur le site www.lvlt.ch. Cours de théorie camion : constitué de 32 leçons. Le prochain cours inten­sif commence probablement le 19 février 2021 à Lucerne. Informations et inscription (sous réserve de changements de lieux, de

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Technique Agricole 12 2020

contenu, de prix ou de durée de cours) : Auto-école de la LVLT, Senn­ weidstrasse 35, 6276 Hohenrain, tél. 041 467 39 02, fax 041 460 49 01, info@lvlt.ch

ZG Cours de base sur les chariots élévateurs à contrepoids et télescopiques Ce cours de deux jours enseigne maniement sûr des chariots élévateurs à contrepoids et télescopiques selon les directives de la Suva. Objectifs : certificat Suva pour ces deux machines (R1, R4), un jour pouvant être comptabilisé pour la formation OACP (Ordonnance réglant l’admission des chauffeurs). Conditions : être âgé au minimum de 18 ans et bénéficier d’une expérience pratique des machines. Dates : lundi 11 et mardi 12 janvier 2021 (premier cours) ; mercredi 13 et 14 janvier 2021 (deuxième cours). Prix : CHF 660.– pour les membres de la section zougoise et CHF 700.– pour les non-membres, dossier de cours et repas inclus. Inscription : Beat Betschart, 041 755 11 10, www.natuerlich-zug.ch

ZH Voyage dans l‘Oldenburger Münsterland et en Mer du Nord Groupe 1 : du dimanche 30 mai au dimanche 6 juin 2021 Groupe 2 : du dimanche 13 juin au dimanche 20 juin 2021

Premier jour : voyage à destination de Siegen (Rhénanie du Nord-Westphalie) avec visite d’une exploitation de cultures de fruits et d’asperges à Kandel (Rhénanie-Palatinat). Deuxième jour : visite de l’une des plus grandes pépinières d’Europe à Emsbüren et nuitée à l’Hôtel Heidegrund, à Garrel, pourvu d’un espace bien-être. Troisième jour : découverte d’une combinaison unique de production bovine et porcine, suivie d’un repas de midi avec vue sur la mer à Thülsfelder Talsperre et de la visite d’une exploitation familiale de 100 vaches laitières et plus de 500 taurillons à l’engrais, avec 140 hectares de cultures et un élevage de chevaux ; visite du musée de Cloppenbourg et nuitée à l’Hôtel Dorfkrug. Quatrième jour : découverte de la Mer du Nord et visite d’une bergerie sur la côte. Cinquième jour : visite d’une exploitation porcine et d’un élevage de chevaux à Cappeln. Sixième jour : découverte de la Frise orientale et d’Emden. Septième jour : visite d’une exploitation maraîchère dans l’Oldenburger Münsterland et nuitée à l’Hôtel Schäferberg à Espenau, près de Cassel. Huitième jour : retour en Suisse orientale avec arrêts à Wurtzbourg, Stuttgart et Neuhausen. Prix du forfait par personne  : CHF 1690.– en chambre double, CHF 270.– de supplément pour une chambre individuelle, CHF 79.– pour une assurance-annulation et aide SOS. Inscription : au plus tard jusqu’au 29 janvier 2021 auprès de : Rattin AG, Leila Wanner, Zollstrasse 95, 8212 Neuhausen, 052 633 00 00, leila.wanner@rattin.ch

Cours préparatoires au permis de tracteur 27 février, 29 mai, 25 septembre, 27 novembre, de 8 à 14 heures

La section ASETA Zurich aide les futurs conductrices et conducteurs en proposant des cours de préparation à l’examen théorique en vue de l’obtention du permis de catégorie G (tracteurs jusqu’à 30 km/h). Ces


Sections | ASETA

cours peuvent être suivis quatre à six mois avant le 14 e anniversaire (des attestations de cours secourisme et de sensibilisation au trafic routier ne sont pas encore nécessaires dans cette catégorie). Prix : CHF 80.– pour les membres de l’ASETA Zurich, CHF 110.– pour les non-membres. Le dossier de cours et le repas de midi sont compris dans le prix. Le cours se déroule au Strickhof, Eschikon 21, à Lindau. Inscription en ligne : www.fahrkurse.ch Renseignements et inscription à l’examen : auprès du service des automobiles

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Cours et examens théoriques de permis de tracteur 2020 Responsable du cours : Hans Popp, Karrersholz 963, 9323 Steinach

Lieu de cours 1er jour 2e jour + examen Après-midi mercredi après-midi St.Peterzell, Schulhaus Me 20.01.2021 SG-Winkeln, Kath. Pfarreiheim, Winkeln/StVA

tiers pour satisfaire la loi fédérale sur la protection des animaux. Elle est valable avec des véhicules d’un poids total inférieur à 3,5 tonnes. L’attestation de cette formation est nécessaire pour effectuer des transports d’animaux avec une Jeep tractant une remorque ou des véhicules de livraison. Un permis de conduire de catégorie B ou BE est requis. Formation reconnue OACP Cette formation est nécessaire pour effectuer des transports d’animaux avec un camion. Un permis de conduire de catégorie C ou CE est requis. Dates de cours : lundi 1er février 2021, de 8 h 00 à 16 h 30 Lieu de cours : Berufsfachschule, à Ziegelbrücke Prix : CHF 270.− sans attestation OACP ; CHF 360.− avec attestation OACP Inscription : VLT-SG, Eliane Müller, Azmoos, courriel : info@vlt-sg.ch, tél. 081 783 11 84, informations : www.vlt-sg.ch

Formation pour le permis F/G Les jeunes gens doivent suivre des cours de théorie en vue de l’obtention du permis de conduire de catégorie F/G. L’examen réussi donne le droit de conduire sur la voie publique des véhicules à moteur agricoles dont la vitesse maximale est de 30 km/h. Pour plus d’informations, consultez le site www.fahrkurse.ch. AG

10.02.2021

Contact : Yvonne Vögeli, Strohegg 9, 5103 Wildegg, 062 893 20 41, sektion.ag@agrartechnik.ch (possibilité d’inscriptions à court terme) BL, BS

Wittenbach, Oberstufenzentrum Me 27.01.2021 Contact : Marcel Itin, 076 416 27 13, marcelitin@gmx.ch Rorschach, Aula Schulh. Burghalde/StVA 24.02.2021 BE

Neu St. Johann, Klostergebäude Sa 06.02.2021 Kaltbrunn Rest. Löwen/StVA Kaltbrunn 10.03.2021 Niederbüren, Schulh. Probelokal Sa 20.02.2021 SG-Winkeln, Kath. Pfarreiheim, Winkeln/StVA

17.03.2021

Wangs, Parkhotel Sa 27.02.2021 Wangs, Parkhotel/StVA Mels 24.03.2021 Trogen Me 03.03.2021 Trogen/Trogen StVA Trogen 31.03.2021 Widnau, Rest. Rosengarten Sa 27.03.2021 Rorschach, Aula Schulh. Burghalde/StVA 21.04.2021 Kaltbrunn, Rest. Löwen Me 07.04.2021 Kaltbrunn, Rest. Löwen/StVA Kaltbrunn

Contact : Peter Gerber, 031 879 17 45, Hardhof 633, 3054 Schüpfen, www.bvlt.ch FR Contact : AFETA, Samuel Reinhard, route de Grangeneuve 31, 1725 Posieux, samuel.reinhard@fr.ch, 026 305 58 49 GR Lieux de cours : Landquart, Ilanz, Thusis, Scuol, Samedan Contact : Luzia Föhn, 081 322 26 43, 7302 Landquart, foehn@ilnet.ch, www.svlt-gr.ch NE Contact : Bernard Tschanz, chemin du Biolet, 2042 Valangin, bernardtschanz@net2000.ch GL Contact : Hans Popp, 071 845 12 40, Karrersholz 963, 9323 Steinach, hanspopp@bluewin.ch SH Contact : VLT-SH, Geschäftsstelle, Adrian Hug, Schüppelstrasse 16, 8263 Buch, 079 395 41 17, www.vlt-sh.ch SO

05.05.2021

Contact : Beat Ochsenbein, 032 614 44 57, ochsebeis@bluewin.ch SZ, UR

Mosnang, Oberstufenzentrum Sa 24.04.2021 SG-Winkeln, Kath. Pfarreiheim, Winkeln/StVA 19.05.2021

Contact : Florian Kälin, Geschäftsstelle VLT Schwyz und Uri, 055 412 68 63, 079 689 81 87, info@glarnernbeef.ch

St.Peterzell, Schulhaus Sa 08.05.2021 SG-Winkeln, Kath. Pfarreiheim, Winkeln/StVA

Contact : VTL/Landtechnik, Markus Koller, 071 966 22 43, Weierhofstrasse 9, 9542 Münchwilen

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02.06.2021

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Wangs, Parkhotel Sa 15.05.2021 Wangs, Parkhotel/StVA Mels 09.06.2021

Lieu de cours : Oulens-sous-Échallens Contact : ASETA – Section vaudoise, Virginie Bugnon, chemin de Bon-Boccard, 1162 Saint-Prex, v.bugnon@bluewin.ch ZG

Formation sur les transports d‘animaux

Contact : Beat Betschart, 041 755 11 10, beatbet@bluewin.ch

Formation non reconnue OACP Cette formation doit impérativement avoir été suivie (et est à renouveler tous les trois ans) dès que l’on effectue un transport de bétail pour des

Lieu de cours : Strickhof, Lindau. Dates de cours : 27.02.2021, 29.05.2021, 25.09.2021, 27.11.2021. Contact : SVLT ZH, Eschikon 21, 058 105 98 22, Postfach, 8315 Lindau, www.svlt-zh.ch

ZH

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Technique Agricole

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ASETA | Portrait

Sur l’Urwängi Les conditions de travail de Fabian Pfyl ne sont pas des plus faciles. Ce jeune agriculteur de Morschach (SZ), né en 1993, exploite à titre principal la ferme du Nägelisgärtli à 800 mètres d’altitude. Elle est surplombée d’un magnifique bloc erratique au sommet d’une colline et elle fait face au sommet massif du Mythen, de l’autre côté de la vallée. De là, Fabian gère un deuxième domaine, celui de la Husmatt, à l’entrée du village. Et enfin il loue l’alpage Urwängi, 150 hectares où lui et sa femme Silvia (ils se sont mariés en 2018) s’activent 120 jours de l’année. Par-dessus le marché, Fabian Pfyl travaille l’hiver à 100 % comme chauffeur pour la station de ski voisine de Stoos. Motoneige, voiture, traîneau tiré par des chevaux : cette activité ne manque pas de diversité. Pendant ce temps, Silvia retrouve à plein temps sa profession initiale de peintre. Soit dit en passant, mieux vaut être en bons termes avec cette ravissante personne, faute de quoi il peut en coûter : encore sous son nom de jeune fille Deck, elle a été vicereine de lutte en 2012. Une vie professionnelle aussi riche et variée nécessite qu’on soit organisé. Fabian Pfyl en était d’emblée bien conscient. « Après avoir terminé l’école d’agriculture, j’ai suivi le cours de chef d’exploitation afin de sonder tout le potentiel de développement de la ferme de mes parents, avant même de prendre leur relève », raconte-t-il. Le jeune homme a avancé de manière très cohérente. Au moment de reprendre le domaine, début 2019, il a construit une nouvelle étable, abandonné l’engraissement des veaux et s’est lancé dans la reconversion en bio de la production laitière. Il conserve dans le troupeau un taureau pour la monte naturelle. « Avec le nouveau bâtiment, j’arrive aux objectifs que je m’étais fixés pour le confort des animaux et pour ce qui concerne l’amélioration structurelle de la ferme et du domaine », explique Fabian Pfyl. Il a doublé la taille de l’exploitation dans les deux ans qui ont suivi sa reprise. Désormais, il lutte contre les rumex à l’eau chaude, une expérience dont les premiers volets se révèlent prometteurs. Le jeune couple apprécie la vie à l’alpage, qu’il considère comme un enrichissement professionnel. Il y a de quoi faire avec les soins aux 28 vaches brunes suisses originales, à la cinquantaine de jeunes bovins et à la douzaine de porcs. Faucher, sortir le fumier, épandre le lisier, désherber ne laissent guère de temps libre ni de loisirs. Les foins se font en bas, avec une Rapid Euro, une Rapid Rex et un tracteur Lindner avec faucheuse. Tous les soirs, retour à l’alpage. Les deux jeunes sont heureux de pouvoir compter sur l’aide de la famille. Les parents de Fabian, qui habitent à deux pas du Nägelisgärtli, tiennent un restaurant qui fait partie de la ferme, à l’année. Ce « Fyrabebeizli », « Bistrot Bonne Soirée », est fermé le dimanche et le lundi. Les autres jours de la semaine, il ouvre à 17 heures pour mettre la cuisine suisse à l’honneur. Propos recueillis par Dominik Senn

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Technique Agricole 12 2020


Cours | ASETA

Les cours proposés par l’ASETA et le SPAA

Cours de pilotage de drones

Cours de conduite « G40 » Tout titulaire d’un permis de catégorie G qui a participé au cours de conduite « G40 » est autorisé à conduire des tracteurs et des véhicules spéciaux agricoles ainsi que des tracteurs immatriculés en tant que véhicules industriels à une vitesse de 40 km/h au maximum, pour des courses agricoles. Le cours de conduite « G40 » de l’ASETA est reconnu par l’Office fédéral des routes (OFROU) et sera inscrit dans le permis de conduire. Inscription : sur les sites www.agrartechnik.ch et www.fahrkurse.ch, vous trouverez les formulaires d’inscription et toutes les informations utiles sur les cours (dates, lieux…).

Formation continue OACP Lieu : Riniken (AG)

Inscription : sur les sites www.agrartechnik.ch et www. fahrkurse.ch, vous trouverez toutes les informations utiles sur les cours.

Cours de soudure Lieu : Riniken (AG) Ces cours s’adressent aux débutants désireux de connaître les techniques de base de soudure et aux avancés souhaitant actua­liser et approfondir leur savoir-faire, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Inscription : sur les sites www.agrartechnik.ch et www. fahrkurse.ch, vous trouverez toutes les informations utiles sur les cours (uniquement en allemand).

Formation obligatoire des conducteurs de poids lourds Inscription : sur les sites www.agrartechnik.ch et www. fahrkurse.ch, vous trouverez toutes les informations utiles sur les cours (uniquement en allemand).

nouveau

Cours de conduite Ecodrive Conduite économique de véhicules agricoles Inscription : www.agrartechnik.ch ou www.fahrkurse.ch

nouv eau

Cours agriLIFT Les modules de base R1 (chariot élévateur à contrepoids) et R4 (chariot télescopique) sont traités en deux jours en séquences théoriques et pratiques, selon la directive CFST 6508. Inscription : sur le site www.bul.ch, vous trouverez les formulaires d’inscription et toutes les informations utiles sur les cours (dates, lieux…).

De plus amples informations sur les cours sont disponibles sur le site www.agrartechnik.ch ou www.fahrkurse.ch, contact : 056 462 32 00 ou zs@agrartechnik.ch  Impressum 82e année www.agrartechnik.ch Éditeur Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture (ASETA) Werner Salzmann, président et conseiller aux États Dr Roman Engeler, directeur Rédaction Tél. : 056 462 32 00 Roman Engeler : roman.engeler@agrartechnik.ch Heinz Röthlisberger : heinz.roethlisberger@agrartechnik.ch Dominik Senn : dominik.senn@agrartechnik.ch Ruedi Hunger : hungerr@bluewin.ch Ruedi Burkhalter : r.burkhalter@agrartechnik.ch Abonnements et changements d’adresse Ausserdorfstrasse 31, 5223 Riniken Tél. : 056 462 32 00, fax 056 462 32 01 www.agrartechnik.ch

Directeur de la publication Dr Roman Engeler, Ausserdorfstrasse 31 5223 Riniken (AG) Tél. : 079 207 84 29 roman.engeler@agrartechnik.ch Annonces Alex Reimann Vente d’annonces Tél. : 079 607 46 59 inserate@agrartechnik.ch Tarif des annonces Tarif valable : 2021 Rabais pour la parution simultanée dans Schweizer Landtechnik Production et expédition AVD GOLDACH AG Sulzstrasse 10-12 9403 Goldach (SG) Paraît 11 fois par an

Prix de l’abonnement Suisse : CHF 110.– par an (TVA incluse) Gratuit pour les membres de l’ASETA Étranger : CHF 135.– (TVA exclue)

Prochain numéro Thème principal « Energie et agriculture» L’agriculture peut jouer un rôle moteur dans le développement des énergies renouvelables, parce qu’elle ne fait pas qu’utiliser les ressources énergétiques, elle peut aussi en produire. L’édition 1 2021 paraîtra le 14.01.2021. Clôture de la rédaction : 31.12.2020 Clôture des annonces : 04.01.2021

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Technique Agricole

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